23 octobre 2025 4 23 /10 /octobre /2025 18:37

N° IV | AUTOMNE 2025 | LE MAL DE VIVRE... » | Critique & réception | Dossier mineur | Articles & témoignages | Revue Matrimoine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Éloge funèbre de

 

 

l’impératrice Claire Heureuse

 

 

 

 

 

Photographies & article inédits par

 

Maggy de Coster

 

Site personnel

Le Manoir Des Poètes

 

 

 

 

© Crédit photo : Éric Sauray dans sa représentation de son « Éloge funèbre de l’impératrice Claire Heureuse », épouse de Jean-Jacques Dessalines, premier empereur d’Haïti. Image no 1 prise par Maggy de Coster.

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Après avoir rendu hommage dans une précédente pièce de théâtre aux femmes méconnues qui ont marqué l’Histoire d’Haïti  avec « Claire, Catherine et Défilé : les 3 femmes les plus puissantes d’Haïti » en 2018, Éric Sauray revient cette fois-ci avec « Éloge funèbre de l’impératrice Claire Heureuse », épouse de Jean-Jacques Dessalines, premier empereur d’Haïti après l’indépendance de ce pays.

 

Un monologue écrit et mis en scène par le dramaturge et avocat. En incarnant Guillaume, Fabre, Nicolas Géffrard avec son éloquence et sa verve d’orateur bien trempé, dès son exorde, il a su capter l’attention de l’assistance sagement installée dans l’église Saint-Martin de Groslay dans le Val d’Oise. 

 

© Crédit photo : L'affiche officielle de la représentation de l’« Éloge funèbre de l’impératrice Claire Heureuse ». Image no 2 prise par Maggy de Coster.

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En dix tableaux, Éric Sauray a brossé la vie de l’impératrice Claire Heureuse qui, selon ses enseignements, était née sous une bonne augure, puisqu’elle a vu le jour à Léogane, la ville de naissance de la poète Anacaona, première reine d’Haïti. En outre, elle était porteuse de prénoms et de patronyme très significatifs : Marie-Claire Heureuse Félicitée Bonheur. Il nous a savamment instruits de sa vie en partant de sa naissance à sa mort en passant par ses amours, son couronnement, l’assassinat de son empereur de mari par ses pairs, sa noblesse de cœur et sa déchéance dans la dignité.

« Elle s’est endormie dans les bras de l’ange de la mort » ou encore : « Elle est plongée dans un sommeil éternel », dit-il, entre autres. Que de métaphores pour traduire ce passage de vie à trépas !

Éric Sauray a utilisé toute la richesse de langue française pour faire l’éloge de cette femme hors pair, hors série, qui a marqué l’Histoire d’Haïti.

Épouse, mère, infirmière, conseillère de son mari, diplomate née, elle avait tout pour retenir l’attention de son peuple mais elle avait fini par tomber dans l’oubli. Il a fallu l’entremise d’Éric Sauray pour faire revivre sa mémoire à travers cet « Éloge funèbre »

Il n’y a pas plus compatible que l’enceinte d’une église pour inscrire ce moment solennel. Eh oui, c’est dans l’église Saint-Martin qu’a résonné l’écho de la voix de l’orateur avec toute l’érudition qu’on lui connaît ! 

 

 

 

© Crédit photo : Éric Sauray à la fin de dans sa représentation de son « Éloge funèbre de l’impératrice Claire Heureuse ». Image no 3 prise par Maggy de Coster.

 

 

Aussi a-t-il convoqué les philosophes gréco-latins suivants : Épictète, Sénèque et Marc Aurèle  pour définir la personnalité de Claire Heureuse qui a su bâtir sa vie sur fond de stoïcisme, d’éthique et d’altruisme.

« On ne se construit pas sans les autres », convient-il avec Sénèque.

Une vie fondée sur «  dix rencontres, dix moments de séduction, dix moments de consécration, dix moments d’accomplissement ! »

Ces moments s’accordent avec : 

 

« Dignité

Élégance

Beauté

Opiniâtreté

Raffinement

Aura

Humilité »

 

À cela s’ajoutent :

 

« Délicatesse

Finesse

Tendresse

Sagesse

Noblesse »

 

Autant d’attributs qui confèrent à l’impératrice : l’immortalité. 

Un Éloge funèbre ponctué de citations bibliques, philosophiques et empreint d’une rhétorique digne d’une Oraison funèbre de Bossuet. Pendant une heure et demie, l’orateur debout devant son pupitre, s’est adressé à des spectateurs suspendus à ses lèvres, et touchés par les vifs instants d’émotion qui l’ont accaparé.

 

© Maggy De Coster

 

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Pour citer ce texte engagé, élégiaque & illustré

 

Maggy de Coster (texte & photographies), « Éloge funèbre de l’impératrice Claire Heureuse », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : AUTOMNE 2025 | NO IV « LE MAL DE VIVRE DANS LA MORT VOLONTAIRE DES ARTISTES DE SAPHO À NOS JOURS » sous la direction de Francoise Urban-Menninger, mis en ligne le 23 octobre 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/2025noiv/mdc-elogedeclaireheureuse

 

 

 

 

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8 octobre 2025 3 08 /10 /octobre /2025 16:37

N° IV | AUTOMNE 2025 | LE MAL DE VIVRE... » | Entretiens poétiques, artistiques & féministes | Dossier mineur | Articles & témoignages & REVUE ORIENTALES (O) | N° 5-1 | Dossier | Entretiens

 

 

 

 

 

 

 

 

Entrevue avec Lynda CHOUITEN

 

 

 

 

 

Propos recueillis par

 

 Hanen Marouani​​​​​​

 

 

Entrevue avec la créatrice

 

Lynda Chouiten

 

Professeure de littérature anglophone à l’université de Boumerdes (Algérie), théoricienne de la littérature, auteure d’œuvres académiques, littéraires & poétiques

 

 

 

© Crédit photo : L’autrice Lynda Chouiten tenant un bouquet de fleurs dans une séance de dédicace dans une librarie.

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Biographie de Lynda Chouiten

 

 

Titulaire d’un Doctorat décerné par l’Université Nationale d’Irlande à Galway, Lynda Chouiten est Professeure de littérature anglophone à l’université de Boumerdes (Algérie). Elle est l’auteure d’une trentaine d’articles portant sur la critique littéraire et de deux livres à caractère académique : une étude de l’œuvre d’Isabelle Eberhardt et un ouvrage collectif sur l’autorité. Chouiten a aussi publié un conte (Les Pierres du Pays des Baggans, éditions Talsa), un recueil de poésie (J’ai Connu les déserts, éditions Constellations), quelques autres poèmes (en français et anglais) dans des revues/anthologies, un recueil de nouvelles (Des Rêves à leur portée, éditions Casbah) et trois romans, dont le premier (Le Roman des Pôv’Cheveux, éditions El Kalima) a été finaliste de deux prestigieux prix et le second (Une Valse, Casbah) a décroché le Grand Prix Assia Djebar en 2019. Le troisième, intitulé Les Blattes orgueilleuses (éditions Casbah), est paru en octobre 2024. En avril 2022, Chouiten a été retenue pour une résidence d’écriture à la Cité Internationale des Arts (Paris), où elle a séjourné pendant quatre mois.

