9 août 2021 1 09 /08 /août /2021 10:51

 

N° 8 | Dossier majeur | Florilège de poétextes 

 

 

 

 

 

 

 

 

le jardin des ombres

 

 

 

 

 

 

Françoise Urban-Menninger

 

Blog officiel : L'heure du poème

 

 

 

 

© ​​​​​Crédit photo : Françoise Urban-Menninger, "le jardin des ombres", photographie d'une statue prise dans le parc de Bad Krozingen en Allemagne. 

 

 

 

pluie sur le jardin des ombres

où je ressource mon âme

quand le jour dans ma nuit

dépose les fruits du silence

 

 

irai-je au bout de ma vie

avec le poème pour cri

dans ce jardin où les roses sans bruit

embaument le cœur de ma rime

 

 

j'écris dans l'enclos des mots

qui cernent l'horizon

pour atteindre en moi

la lumière dans le verbe

 

 

© F. Urban-Menninger, poème du 7 août 2021.

 

 

***

 

Pour citer ce poème 

 

Françoise Urban-Menninger (poème & photographie inédits), « le jardin des ombres », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques :  N°8 | Été 2021 « Penser la maladie & la vieillesse en poésie » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, ​​​​mis en ligne le 9 août 2021. Url :

http://www.pandesmuses.fr/no8/fum-lejardindesombres

 

 

 

 

 

Mise en page par David Simon

 

 

 

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LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Numéro 8 Nature en poésie Muses et féminins en poésie
8 août 2021 7 08 /08 /août /2021 18:05

 

N° 8 | Critique & réception

 

 

 

 

 

 

 

Dialogues avec le jour

 

 

d'Isabelle Poncet-Rimaud.

 

 

Recueil de poèmes paru chez Unicité

 

 

 

 

 

 

Françoise Urban-Menninger

 

Blog officiel : L'heure du poème

 

 

 

 

© ​​​​​Crédit photo : Couverture illustrée du recueil chez Unicité, image fournie par la critique F. Urban-Menninger. 

 

 

 

Originaire  de Lyon, Isabelle Poncet-Rimaud a vécu en Belgique et dans diverses régions de France, notamment à Strasbourg où elle a obtenu le Prix de la Société des écrivains d'Alsace ou encore celui de la Ville de Marlenheim.

 

C'est dire un parcours littéraire riche, nourri par la collaboration avec des musiciens, des artistes-peintres, des écrivains ou des compositeurs tel Damien Charron. Son œuvre traduite et publiée en Roumanie, Portugal, Espagne, Albanie, Islande, Grèce, Inde, USA compte aujourd'hui un nouveau recueil « Dialogues avec le jour » qui nous renvoie à nos interrogations et à notre rapport avec cette mort qui nous accompagne depuis notre naissance, plus présente que jamais dans notre quotidien en ces temps de pandémie…

 

 

 

© ​​​​​Crédit photo : Isabelle Poncet-Rimaud, image fournie par la critique F. Urban-Menninger. 

 

 

 

 

Confinée, Isabelle Poncet-Rimaud scrute le monde depuis son balcon, elle en prend le pouls et écrit « Le temps jardine / avant que de faucher. »

L'on songe à la phrase si juste et si percutante prononcée par le philosophe Heidegger « Dès qu'un homme naît, il est assez vieux pour mourir ».

Car bien évidemment, la mort habite les poèmes de l'auteure, le recueil tout entier en est le linceul et Isabelle Poncet-Rimaud de dédier un texte bouleversant à l'une de ses amies disparues « Ô Colette, ton enterrement / en temps de confinement... » Tout est dit dans ces deux vers : la mort, la solitude, l'isolement et l'incommensurable douleur….

Au bord de l'indicible et du silence, l'auteure s'exprime en vers brefs qui tels des soupirs renvoient à une forme de désespérance et d'impuissance « Jour muet. / Les mots, / Lamentablement, / s'entassent. 

Face à « l'impensable », les mots ne font plus le poids et pourtant des « dialogues » se nouent, perceptibles du bout de l'âme par la poétesse qui les transcrit comme autant d'offrandes lumineuses à la vie et d'évoquer presque heureuse « une partition / pour les notes de la vie. »

« Dans la cour, / l'oiseau libre / avertit / de sa soif d'aimer », écrit-elle avant de replonger dans des interrogations sans réponses « Bilboquet désaxé, / le monde d'entre nos mains, a brusquement chuté. »

 

Mais le 10 mai 2020, veille du premier déconfinement, Isabelle Poncet-Rimaud  s'écrie « Le monde n'est plus mon balcon. » et de clore son livret sur le mot « confiance » qui éclaire son cheminement intérieur qui devient aussi le nôtre lors de cette lecture qui tour à tour nous  interpelle, nous apaise, toujours en nous plongeant dans la pleine lumière de cette quête de nous-mêmes où notre origine et notre finitude confinent.

 

 

© F. Urban-Menninger

 

 

***

 

Pour citer cette réception 

 

Françoise Urban-Menninger, « Dialogues avec le jour d'Isabelle Poncet-Rimaud. Recueil de poèmes paru chez Unicité » texte inédit, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques :  N°8 | Été 2021 « Penser la maladie & la vieillesse en poésie » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, ​​​​mis en ligne  le 8 août 2021. Url :

http://www.pandesmuses.fr/no8/fum-dialoguesaveclejour

 

 

 

 

 

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LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Numéro 8 Muses et féminins en poésie
8 août 2021 7 08 /08 /août /2021 16:36

​​​​​​

Lettre n°16 | À nos ivresses & aux Bacchantes | Poésie des ancêtres | Poétextes thématiques

 

 

 

 

 ​​​​

 

 

Poèmes de faim de vie (extraits)

 

 

&

 

 

Douze chants hérétiques,

 

chant second

 

 

 

 

Thibault Jacquot-Paratte

 

 

Crédit photo : Photographie d'une actrice en "Bacchante Profil de femme avec couronne. Commons.

