5 septembre 2021 7 05 /09 /septembre /2021 17:42

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N° 8 | Revue culturelle d'Europe​​​

 

 

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Carnet de voyage, Août 2021.

 

La Croatie : En passant par

 

 Zagreb, Zadar, Split, Trogir,

 

Komin & Dubrovnik

 

 

 

 

 

 

 

Carnet & photographies par

 

Maggy de Coster

​​​​Site personnel

Le Manoir Des Poètes

 

 

 

© ​​​​​​​​​​​Crédit photo : "Un des lacs du parc naturel de Plitvice", photographie prise par la voyageuse Maggy de Coster, Croatie, août 2021. 

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L’histoire de Zagreb capitale de la Croatie depuis le XVIe, remonte à l’an 1094 date de la fondation de son évêché et c’est dans cette ville qu’est né le premier stylo à plume « Penkala » dont l’inventeur est Slavoljub Penkala. Son centre urbain existe depuis le XIe siècle. Son quartier historique, issu de la cité médiévale, bien préservée, est situé dans la ville haute. Un funiculaire relie les deux parties. L’actuel quartier central occupe la ville basse très animée. 

Depuis le XIXe siècle la ville est dotée de tramway mais elle peut être parcourue à pied. Une ambiance intime y règne. Le long du boulevard se dessinent les monuments historiques ceinturés par la gare ferroviaire et la place centrale.

 

 

© ​​​​​​​​​​​Crédit photo : Maggy De Coster, "La Cathédrale de Zagreb", Croatie, août 2021. 

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La Cathédrale de Zagreb reconstruite au XIIIe siècle, rappelle de loin, l’église Saint Urbain de Troyes. Le séisme de mars 2020 l’a amputée du sommet de l’une de ses tours.

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L’Urbanisme dalmate puise ses racines dans la préhistoire. L’influence de l’Italie notamment de Venise est dominante dans la culture et l’architecture de la Croatie. Les apports des Francs sont dans les tombes sont dominants également.

La culture croate est la résultante de la civilisation grecque, romaine, illyrienne et slave. Cependant l’invasion des Turcs à la fin du XVe siècle est responsable de l’effacement de la culture médiévale comme le rasage des châteaux-forts, des couvents et des églises.

La littérature croate voit le jour entre le VIIIe et les IXe siècles. Le latin fut jusqu’en 1847 une des langues officielles avec le croate et le slavon. Ainsi les Croates furent les derniers Européens à parler le latin. Trois alphabets étaient d’usage : romain, glagolitique et cyrillique jusqu’à la Renaissance. 

 

 

© ​​​​​​​​​​​Crédit photo : Maggy de Coster, "L'église Saint Donat de Zadar",  Croatie, août 2021. 

 

 

À Zadar on peut admirer l’église Saint Donat de forme circulaire dédiée à la Sainte Trinité et de construction architecturale byzantine. Elle date du IXe siècle.

 

 

© ​​​​​​​​​​​Crédit photo :  Maggy de Coster, "La grotte bleue dans l'îlot de Bisevo", Croatie, août 2021. 

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Autour de Zadar se déploie l’archipel des Kornati avec ses 140 îles sans oublier le parc naturel de Plitvice avec ses lacs émeraude et ses cascades.

 

 

© ​​​​​​​​​​​Crédit photo :  Maggy de Coster, "L'entrée de la vieille ville de SPlit, Croatie, août 2021. 

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La ville de Split de son nom ancien Aspalathos fut construite en 293 par le dernier empereur romain Dioclétien qui s’y retira de son abdication en 305 jusqu’à sa mort en 311-3113. C’est à l’emplacement de son somptueux Mausolée qu’est érigée la Cathédrale Saint Duje, martyr exécuté sous les ordres de cet empereur ennemi des chrétiens. Cette ville abrite le palais Dioclétien, vénéré par ses sujets le considérant comme « le fils de Jupiter ». La vieille ville est ceinte de gigantesques murailles rappelant Byzance et Rome. Son cœur historique abrite la plus petite rue au monde au nom improbable « laisse-moi passer ».

 

À une demi-heure de Split Trogir est en Dalmatie la ville à l’architecture romano-gothique la mieux préservée de la côte adriatique.

