12 avril 2025 6 12 /04 /avril /2025 16:17

N° I | HIVER-PRINTEMPS 2025 | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES | 1er Volet | Critique & réception / Chroniques de Camillæ | Dossier mineur | Articles & témoignages

 

 

 

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Qui est Max Ernst ?

 

 

 

 

 

Article & images par

 

Camillæ/Camille Aubaude

 

https://everybodywiki.com/Camille_Aubaude

 

Blogue officiel :

https://camilleaubaude.wordpress.com/ 

 

 

© Crédit photo : Plaque devant La Fontaine au Génie de Max Ernst à Amboise.

 

 

© Crédit photo : Camille Aubaude, La Fontaine au Génie.

 


 

Chronique du livre en anglais de Pamela Shields, Max Ernst and The Génie of Amboise. Amazon éditions, 2024 (voir aussi URL. www.pamela-shields.com).


 

«  Il n’est probablement pas et ne sera jamais aussi célèbre que ses contemporains, Picasso ou Dali. Ceux-ci étaient bien décidés à ne jamais être oubliés. Ernst l’espérait. Dali et Picasso devinrent des parodies d’eux-mêmes. Ernst jamais. » (203)

 

Le ton est donné, puissant et juste. Cet artiste allemand amoureux de Paris, marié en troisièmes noces à Peggy Guggenheim, parti vivre avec une autre épouse américaine en ermite dans le désert de l’Arizona, est un homme universel. 

Marié en quatrièmes noces à Dorothea Tanning, il a choisi la Touraine, à l’âge de 64 ans, et érigé son chef-d’œuvre La Fontaine au Génie dans la ville d’Amboise. Après avoir été considéré comme ennemi de la France en tant qu’Allemand, c’est en citoyen français décoré de la Légion d’honneur qu’il meurt en 1975. Il a déshérité son fils Jimmy Ernst au profit de son épouse Dorothea Tanning, une peintre d’exception. Il a toujours aimé des femmes d’exception. Pendant sa passion avec Leonora Carrington, alors qu’ils avaient loué une maison à Saint-Martin d’Ardèche, il fut déporté dans un camp en 1939. Sans nouvelles de lui, Leonora passa en Espagne, fut internée à Madrid et réussit à s’enfuir au Mexique. La première épouse de l’inventeur de La Fontaine au Génie, Lou (Dr Louise Straus) a été assassinée à Auschwitz. Très cultivée, Lou a traduit en allemand le poème de W. B. Yeats, The Choice, qu’elle lisait à leur fils Jimmy : 

 

L’intelligence humaine est obligée de choisir

Entre la perfection de la vie ou celle du travail.


 

Qui était Max Ernst ?
 

La poétesse surréaliste Valentine Penrose le « méprise ». En 1928, lors de vacances avec son mari Roland Penrose, Max et sa seconde épouse Marie-Berthe Aurenche, Valentine a déclaré que Max avait « un caractère cruel et sadique, qu’il aimait blesser la douce, naïve et gentille Marie-Berthe » qu’il traitait « honteusement ».  Valentine Penrose l’a jugé comme « un opportuniste qui cultivait des amitié avec des gens aisés et les exploitait dans son seul intérêt » (p. 152-53). Comment pouvait-elle juger ? Les Penrose étaient des amis de Gala et Paul Éluard. Valentine, extrêmement belle, dont les poèmes étaient admirés par Éluard, est une des rares femmes qui n’ait pas succombé au charme de Max, précise Pamela Shields. L’art expose à la jalousie forcément méchante, et il y a le revers de la médaille (voir photomatons avec Marie). 

 

       

© Crédit photo : Camille Aubaude, capture d’écran no 1.

 

© Crédit photo : Camille Aubaude, capture d’écran no 2.

