13 novembre 2025 4 13 /11 /novembre /2025 18:56

N° IV | AUTOMNE 2025 | LE MAL DE VIVRE... » | Dossier majeur | Articles & témoignages | Muses au masculin 


 

 

 

 

 

 

 

Stig DAGERMAN

 

 

 

 

 

Article & photographie par

 

Marc Chaudeur

 

Écrivain, poète et philosophe

 

 

 

© Crédit photo : Marc Chaudeur, « Stig Dagerman » tirée du journal dans lequel il publiait un billet quotidien dans les années 50, il s'agit du journal anarcho-syndicaliste ARBETAREN (Le Travailleur).

 

                                                                  

                                                             

        Deux choses me remplissent d'horreur :

le bourreau en moi et la hache au-dessus de moi 

(L'Île des Condamnés)

                     

                                              

        Le 4 novembre 1954, Stig Dagerman s'est donné la mort dans le garage de l'Hôtel Inn, au Nord de Stockholm, dans la banlieue d'Enebyberg. Il y fuyait son propre domicile, en quête d'une inspiration enfuie et pour tenir un peu à distance la souffrance que lui infligeait son impuissance, l'éloignement et certaines relations de son épouse, la grande actrice Anita Björk. Il avait trente-et-un ans. La quatrième ou cinquième tentative avait réussi, cette fois. Suicide ? Sa fille Lo a livré une interprétation significative de son geste. Elle assurait, en se fiant à sa connaissance de son père, que Stig était allé, en s'abandonnant aux gaz de sa voiture, à l'extrême limite, au bout du seuil de la mort, pour susciter un sursaut de vie en lui ; pour insuffler à nouveau dans son être épuisé une impulsion apte à lui restituer la plénitude de sa puissance créatrice cette veine en apparence épuisée depuis quatre années déjà.

Peut-être connaîtrait-elle un rebond, là, sur l'extrême crête du néant ? Non : après toute une existence d'incurable solitude, Stig est tombé de l'autre côté.

 

 

Condamné et seul sur une sente glacée

 

C'est l'aboutissement tragique d'un parcours qui a commencé vers 1949, quand l'inspiration de Stig s'est essoufflée. La biographie de Stig Dagerman, me semble-t-il, est assez bien connue en France, au moins par un certain  lectorat. Reste à l'interpréter.

En 1948, à l'âge de 24 ans, Stig Dagerman a publié L'Enfant brûlé (Bränt barn). Ce n'est sans doute pas son meilleur roman, mais c'est le plus... intense et le plus révélateur de la psychologie de Stig. Ses romans et ses nouvelles tournoient comme une toupie incandescente autour de ce tison aveuglant qu'est son intériorité, son âme. L'Enfant brûlé est son troisième roman. Dans les précédents, L'Ile des Condamnés (1946) et Le Serpent (1945), Stig exhale avec une puissance extraordinaire les forces qui l'animent et qui le minent : la peur ; l'angoisse. La culpabilité – il est en cela représentatif de sa culture, luthérienne et scandinave. L'amour ; le désir pulsionnel. La liberté – et le silence. Le silence, enfin.

Le monde de Stig, en cette année 1954, est sourdement, mais violemment contrasté. La Suède, neutre pendant la Seconde guerre, récolte à la fois les bénéfices et les pertes de ce choix. Peu de destructions, mais peu d'aides extérieures. L'ambiance de ces années là est feutrée, un peu empoisonnée par l'importance numérique des adhésions au nazisme, dès avant 1933, sur laquelle on entretient un silence pesant. Les reliefs d'un certain servage (le statare) disparaissent, à la campagne. Partout, le capitalisme s'étend à toutes les relations sociales. L'industrie se développe d'une manière impressionnante ; le mouvement ouvrier se muscle, se structure et se renforce et avec lui, la social-démocratie, signe distinctif de l'identité suédoise. Stockholm se transforme, perd un peu de son allure singulière, à la fois aristocratique et quelque peu rurale, pour accéder à une certaine modernité un peu grise. Stig déplore ces transformations, notamment dans son quartier affectionné de Klara, qui s'embourgeoise à pas forcés.

Stig sort alors d'une période plus qu'éprouvante. Le succès l'a atteint avec brutalité, comme une flèche dans le mille, après Le Serpent, son premier roman (1945). Il a vingtdeux ans. Par une narration à la fois linéaire et élaborée, il y expose une figuration dépouillée et obsédante de la peur. Car le serpent, c'est la peur : l'image d'une obsession rampante, insidieuse, venimeuse, fascinante. L'image même de l'abîme, de la culpabilité que Stig éprouve depuis l'enfance. Abîme de la peur – et de l'angoisse ; car à cette époque, Stig sait-il de quoi il a peur, et connaît-il la source de cette souffrance qui le lance depuis... Depuis quand ? Depuis sa naissance, sans doute. Depuis ses premières années d'enfance et d'efforts pour persister à vivre.

En vérité, Stig a peur – de ne pas exister. Et d'exister. Il faut remonter très loin pour comprendre cela.