 

 

© ​​​​​​​​​​​Crédit photo :  Maggy de Coster, "Le lagon bleu entre Split et Trogir", Croatie, août 2021. 

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Comment ne pas parler de Komin petit village autour de Ploče traversé par la Neretva, où nous avons fait une halte chez notre amie poète franco-croate Ivanka Paul. Sur ce fleuve est jeté le pont de Pelješac qui relie la Croatie à la frontière de Bosnie-Herzégovine.

 

 

 

​​​​​​​​​​© Crédit photo : "Dubrovnik", photographie prise par la voyageuse Maggy de Coster, Croatie, août 2021. 

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Dubrovnik, l’ancienne République de Raguse construite en majeure partie aux XVe et XVIIe siècles est un mélange du style gothique et du style de la Renaissance. Néanmoins, il existe une vraie harmonie entre l’architecture et l’environnement naturel. En 1204 cette ville connut la domination de Venise jusqu’en 1358 où elle obtint son indépendance par le traité de Zadar.

La vieille ville, classée patrimoine mondial de l’UNESCO abrite le couvent franciscain construit au milieu du XIVe siècle avec soixante chapiteaux différents est bijou architectural alliant les styles roman et gothique.

Appelée « la perle de l’Adriatique » la cité médiévale, bordée d’une muraille fortifiée d’une longueur de 1940 mètres, a fait dire à George Bernard Shaw : « Ceux qui cherchent le paradis sur terre doivent venir à Dubrovnik. » 

 

 

En résumé,  La Croatie compte près de 1200 îles, îlots et récifs. Une soixantaine de ces terres au milieu des eaux est habitée.

 

 

©M. DE COSTER

 

***

 

Pour citer ce texte

 

Maggy de Coster (billet & photographies inédits), « Carnet de voyage, Août 2021. La Croatie : En passant par Zagreb, Zadar, Split, Trogir, Komin & Dubrovnik » texte inédit, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques :  N°8 | Été 2021 « Penser la maladie & la vieillesse en poésie » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, ​​​​mis en ligne le 5 septembre 2021. Url :

http://www.pandesmuses.fr/no8/mdc-croatie

 

 

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LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Numéro 8 Carnet de Voyage O-no2
5 septembre 2021 7 05 /09 /septembre /2021 17:30

​​​​N°9 | Femmes, poésie & peinture | Philosophies & sagesses en poésie

 

 

 

 

 

Parcelle de sagesse

 

 

 

 

 

Mona Gamal El Dine

 

Docteur en sciences de l'art (La Sorbonne Paris), Membre de la Société des Gens de Lettres, Membre du P.E.N Club International, Sociétaire des Poètes Français, Présidente de l'association ISIS Arts & Cultures, Fondatrice des Rencontres des Poètes pour la Paix, Membre de Cercle Universel des Ambassadeurs de la paix (Genève/Paris), Historienne de cinéma & Réalisatrice

 

 

 

Crédit photo : Image de Commons. 

 

 

 

 

« Le pardon, la tolérance et la sagesse sont le langage des grands hommes. »

Proverbe Sénoufo du Burkina Faso (1988)


 

 

 

 

Je cherche mon passe découverte

Je suis le voyageur de la planète

Les barrières sont suspendues entre îles et montagnes, je suis irrésolue

Mes rêves sont si loin, si près

C’est toi encore sagesse à deux pas à peu près

Ô ! Sagesse !

Tu es la plus grande de mes illusions

Le cœur murmure sans démonstration

La raison est prestigieuse sans affirmation

L’amour est une belle émotion sans agitation

C’est toi encore la sagesse qui me parvient sans ondulations

Mes points de repères me basculent sans vibration

Mon chemin a perdu la boussole dans un train de nuit sans alternance

Le soleil joue à cache-cache sans nuances

Les couleurs de l’horizon ont déclaré leur tendance

Les colombes sont orphelines dans le silence de leur communion

Elles ont perdu leur jardin botanique et vivent sans communes 

Je suis au bord de mes larmes mais garde la patience

Pour cette douce amertume, le silence est un bon remède

 

 


 

Ô ! chère Sagesse !

