30 août 2021 1 30 /08 /août /2021 16:59

 

​​​​REVUE ORIENTALES (O) | N°1 | Florilège de créations​ / Invitées

 

 

 

 

 

 

Déposée & Longtemps

 

 

 

 

 

 

Evelyne Charasse

 

 

 

 

Crédit photo : Daniel Israël, "Frau am Fenster", image Commons.

 

 

 

Déposée

Par les vagues

Saoulée d'écume

Griffée de sel

Je suis

 

 

 

 

 

Longtemps

Fétu de femme

Le vent

M'a faite

Embrun

 

© E. Charasse

 

 

Pour citer ces deux poèmes

 

Evelyne Charasse, « Déposée  » & « Longtemps », poèmes inédits, Revue Orientales, « Les figures des orientales en arts et poésie », n°1, mis en ligne le 30 août 2021. Url : 

http://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientales/no1/ec-longtemps

 

 

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30 août 2021 1 30 /08 /août /2021 12:15

​​​​N°9 | Femmes, poésie & peinture | Poésie érotique

 

 

 

 

 

 

 

Féminin extrême 

 

 

 

 

 

 

Poème & peinture de

 

Sarah Mostrel

 

Site : https://sarahmostrel.wordpress.com 

Facebook www.facebook.com/sarah.mostrel

 

 

 

© Crédit photo :  Sarah Mostrel, "Sensuelle", peinture. 

 

 

 

 

 

Paroxysme

Ambiant

Insolent

Chaleur

Artistique

Enfin

Paroxystique

Entrain

Refrain

Au sein de

Immobile

Haut, bas

En profondeur

Pourquoi

L’envie ne passe pas

 

 

 

Espoir

Tremblant

Action

Véridique

Idée 

Bienvenue

Féminin extrême

Rassurant ?

Énigme jamais résolue

Énigme combien de fois établie

Énigme sans réponse

Énigme du féminin extrême

Féminin incomplet

Sans toi

Féminin « incomplète »

Sans sourire

Sans sexe

Sans tendresse

Pénétration

Ultime

 

 

 

Sourire encore

Malgré

Chanter encore 

parce que

Décrire encore

Écrire 

Peigner la toile

Adoucir le contour

Les atours

Le paysage

 

 

 

Effets tremblés 

Tremblants

Irrésolus

Flou dit artistique

Beauté du trait indéfini

Inconnu encore

Brûlure

de l’entrejambe

Feu consumant le vert

Espérance

Rêve de toi

Encore

En moi

Durablement

Laps prolongé

Résistance

Cherchant la courbe

La vague

La constance

L’imminence

Viens !

 

 

 

Espacer 

Le ciel

Immuable

Se rassurer encore

avec des repères fixes

Les couleurs de la vie

Les couleurs de l’arc

toujours présentes

Pas comme toi !

Injure

Fuyant

Parti

L’arc en terre

S’est enfoui

Déformé

 

 

 

En quête de 

L’arc-en-ciel

L’horizon de soleil

La vérité aidante

Invisible

Érotisme parfait

Comblant l'injustifiable

L’absence

L’égarement

Reconduction amputante

Éreintante

Éternellement 

vide de sens

Narguante

Inconsciente

Inopérante

Impossible à contrer

Hélas

Hélas…

 


 

Être 

femme

Avoir

À voir ?

Muse

Gracieuse

Inspirante

Tragique

Fatale

Enivrante

Femme

Indispensable

À l’homme de paix 

À l’homme de guerre aussi

Confortant son ego

Destructrice

Ou désarmante…

 

 

 

Femme

en noir 

en blanc

En négatif

Positive

Solidaire

Femme de paix

Femme épuisée

Rompue

Recluse

Enfermée

Femme qui crie

Au silence

Des masses 

Dans la peur 

Des manipulateurs

Odieux escamoteurs 

détracteurs 

de la cause féminine

Affichant dames et oies

Femmes objets

Femmes à vendre 

Femmes en Une

Femmes à consommer

Femmes maltraitées

Malheur des solitudes…

 