 

 

 

 

Poèmes de faim de vie (extraits)

 

 

 

Brume citadine mêlée de l'écume de mon souffle

aux boulevards continus où ma vision s'engouffre 

labyrinthe de destinées où l'issu est passage

et profiter de ses errants sans l'devenir j'envisage

et soufflant dans le froid qui s'acharne bruine et pluie

l'orage bientôt en neige ; faire suivi

de ses mots, de ses sacres

de ses moissons de prières

des lueurs de longues nuits

du désespoir le massacre

de vins chauds, d'ambrées bières

engouffre-le chéri,

le passage des fêtes 

et encore faire suivi

continu du pavé c'est tout droit

éternelle marche aveuglée la vaguelette de buée 

le temps qu'il faudra pour ne pa(nne)s essoufflé

qui s'engouffre dans les recoins de creux et de grottes 

creusées où construites en parois nos maisons

et la neige en orage s'évanouissent flocons 

inonde-nous courant, de lieux

chez eux, nuages plancton et flocons, chez eux

ressenti que nous-mêmes l'on retombe en gouttelettes

heurtant à l'air la plage s'érode

s'emporte.

 

*

 

Santé à tous et vous-mêmes,

ceux pour qui vous buvez.

À qui les pas mènent titubants

sombres dans l'obscurité

à la coque fragile coquille

d'œuf en crâne

folie à la routine voit au voyage

l'organisme fonctionner tout seul ;

les courants bougent et décident

les vagues rongent les côtes

les mains palpent les seins de l'amour malhabile

sautent de nos bras et hors de nous les vins

années qui ne nous tiennent plus debout

marionnette de circonstance, 

mais les rois en habits robustes

de qui l'on peint portraits et gravent bustes

savent se défendre mieux que quiconque

et mirent sans zieuter et trinquant

aspirent confiance pour dérouter

et dans les voiles prédire les vents

et craquent coquilles faisons brouiller

sur une assiette voulez-vous votre petit déjeuner?

Il est aussi disponible dans la poêle, dans une feuille

dans du papier journal.

 

*

 

Quand c'qui a eu des beaux massacres

tout le monde a bien mangé

tu t'assois dans ton fauteuil

un cigare à fumer.

Des bains de sang qui coulent à flots

qui forment rivières dans l'caniveau

qu'on draine par aqueduc avec l'eau de nos toilettes

avec quoi on arrose nos plantes.

 

*

 

Image rendue d'une huile parfumée

qui ne reste seule au mur accrochée

qui m'entoure de ses traces, ses mouvements si charmants

elle existe et donc fou elle me rend

la réalité si belle de faveur des lumières

dans la cour de sa f'nêtre je chante air sur air

et en air flotte l'appel tiède de sa chair

aux joues rosées, à la fine figure

toutefois indicible dans son cadre quand est vue

et tableau restera, peinture d'idéaux

qui enjoue autant qu'interne est torture

une autre dose de telle dope; l'on court dans la rue

recherchant une idée vive et douce peau.

 

*

 

La seule drogue qui puisse une emprise sur moi

je ne peux chasser ta présence de mon envie

Quelle est la meilleure façon d'incendier?

Par des mots ou par des gestes ?

D'un aveu ou d'un baiser?

Je n'ai jamais tant voulu tant essayer

la défonce à ne plus voir rien d'autre

mes veines n'ont jamais tant appelé

que mon cœur batte !

Aucune piqûre ne frétille, plus

fumée n'a d'odeur telle

portant à perdre tout sens

et déraison,

à réfléchir d'une autre façon

à qu'est c'qu'a quelle importance.

 

*

 

pourquoi je me drogue alors que je suis

induit en erreur

la paranoïa la plus sincère guide mes actes.

Je remets en cause ce dont je croirais n'être jamais capable 

et pour une raison ou une autre j'aimerais me faire mal.

Je bois, je me drogue

il est tard et je suis fatigué, mais je continue

me force à danser, essaie de m'approcher

de ce qui me fait étrangement du bien

induit en erreur alors que je sais

ce dont je ne serais jamais capable remis en doute.

 

*

 

se connaître soi-même

et masque, ce que l'on ne veut montrer aux autres

les défauts qui nous tourmentent

qui nous transforment en un si faible pour cent de notre capable être.

Je ne boirai pas, je ne prendrai pas de drogue

je refuse de perdre contrôle 

et risquer d'extérioriser mes démons...

À moins que ces vices ne soient la solution ?

 

   

douze chants hérétiques, chant II

 

On buvait des bières en écoutant d'la country

le Québec c'est du beau pays, même s'ils sont arrogant des fois

par endroit y'avait des restes de neige

les premières, les dernières,

il faut faire de la route pour que tout d'un coup

les contrées aient l'air aussi désertes qu'on les voudrait

il sont arrogants des fois ; c'est parce qu'ils s'aiment beaucoup aussi

mais au Québec tout se fait tranquillement, pas vite

la terre a une révolution plus lente

toutes les Maries de l'église catholique

Montréal c'est pas trop mal

mais l'Amérique

c'est pas un continent de villes

décalages

rêves d'où l'on ne se réveil pas

lents

passants

impressionnés par la forme

impressionnés par le désir de l'être

allant du centre-ville au plein air

pour une poignée de billets

ne daignerait pas

pionniers,

aller au lieu de naissance

d'aspirations dépassées

éclatera un jour

bientôt ? Lointain ?