Il y a ensuite L'Île des Condamnés (De dömdas Ö, 1946). Un roman social, mais abyssal, à la fois d'anticipation et très actuel. Un mixte de roman prolétaire suédois et de Camus. Un texte pesant à force de densité, éprouvant à lire ; implacable. Un Robinson 

Crusoë collectif, métaphysique et tribal. Condamné sans rémission, dès l'entrée de cette très longue narration. Pas de salut, pour Stig : car qu'est-ce qui pourrait bien nous sauver de la déréliction et de la chute ? Ici se révèle une constante de l'œuvre de Dagerman : la confusion culturellement très luthérienne entre mort et condamnation morale, damnation. Mourir ici, c'est presque toujours être damné ; et c'est aussi, comme l'écrit Dagerman ailleurs, en 1952, la seule espèce de liberté possible. Mourir, c'est se libérer enfin, et c'est s'abandonner au silence libérateur. La perte absolue est la seule vraie liberté.

 

Désespoir et confessions

 

Deux années plus tard, Dagerman mêle à nouveau réalisme social, désespoir éthique et métaphysique ; mais cette fois au sein d'une confession. Car le temps des confessions est venu, dans ses romans, drames, essais et poèmes, succédant à des constructions narratives plus distanciées. Des confessions d'une insondable profondeur ; bien plus proches de Kierkegaard que du pathos « existentialiste » (Sartre, Camus, et leurs épigones), qui cependant, l'a influencé quelque peu.

L'Enfant brûlé est le roman nodal, le roman de la crête, avec l'abîme de chaque côté.  D'une certaine manière, il est autobiographique. Il l'est en tout cas dans les linéaments de sa narration, et surtout, dans l'expression de sentiments, d'affects douloureux et extrêmes, brûlants et déjà, suicidaires. Souffrance du jeune Bengt. Un prénom courant en Suède : Benedict, donc le Béni. Un prénom qui exprime la contradiction d'où la vie renaît : le salut au fond de la chute, comme le pseudonyme de cet être si sombre qu'est Stig Halvard Jansson, Stig Dagerman, doit produire à partir d'un insondable désespoir la lumière, l'aurore d'une conscience nouvelle... La mère de Bengt vient de mourir. 

Souffrance sociale aussi, dont témoigne – et de quelle poignante manière – l'étroitesse des lieux, domicile et lieu de travail ; celle des liens (amicaux ou amoureux) ; la cruauté du comportement de Bengt avec les femmes, avec sa fiancée Berit ou sa belle-mère Gun. Méchanceté ? Mé-chéance, en tout cas : Bengt est « mal tombé », assurément, à ses propres yeux ; les autres lui sont étrangers, ici. Alors, confession de Stig, ou bien dénonciation par Dagerman de cette « méchanceté » et de ses origines sociales ? Ou les deux, intimement liées ? 

Étroitesse des esprits, surtout ; leur manque d'aplomb, de surplomb et de points de fuite. En un sens, elle est celle de Stig lui-même : en témoigne cette contrainte à se débattre sans cesse avec des démons absents de classes sociales plus favorisées, la confusion chez ce jeune journaliste anarcho-syndicaliste d'une éthique socialiste sans guère de base théorique et de la veille morale luthérienne de son milieu... 

Et cette confusion est l'une des sources de la compassion qu'on porte presque nécessairement au jeune écrivain : car ce manque d'analyse précise et de distanciation est clairement l'un des facteurs fondamentaux de la souffrance de Stig. Mais dans cette compassion-là joue aussi la paradoxale et extraordinaire expressivité de Dagerman : il nous est si présent, en nous-mêmes, et en même temps, l'époque d'où il nous écrit est si différente, si lointaine...

Bengt, vingt ans, agressif, parfois retors, se rebelle de diverses manières contre son père Knud, ouvrier terrassier. Ce père lui fait horreur. Sa mère vient de mourir ; et il commence par haïr celle qui vient prendre sa place. Mais il en tombe (mot doublement adéquat, ici) amoureux. Il l'agresse d'abord ; puis il l'entreprend et l'investit comme une supposée forteresse. Abîme insondable de la culpabilité, de la peur et du désespoir, pour Bengt. Il s'ouvre les veines. Alors, perdant de son poignet sa sève vitale, il connaît enfin l'harmonie, l'accord merveilleux avec son père, avec Gun, avec sa fiancée, avec le monde tout entier. Le tourbillon de l'abîme lui fait vivre sa pleine liberté ; Dagerman  notera dans son essai de 1952 , Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, comment seule la mort fait accéder à la liberté. À la silencieuse liberté. Mais Bengt échappe à la mort et négocie ensuite avec sa souffrance.

En Suède, ce roman, très admiré, a cependant scandalisé autant qu'il a étincelé. Sur cette crête de l'existence et de la création de Dagerman, on ne voit, plus loin vers le seul point de fuite, la mort, qu'Ennuis de Noce, en 1949, et Dieu rend visite à Newton (1954). Et le court essai de 1952, déjà nommé. Et le poème Suite Brigitta (Birgitta Svit), en 1950. Les deux premiers, sommets littéraires, sont en réalité des sursauts de vie dans la longue glissade vers l'abîme de Stig. Comment trouver la lumière, l'aurore, par delà la peur ? Peur du vide, de la solitude ; de l'abandon.

