12 juillet 2025 6 12 /07 /juillet /2025 17:20

N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Critique & réception | Dossier | Articles & témoignages & REVUE ORIENTALES (O) | N° 4-1 | Critiques poétiques & artistiques

 

 

 

 

 

 

 

Samar Miled : un « Printemps » 

 

de révolte & de tendresse

 

 

 

 

 

 

Critique & photographies (fournies) par

M

 

Autrice & collaboratrice de la revue Le Pan Poétique Des Muses

 

 

 

© Crédit photo : Première de couverture illustrée & mise en scène du recueil de poèmes de la poétesse Samar Miled, Printemps aux Éditions Le Lys Bleu, Paris, 2025.

 

Avec son nouveau recueil Printemps, la poétesse tunisienne Samar Miled poursuit avec force et sensibilité son chemin poétique et politique, entamé dès son premier recueil Tunisie Sucrée-Salée (Éditions Nous, Tunis, 2020). Ce nouvel ouvrage, à la fois ancré dans l’actualité et traversé de mémoire, rend hommage au printemps arabe, né en Tunisie, et à la douleur toujours vive d’un pays aimé, quitté mais jamais abandonné.

 

Mais Printemps est bien plus qu’un seul écho révolutionnaire. C’est une exploration poétique du printemps dans toutes ses déclinaisons – comme saison, comme état de l’âme, comme métaphore de l’amour, de la nature et de la patrie. À travers ses différentes parties, le recueil alterne entre légèreté ludique et gravité assumée, entre chants d’amour tendres et cris de colère lucide.

 

Dans « Printemps », la voix de Samar est celle d’une femme en marche, en exil parfois, mais toujours enracinée dans sa terre. Ses poèmes mêlent engagement, lyrisme, colère douce et nostalgie lumineuse. On y sent battre le cœur d’une génération marquée par l’histoire, mais encore capable de croire aux mots pour réparer, dénoncer, et espérer.

 

Des poèmes comme « Révolution », « Les damnés du jasmin », « Le ventre de Tunis » ou « La balade des gens heureux » font de ce recueil un véritable manifeste poétique, un cri lucide et sincère né de la Tunisie, mais qui résonne bien au-delà.

 

« C’était un mois de décembre,

Le pays tremble,

Le mal sombre, Le pays se réveille,

Les patients se rebellent.

La marche des âmes franches,

Franchit la porte de la grande ville.

Arrivent les voix blanches,

Et s'élèvent contre les voies viles. »

 

Samar Miled écrit avec un amour immense pour sa terre, souvent douloureux, toujours viscéral. Dans « Kerkennah », elle déploie une poésie de l’attachement, de la fidélité intime à la moindre pierre de son pays :

 

« On t'aime jusqu'à la dernière Charfia

Jusqu'à la dernière pierre qui tombe,

Jusqu'au dernier figuier qui se courbe sous le poids des années...

On t'aime jusqu'à la dernière prière à l'ombre de l'olivier qui résiste,

Jusqu'au dernier chapelet de raisin qui se vide...

On t'aime,

Jusqu'à la dernière ride. »

 

Mais la poétesse ne se limite pas à la géographie intime : la nature, elle aussi, s’invite dans ses vers comme une matière vivante, vibrante, témoin du passage du temps. L’évocation du printemps devient alors celle du renouveau, du désir, de l’éveil – autant de motifs présents dans ses poèmes les plus lyriques, parfois même teintés d’un humour léger.

 

© Crédit photo : Portrait photographique récent de la poétesse Samar Miled.

 

C’est dans ce registre plus léger, plus ludique aussi, que s’inscrit un poème comme « Produits de beauté », une ode tendre et ironique à la jeunesse contemporaine et à ses solitudes numériques :

 

« Un jeu sérieux,

Pour les lunettes rondes,

Pour les cheveux fous à lier, ou lissés au fer acheté chez le marchand des rêves, peu importe.

Un jeu sérieux,

Pour la casquette à l'envers et le sweat-shirt Puma, dernier cri.

Un jeu sérieux,

Pour ceux qui aiment le flashy, Ou pour les invisibles, Et pour les âmes sensibles, Qui se cachent derrière un écran,

Ou qui activent leur « baladeur » pour envoyer balader le monde...

Un jeu sensible, enfin,

Pour ceux qui achètent le silence, En ouvrant, parfois, un livre,

En lisant, parfois, des « mots bleus », des mots à la sauce rosée, des mots ivres. »

 

La géographie poétique de Samar va également bien au-delà de la Tunisie. Dans le poème « Bruxelles », elle dresse un constat sans fard sur les inégalités structurelles entre le Nord et le Sud, entre ceux qui peuvent circuler librement et ceux qui sont enfermés par les frontières et les couleurs de leur passeport :

 

« On ouvre la carte du monde : et en ce moment, comme un coup de chance ?