Amène-moi à la première vague

Je t’ai couronnée par l’empire sacré de mes ancêtres  

Mon cœur, mes prières t’accueillent au bonheur du matin

Ô ! Sagesse éternelle !

Fais-moi des confidences

Lorsque tu pars loin

Et

Quand le long jour me pèse

À ce temps, je ne peux pas oublier mes idées cruelles

Peut-être serais-je récompensée après la belle attente

Je n’en veux pas à mon destin

Tu as le goût de séduction et parfois de destruction

Je plante mes racines pour commencer mon adoration

Je te connais bien sans refrains

Ma sagesse éternelle est conduite en modération

Ma tristesse s’envole

Ô ! Sagesse !

J’ouvre mes bras pour t’accueillir jusqu’au dernier souffle d’une bougie d’atmosphère.  

 

 

©M. Gamal El Dine

 

***

 

Pour citer ce poème

 

Mona Gamal El Dine, « Parcelle de sagesse », poème inédit, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 9| Fin d'Été 2021 « Femmes, Poésie & Peinture », 2ème Volet sous la direction de Maggy de Coster, mis en ligne le 5 septembre 2021Url :

http://www.pandesmuses.fr/no9/mged-parcelledesagesse

 

 

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4 septembre 2021 6 04 /09 /septembre /2021 17:10

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Événements poétiques | Justice pour elles ! | Poésies féministes & N° 10 | Célébrations | S'indigner, soutenir, lettres ouvertes & hommages 

 

 

 

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Hommage aux afghanes

 

 

(I & II) 

 

 

 

 

 

Mariem Garaali Hadoussa

 

Artiste plasticienne & poète

Présidente de lassociation "Voix de femme nabeul"

​​​​

 

 

 

© ​​​​​​​​​​​Crédit photo :  Photographie d'une protestation du sort des Afghanes, prise par Mariem Garaali Hadoussa. 

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I

 

 

Être femme afghane aujourd'hui

C'est mourir chaque seconde

De terreur, sans pouvoir se défendre

De la cruauté des talibans pakistanais

Après que les étrangers leurs ont

Ôté tout espoir de survie

Sans papiers

Sans biens ni souvenirs

Sauver leurs vies

Reste l'ultime geste

Hélas le plus souvent

Vers une mort certaine

 

 

Sous les ailes des avions

Ou dans les airs

Tuer des âmes innocentes

Des femmes enceintes,

Crever de balles la chair tendre

Des nouveaux nés

A-t-on vu d'aussi horribles sévices ?!

 

 

Des guerres pour qui pourquoi et contre quoi ?

Le monde observe s'indigne

Mais ne peut rien faire

Les intérêts passent avant les vies

Les religions tuent au lieu de rapprocher et d'unir.

 

 

 

​​II

 

 

© ​​​​​​​​​​​Crédit photo :  Photographie, des images qui ont circulé sur les réseaux sociaux, prise par Mariem Garaali Hadoussa en citation de cette Afghane qui lui a inspiré le poème ci-dessous.

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Hommage aux femmes afghanes

 

Ses yeux verts vifs lancent des éclairs

Bouleversants

 

Stupeur

Horreur

Questionnent

 

 

Vivre trente années de guerre

Et de cavalcades

Est une prouesse en Afghanistan

Traquée par les talibans

Derrière le grillage du burka

La jeine fille est devenue femme

Dont le regard n'est plus

Que haine, amertume et froideur

Comme ce bleu qu'elle porte désormais pour sortir

Une afghane ne doit pas être femme

Tout en elle est péché !

 

 

Leur cause est la nôtre

Nous ne pouvons célébrer ni fêter la femme tant qu'elle sera persécutée et maltraitée

Cette lutte est sans frontières

Elle ne porte qu' un seul drapeau

Celui de la femme libre

Dans sa féminité

Dans son identité

Dans ses pensées

Libre de vivre

sur les terres de ses ancêtres

 

 

Combattre L'obscurantisme

Sans faire exception à aucune religion

Devrait être le but de toutes les nations

 

En quoi la femme peut nuire à l'homme dans ce monde ?

Une cible facile ?

Pas si on lui donne une éducation

Et des droits

Pas si on la respecte !

 

 

©M. Garaali Hadoussa, le 1/9/21.