 

 

La façon exceptionnelle dont Pamela Shields présente la démarche spirituelle de cet Allemand transfuge et apatride expose en toute intelligence la multiplicité du personnage. D’origine modeste, il a connu à travers les femmes quelques-unes des plus fascinantes cultures de son temps (juive, française, anglaise, américaine), que son talent a unifiées par une ineffable quête intérieure. Voir cet artiste allemand tel un papillon qui se métamorphose jusqu’à l’imago (la mort) est hâtif, comme un amphibien est contestable et comme un ermite-sirène au pelage d’ours est le portrait de Leonora Carrington (voir photo). 

Ses mœurs auraient pu l’égarer. En fait, elles sont foncièrement liées à l’œuvre (cf. sur la Toile Europe après la pluie, Aquis Submersus, en particulier). L’ensemble est un mystère que Pamela Shields intériorise avec humour pour la seule quête qui vaille, la quête de la liberté dans l’art. La célèbre « affaire » du ménage à trois de Gala, Paul Éluard et Max Ernst, en 1919, montre que cela « défie toute classification » (p. 208), même celle de « surréaliste » qu’il utilisait.

Les formules de l’essayiste anglaise reflètent la pensée de Max Ernst. Elles sont convaincantes sans être conventionnelles. Pamela Shields démontre comment Max Ernst applique à sa peinture qualifiée « onirique » voire « métaphysique », les théories freudiennes du rêve. L’amour intense que Paul Éluard voua à Max servit beaucoup à cet Allemand raffiné, révolté, qui venait d’abandonner sa femme et son fils parce qu’il n’était pas fait pour une vie routinière. L’amour inconditionnel que lui porta son fils suffit à remplir un livre. Jimmy Ernst a sauvé la vie de son père, exilé de sa patrie au titre d’« artiste dégénéré ». 

 

 

© Crédit photo : Camille Aubaude, capture d’écran no 3.

© Crédit photo : Camille Aubaude, capture d’écran no 4.

 

Pamela Shields considère que Dorothea était plus talentueuse que Max Ernst. Que dire de Leonora Carrington, dite « surréalisante »,  « female iconoclaste » ? Son portait de Max avec une chimère de Licorne couronne cette passion amoureuse et dit la Solitude. Pamela Shields devrait lui consacrer une biographie, ainsi qu’aux autres « affins » amoureux du génial Max Ernst... La passion charnelle de l’autrice de La Maison de la Peur (préface et illustrations de Max Ernst, 1938) et Le Cornet acoustique (1974) a fini avec un mariage arrangé pour quitter l’Europe en guerre. Leonora a connu Frida Kahlo à Mexico. Ses sculptures nourrissent une « sorcellerie ironique » (Carlos Fuentes). Elle fut une mère exemplaire. 

Louise, dite Lou, mérite une biographie. La première ! Elle a aimé Max Ernst à l’époque dadaïste. Pourquoi a-t-elle a refusé de rejoindre leur fils Jimmy en Amérique ? Elle a fait partie du dernier convoi pour Auschwitz. 

Max, qui n’est pas un opportuniste, a eu une profonde relation avec Michel Debré, quand il a été maire d’Amboise. C’est grâce à Amboise et à Dorothea que Max a pu se consacrer à La Fontaine au Génie d’Amboise. Le lieu n’est pas neutre… les grenouilles et les tortues encore moins. Et ces langues d’étrangers, tous ces « drôles », fous sans l’être. Cette sculpture monumentale porte au sommet un Grand Génie, une figure d’oiseau penaud, ou un crapaud, que l’on retrouve en totem (voir photos), rappelant les petites figures en plomb exhumées du lit de la Seine et copiées par Alberto Giacometti1. Le contraste entre ces figures tordues et la barque de la Déesse Séquana (la Seine) fait écho à la dualité de l’homme blessé et de la Beauté. La connaissance « invisible à première vue » : « augenblick » (all.) contient « l’œil » — et la pierre —, l’Inconnu est actualisé, c’est l’instant du jaillissement, la genèse (sur la Toile, « im ersten Augenblick » est traduit par « tout d’abord »)…

J’ai assisté à l’inauguration de ce monument avec mon grand-père. Ce Grand Génie entourée de tortues et de grenouilles a été incompris. L’œuvre a provoqué un véritable tollé dans Amboise. Ainsi que la Légion d’honneur décernée à un artiste2.