 

 

 

Femme victime 

Malmenée

Galvaudée

Cédée à tout vent

Battue

bafouée 

conditionnée

empêchée 

Enfant

Qui peine à grandir

Petite fille 

Incapable de dire

qui luttera 

pour devenir 

Soi, Moi, elles,

Adulte

Elle

Femme 

Valeur inestimable

 

 

 

Être femme

Un destin

Une responsabilité 

Une raison

Un ventre porteur

ou déchiré

Fée ou sorcière

Déséquilibre, instable

Femme discriminée

Femme preuve par dix

Femme singulière

Femme de paix

Femme qui jouit

Femme bonheur

Femme heureuse, enfin ?

 

 

 

 

 

Lutter

Exister

Vivre

Entière

Dévoilée

Trouver sa place

Émerger 

hors de la voie tracée

Femme homme

Femme agile

Femme solide

Femme pilote

Femme flic

Femme roc

Femme tronc

Femme ce qu’elle veut

Femme volontaire

Décisionnaire

Maîtresse de sa vie

Femme enfant

Enfante

Monde vivant

Monde fertile

Fécond

Créateur

Productif

Égalitaire

Monde rêvé

Proche

En zigzag

Selon

Ou loin, 

encore

Selon

Toi

Ta décision

Que veux-tu ?

La vérité

L’amour du réel

Le réel amour 

d’une femme ?

 

 

 

Renaître, exister 

Un long combat

L’aboutissement de l’Histoire 

Femme, enfin femme

Femme, égale

Fame, renommée

Femme

Erotique

Sensuelle

Épanouie

Respectée

Adulée

Bien-aimée

Femme attendue

Femme chérie 

à l’extrême…

 

 

©S. Mostrel

 

 

***

 

Pour citer ce poème féministe

 

Sarah Mostrel (poème & peinture inédits), « Féminin extrême  », poème féministe & érotique inédit, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 9| Fin d'Été 2021 « Femmes, Poésie & Peinture », 2ème Volet sous la direction de Maggy de Coster, mis en ligne le 30 août 2021Url :

http://www.pandesmuses.fr/no9/sm-femininextreme 

 

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30 août 2021 1 30 /08 /août /2021 09:35

 

N° 10 | Célébrations | Entretiens poétiques, artistiques & féministes 

​​

 

 

 

 

 

 

Interview à propos de

 

 

 

« Vi♀lence(s) »

 

 

 

de Paule Andrau

 

 

 

 

Propos recueillis par

 

Françoise Urban-Menninger

 

Blog officiel : L'heure du poème

 

Photographie par

 

Gilles Nadeau

 

 

 

 

​​​​​​© Crédit photo : "Paule Andrau", Juin 2021, cette photographie inédite a été prise par Gilles Nadeau. 

 

 

À lire aussi :

 

 

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES A RENCONTRÉ PAULE ANDRAU :

 

 

 

 

1 Comment l'humanité en est arrivée à ces « Violence(s) » faites aux femmes ? Si l'on en croit Olivia Gazalé dans son ouvrage « Le mythe de la virilité », c'est ce mythe qui est devenu le fondement de l'ordre social et par conséquent l'une des raisons essentielles des violences infligées aux femmes…

 

 

Paule Andrau – La violence semble liée intrinsèquement à l’humain : les récits des origines fondent la vie sur la violence – Caïn tue son frère Abel, Chronos dévore ses enfants, Romulus tue Rémus en fondant Rome. Vie et violence sont liées de façon immémoriale : notre langue, par son enracinement grec et latin, en témoigne : même racine grecque pour ο βιος (masculin) la vie, et η βια (féminin) la force ; le « biologique » est à la fois expression de la vie et témoignage d’une violence  – celle qui intervient dès la naissance avec cette « violence » qui nous est faite pour entrer dans le monde des vivants. En latin, même racine entre vis, la force, vita, la vie et… vir l’homme, le masculin : quand on sait que dans la genèse des langues anciennes, r et s sont interchangeables (phénomène de rhotacisme qui peut s’inverser), cela fait réfléchir.

