Enfant, elle m’installait pour dessiner. Elle me tendait une feuille et un crayon. Elle esquissait une fleur aux mille pétales que je devais reproduire. Pendant des années, je répétais ce geste, comme une danse. Les fleurs, je les ai toujours dessinées. Un geste gravé dans la mémoire de mes doigts. Aujourd’hui, je les peins sur des feuilles, sur des toiles. Des tapis de fleurs, pour ma mère, Aïcha.
À propos de l'illustration
J'ai sélectionné pour vous trois photographies de mes peintures représentant trois œuvres que j'ai intégrées dans un montage avec mon portrait photographique.
Biographie
Bouchra SIRSALANE je suis élue à Puteaux, Présidente du Think Tank Femmes Démocrates, formatrice et coach en développement personnel. Le dessin me passionne depuis toujours, et je me suis lancée dans la peinture il y a quelques années. À travers cet art, j'exprime une facette plus artistique de moi-même, ce qui m'apporte beaucoup de plaisir.
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Pour citer cette illustration & ce poème en prose inédits
Bouchra Sirsalane, «“Les fleurs d’Aïcha”, la mémoire du geste », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : HIVER-PRINTEMPS 2025 | NO I « Inspiratrices réelles & fictives », 1er Volet, & Revue Orientales, « Déesses de l'Orient », n°4, volume 1, mis en ligne le 9 janvier 2025. URL :
Crédit photo : Guido Reni (1575-1642), peinture représentant une scène de la Nativité ; la crèche de Noël par l'intermédiaire de « L'adoration des bergers ». Peinture tombée dans le domaine public.
Pour l'étoile du matin
Diamant de l'aurore en fleur, céleste givre,
Lame divine, étoile aux rayons argentés,
Il faut te dédier ce livre,
Ta lumière me l'a dicté ;
Car c'est de l'heure bleue et noire où tu te lèves
À l'heure où tu pâlis dans le ciel rose et vert
Que se cristallisent mes rêves
Parmi les cadences des vers.
La crèche
Pour André
Des rochers de papiers forment l'étable sainte
Où repose un Jésus de cire aux yeux fardés.
Quatre bergers emplis d'une pieuse crainte
Font gauchement de grands saluts intimidés.
L'âne fragile, ayant perdu ses deux oreilles,
Est parti pour l'exil d'un placard ténébreux ;
Mais sur l'enfant, toujours le bœuf tranquille veille,
Ton charme est bien fini : je n'ai plus que la foi.
Ces poèmes spirituels proviennent du recueil de poèmes tombé dans le domaine public de Blanche CAZES, Pour une étoile, [Poèmes par Blanche Cazes], Avignon, AUBANEL FILS AÏNÉ Éditeur (15, Place des Études), 1928, p. 7 puis pp. 42-43.
On a très peu d'informations sur les œuvres et la vie de Blanche Cazes, poète du XXe siècle qui a écrit quelques ouvrages et a participé au moins à une anthologie des poètes d'Oran dans l’Algérie française du siècle dernier. Dans ces extraits poétiques choisis, elle exprime une expérience douce-amère de la vie et une grande sensibilité issue d'une lucidité du réel patente, lyrique et mélancolique. Sa description hyperréaliste de la matérialité d'une crèche usée témoigne d'une critique d'une vision sociale restée ancrée dans un siècle révolu. Sa spiritualité dépasse une certaine idée du christianisme et émerge comme une poésie du cosomos, d'où son invocation de l'étoile du matin comme Muse lyrique et spirituelle guide.
Blanche Cazes, « Pour l'étoile du matin » & « La crèche », poèmes choisis, transcrits & accompagnés d’un bref descriptif par Dina Sahyouni de Blanche CAZES, Blanche CAZES, Pour une étoile (1928), Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : AUTOMNE 2024 NUMÉRO SPÉCIAL | NO IV | « Les femmes poètes européennes par Lya Berger (1877-1941) », 1er Volet, mis en ligne le 28 décembre 2024. URL :
Peut-être trouvera-t-on dans l’anagramme de magie « la formule alchimique du trouble qui s’empare de la pensée à chaque fois qu’il s’agit de dire que c’est une image », se demandait Mathieu Bouvier. Et si c’était là, ce « trouble » qui a envoûté Lucrèce Luciani qui, depuis quarante ans est accompagnée par l’une des premières photographies prise par Edouard Boubat La Petite-Fille-Aux-Feuilles-Mortes qu’elle contemple et qui la contemple sur sa table de chevet.
Un trouble indéfinissable s’installe dans ce récit poétique où ce sont les feuilles que l’on dit « mortes » qui habillent le corps d’une petite fille saisie de dos dans le Jardin du Luxembourg, cette minuscule passante inconnue focalise pourtant toutes les figures réelles ou irréelles qui habitent l’esprit de l’autrice.
Cette image tout à la fois éphémère et intemporelle, Lucrèce Luciani va la transmuter en lumière, « je demandais à la petite fille de la photo de devenir mon étoile », et ce récit de s’étoiler par la grâce empreinte de mélancolie de l’écriture lumineuse de l’autrice.
Car qui est cette petite fille annoncée dans le conte, où Petite-Aile, née dans la forêt de l’imaginaire de la narratrice, apparaît subitement dans le Jardin du Luxembourg comme par enchantement ?
Elle est photographiée par Edouard Boubat qui tombe sous le charme de cette enfant qui s’est confectionné un manteau de feuilles et qui semble contenir, tout en étant unique, toutes les petites filles de la terre, celles qui hantent encore la mémoire de l’autrice et qui y ont laissé leur trace comme « La petite fille brûlée au napalm ».
De cette petite fille qui « ne bougeait pas d’une feuille », Lucrèce Luciani nous confie «Elle me sort du noir/ moi/ qui ne suis qu’un trou noir/ au milieu de moi.»