On est en haut, à gauche.

En bas, c'est le refuge des « sans domicile fixe », des « sans-papiers » qui ne franchissent aucune frontière.

Il n'y a que les rouges et les bleus qui circulent à vol d'oiseau.

En bas, on a construit des fenêtres bleues et des cages.

En haut, c'est les tuiles rouges et les fenêtres blanches.

Toutes les couleurs ne se valent pas. »

 

Cette conscience du monde, cette lucidité sur les rapports de pouvoir et les injustices n’exclut jamais la dimension intime et universelle de l’écriture. Le poème « Notre histoire », par exemple, évoque la poésie elle-même comme refuge et miroir de l’âme :

 

« Et ce poème

Dans la nuit,

Qui comme un cri,

Vous raconte,

Tout le bonheur,

Qui l'agite,

Dans cette maison,

Qui nous habite. »

 

Et c’est peut-être dans le poème « Soleil » que s’exprime avec le plus de force ce basculement vers la lumière. La poétesse y renverse la douleur pour faire triompher la beauté, le choix du Bien, la douceur réparatrice :

 

« Adieu haine,

Adieu amie des moribonds,

Adieu fenêtres qui ouvrent sur le vide,

Adieu marâtre qui épuise la lumière.

Adieu haine.

Je vais danser sur ta tombe,

C'est la mission qui nous incombe.

Je vais... tuer le mal, étouffer son râle...

En choisissant le Beau,

En m'agrippant au Bien, pour ne pas tomber dans la fange des hommes ;

En fabriquant des histoires,

En griffonnant du blanc sur le noir, En attendant le bout du tunnel...

Adieu haine,

Car je choisis l'amour, l'amour...

Et je te hais. »

 

 

Samar Miled est aussi une poétesse de son temps, dans la forme autant que dans le fond. Elle partage ses poèmes à travers des capsules vidéo sous-titrées sur les réseaux sociaux, rendant sa poésie accessible à un public plus large, et particulièrement aux jeunes générations. Cette stratégie de diffusion, à la fois moderne et militante, renforce la portée de son message, tout en restant fidèle à l’oralité propre à la poésie arabe.

 

Avec Printemps, Samar Miled livre bien plus qu’un recueil : elle offre un espace d’écoute, de résistance, de rêve et de consolation. À travers ses vers, elle continue de tisser ce lien fragile mais tenace entre l’exil et la terre natale, entre le passé blessé et les espoirs d’avenir.

 

C’est une poésie qui questionne, rassemble, bouscule, mais surtout aime – jusqu’à « la dernière ride ».*



 

© M, juillet 2025.

 

* Samar Miled, Printemps, Le Lys Bleu, Paris 2025, 103 pages, 12 €

 

————

Pour citer cet article illustré & inédit

 

M (collaboratrice de la revue LPpdm, texte & photographies fournies)« Samar Miled : un « Printemps » de révolte et de tendresse », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2025 | NO III NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES », 1er Volet & Revue Orientales, « Déesses de l'Orient », n°4, volume 1, mis en ligne le 12 juillet 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientalesno4/2025noiii/samarmiledunprintemps

 

 

 

 

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7 juillet 2025 1 07 /07 /juillet /2025 16:51

N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Critique & réception | Dossier | Articles & témoignages & REVUE ORIENTALES (O) | N° 4-1 | Critiques poétiques & artistiques

 

 

 

 

 

« Nos coutures apparentes » : Imèn MOUSSA signe un recueil qui démêle l’âme

 

 

 

 

 

 

Critique & photographies (fournies) par

 

 Hanen Marouani​​​​​​

 

 

 

 

© Crédits photos : Paysage champêtre de nature morte avec la première de couverture illustrée par l’artiste plasticienne Najet Dhahbi du recueil de poèmes « Nos coutures apparentes » suivi du portrait photographique récent de son autrice la poétesse Imèn Moussa.

 

 

La poétesse et chercheuse Imèn Moussa signe un retour sensible et percutant avec son nouveau recueil de poésie, intitulé « Nos coutures apparentes », publié chez Les Constellations. Préfacé par la poétesse et romancière Cécile Oumheni, cet ouvrage confirme une année poétiquement riche pour cette voix singulière de la poésie tunisienne francophone.

 

© Crédit photo : Image du Rayon Poésie d’une Bibliothèque à Tunis qui contient le recueil de poèmes « Nos coutures apparentes » de la poétesse Imèn Moussa. Photographie prise par une lectrice à Tunis en Tunisie.