J'espère pour bientôt

la désillusion

mais je suis optimiste

 

fusillé

j'ai ri un grand coup

je suis allé voir ailleurs, et j'y étais

j'ai parcouru le Québec par tous les bouts

toutes les boutes

sauf Anticosti

Ant-

-i-

-(que)-

-(c)-

-(h)osti(e)

qui fut presque vendu aux nazis en 1937

et qui fut vendu au pétrole en 2014.

Tout ça pour un misérable 60% de profits.

À ce prix là,

pas besoin de condoms ! 

C'était un soir au Québec que je m'étais fait traiter de radin car je ne donnais pas l'argent que je n'avais     pas moi-même !

Quelque part, le Québec me rappelle beaucoup l'Afrique.

Comment généraliser un si grand continent !

Tant-pis, je m'y lance – 

c'est vrais qu'en générale partout dans le sud,

les gens vivent plus les uns sur les autres.

Il fait chaud

on est dehors,

on se rencontre dehors

on passe nos journées ensemble

on voit tout ce qu'on fait

on va se voir

globalement, y'a moins d'espace personnel

on s'attend toujours à avoir des points communs 

on se veut des points communs

on en trouve

on en crée 

on en cherche

on en demande !

On s'attend à aimer les même choses

vouloir les même choses ;

le Québec, pour moi, est trop conformiste

je n'déteste pas la mode, mais je n'suis pas commerciale 

La mode au grand M

la mode dans les arts

les coutures vivantes, formes, broderies...

c'est joli, c'est tout.

Au Québec le regard se projette sur notre apparence pour en déterminer le groupe sociale

« T'es tu un... »,

et on tend facilement la main

Dans Mandabi d'Ousman Sembéné

où les gens cherchent leur partie, cherchent à recevoir

où l'on se concerne de ce que pensent les autres

*

 

Santé à tous et vous-mêmes,

ceux pour qui vous buvez.

À qui les pas mènent titubants

sombres dans l'obscurité

à la coque fragile coquille

d'œuf en crâne

folie à la routine voit au voyage

l'organisme fonctionner tout seul;

les courants bougent et décident

les vagues rongent les côtes

les mains palpent les seins de l'amour malhabile

sautent de nos bras et hors de nous les vins

années qui ne nous tiennent plus debout

marionnette de circonstance, 

mais les rois en habits robustes

de qui l'on peint portraits et gravent bustes

savent se défendre mieux que quiconque

et mirent sans zieuter et trinquant

aspirent confiance pour dérouter

et dans les voiles prédire les vents

et craquent coquilles faisons brouiller

sur une assiette voulez-vous votre petit déjeuner?

Il est aussi disponible dans la poêle, dans une feuille

dans du papier journal.

 

*

 

Quand c'qui a eu des beaux massacres

tout le monde a bien mangé

tu t'assois dans ton fauteuil

un cigare à fumer.

Des bains de sang qui coulent à flots

qui forment rivières dans l'caniveau

qu'on draine par aqueduc avec l'eau de nos toilettes

avec quoi on arrose nos plantes.

 

*

 

Image rendue d'une huile parfumée

qui ne reste seule au mur accrochée

qui m'entoure de ses traces, ses mouvements si charmants

elle existe et donc fou elle me rend

la réalité si belle de faveur des lumières

dans la cour de sa f'nêtre je chante air sur air

et en air flotte l'appel tiède de sa chair

aux joues rosées, à la fine figure

toutefois indicible dans son cadre quand est vue

et tableau restera, peinture d'idéaux

qui enjoue autant qu'interne est torture

une autre dose de telle dope; l'on court dans la rue

recherchant une idée vive et douce peau.

 

*

 

La seule drogue qui puisse une emprise sur moi

je ne peux chasser ta présence de mon envie

Quelle est la meilleure façon d'incendier?

Par des mots ou par des gestes?

D'un aveu ou d'un baiser?

Je n'ai jamais tant voulu tant essayer

la défonce à ne plus voir rien d'autre

mes veines n'ont jamais tant appelé

que mon cœur batte!

Aucune piqûre ne frétille, plus

fumée n'a d'odeur telle

portant à perdre tout sens

et déraison,

à réfléchir d'une autre façon

à qu'est c'qu'a quelle importance.

 

*

 

pourquoi je me drogue alors que je suis

induit en erreur

la paranoïa la plus sincère guide mes actes.

Je remets en cause ce dont je croirais n'être jamais capable 

et pour une raison ou une autre j'aimerais me faire mal.

Je bois, je me drogue

il est tard et je suis fatigué, mais je continue

me force à danser, essaie de m'approcher

de ce qui me fait étrangement du bien

induit en erreur alors que je sais

ce dont je ne serais jamais capable remis en doute.

 

*

 

se connaître soi-même

et masque, ce que l'on ne veut montrer aux autres

les défauts qui nous tourmentent

qui nous transforment en un si faible pour cent de notre capable être.

Je ne boirai pas, je ne prendrai pas de drogue

je refuse de perdre contrôle 

et risquer d'extérioriser mes démons...

À moins que ces vices ne soient la solution?