Jeter un regard sur l’Histoire amène à percevoir que la femme est par nature l’objet et le lieu de la violence, qu’elle soit familiale, conjugale, sociale. Dans Masculin, Féminin. La pensée de la différence, Françoise Héritier, grande anthropologue, cherche à comprendre la hiérarchisation des sexes à partir des « systèmes de parenté » et elle souligne l’inégalité des relations intrafamiliales selon que l’individu est masculin ou féminin. Cette relégation des femmes au second plan constitue une « différence » qui organise le devenir des femmes. Olivia Gazalé choisit d’étudier « le mythe de la virilité »  et de le déconstruire, dans son essai éponyme et, face au pessimisme de Françoise Héritier qui considère que les sociétés s’érigent sur des invariants, elle souligne les avancées que la réflexion sur la place des femmes a connu depuis l’époque du Deuxième sexe de Simone de Beauvoir. 

Mon roman Vi♀lence(s) n’est ni une analyse ni une étude - les travaux précités se suffisent à eux-mêmes. Il restitue les paroles des femmes qui ont trouvé un écho en moi, bien avant le phénomène déclenché par #Metoo. En ce sens, il est un cri jeté à la face des silences qui engloutissent et effacent tant de destins féminins ignorés, il est une protestation contre l’indifférence, le mépris, l’ignorance. Mon roman tresse, en toile de fond, les paroles de trois femmes, 1, 2, 3, qui n’ont pas le même âge, le même statut social, le même vécu et qui pourtant, illustrent, en écho, la réalité des femmes : menstruations, sexualité, maternité, charge mentale, ménopause, incommunicabilité, vieillesse, solitude et abandon.  On comprend au cours de leurs énoncés parcellaires que le roman juxtapose et construit – mais on sent bien qu’ils pourraient être simultanés comme chez Michel Vinaver – qu’elles sont dans un lieu commun, pour des raisons différentes, un de ces couloirs d’hôpital, pas vraiment salle d’attente, où se trouvent répertoriés souffrants et accompagnants dans un ordre seul connu des administratifs ou des urgenciers. Leur plongée dans ce qu’elles ont été est une tentative dérisoire contre la défection de tout l’être que produit toujours la proximité de la mort – de soi ou de l’autre. Dans leur dérive viennent s’inscrire les paroles d’autres femmes, tout aussi niées que les leurs, celles qu’on voit passer sur les brancards, objet d’interrogations ou de commentaires et qui se trouvent là aussi dans une nouvelle forme de l’antichambre de l’enfer.

 


 

2 – Y aurait-il d'après vous un inconscient collectif qui s'est forgé au fil du temps concernant ces violences ?

 

 

Paule Andrau – Les femmes taisent leurs sentiments profonds parce que, même quand elles pourraient parler, elles s’autocensurent : elles ont été façonnées par des millénaires d’oppression tacite qui est le fruit des conventions. Pendant des générations, les femmes ont intégré à leur vie les diktats des pères et d’une éducation qu’on a commencé à remettre en cause, en Occident, dans la deuxième moitié du XXe siècle. Mais pour un grand nombre de femmes dans le monde, la violence qu’elles subissent est un fait de société incontestable : selon un rapport de l’ONU, 47% des femmes dans les pays non occidentaux n’ont pas la libre disposition de leur corps. Le dernier forum de « l’ONU femmes » a qualifié la violence qui leur est faite de « pandémie de l’ombre ». Ce terme rappelle à quel point, jusque dans la postulation de leur liberté, les femmes sont entravées par les modèles intimement inscrits en elles, dès l’enfance, par la société ; même si leur expérience personnelle est différente, les femmes se retrouvent sur des thématiques communes : leur rapport au corps, au sexe, au couple, à l’enfant, à la famille.