Stig fait la connaissance d'Annemarie Götze lors de ses activités au journal Arbetaren (Le Travailleur). Elle est la fille de militants anarchistes allemands réfugiés en Suède après 1933. Il l'épouse en 1943 ; ils ont deux enfants, deux fils, René et Rainer. Amour et complicité. Beaucoup d'éclats de rire, promenades à vélo dans Stockholm et plus loin au Nord.Et en bateau : l'un de ces bateaux qui sinuent entre les Îles de l'Archipel, juste à l'Est de la capitale, et se posent devant l'une d'entre elles. Ils appartiennent à cette compagnie Waxholm où Stig a travaillé à seize ans, en fils d'ouvrier désargenté. 

Et puis, et puis... Stig, comme plus tard Bengt, le « héros » de L'Enfant brûlé, vit une relation amoureuse et sensuelle avec sa jeune belle-mère, Elly. Et toute sa vie, toute l'histoire de son corps et de son esprit, la mémoire inscrite en lui de toute sa souffrance, de sa condition, de son angoisse, de son désespoir font éruption et se cristallisent sur cet amour vertigineux. C'est une histoire d'abandon.

Avant que Stig ne vive avec son père à Stockholm, ses grands-parents l' élèvent à la campagne, près de Gävle, à deux heures de voiture de la capitale. Quand il a six ans, un paysan devenu fou assassine son grand-père. Sa grand-mère succombe peu de temps plus tard au saisissement et au chagrin. 

Avant cela, avant l'âge de six ans, Stig ne cesse de demander : où est ma mère ? Pourquoi n'est-elle pas avec moi ? Pourquoi suis-je seul ? Pourquoi me laisse-t-on avec ma peur ? Pourquoi n'entends-je que les hennissements des chevaux, les poules et les coqs, les vieillards de l'hospice voisin, et quelques grognements ? Pourquoi ce puits noir sans fond ? Pourquoi l'Enfer ? Pourquoi ce vertige ? Pourquoi ce vide ? Pourquoi m'a-t-on abandonné ?

                                                                                                               

© Marc Chaudeur

 

 

Bibliographie sommaire (en français)

Romans :

Le Serpent, Gallimard, 1966

L'Île des Condamnés, Denoël, 1972 (Agone, 2002)

L'Enfant brûlé, Gallimard, 1956 (1981) Ennuis de noce, Maurice Nadeau, 1982 (2016)

Nouvelles :

Dieu rend visite à Newton, Denoël, 1976

Le Froid de la Saint-Jean, Maurice Nadeau, 1988 (2016)

Poème :

Suite Birgitta, Æncrages, 2023 Essai : 

Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, Actes Sud, 1981 (1993) Sur Stig Dagerman (en français) : 

RANELID Björn, Mon nom sera Stig Dagerman, Albin Michel, 1995

ÜBERSCHLAG Georges, Stig Dagerman ou l'innocence préservée, L'Élan, 1997

GOMEZ Freddy, L'Écriture et la Vie, trois écrivains de l'éveil libertaire, St. Dagerman, Georges 

Navel, Armand Robin, Édts libertaires, 2011

Le MANCHEC Claude, Stig Dagerman, la liberté pressentie de tous, Le Cygne, 2020 Le MANCHEC Claude, Le Rire caché de Stig Dagerman, Essai, L'Elan, 2023.

 

***

Pour citer cet article illustré & inédit

 

Marc Chaudeur (texte & photographie), « Stig DAGERMAN », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : AUTOMNE 2025 | NO IV « LE MAL DE VIVRE DANS LA MORT VOLONTAIRE DES ARTISTES DE SAPHO À NOS JOURS » sous la direction de Francoise Urban-Menninger, mis en ligne le 13 novembre 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/2025noiv/mchaudeur-stigdagerman

 

 

 

 

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13 novembre 2025 4 13 /11 /novembre /2025 18:55

N° IV | AUTOMNE 2025 | LE MAL DE VIVRE... » | Florilège | Réflexions féministes sur l'Actualité | S’indigner, soutenir, lettres ouvertes & hommages & REVUE ORIENTALES (O) | N° 5-1 | Varia & Actualité

 


 

 

 

 

 

 

 

ces immondes jouets

 

 

 

 

Poème engagé & photographie (fournie) par

 

Françoise Urban-Menninger

 

 

 

Crédit photo : Cette image de l’immonde poupée sexuelle vendue par le site Shein est libre de droits et provient des réseaux sociaux pour illustrer mon propos (Françoise Urban-Menninger).

 

 

Ce poème est un poème coup de poing pour dénoncer les « poupées sexuelles » !