 

***

 

 

Pour citer cet hommage féministe & politique composé de deux poèmes 

 

Mariem Garaali Hadoussa (poèmes & photos inédits) « Hommage aux afghanes (I & II) », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 10 | Automne 2021 « Célébrations » & Événements poétiques | Insurrection poétique 2021 « Justice pour elles ! », mis en ligne le 4 septembre 2021. Url :

http://www.pandesmuses.fr/no10/mgh-hommageauxafghanes

 

 

 

 

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4 septembre 2021 6 04 /09 /septembre /2021 15:25

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​REVUE ORIENTALES (O) | N°1 | Florilège de créations​ / Invitées

 

 

 

 

 

 

 

 

 ​​​Dans l'ombre des dunes

 

 

 

 

 

 

 

Karen Cayrat

 

Fondatrice & directrice de publication de

Pro/p(r)ose Magazine

 

 

 

 

 

​​​​​Crédit photo :  Delacroix, "Les Femmes d'Alger dans leur appartement", (1834), image libre d'utilisation et de droits. 

 

 


 

 

Le sirocco course

les illusions inscrites

dans les couleurs chaudes

esquissées au creux du jour

sur l'ombre qu'est ton visage





 

 

Faussement lascive

elle s'écorche à l'aurore

drapée dans l'histoire au fil

des nuits racontée,

le feu ardent au dedans

 

 

​​​​​Crédit photo : Porte à Marrakesch, Jonas F., image libre d'utilisation et de droits. 

 



 

Les larmes creusées

dans l'uchronie de nos silences

les armes à terre

la rage d'exister au fond

des yeux, le sable, l'espoir

 

 

 


 

​​​​​Crédit photo : "Désert", image libre d'utilisation et de droits. Cette image et les deux autres qui la précèdent ont été fournies par l'invitée. 


 

 

 

Les dunes effacées

se mirent dans les versants 

de l'aurore battus par 

le souvenir évanescent 

comme le songe d'un ailleurs

fragile retenu avant la bascule

le temps à l'encontre de soi 

saisit par l'incertitude

insoumise

 

 

©K. Cayrat, des tankas et un court fragment poétique inspirés par certaines œuvres de Delacroix.

 

Pour citer cet ensemble de poèmes

 

Karen Cayrat, « Dans l'ombre des dunes », tankas & fragment inédits, Revue Orientales, « Les figures des orientales en arts et poésie », n°1mis en ligne le 4 septembre 2021. Url : 

http://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientales/no1/kc-dunes

 

 

 

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Dernière mise à jour le 5 septembre 2021. 

 

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4 septembre 2021 6 04 /09 /septembre /2021 11:13

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​​​N°8 | Dossier majeur | Articles & témoignages / Entretien poétique, artistique & féministe 

 

​​​​​

 

 

 

 

 

Conversation avec

 

 

Françoise Urban-Menninger

 

 

sur la vieillesse & la maladie en poésie

 

 

 

 

 

 

 

Françoise Urban-Menninger

 

Blog officiel : L'heure du poème

 

 

Peinture de

 

Hélène de Beauvoir

 

par le photographe

 

Claude Menninger

 

Propos recueillis par

 

Dina Sahyouni

 

Poéticienne, éditrice,

 

lyreuse & fondatrice de la SIÉFÉGP

 

 

 

 

​​​​​​© Crédit photo :  Claude Menninger, "Hélène de Beauvoir, Venise, 1960", cette photographie a été prise lors de la rétrospective des œuvres l'artiste Hélène de Beauvoir au Musée Würth à Erstein, photographie inédite fournie par Françoise Urban-Menninger. 

 

 

 


 

1 Qu'est-ce que la vieillesse, qu'est-ce que la maladie en poésie ?

 

Françoise Urban-Menninger –En ce qui me concerne la vieillesse, la maladie, les états d'âme, le spleen comme chez Baudelaire font partie intégrante de la vie. Tous ces paramètres jouent sur le fond de mon écriture et la mettent en jeu (je) car la poésie, comme je la définis souvent, est une forme de résistance dans un monde « où la fuite en avant est de mise ». Donc le fond a partie liée avec un cri qui surgit des profondeurs…

Par contre, la forme « s'assagit » sans aucun doute avec l'âge et la recherche de la sérénité qui consiste à entrer comme l'écrit Gaston Bachelard en « résonance » avec le cosmos. Rappelons-nous que nous sommes de passage sur cette terre et que comme le souligne le physicien Hubert Reeves nous sommes faits de la même structure que les étoiles mortes. Savoir que nous sommes de la « poussière d'étoiles » remet en quelque sorte les pendules à l'heure et réfrène nos ambitions dithyrambiques  à vouloir s'accaparer et exploiter les biens que nous offre  cette planète qui nous accueille depuis des millénaires.