 

Publications

 

Les Blattes orgueilleuses. Alger : Casbah, 2024 (roman).

« Et si, dans ces eaux qui nous séparent... », Antologia Mondiale della Poesia per la Pace : Voci Globale per Construire un Mondo de Pace, ed. Cheikh Tidiane Gaye. Milan : Academia Internazionale Leopold Sedar Senghor, 2024 (poème).

Les Pierres des Pays des Baggans. Tizi-Ouzou : Talsa, 2023 (conte).

J’ai Connu les déserts et autres poèmes. Brive-la-Gaillarde : Constellations, 2023 (recueil de poésie). 

“The Tall Tree with Shaking Leaves”, Fall 2023 Anthology, ed. Emily Perkovich. Chicago, IL : Querencia Press, 2023 (poème).

Des Rêves à leur portée. Alger : Casbah, 2022 (recueil de nouvelles).

« Ce qui reste de l’hiver ». Trait d’union 1 (mars 2021) : 85-87 (nouvelle).

Une Valse. Alger : Casbah, 2019 (roman). Grand Prix Assia Djebar 2019. 

« Pour Katia Bengana », Eternelle Katia, ed. Rachid Oulebsir. Tazmalt, Béjaïa : Afriwen, 2018 (poème).

Le Roman des Pôv’Cheveux. Alger : El Kalima, 2017 (roman). Finaliste des prix Mohammed Dib et L’Escale d’Alger.

Commanding Words: Essays on the Discursive Constructions, Manifestations, and Subversions of Authority (dir.) Newcastle: Cambridge Scholars Publishing, 2016; coordinatrice et auteure de contributions.

“Company”, Lonely : A Collection of Poetry and Prose on Loneliness and Being Alone, ed. Robert Barratt. London: CreateSpace, 2016, 25 (poème).

“The World Turns Around Me”, Lonely : A Collection of Poetry and Prose on Loneliness and Being Alone, ed. Robert Barratt. London : CreateSpace, 2016, 108 (poème).

Isabelle Eberhardt and North Africa : A Carnivalesque Mirage, Lanham, MD: Lexington Books, 2014 (étude critique).

Et une trentaine d’articles académiques et de chapitres d’ouvrages (en anglais et en français).


 

Œuvres traduites

 

 رؤوس أثقلها الشعر

(Le Roman Des Pôv’Cheveu). Trad. Latifa Maouche.  Tizi-Ouzou : Talsa, 2025 (à venir)

A Waltz (Une Valse). Trad,  Skyler Artes. Charlottesville: Presses Universitaires de Virginie, 2025.

Ungal n Anẓad Ameɣbun. (Le Roman Des Pôv’Cheveu). Trad. Habib-Allah Mansouri. Tizi-Ouzou : Achab, 2023.

Quelques poèmes tirés du recueil J’ai Connu les déserts et autres poèmes sont parus en espagnol dans la revue mexicaine Circulo de Poesia en août 2025 (trad. Mariela Cordero).


 

 
Entretien

 

Hanen MAROUANI : Votre œuvre alterne entre roman, nouvelle, essai et poésie. Pourtant, après plusieurs publications en prose, vous n’avez livré qu’un seul recueil poétique, « J’ai connu les déserts et autres poèmes ». Pourquoi ce choix d’une poésie rare mais condensée, presque confidentielle, dans votre trajectoire littéraire ?

 

Lynda CHOUITEN  : Je dois d’abord préciser que je ne choisis pas vraiment ce que je vais écrire ; disons un peu que c’est le genre qui me choisit. Je ne me dis pas : « cette fois-ci, je vais écrire un roman ou un poème » ; j’écris ce qui s’impose à moi. Dès que les premiers mots, les premiers noms, ou les premières images mentales se dessinent en moi, je sais presque intuitivement s’ils conviendront pour un roman, une nouvelle ou un poème. Étant plus ou moins courts, les poèmes, en général, s’écrivent tout seuls, dans mon cas, contrairement aux romans et aux nouvelles qui exigent une esquisse préalable (je parle des poèmes en vers libres ; il en va autrement pour les poèmes plus traditionnels, dont j’ai écrit plus d’une quarantaine). Mais bien que j’aie écrit plusieurs poèmes (aujourd’hui perdus) dans ma jeunesse, voire dans mon enfance, la poésie « qui s’écrit toute seule » et qui se fait insistante est arrivée assez tardivement dans ma vie – au seuil de la quarantaine. Ce caractère spontané, éruptif, me plait parce qu’il leur donne plus de force et de sincérité ; c’est pourquoi je m’assieds rarement pour écrire un poème ; je les laisse venir à moi. Le revers de la médaille est que j’en écris moins souvent que je pourrais le faire. Cela explique le fait que j’ai un seul recueil de poésie à mon actif pour le moment – un recueil de soixante textes. Cela dit, d’autres suivront certainement car, en plus des nombreux poèmes à rimes que j’ai déjà écrit, je continue, bien sûr, à écrire des poèmes en vers libres.

 


 

(H.M) : Qu’est-ce que la poésie vous permet de dire ou de dévoiler que la prose ne permet pas ? Est-ce un lieu d’expression plus direct, plus intime, ou au contraire plus pudique et symbolique ?

 

(L.C) : Je dirais que c’est un espace d’expression plus pudique parce que plus intime, justement. Je parle très peu de moi dans mes romans et nouvelles – bien qu’il y ait toujours, c’est connu, un peu de l’écrivain dans les personnages qu’il crée. Ma prose raconte le monde, ses contradictions, sa beauté et sa cruauté, son train-train quotidien, ses drames inattendus, les joies et les douleurs qu’il peut nous donner, les sorts inégaux qu’il distribue aux hommes et aux femmes. Ce sont des tableaux hauts en couleur, tout en complexité, tout en contradictions, mais pas forcément les miennes. Dans mes poèmes, par contre, il s’agit souvent de moi – de mes états d’âmes, de mes pensées vagabondes, de mes joies et mes peines, de mes espoirs et mes découragements. C’est pourquoi mes vers se voilent ; je les emplis d’allusions, de métaphores, de tournures pas toujours faciles à suivre. Eh oui, même quand j’éprouve le besoin de me livrer, je me montre et me cache en même temps.

 

 

(H.M) : Dans vos poèmes, on perçoit une tension entre l’ancrage algérien, la mémoire intime, et une ouverture à l’universel. Comment vos voyages – réels, intérieurs ou imaginaires – façonnent-ils cette voix poétique plurielle ?