 

 

pour qui ces poupées graciles

enfantines et aux longs cils

sinon pour des pédophiles

 

honte à ceux qui les ont conçues

honte à ceux qui les ont vendues

honte à ceux qui les ont obtenues

 

 

« poupée de cire poupée de son »

reprenait le refrain d’une chanson

sans qu’on en retienne la leçon

 

 

aujourd’hui nous l’affirmons

la poupée de chiffon

c’est non définitivement non

 

 

pas de poupée enfantine

conceptualisée en Chine

pour donner corps à des crimes

 

 

dénonçons ces immondes jouets

qui sans âme ont été créés

pour des mœurs dévoyées

 

 

© Françoise Urban-Menninger

 

—————

Pour citer ce poème engagé, féministe, illustré & inédit

 

Françoise Urban-Menninger, « ces immondes jouets », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : AUTOMNE 2025 | NO IV « LE MAL DE VIVRE DANS LA MORT VOLONTAIRE DES ARTISTES DE SAPHO À NOS JOURS » sous la direction de Francoise Urban-Menninger & Revue poéféministe Orientales, « Libres », n°5, volume 1, mis en ligne le 13 novembre 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientalesno5/2025noiv/fum-immondesjouets

 

 

 

 

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6 novembre 2025 4 06 /11 /novembre /2025 18:34

 

 

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES (LPpdm)

 

REVUE FÉMINISTE, INTERNATIONALE ET MULTILINGUE DE POÉSIE

 

ENTRE THÉORIES ET PRATIQUES

 

 

 

 


AUTOMNE 2025 | NO IV

 

LE MAL DE VIVRE DANS LA MORT VOLONTAIRE

 

DES ARTISTES DE SAPHO À NOS JOURS

 

 

SOUS LA DIRECTION DE 

 

FRANÇOISE URBAN-MENNINGER

 

 

Crédit photo : Angelica Kauffmann (1741-1807), « Portrait de Sappho », peinture tombée dans le domaine public, capture d’écran d’une image libre de droits trouvée sur le Web.

 

 


SOMMAIRE*

 

 

LES SOUMISSIONS THÉORIQUES, POÉTIQUES,

 

ARTISTIQUES ET AUDIOVISUELLES

 

POUR LE DOSSIER ET

 

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MISE EN LIGNE JUSQU'AU 15 DÉCEMBRE 2025

 

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PRÉSENTATION CRÉÉE LE 15 OCTOBRE 2025

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N° IV | AUTOMNE 2025 | LE MAL DE VIVRE... » | Entretiens poétiques, artistiques & féministes | Dossier mineur | Articles & témoignages & REVUE ORIENTALES (O) | N° 5-1 | Dossier | Entretiens

 

 

 

 

 

 

 

 

Interview avec Nora BALILE à l’occasion de

 

la parution de son nouveau recueil de poésie

 

« Rouge Alchimie »

 

 

 

 

 

Propos recueillis & images (fournies) par

 

 Hanen Marouani​​​​​​

 

 

Entrevue avec la créatrice

 

Nora BALILE

Poétesse, conteuse, chanteuse et slameuse belgo-marocaine

Formée à la pédagogie, à l’art-thérapie ainsi qu’aux arts de la scène... a été professeure de sciences humaines

 

 

 

 

© Crédit photo : Le visuel officiel de la présentation du nouveau recueil de Nora BALILE (poétesse, conteuse, chanteuse et slameuse).

​​​​​

Avant-propos

 

À l’occasion de la parution de son nouveau recueil « Rouge Alchimie », nous avons le plaisir de rencontrer Nora Balile, poétesse belgo-marocaine à la voix singulière et lumineuse. Dans cette œuvre où le feu du verbe rencontre la douceur du vécu, elle explore les métamorphoses intérieures, les élans du cœur et les couleurs intenses de l’existence.

 

© Crédit photo : Première & quatrième de couverture illustrée du recueil de poésie intitulé « Rouge Alchimie » par Nora BALILE.

 

 

Au fil de cet entretien, Nora Balile accepte de se livrer avec sincérité, de répondre ouvertement à nos questions et de nous entraîner dans son univers poétique ensoleillé, vibrant de sensibilité, d’énergie et d’espoir. Entre confidences, visions créatives et éclats d’inspiration, elle nous ouvre les portes d’une écriture où chaque mot devient souffle et lumière.

Entrons ensemble dans les entrelacs de « Rouge Alchimie » et découvrons la poésie telle qu’elle la vit : un espace de transformation, de chaleur humaine et de vérité intérieure.

 

Entretien avec Nora BALILE 

 

Hanen Marouani — Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours et de vos origines ? Comment ces cultures, belge et marocaine, nourrissent-elles votre écriture ?

 

Nora Balile — Je suis Nora Balile, poétesse, conteuse, chanteuse et slameuse belgo-marocaine.

Formée à la pédagogie, à l’art-thérapie ainsi qu’aux arts de la parole et de la scène (déclamation, improvisation, éloquence et théâtre), j’ai longtemps été professeure de sciences humaines avant de changer radicalement de direction de vie. 

À l’âge de quarante ans, un burn-out m’a fait chavirer et m’a laissée à terre. Il m’a fallu du temps pour me relever, petit à petit, grâce à la résilience qui m’a toujours habitée : mon art.

C’est alors que j’ai commencé mon chemin d’artiste. Depuis une dizaine d’années, je parcours les routes pour conter des histoires aux mille couleurs, aux enfants comme aux adultes. Je chante, j’écris et je compose des chansons et des mélodies. Et puis est venue ma plus belle histoire d’amour : la poésie. 

