Paris. Samedi, 20 mai 2025. Institut du Monda Arabe. En prélude à une rencontre avec Jack Lang sur mon projet Louis Massignon, nous visitons l'exposition Trésors sauvés de Gaza. Depuis 2007, le Musée d'art et d'histoire de Genève est le refuge de cinq-cents œuvres archéologiques confiées par l'Autorité nationale palestinienne, des stèles, des amphores, des statuettes, des mosaïques, de l'âge de bronze à l'époque ottomane. Des traces exceptionnelles, soustraites aux destructions systématiques. Cent-trente-pièces de cet ensemble, issues de fouilles franco-palestieniennes entamées en 1995, et de la collection privée de Jawdat Khoudery, sont en fin visibles sur le territoire français. En deux ans de bombardements intensifs, le sionisme a anéanti cinq mille ans d'histoire.
Je reste longtemps immobile devant une statuette grecque d’Hécate d'une trentaine de centimètres. Hécate, fille d'Astéria, déesse de la nuit étoilée. Hécate, déesse de la lune, de la magie, des routes, des carrefours, des passages, des ouvertures. Hécate s'appuie sur un buste d'Hermès, le pessager, la patron des voyageurs, des orateurs. Hécate est, comme son regardeur, perdue dans ses pensées. Sa terre natale se meurt. S'étend sous les yeux une mosaïque de vingt-quatre mètres carrés, érodée par le temps, prélevée en 1997 sur le site de Dair el-Balah, à l'emplacement d'une église byzantine disparue.
Des sites archéologiques, des patrimoines historiques, irremplaçables, sont détruits par l'armée sioniste. Trois cents mosquées, trois églises, sont réduits en poussière. L'adhan ne résonne plus. Les cloches ne retentissent plus. Les appels à la prière, à la paix, étouffés par pilonnges des bombardiers, les crépitements des mitraillettes, les hurlements des soldats enragés. Vie sociale éteinte, les rituels sont suivis sur téléphones portables.
Gaza, antique oasis, confluent des cultures, ouvert sur le monde depuis des millinéraires, cloisonné, emmuré, isolé, assiégé, depuis 1949, Au cinquième siècle avant Jésus-Christ, Hérodote décrit Gaza comme un royaume arabe, habité par les cananéens, les philistins, les peuples de la mer. En 332 avant l'ère chrétienne, Alexandre le Grand occupe la cité, tue tous hommes, expédie ses richesses en Mécédoine. Sous Pompée, Gaza est une province romaine. Au quatrième siècle, sous les byzantins, Gaza se christianise. Le monastère d'Hilarion, fondé par un ermite, enfant aisé du pays, initié à la philosophie grecque, prospère. Le territoire est renommé pour ses pèlerinages et son vin, vinum gazetum ou vina gazatina, exporté dans toute la Méditerranée. L'évêque et historien Grégoire de Tours (538-594), vante ce vin dans ses écrits. Il raconte l'histoire d'une épouse de sénateur lyonnais, qui offre du vin de Gaza à chaque messe qu'elle fait célébrer à l'honneur de son mari jusqu'au jour où elle s'aperçoit que le sous-diacre subtilise le précieux breuvage et le remplaçe par une vulgaire piquette.
Elle s'appelle Palestine
Le nom Palestine est attesté en grec dès le cinquième siècle avant l'ère chrétienne. Hérodote évoque la Syrie-Palestine où le pharaon Psammétique vient, vers 620 avant Jésus-Christ, à la rencontre des Scythes marchant contre l'Egypte et les persuade de quitter le pays sans le piller. Hérodote visite la région. Il décrit les stèles dressées par le pharaon Sésostris. Pline l'Ancien (23-79 après Jésus-Christ) connaît le nom de Palestine. Il en fixe les limites géographiques dans son Histoire naturelle. "Après la ville de Péluse, commencent l'Idumée et la Palestine à la sortie du lac Sirbon". Il dénombre plusieurs cités de Gaza, dont la capitale. Les palestiniens sont dépeints comme des nomades occupant également le Sinaï.
L'empereur romain Adrien utilise l'appelation Palestine comme une dénomination admistrative. Aux lendemains de la révolte de Bar Kokhba, il substitue, en 134, le nom de Syrie-Palestine au terme de Judée. Le toponyme perdure après la conquête musulmane au septième siècle. Le colonialisme occidental reprend le sens chrétien péjoratif de philistins. Il occulte le mot Palestine au profit de Terre sainte, de Levant. L'orientalisme dans sa mystification lexicale. Dans l'article de l'Encycloédie, 1751-1772, de Denis Diderot et Jean le Rond d'Alembert sur la Palestine, se mêlent fantasmes et réalités. "La palestine est un territoire sec, désert, entièrement dépeuplé, partout couvert de rochaes arides. il n'a jamais de quoi nourrir ses habitants. La Palestine actuelle est plus misérable que jamais. Elle est la proie des arabes qui la courent de toutes parts. Ils attaquent les voyageurs et les étrangers". La distinction entre arabes et chrétiens rallume le racisme désasembleur, fractionneur, désagrégeur des Croisades.