Mais quel que soit leur statut social, toutes les femmes, même si elles ne l’ont pas éprouvée dans leur être, connaissent ce qu’on appelle aujourd’hui la « culture du viol ». Aussi, dans la trame des paroles inaudibles que restitue mon roman Vi♀lence(s) s’insèrent les paroles des femmes dont le sort a fait la une des journaux, inscrites dans la mémoire collective des femmes. Si le romancier est comme le disait Marguerite Duras une « chambre d’échos », mon roman amplifie et renvoie à son lecteur la parole confisquée de celles qu’on ne peut effacer : la femme ménopausée au bord du délire, la paria indoue – historique – apôtre des désespérés, la mère meurtrière d’un fils drogué, la fille victime de l’inceste paternel, la brillante élève découvrant son excision, les trois assassinées après leur viol, la déportée devenue juste, la cancéreuse au bord de la mort, la mariée de force,  la mater dolorosa, la femme devenue lesbienne… Toutes inaudibles, anonymes, « héroïnes » malgré elles de faits divers violents, de faits de société passés sous silence. 

Pour Simone de Beauvoir – Le Deuxième sexe –, il n’existait pas de « condition féminine » – par référence à des catégories qui avaient cours à l’époque comme la « condition ouvrière », la « condition paysanne », le monde bourgeois, l’intelligentsia – parce que la femme était le prolongement d’un homme et partageait le statut de celui-ci. Mais les mouvements féministes successifs, l’activisme pragmatique de Gisèle Halimi créant Choisir la cause des femmes, ont fait émerger un « continent » jusque-là occulté. Les paroles des personnages de Vi♀lence(s)  construisent peu à peu la réalité d’une condition féminine qui est celle de l’« expérience du ventre ». Où qu’elles se situent dans la société et quelle que soit leur génération, les femmes ont éprouvé ou connaissent, par proximité – avec d’autres femmes –, par ouï-dire – à travers ce qu’elles lisent –, ce qui découle de leur statut de femme :  la sexualité avec l’indétermination qui commence enfin à être levée sur le consentement, le viol, l’inceste ; la différence entre érotisme et pornographie ; les règles, l’endométriose, la ménopause ; la grossesse,  la contraception et l’avortement ; la maternité choisie, le couple, la charge mentale, le divorce ; la question de « genre »… La réalité des femmes qui est si étroitement liée à leur condition biologique commence seulement à être questionnée, à être reconnue : la même solitude, le même malentendu – affectif, familial, social – malgré les fausses libertés et la plénitude de façade que tous les médias s’accordent à leur conférer. Contre un inconscient collectif victimaire et résigné, les femmes, depuis cinquante ans, ont construit une conscience,  elles deviennent membres du « peuple de la fente » : le vécu féminin est étroitement lié, chez elles, à l’intime.

 

 

 

3 – Quel est votre avis sur les religions, l'éducation, la littérature, les médias quant aux problématiques liées aux violences faites aux femmes ?

 

 

Paule Andrau – Pierre Bourdieu, dans son ouvrage La Domination masculine, établit que celle-ci est produite par « un travail incessant (donc historique) de reproduction auquel contribuent des agents singuliers (dont les hommes avec des armes comme la violence physique et la violence symbolique) et des institutions, familles, Église, État, Écoles ». Il souligne que ce processus pérennise des rapports et des structures de domination que les femmes intériorisent. 

Aussi, dans le roman Vi♀lence(s), cette mémoire collective des femmes s’exprime à travers les douze femmes désignées par des lettres : le roman s’ouvre sur l’expression de X. qui se sent investie d’une mission, celle de collecter et de rapporter  ce qu’elle imagine être le discours intérieur des femmes 1., 2., 3. ; ensuite onze autres femmes prennent la relève : elles consignent les interdits qu’elles ont transgressés et  les atteintes qu’elles ont subies. 