 

 

Douze chants hérétiques, chant second

 

 

 

On buvait des bières en écoutant d'la country

le Québec c'est du beau pays, même s'ils sont arrogant des fois

par endroit y'avait des restes de neige

les premières, les dernières,

il faut faire de la route pour que tout d'un coup

les contrées aient l'air aussi désertes qu'on les voudrait

il sont arrogants des fois ; c'est parce qu'ils s'aiment beaucoup aussi

mais au Québec tout se fait tranquillement, pas vite

la terre a une révolution plus lente

toutes les Maries de l'église catholique

Montréal c'est pas trop mal

mais l'Amérique

c'est pas un continent de villes

décalages

rêves d'où l'on ne se réveil pas

lents

passants

impressionnés par la forme

impressionnés par le désir de l'être

allant du centre-ville au plein air

pour une poignée de billets

ne daignerait pas

pionniers,

aller au lieu de naissance

d'aspirations dépassées

éclatera un jour

bientôt ? Lointain ?

J'espère pour bientôt

la désillusion

mais je suis optimiste

 

fusillé

j'ai ri un grand coup

je suis allé voir ailleurs, et j'y étais

j'ai parcouru le Québec par tous les bouts

toutes les boutes

sauf Anticosti

Ant-

-i-

-(que)-

-(c)-

-(h)osti(e)

qui fut presque vendu aux nazis en 1937

et qui fut vendu au pétrole en 2014.

Tout ça pour un misérable 60% de profits.

À ce prix là,

pas besoin de condoms ! 

C'était un soir au Québec que je m'étais fait traiter de radin car je ne donnais pas l'argent que je n'avais     pas moi-même !

Quelque part, le Québec me rappelle beaucoup l'Afrique.

Comment généraliser un si grand continent !

Tant-pis, je m'y lance – 

c'est vrais qu'en générale partout dans le sud,

les gens vivent plus les uns sur les autres.

Il fait chaud

on est dehors,

on se rencontre dehors

on passe nos journées ensemble

on voit tout ce qu'on fait

on va se voir

globalement, y'a moins d'espace personnel

on s'attend toujours à avoir des points communs 

on se veut des points communs

on en trouve

on en crée 

on en cherche

on en demande !

On s'attend à aimer les même choses

vouloir les même choses ;

le Québec, pour moi, est trop conformiste

je n'déteste pas la mode, mais je n'suis pas commerciale 

La mode au grand M

la mode dans les arts

les coutures vivantes, formes, broderies...

c'est joli, c'est tout.

Au Québec le regard se projette sur notre apparence pour en déterminer le groupe sociale

« T'es tu un... »,

et on tend facilement la main

Dans Mandabi d'Ousman Sembéné

où les gens cherchent leur partie, cherchent à recevoir

où l'on se concerne de ce que pensent les autres

 

Sembéné, il s'en préoccupait aussi

ça le préoccupait

en fumant sa pipe

l'individualisme, on le lie souvent à l'égocentrisme,

à la méchanceté, au manque de sympathie,

en bref, au capitalisme.

Mais les risques liés au manque de soi-même

de différences,

Pff ! Je souhaiterais qu'on en parle plus

comme je souhaiterais que tout le monde discute

ensemble

on a construit des tours

des barrages

des civilisations

on a rempli des musées

(que l'on visitera plus en criant « last call »)

mais quelqu'un les a conçu !

Moi personnellement, je ne mélangerai pas Égo et identité

Idée

entité.

 

J'ai parcouru le Québec de plein de façons

en pouce, à pieds, en voyages payés,

mais comme toujours pour voir l'Amérique du nord,

faut y aller en voiture

mais comme peuvent en témoigner bien des gens

au Québec de nos jours, on trouve parmi les meilleures bières au monde

entre l'Éphémère, la Maudite, l'Eau Bénite

Trois Pistoles, à Chambly

celles de la Nouvelle-France

comme la Claire Fontaine

et pourtant on y trouve tout de même de la Bush, de la Cinquante et de la Blue Label

va savoir !

De toutes façons, je préfère le cidre.

 

 

***

 

Pour citer ces extraits 

 

Thibault Jacquot-Paratte, « Poèmes de faim de vie (extraits) » & « Douze chants hérétiques, chant second », poèmes inédits, Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°16, mis en ligne le 8 août 2021. Url : 

http://www.pandesmuses.fr/lettreno16/tjp-faimdevie

 

 

 

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5 août 2021 4 05 /08 /août /2021 13:57

 

Lettre n°16 | À nos ivresses & aux Bacchantes | Philosophies & sagesses en poésie 

 

 

 

 

 

La toile d'araignée

 

 

 

 

 

 

Ahcène Mariche

 

 

 

Crédit photo : Pluie sur une toile d'araignée Commons, domaine public. 

​​​

 

 

Devant une toile d’araignée

À méditer et à l’observer

Je me suis laissé

À elle bien tendue,

Je m’imagine suspendu,

M’en libérer est peine perdue.

 

 

Ce que mes yeux voient

Éveille mon émoi

Et me pousse à réfléchir.

Profondément angoissé

Occupé par ma pensée

Comment m’en sortir ?

 

 

Une mouche vient tournoyer

Autour de la toile, tout près

De l’araignée aux aguets.

Fatiguée, elle s’y est posée

Aussitôt elle est happée

En une minute sucée

 

 

Que de mouches ont ainsi péri

Et moi je réfléchis

Au pourquoi de ceci.

Enfin je comprends

Que l’araignée les attend

Pour en vivre s’entend

 

 

Arrive un grand taon

Tout en bourdonnant

Fort et bien portant

La toile est secouée

D’un seul coup transpercée

L’hyménoptère est passé

 

 

La toile n’est que silhouette

Elle ne gêne ni n’inquiète

Il le fait de belle lurette

C’est pour cela qu’il s’en passe

Car le plus fort passe

Et le plus faible trépasse

 

 

Ainsi sont les lois

Telles des toiles je les vois

Le faible s’y débat

C’est un perdu combat

Le plus fort ne s’y fait pas

Il n’en fait pas cas

 

 

À une toile d’araignée

Je compare les lois

Elle prend la mouche facilement

Mais pas le bourdon

Par sa force, il la perfore

À ce propos nous sommes d’accord

 

 

Les lois profitent tout le temps

À ceux qui sont nantis

Ceux qui les subissent souvent

Sont les plus démunis

Médite ! Toi le sage, toi le savant

Pour qui sont-elles tissées ?