 

(L.C) : Je me reconnais bien dans cette définition de mon écriture comme « d’une voix poétique plurielle » et vous avez raison de dire qu’elle a été nourrie par mes voyages, qu’ils soient physiques ou intérieurs, ces derniers étant sans doute plus nombreux et peut-être plus puissants que les premiers. Quelles que soient les formes qu’ils prennent, les voyages sont en eux-mêmes un refus de l’uniformité, une soif de différence et de nouveauté. Avant l’âge de 25 ans, je n’ai presque pas du tout voyagé hors du pays – à l’exception d’un voyage effectué avec ma famille à l’âge de 7 ans, en Tunisie justement. Je ne voyageais pas physiquement mais déjà je rêvais d’ailleurs. Déjà, la routine du quotidien, faite de rôles bien définis pour chacun selon son âge et son genre, de profils presque identiques dans leur façon de parler et de réfléchir – déjà tout cela m’ennuyait. Mes premiers voyages, je les ai faits à travers les livres et les dessins animés et ces contrées lointaines que je découvrais m’enchantaient. Je rêvais de leurs étendues d’eau – des rivières et de lacs – qui manquaient aux paysages qui m’étaient familiers, de leurs ours et de leurs castors. Je m’imaginais prenant part aux activités de leurs enfants, qui chaussaient des « patins d’argent » ou jouaient du piano. Et surtout, je m’éveillais à la belle diversité qui constitue notre monde et me rendais compte que le mode de vie qu’on me proposait n’était qu’une possibilité parmi mille autres. C’est ce que mes voyages physiques, effectués bien plus tard, m’ont permis de confirmer et c’est cette vision du monde que je défends à mon tour dans mes écrits : celle qui respecte la différence, voire s’en réjouit, et qui ne pense pas que la vision qu’on lui a inculquée soit forcément la meilleure. D’ailleurs, ma propre vision est elle-même plurielle, puisqu’elle essaie de faire sienne toute belle chose rencontrée en chemin, qu’elle vienne de ma culture natale ou d’ailleurs.

 

 

(H.M) : Vous avez écrit des romans marqués par une veine satirique, critique, parfois ironique, tandis que votre poésie semble empreinte de gravité, de silence, d’émotion nue. Comment décidez-vous si un thème ou une émotion appelle la prose ou le vers ?

 

(L.C) : Je crois avoir déjà répondu à cette question dans mes réponses précédentes. Comme je l’ai déjà dit, je ne décide pas d’aborder un thème puis d’en faire un roman ou, au contraire, un poème. Ce qui me vient, ce sont d’abord des mots, des sonorités, une image. Et souvent, je sais tout de suite si les mots et l’image en question feront un poème, une nouvelle ou un roman. Cela se confirme (ou pas) au fur et à mesure que d’autres mots, d’autres images, d’autres sons, viennent s’ajouter dans ma tête aux premières « épiphanies ».

 

 

(H.M) : Votre parcours universitaire, notamment vos travaux sur Isabelle Eberhardt et la littérature postcoloniale, imprègne-t-il vos choix littéraires ? Peut-on dire que vos poèmes prolongent, sur un autre mode, votre réflexion sur l’identité, l’altérité et la mémoire ?

 

(L.C)  : Non, mes travaux sur Eberhardt n’impactent pas mes choix littéraires, pour la simple raison que, comme je l’ai dit plus d’une fois, je ne fais pas véritablement de choix : les textes en gestation prennent forment peu à peu en moi. Le point de départ pour moi n’est jamais un thème ou un message à véhiculer (d’ailleurs, je déteste parler de message), mais un petit bout de monde qui commence à se créer et dont le but est de lui faire voir le jour. Cela dit, j’ai, bien sûr, une vision – des idées sur l’identité et la mémoire, comme vous le dites, mais aussi, de façon plus globale, sur le monde qui nous entoure et ce qui s’y passe. Cette vision se reflète immanquablement dans mes écrits, qu’ils soient académiques ou de fiction. De manière consciente ou pas, explicite ou pas, mais souvent pas de façon trop marquée, puisque la fiction et la poésie, qui ne sont pas des pamphlets, privilégient l’aspect esthétique de la langue et que les normes de l’écriture académique exigent une attitude impartiale.

 

 

(H.M) : Certains de vos poèmes font entendre une voix féminine lucide, blessée, en quête ou en rupture. Peut-on lire votre poésie comme une forme de résistance douce, une affirmation de soi au féminin, entre douleur contenue et dignité ?

 

(L.C)  : Une forme de résistance, oui, sans doute, mais surtout une forme d’introspection – une pause dans cette vie parfois trop frénétique, afin de s’interroger sur nous-mêmes, sur ce qui fait notre force et  notre faiblesse. Cette pause est nécessaire pour pouvoir s’orienter et aller de l’avant quand vient le moment de replonger dans la vie frénétique – et il arrive toujours trop tôt. C’est pourquoi l’introspection et la résistance vont de pair. Mais la résistance est aussi dans le refus du silence, dans la quête de liberté et dans la réflexion sur les travers du monde qui nous entoure, car tous mes poèmes ne sont pas introspectifs, loin de là. Je dénonce aussi, entre autres le conformisme, l’incompréhension et la censure qui guettent les poètes, comme dans « Comment assassiner un poème » (tiré du recueil J’ai Connu les déserts) ou l’obscurantisme, comme dans  poème dédié à la mémoire de Katia Bengana, une adolescente assassinée en 1994 pour avoir refusé de porter le voile, paru dans une anthologie en 2018.

 

 

(H.M) : Votre langue poétique joue avec les images, les silences, les ellipses. Quelle place accordez-vous au travail formel dans vos poèmes ? L’humour ou l’ironie y trouvent-ils leur place, même de manière discrète ?

 

(L.C)  : Mes choix formels, moins innovants dans ma poésie que dans ma prose mais globalement assez classiques dans l’ensemble, misent sur le symbolisme, la force de la métaphore et la rigueur dans le choix des mots. Dans mes romans, humour et sarcasme occupent une place prépondérante ; c’est notamment le cas dans mon premier roman, Le Roman des Pôv’Cheveux, dont les dialogues et le propos insolite le rendent hilarant par moments, malgré la gravité des thèmes abordés. Mais cet humour est beaucoup moins présent dans d’autres écrits, dont mes poèmes, où la gravité du propos est atténuée par l’attention particulière accordée à la beauté du style, une beauté assez désuète, faut-il préciser. Une forme d’ironie, ou plutôt d’autodérision, est quand même présente dans des poèmes tel que « J’étais polie », « Je m’invente des soucis » ou encore « La Luciole ».

 

 

(H.M) : En 2021, vous avez reçu le Prix Assia Djebbar pour votre roman "Une Valse". Que représente pour vous cette reconnaissance dans un paysage littéraire encore traversé par des hiérarchies culturelles et linguistiques ? Ce prix a-t-il changé quelque chose à votre rapport à l’écriture ou à votre visibilité ?

 

(L.C) : Je porte le Prix Assia Djebar, que j’ai décroché en 2019 pour mon roman Une Valse, comme une belle reconnaissance. J’en éprouve beaucoup de fierté car, bien que j’aie toujours écrit, je ne me suis lancée dans l’aventure de la publication que tardivement : j’ai publié mon premier roman en 2017 et le roman récompensé est paru deux années à peine plus tard. Cela me console d’avoir tardé à « franchir le pas » ; me prouve que j’ai bien fait de laisser les choses mûrir, en somme. Je suis fière aussi, bien sûr, de voir mon nom associé à celui d’Assia Djebar, qui fut l’une des premières à hisser bien haut les couleurs des lettres algériennes ; à s’en faire l’ambassadrice.