Tout dans la littérature et sur les écrans parle aux femmes : les adaptations cinématographiques ou télévisuelles charrient ces destins sacrifiés, celui de la Gervaise de L’Assommoir, de la Jeanne d'une Vie et tant d’autres – destins conçus par des hommes. Surtout l’actualité avec son lot quotidien de féminicides et d’agressions forge une conscience collective qui s’exprime aujourd’hui chez les femmes par les mouvements du refus et une littérature féministe de combat. 

Rapportées par les médias, racontées par des femmes à d’autres femmes, transportées par l’Histoire et la littérature, ces « récits » parcellaires construisent une conscience féminine polyphonique.

Depuis quarante ans des ouvrages ont brisé les interdits : en 1986, la voix d’Eva Thomas dévoile l’horreur de l’inceste dans Le Viol du silence, elle témoigne à visage découvert dans l'émission, Les Dossiers de l'écran, seule femme face à une dizaine de « spécialistes » de la question, tous masculins. Et en 1992, elle questionne, dans Le Sang des mots, une justice qui condamne pour diffamation les femmes abusées qui ont dénoncé leurs abuseurs. On ne peut pas dire qu’« on ne savait pas ». Dès  1993, Dorothée Dussy, anthropologue et chercheuse au CNRS, publie avec Le Berceau des dominations, Anthropologie de l’inceste, le début de ses travaux qui trouvent leur achèvement en 2013 : son ouvrage est réédité en avril 2021.

Aujourd’hui la parole et la pensée s’émancipent des vieux tabous et les femmes luttent partout pour la reconnaissance : au sein des médias – le témoignage d’une journaliste sportive, « Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste », l’affaire Weinstein –, au sein des entreprises, des administrations, cher les « puissants » – Enquête Epstein et Maxwell. 

 

 

 

© Crédit photo : Première de ouverture du livre, image fournie par les éditions Maurice Nadeau. 

 

 

 

 

4 La société devenant de plus en plus violente, les femmes en sont bien souvent les premières victimes, comment combattre ce fléau ?

 

 

Paule Andrau – Dans les sociétés occidentales comme dans les sociétés patriarcales, les femmes restent des sacrifiées, et ce roman, Vi♀lence(s), tente de saisir ces femmes « en éclats » à travers leurs paroles non dites, bruits intérieurs, silences par lesquels elles deviennent invisibles aux autres. 

La solution se trouve dans l’évolution de la loi. 

La loi de 1980 qui a criminalisé le viol en le rendant passible des Assises et en le définissant a été une avancée considérable, la loi Schiappa de 2018 sur les violences sexistes et sexuelles a permis de réfléchir sur l’âge du consentement et de réprimer les formes de harcèlement. Mais il reste encore à prendre en compte la parole des femmes dans les cas de violences conjugales ou sexuelles par une meilleure formation des services concernés et par des moyens. L’Espagne dans ce domaine, fait figure de précurseur : la loi de protection de 2004 et les moyens qui l’accompagnent – tribunaux spécialisés dans les violences faites aux femmes, moyens financiers investis chaque année pour des plateformes de suivi, des hébergements dédiés, des mesures d’accompagnement – ont été renforcés par un plan  « Pacte d’État » en 2017 – 700 millions d’euros par an. Le mouvement de défense des femmes dans la société civile espagnole a été si puissant que le procès en appel de violeurs en groupe – s’appelant  la « Meute » – a débouché sur une condamnation de ceux-ci à quinze ans de prison (2019). 

Il existe bien des « débuts » de solutions mais elles sont inégales en Europe.

 

 

 

5 – N'est-ce pas par les femmes elles-mêmes que l'on pourra endiguer la violence faite aux femmes ? Votre livre en est une avancée essentielle à l'instar du témoignage bouleversant de Marguerite Binoix « Battue » paru il y a quelques années…

 

 

Paule Andrau – Peut-être qu’il est difficile d’accepter les paroles des femmes qui se taisent sur elles-mêmes, qui inscrivent dans leur conscience blessée les injustices faites aux autres femmes, qui ajoutent à leur propre souffrance celles qu’étalent parfois complaisamment les faits divers, les émissions de toutes sortes. Ces femmes qui restent murées dans leurs silences sont partout, invisibles aux autres. Elles continuent à vivre leur vie quotidienne sans que personne ne perçoive leur “parole de dessous”. Elles n’ont pas de nom. Parfois un article de journal, une enquête médiatique met en évidence un cas monstrueux qu’on croit sporadique et exemplaire. Mais chaque femme vit une forme de violence. 