 

 

 

 

2 L'être poète vieillit-il, tombe-t-il malade ? Comment sa poésie exprime cela ?

 

 

Françoise Urban-Menninger – Quand le poète vieillit, il retourne sur les chemins de son enfance comme l'écrit Gaston Bachelard car l'origine et la mort confinent. De ce fait, le poète emprunte les voies de la transcendance pour s'aventurer au-delà des mots et peut-être de lui-même. Bien évidemment la souffrance psychique ou physique ou les deux peuvent entraver cette transcendance… Comment appréhender l'âme du monde et sa musique quand le corps n'est plus que douleur ? Je pense que le caractère du poète, sa vision du monde, ses croyances, et surtout sa perception de la mort influent sur sa création.

Pour éclairer mon propos voici  ce qu'écrit le poète suédois Tomas Tranströmer « La souffrance et la joie pèsent tout à fait le même poids ».

 

 

 

 

3 Que fait la poésie aux maux et désarrois réels ou fictifs des poètes  ? 

 

 

Françoise Urban-Menninger – La poésie n'est pas une panacée pour guérir les maux du corps, par contre elle apaise les maux de l'âme en aidant les êtres comme l' écrivait et le mettait en pratique Montaigne qui tentait d' apprivoiser sa propre mort en y pensant un peu tous les jours tout en chevauchant dans la campagne.

Renouer chaque matin avec la lumière qui nous éclaire, dialoguer comme le fait Christian Bobin avec des tulipes dans un vase, voilà qui peut combler le manque, l'absence ou la déchirure. Renaître encore et toujours au monde, c'est célébrer le poème qui nous met au monde selon l'expression de Guillevic.

 

 

 

 

4 Vos œuvres sont imprégnées par une poésie lyrique liée à cette condition de l'être humain et surtout l'être poète créateur, immortel et mortel à la fois, voudriez-vous nous en parler un peu ?

 

 

Françoise Urban-Menninger – Que dire du lyrisme dans ma poésie sinon qu'il est ma respiration. Un rythme cosmique habite mes écrits, c'est une danse avec la musique des sphères, les cycles des saisons et la quête d'une harmonie existentielle.

Ma mère me disait qu'elle me laissait bébé dans mon landau sous un arbre parmi les fleurs du jardin et je gazouillais tout l'après-midi tendant mes bras vers les feuilles qui tremblaient dans la lumière, c'est sans doute la source de mes rêveries !

 

 

 

 

5 La poésie vieillit-elle ? Tombe-t-elle malade, meurt-elle ? Cette question renvoie au n°0 du périodique "Le Pan Poétique des Muses", qu'en pensez-vous ? Les femmes, poètes, éditrices, traductrices etc., peuvent-elles renouveler la poésie comme le disait Aragon ?

 

 

Françoise Urban-Menninger – La poésie ne meurt jamais ! La poésie authentique est intemporelle et universelle, elle est comprise de tous. Elle survit à tous les genres littéraires et les transcende car elle possède cette force visionnaire qui nous fait encore apprécier les poèmes d'Ovide et plus près de nous ceux de nos aïeules comme Anna de Noailles ou Marceline Desbordes-Valmore… La poésie est une compagne fidèle qui nous aide à vivre et à mourir, elle se renouvelle à travers nous car nous portons en nous les poètes disparus et leur prêtons nos voix pour prolonger la leur. Je pense notamment à Sylvia Plath  ou à Virginia Woolf dont les voix parlent parfois au fond de moi…

 

 

 

 

Pourquoi la vieillesse est-elle vécue comme une maladie sans remède chez Simone Beauvoir ?