 

 

© Crédit photo : Camille Aubaude, statues.


 

© Crédit photo : Camille Aubaude, statues Catalogue Max Ernst, Invisible a primera vista (Invisible à première vue).


 

« Génie » signifie la connaissance heureuse. C’est un des mots qui exprime l’indissoluble dualité d’Éros et de Thanatos. La synthèse des deux sens du mot « génie » est donnée dans cette pensée du grand poète Gérard de Nerval sur le philosophe italien Giambattista Vico, 

 

« Vico, qui prétend que les divinités s’incarnent sous la forme des grands génies, des bons rois, des bienfaiteurs du monde ; de là la nécessité d’honorer les morts illustres, et sans doute un peu les vivants. »

 

Je reprends mon Mythe d’Isis (2024, p. 82), car dans les Illuminés, Gérard de Nerval a pré-intitulé « La Doctrine des Génies » le chapitre « Du mysticisme révolutionnaire ». Quiconque s’intéresse à la Révolution française fait face à cette notion de « génie », et à celle de « fontaine de régénération ».

 

« Par génie nous entendrons tout à la fois mouvement, origine et terme, couronnement et vérité [...] » écrit Jean-Pierre Richard dans Études sur le Romantisme (p. 17 à 18). 

 

Un artiste aussi cultivé que Max Ernst, entouré de « génies féminins », n’a pu ignorer « la Doctrine des Génies ». Encore moins la « fontaine de régénération » érigée sur les ruines de la prison de la Bastille en 1789, qui avait des attributs de la Déesse Isis.

Quelle est « la Doctrine des Génies » ? Plutarque, dans Isis et Osiris, rappelle que des principes cosmogoniques incarnés par les divinités égyptiennes ont été considérés comme des « génies », c’est-à-dire des intermédiaires à caractère humain ou non entre les dieux et les humains. 

Plutarque reprend la définition du principe divin attribuée à Pythagore : 

 

« Dieu est une âme répandue dans tous les êtres de la Nature et dont les âmes humaines sont tirées. (note p. 87) ».

 

Cette grande âme est la base d’une gradation entre les règnes divins et humains. Elle est hiérarchisée en trois hypostases, ouvertes sur le cosmos : les dieux, les êtres humains et les « Génies », « ceux qui ressemblaient à Pythagore »…

 

Nous retrouvons chez Apulée une tripartition entre « Les dieux visibles » (I-II,116-121, p. 19-22), à savoir les planètes, « Les dieux invisibles » (II-III, 121-124, p. 22-23), les douze dieux romains, et le « Rôle des démons » (VI,132-134, p. 26-27), ces derniers, comme les Génies, étant des « puissances divines intermédiaires ». (« Du dieu de Socrate » — « De Deo Socratis » — dans Opuscules Philosophiques et Fragments, Les Belles Lettres, 1973). 

 

Les livres d’Hermès Trismégiste, Poimandrès. Traités II-XVII du Corpus Hermeticum. Asclepius. Fragments extraits de Stobée (Les Belles Lettres, 1954-1960) reprennent cette doctrine des Génies pour les divinités égyptiennes, et à la fin du XIXe siècle, Le Rameau d’Or de Sir James Frazer (Laffont, 1983), livre à la portée de tout artiste préoccupé par les symboles.

 

Les Génies sont les plus proches possible de l’être humain, mais appartiennent à l’essence divine. Ils unissent deux catégories opposées par convention. Humains et dieux se fondent non pour abolir leur nature unique, mais pour former une identité tierce, habitée par la loi de la fécondité universelle. Cette pensée animiste irrigue la création artistique de Max Ernst, qui fut en symbiose avec ses « génies féminins ».

 

Si la notion d’échange prend une telle importance, c’est parce que cette pensée néo-pythagoricienne est fondée sur l’évhémérisme et la doctrine de réincarnation.

