Crédit photo : Barbara Regina Dietzsch (1706-1783), « Violettes » écloses et en boutons, peinture de nature morte tombée dans le domaine public, capture d'écran de la photographie libre de droits du site Common.
Ai-je vécu l’année de la violette ?
la déchirante beauté des heures où tout était simple,
l’élégance cloisonnée de la brume
à l’affût des branches des pins biscornues.
Dansant dans des cothurnes de sable gris
sur la plage d’une mer figée en miroirs,
un masque vénitien dans la manche
pour dérober l’ennui à l’heure de grâce.
Et la neige, caillée dans des flocons égoïstes,
approchait de loin, mi-figue mi-raisin,
la lenteur de nos paroles sous la pluie.
Ainsi, aujourd’hui, à contre-cœur,
cachée sur la scène de l’affaissement de ses pétales,
Irina Moga, « Année », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événements poétiques | NO II Hors-Série | Festival International Megalesia 2025 « Rêveuses » & « Poésie volcanique d'elles », mis en ligne le 4 mars 2025. URL :
Enfant, elle m’installait pour dessiner. Elle me tendait une feuille et un crayon. Elle esquissait une fleur aux mille pétales que je devais reproduire. Pendant des années, je répétais ce geste, comme une danse. Les fleurs, je les ai toujours dessinées. Un geste gravé dans la mémoire de mes doigts. Aujourd’hui, je les peins sur des feuilles, sur des toiles. Des tapis de fleurs, pour ma mère, Aïcha.
À propos de l'illustration
J'ai sélectionné pour vous trois photographies de mes peintures représentant trois œuvres que j'ai intégrées dans un montage avec mon portrait photographique.
Biographie
Bouchra SIRSALANE je suis élue à Puteaux, Présidente du Think Tank Femmes Démocrates, formatrice et coach en développement personnel. Le dessin me passionne depuis toujours, et je me suis lancée dans la peinture il y a quelques années. À travers cet art, j'exprime une facette plus artistique de moi-même, ce qui m'apporte beaucoup de plaisir.
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Pour citer cette illustration & ce poème en prose inédits
Bouchra Sirsalane, «“Les fleurs d’Aïcha”, la mémoire du geste », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : HIVER-PRINTEMPS 2025 | NO I « Inspiratrices réelles & fictives », 1er Volet, & Revue Orientales, « Déesses de l'Orient », n°4, volume 1, mis en ligne le 9 janvier 2025. URL :
Le texte qu’on lira ci-après, agrémenté de ses deux illustrations originales, est un article de Jane de La Vaudère, publié en mars 1906 dans la revue mensuelle « Tourisme ». Il s’agit toutefois d’un texte qui avait déjà paru : en fait, d’un extrait de son roman « La Guescha amoureuse »(1904), difficile à trouver de nos jours, et qui constitue, avec « La Cité des sourires » (1907), le diptyque de sa contribution au japonisme littéraire. Écrits au début du XXe siècle, ces romans témoignent de la persistance d’un engouement qui avait commencé avec les œuvres de Judith Gautier (« L’Usurpateur, épisode de l’histoire japonaise », 1875) etde Pierre Loti (« Madame Chrysanthème », 1887), ainsi que l’« Anthologie japonaise » (1871) de Léon de Rosny.
La vie japonaise
C’est au milieu des amandiers blancs et des pommiers roses en fleurs, une coquette maison de poupées nippones. Sous un toit retroussé, ailé, fragile, supporté par des parois à coulisses, de minces châssis en baguettes de sapin, tendus de papier, glissent rapidement. La boîte est proprette, cirée, pomponnée, fine et amusante comme un jouet neuf. Pas un atome de peinture ne déshonore la teinte harmonieusement veinée du bois, et les cloisons transparentes laissent passer, le soir, la lueur des lampes ainsi que les verres dépolis d’une lanterne vénitienne. Le jour, les parois des quatre façades rentrent les unes dans les autres comme par enchantement, et le logis n’a plus qu’une toiture reposant sur des piliers de kashiva. Du dehors, le passant curieux peut alors voir les nattes de paille tressées, molles et fraîches de l’intérieur, les couchettes avec leur phtoun piqué en guise de couverture et leur tambour de bois, hinoki, recouvert de peau, qui maintient la nuque.
Quelques petites étagères portent le tout frêle service de soucoupes de laque destinées au riz, des baguettes d’ivoire, des plats minuscules pour la cuisine bizarre et compliquée.
