Crédit photo : Gustav Klimt (1862-1918), « Jardin de campagne »/« Bauerngarten », peinture tombée dans le domaine public. Capture d'écran de l'image libre de droits du site Commons.
Françoise Urban-Menninger, « je suis partie », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2024 | NO III « Florapoétique », 1er Volet, mis en ligne le 13 juillet 2024. URL :
En 126 pages et 11 chapitres Patricio Sánchez-Rojas raconte l’exil avec des mots qui nous dépaysent en nous faisant voyager. Vivant loin de son Chili natal depuis 1977, il a la vague à l’âme en laissant « la maison vide ». Dans ce recueil de poèmes, on assiste à l’éternelle présence de la nature dans toutes ses composantes : le soleil, la mer, les animaux marins, les rochers, les volcans dont le Llaima et le Chaitén, les oiseaux, les arbres comme les araucarias de son pays d’origine ou « l’arbre invisible » ou encore « l’arbre déraciné » qui est la symbolique de l’exilé qui perd ses attaches, ses racines :
« Ta promesse
est peut-être semblable
à l’arbre déraciné. »
La déification du soleil rappelle forcément ses racines amérindiennes :
« Le soleil
est notre Dieu »
L’amour occupe une place importante dans sa vie d’exilé :
« mon amour est
un collier de perles
que le vent fera disparaître
au printemps. »
Les perles sont des joyaux à la fois très précieux exposés à la force du vent printanier, c’est-à-dire exposés aux aléas de la nature. Cet amour perlé est comme la salamandre qui est considérée comme une dompteuse du feu et symbolise aussi la régénération :
« Sa force habite
dans les yeux
de la salamandre. »
L’image du feu est également très présente dans ce recueil de poèmes. Qu’on note: des « arbres en feu », des « hanches de braise », « des entrailles en feu », « la peau de lave », et « la ville brûle ».
Il y a aussi un poème dédié au poète mexicain Octavio Paz, Prix Nobel de Littérature, où l’élément feu est présent sans oublier la référence à l’arbre et la racine :
« Deux corps :
l’un de lave,
l’autre de feu.
Ils sont face à face
comme l’arbre et la racine. »
On retrouve également du feu dans un poème dédié à Paul Éluard :
« Travail de forge. Braise
éteinte. Regard de quartz
qui nous arrache le monde. »
Image ambivalente du feu signifiant à la fois destruction et transformation. Ce « travail de forge » nous fait penser à la forge d’Héphaïstos et à la capacité de l’humain de se dépasser. À méditer.
Il avoue ses préférences pour Apollinaire et Kafka, des exilés comme lui :
« Guillaume Apollinaire
est sûrement l’une de mes idoles préférées,
avec Kafka. »
Pour Patricio Sánchez-Rojas, l’exil c’est aussi la perte annoncée de ses amis :
« En perdant mon pays,
j’ai perdu aussi beaucoup
d’amis. »
Mais « D’autres sont venus après, »
Il s’est refait un autre monde. Il est sous une autre latitude où il n’y a plus de colibris, plus d’oiseaux de lave de Patagonie et bien loin de la Terre de Feu mais à l’abri du tyran.
Les déshérités comptent aussi dans sa pérégrination de poète exilé. Les villes sont des lieux d’apprentissage de la vie dans ses multiples facettes.
Exilé, il ne saurait ne pas avoir de compassion pour les migrants :
« On expulse les migrants.
On les jette dans des prisons.
On les humilie. »
« Je est un autre », dit Rimbaud. Aussi, se met-il à la place des autres pour se faire leur porte-parole, leur porte-voix en tant que poète, car le poète est l’écho de son temps, le témoin oculaire et auriculaire,bref, un passeur d’idées.
L'exil est une histoire aux nombreuses pages. Un recueil écrit par Patricio Sanchez-Rojas. Accompagnement artistique pour la couverture, Nancy Friedland.