 

Les âmes pures de certains humains animaient les Génies, qui sont : 

 

« un de ces êtres exceptionnels qui vivaient en contact direct avec la divinité. Quant aux âmes complètement purifiées, elles étaient affranchies du cercle des naissances » (Plutarque, p. 88) 

 

La fontaine d’Amboise renvoie à la métempsychose, la doctrine de migration des âmes, et à la Fontaine de Régénération (cf. le chapitre éponyme du Mythe d’Isis).

 

Profitons de la perche tendue par Pamela Shields pour citer la dispute sur les génies reproduite dans de célèbres récits mystiques. Le premier est Le Comte de Gabalis ou Entretiens sur les sciences secrètes (1670). La « scission » entre l’auteur, l’abbé de Villars et le père Bougeant est ainsi décrite : 

 

« Le dernier niait vivement la transformation des dieux antiques en génies élémentaires, et prétendait que n’ayant pu être détruits, en qualité de purs esprits, ils avaient été destinés à fournir des âmes aux animaux, lesquelles se renouvelaient, en passant d’un corps à l’autre selon les affinités ». (II,1120)  

 

« La Doctrine des Génies » pose un strict continuum avec la personne humaine ou divine initiale.

 

Laquelle à Amboise ? Louise de Savoie ? Et tant d’autres, que l’essai Out of the Shadows. The Ladies of Royal Château Amboise (Les femmes du château d’Amboise sortent de l’ombre), de Pamela Shields (2022) présente de façon « géniale », et pour la première fois…

La doctrine de la métempsycose est aussi troublante que La Fontaine au Génie, tortues, grenouille et Assistants. Alors revient l’accusation d’hérésie, qui a tourmenté la passion idéale cultivée pour la « Nature naturante » des Alchimistes. Il y a juste un siècle, l’hérésie a mué en art « dégénéré ».

 

 

Max et Dorothea ont travaillé avec le seul sculpteur et peintre d’Amboise, Al Sarcy, un nom d’artiste choisi pour faire oriental (l’Orient symbolique et non réel). Ce sculpteur a laissé une œuvre sculpturale monumentale à la Maison des Pages alors propriété du poète Tristan Lamoureux (nom de plume de Jacques Mareuse). Le sens ésotérique, et les vastes proportions de ce chef d’œuvre sculptural dépassent les compétences d’Al Sarcy. L’influence de ce couple d’artistes allemand et américaine est incontestable. Elle mériterait une étude, si tout n’était pas piétiné par des rivalités. Pamela Shields déplore que les librairies amboisiennes n’aient pas un seul livre présentant Max Ernst et Dorothea Tanning. Un galeriste d’Amboise qui possède une œuvre de Max Ernst ne connaissait pas la fontaine, aussi invisible que scandaleuse. Heureusement, de nombreux musées protègent leurs œuvres (voir la maison Max Ernst & Dorothea Tanning, 37420 Huismes, tél : 06 89 93 52 23). Pamela Shields rappelle le soutien que ces deux personnalités reçurent du maire de Huismes, très honoré qu’elles aient choisi ce village pour créer et se reposer. Dorothea ne s’est jamais remariée, disant : Max était « la seule personne dont j’avais besoin. » (p. 227).

 

Pamela Shields projette en pleine lumière le rôle transformatif de cet artiste apatride. Comme Pamela Shields et Mark Playle, Max Ernst et Dorothea Tanning ont pensé trouver dans le « jardin de la France » un paradis pour leur retraite. Et la renaissance, un plaisir toujours renouvelé comme l’eau d’une fontaine. Max Ernst fut amoureux d’étrangères aussi talentueuses que lui. Il a encouragé leur création, réussissant autant une œuvre artistique « palingénésique » que sa vie sentimentale où Éros et Thanatos sont éternels. « Le diable porte pierre ».

Pamela Shields estime que le Surréalisme est aussi important que l’art de la Renaissance. Elle fait preuve d’un jugement sérieux, fondé sur de réelles connaissances : Max Ernst a été surréaliste avant la parution du Manifeste du Surréalisme d’André Breton, en 1924 !