Ce prix a sans doute contribué à me donner plus de visibilité et il n’est pas fortuit que Une Valse soit le plus lu de tous mes livres et le plus étudié aussi – un nombre impressionnant de mémoires, de communications et d’articles lui ont été consacrés. De plus, une traduction américaine de ce roman est parue aux Presses Universitaires de Virginie début 2025. Malgré cela, le succès n’a pas été grand au point de changer quelque chose à ma vie ; quant à mon rapport à l’écriture, j’espère qu’il ne changera jamais sous l’effet d’un prix. Je veux dire, j’espère que ce rapport sera toujours mû par la passion et marqué à la fois par l’authenticité et l’exigence.

 

 

(H.M) : Vos écrits circulent entre l’Algérie et d’autres espaces francophones ou anglophones. Avez-vous constaté des réceptions différentes selon les contextes culturels, notamment pour votre poésie ? Ces échos extérieurs nourrissent-ils votre création ?

 

(L.C)  : Je dois dire que la réception de mes écrits hors de l’Algérie en est encore à ses balbutiements. J’ai eu la chance d’avoir des retours très gratifiants, tant de mes compatriotes que de lecteurs outre-mer et tant pour ma prose que pour ma poésie. Les réactions, exigeantes, ont autant porté sur l’émotion suscitée par les personnages/les poèmes que sur le travail au niveau du style. Toutefois, les quelques retours me parvenant d’outre-mer tendent à interroger de façon plus approfondie mes choix esthétiques, sans doute parce que ces lecteurs sont tous des pratiquants ou des spécialistes de la chose littéraire, contrairement à mon lectorat algérien, beaucoup plus hétéroclite, qui va du spécialiste au lecteur lambda, voire au néophyte. Concernant les romans, les lecteurs algériens se reconnaissent mieux dans l’atmosphère créée et s’identifient mieux aux personnages. Ceci non plus n’a rien d’étonnant, puisque ma fiction, bien que cherchant à transcender les spécificités locales pour aspirer à l’universel, a pour point d’ancrage un vécu algérien qui leur est plus familier qu’aux lecteurs issus d’autres milieux socioculturels. Ces deux points mis à part, je n’ai pas remarqué de grandes différences entre les appréciations des lecteurs algériens et étrangers. Comme je viens de le dire, j’ai la chance d’avoir des retours très encourageants dans l’ensemble, et cela me conforte dans ma vision de l’écriture, qui allie exigence et authenticité, deux qualités qui semblent être fortement appréciées ici comme ailleurs.

 

 

(H.M) : Aujourd’hui, avez-vous envie de revenir à la poésie dans vos projets à venir ? Ou ressentez-vous encore le besoin d’explorer la prose, peut-être différemment ? Quelle forme vous semble la plus urgente à habiter en ce moment ?


 

(L.C)  : Plusieurs projets me trottent en tête ; on y retrouve de la prose et de la poésie. Je l’ai dit à plusieurs reprises au cours de cet entretien : mon écriture est capricieuse ; elle s’en va et elle revient quand elle veut. Elle se fait roman, nouvelle ou poèmes au gré de ses envies et de mes humeurs. Cela me va très bien ainsi. J’écrirai de poèmes quand l’envie m’en prendra, un roman ou des nouvelles quand c’est ce qui s’imposera à mon esprit. Ce dont je suis sûre, c’est qu’il y aura un peu de tout ça, car des bouts de ces trois genres ont déjà commencé à germer en moi. Je les laisserai pousser à leur rythme et je les offrirai à la vue du monde au fur et à mesure qu’ils seront prêts pour cela, sans me soucier de savoir à quel genre je donnerai naissance en premier.

 

 

(H.M) : Dans Le Petit Prince, le désert est un lieu de solitude et de révélation. Votre recueil évoque aussi un “côté désert”, intime et intérieur. La poésie, pour vous, naît-elle de ces espaces de silence et de retrait ?

 

(L.C)  : Tout à fait. C’est connu, le désert, du fait même qu’il est désert, est un réservoir de possibilités ; il ne demande qu’à être rempli – de nos idées, de nos créations, de nos réalisations. C’est donc au milieu du désert – de la solitude et du silence – que naissent nos œuvres les plus profondes, les plus abouties.

 

© Hanen Marouani, Lynda Chouiten, septembre 2025.

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Pour citer cet entretien illustré & inédit

 

Hanen Marouani, « Entrevue avec Lynda CHOUITEN », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : AUTOMNE 2025 | NO IV « LE MAL DE VIVRE DANS LA MORT VOLONTAIRE DES ARTISTES DE SAPHO À NOS JOURS » sous la direction de Francoise Urban-Menninger & Revue Orientales, « Libres », n°5, volume 1, mis en ligne le 8 octobre 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientalesno5/2025noiv/hm-lyndachouiten

 

 

 

 

 

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18 septembre 2025 4 18 /09 /septembre /2025 15:12

N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Critique & réception 

 

 

 

 

 

 

 

 

Résonances, Inscriptions &

Jardins au Temps des Lumières,

sous la direction de Camille Esmein-Sarrazin, Aurélia Gaillard, Florence Magnot-Ogilvy, Gaël Rideau & Catriona Seth, Presses Universitaires de Rennes, Collection « Interférences » 1er semestre 2024, ISBN 978-2-7535-9453-1

 

 

 

 

 

Recension & image par

 

Françoise Urban-Menninger

 

 

© Crédit photo : Première de couverture illustrée de l'œuvre collective intitulée « Résonances, Inscriptions et Jardins au Temps des Lumières, Presses Universitaires de Rennes, 2024. Image prise par Françoise Urban-Menninger.

 

 

Mots clés : Jardins, promenade littéraire, Sophie Lefay

 

Résumé : Cet ouvrage n’est autre qu’une fabuleuse promenade littéraire qui invite le lecteur à l’itinérance, voire au vagabondage dans divers jardins d’écriture au Temps des Lumières. La richesse et la diversité des articles sont source de rêverie, contemplation, médiation et réflexion. Ils entrent en résonance avec les recherches de Sophie Lefay dont l’ombre tutélaire plane sur la magnificence de ce livre-jardin qu’on a envie de rouvrir, la dernière page tournée.

 

 

Keywords : Gardens, literary journey, Sophie Lefay 

 

Summary : This work is nothing less than a marvelous literary journey that invites the reader to roam, even wander, through various gardens of writing during the Age of Enlightenment. The richness and diversity of the articles inspire daydreaming, contemplation, meditation, and reflection. They resonate with the research of Sophie Lefay, whose guiding presence hovers over the splendor of this book-garden, a work one feels compelled to reopen even after turning the final page.