Les témoignages comme ceux d’Eva Thomas, de Marguerite Binoix, de Valérie Bacot – Tout le monde savait – sont essentiels comme leur diffusion et leur réception par la société civile : la parole des victimes, quand elle est entendue « remet le monde à l’endroit » dit Eva Thomas. Le roman Vi♀lence(s) tente de faire exister les voix des femmes tues, bâillonnées par la nécessité de maintenir la famille malgré les violences, la difficulté à vivre hors du conjoint quand elles ne travaillent pas, leur volonté parfois de s’aveugler sur leur réalité.

Pourtant des femmes s’engagent : outre celles que j’ai citées, une spécialiste comme Muriel Salmona, en créant l’association Mémoire traumatique et victimologie, offre aux femmes victimes et à leurs accompagnants informations et formation. Elle a fait émerger des concepts nouveaux propres aux situations d’emprise et de violence sexuelle : ses travaux  donnent des pistes pour reconnaître et protéger les victimes, lutter contre la culture du déni ; ses campagnes d’opinion Et pourtant c’était un viol (2014), Stop au déni (2015) – Les Sans-Voix – ont permis de mettre en évidence les effets physiques et psychologiques des violences faites dans l’enfance. Elle participe ainsi à faire évoluer les mentalités et à mobiliser les politiques – interventions devant le Sénat et l’Assemblée Nationale.

 

 

 

6 – N'hésitez pas à ajouter des réflexions à propos de votre ouvrage, l'idée même de sa conception, vos objectifs...

 

 

Paule Andrau – Mon roman, Vi♀lence(s), n’est ni une « autofiction » parmi d’autres, ni un « essai » ni un « témoignage ». Il est un hommage aux femmes : comme le ferait une “partition” musicale, il  orchestre des histoires morcelées qui émeuvent, indignent et révoltent, il cherche à ébranler la conscience sociale qui, de façon générale, nie et méconnaît la condition féminine. 

Il a longtemps mûri dans ma pensée, accumulant toutes ces blessures faites aux femmes dont elles ne parlent pas, ces « bris de femmes », comme des sédiments qui ont fini par venir au jour au fil d’un long processus : ces éléments qui semblaient disparates ont pris sens de leur confrontation même, en un kaléidoscope incomplet et mouvant, c’est devenu une création littéraire et artistique qui se revendique pour telle.

Camus fait dire à Caligula, son « héros de l’absurde », « Les hommes meurent et ils ne sont pas heureux ». Il est temps de dire pour les femmes d’aujourd’hui et celles de demain : « Les femmes meurent et elles ne sont pas heureuses ». 




 

 

Biographie de la romancière :

 

Paule ANDRAU est agrégée de lettres classiques et professeure de chaire supérieure, elle a longtemps enseigné la littérature avant d'écrire «  le temps venu » et de prêter sa voix à toutes les femmes qui sont entrées dans sa vie « – femmes du réel, des livres, de l'Histoire, des faits-divers, des films, des rêves – et qui n'en sont jamais ressorties ».

 

 

 

©F. Urban-Menninger

 

 

***

 

 

Pour citer cet entretien féministe 

 

Françoise Urban-Menninger«  Interview à propos de "Vilence(s)" de Paule Andrau » texte inédit, photographie par Gilles Nadeau, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 10 | Automne 2021 « Célébrations », mis en ligne le 30 août 2021. Url :

http://www.pandesmuses.fr/no10/fum-entretien-pauleandrau

 

 

 

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29 août 2021 7 29 /08 /août /2021 11:05

 

N° 10 | Célébrations | Instant poétique avec...