 

 

Dans ce nouveau recueil, le titre à lui seul suffit à poser le ton : "Nos coutures apparentes". Il évoque à la fois la vulnérabilité, la force exposée, et les blessures recousues par la résilience. En choisissant de rendre visibles ses coutures, Imèn Moussa fait un geste poétique fort : celui de revendiquer l’imperfection, la réparation et la rébellion créatrice. En effet, les soubassements politiques actuels, les turbulences des relations humaines, le pouvoir de l’amour, la beauté des apprentissages, les traumatismes collectifs sont autant de thématiques qui préoccupent la poétesse et agitent son imaginaire comme des fils tendus entre l’intime et le collectif.

 

 

« Nous avons tous traversé un incendie. 

Nous nous sommes tous un jour ou l’autre pris les pieds dans la toile d’araignée de l’anxiété. 

À un moment où un autre, nous nous sommes tous brisés comme une poupée de porcelaine ». 

 

Édité chez la maison d’édition Constellations, dont le nom évoque déjà un certain imaginaire poétique, le recueil s’inscrit dans un univers entièrement engagé, où chaque poème est une tentative de dire ce qui ne se dit pas, de montrer ce qui est souvent caché. Les constellations, au-delà de l'éditeur, deviennent aussi une métaphore du tissu poétique qu’Imèn Moussa tisse entre les voix, les langues, et les histoires qui l'habitent. À l’instar d’une conteuse, elle nous emmène avec ce recueil dans les tréfonds de l’âme et dans les chemins sinueux de l’indicible.

 

« Elle me raconte le village des sources, 

Le village où l’on a creusé autour de la fontaine pour faire pousser le nombril d’une Femme à Paroles. 

À son pied ils ont inscrit quelques symboles étranges et des mots qui ne vous diront rien : 

Porte tes yeux au soleil
à l’heure qu’il est la gravité a perdu son sens
à l’heure qu’il est ne laisse pas ta peau sur les murs ne sois plus en colère
le silence, ça s’entend ! »  

 

La préface de Cécile Oumheni, autrice franco-tunisienne reconnue pour son écriture à la croisée des cultures, vient introduire cette œuvre comme un dialogue littéraire entre deux femmes poètes issues d'horizons francophones pluriels enrichit. La couverture du livre signée par l’artiste plasticienne de renom Najet Dhahbi nous offre aussi un aperçu sensible sur ce que recèlent les pages du recueil. Tout comme sa couverture, Imèn Moussa nous met face à une écriture qui, à la fois, perturbe et rassure.

 

© Crédit photo : Image du recueil de poèmes « Nos coutures apparentes » de la poétesse Imèn Moussa. Photographie prise par une autre lectrice à Sousse en Tunisie.

 

Imèn Moussa, qualifiée dans les cercles littéraires de poétesse aux multiples talents et une artiste aux flamboyantes couleurs, continue d’explorer avec passion des formes d’expression hybrides, sincères, et profondément humaines. À travers sa poésie, sa photographie, ses voix off et ses performances scéniques, elle donne voix aux silences, aux marges, au vivant, aux fragments d’identité, sans jamais avoir froid aux yeux. 

 

« En fait, je ne conteste pas, mais j’ai tant de fausses certitudes à congédier loin de mes doigts.
Nous autres, nous n’avons qu’à s’épiler les ailes
pour accueillir nos troubles 

Nous autres, nous n’avons qu’à remonter
l’armature d’un soutien-gorge pour nous confondre avec une femme en liberté
puis, de toi à moi, qui pourrait m’empêcher d’arracher mes fils et mes clous ?
Si je te dérange, ferme les yeux ! »

 

Ce recueil s’inscrit incontestablement dans une dynamique contemporaine de la poésie francophone qui se réinvente et surprend. Ses vers deviennent le lieu du soin, de la rencontre, de résistance et de reconstruction. 

 

Tu sais ? J’ai entendu une voix qui m’appelait. Quand je me suis retournée, j’ai cru te voir, toi, terre enracinée dans chaque cœur.
J’ai souri. 

« Un grand sourire comme tu les aimes.
Parce que, tu sais ? Au bout du compte je me suis rappelée que ceux qui naissent sous les oliviers,
cultivent à jamais une tenace liberté
et se tournent toujours vers l’espoir ». 

 

« Nos coutures apparentes » est plus qu’un livre : c’est le geste premier de la littérature : un miroir tendu vers notre humanité commune.

 

© Hanen Marouani, juillet 2025.

 

© Crédit photo : Image du recueil de poèmes « Nos coutures apparentes » de la poétesse Imèn Moussa. Photographie prise par une troisième lectrice en Bretagne en France.