 

 

***

 

Pour citer ce poème

 

Ahcène Mariche, « La toile d'araignée », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°16, mis en ligne le 5 août 2021. Url :

http://www.pandesmuses.fr/lettreno16/am-latoiledaraignee

 

 

 

 

 

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4 août 2021 3 04 /08 /août /2021 15:04

 

N° 10 | Célébrations | Poésie dans tous ses états ou Varia d'Articles & de témoignages ​​​​​​

 

 

 

 

 

​​​La poésie française contemporaine à Carthagène des Indes en Colombie

 

 

 

Maggy de Coster

​​​​Site personnel

Le Manoir Des Poètes

 

Textes publiés avec l'aimable autorisation des poètes,

des Éditions du Cygne & de la traductrice

 

 

© ​​Crédit photo :  "Les drapeaux des 14 pays participants au festival". Images du festival fournies par M. De Coster, no 1. 

 

 

Compte-rendu :

 

URL : https://www.facebook.com/Felicar/videos/217831026888397/

3373 personnes sont abonnées

Site : http://felicar.com.co/

TEL : +57 302 4050692

Email : felicar.feria@gmail.com

 

 

© ​​Crédit photo :  "Les recueils des poètes des Éditions du Cygne qui ont participé au festival". Images du festival fournies par M. De Coster, no 2. 

 

 

 

La France a fait partie des quatorze pays présents à la 4ème Foire latino-américaine du Livre de Carthagène des Indes en Colombie, dirigée par Walter Caicedo qui m’a demandé de mettre à l’honneur les poètes français et c’est avec plaisir que j’ai présenté les neuf auteurs des Éditions du Cygne dirigées par Patrice Kanozsai, qui se donne à fond pour la poésie d’ici et d’ailleurs. Le Festival qui s’est tenu en virtuel du 21 au 25 juillet 2021 a été suivi le 23 juillet, jour de notre intervention, par 2065 spectateurs.

 

 

© ​​Crédit photo :  "La page Facebook du festival numérique". Images du festival fournies par M. De Coster, no 3. 

 

 

Les auteurs en présence virtuelle étaient dans l’ordre suivant : 

Pascal BOULANGER, Sophie BRASSART, Irène DUBOEUF, Francis GONNET, Ingrid CALDERÓN-COLLINS, Juan CÀRDENAS, Flavia COSMAS, Berta Lucía ESTRADA ESTRADA, María de los Ángeles PRIETO MARÍN et votre servante Maggy DE COSTER, l’animatrice qui a animé en français et en espagnol.

 

 

 

Si la proximité n’existe que dans l’écart

Chaque ici séjourne

Dans le lointain.

Seul et jamais seul

Dans le trait que laisse le retrait ;

Amour comme

Surprise de l’événement.

Le surcroît qui ne peut être demandé

Répond pourtant à un désir.

Science des couleurs & des sons

Qu’est l’absence quand le cœur au secret

Acquiesce à la beauté ;

Bouche belle d’un baiser

Sous l’œil peint d’eau pure.

 

Pascal Boulanger

(Poème issu de « L’intime dense », Éditions du Cygne, 2021)

**

Lo íntimo profundo

 

Si la cercanía existe sólo en la brecha

Cada una aquí permanece

En la lejanía

Solo y nunca solo

En el trazo que deja la retirada;

Amor como

Sorpresa del acontecimiento.

El excedente que no se puede pedir

Sin embargo, responde a un deseo.

Ciencia de colores y sonidos

¿Qué es la ausencia cuando el corazón en secreto

Asiente a la belleza?;

Hermosa boca con un beso

Bajo del ojo pintado con agua pura.

 

Pascal Boulanger

(Poema traducido por francés por Maggy De Coster).

 

Couture de l'eau, longtemps.

Corps parchemin

 

Lac noir que caressent des repos

que dénouent les parfums

 

Femme relative

qui exore ou bien fume

 

Tâches quotidiennes, rideau sonore des noms

dans la profusion du malheur

qui tenait l'équilibre

 

Ensuite vient l'empreinte des fleurs

celle de l'eau dans l'eau

 

de mes lèvres très sanguines

 

Sophie Brassart

(Poème issu de : « Je vais à la mesure du ciel », Éditions du Cygne, 2021)

 

**

Voy al compás del cielo

 

Costuras de agua, largo tiempo. 

Cuerpo pergamino

 

Lago negro acariciado por descansos

Desatados por los perfumes

Mujer relativa

quien implora o fuma


 

Tareas diarias, cortina sonora de los nombres

en la profusión de la desgracia

que mantuvo el equilibrio

 

Luego viene la huella de las flores

la del agua en el agua

 

de mis labios muy ensangrentados

Sophie Brassart

(Poema traducido por francés por Maggy De Coster)

 

IMPROMPTUS

V

Invisible et présente la mort 

attend derrière la porte

 

j’ouvre la fenêtre

la vie explose

 

la bouche offerte 

aux baisers des nuages

j’embrasse le vent

 

le long des rues désertes

le temps poursuit son cours

dans un silence de fleurs et d’oiseaux.

