Pour citer ce poème humaniste, engagé pour la liberté d'expression, illustré & inédit
Françoise Urban-Menninger, « Liberté pour Boualem Sansal », poème illustré par deuxphotographies inédites du photographe Claude Menninger, Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événements poétiques | NO II Hors-Série | Festival International Megalesia 2025 « Rêveuses » & « Poésie volcanique d'elles », mis en ligne le 6 mars 2025. URL : https://www.pandesmuses.fr/megalesia25/noii/fum-liberte
Peut-être trouvera-t-on dans l’anagramme de magie « la formule alchimique du trouble qui s’empare de la pensée à chaque fois qu’il s’agit de dire que c’est une image », se demandait Mathieu Bouvier. Et si c’était là, ce « trouble » qui a envoûté Lucrèce Luciani qui, depuis quarante ans est accompagnée par l’une des premières photographies prise par Edouard Boubat La Petite-Fille-Aux-Feuilles-Mortes qu’elle contemple et qui la contemple sur sa table de chevet.
Un trouble indéfinissable s’installe dans ce récit poétique où ce sont les feuilles que l’on dit « mortes » qui habillent le corps d’une petite fille saisie de dos dans le Jardin du Luxembourg, cette minuscule passante inconnue focalise pourtant toutes les figures réelles ou irréelles qui habitent l’esprit de l’autrice.
Cette image tout à la fois éphémère et intemporelle, Lucrèce Luciani va la transmuter en lumière, « je demandais à la petite fille de la photo de devenir mon étoile », et ce récit de s’étoiler par la grâce empreinte de mélancolie de l’écriture lumineuse de l’autrice.
Car qui est cette petite fille annoncée dans le conte, où Petite-Aile, née dans la forêt de l’imaginaire de la narratrice, apparaît subitement dans le Jardin du Luxembourg comme par enchantement ?
Elle est photographiée par Edouard Boubat qui tombe sous le charme de cette enfant qui s’est confectionné un manteau de feuilles et qui semble contenir, tout en étant unique, toutes les petites filles de la terre, celles qui hantent encore la mémoire de l’autrice et qui y ont laissé leur trace comme « La petite fille brûlée au napalm ».
De cette petite fille qui « ne bougeait pas d’une feuille », Lucrèce Luciani nous confie «Elle me sort du noir/ moi/ qui ne suis qu’un trou noir/ au milieu de moi.»
S’ensuit alors une kyrielle de vers incandescents, trempés dans ce feu de Dieu de la luminescence « Elle est ma Cendrillon / dans son carrosse de feuilles / en-lu-mi-nées/ de lumière et de feu. », « elle brasille de sorcellerie / elle explose d’exquise douleur / sous la mise à feu de Poésis. »
Cette Petite-fille-aux-feuilles-mortes renvoie bien évidemment aux feuilles d’écriture que l’autrice couvre d’encre « Tout est feuille / a dit le poète et / n’est-ce pas mieux que le sempiternel / Tout est poussière ? », se demande-t-elle et de conclure « Il y a de la simplicité/ à être une feuille / d’arbre comme d’écriture, / c’est-à-dire une Protée. » Une « Protée » dont on sait que le nom renvoie aussi bien au Feu divin qui se cache sous les eaux qu’à ses multiples métamorphoses. Cette image comme la figure de Protée ne cesse de se renouveler et de se démultiplier pour renaître entre les lignes de ce recueil qui jamais ne s’effeuille mais bien au contraire se feuillette dans cet infini où se perd, se cherche et se retrouve, l’autrice en quête d’un « doublon », « d’un reflet », «d’un écho » avec lequel elle fusionne « On est le même corps / à deux têtes / On est les mêmes / en soeurs siamoises. » Et de poursuivre « Elle est cette vraie œuvre d’art / qui ne console pas / qui ne distrait pas/ avec du technicolor / et de la musique sans notes. » Cette image se situe dans cet « étant » évoqué par Heidegger, à la fois dans l’être et le non-être, elle y flotte à jamais insaisissable car, écrit Lucrèce Luciani « Je suis la Bête / derrière la Belle / et sans cesse mes yeux / épient une rose / blanche. »
« Rose blanche », on songe à la Divine comédie de Dante qui s’achève sur une rose blanche mystique telle l’unique rose blanche de la Vierge au Buisson de Roses peinte par Schongauer, une rose qui transcende le verbe dans une parole muette.