 

Article

 

 

Préambule, le promeneur est un lecteur

 

Résonances... est un ouvrage, qui par sa présentation en quatre parties, fait d’emblée songer à la symbolique médiévale liée au chiffre 4 et au carré exprimant la perfection. Et pourtant, c’est bien au Temps des Lumières que nous ramènent les allées de ce livre-jardin emplies de « résonances » et dont le chœur, n’est autre qu’un coeur de lumière et non pas une vasque, une fontaine, une statue ou un arbre de vie mais bien la figure tutélaire de Sophie Lefay, universitaire trop tôt disparue, qui a œuvré avec passion « sur un corpus de textes parfois situés en marge de la littérature », soulignent Florence Magnot-Ogilvy et Catriona Seith dans leur avant-propos1. C’est dire que les résonances dans ce livre-jardin sont multiples et se démultiplient pour se faire écho au fil de cette lecture qui déroule dans les labyrinthes de la pensée du lecteur les fils invisibles du jardin extérieur en tissant la trame d’un jardin intérieur tout en pénétrant les méandres de l’âme. Aurélia Gaillard ne dit pas autre chose quand elle écrit que dans le labyrinthe « le promeneur y est toujours lecteur »2 et c’est bien le lecteur qui donne sens et réalité à ce livre dont les pages ouvrent des sillons sarclés, binés, désherbés où viennent s’enraciner les plants de lumière que Sophie Lefay a légué aux amoureux des jardins littéraires et où les végétaux sont des mots. C’est ainsi que sa Préface aux éléments de Littérature de Marmontel, qui constitue d’après l’autrice « une transition essentielle dans l’histoire de la réflexion sur les formes littéraires »3, nous invite à appréhender par le biais de promenades, au sens étymologique de mener, faire aller en différents endroits, un cheminement entre les pages de ce livre où les autrices et les auteurs nous « mènent » sur les sentiers de la poésie, de l’histoire, de l’art dans un voyage immobile où l’âme des jardins resplendit dans son écrin et où la verdure est écriture.

 

Itinérances et aventures littéraires

 

Gaël Rideau dans son analyse du poème de Béranger Les boulevards de province4 publié dans Le Mercure de France en 1781 nous donne à voir « une vision double de la promenade à Orléans »5, l’une se situe dans le paraître d’une société en représentation », l’autre dans une stratégie qui vise la quête de soi par l’écriture afin d’acquérir la notoriété et par ce biais l’éventualité de quelques publications...

L’on dépasse dans cet écrit la dialectique du jardin extérieur / intérieur pour pénétrer la sphère de l’entregent et des relations sociales sous la forme d’une satire. Il en va tout autrement avec les réflexions de Claude Speroni où le lecteur prend conscience que les promenades itinérantes à l’intérieur des murs d’une ville renvoient à une « nature apprivoisée et aménagée pour les plaisirs urbains. »6

Nul doute que toutes ces approches de la promenade ont pour point commun, celui  « d’une percée vers le rural. »7


 

Cet aspect de la promenade a été finement analysé par Patricia Victorin dans son article Du jardin au couvent : de quelques aventures littéraires de perroquets qu’elle titre également D’une promenade l’autre8, où nous cheminons entre  les écrits de Gresset, Nerval et Rousseau. C’est à un délicieux bestiaire littéraire que l’autrice nous convie pour en revenir à la question initiale « qui du papegau ou du perroquet est le véritable, celui qui vit au jardin, ou celui qui vit en cage » ?9

 

Saint-John Perse dans son poème Le perroquet apporte peut-être un début de réponse « Le perroquet, c’est un autre, un marin bègue l’avait donné à la vieille femme qu l’a vendu » et plus loin « Homme à la lampe ! Que lui veux-tu ? » Cet autre invoqué par le poète exilé, qui a perdu de ce fait son identité, est prisonnier d’une cage dont les mots le libèrent et l’aliènent dans le même temps.


 

Des pierres parlantes au Panthéon féminin en passant par les sentiers versifiés

 

Dans la deuxième partie de l’ouvrage intitulée Ce que disent les pierres, les affiches murales apportent des contrepoints littéraires aux promenades dans les rues de la ville. Elise Pavy-Guilbert  de conclure, après les avoir commentées, qu’elles s’inscrivent « mentalement et sensiblement, dans l’inconscient collectif et l’imaginaire »10

Myriam  Boucharenc évoque les fantômes littéraires des œuvres de Théophile Gauthier, Pierre de Ronsard, André Chénier et de bien d’autres auteurs qui hantent les squares qui leur sont dédiés. Elle reprend la pensée éclairante de Sophie Lefay quant à « la solidarité du lieu et des mots »11 qui « conforte la relation de connivence qui depuis le XVIIIe siècle unit l’art des jardins à celui des inscriptions »12. Cette « connivence » où l’on ne trouve que des poèmes de jardin enclos dans un jardin destiné à embaumer l’âme des poètes disparus crée un lieu « où le passé se mêle au présent et le vif au mort » et Myriam Boucharenc d’écrire cette phrase lumineuse «  L’hymne à la nature fait inexorablement entendre le chant de la perte. »13 

 

Olivier Millet évoque pour sa part le récit de voyage, en particulier celui de Simeoni dont « l’ouvrage constitue une promenade au sens de ce terme au XVIe siècle aller et venir... »14 

 

Voici encore une autre clé pour aborder ce livre où il fait bon « aller et venir » d’un chapitre à l’autre sans l’obligation d’une lecture linéaire !

Toujours sous le soleil tutélaire de Sophie Lefay, abordons les textes littéraires de cette promenade en littérature dont nous n’avons jamais quitté les allées. Ce sont les sentiers versifiés d’Antoine de Bertin mis en lumière par Catriona Seth où les poètes plantent leurs rimes dans un jardin d’échanges épistolaires et où le raffinement des mots choisis se déguste avec plaisir. Quand Bertin écrit à son ami Bonnard à Strasbourg, il nous offre quelques vers (ou verres), dans un savoureux extrait qui ravirait bien des viticulteurs : « Mais je me souviens bien qu’autrefois / Menant tous deux joyeuses vies / A table auprès de Maillebois / Humant, buvant jusqu’à la lie / Le vin d’Aï, le vin d’Arbois / Le Rivesalte et le Hongrois, / Et celle de la Commanderie / Nous chantions d’une heureuse voix / Thémire et Glicere et Sylvie. »15

 

 

Les femmes entrent enfin en scène dans un « Singulier Panthéon féminin » de la fin du XVIIIe siècle, illustré par une planche de Nicolas Ponce que Laure Depretto et Camille Esmein-Sarrazin évoquent et qui « couronne » cinq femmes illustres.16 

Outre Mme de Sévigné, Mme de Scudéry et Anne Dacier qui figurent sur un médaillon, on découvre les noms de Mme de Lafayette et celui de Marguerite de Navarre. Mais les autrices de cet article de préciser que cette planche « réunit des siècles différents » et que bon nombre de femmes restant dans l’ombre ont été reléguées aux oubliettes et d’ajouter que Sophie Lefay s’était intéressée à leurs apparitions dans les Panthéons et Parnasses, elle en avait « commencé l’étude systématique » ainsi que « leur panthéonisation scolaire. »17