Maggy De Coster, « Patricio Sánchez-Rojas, « L’exil est une histoire aux nombreuses pages », Éditions de l’Aigrette, 2024, 126 p., 15€ », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2024 | NO III « Florapoétique », 1er Volet,mis en ligne le 13 juillet 2024. URL :
La mémoire est une faculté qui oublie, dit-on. Cependant l’oubli n’est jamais total : il y a toujours des faits qui refont surface, après avoir été enfouis dans le subconscient. Il y a aussi la mémoire du corps car le corps garde l’empreinte des traumas, c’est ce qu’Emma Filao, victime d’inceste dans son enfance, révèle dans ce recueil de poèmes. :
« mon corps se tord
dans la douleur de l’autre en moi
qui frappe à ma mémoire »
« Ce corps à tout prendre que tant ont pris
dans la violence d’un souffle irrespirable »
Et c’est à la lueur de l’insaisissable qu’elle tente de défaire le nœud de ce silence qui nouait sa gorge pour raconter son calvaire d’enfant violée, cherchant refuge dans la mort.
Se défaire de ce passé qui lui colle à la peau et qu’elle continue de vivre au présent comme un cauchemar :
« qu’est ce qui m’emporte
un viol
un viol primordial
ce crime qui me poursuit »
Elle est devenue cette femme révoltée qui ne veut plus rester bouche cousue mais retrouver le souffle pour conjurer son enfance douloureusement volée et « transformer ce qui blesse » « et ce qui reste » ; conjurer ses nuits d’insomnie.
Grâce à la poésie, elle a fini par exorciser ses visions d’images « au goût de sang » et laver son corps souillé par l’inceste.
Comme le phénix elle renaît de ses cendres et un sang nouveau coule à présent dans ses veines. Elle a repris goût à la vie :
« et me voilà
avec cette de
parole délivrée et
cette absurde
envie de vivre
enfin »
Pari gagné : Vive la femme régénérée, évoluant dans l’affirmation de soi.
Emma Filao née en 1992 est poétesse. Après un chemin entre le mime corporel, le théâtre et la Langue des Signes, elle a fait des études d'anthropologie, en espérant parvenir à appréhender ...
de Emma FILAO ISBN : 978-2-84924-782-2 13 x 20 cm 70 pages 15,00 € Dire " un crachat de givre " pour pouvoir vivre. Dépasser un traumatisme de l'enfance si enfoui et si présent en même temps. ...
Pour citer ce texte inédit, engagé & féministe pour l'élimination des #VSS
Maggy De Coster, « Emma Filao, « Un crachat de givre », Éditions du Cygne, 2024, 70 p. 15€ », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2024 | NO III « Florapoétique », 1er Volet,mis en ligne le 12 juillet 2024. URL :
« Quand la main écrit, c’est le cœur qui parle et qui soupire. » Alfred de Musset.
C’est le cri d’un cœur saignant de douleur. C’est le dit d’un être mal aimé par son pays d’adoption, le pays du soleil levant, aux us et coutumes implacables.
Son cœur bat la chamade quand elle pense à appelle « ma grande murée adorée », « ma silencieuse » :
« Mon enfant prisonnière, d’un royaume épais […] Je t’aime plus que tout tant j’écris pour toi sur un balcon étranger aux oiseaux de cuivre et feuilles rondes plus il y a de douleur et plus il y a d’oiseaux. »
S’adapter ou retourner au bercail pour réapprendre à être soi-même car il est impossible d’accepter d’être autre que soi-même. Se fondre dans le décor, s’effacer et devenir la grande muette tel était le sort de Coralie Akiyama, Française d’origine, laissant malgré elle sa fille au Japonais :
« Je suis le je (u) qui s’efface, tu as gagné ». S’effacer au profit du collectif car l’individu n’existe pas.
En dépit de sa grande souffrance, elle sait faire la part des choses :
« Cruauté, tu n’enlèves rien à la beauté des couloirs de portes vermillon dans les montagnes. »
Elle ne peut s’empêcher de s’extasier devant la beauté de ce pays. Aussi évoque-t-elle :
Le « Mirifique vol blanc de papillon dans l’eau »
Le paroxysme de la froideur et le silence gagnent même le sentiment amoureux et les relations conjugales :
« Trois ou treize ans sur une pierre j’ai craqué mes dernières allumettes de paroles et tu ne me tends pas de briquet mon mari est d’or l’amour silence un métal froid. »
« Le silence est grand ; tout le reste est faiblesse ». Alfred de Vigny in « La mort du loup ».