 

 

Françoise Urban-Menninger – Sans doute parce qu'il n'y a pas de remède à la vieillesse et que certains refusent cette fin inéluctable inscrite dès la naissance ! Heidegger écrivait qu' « un homme qui naît est déjà assez vieux pour mourir » ! Les cures de jouvence, la chirurgie esthétique ne sont que des pis-allers ! Ce que décrit Simone de Beauvoir dans son livre « La vieillesse », ce sont des fins de vie indignes dans certaines maisons de retraite qui ne sont autres que des antichambres de la mort. La vieillesse à l'époque où elle rédigeait son livre était « un secret honteux », voire « un sujet interdit », plus encore « l'échec de notre civilisation ». Dans ma nouvelle « La résidence » pour laquelle j'ai été primée, j'évoque la déshérence de personnes âgées en perte de repères et d'identité dans le cas de la maladie d'Alzheimer car j'ai été confrontée à ce drame comme beaucoup d'entre nous qui avons des proches atteints par cette maladie. Bien évidemment, je m'interroge sur ma fin de vie, les soins palliatifs, voire l'euthanasie… 

Je ferai une parenthèse pour évoquer ici Hélène de Beauvoir que j'ai eu le bonheur de rencontrer à Goxwiller dans sa ferme. À 80 ans, Hélène m'accueillit un jour avec un marteau piqueur, souriante elle expérimentait la gravure sur du plexiglas ! En me montrant ses tableaux, elle m'avoua en pouffant de rire qu'elle cachait dans chaque toile un élément humoristique connu d'elle seule. Elle m'offrit ce jour-là une belle leçon de vie et un vrai pied-de-nez à la mort !

 

 

7 Y  a- t-il une spécificité de la poésie faite par une femme, valide ou en situation de handicap qui diffère de la poésie d'un homme, autrement dit, le vécu du genre joue-t-il dans la manière dont s'exprime une personne sur les maladies, vieillesse et fin de vie ?

 

 

Françoise Urban-Menninger – Une femme quel que soit son état physique ou mental quand elle écrit de la poésie a le pouvoir de se transcender dans ses écrits ! Encore une fois, écrire de la poésie, c'est chercher au fond de soi la lumière qui éclaire la vie. Les poètes femmes ou hommes comme les mystiques ont partie liée avec le sacré. Je citerai  ce vers de Gabriel Althen « Car chacun, vois-tu, habite son ogive.  Malgré l'ombre, une musique s'y concentre et des soleils s'entrecroisent ». 

 

 

 

8 Faudrait-il consacrer un nouveau volet pour explorer cette thématique du point de vue uniquement des femmes (valides ou en situation de handicap, hétérosexuelles ou non, discriminées ou pas…) ? 

 

 

Françoise Urban-Menninger – C'est une question intéressante et il serait bon de lancer un appel à textes sur cette thématique en l'ouvrant à des textes en proses, récits, témoignages et nouvelles…


 

 

 

9 Quel est votre poème préféré sur cette thématique ?

 

Personnellement, je préfère dépasser la douleur pour tenter d'apprivoiser comme Montaigne ma finitude et terminerai sur une note optimiste car c'est là mon tempérament en citant Goethe qui écrivait à 65 ans en apercevant un arc-en-ciel :

 

 « Ainsi vieillard alerte

Ne te laisse pas attrister,

Malgré tes cheveux blancs

Tu pourras encore aimer »

 

Et je lui répondrai par-delà les ans :

 

 « Avec ce qu'il nous reste

de corps et d'esprit

nous retournerons dans la forêt

des mots

chercher jusque sous nos racines

cette sève du poème

qui féconde nos rêves »

 

 

 

© DS., F. Urban-Menninger & C. Menninger

 

***

 

Pour citer cet entretien

 

Dina Sahyouni, « Conversation avec Françoise Urban-Menninger sur la vieillesse et la maladie en poésie  » texte inédit, illustré par une photographie inédite signée Claude Menninger d'une œuvre de l'artiste plasticienne Hélène de Beauvoir, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques :  N°8 | Été 2021 « Penser la maladie & la vieillesse en poésie » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, ​​​​mis en ligne le 4 septembre 2021. Url :

http://www.pandesmuses.fr/no8/ds-entrevue

 

 

 

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