Toutefois, les autrices de cet article d’annoncer l’heureuse création chez Flammarion d’une collection dédiée aux « Œuvres du Matrimoine » qui offre la perspective de nouvelles promenades littéraires dans les allées du jardin de l’écriture au féminin.18


 

Conclure par une préface


 

C’est pourtant bien ce que propose cet ouvrage avec la Préface aux éléments de littérature de Marmontel rédigée par Sophie Lefay car loin de clore les propos en matière de réflexion sur les formes littéraires, cette préface ouvre la possibilité d’autres promenades littéraires et cela à l’infini… Car Sophie Lefay nous l’explique : « Marmontel énonce moins la théorie de la littérature qu’il n’en souligne l’impossible constitution. »19

Il reste au lecteur la magnifique perspective de nouvelles rencontres en terre de poésie, le bonheur d’arpenter des terres inconnues dans des voyages immobiles...Incontestablement, ce livre fait écho à la préface de Sophie Lefay qui, en analysant les textes de Marmontel écrivait :

«  ...ils rendent compte de la littérature, telle qu’on commence à la concevoir dans sa diversité historique, ses variations nationales et son foisonnement irréductible à quelques modèles. »20

On en retiendra pour preuve l’inénarrable Promenade autour du monde contée et analysée par Anna Coudreuse, une véritable friandise littéraire où « L’émotion qui l’emporte à la lecture de ces trois chapitres est sans hésiter le rire... »21 On prolongera en soi le poème d’inspiration chinoise de Christian Belin  Le jardin du maître des filets où « Depuis l’ailleurs un dieu lointain a verrouillé les signes » et qui nous délivre ce message qui déborde le poème « En regardant ne plus regarder se tourner/ vers le gouffre invisible »22 car c’est bien de l’autre côté des mots que nous mènent ces jardins d’écriture où vivants et morts se côtoient et Hélène Cussac de citer Confucius « La vertu du peuple, atteint sa plénitude lorsqu’on accorde tous ses soins à l’accomplissement des rites funéraires pour ses parents et qu’on étend sa vénération aux ancêtres les plus éloignés. »23

Nul doute que l’on pourrait appliquer cette formule à nos fantômes littéraires qui comme on le perçoit dans cet ouvrage reviennent hanter les écrits de tout un chacun car Sophie Le Ménahèze n’hésite pas à invoquer l’âme des jardins en citant l’intitulé d’un chapitre de René-Louis de Girardin  inhérent à son ouvrage De la composition des paysages « Du pouvoir des paysages  sur nos sens et par contrecoup sur notre âme .»24 

L’on entre ainsi dans « le paysage bucolique » où nous plonge Pierre-Alain Caltot dans son analyse de « l’incantation virgilienne » ainsi nommée par M.Desport.25 Et de préciser  que « l’espace enchanté des Bucoliques, ainsi personnifié, se fait complice des poètes. 


 

Revenir encore et encore dans les allées de l’écriture

 

L’on revient toujours dans « cette prégnance romantique de l’héritage antique chez les hommes des lumières » écrit Emilia Ndiaye et de décliner les « jardins rêvés », les « jardins écrits » mais aussi le « jardin de la vertu », les « jardins des sentiments » et bien évidemment les « jardins homériques » où elle met en lumière « le jardin de Calypso » où « un Immortel, survenant là, se fût émerveillé du spectacle et réjoui dans son esprit.»26

Et si l’on revient toujours dans ce jardin de l’écriture, n’est-ce pas pour s’y retrouver soi-même, s’y mirer comme Narcisse dans un lac? Jessica Desclaux en soulève l’hypothèse dans ses Variations barrésiennes où le héros  d’Un homme libre se fait «  l’apôtre de l’égotisme » et de notifier que « Barrès choisit le jardin comme échelle idéale pour signifier un mode d’être au monde. »27

Voilà sans doute pourquoi la lecture de ces « Résonances » trouve indubitablement des échos en chacun d’entre nous. L’attirance pour les jardins, voire la fascination qu’ils exercent sans que l’on puisse l’expliquer, nous font errer dans ces jardins au propre comme au figuré en quête de cet ultime jardin où notre origine et notre mort confinent. La lecture de cet ouvrage nous ouvre les grilles de ce jardin intime qui se donne à appréhender entre les lignes de chacun des articles qui font fleurir notre imaginaire sur ce terroir qui nous invite à renouer avec notre âme végétale.

 

La fête au jardin

 

Dans Régals au jardin, la fête bat son plein sur le mode des « divertissements royaux »28 nous relate Gabriele Vickermann-Ribemont mais bientôt, on assiste avec L’heureux retour de Fagan à «  un régal à l’envers », à savoir un glissement ou plutôt un « décalage avec son hommage populaire et les bergères du moment » qui n’est autre qu’ « une pastorale actualisée (démythifiée). »29

Philippe Hourcade nous octroie ce qui pourrait s’annoncer comme un autre « régal » en nous conviant à une promenade en sa compagnie à Versailles avec Louis XIV ! Et d’ajouter dans le titre de sa communication « et le reste est littérature .»30

On aura tôt fait de comprendre que « c’est le tour du propriétaire » qui nous est ici proposé dans le texte prêté à Louis XIV, un texte sans fioriture, « une promenade optique » « ne favorisant pas la rêverie »31... Mais rien n’empêche le lecteur de cet article de laisser vagabonder son imaginaire aux seuls mots de vasques, statues, pièce de Neptune, salle de bal... Car les mots contiennent leur pesant de rêve et de poésie.

Les jardins de Louis Massignon participent d’une fête de l’âme que nous fait partager Dominique Millet-Gérard en évoquant les écrits de cet auteur français orientaliste et en particulier « la conception musulmane du jardin » qui n’est autre « qu’un lieu de rêverie qui transfère hors du monde. »32 

Si le jardin chez les surréalistes représente « l’ordre honni », Joseph Delteil lui préfère la forêt, nous rapporte Aude Bonord33La fête est finie « le jardin est dépoétisé » ! S’inscrit alors un parallèle dans le monde des lettres entre « le bon français, le langage châtié » et celui d’une » langue adamique  née d’une esthétique naturelle qui renvoie à cette forêt « libérée de toute règle  »34

L’apparence vestimentaire a également droit de cité, au sens propre du terme dans les rues de Paris. Catherine Lanoë, en reprenant l’étude concernant Les tableaux de Paris édités par Sophie Lefay , nous fait prendre conscience de « la politisation des apparences qui donnent à voir autrement Paris dans « une perspective quasiment anthropologique, que l’historien contemporain se doit lui aussi de mettre en oeuvre »35


 

 

Les jardins d’écriture, l’écriture au cœur des jardins

 

Si les visages fardés des Parisiennes nous parlent de la ville, les pierres nous octroient « des formules bien frappées », écrit Jacques Berchtold en évoquant L’éloquence des pierres de Sophie Lefay. Et de relever, la respectabilité que Rousseau conférait aux pierres investies  « de valeur symbolique » car « l’homme idéal » ne doit-il pas « se détacher du marbre ou du roc, sa première forme »?36 Et si l’homme se lisait comme un livre après être sorti de sa gangue de pierre, on aurait alors peut-être l’opportunité de déchiffrer « l’homme intérieur invisible »…

Les morts, eux aussi, continuent à nous parler par l’entremise des épitaphes qui prolongent leur mémoire dans le monde des vivants auxquels elles se donnent à lire. Michel Delon évoque ces inscriptions en mentionnant « une pierre sur laquelle aucun nom ne fut gravé », celle de Sade en l’occurrence37. Mais cette pierre, du fait même qu’elle soit muette, transcende le silence, nous interroge et devient parlante.