 

 

À consulter également

 

— La page officielle de présentation du recueil chez la maison d’édition Constellations, URL.https://editionsconstellations.fr/nos-coutures-apparentes/

— L’annonce de parution de cette œuvre par Le Pan Poétique Des Muses « Vient de paraître le recueil de poèmes Nos coutures apparentes par Imèn MOUSSA », URL. https://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientalesno4/noiv/noscouturesapparentes

 

***

Pour citer cet article illustré & inédit

 

Hanen Marouani (texte & photographies fournies)« Nos coutures apparentes : Imèn MOUSSA signe un recueil qui démêle l’âme », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2025 | NO III NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES », 1er Volet & Revue Orientales, « Déesses de l'Orient », n°4, volume 1, mis en ligne le 7 juillet 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientalesno4/2025noiii/hm-imenmoussanoscoutures

 

 

 

 

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3 juillet 2025 4 03 /07 /juillet /2025 17:02

N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Critique & réception | Poésie & musique

 

 

 

 

 

 

Poésie & musique sur le Dichterwag

 

(sentier des poètes) de Soultzmatt en Alsace

 

 

 

 

 

 

Chronique de

 

Françoise Urban-Menninger

 

Blog officiel : L'heure du poème

 

Photographies par

 

Claude Menninger

 

 

 

© Crédit photo : Claude Menninger, « Françoise Urban-Menninger » récitant ses poèmes lors de la nouvelle promenade poétique sur les pentes du Zinnkoepflé (Soultzmatt en Alsace) du « Sentier des poètes », 2025.

 

 

 

À l’initiative du poète Claude Diringer, cofondateur du sentier des poètes et de son ami André Schlegel, une nouvelle promenade poétique s’est déroulée dernièrement sur les pentes du Zinnkoepflé.


 

Sous l’intitulé « A friejohr fer unsri Sproch », des poètes ont lu leurs écrits en alsacien mais aussi en allemand et en français. L’écrivain Jean-Paul Sorg a rendu un vibrant hommage à Albert Schweitzer en lisant quelques pages de ses lettres empreintes d’une délicate poésie adressées à Hélène Bresslau, sa future épouse.

Les auteurs de la vallée de Munster, réunis dans l’ouvrage de témoignages « Mon Schweitzer », publié à l’initiative de Francis Guthleben, étaient également de la partie pour évoquer le grand humaniste dont on célèbre cette année le 150 e anniversaire de naissance.

 

 

© Crédit photo : Claude Menninger « Réunion poétique & musicale du sentier des poètes » lors de la nouvelle promenade poétique sur les pentes du Zinnkoepflé (Soultzmatt en Alsace)», 2025.

 

 

Ba Banga Nyeck, inventeur du balafon chromatique et Jean-Paul Kirtz, clarinettiste présent depuis l’inauguration du sentier, ont accompagné au son de leurs instruments Aminta Marie Dupuis, Martine Blanché, Claude Diringer, Françoise Urban-Menninger, Béatrice Koch, Angèle Rohmer, Guy Michel, Jean-François Schwaiger jusqu’au caveau Feltz où le viticulteur Seppi Landmann leur a conté l’histoire du vin de glace. Et c’est autour d’un verre que les diseurs de vers ont clos cette rencontre où planaient les figures emblématiques d’Albert Schweitzer et de Louis Schittly, le chantre du Sundgau qui vient de nous quitter.

 

© Françoise Urban-Menninger, juillet 2025.

***

Pour citer ce texte illustré & inédit

 

Françoise Urban-Menninger, « Poésie et musique sur le Dichterwag (sentier des poètes) de Soultzmatt en Alsace », avec deux photographies par Claude Menninger, Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2025 | NO III NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES », 1er Volet, mis en ligne le 3 juillet 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/2025noiii/fum-poesieetmusique

 

 

 

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25 juin 2025 3 25 /06 /juin /2025 15:31

 

N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | La poésie dans tous ses états / Leçons, méthodes & méthodologies en poésie & REVUE ORIENTALES (O) | N° 4-1 | Varia & Actualité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Exil & poésie.

 

Langue & vérité en temps d’exil

 

 

 

 


 

 

Conférence par

 

Salim Mokaddem

 

Philosophe, poète, auteur & professeur émérite à l’Université de Montpellier

Blog officiel : www.salimmokaddem.com

 

 

Avant-Propos & photographies par

 

Arwa Ben Dhia


Poète polyglotte, auteure, Ambassadrice de la Paix (CUAP), ingénieure brevets & docteure en électronique

Page Linkedin :

https://www.linkedin.com/in/arwa-ben-dhia-phd-0538b011/

 

 

 

Avant-Propos

 

À l’occasion de la quatrième édition du festival « La Tour Poétique » de l’association Apulivre dont le thème était l’exil, et qui a eu lieu du 12 au 15 juin 2025 à la Maison de la Vie Associative et Citoyenne du 15è arrondissement de Paris, le philosophe et poète Salim Mokaddem, professeur émérite à l’Université de Montpellier, a donné une conférence intitulée « Exil et poésie. Langue et vérité en temps d’exil ». Voici le texte de son discours :

© Arwa BEN DHIA

 

© Crédit photo : Première image de Salim Mokaddem durant son intervention intitulée « Exil et poésie. Langue et vérité en temps d’exil » lors du festival poétique de l'association Apulivre, juin 2025.