Nul doute que Lucrèce Luciani nous aura transporté dans cet entre-deux où vie et mort se côtoient jusqu’à se confondre dans un temps suspendu où «…. le regard cloué en elle, la magie a opéré. / La sienne. » Cette « magie » devient la nôtre à cette lecture qui nous octroie de fabuleuses embellies en soulevant sous les feuilles plus vives que mortes, que certains ramassent à la pelle, la magnificence d’images, de métaphores et de réminiscences qui ont partie liée avec l’âme de notre inconscient collectif car l’autrice de nous déclarer qu’il n’y a qu’en « Littérature qu’un être surnaturel, maudit, imaginaire – c’est-à-dire privé d’ombre – peut réellement s’inventer une existence. »
Françoise Urban-Menninger, « La Petite-Fille-Aux-Feuilles-Mortes. Récit poétique de Lucrèce Luciani paru aux éditions Azoé », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques :AUTOMNE 2024 NUMÉRO SPÉCIAL | NO IV | « Les femmes poètes européennes par Lya Berger (1877-1941) », 1er Volet, mis en ligne le 25 décembre 2024. URL :
Crédit photo : « Liberté, Égalité, Fraternité » est la devise de la République française depuis 1848, illustration libre de droits, fournie par l'autrice et provenant du web.
Trois mots* qui riment et consolent.
Trois mots qui furent, qui sont, qui seront toujours ma boussole.
L’essence même de mon écriture.
Trois mots qui justifient mon combat au quotidien, pour l’ouverture, par la littérature. Et la culture.
Trois mots. Les plus beaux sans conteste, de la langue française.
* Ces trois mots sont la devise de la République française « Liberté, Égalité, Fraternité ».
***
Pour citer ce poème engagé, gnomique & inédit
Mona Azzam, « Trois mots qui riment et consolent », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2024 | NO III « Florapoétique », 1er Volet,mis en ligne le 26 juin 2024. URL :
Elle est née à Tunis il y a 51 ans et a effectué toute sa scolarité dans cette même ville. Par la suite, elle a travaillé dans l'hôtellerie et a également été dame de compagnie pendant plusieurs années. En 2008-2009, elle a suivi une formation en aromathérapie en Suisse.
Elle a toujours eu un amour pour l'écriture, en particulier en français, grâce à sa maîtresse d'école primaire française mariée à un tunisien Madame Sai, et à sa professeure de français au collège Khéreddine Pacha à l’Ariana Madame Samira BEN MILED. La lecture a aussi toujours été une de ses passions, notamment « Les Mille et Une Nuits », qu'elle considère comme un chef-d'œuvre.
Elle a commencé à publier ses textes sur Facebook depuis 2009, puis en 2011, elle a publié son premier recueil. Elle a participé à plusieurs appels à écriture et a été lauréate à trois reprises.
En plus de ses recueils, elle a écrit plusieurs articles pour le journal Attarik Al Jadid et pour la revue Espace Manager.
Ibtissem KHALFALLAH — Ma poésie parle toujours des préoccupations que chaque personne peut avoir à un moment ou un autre de sa vie. Parfois, je parle de l’amitié, de l’amour, du deuil ; il m’arrive également d'écrire sur la politique et sur les préoccupations sociales…
H.M — Après plus de vingt ans passés en Suisse, en quoi cette expérience a-t-elle influencé votre écriture poétique et votre perception de la vie ?
I.K — Je suis en Suisse depuis une vingtaine d’années. J’écris certes en français, mais mon âme est universelle avec cette tunisianité qui m’a forgée.
H.M — Vos recueils publiés Rosée et l'inexistée par Les éditions du Panthéon expriment des émotions profondes et des réflexions intimes et engagées. Quelle est la première source d'inspiration derrière ces œuvres et comment sont-elles accueillies par le public ?
I.K — Rosée est un recueil de deuil. L’inexistée est une expérience de l’être dans toute sa dimension. Je ne sais pas comment le lecteur les perçoit, mais j’ai eu un bon retour sur Rosée lors de ma participation au Palp Festival en 2023 à Muras, en Valais central (Suisse). J'ai également eu de bons retours sur des lectures sur France Musique de certains de mes textes : Du Son du Kholkhal, paru en 2011 aux éditions Épingle-à-nourrice, et L’Anarchiste, texte lauréat du concours d’écriture pour l’émission Les Contes du jour et de la nuit sur France Musique, avec Véronique Sauger.
H.M — La poésie est souvent vue comme une forme de lutte silencieuse. Comment percevez-vous le rôle de votre poésie dans la sensibilisation aux questions sociales et politiques, en particulier les questions d'actualité ?
I.K — J’ai écrit sur la politique en Tunisie durant la période de 2010-2011, puis sur les années qui ont suivi, abordant des sujets tels que la femme, Kasserine, et les enjeux économiques et socio-politiques dans certains de mes articles publiés sur Facebook. La poésie est chargée d’émotions débordantes ou refoulées, mais elle est aussi un miroir reflétant un quotidien en mouvement, que ce soit le mien ou celui des autres. Je reste attentive aux besoins des Tunisiens, essentiellement.
H.M — Votre lutte contre la maladie chez elle influence votre écriture et votre vision de la vie ?