VI

Exilée dans mon corps

la pensée égarée par le toucher de l’ange

je vis le prodige de l’instant qui scintille.

 

Pourquoi tant de couleurs

et l’horizon muet ? 

Fossoyeur, l’air ne dit mot.

 

Irène Duboeuf

 

(Poème issu de « Un rivage qui embrase le jour », Les Editions du Cygne 2021)


 

IMPROMPTO

 

V

 

Invisible y presente la muerte

espera detrás de la puerta

 

Abro la ventana

la vida explota

 

boca ofrecida

a los besos de las nubes

beso el viento

 

por las calles desiertas

el tiempo sigue su curso

en un silencio de flores y pájaros.

VI

 

Exiliada en mi cuerpo

el pensamiento extraviado por el toque del ángel

Vi el prodigio del instante que centellea.

 

¿Por qué tantos colores?

y el horizonte mudo?

Sepulturero, el aire no dice nada.

 

Irène Duboeuf

(Poema, traducido por francés por Maggy De Coster)


 

Laisse-moi prononcer les silences qui m’unissent à la nuit,

que suinte l’encre de ma mémoire.

 

Bord à bord, se cousent les aplats de la route,

jaune soufre de nos rires,

gris perlé de nos larmes. 

 

Les rides racontent chaque pierre que le regard dépasse. 

 

J’aime tes pas pour ton empreinte, 

tes paroles pour ton souffle, 

 

le noir, 

pour y saisir ta flamme. 

 

Francis Gonnet

(Poème issu de : « Clarté naissante », Éditions du Cygne, 2020)

 

**

Déjame pronunciar los silencios que me unen con la noche,

que rezuma la tinta de mi memoria.

 

Borde a borde, se cosen las áreas planas de la carretera,

amarillo azufre de nuestras risas,

gris perlado de nuestras lágrimas.

 

Las arrugas cuentan cada piedra que la mirada trasciende.

 

Amo tus pasos por tu huella,

tus palabras por tu aliento,

 

el color negro,

para capturar tu llama.

Francis Gonnet

(Poema traducido por francés por Maggy De Coster)

 

© ​​Crédit photo :  "L'organisateur du festival & la couvertue de l'un de ses recueils". Images du festival fournies par M. De Coster, no 4. 

 

 

Crestfallen

it takes packs of cigarettes and sensory overload

it takes traffic jams and dry crackers

it takes re-learning guitar chords your fingers can’t

wrap around

it takes longing for rain

and waiting for car accident estimates

it takes knowing you have a cemetery plot waiting for

you

it takes reversed tarot cards and fast-food

pillows and advil

being sad takes guts

makes the guts heave

makes them seethe

makes them a crystallized core of melted rock

makes them soft like a jellyfish writhing out of water

but i surrender now

i give birth to it now

i run away from it now

i embrace it now

i discard it now

i let it come back now

being sad takes guts

it is needed.

Ingrid Calderón-Collins

Zenith », Éditions du Cygne, 2017)

 

**

Decaída

 

estar triste requiere agallas,

se necesitan paquetes de cigarrillos y sobrecarga sensorial,

se necesitan atascos y galletas secas,

se necesita volver a aprender los acordes de guitarra que tus dedos no pueden

envolver alrededor,

se necesita ser nostálgico por la lluvia

y esperando estimaciones de accidentes automovilísticos,

se necesita saber que tienes una parcela de cementerio esperándote,

se necesitan cartas del tarot invertidas y comida rápida,

almohadas y aspirina,

estar triste requiere agallas,

hace que las tripas se muevan,

las hace hervir,

las convierte en roca fundida,

las suaviza como una medusa que se retuerce en el agua,

pero me rindo 

doy luz a esta tristeza,

me huyo 

la abrazo 

la descarto

dejo que regrese —

estar triste requiere agallas,

 

es necesario.

Ingrid Calderón-Collins

Zenith », Éditions du Cygne, 2017)

 

The Beat of a Chicano Immigrant

 

When you can’t work because of a green paper, 

you’re Beat.

When you’re classified as an Alien with no rights, 

you’re Beat.

When the pity in people’s eyes irritate yours, 

you’re Beat.

This Chicano Immigrant is beaten down 

by the soulless, bureaucratic, hypocritical immigrants of this country

who believe some printed out paper overwrites blood and ancestry.

 

I am exactly where I belong;

my ancestors claimed this to be Aztlán long before

the white settlers.

Their ghosts still dance amongst us, honoring the elements, the directions, the Earth,

the Moon, and the Sun; 

not a capitalist god dressed in greed.

 

The hearts of our Chicano heroes still Beat 

in a rhythm and song that wants 

equality and brotherhood for all races.

The farmer Beat of huelga of Cesar Chavez.

The Redemption Beat of Luis J. Rodriguez.

The Movement Beat of Rodolfo Acuña.

The Newspaper Boyle Heights Beat of Abel Salas.

The Colombian Beat of Antonieta Villamil.

The Los Angeles Poet Society Beat of Jessica Wilson.

The Mexica Ceremony Beat of Freddy Chavez.

The Healing Beat of Iris De Anda.

The All Tribes Beat of John Trudell.

The Nahuatl Beat of Francisco X. Alarcón.

The Mayan Drifter Beat of Juan Felipe Herrera.

The Fist Raising Beat of Dolores Huerta.

And to all the humanitarian hearts of our Activist Brothers and Sisters,

united by the light of compassion and Love, presente!

Juan Cárdenas

(The Beat of an Immigrant Chicano”, Editions du Cygne, 2020)

 

**

© ​​Crédits photos :  "Maggy De Coster". Images du festival fournies par M. De Coster, no 5 et no 6. 