« André Breton a lancé le Surréalisme.

Max Ernst l’a défini » (p. 194).

 

© Camillæ

 

 

Notes

 

1. Voir article Euronews.com du 14 mars 2024. Ces figurines sont conservées au Musée Carnavalet et dans la crypte de Notre-Dame. Certaines pièces furent dans les collections privées d’André Breton et Giacometti.

2. Marcel Aubaud a présidé l’Amicale des Anciens Combattants de la Grande Guerre de 1914-18. Chevalier de la Légion d’honneur, après Max Ernst, il a reçu la Médaille de la Ville d’Amboise. Comme André Breton, mais pas pour les mêmes motifs, il refusait que la Légion d’honneur soit attribuée à un artiste. Voir ses mémoires, Un imprimeur dans la tourmente, La Maison des Pages éditions, 2025.

3. Voir Julia Kristeva, Prélude à une éthique du féminin, livre et entretien à la librairie Mollat sur youtube (déc. 2024).

 

 

© Crédit photo : Max Ernst, portrait, par Leonora Carrington (vers 1939).

 

© Crédit photo : Cheval de l’auberge du matin, autoportrait de Leonora Carrington.


 

© Crédit photo : Catalogue espagnol avec une sphynge-chimère, communiqué par Christian Ficat. Collections du Kunstmuseum de Bonn, édité par la fondation de la Caixa, 2006.

 

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Pour citer cet article illustré & inédit

 

Camillæ ou Camille Aubaude (texte & images), « Qui est Max Ernst ? », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : HIVER-PRINTEMPS 2025 | NO I « Inspiratrices réelles & fictives », 1er Volet, mis en ligne le 12 avril 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/noi2025/ca-questmaxernst

 

 

 

 

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16 mars 2025 7 16 /03 /mars /2025 17:52

Événements poétiques | NO II Hors-Série | Festival International Megalesia 2025 « Rêveuses » & « Poésie volcanique d'elles » | II — « Poésie volcanique d'elles » / Le Printemps des Poètes | Florilège | Astres & animaux / Nature en poésie 

 

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Séisme des consciences

 

 

en terres de certitudes

 

 

 

 

 

 

Poème en prose par

 

Nataneli

 

 

 

Crédit photo : « Torre del Greco distrutta nel », 1794, "vue du Vésuve en éruption", peinture de nature morte tombée dans le domaine public, capture d'écran de la photographie libre de droits du site Common.

 

 

Séisme des consciences en terres de certitudes. 

Étouffé de contraintes le monde tremble, crache, éructe sa lassitude. La secousse est violente, impressionnante et insolente. Les esprits cherchent à se libérer de leurs roches enferrées. Le long de failles étouffées mais déjà présentes s’ouvre alors, une brèche proéminente. Et soudain, partout, des volcans de doutes se réveillent, leurs voix grondent en écho de nos jugements superficiels. Le ventre de l’océan se soulève, un tsunami emporte les monuments d’évidences, une lame de fond écume les lèvres. Une crête de cœurs infirment s’alignent alors, sur des mines en lignes. Soudain, une explosion déchire la chair de nos égocentriques égocentrismes. On vomit nos tripes. Quelques vieux spectres résistent et s’agrippent aux constructions effritées de nos stéréotypes. Les dégâts sont nombreux en terre d’humanité. La bouche pleine de cendres, bourreaux munis de faux mots, victimes de nos maux, nos paroles se déforment. La voix sableuse, suspendue aux vides des verbes qui défaillent, nous cherchons alors, du bout de nos langues, les lettres où accrocher cet infini espoir qui nous assaille. Allons fouiller dans nos obscures subjectivités abyssales pour en extraire la roche de l’authentique sémantique. Peut-être qu’en vérité, l’espoir est fait d’une chaîne de questions ? De cratères d’expériences aux profondes causes ? Peut-être que la naissance d’un lac dans un maar est l’évidence que la déconstruction d’une nature permet faire naître l’improbable. On a déjà vu éclore, dans les plus improbables recoins, des fleurs de coquelicots et même des boutons de roses. Rappelons nous que la beauté de la vie trouve toujours son chemin. 