S’ensuit alors une kyrielle de vers incandescents, trempés dans ce feu de Dieu de la luminescence « Elle est ma Cendrillon / dans son carrosse de feuilles / en-lu-mi-nées/ de lumière et de feu. », « elle brasille de sorcellerie / elle explose d’exquise douleur / sous la mise à feu de Poésis. »
Cette Petite-fille-aux-feuilles-mortes renvoie bien évidemment aux feuilles d’écriture que l’autrice couvre d’encre « Tout est feuille / a dit le poète et / n’est-ce pas mieux que le sempiternel / Tout est poussière ? », se demande-t-elle et de conclure « Il y a de la simplicité/ à être une feuille / d’arbre comme d’écriture, / c’est-à-dire une Protée. » Une « Protée » dont on sait que le nom renvoie aussi bien au Feu divin qui se cache sous les eaux qu’à ses multiples métamorphoses. Cette image comme la figure de Protée ne cesse de se renouveler et de se démultiplier pour renaître entre les lignes de ce recueil qui jamais ne s’effeuille mais bien au contraire se feuillette dans cet infini où se perd, se cherche et se retrouve, l’autrice en quête d’un « doublon », « d’un reflet », «d’un écho » avec lequel elle fusionne « On est le même corps / à deux têtes / On est les mêmes / en soeurs siamoises. » Et de poursuivre « Elle est cette vraie œuvre d’art / qui ne console pas / qui ne distrait pas/ avec du technicolor / et de la musique sans notes. » Cette image se situe dans cet « étant » évoqué par Heidegger, à la fois dans l’être et le non-être, elle y flotte à jamais insaisissable car, écrit Lucrèce Luciani « Je suis la Bête / derrière la Belle / et sans cesse mes yeux / épient une rose / blanche. »
« Rose blanche », on songe à la Divine comédie de Dante qui s’achève sur une rose blanche mystique telle l’unique rose blanche de la Vierge au Buisson de Roses peinte par Schongauer, une rose qui transcende le verbe dans une parole muette.
Nul doute que Lucrèce Luciani nous aura transporté dans cet entre-deux où vie et mort se côtoient jusqu’à se confondre dans un temps suspendu où «…. le regard cloué en elle, la magie a opéré. / La sienne. » Cette « magie » devient la nôtre à cette lecture qui nous octroie de fabuleuses embellies en soulevant sous les feuilles plus vives que mortes, que certains ramassent à la pelle, la magnificence d’images, de métaphores et de réminiscences qui ont partie liée avec l’âme de notre inconscient collectif car l’autrice de nous déclarer qu’il n’y a qu’en « Littérature qu’un être surnaturel, maudit, imaginaire – c’est-à-dire privé d’ombre – peut réellement s’inventer une existence. »
Françoise Urban-Menninger, « La Petite-Fille-Aux-Feuilles-Mortes. Récit poétique de Lucrèce Luciani paru aux éditions Azoé », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques :AUTOMNE 2024 NUMÉRO SPÉCIAL | NO IV | « Les femmes poètes européennes par Lya Berger (1877-1941) », 1er Volet, mis en ligne le 25 décembre 2024. URL :
N° IV | AUTOMNE 2024 | NUMÉRO SPÉCIAL 2024 | Les femmes poètes européennes par Lya Berger (1877-1941) | 1er Volet | Florilège des poèmes primés au Concours féministe de « Poèmes engagés & féministes pour le 25 novembre 2024 »
Silence
Poème primé de
Sandrine Malika Charlemagne
Autrice & documentariste
Crédit photo : Hélène Schjerfbeck (1862–1946), « Silence », peinture tombée dans la domaine public.
Ce poème évoque l"inceste dans l'enfance.
Quand elle pense au silence qu’elle a gardé
Ces mains sur sa peau qui n’étaient pas désirées
Ses cris coincés dans la gorge de l’innocence
Dans cette chambre où piégée s’étendait la nuit
Quand elle pense à ses jambes figées par la peur
Petite poupée raidie dans son lit d’enfant
Les yeux épinglés au grand trou noir de la pièce
Les lèvres scellées comme par un fil de métal
Quand elle pense à la geôle si dure à briser
Par ce flot de paroles si lourd à porter
Empêtrée engluée dans la boue du silence
Si petite sans parvenir à se lancer
Crédit photo : Johann Heinrich Füssli, « Silence », peinture tombée dans la domaine public.
Pour citer ce poème engagé & inédit pour l'élimination des violences sexuelles
Sandrine Malika Charlemagne, « Silence », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : AUTOMNE 2024 NUMÉRO SPÉCIAL | NO IV | « Les femmes poètes européennes par Lya Berger (1877-1941) », 1er Volet, mis en ligne le 10 décembre 2024. URL :
RÉCEMMENT, LE SITE « PANDESMUSES.FR » A BASCULÉ EN HTTPS ET LA DEUXIÈME PHASE DE SA MAINTENANCE PRENDRA DES MOIS VOIRE UN AN. NOTRE SITE A GARDÉ SON ANCIEN THÈME GRAPHIQUE MAIS BEAUCOUP DE PAGES DOIVENT RETROUVER LEUR PRÉSENTATION INITIALE. EN OUTRE, UN CLASSEMENT GÉNÉRAL PAR PÉRIODE SE MET PETIT À PETIT EN PLACE AVEC QUELQUES NOUVEAUTÉS POUR FACILITER VOS RECHERCHES SUR NOTRE SITE. TOUT CELA PERTURBE ET RALENTIT LA MISE EN LIGNE DE NOUVEAUX DOCUMENTS, MERCI BIEN DE VOTRE COMPRÉHENSION !
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