 

 

Exil et poésie. Langue et vérité en temps d’exil*

 

 

Le langage du poète et la langue de la poésie sont souvent difficiles à entendre car l’utilité et le quotidien de nos tâches de vie font que notre rapport aux mots est très souvent embué du rôle utilitariste ou fonctionnaliste que nous leur attribuons. La fonction symbolique du langage est alors réduite à une finalité de communication ou à une saisie pragmatique du langage en tant que tel. Les mots du quotidien, ceux de la tribu humaine, sont alors oubliés, façonnés ou malmenés dans un codage sémiotique où le sens est écrasé par la signification et où le mystère de ce qui est à l’origine du Monde des humains, qui fait de nous des parlêtres (selon le néologisme formé par Lacan), disparait dans le tumulte médiatique et informationnel de nos sociétés de flux verbaux et d’algorithmes incessants. Parler se réduit alors à communiquer des informations sur les choses qui apparaissent comme des données (data) du monde perçu, du réel de l’opinion, de ce qui fait le sens commun des choses du monde. 

Pourtant, la poésie institue dans la langue un autre rapport au monde, à l’être, à la vie humaine : elle nous rend, paradoxalement, à un monde d’enfance (infari) où le mot et la chose n’étaient pas encore saisis dans l’ordonnancement des hiérarchies du discours, où la parole était créatrice et où chanter, penser, dire sont le même. 

Qu’est-ce que le poème ajoute ou retire de notre rapport quotidien à la prose du monde ? Que dit le poème sur notre rapport au réel et de notre situation dans le monde ? 

 

1 — Logos, poïesis, cosmos 

 

La poésie est un art du langage qui exprime, à travers les mots, les sentiments d’infini se manifestant dans l’existence humaine ; elle vise donc à transformer le rapport au monde pour lui conférer un caractère plus intense, plus intime et en même temps plus spirituel, qu’on peut rapprocher d’une certaine pratique de magie ou d’action de transformation des choses de la vie en symboles et en expressions faisant du monde un autre monde, un monde transfiguré par une vision au sens plein du terme. Cette vision est de part en part une transformation de soi et du monde abolissant les divisions faciles par lesquelles nous agissons et vivons ordinairement le monde. Rimbaud a raison de parler alors de voyance ; non pas celle d’un symbolisme d’école ou de facile référence à un ésotérisme éclectique, plutôt exotique que véritablement voyageur. Le monde du poète est non pas un autre monde au sens où Nietzsche parle des arrière-mondes du religieux, mais un monde Autre qui transfigure celui dans lequel nous sommes, un monde qui apparaît comme créé, produit, inventé en même temps qu’il est nommé et dit par le langage de la poésie qui l’institue et le crée comme tel. 

Cette dimension peut être lyrique, élégiaque, hymnique, voire spéculative, mais, elle est toujours musicale en même temps que fortement ancrée dans une transcendance qui donne à l’âme humaine une dimension de transport (ce que signifie le terme de métaphore) et de déplacement dans un ailleurs (qui est exil) dont le poète garde la nostalgie depuis toujours. En ce sens tout poème est platonicien car il témoigne d’une volonté ou d’un désir de retour à une vraie vie, à un Azur incontestable par lequel le langage trouve sa plénitude dans son adéquation, non problématique et arbitraire, aux signes qui sont indistinctement le chant du monde et celui de sa vérité dans la libre subjectivité infinie du poète. 

Les hymnes antiques, ceux de Pindare, d’Homère, racontent ces noces de l’Autre et de l’Ailleurs dans la présence à soi (parousie) de la Parole poétique. C’est pour cela que les mots du poème sont en exil dans une langue qui ne sait plus que parler pour indiquer les choses qui sont et disparaissent aussi vite qu’elles sont nommées dans le fast-wording de l’information, non hiérarchisée au sens étymologique du terme, non sacralisée par ce que cache et ce que montre le mot qui fait advenir la chose en dévoilant sa présence sur un autre mode que celui de l’ordre du discours. 

Le langage du poète est actif, efficient, effectif : il vise à produire un autre monde, dans le monde, ou, modestement, à côté de lui, pour en changer la vision sinon le cours, du moins, le sens, et, ainsi l’ancrer dans un rapport qui est à la fois un lien dialectique de justice et une production de vérité. Platon avait bien compris cela : chasser le poète de la Cité belle et bonne, parfaite, ce n’est pas invalider son art. C’est justement annoncer de façon forte et logique que le poème n’a de sens que quand la Cité est désordonnée, injuste, fausse, inique et tyrannique. Le poète témoigne alors par son Dire et son chant, d’un monde vrai et juste, qui reste en attente de sa réalisation. Le temps de l’attente est le temps de la poésie qui témoigne de sa possibilité réelle, en tant que martyr de la nécessité d’une politique de la métaphysique dans l’histoire qui l’exclut en tant que tel. 