 

 ©Nataneli 

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Pour citer ce poème en prose engagé & inédit

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Nataneli, « Séisme des consciences en terres de certitudes », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événements poétiques | NO II Hors-Série | Festival International Megalesia 2025 « Rêveuses » & « Poésie volcanique d'elles », mis en ligne le 16 mars 2025. URL : 

https://www.pandesmuses.fr/megalesia25/noii/nataneli-seisme

 

 

 

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28 décembre 2024 6 28 /12 /décembre /2024 18:52

N° IV | AUTOMNE 2024 | NUMÉRO SPÉCIAL 2024 | Les femmes poètes européennes par Lya Berger (1877-1941) | 1er Volet | Dossier mineur | Florilège / Poésie des aïeules | Poésie & Littérature pour la jeunesse | Astres & animaux / Nature en poésie | Spiritualités...​​​​​

 

 

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Pour l'étoile du matin & La crèche 

 

 

 

 

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Blanche Cazes

 

Poèmes choisis, transcrits & accompagné

d’un bref descriptif par

Dina Sahyouni

 

 

 

 

Crédit photo : Guido Reni  (1575-1642), peinture représentant une scène de la Nativité ; la crèche de Noël par l'intermédiaire de « L'adoration des bergers ». Peinture tombée dans le domaine public.

 

 

 

Pour l'étoile du matin

 

 

 

Diamant de l'aurore en fleur, céleste givre,

Lame divine, étoile aux rayons argentés,

Il faut te dédier ce livre,

Ta lumière me l'a dicté ;

 

Car c'est de l'heure bleue et noire où tu te lèves

À l'heure où tu pâlis dans le ciel rose et vert

Que se cristallisent mes rêves

Parmi les cadences des vers.

 

 

 

La crèche

 

Pour André

 

 

Des rochers de papiers forment l'étable sainte

Où repose un Jésus de cire aux yeux fardés.

Quatre bergers emplis d'une pieuse crainte

Font gauchement de grands saluts intimidés.


 

L'âne fragile, ayant perdu ses deux oreilles,

Est parti pour l'exil d'un placard ténébreux ;

Mais sur l'enfant, toujours le bœuf tranquille veille,

Et voici les agneaux qui s'avancent nombreux.

 

Piqués de ci, de là, des feuillages d'asperge

Figurent le sapin classique. Agenouillé

Sur la paille, Joseph, près de la douce Vierge,

Regarde le tableau d'un air très ennuyé.

 

Ton caprice a voulu suspendre cette cloche

À la voûte près de l'étoile aux cent rayons,

Cloche rouge qui sonne un grêle carillon ;

Et l'acide borique a neigé sur les roches.


 

….......................................................................

 

Ô bonheur puéril des crèches d'autrefois !

Ô superstitions folles et merveilleuses !

Noël, nuit de mystère et d'attente joyeuse,

Ton charme est bien fini : je n'ai plus que la foi.

 

 

 

Ces poèmes spirituels proviennent du recueil de poèmes tombé dans le domaine public de Blanche CAZES, Pour une étoile, [Poèmes par Blanche Cazes], Avignon, AUBANEL FILS AÏNÉ Éditeur (15, Place des Études), 1928, p. 7 puis pp. 42-43.

 

On a très peu d'informations sur les œuvres et la vie de Blanche Cazes, poète du XXe siècle qui a écrit quelques ouvrages et a participé au moins à une anthologie des poètes d'Oran dans l’Algérie française du siècle dernier. Dans ces extraits poétiques choisis, elle exprime une expérience douce-amère de la vie et une grande sensibilité issue d'une lucidité du réel patente, lyrique et mélancolique. Sa description hyperréaliste de la matérialité d'une crèche usée témoigne d'une critique d'une vision sociale restée ancrée dans un siècle révolu. Sa spiritualité dépasse une certaine idée du christianisme et émerge comme une poésie du cosomos, d'où son invocation de l'étoile du matin comme Muse lyrique et spirituelle guide.