Mes origines et cette double identité nourrissent mes créations artistiques. Je suis composée de deux pays, deux patries, deux paysages intérieurs, deux couleurs. L’inspiration naît de cet équilibre de l’entre-deux, de ce mélange à la fleur d’oranger du Maroc et au chocolat belge.

Cela s’entend jusque dans ma manière de m’exprimer, avec l’accent de ma belgitude, de conter le bruit et les ruelles de Bruxelles, de peindre dans mes mots le ciel gris et sa constance.

De l’autre côté du rivage, il y a les amandiers qui chantent dans mon oralité sur scène et dans l’exaltation à déclamer ma poésie.

Les poèmes deviennent alors Méditerranée et prennent la teinte rouge ocre des montagnes de l’Atlas. Tout mon art devient la poésie de ces deux imaginaires, à la fois lointains et proches, ici et là-bas.

 

H.M — À quel moment la poésie est-elle entrée dans votre vie ? Était-ce un besoin, un hasard, une évidence ?

 

N.B — La poésie est entrée dans ma vie de manière inattendue, comme une perle que l’on découvrirait sur le coin d’une table après un service, sans s’y attendre. L’éclat d’une rencontre s’est déposé doucement, sans que je n’imagine qu’un jour elle ferait partie de moi, boulimique et viscérale.

Elle est née de l’écriture de mes chansons. Le retour du public m’a fait prendre conscience que mes textes étaient proches de ce genre littéraire. Tout s’est fait naturellement :de chanson en chanson, de poème en poème, perle de poésie…

Oui, c’était un besoin : celui de me raconter, de me révéler, de me relever, de me guérir, de m’inventer d’autres pays, de mettre à jour mes paysages intérieurs, de hurler mes interdits et mes silences.

Puis le hasard des rencontres, des scènes de slam, des concerts, des festivals de poésie, des ouvrages collectifs et des médias a consolidé cette évidence.

L’évidence d’une seule vérité : la poésie est toute ma vie, la vie d’une poétesse.


 

 

H.M — Quels auteurs, poètes ou artistes ont le plus influencé votre univers poétique ?

 

N.B — Les artistes qui m’ont le plus influencée sont surtout des auteurs-interprètes tels que Jacques Brel, Barbara ou Charles Aznavour.

Mais mes références viennent aussi du théâtre : Racine, Molière, et plus récemment le dramaturge Bernard-Marie Koltès.

J’aime également les poétesses comme Marceline Desbordes-Valmore, parmi d’autres. Mes inspirations viennent de tous horizons, très éclectiques et portées par des langages littéraires variés.


 

H.M — Comment décrivez-vous votre voix poétique à quelqu’un qui ne vous a jamais lue ?

 

N.B — Il est difficile de se définir soi-même…

Mais je dirais que ma voix poétique est empreinte d’un désir de mettre au monde mon histoire et celle des autres. J’explore des thèmes comme la résilience, les émotions humaines, la guérison, la quête d’identité, l’émancipation de la femme — autant de sujets qui portent un message d’espoir et de libération. 

On décrit souvent ma poésie comme intime, engagée, nomade, avec des textes ayant une dimension orale, percutante et musicale. Je pars de mon intimité pour toucher à l’universel, transformant mon histoire personnelle en un chant sacré pour la condition féminine. Même lorsqu’elle explore l’ombre et les difficultés, ma poésie reste orientée vers la lumière, l’ouverture des possibles, la quête d’un horizon infini. 

Je cherche à donner une voix aux sans-voix et aux silencieuses, avec l’envie de parcourir le monde, au-delà des frontières, pour partager ma poésie à travers des rencontres poétiques et musicales.


 

H.M— Le titre est très évocateur. Pourquoi avoir choisi « Rouge Alchimie » ? Que symbolisent pour vous le rouge et l’alchimie ?

 

N.B — Le titre m’est venu au moment où je traversais une période de crise liée à la maladie. Je me souviens : j’étais assise sur un banc de pierre, épuisée par l’intensité des douleurs et de la fatigue renouvelée. J’avais trouvé un autre titre, mais au fond de moi, je me disais : « Ce n’est pas ça. » Et puis, je ne sais par quel mystère ou lien mystique, "Rouge Alchimie" m’est apparu à l’esprit…

L’alchimie symbolise pour moi le feu de la transformation, la transcendance, la renaissance. Le rouge, c’est ma couleur, celle que j’aime le plus. Voici, exprimé de manière poétique, ce qu’évoquent pour moi le Rouge et l’Alchimie :

« C’est le rouge d’un feu incandescent,

le rouge d’un destin qui s’enflamme,

le rouge d’une passion qui dévore,

le rouge d’une lune qui ensorcelle,

le rouge d’une fleur aux armes déloyales,

le rouge d’une lave endormie,

le rouge de l’histoire des femmes.»

 (Extrait du livre « Rouge Alchimie »)


 

H.M— Quelle a été la genèse de ce recueil ? Est-il né d’un moment précis, d’une urgence intérieure ?