Si la Cité est juste et vraie, alors la poésie devient monde et le logos se transforme en praxis vivante de soi. Si le poème nous parle encore, c’est parce que nous sommes en exil et en nostalgie de la vérité dont il témoigne en instaurant dans la langue des travaux et des jours, le rappel, le souvenir d’un Autre monde que celui où nous vivons aujourd’hui, tels des esclaves aliénés par l’attachement à l’immédiat et à la peur de lâcher notre confort. Le poète annonce que pour vivre, tels des dieux, libres et créateurs dans une enfance qui n’a rien de mythique ou de romantisme impuissant, il nous faut agir dans la langue pour qu’elle se libère des pesanteurs et des faussetés qui la plombent et la rendent serviles ou, pire, artificielle langue de la communication sans sens ni sujet. Ainsi, les poètes sont utiles comme prophètes du vrai, et inutiles dans une société où l’amour, la justice, la fraternité lient les humains entre eux. La dialectique est paradoxale d’être si rigoureuse : nous n’avons jamais eu aussi besoin de poésie qu’aujourd’hui pour dire que notre monde est en danger d’amnésie et en mal de confondre le code et le signe, l’algorithme et le jugement, ou la pensée et la chose inerte, remplaçable et jetable dans ce que Marcuse appelle le principe de rendement. Dans une Cité juste, le poète n'a plus sa place ; dans la Cité où le philosophe est assassiné par l’opinion vengeresse et le mensonge, alors le poète a son rôle aléthurgique, transgressif et puissant, en témoignant d’un autre monde où le vrai se déploie à sa juste place. 

Nietzsche, encore lui, philosophe autant que poète, annonce que le philosophe de l’avenir cherche une musique sœur du palmier, façon de lier poème et oasis dans le désert du nihilisme post-romantique qui fait la grisaille effrayante du jour qui perd son éclat d’être à ce point confondu avec le crépuscule du langage. 

 

 

2 — Poésie et signification, poème et pensée : metanoïa 

 

 

Platon disqualifie le poète et le sophiste - qui ne sont pas de même nature - même si ce n’est pas de la même façon, du fait que la poésie institue une vraisemblance dans le dissemblable, une doublure ontologique disqualifiant l’être authentique et l’essence de l’Idée dans son apparaître. Nous avons expliqué que le moment poétique est toujours pertinent tant que les rois ne seront pas philosophes et les philosophes magistrats de la Belle Cité. Si le sophiste, disqualifié comme apologue du non-être, instaure du faux dans le vrai, le poète est encore utile dans la fausseté du monde en ce qu’il appelle à une conversion vers la pensée authentique à l’origine du poème, à savoir l’être reconnu dans sa vérité et sa justice comme but du discours et éthique de l’action. C’est le sens de la production de l’acte du dire-vrai qui fait la poïesis du poète. 

Le poète n’est pas un emberlificoteur ontologique ou un substitut de magicien cherchant à embellir les dures réalités de la vie : son rôle est de témoigner de la présence de l’Autre, et d’un autre monde que celui qui nous rabat sur le réel le plus immédiat et amnésique. 

Le poète parle d’un lieu qui n’est pas celui qu’habite l’humain pris dans le souci quotidien de l’immédiateté, de l’être-là des choses de la vie : son exil l’oblige à inventer le langage de la nomadisation. Il n’est ni un savant, ni un professeur, encore moins un pédagogue ou un annonciateur au sens religieux du terme ; s’il parle d’un lieu qu’il n’habite qu’en parole, dont il est exilé du fait de la situation du Monde qui fait de l’utilitaire, de la fonctionnalité, du pragmatique, le sens de son réalisme, le poète appelle à vivre l’étrangeté de sa situation en faisant de la langue le lieu même de son être ailleurs, de son être autre, de son être Ange. Tout poème parle d’un lieu quitté et d’un lieu à venir ; l’entre-deux de cette situation fait la beauté et l’inquiétante étrangeté de sa langue. 

Toute poésie est en ce sens pensante car elle parle d’un lieu réel qui n’est pas encore là, qui ne l’est que dans la parole du poète, le poème étant le langage ramené à sa vérité ultime : convertir le regard de l’humanité vers ce qui lui donne consistance. La parole du poète parle donc de ce qui n’est pas là, et qui est de ce fait indicible. Cet ineffable fait le devoir dire de l’exilé de son lieu-dit. Le langage manifeste alors dans sa langue intime le sacré que recèle l’exilé en tant qu’il apporte dans son mystère l’ailleurs qui fait trembler la langue sur son socle de liant politique, commun et reliant. Le poète est tout sauf un religieux du Verbe : il manifeste le sens du dire dans la parole exprimée depuis ce lieu qu’il ne cesse de dire, faisant mentir la philosophie pragmatique et paresseuse consistant à penser que ce qu’on ne peut dire il faut le taire (Wittgenstein, Tractatus Logico-philosophicus). Il faut plutôt dire ce qu’on ne peut pas ne pas taire ; telle est l’éthique courageuse du poète et le sens de son exil dans les structures anonymes du langage. Il fait de cet Impossible de la dicibilité totale, l’objectif de sa tâche infinie : conjoindre penser et parler dans une érotique du sensible et du signe rendant l’exil du Sens moins cruel et surtout temporaire, malgré l’absoluité du geste radical consistant à opposer à la souffrance infinie de l’absence l’incarnation de la Parole dans le Verbe poétique.