 

© DS., décembre 2024.

 

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Pour citer ces poèmes spirituels de l'aïeule

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Blanche Cazes, « Pour l'étoile du matin » & « La crèche », poèmes choisis, transcrits & accompagnés d’un bref descriptif par Dina Sahyouni de Blanche CAZES, Blanche CAZES, Pour une étoile (1928), Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : AUTOMNE 2024 NUMÉRO SPÉCIAL | NO IV | « Les femmes poètes européennes par Lya Berger (1877-1941) », 1er Voletmis en ligne le 28 décembre 2024. URL :

http://www.pandesmuses.fr/noiv/ds-bc-etoile

 

 

 

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25 décembre 2024 3 25 /12 /décembre /2024 18:31

N° IV | AUTOMNE 2024 | NUMÉRO SPÉCIAL 2024 | Les femmes poètes européennes par Lya Berger (1877-1941) | 1er Volet | Dossier mineur | Florilège | S'indigner, soutenir, hommages & lettres ouvertes

 

 

 

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Hommage à Notre Dame par deux

 

poètes Dijonnais de la revue de poésie

 

Florilège

 

 

 

 

Poèmes par

 

Yolaine Blanchard

 

 

Stephen Blanchard

 

 

Crédit photo : Maximilien Luce, « Le quai Saint-Michel & Notre Dame », peinture tombée dans le domaine public.

 

 

À NOTRE DAME RESSUSCITÉE

 

À l’instant solennel où s’entrouvrent ses portes,

 

Notre Dame revit dans toute sa splendeur,

Ouvrage consacré par la grâce et l’ardeur,

Témoignages vibrants d’artistes aux mains fortes

Révélant leur amour, unissant leurs efforts,

En élevant sa flèche, hiératique lumière !

 

D’où culmine le Coq, Phénix porte-bannière,

Au ciel de la Cité, l’emblème des temps forts,

Magiquement sculpté, paré de ses dorures

Et qui, dressant sa crête, entonne un chant vainqueur !

 

Rehaussant sa beauté qui nous touche en plein cœur,

Éblouissants vitraux d’historiques gravures,

Stigmates effacés du monument blessé

Sous le feu destructeur des flammes meurtrières,

Un miracle gothique abrite ses verrières ;

Saluant l’excellence et le soin dispensé,

Cathédrale érigée, au chantier titanesque,

Illuminant le monde en son souffle divin,

Témoignant de l’enfer dont Hugo fut devin,

Elle inspire au poète une aura romanesque

Et transmet l’espérance en sa résurrection !

 

© Yolaine BLANCHARD (Décembre 2024, Dijon)

 

NOTRE DAME DE PARIS

 

 

Quand s’éveille au matin la brume parisienne

L’île de la cité revit tout en secret,

J’y vois tous ses trésors en sa ferveur chrétienne

Et ses royales tours dans l’horizon discret.

 

Au détour de la Seine, en sa flèche gothique

Notre Dame renaît en s’élevant vers Dieu

S’illuminant le chœur à l’abri d’un portique

Comme un bijou serti dans l’écrin d’un vœu pieu.

 

Dans son corps torturé par le divin mystère

D’une sainte douleur qui guérit tant d’amour

Se prolonge l’espoir en digne baptistère

Guidant nos pas perdus sous l’indicible jour.

 

Dans cette immensité de sa nef émérite

Elle accorde au passant ce regard enchanteur

De vitraux imposants lorsque Paris médite

Pour contempler, heureux, son éclat salvateur.