 

N.B — Oui, ce fut un moment précis, une véritable urgence intérieure. La genèse de ce livre a commencé lorsque je me suis retrouvée alitée, sur mon canapé, il y a un an et demi. La maladie avait pris le dessus comme une tornade qui vous met à terre. Désespérée et en grande souffrance, je devais trouver d’urgence une issue pour échapper aux douleurs qui m’assaillaient jour et nuit.

J’ai hurlé de l’intérieur des larmes de peine, car il n’existe pas de traitement pour ce handicap invisible qu’est la fibromyalgie. Alors, j’ai pris un stylo, et je me suis mise à écrire, écrire, encore et encore, sans répit, sans reprendre mon souffle. Cela a duré des semaines, des mois, une année et plus encore. 

Il fallait que je me distraite, que je m’enfuie de ce vacarme incessant, de cette impression de n’être plus qu’un corps malade réduit au silence, celui d’une femme atteinte d’un handicap invisible.

 

H.M — Quels sont les grands thèmes dominants de « Rouge Alchimie » ? Y retrouve-t-on une continuité ou une rupture avec vos précédents ouvrages ? 

 

N.B — Les grands thèmes de ce livre sont la résilience, la traversée de l’épreuve — qu’il s’agisse de la maladie ou d’autres formes de souffrance. J’y mets en lumière et en voix ces maladies invisibles, de véritables handicaps du quotidien, dont la fibromyalgie, qui reste encore aujourd’hui un mystère pour la médecine moderne.

J’évoque aussi la lignée des femmes guérisseuses à travers l’Histoire, en convoquant certaines figures mythologiques. Et bien sûr, la métamorphose : celle d’une possible guérison, d’une transformation profonde face à la fatalité. C’est un appel à garder espoir, à marcher toujours vers la lumière, à être ensemble sur cette route. Tellement de choses encore à dire…

 

 « Entonner un chant sacré,

 croire que tout est possible,

même si l’impossible est scellé. »

 (Extrait du livre « Rouge Alchimie »)

 

Oui, il y a bien une continuité entre ce livre et mes précédents ouvrages. Le fil invisible qui les relie, c’est celui d’une histoire : la mienne, mais aussi celle de tous les êtres. Des sujets universels traversent ma poésie — un chemin de résilience pour porter un message avec ma plume de poétesse.


 

H.M — Votre écriture semble mêler passion, transformation et quête spirituelle. Quelle place accordez-vous à la métamorphose dans votre poésie ?

 

N.B — Ce livre a une dimension particulière, car il a pris naissance dans un moment de ma vie profondément mystique. Durant la phase d’écriture, j’ai ressenti un espace autre, plus vaste que notre simple compréhension humaine : celui de la spiritualité. La métamorphose occupe une place centrale dans mes créations. C’est une métaphore : dans la dernière partie du livre, ou peut-être la première d’une grande renaissance, elle s’offre comme une offrande — un nouveau regard sur la maladie et un nouvel espoir de guérison.

Se réconcilier avec son histoire de femme touchée en plein vol par la maladie, renaître de ses cendres après la chute d’Icare, et cheminer avec les guérisseuses les plus lumineuses…

 « Étendre le linge de nos grands-mères,

laver la mémoire d’hier.

Une délicate prairie se repose,

reste le blanc éclatant d’une métamorphose. » (Extrait du livre « Rouge Alchimie »)

 

© Crédit photo : Premier portrait photographique d’art
thérapeutique de la créatrice Nora BALILE.

 

 

H.M — Le recueil explore-t-il une dimension féminine ou féministe particulière ?

 

N.B — Oui, assurément. Il m’est difficile, lorsque j’écris, de ne pas parler de la femme et de cette démarche qui consiste à libérer la parole féminine pour l’émancipation des autres Elles — ou devrais-je dire des autres Ailes.

Dans ce livre, c’est d’abord l’histoire d’une femme, même si elle tend vers l’universalité.

J’y donne une dimension profondément féminine, car une partie du recueil est consacrée aux guérisseuses — ces femmes médecins, déesses de la santé, dames aux herbes folles…

Il était essentiel pour moi de les convoquer dans cet ouvrage, afin de raviver leurs mémoires et rappeler que la puissance des femmes est une énergie qui guérit, qui transforme — une alchimie rouge, flamboyante et sacrée.


 

H.M — Quelle importance accordez-vous à la musicalité du poème, à sa forme, à la sonorité des mots ?

 

N.B — Je n’y accorde pas une importance volontaire ou calculée : c’est un chemin naturel que ma plume emprunte, sans réflexion préalable.

La musicalité vient d’elle-même, c’est une respiration instinctive. Il m’arrive parfois de vouloir faire rimer certains poèmes, simplement pour entendre ma poésie chanter. Mais, le plus souvent, je ne sais pas à l’avance comment les toiles de mots vont se tisser. Ce n’est qu’au moment du travail d’écriture, lorsque je façonne la matière brute en pierre opale, que j’en prends vraiment conscience.


 

H.M — Comment se déroule votre processus d’écriture : inspiration soudaine, travail quotidien ou lente maturation ?