 

 

3. El Ritmo de un Inmigrante Chicano

(Dedicado a mis héroes activistas)

 

Cuando no puedes trabajar debido a papeles verdes,

No te late.

Cuando te clasifican como extranjero sin derechos,

No te late.

Cuando la piedad en los ojos de la gente te irrita,

No te late.

Este inmigrante chicano ha sido golpeado

por los inmigrantes desalmados, burocráticos e hipócritas de este país

que creen que algún papel impreso sobrescribe la sangre y la descendencia.

 

Estoy exactamente donde pertenezco;

Tierras de mis antepasados náhuatl, tumbas Tongva,

Sus fantasmas aún bailan entre nosotros, honrando los elementos, 

las direcciones, la Tierra,

la Luna y el Sol;

no un dios capitalista vestido de codicia.

 

Los corazones de nuestros héroes chicanos y latinos aún laten

en un ritmo y canto que quiere

igualdad y hermandad para todas las razas.

El latido campesino de huelga en Cesar Chavez.

El latido de redención en Luis J. Rodríguez.

El latido en Movimiento en Rodolfo Acuña.

El latido del periódico Boyle Heights en Abel Salas.

El latido poético colombiano en Antonieta Villamil.

El latido  de Los Angeles Poet Society Beat en Jessica Wilson.

El latido de Ceremonia Mexica en Freddy Chavez.

El latido curativo en Iris De Anda.

El latido humano en John Trudell.

El latido Náhuatl Beat en Francisco X. Alarcón.

El latido Mayan Drifter en Juan Felipe Herrera.

El latido santo en Dolores Huerta.

Y a todos los corazones humanitarios de nuestros Hermanos y Hermanas Activistas,

unidos por la luz de la compasión y amor,

presente!

Juan Cárdenas

(Poema tomado de : “The Beat of an Immigrant Chicano”, Editions du Cygne, 2020)

J’ai ramassé tout en paires…

 

J’ai ramassé tout en paires :

deux verres d’eau, deux cuillères,

deux oreillers blancs, duveteux,

deux assiettes à soupe, deux plats,

verres à pied de cristal, porcelaines de Sèvres,

deux de chaque.

 

J’ai rempli les armoires, les garde-mangers, les jours,

soigneusement, timidement,

année après année, instant après instant,

j’ai vécu avec deux visages jumeaux en ma pensée,

j’ai respiré deux silences, j’ai pleuré deux larmes,

—une pour toi—

J’ai adoré la symétrie…

 

Une seule chose me manque,

tu me manques toi,

toi, celui qui devrait venir à l’aube,

quand la lune pâle réveille

l’alouette de son sommeil. 

Flavia Cosma—Quartier latin (Editions du CYGNE, Paris, France, 2014)

 

He recogido todo de a pares…

 

He recogido todo de a pares:

dos vasos de agua, dos cucharas,

dos almohadas blancas, vellosas,

dos platos para sopa, dos platos lisos,

copas de cristal, porcelanas de Sevres,

todo tanto como dos.

 

He llenado los armarios, los cuartos, los días,

esmeradamente, tímidamente,

año tras año, instante tras instante,

viví con dos rostros gemelos en la mente,

respiré dos silencios, lloré dos lagrimas

—una para ti— 

Adoré la simetría...

 

Falta una sola cosa,

faltas tú,

tú que deberías venir al rato del alba

cuando la pálida luna despierte

de su sueño de alondra. 

 

Flavia Cosma

« Quartier latin » (Editions du CYGNE, Paris, France, 2014)

 

URL : www.flaviacosma.com / Email : flaviacosma9@gmail.com

 

A la luz del farol del poeta

 

Nací en la noche de los tiempos,

a la luz de la tea del poeta

me di a luz a mí misma

 

Mitigo el tiempo de los pasos perdidos,

la máscara de piedra fue mi semblante,

ocultó las zanjas infringidas por Geras,

engañó a Tánatos, amo y señor del último sueño

 

Beso la tierra, observo la grieta del mundo,

en ella se refleja un rostro despavorido, 

una sonrisa ficticia 

ondea en los labios secos y avejentados

 

Berta Lucía Estrada Estrada

 

***

 

© ​​Crédit photo :  "Maggy De Coster" par Lydia Belo. Images du festival fournies par M. De Coster, no 7. 

 

 

À lueur de la lanterne du poète

 

Je suis née dans la nuit des temps,

à la lumière de la torche du poète

j’ai donné jour à moi-même 

 

Je ralentis le temps des pas perdus, 

le masque de pierre a été mon visage,

il a caché les fossés transgressés par Geras,

a trompé Thanatos, maître et seigneur du dernier sommeil

 

J’embrasse la terre et observe la fissure du monde

où se reflète un visage épouvanté

un sourire factice

mouvant les lèvres sèches et fripées 

Berta Lucía Estrada Estrada, « La ruta del Espejo/ La route du Miroir »

(Poemario traducido por francés por Maggy De Coster, Editions du Cygne, 2012)

bertalucia@gmail.com

 

Extrait de : Raconte-moi les pluies, Éditions du Cygne - 2016

La cloche de l’église venait de sonner deux heures. Elle tintait, se mélangeait au murmure constant des passants qui se dispersaient vers les ruelles grimpant dans les collines. 

Comment avait-elle su ? Comment avait-elle deviné que c’était lui, cette silhouette au loin, assise à une des terrasses ? Peut-être parce qu’il était plus grand que les hommes du pays, et parce qu’il avait la peau blanche. Il y avait aussi le rythme de ses pas, lorsqu’il avait quitté le café. Des enjambées rapides, alors que personne ne se pressait à Dolores. Il détonnait dans la cohue des démarches tranquilles. Il dépassait les marchands aux lourds fardeaux, les femmes qui s’arrêtaient pour parler à une connaissance ou à un vendeur ambulant.