​​

 

 

 

 

 

Danse, danse

 

 

&

 

 

Le monde est dur, mon fils

 

 

 

 

 

 

 

[Invitée]

 

 

Maram Al-Masri

 

Photographie de

 

 

Philippe Barnoud

​​​​​

 

 

 

​​​​​© Crédit photo : Philippe Barnoud, "Maram Al Masri" 2013, photographie fournie par la poète.

 

 

 

 

Danse, danse

mon fils

car tu es né

pour apprendre aux oiseaux

à voler

 

 

Danse, danse

mon fils

pour que le cœur agité du monde se calme

sous le rythme de tes pas

 

 

Danse, danse

mon fils

pour apprendre toi-même à voler

 

 

 

 

 

 

 

Le monde est dur, mon fils

Dur comme un chargeur de mitrailleuse

dur comme les murs d’un centre de rétention

dur comme un regard de mépris

Je ne t’ai pas dit de patienter avant de venir me rejoindre

Je ne t’ai pas dit que les petites plantes

sont facilement écrasées

Je ne t’ai pas dit de venir en étant fort

Ici on les aime avec des diplômes

on les aime avec un compte en banque

Je te dis que les noyés

ne peuvent pas sauver

les noyés

Immigré,

tu seras toujours

dans le viseur du doute

Je ne t’ai pas dit que les immigrés arrivent fragiles

comme les enfants

 

 

 

***

 

 

Pour citer ces deux extraits

 

Maram Al-Masri« Danse, danse » & « Le monde est dur, mon fils », poèmes reproduits avec l'amiable autorisation de l'auteure & des éditions Bruno Doucey, photographie par Philippe Barnoud, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 10 | Automne 2021 « Célébrations », mis en ligne le 29 août 2021. Url :

http://www.pandesmuses.fr/no10/mas-2extraits

 

 

 

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29 août 2021 7 29 /08 /août /2021 10:16

​​​​

​​​​REVUE ORIENTALES (O) | N°1 | Florilège de créations​ / Invitées

 

 

 

 

 

 

 

 

 ​​​Neuf mois

 

 

&

 

 

De ma fenêtre je vois des maisons

 

 

 

 

 

 

 

Maram Al-Masri

 

 

Photographie de

 

 

Salvatore Marrazzo

​​​​​

 

 

 

 

​​​​​© Crédit photo : Salvatore Marrazzo, "Maram Al Masri", photographie fournie par la poète. 

 

 

 

Neuf mois

Et la vie pousse dans les entrailles

comme un poème pousse dans l’imagination

Neuf mois

et un corps grandit dans un autre corps

Neuf mois

et l’attente tricote l’espoir et le rêve

Neuf mois

pour que le silence grandisse

jusqu’au cri

comme une miche de pain qui a levé

comme la lune ronde et pleine

arrivée à son terme

Neuf mois

pour qu’un cœur palpite

dans un cœur

Neuf mois

pour qu’une vie commence

 

 

 

 

 

De ma fenêtre je vois des maisons

leurs fenêtres sont souvent fermées

J’imagine ce qui bouge derrière ces murs épais

Je vois un homme qui rentre chez lui

et une femme qui sort avec un manteau noir

Ils ont deux enfants

La vie leur a permis de les voir grandir

Une maison comme la mienne

cache peut-être des blessures

cache peut-être des histoires

Un jour de dimanche

le jour de la fête de l’amour

je vois l’homme qui revient

avec un bouquet de fleurs

vers sa maison

Une maison qui n’est pas la mienne

s’habille de joie

 

© M. Al-Masri

 

 

Pour citer ces extraits

 

Maram Al-Masri, « Neuf mois » & « De ma fenêtre je vois des maisons », poèmes reproduits avec l'amiable autorisation de l'auteure & des éditions Bruno Doucey, photographie par Salvatore Marrazzo, Revue Orientales, « Les figures des orientales en arts et poésie », n°1, mis en ligne le 29 août 2021. Url : 

http://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientales/no1/mas-2extraits

 

 

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