 

N.B — Les trois à la fois ! L’inspiration soudaine, le travail quotidien et la lente maturation.

Je m’explique : le début d’un projet d’écriture naît d’une pulsion, d’une urgence à raconter ce qui me traverse — un élan presque vital. Puis vient le travail d’écriture : je dépose les textes au quotidien, presque tous les jours, de manière de plus en plus régulière. La maturation, elle, accompagne tout le processus : avant, pendant et après.

Souvent, je travaille sur plusieurs projets à la fois. Cela ressemble à une danse tzigane aux mille feux, où l’intensité reste au cœur du processus créatif. La plume d’une poétesse nomade.


 

H.M — Quelle relation entretenez-vous avec les images, les symboles et la couleur, notamment ce rouge qui traverse tout le recueil ?

 

N.B — Les images sont très importantes pour moi : elles constituent un langage artistique essentiel à ma sensibilité. J’aime ce qui est visuel, ce qui parle en images — c’est un amour sans explication, un univers qui m’inspire profondément. Les symboles, eux, relèvent davantage de l’inconscient et du mystère. Ils m’échappent souvent, comme une matière indéfinissable, à la fois lointaine et proche, semblable à un mirage.

Quant au rouge, comme je l’ai déjà exprimé, il est ma couleur vitale. C’est celle qui me donne la force de me lever, de revendiquer, de raconter avec incarnation. 

Elle me solidifie lorsque je fonds dans l’espace de mes pensées. Elle m’aide à replonger dans le feu de ma reconstruction, à puiser dans les histoires des guérisseuses. Et puis, le rouge, c’est aussi la couleur de la passion, de l’amour, du désir élégant — un héritage ancestral porté par les femmes.


 

H.M — Vos poèmes semblent parfois proches de la prière ou de l’incantation. La poésie est-elle pour vous une forme de spiritualité ?

 

N.B — Oui, il m’arrive d’écrire des poèmes proches de la prière, porteurs d’une dimension spirituelle — particulièrement dans la troisième partie de « Rouge Alchimie ». Ce n’est pas une constante dans mon écriture, ni ma dominante stylistique, mais dans ce livre, la spiritualité et la prière sont très présentes.

 

« La prière

Entendre une douce mélopée,

je prie encore

et demande pardon.

Ai-je simplement rêvé ?

 

M’inonder d’absolu,

la vérité, un mensonge mis à nu.

Je dépose mon livre de chevet,

les yeux inondés vers la lumière. »

 (Extrait du livre « Rouge Alchimie »)

 

 

 

© Crédit photo : Deuxième portrait photographique d’art
thérapeutique de la créatrice Nora BALILE.

 

 

H.M — Dans un monde traversé par tant de fractures, quel rôle attribuez-vous aujourd’hui à la poésie ? Pensez-vous que le poète ait encore un pouvoir de transformation, ou au moins de consolation, dans la société actuelle ?

 

N.B — La poésie a un rôle très puissant, car elle parle à l’inconscient collectif. Elle permet de faire voyager les idées, de proposer d’autres manières de voir le monde — du plus vaste à l’infime.

Elle ne se voile pas : elle reste proche d’une vérité crue, parfois nue, parfois habillée. Elle nous invite à réfléchir sur le regard que l’humain pose sur sa propre condition, de manière subtile et engagée.

Les métaphores deviennent alors des espaces infinis, des refuges où l’on peut se retrouver sans se confronter directement à soi ou à l’autre.

Elles déposent un espoir quand tout s’assombrit, et s’arment de résilience grâce à la force des mots. Ce ne sont pas seulement des poèmes que l’on écrit : c’est un acte politique, un geste pour préserver la beauté de l’art animé par l’âme terrestre et céleste. La poésie, c’est la réalité sans fard ni paillettes, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Le poète a toujours un rôle précieux : il est un messager de l’âme, un lien entre le visible et l’invisible.

Il offre une vision différente, fait bouger les lignes, éveille les consciences.

 

 « Rêver encore,

rêver d’accalmie et de beau temps,

rêver encore… »

(Extrait du livre « Rouge Alchimie »)

 

H.M — Comment réagissez-vous à la réception de vos poèmes par le public ? 

 

N.B — Lorsque je suis sur scène pour déclamer mes poèmes, je suis, bien sûr, heureuse lorsque le public me fait de beaux retours. Mais ce qui compte le plus pour moi, c’est d’avoir transmis un message, d’avoir fait voyager les âmes venues m’écouter. Les sourires, les regards, les échanges deviennent alors des ciels bleus.

Quand je viens de publier un livre, comme c’est le cas actuellement, je me sens vulnérable et anxieuse, sensible à la moindre vibration que mes mots peuvent susciter. Je suis portée par l’exaltation, mais aussi par la peur de ne pas trouver d’écho chez le lecteur. C’est un risque à prendre, mais un risque empli de bonheur.

 

H.M — Que souhaiteriez-vous que le lecteur emporte de « Rouge Alchimie » , une fois le livre refermé ?

 

 

N.B —

 « L’ivresse de la poésie.

La liberté d’être.

Le courage des petits pas.

Les victoires et les défaites.

La lumière dans les nuits les plus sombres.