C’est peut-être dans le silence que ce peuple puise sa force. Il y a peut-être aussi une alchimie à découvrir, donc il convient de percer les arcanes de la culture japonaise.
« On parlait saison, on parlait cuisine » dit-elle.
Les saisons rythment la vie et la cuisine utilise les fruits de la terre pour nourrir les êtres humains et les maintenir en vie, donc il y a une harmonie entre les saisons et la cuisine. Manger les fruits de saison est un mot d’ordre salutaire. Cela dit, les êtres humains intègrent les saisons tout comme l’art culinaire dans le maintien de leur vie.
Elle n’oublie pas que dans ce pays, les relations c’est comme « les neiges éternelles » car « elles ne s’éteignent jamais ».
Ses considérations sur la gent masculine portent sur leur discrétion :
Ils sont «de(s) trésors peu photogéniques en éblouissements/ juste comme il faut/ tu passeras à côté si tu passes »
Le Japon, « ce pays qui ne se laissera pas prendre dans les bras » semble vouloir être un parangon de stoïcisme et de perfection ; pas de juste milieu, « le reste du monde […] un lit défait.
C’est pour ne pas « finir sublime anesthésiée d’harmonie molle comme la mort des belles endormies » qu’elle se sauve de ce pays paradoxal qui lui offre à la fois beauté et cruauté mais le cœur serré d’avoir laissé sa fille qui n’est là que pour écouter et rester docile.
Maggy De Coster, « Coralie Akiyama, « Éternelle Yuki », Éditions du Cygne, 2024, 55 p., 12€ », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2024 | NO III « Florapoétique », 1er Volet, & Revue Orientales, « Déesses de l'Orient », n°4, volume 1, mis en ligne le 12 juillet 2024. URL :
Il a été difficile de choisir les personnalités listées dans ce livre. Nombre de femmes au cours du temps ne sont jamais parvenues à quelque notoriété, étouffées par un système qui ne leur laissait pas de place. J’ai donc opté pour passer en revue le profil d’individues plus ou moins connues, militantes, pionnières, modèles de courage et de talent, femmes inspirantes et ô combien louables, méritant d’être réhabilitées et remises sur le devant de la scène. Outre les artistes et scientifiques qui me tiennent à cœur, j’ai tenu à étudier le parcours de ces êtres qui ont changé le monde et osé, dans un cadre qui ne leur était pas réservé, aller au bout de leurs passions et convictions, à l’instar des exploratrices, des journalistes et des politiciennes, certaines l’étant devenues par nécessité. Humanistes, ces femmes se sont engagées dans l’espoir de faire évoluer le monde dans lequel nous vivons. Ce livre se veut un aperçu de celles qui ont participé à changer la société. Il y en a évidemment beaucoup d’autres.
Cet ouvrage dresse différents portraits de femmes à travers le temps. Il donne voix à des personnalités empêchées d’exister en tant que telles parce que nées dans une époque discriminatoire. Parler de leur existence, de leurs expériences, de leurs combats est un acte de reconnaissance. Longtemps oubliées, ces femmes exceptionnelles et talentueuses, militantes des droits élémentaires, pionni.res, aventurières, scientifiques, artistes, ont bravé les interdits pour nous donner plus de liberté. Combattant pour les droits fondamentaux de toutes et tous, elles ont ouvert la voie vers un monde meilleur, plus égalitaire et plus heureux.
Le droit des hommes et des femmes à disposer d’eux-mêmes ne saurait, quand il touche les femmes, être appelé « féminisme ». Il s’agirait plutôt d’égalité de droits, pour un meilleur vivre-ensemble. Malgré plusieurs siècles de lutte, 2,4 milliards de femmes en âge de travailler ne bénéficient toujours pas de l’égalité des chances économiques (rapport de la Banque Mondiale, en date de mars 2022). L’émancipation féminine est donc toujours un sujet brûlant. Des progrès ont été faits. Il reste encore beaucoup de choses à accomplir. Rien n’est acquis.