Était-ce la foule qui l’avait poussée vers cet homme ? Peu importe : elle le suivit et c’est à ce moment-là que cette histoire a commencé. Il emprunta une rue, à côté d’un restaurant. Elle marchait derrière lui dans le dédale des rues qui devenaient souvent venelles, parfois voies apparemment sans issue. Elle adoptait son rythme, courait par moments, le perdait parfois à un tournant. Aveuglée par le soleil, elle ne le voyait plus, alors que la silhouette était toujours là, même si elle s’estompait pour épouser le décor lassant à force d’être beau. La beauté pure finit par fatiguer, c’est connu. Les ruelles montaient raides, et Charlotte dut ralentir alors que l’homme continuait sa marche. 

{...} 

L’homme que Charlotte suivait avait l’allure des félins qui se cachaient des humains, dans les collines. Il jeta un regard à droite, à gauche, puis sur elle. Prise par surprise, elle s’est arrêtée, baissa les yeux. »

Traducción de Luis E. Prieto y Ana María Rueda

 

*

Cuéntame las lluvias

La campana de la iglesia sonó dos veces. Vibraba con un timbre desafinado que se mezcló con el murmullo de los transeúntes dispersos en los callejones que subían hacia los cerros.

¿Cómo lo supo? ¿Cómo adivinó que la silueta sentada en una de las terrazas era él? Tal vez porque era más alto que los lugareños y porque tenía la piel blanca. También por el ritmo de sus pasos al salir del café. Pasos rápidos, cuando en Dolores nadie se apuraba. Llamaba la atención en medio de la multitud tranquila. Se distinguía entre los comerciantes con pesadas cargas y las mujeres que se detenían a hablar con algún conocido o con un vendedor ambulante.

 

¿Fue acaso la multitud quien la empujó hacia ese hombre? Poco importa: ella lo siguió y fue entonces cuando todo comenzó. Tomó una calle al lado de un restaurante. Caminaba detrás de él a través del laberinto de calles que a menudo se convertían en callejones, a veces sin salida. Adoptó su ritmo, corrió por momentos, lo perdió en alguna esquina. Cegada por el sol, lo llegó a perder de vista, pues la figura se desvanecía para fundirse en el paisaje que de tan hermoso llegaba a cansar. Todos saben que la belleza pura acaba por aburrir. Las callejuelas se volvieron abruptas y Charlotte tuvo que ir más despacio mientras el hombre continuaba caminando.

[...]

El hombre al que Charlotte seguía se asemejaba a los grandes felinos que se escondían de los humanos en las colinas. Él lanzó una mirada a la derecha, a la izquierda y luego sobre ella. Viéndose sorprendida, ella se detuvo y bajó la mirada.

 

María de los Ángeles Prieto Marín

(« Raconte-moi les pluies », Les Éditions du Cygne, 2016).

 

INÉQUATION

 

Une phrase inachevée 

Sur un papier plié en quatre

Á la croisée des chemins

C’est la sentence de l’être égaré

Fissuré de part en part 

 

*

Les jours entachés

De l’impact d’un fléau mondial

Étirent les distances physiques

Accaparent les tissus effilochés de l’être

Déchirent les pans d’un soi fragile

De râles enrobé jusqu’à l’embouchure du Styx 

 

*

Quand les ténèbres étreignent les rêves 

Insérés dans les viscères du matin 

L’espoir s’évanouit dans les couloirs de l’incertitude 

Les portes du reposoir sont fermées aux pèlerins harassés

Et l’abîme s’ouvre devant eux comme un dernier refuge 

 

*

Dans les plis de l’univers  

Se cachent tant d’énigmes 

Que le vent n’a pas su dissiper

Il nous reste encore à démêler 

Les écheveaux de nos inconséquences 

 

Maggy De Coster, « À fleur de Mots » , Les Éditions du Cygne, 2021.

 

Inecuación

 

Una oración inacabada

En un papel doblado en cuatro

A las encrucijadas de los caminos

Es la sentencia del ser extraviado. Agrietado de lado a lado

 

*

Los días manchados 

Del impacto de una plaga mundial

Estiran las distancias físicas

Acaparan los tejidos deshilachados del ser

Rasgan los paños de “un yo” frágil

De estertores envuelto hasta la desembocadura de la laguna Estigia

 

*

Cuando la oscuridad abraza los sueños

Insertados en las vísceras de la mañana.

La esperanza se desvanece en los pasillos de la incertidumbre

Las puertas del reposadero están cerradas a los peregrinos agobiados

Y el abismo se abre delante de ellos como un último refugio

*

 

En los pliegues del universo

Se esconden tantos enigmas

Que el viento no ha sabido disipar

Todavía tenemos que desenredar

Las madejas de nuestras inconsecuencias

 

Maggy De Coster, « À fleur de Mots », Les Éditions du Cygne, 2021, (autotraducción). 

URL :

https://www.facebook.com/Felicar/videos/217831026888397/

 

 

***

 

 

Pour citer ces extraits bilingues  

 

Maggy de Coster (extraits traduits par), « La poésie française contemporaine à Carthagène des Indes en Colombie », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 10| Automne 2021 « Célébrations », mis en ligne le 4 août 2021. Url :

http://www.pandesmuses.fr/no10/mdc-encolombie

 

 

 

 

 

Mise en page par Aude Simon

 

 

 

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