I.K — Ma maladie a façonné mon monde, et la poésie est une porte libératrice des maux et des frustrations, des pourquoi… La décompensation psychotique n’est pas une pathologie facile, et j’ai dû chercher très profondément en moi le courage d’en sortir, bien sûr avec la méditation et beaucoup de foi. Ma maladie a-t-elle influencé ma vie ? Bien sûr ! Je ne suis plus la même, et le regard que je porte sur les hommes, l’univers et ma propre perception de moi-même a changé.
H.M — Comment la scène culturelle suisse vous a-t-elle accueillie en tant qu'auteure ? Quel a été son impact sur l’ensemble de votre travail poétique ?
I.K — Je suis membre de la SEV qui m’envoie régulièrement les informations concernant la scène culturelle du Valais, et les différentes manifestations littéraires en Suisse.
H.M — Pouvez-vous partager votre collaboration avec France Culture et comment cela a-t-il marqué votre carrière d'écrivaine ?
I.K — Véronique Sauger, pour son émission Les contes du jour et de la nuit sur France Musique, m'a beaucoup encouragée en diffusant, sur une semaine entière en 2011 je crois, une dizaine de mes textes avec une improvisation musicale.
H.M — En tant que poète, quelles sont vos aspirations futures ? Y a-t-il des thèmes que vous souhaitez explorer davantage dans vos œuvres à venir ?
I.K — Il m'arrive parfois de penser à écrire une autobiographie.
H.M — Comment percevez-vous le rôle de la poésie dans la construction de ponts culturels et la promotion de la compréhension interculturelle, notamment entre la Suisse et la Tunisie ?
I.K — Comme je l'ai mentionné plus haut, ma poésie est à la fois une expérience personnelle et universelle.
H.M — Et dans le contexte mondial actuel, quel est, selon vous, le rôle de la poésie et quel impact peut-elle avoir sur les défis socio-politiques contemporains ?
I.K — Un petit poème ou un haïku peuvent en dire long autant un livre entier. On peut lutter avec un poème surtout s’il est chanté.
H.M — Y a-t-il des figures féminines dans la poésie mondiale qui vous inspirent particulièrement ou qui ont influencé votre style d'écriture ou votre choix de la poésie comme genre littéraire ?
I.K — J’ai mon propre style et ma propre sensibilité. Je n’ai pas de poète ou écrivain bien spécifique.
H.M — Existe-t-il des poétesses tunisiennes ou du monde arabe dont le travail vous a marqué et qui ont joué un rôle significatif dans votre parcours poétique ? Si oui, en quoi leur œuvre a-t-elle été importante pour vous ?
I.K— Non. Aucun poète et aucune poétesse ne m’ont influencée. J’ai toutefois découvert une poétesse tunisienne que j’aime lire, Mejda Dhahri.
H.M — Comment percevez-vous le rôle des femmes dans le paysage poétique tunisien et quel impact cela a-t-il eu sur votre propre expression artistique et votre place en tant qu'écrivaine en mouvement et en perpétuel voyage ?
I.K — J’ai récemment découvert des poétesses et écrivaines tunisiennes, et j’aimerais lire le livre « شوارع » (Chawari', Les avenues) de Noura Abid.
Merci, Ibtissem KHALFALLAH, pour vos perspectives éclairantes lors de cet entretien. Vos insights sur la poésie contemporaine tunisienne ont enrichi notre discussion de manière significative. Je suis reconnaissante de votre temps et de votre expertise. J'espère pouvoir suivre de près vos futures réalisations littéraires et continuer à explorer ensemble les enjeux poétiques qui vous passionnent. Merci encore pour cette conversation enrichissante.
Hanen Marouani,« FOCUS SUR IBTISSEM KHALFALLAH : "Ma maladie a façonné mon monde, et la poésie est une porte libératrice des maux et des frustrations…" », photographies fournies par l'autrice,Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2024 | NO III « Florapoétique », 1er Volet& Revue Orientales, « Déesses de l'Orient », n°4, volume 1, mis en ligne le 21 juin 2024. URL :
RÉCEMMENT, LE SITE « PANDESMUSES.FR » A BASCULÉ EN HTTPS ET LA DEUXIÈME PHASE DE SA MAINTENANCE PRENDRA DES MOIS VOIRE UN AN. NOTRE SITE A GARDÉ SON ANCIEN THÈME GRAPHIQUE MAIS BEAUCOUP DE PAGES DOIVENT RETROUVER LEUR PRÉSENTATION INITIALE. EN OUTRE, UN CLASSEMENT GÉNÉRAL PAR PÉRIODE SE MET PETIT À PETIT EN PLACE AVEC QUELQUES NOUVEAUTÉS POUR FACILITER VOS RECHERCHES SUR NOTRE SITE. TOUT CELA PERTURBE ET RALENTIT LA MISE EN LIGNE DE NOUVEAUX DOCUMENTS, MERCI BIEN DE VOTRE COMPRÉHENSION !
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