 

 

© Crédit photo : Deuxième image de l’intervention du poète Salim Mokaddem dans le festival poétique de l'association Apulivre, juin 2025. 

 

 

3 — Offertoire : le logos en attente de son Peuple

 

 

Nous avons vu que le poème ne se dit que du fond d’un retrait de soi dans l’exil de toute vérité satisfaite, dans l’inquiétude de la non-demeure qu’est devenue la Parole disséminée dans le bruit et la fureur du monde. Il y a des vertus communes au philosophe et au poète ; c’est pourquoi ils se reconnaissent sans s’admettre comme tels dans un monde qui rend le langage en exil de sa propre manifestation. Le Logos du poème ou sa possibilité comme surgissement, effraction d’un Autre dans le Même, rappelle que parole poétique et discours philosophique s’efforcent de trouver un pays, un territoire, un lieu et une formule qui permettent la réconciliation de la chair et de l’Esprit dans les Noces silencieuses – mais non muettes ! – du futur comme souvenir du témoignage, du martyr du langage sans oubli. 

Incarner le sens de l’exil, qu’il soit celui de l’histoire, de l’amour, de l’être ou de la terre, fait du poète un étranger à ce monde lisse et poli qu’est le monde normalisé de la domination arrogante ou du conformisme facile qui cherche toujours à se faire adouber par un monde malade, violent, brutal, qui nie la possibilité de le contester comme tel. 

Tous les poètes du monde entier et de l’histoire des exilés savent que leur avenir est celui d’une résistance totale à la numérisation de la langue, au consumérisme des langues de bois et binaires, voulant écraser le Signe sur le Présent de sa répétition sans histoire. 

Bien sûr qu’il ne suffit pas de dire pour faire, mais il est indéniable que le faire le plus authentique cherchera toujours son Verbe duquel nous sommes exilés dans un monde de l’urgence et du rendement qui nous prend âme, vie, esprit, éros et nous oppose comme des machines désirantes à d’autres machines, ne désirant peut-être rien d’autre que le mécanisme de leur conatus répétitif. Tout poème est d’exil et inchoatif : le poète, lui-même exclu du langage du Tout et de tout le monde, donc de personne, cherche dans l’intensité de son dire la juste et parfaite présence absente du langage à sa faille, à sa déhiscence devenue force de manifestation d’une géographie à venir. 

L’exil du poème traduit l’attente d’une langue pour un peuple à venir, sans Terre, sans sang assigné, sans identité préconstruite. Chaque poésie construit alors ce peuple en exil de son Histoire, et devient ainsi un baptême de l’Absence à soi de l’être et de la pensée. 

Tâchons de faire de notre exil dans la langue et de notre nomadisme dans ce monde les éléments vivants qui donnent à notre situation singulière à la fois le désarroi de l’enfance et la passion vive, autant qu’impossible, de l’amour infini nous rendant dignes d’accueillir le poème et de faire de notre exil la chance de diminuer les effets, dans ce monde, du péché originel qu’est la perte du Logos. 

Je fais le pari que cet exil est une chance, une liberté, dans l’inconfort qui nous permet encore de parler autrement qu’en consolidant la misère du monde.

 

© Salim MOKADDEM

 

© Crédit photo : Une image de la salle durant la conférence de Salim Mokaddem dans le festival poétique de l'association Apulivre, juin 2025.

 

 

*Les revues Le Pan Poétique des Muses Orientales publie pour la première fois ce texte de la conférence avec l’aimable autorisation du conférencier.

 

 

Biographies

 

 

Salim MOKADDEM est philosophe, écrivain, poète, expert technique international, membre de l’Unesco (GME), membre du Centre national de la recherche brésilien, professeur émérite à l’Université de Montpellier, auteur de nombreux livres (essais philosophiques, contes, romans) et il anime un blog (URL. www.salimmokaddem.com).