Quelques panneaux de soie bardés de boiseries blanches découpées, des kakémonos de crépon peints, représentant des femmes-fleurs, au milieu des papillons ou des guerriers frénétiques, hérissés de poignards et de sabres, ornent les paravents.
*
Les cloisons de papier écartées, les petits lits rangés et les phtouns étendus sur des bambous flexibles, les trois mousmés du logis procèdent à la toilette matinale.
C’est, d’abord, Oukitara, une mignonne de dix ans, aux yeux vifs, bridés vers les tempes, à la bouche minuscule d’œillet rose, aux quenottes pointues de jeune chat. Kino-Sourya, la seconde, montre une peau dorée comme un citron mûr, des prunelles rieuses et des cheveux si abondants qu’ils la couvrent entièrement de leur voile ténébreux.
Mais la plus charmante est, certes, Lotusaï, la corolle d’élection du logis, l’espoir des vieux parents.
Le Kimono mal attaché sur la gracilité de ses épaules, elle s’examine dans un petit miroir d’argent.
Elle a eu quinze ans hier, et déjà les hommages vont à elle comme les papillons vont à la lumière… Elle admire, en souriant, ses yeux doucement relevés en amande, ses prunelles aux reflets d’onyx et de topaze, la finesse de son nez dont les narines transparentes s’ouvrent comme de menus coquillages nacrés, sa bouche enfantine, puérile, et l’ovale harmonieux de son visage ambré comme un lis d’or… Avec un peu d’huile de jasmin et de camélia, elle a parfumé sa lourde chevelure, tandis que Kino-Sourya cherche sa chemise de gamamay, son peigne d’écaille et ses épingles de corail rose.
*
Les trois mousmés, après le bain obligatoire et la prière au Bouddha secourable, ont passé sur leur visage une pâte d’amandes pilées, et sur leurs lèvres, un bâtonnet de bonbon enduit d’un fard écarlate. Plus tard, pour plaire à l’époux, elles se noirciront les dents avec une mixture de noix de galle, de sels de fer et de saké, mais pour le moment, leurs quenottes enfantines brillent comme des grains de nacre entre leurs lèvres rieuses.
*
Les souffles grisants qui viennent de la mer dissipent les vapeurs matinales et de confuses rumeurs s’élèvent de toutes parts dans la ville active.
Oukitara et Kino-Sourya ont disposé des plats de laque dans le jardinet, près des arbres nains curieusement taillés, que dominent les grappes liliales des amandiers et des cerisiers en fleurs. À tout instant, des frelons et des abeilles sonores se détachent des branches, frissonnent dans la neige odorante des calices, se poursuivent autour des jets d’eau, entrent dans la maisonnette blanche et repartent sur l’aile des brises.
Mais le premier déjeuner est préparé près du hisbashi (boîtes à feu) et des courtes pipettes d’argent. Oukitara a présenté des coupes de riz munies de bâtonnets d’ivoire, des assiettes où, sur une saumure rousse, nagent des légumes et des fruits confits, des amandes salées et poivrées, des pépins de tournesol et des graines de pin au miel servent de hors-d’œuvre. Le soir, avec leurs parents, les mousmés mangeront du poisson cru aux confitures, des œufs aux plantes aromatiques, des crabes au saki (eau-de-vie de riz), des haricots à la grêle, des salades compliquées de feuilles et de fleurs. Lotusaï, l’aînée des mignonnes, servira son père et sa mère, les pieds nus sur des tatamis soyeux ; mais, pour le moment, c’est elle qui se fait obéir et commande à ses petites sœurs. Elle a, d’ailleurs, la tête un peu lourde, ayant terminé l’échafaudage bizarre de ses cheveux. Ce chef-d’œuvre capillaire s’élargit vers les tempes en ondes savantes, se renfle en coques suaves plus luisantes que le jaïet, forme des nœuds glorieusement unis qui se terminent par des boucles de corail rose et de petites brochettes d’antimoine émaillé.
C’est la coiffure au chinjocha, au « papillon d’amour » qui ravira tous les cœurs.
*
Maintenant, les mousmés, après avoir repassé sur leurs lèvres le bâtonnet de carmin et d’or, ont mis des kimonos clairs, fleuragés d’orchidées et d’anémones dont les grandes manches, qui leur servent de poches, tombent presque jusqu’à terre. Autour de leur taille enfantine elles ont enroulé l’obi azuré, le large ruban qui les gaine dans ses plis soyeux et les fait ressembler à des fleurs printanières dans des coupes de majolique.