La pensée délicate pour l’autre.

L’audace de se rendre visible. »

 

Que chacun se souvienne que la maladie ne définit personne. Que les matins blêmes résistent à la fatalité. Que tout passe, même après les plus grandes tempêtes. Que l’on se relève, même avec des ailes brisées.

 

« Croire encore à la beauté de chaque geste malgré l’épreuve,

d’un rouge qui illumine nos existences d’un soleil flamboyant. » (Nora Balile)

 

 

H.M — Quels sont vos projets littéraires à venir ?

 

N.B — Des ouvrages collectifs de poètes, plusieurs recueils de poésie en cours d’écriture, des scènes de poésie en Belgique et à l’étranger — notamment au Maroc et en France. Je participerai aussi à des rencontres littéraires autour de mon nouveau livre « Rouge Alchimie ». Et bien d’autres aventures encore… Celles d’une poétesse nomade.

 

H.M — Si vous deviez résumer « Rouge Alchimie » en trois mots, lesquels choisiriez-vous ? 

 

N.B — Résilience - L’Absolu- Métamorphose !

 

© Crédit photo : Première de couverture illustrée du recueil de poésie intitulé « Rouge Alchimie » par Nora BALILE.

 

—————

Pour citer cet entretien lumineux, engagé, illustré & inédit

 

Hanen Marouani, « Interview avec Nora BALILE à l’occasion de la parution de son nouveau recueil de poésie « Rouge Alchimie » », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : AUTOMNE 2025 | NO IV « LE MAL DE VIVRE DANS LA MORT VOLONTAIRE DES ARTISTES DE SAPHO À NOS JOURS » sous la direction de Francoise Urban-Menninger & Revue poéféministe Orientales, « Libres », n°5, volume 1, mis en ligne le 6 novembre 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientalesno5/2025noiv/hm-norabalile

 

 

 

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5 novembre 2025 3 05 /11 /novembre /2025 19:49

N° IV | AUTOMNE 2025 | LE MAL DE VIVRE... » | Critique & réception | Dossier mineur | Articles & témoignages | Philosophie & poésie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Maggy De Coster, À fleur de mots,

 

Éditions du Cygne, Paris, 2021, 13 x 20 cm,10€

 

 

 

 

 

Photographie & critique par

 

Eliane Biedermann

 

 

 

 

© Crédit photo : Première de couverture illustrée du recueil À fleur de mots de Maggy De Coster aux Éditions du Cygne, 2021.

​​​​​

 

 

  Ce nouveau recueil de poèmes s’ouvre sur un hommage à la Commune chantée  par « le Temps des cerises ».  Nous connaissons l’engagement de l’auteure aux côtés des défavorisés, ce qui la pousse à détourner un proverbe bien connu : « Impossible de confiner la faim / (…) Elle carillonne si fort / qu’elle effiloche / les entrailles des pauvres / Le manque de moyen justifie donc la faim ». Elle évoque aussi le sort des femmes « lapidées / sur l’autel de l’obscurantisme et de la barbarie ». Elle est également à l’écoute de notre planète en danger, à cause de l’inconséquence des hommes en matière d’écologie : « Dans quelle typographie trouverai-je / La partition des animaux perdus / Dans les arcanes des saisons déréglées ? ».

 

    Le confinement dû au Covid 19 que nous avons connu à l’échelle planétaire a eu une grande influence sur l’écriture de la poète, en raison des morts et de l’angoisse liés à cette période sombre. Un poème s’adresse dans ce sens à ses amis italiens : « A vous mes amis, des salves d’espoir pour une autre / Renaissance / Et reviendra le temps de nos échanges à cœur ouvert ».

 

Elle dénonce la vision complotiste de certains, « accoucheurs de fausses nouvelles ». Maggy De Coster croit à des valeurs de « vertu », « d’honneur », et garde un espoir certain en l’humanité. Sa sensibilité est réceptive à des sujets très divers, comme l’incendie de la cathédrale Notre Dame, la mort d’une amie poète, la peinture de Gustav Klimt, la musique du fado…

   

 La lecture de ces textes nous fait du bien car grâce à ses alliances de mots poétiques, elle nous fait partager ses inquiétudes, tout en gardant un amour de la vie, et de la nature qui nous empêche de sombrer dans un nihilisme destructeur.

 

                                                          

© Eliane Biedermann


 

Page officielle chez  les éditions du Cygne, du livre À fleur de mots de Maggy De Coster, URL : http://www.editionsducygne.com/editions-du-cygne-a-fleur-de-mots.html

 

***

Pour citer ce texte illustré engagé & inédit

 

Eliane Biedermann (texte & photographie), « Maggy De Coster, À fleur de mots, Éditions du Cygne, Paris, 2021, 13 x 20 cm, 10€ », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : AUTOMNE 2025 | NO IV « LE MAL DE VIVRE DANS LA MORT VOLONTAIRE DES ARTISTES DE SAPHO À NOS JOURS » sous la direction de Francoise Urban-Menninger, mis en ligne le 5 novembre 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/2025noiv/ebiedermann-afleurdemots

 

 

 

 

 

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