 

© Stephen BLANCHARD (Décembre 2024, Dijon)

Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres

 

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Pour citer ces poèmes spirituels & inédits en hommage à Notre Dame de Paris 

 

Yolaine Stephen Blanchard« Hommage à Notre Dame par deux poètes Dijonnais de la revue de poésie Florilège », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : AUTOMNE 2024 NUMÉRO SPÉCIAL | NO IV | « Les femmes poètes européennes par Lya Berger (1877-1941) », 1er Volet, mis en ligne le 25 décembre 2024. URL :

http://www.pandesmuses.fr/noiv/ysb-hommage

 

 

 

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    N° I | HIVER-PRINTEMPS 2025 | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES | 1er Volet | Appels à contributions | Agenda poétique Invitation à contribuer au festival Megalesia (édition 2025) Crédit photo : Berthe (Marie Pauline) Morisot (1841-1895), « J ulie-daydreaming...
  • Françoise Khoury el Hachem, Éclats de rêves, Éditions l’Harmattan, collection  le Scribe l'Harmattan, 2025
    Événements poétiques | NO II Hors-Série | Festival International Megalesia 2025 « Rêveuses » & « Poésie volcanique d'elles » | Critique & réception | I — « Rêveuses » | Articles & témoignages & REVUE ORIENTALES (O) | N° 4-1 | Critiques poétiques & artistiques...
  • HIVER-PRINTEMPS 2025 | NO I | Inspiratrices réelles et fictives
    LE PAN POÉTIQUE DES MUSES (LPpdm) REVUE FÉMINISTE, INTERNATIONALE ET MULTILINGUE DE POÉSIE ENTRE THÉORIES ET PRATIQUES HIVER-PRINTEMPS 2025 | NO I | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES 1er VOLET Crédit photo : Alphonsine de Challié, « beauty with pink veil...
  • Qui est Max Ernst ?
    N° I | HIVER-PRINTEMPS 2025 | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES | 1er Volet | Critique & réception / Chroniques de Camillæ | Dossier mineur | Articles & témoignages Qui est Max Ernst ? Article & images par Camillæ/Camille Aubaude https://everybodywiki.com/Camille_Aubaude...
  • L’apparition de mon arc en ciel
    Événements poétiques | NO II Hors-Série | Festival International Megalesia 2025 « Rêveuses » & « Poésie volcanique d'elles » | I — « Rêveuses » | Florilège | Astres & animaux / Nature en poésie L’apparition de mon arc en ciel Poème printanier & photographie...
  • Des patrimoines séfarades marocains
    Événements poétiques | NO II Hors-Série | Festival International Megalesia 2025 « Rêveuses » & « Poésie volcanique d'elles » | Revue culturelle des continents Des patrimoines séfarades marocains Texte par Mustapha Saha Sociologue, artiste peintre & poète...
  • Champs phlégréens (haïkus)
    Événements poétiques | NO II Hors-Série | Festival International Megalesia 2025 « Rêveuses » & « Poésie volcanique d'elles » | II — « Poésie volcanique d'elles » | Florilège / Le Printemps des Poètes | Astres & animaux / Nature en poésie Champs phlégréens...
  • la jupe plissé soleil
    N° I | HIVER-PRINTEMPS 2025 | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES | 1er Volet | Dossier majeur | Florilège | Poésie, mode & Haute couture la jupe plissé soleil Poème par Françoise Urban-Menninger Blog officiel : L'heure du poème Crédit photo : Une jupe plissé...
  • Le miroir retourné, une exposition des œuvres de Gwendoline Desnoyers à Strasbourg
    N° I | HIVER-PRINTEMPS 2025 | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES | 1er Volet | Critique & Réception | Dossier majeur | Articles & témoignages | Handicaps & diversité inclusive Le miroir retourné, une exposition des œuvres de Gwendoline Desnoyers à Strasbourg...
  • 2025 | Le Prix International de Poésie pour l'ensemble de son Œuvre
    Événements poétiques | NO II Hors-Série | Festival International Megalesia 2025 « Rêveuses » & « Poésie volcanique d'elles » | Distinctions 2025 | Prix poétiques attribués par la SIÉFÉGP le 8 Avril 2025 | Le Prix International de Poésie pour l'ensemble...