Ce superbe obi renferme l’éventail, le tabac, la pipette d’argent et le rouleau de papier mince qui leur sert de mouchoir.
Les Japonaises n’ont qu’une chemise de soie rouge, sans pantalon ni jarretelles. Leurs pieds délicats sont couverts d’une chaussette de peau blanche et reposent sur la planchette des guétas qu’on laisse à la porte des demeures.
Mais Oukitara, Kino-Sourya et Lotusaï ont achevé leurs préparatifs de conquête ; elles se livrent aux arts d’agrément : dansent le pas de l’abeille, jouent du luth et du shamisen, font voltiger un papillon de papier sur un éventail, jonglent avec des boules d’or ou peignent de légers feuillages sur des écrans de soie. Tout à l’heure, quand la cloche du temple voisin aura sonné « l’heure bleue », elles se montreront sur les promenades à la mode dans la gloire de leurs kimonos clairs, de leurs illusions et de leur jeunesse.
Jane de La Vaudère
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Pour citer ce texte illustré de la presse ancienne
Jane de La Vaudère (1857-1908, autrice) & @JVaudere (texte choisi, transcrit, présenté brièvement & illustré par des photos anciennes capturées),« La vie japonaise »,Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : AUTOMNE 2024 NUMÉRO SPÉCIAL | NO IV | « Les femmes poètes européennes par Lya Berger (1877-1941) », 1er Volet & Revue Orientales, « Déesses de l'Orient », n°4, volume 1, mis en ligne le 30 octobre 2024. URL :
Événements poétiques | Charmille de Poèmes pour Toutes à l'École & La Journée Internationale des Droits des Filles & N° III | ÉTÉ 2024 | Florapoétique / 1er Volet | Dossier majeur | Florilège | Poésie & littérature pour la jeunesse | Travestissements poétiques
Crédit photo : Camille Métra, « Portrait de jeune fille », peinture tombée dans le domaine public, capture d'écran de l'image libre de droits du site Commons.
Porcelaine, dentelle et poussière,
Avant, j’étais belle
Concurrence au puzzle
Mais les pièces rassemblées,
Ne suffisent pas à cicatriser
Je suis une poupée, une poupée cassée
Ô temps suspend ton vol
Autant les rires s’envolent
On m’a faite pour les vitrines
Souriante, béate, figurine
« Bien fait pour moi » diront-ils
Si maintenant je suis une poupée, une poupée cassée
Je me suis échappée
Pour voir le monde, respirer
Alors je suis partie
Sur la ligne de mes envies
J’ai aimé, tous les enfants qui m’ont aimée
Leur imaginaire a fait de moi
Vivre d’incroyables vies :
Princesse, reine, bébé, top model, défouloir de leurs peines
À chacune de leur larme qui coulait, un peu de moi s ébréchait
Et maintenant, dans les fissures de mes grands yeux,
Restent leur ciel et tous leurs vœux
Je suis une poupée, une poupée cassée
Dans un coin de cette serre au jardin
Entre les roses et les ancolies
Sans trop savoir comment suis-je arrivée ici ?!
Bras cassé, porcelaine fêlée, dentelle jaunie
Je suis l’amie des abeilles et la gardienne des mésanges qui ont fait leur nid
Pour citer cet écopoème féministe lyrique & inédit
Hélène Calinette, « Une poupée cassée »,Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Évènement poéféministe 2024 | « Charmille de Poèmes pour Toutes à l'École & La Journée Internationale des Droits des Filles 2024 » &ÉTÉ 2024 | NO III « Florapoétique », 1er Volet, mis en ligne le 17 octobre 2024. URL :
RÉCEMMENT, LE SITE « PANDESMUSES.FR » A BASCULÉ EN HTTPS ET LA DEUXIÈME PHASE DE SA MAINTENANCE PRENDRA DES MOIS VOIRE UN AN. NOTRE SITE A GARDÉ SON ANCIEN THÈME GRAPHIQUE MAIS BEAUCOUP DE PAGES DOIVENT RETROUVER LEUR PRÉSENTATION INITIALE. EN OUTRE, UN CLASSEMENT GÉNÉRAL PAR PÉRIODE SE MET PETIT À PETIT EN PLACE AVEC QUELQUES NOUVEAUTÉS POUR FACILITER VOS RECHERCHES SUR NOTRE SITE. TOUT CELA PERTURBE ET RALENTIT LA MISE EN LIGNE DE NOUVEAUX DOCUMENTS, MERCI BIEN DE VOTRE COMPRÉHENSION !
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