Puissent les hommes et les femmes œuvrer à une vie plus sereine pour tous, et se souvenir de ceux et celles qui ont tout risqué pour une société plus juste et une plus belle humanité.
Table des matières
9 — Avant-propos
13 — I Les icônes de la lutte pour les droits des femmes
Olympe de Gouges (1748-1793),
15 — la révolutionnaire humaniste
Louise Michel (1830-1905),
23 — la Vierge rouge de la Commune de Paris
Clara Zetkin (1857-1933),
33 — la femme qui inventa le 8 mars
Cécile Brunschvicg (1887-1946),
47 — la pragmatique
Simone de Beauvoir (1908-1986),
55 — l’aventure d’être soi
Simone Veil (1927-2017),
63 — une héroïne du xxe siècle
71 — II Des militantes américaines
Rosa Parks (1913-2005),
73 — un symbole de la lutte contre la ségrégation
Tarana Burke (1973- ),
89 — l’origine de #MeToo
95 — III Les aventurières
Alexandra David-Néel (1868-1969),
97 — l’exploratrice éprise de libert
109 — L’esprit d’aventure
117 — IV Les scientifiques
Marie Curie (1867-1934),
119 — la physicienne aux deux prix Nobel
Rosalind Elsie Franklin (1920-1958),
133 — un génie que les récipiendaires du prix Nobel ne citèrent m.me pas
Autres femmes scientifiques
137 — qui ont marqué l’histoire
141 — V Une artiste et résistante : Joséphine Baker
D'autres éléments seront bientôt disponibles pour compléter cette page.
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Pour citer ces images & textes du matrimoine inédits
Sarah Mostrel (textes & photographies), « Des extraits de l'ouvrage primé Femmes inspirantes », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2024 | NO III « Florapoétique », 1er Volet,mis en ligne le 10 juillet 2024. URL :
RÉCEMMENT, LE SITE « PANDESMUSES.FR » A BASCULÉ EN HTTPS ET LA DEUXIÈME PHASE DE SA MAINTENANCE PRENDRA DES MOIS VOIRE UN AN. NOTRE SITE A GARDÉ SON ANCIEN THÈME GRAPHIQUE MAIS BEAUCOUP DE PAGES DOIVENT RETROUVER LEUR PRÉSENTATION INITIALE. EN OUTRE, UN CLASSEMENT GÉNÉRAL PAR PÉRIODE SE MET PETIT À PETIT EN PLACE AVEC QUELQUES NOUVEAUTÉS POUR FACILITER VOS RECHERCHES SUR NOTRE SITE. TOUT CELA PERTURBE ET RALENTIT LA MISE EN LIGNE DE NOUVEAUX DOCUMENTS, MERCI BIEN DE VOTRE COMPRÉHENSION !
Cette section n'a pas été mise à jour depuis longtemps, elle est en travaux. Veuillez patienter et merci de consulter la page Accueil de ce périodique.
. CÉLÉBRANT LES AUTRICES EXILÉES, IMMIGRÉES, RÉFUGIÉES... LE 8 MARS DE CHAQUE ANNÉE, LE PRIX LITTÉRAIRE DINA SAHYOUNI (PORTANT LE NOM DE LA FONDATRICE DE LA SIÉFÉGP ET DE CETTE REVUE) REDÉMARRE À PARTIR DU 14 JUILLET 2025 POUR L’ÉDITION DU 8 MARS 2026....
N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Annonces diverses / Agenda poétique Actualités poétiques à ne pas manquer en juin ! (suite...) La rédaction de ce périodique a sélectionné pour vous les événements artistiques & poétiques...
N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Critique & Réception | Poésie & littérature pour la jeunesse Le récit « Souvenirs de Chine » écrit & illustré par Marie-Jeanne Langrognet-Delacroix vient de paraître aux Éditions Astérion...
N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Dossier | Florilège Annonces diverses / Agenda poétique Avis de parution du nouveau recueil bilingue français-espagnol d’Aurélie-Ondine Menninger : La sangre de las aves / Le sang des oiseaux...