 

 

Arwa BEN DHIA est née en 1986 en Tunisie qu’elle quitte en 2009 pour poursuivre ses études d’ingénieur télécoms en France. Elle est docteure en électronique, ingénieure brevets, poète polyglotte, traductrice, autrice, ambassadrice de la Paix (CUAP) et préfacière de plusieurs recueils de poésies. Son dernier recueil « Les quatre et une saisons » coédité en octobre 2024 par les éditions du Cygne en France et les éditions Arabesques en Tunisie a reçu un Diplôme d’Honneur 2024 décerné par la Société des Poètes Français, ainsi que le prix littéraire Dina Sahyouni 2025. Ce recueil a été transcrit en braille. Arwa a participé à plusieurs revues et anthologies poétiques et est membre de plusieurs associations culturelles, comme la Défense de la Langue Française et la Société des Gens de Lettres.

 

________

 

Pour citer cet article illustré & inédit

 

Salim Mokaddem, « Exil et poésie. Langue et vérité en temps d’exil », Avant-propos & photographies par Arwa Ben Dhia, Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2025 | NO III NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES », 1er Volet & Revue Orientales, « Déesses de l'Orient », n°4, volume 1, mis en ligne le 25 juin 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientalesno4/2025noiii/sm-exiletpoesie

 

 

 

 

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11 juin 2025 3 11 /06 /juin /2025 16:29

N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Critique & réception / Chroniques de Camillæ | Dossier

 

 

 

 

 

 

Vertille

 

 

 

 

 

 

Chronique féministe & photographies par

 

Camillæ/Camille Aubaude

 

https://everybodywiki.com/Camille_Aubaude

 

Blogue officiel :

https://camilleaubaude.wordpress.com/ 

 

 

© Crédit photo : Camille Aubaude, « Vertille, hauts et courts », photographie de l'annonce du spectacle prise lors de la représentation à Amboise, le 8 juin 2025, image no 1. 

© Crédit photo : Camille Aubaude, « Vertille, hauts et courts par Elsa Champigny », photographie prise lors de la représentation à Amboise, le 8 juin 2025, image no 2.

 

Au Festival de théâtre à Amboise (théâtre Beaumarchais, les 7 et 8 juin 2025)

 

Mise en scène : Bruno Dufour

Interprète : Elsa Champigny

 

© Crédit photo : Camille Aubaude, « Vertille, hauts et courts par Elsa Champigny », photographie prise lors de la représentation à Amboise, le 8 juin 2025, image no 3.

 

 

Une femme clown était impensable il y a cinquante ans. Seule en scène pendant une heure, à capter un auditoire en rehaussant le rire par des émotions tristes. 

Vertille ne nie pas sa féminité, au contraire. La mise en scène en reprend les truismes sociaux, les évidences, comme montrer ses jambes, comme se déshabiller en public, avoir un fils, l’abandonner, mais pas tout à fait... Bien qu’ultra réaliste, la mise en scène est fabuleuse : elle détourne avec humour et intelligence ces attendus de la féminité. Le public s’interroge. 

L’être femme ne peut se révéler davantage dans son aspect concret que dans ces pantomimes, ces mots à peine articulés et intenses qui, une fois lancés sont des appels à échanger avec le public.

Alors naît une osmose entre l’étrange femme qui tire la langue sur scène et nous. 

Le faciès du clown blanc est aussi un truisme d’émotions. Le clown ne cache pas ses émotions, il les joue, et c’est la vérité. Quand Vertille exprime la douleur, c’est un tour de force pour faire ressentir une vérité. La célèbre parréshie de la démocratie à Athènes, « dire sa vérité » est à l’œuvre dans cette succession de scènes qui questionnent le public, et réussissent à le divertir.  

La vie qu’elle exhibe, Vertille, n’est pas seulement codée par la société masculine, mais aussi à la merci des téléphones portables, et c’est une fabrique à déchets. Vertille convie son public à prendre conscience des codes sociaux qui l’aliènent. Son rire et sa liberté font éclater les carcans, nous lui en sommes reconnaissants. Allez la voir !


 

Prochaines représentations :


— Vendredi 20 juin à 20h au bar le Parceque à Ciran (37)

— Samedi 6 juillet à 17h au festival La Mariennee, La Goespierre, Vald’Yerre (28)

 

— Dimanche 30 août à 17h au festival intergalaktik des clowns, à Jupilles (72)

 

 

© Crédit photo : Camille Aubaude, l’affiche officielle de « Vertille, hauts et courts », photographies prises lors de la représentation à Amboise, le 8 juin 2025, image no 4. 

 

© Camille AUBAUDE, juin 2025.
La Maison des Pages, Musée d'écrivain, website :
https://camilleaubaude.wordpress.com

***

Pour citer ce texte illustré & inédit

 

Camillæ ou Camille Aubaude (texte & photographies), « Vertille », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2025 | NO III NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES », 1er Volet, mis en ligne le 11 juin 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/2025noiii/ca-vertille

 

 

 

 

Mise en page par David

Dernière modification de la page : le 17 juin 2025 (mise à jour des dates des représentations). 

 

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