Dans la Chronique de la Grande Guerre de Maurice Barrès : un ossuaire d’encre, Denis Pernot souligne les liens entre vivants et morts dans l’édification par Barrès d’un « cimetière de recueillement », soit un devoir de mémoire sous forme d’un « ossuaire d’encre » constitué à partir des milliers d’inscriptions qu’il est impossible d’apposer sur toutes les tombes des disparus 38

L’application ou l’art d’interpréter « de côté », l’article rédigé par Hugues Marchal, illustre l’embaras de Delille dont les écrits sont surveillés par le pouvoir. Ces interprétations « de côté », aux conséquences souvent tragiques pour leurs auteurs, donnent lieu parfois à des tournures où le comique l’emporte mais fort heureusement, elles disparaissent « avec la levée des censures politiques »39. Et François Moureau d’attirer notre attention « sur l’art d’apprivoiser la censure »  pratiqué par Marmontel  qui sut « habilement profiter d’une certaine liberté de pensée »40

Et Eric Bordas, de revenir, toujours sous la figure tutélaire de Sophie Lefay, à la « lisibilité des éléments de littérature de Marmontel » car ce que nous retenons de cet article c’est le passage de « la lisibilité contrainte à la lecture libre » qui procure du plaisir41.

Et c’est bien évidemment cette « lecture libre », déjà soulignée dans cette chronique, que je propose aux lecteurs de cet ouvrage où il fait bon promener son esprit dans les allées et contre-allées de ce jardin littéraire. Car ne l’oublions pas, même si le livre ne partage pas la même  étymologie que le vocable libre, ces deux mots ont partie liée pour le meilleur dans cet ouvrage où leurs résonances s’accordent et vibrent dans la passion des textes pour nous jouer une petite musique que Sophie Lefay aurait certainement appréciée !

 

© Françoise Urban-Menninger

 

Notes

 

1 Résonances Inscriptions et Jardins au Temps des Lumières, p. 8

2  Ibid, p. 78

3  Ibid, p. 442

4 Ibid, p. 195

5  Ibid, p. 209

6  Ibid, p. 230

7  Ibid,  p. 230

8  Ibid, p. 149

9  Ibid, p.168

10 Ibid, p. 266 

11 Lefay Sophie, L’éloquence des pierres, p. 60

12 Résonances Inscriptions et Jardins au Temps des Lumières, p. 292

13 Ibid, p. 292

14  Ibid, p. 308

15 Ibid, p. 380

16 Ibid, p. 394

17  Ibid, p. 395

18 Ibid, p. 406

19 Ibid, p. 440

20 Ibid, p. 442

21 Ibid, p. 193

22 Ibid, p. 14

23 Ibid, p. 182

24 Ibid, p. 19

25 Ibid, p.  

26 Ibid, p. 42

27 Ibid, p. 108

28 Ibid, p. 97

29 Ibid, p. 106

30 Ibid, p. 65

31 Ibid, p. 70

32 Ibid, p. 121

33 Ibid, p. 129

34 Ibid, p. 139 

35 Ibid, p. 283

36 Ibid, p. 317 

37 Ibid, p. 320

38 Ibid, p. 356

39 Ibid, p. 412

40 Ibid, p. 421 

41 Ibid, p. 391

 

***

Pour citer cet article inédit & illustré

 

Françoise Urban-Menninger (texte & photographie), « Résonances, Inscriptions et Jardins au Temps des Lumières, sous la direction de Camille Esmein-Sarrazin, Aurélia Gaillard, Florence Magnot-Ogilvy, Gaël Rideau et Catriona Seth, Presses Universitaires de Rennes, Collection « Interférences » 1er semestre 2024, ISBN 978-2-7535-9453-1 », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2025 | NO III NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES », 1er Volet, mis en ligne le 16 septembre 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/2025noiii/fum-jardinsautempsdeslumieres

 

 

 

 

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10 septembre 2025 3 10 /09 /septembre /2025 15:28

N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Revue des continents  | Annonces diverses & REVUE ORIENTALES (O) | N° 5-1 | Varia & Actualité 

 

 

 

 

 

 

 

 

Djerba accueille la première édition du Kotouf Festival des Littératures du Sud

 

 

 

 

 

 

Texte & photographie par

 

 Hanen Marouani​​​​​​

 

Écrivaine, poétesse, docteure en littérature française & rédactrice régulière des périodiques de la SIÉFÉGP

 

 

Crédit photo : Image du visuel officiel du lancement de la première édition du Kotouf Festival des Littératures du Sud à Djerba par Hanen Marouani​​​​​​.

 

En octobre 2025, l’île de Djerba s’apprête à devenir le cœur battant de la création littéraire. Les 17 et 18 octobre, Houmt Souk accueillera la première édition du Kotouf Festival des Littératures du Sud, un rendez-vous inédit qui promet de tisser des liens entre les voix venues d’Afrique, d’Europe, des Amériques et du monde arabe.

 

Une rencontre de plumes et d’horizons :

 

Le festival réunira des auteur.e.s de renommée internationale et nationale. Des figures littéraires comme Tanella Boni, Jean-Luc Raharimanana, Ananda Devi, James Noël, Lise Gauvin ou encore Nimrod croiseront leurs regards et leurs mots avec ceux d’écrivain.e.s tunisien.ne.s tels que Emna Belhaj Yahia, Nadia Khiari, Faouzia Zouari, Lotfi Chebbi ou Hafidha Karabiben. Un dialogue fécond entre générations, continents et sensibilités.

 

 

Tables rondes, ateliers et lectures :

 

Durant deux jours, le public sera invité à voyager à travers les mots et les idées. Le programme prévoit des tables rondes thématiques, des cafés littéraires, des lectures performées avec musique, des ateliers de création (bande dessinée, écriture en arabe et en français, traduction de proverbes), ainsi que des projections de films palestiniens. Le tout dans une atmosphère conviviale, rythmée par des pauses musicales et des rencontres informelles.

 

 

Un festival tourné vers l’ouverture :

 

Pensé comme un espace de partage, Kotouf s’adresse aussi bien aux passionnés de littérature qu’aux curieux en quête de découvertes culturelles. Jeunes ou moins jeunes, lecteurs avertis ou simples amateurs, chacun pourra trouver sa place dans ce carrefour des imaginaires.

 

 

Djerba, un écrin symbolique :

 

L’île de Djerba, récemment inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, accueillera cet événement qui souhaite conjuguer créativité, diversité et dialogue interculturel. Carrefour historique des civilisations, la ville de Houmt Souk offrira son décor à cette célébration littéraire où le Nord et le Sud s’interrogeront ensemble : « Quelles écritures pour demain ? »

 

Le Kotouf Festival des Littératures du Sud s’annonce ainsi comme une étape incontournable du calendrier culturel, un lieu où les voix du monde se rencontrent pour faire vibrer la puissance des mots.

 

© Hanen Marouani

—————

 

Pour citer cet événement culturel illustré & inédit

 

Hanen Marouani (texte & image de l'affiche) « Djerba accueille la première édition du Kotouf Festival des Littératures du Sud », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2025 | NO III NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES », 1er Volet & Revue Orientales, « Libres », n°5, volume 1, mis en ligne le 10 septembre 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientalesno5/2025noiii/hm-kotouf-festival

 

 

 

 

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29 juillet 2025 2 29 /07 /juillet /2025 15:50

N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Critique & réception  | Revue culturelle des continents

 

 

 

 

 

 

 

 

Les journées trinationales de

 

littérature à Allschwil en Suisse

 

 

 

 

 

 

Chronique de

 

Françoise Urban-Menninger

 

Blog officiel : L'heure du poème

 

 

Photographies par

 

Claude Menninger

 

 

© Crédit photo : Claude Menninger, « Françoise Urban-Menninger récitant ses poèmes »  dans le festival « Les journées trinationales de littérature » au Museum d’Allschwil en Suisse, juin 2025.

 

 

C’est un véritable festival de littérature des trois pays (France, Suisse, Allemagne), où les langues du Dreyeckland ont été mises à l’honneur et fêtées durant deux journées les 28 et 29 juin, qui s’est déroulé au Museum d’Allschwill, une maison à colombages jouxtant un magnifique espace vert baignant dans l’ombre d’un immense noyer, un lieu idyllique dédié à la culture et au patrimoine et dont l’âme a imprégné les lectures des écrivain(e)s invité(es).

 

Soutenues par l’association Fachwerk d’Allschwil et sa logistique ainsi que par divers organismes comme les Fonds-Basel-Stadt, ces rencontres littéraires étaient organisées pour la deuxième année consécutive, après l’Allemagne à Weil am Rhein en 2024, c’est la Suisse qui les a accueillies sur deux jours et, bien évidemment, la France prendra le relais l’an prochain, très certainement dans la ville de Saint-Louis.

 

© Crédit photo : Claude Menninger, « Une intervention de Victor Saudan » dans le festival « Les journées trinationales de littérature » au Museum d’Allschwil en Suisse, juin 2025.

 

 

Victor Saudan, enseignant et écrivain suisse vivant en Alsace, initiateur de la topopoésie, en est le fondateur et le co-organisateur, il a présenté l’esprit dans lequel ces rencontres étaient conçues, celui de rapprocher autour de l’amour des langues et de l’écriture, les auteur(e)s d’une même région. Cet esprit, c’est celui que l’on retrouve, sans nul doute, dans la Revue Alsacienne de Littérature, cofondée par Auguste Wackenheim, Jean-Claude Walter, Adrien Finck, le concepteur de la triphonie où le français, l’allemand, l’alsacien se côtoient et instaurent des ponts entre les langues et les pays à l’instar du pictogramme dessiné par Camille Claus et repris sur les couvertures qui changent de couleur à chaque publication comme l’a rappelé l’une des autrices de cette revue, membre du comité de rédaction, Maria-Eva Berg qui en a évoqué les grandes lignes et rappelé les projets en cours. Pour la première soirée, Pierre Kretz et Françoise Urban-Menninger représentaient la France, Emilia Lang et Kathrin Ruesch étaient les voix de l’Allemagne tandis que celles de Daniela Dill et de Friederike Kretzen étaient celles de la Suisse. Un auditoire attentif a apprécié ce bouquet linguistique haut en couleur avant d’échanger autour d’un verre dans le jardin où se sont prolongées près de la fontaine ces rencontres enrichissantes.

 

© Crédit photo : Claude Menninger, « Une lecture de Gerold Ehrsam dans le jardin » au festival « Les journées trinationales de littérature » au Museum d’Allschwil en Suisse, juin 2025.

 

 

Le lendemain matin, après une séance d’atelier d’écriture proposée en allemand et en français par Sandra Engelbrecht, c’est dans le jardin que les lectures de Laurence Muller Brand et Gerold Ehrsam ont rassemblé un public toujours autant charmé et qui a été totalement surpris et ravi dans la salle du musée par les écrits de Monika Schumacher sur le thème du tango, illustrés par les prestations époustouflantes de deux tangueros ! Après la lecture d’Irène Steiner et la pause méridienne, deux performances étaient programmées. L’une avec Martin O.Koch, Johanna Gerber, Clara A’Campo, l’autre avec Daniela Engist, Till Berger et Tabea König.

 

© Crédit photo : Claude Menninger, « Monika Schumacher avec le couple de tangueros sur la scène » du festival « Les journées trinationales de littérature » au Museum d’Allschwil en Suisse, juin 2025

 

Quant au final, ce fut une envolée de textes lus et accompagnés par la talentueuse Barbara Gasser au violoncelle. On a pu écouter ainsi Victor Saudan, Maria-Eva Berg, Marie-Yvonne Munch, Peter Woodtli, Wernfried Hübschmann, Liesa Trefzer, Daniel Zahno, Malte Fues, Maria Marggraf....

 

© Crédit photo : Claude Menninger, « Kathrin Ruesch & Pierre Kretz au jardin » dans le festival « Les journées trinationales de littérature » au Museum d’Allschwil en Suisse, juin 2025.

 

 

N’oublions pas que dans le cadre de ce festival, toute la journée du dimanche un « English Stage » était également annoncé dans le jardin de Susi Lyon à Allschwill avec la participation de Tak Erzinger, Jeanne Darling, Rylla Resler, Sabine Adler, Semi Citcle 2025 et le duo Welsh Kates.

 

 

Ce festival littéraire exceptionnel destiné à tisser des liens forts entre les auteur(e)s du Dreyeckland entre Jura, Vosges et Forêt Noire est incontestablement l’événement trinational (TRINA) le plus important de la région européenne du Rhin supérieur dont on attend déjà avec impatience la prochaine édition et la nouvelle programmation de 2026 ! Gardons pour l’heure et en mémoire cette merveilleuse assertion de Victor Saudan « La poésie crée un lien fort entre les humains et leur permet de dépasser leur isolement existentiel ».

 

© Françoise Urban-Menninger

 

***

Pour citer ce texte inédit & illustré

 

Françoise Urban-Menninger, « Les journées trinationales de littérature à Allschwil en Suisse » avec des photographies par Claude Menninger, Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2025 | NO III NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES », 1er Volet, mis en ligne le 29 juillet 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/2025noiii/fum-journeestrinationalessuisse

 

 

 

 

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    N° IV | AUTOMNE 2025 | LE MAL DE VIVRE... » | Dossiers majeur & mineur | Florilèges | Voix / Voies de la sororité Francesca Woodman Extraits engagés & images par Carmen Pennarun Extraits poétiques reproduits dans cette revue avec l'aimable autorisation...
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