La cité de Khan Younès, à trente kilomètres au sud de Gaza, entièrement saccagée aujourd'hui, est une ville mamelouke florissante et prospère au quatorzième siècle. Le caravensérail, khan en arabe, fondé vers 1380, avec ses magasins en rez-de-chaussée, ses logements, sa mosquée coiffée d'un dôme, son enceinte fortifiée, est un patrimoine humain inestimable. Il est irrémédiablement rasé de la surface de la terre. Une pulvérisation totale, absolue, de tout ce qui vit, de tout ce qui existe. Une destruction programmatique, algorithmique, dronique, robotique. Du jamais vu dans l'histoire des guerres. Les rares reportages émanent de journalistes palestiniens traqués comme des proies maudites. Après l'apocalypse, Khan Younès n'est qu'effondrements de béton, amoncellements de gravats, boues malodorantes, poussières asphyxiantes. Des enseignes commerciales, des plaques de rue, des panneaux de circulation gisent par terre. Des habitants hagards ne retrouvement pas l'emplacement de leurs maisons. La cité fantôme dégage une atmorphère lugubre, funèbre, sépulcrale. L'irrespirable refoule intantanément toute manifestation de vie. Des centaines de milliers déplacés condamnés à l'errance, à la mort. Dans les camps de toiles de Rafah, les pluies battantes, les frayeurs tourmentantes, les pensées déroutantes. Je lis d'une traite Un historien à Gaza de Jean-ierre Filiu, éditions Les Arènes, Mai 2025. Je n'en retiens qu'une plongée cauchemardesque dans l'horreur infernale. Entre deux ordres d'évacuation, "Les survivants s'écartent par réflexe. Ils détournent le regard. Ils portent avec honte leur peine. Ils étouffent de leurs deuils. Ils se relient sur leurs proches. Ils réduisent leur horizon à leur seule tente".
Le nom Palestine est attesté en grec dès le cinquième siècle avant l'ère chrétienne. Hérodote évoque la Syrie-Palestine où le pharaon Psammétique vient, vers 620 avant Jésus-Christ, à la rencontre des Scythes marchant contre l'Egypte et les persuade de quitter le pays sans le piller. Hérodote visite la région. Il décrit les stèles dressées par le pharaon Sésostris. Pline l'Ancien (23-79 après Jésus-Christ) connaît le nom de Palestine. Il en fixe les limites géographiques dans son Histoire naturelle. "Après la ville de Péluse, commencent l'Idumée et la Palestine à la sortie du lac Sirbon". Il dénombre plusieurs cités de Gaza, dont la capitale. Les palestiniens sont dépeints comme des nomades occupant également le Sinaï.
L'empereur romain Adrien utilise l'appelation Palestine comme une dénomination admistrative. Aux lendemains de la révolte de Bar Kokhba, il substitue, en 134, le nom de Syrie-Palestine au terme de Judée. Le toponyme perdure après la conquête musulmane au septième siècle. Le colonialisme occidental reprend le sens chrétien péjoratif de philistins. Il occulte le mot Palestine au profit de Terre sainte, de Levant. L'orientalisme dans sa mystification lexicale. Dans l'article de l’Encycloédie, 1751-1772, de Denis Diderot et Jean le Rond d'Alembert sur la Palestine, se mêlent fantasmes et réalités. "La palestine est un territoire sec, désert, entièrement dépeuplé, partout couvert de rochaes arides. il n'a jamais de quoi nourrir ses habitants. La Palestine actuelle est plus misérable que jamais. Elle est la proie des arabes qui la courent de toutes parts. Ils attaquent les voyageurs et les étrangers". La distinction entre arabes et chrétiens rallume le racisme désasembleur, fractionneur, désagrégeur des Croisades.
En 637, Gaza est conquise par le légendaire général musulman Amr ibn al-As, compagnon du prophète. La garnison byzantine est décimée, mais la population est épargnée. Les chrétiens, dans leur majorité, se convertissent à l'islam. Les juifs gardent leur foi en contrepartie d'une imposition de protection, dhimma. La ville est détruite à plusieurs reprises pendant les Croisades. Avec Saladin, Salah Eddine al-Ayoubi (1138-1193), Gaza connaît une nouvelle renaisssance. les ottomans l'incorporent en 1516 à leur empire.
Khan Younès
La cité de Khan Younès, à trente kilomètres au sud de Gaza, entièrement saccagée aujourd'hui, est une ville mamelouke florissante et prospère au quatorzième siècle. Le caravensérail, khan en arabe, fondé vers 1380, avec ses magasins en rez-de-chaussée, ses logements, sa mosquée coiffée d'un dôme, son enceinte fortifiée, est un patrimoine humain inestimable. Il est irrémédiablement rasé de la surface de la terre. Une pulvérisation totale, absolue, de tout ce qui vit, de tout ce qui existe. Une destruction programmatique, algorithmique, dronique, robotique. Du jamais vu dans l'histoire des guerres. Les rares reportages émanent de journalistes palestiniens traqués comme des proies maudites. Après l'apocalypse, Khan Younès n'est qu'effondrements de béton, amoncellements de gravats, boues malodorantes, poussières asphyxiantes. Des enseignes commerciales, des plaques de rue, des panneaux de circulation gisent par terre. Des habitants hagards ne retrouvement pas l'emplacement de leurs maisons. La cité fantôme dégage une atmorphère lugubre, funèbre, sépulcrale. L'irrespirable refoule intantanément toute manifestation de vie. Des centaines de milliers déplacés condamnés à l'errance, à la mort. Dans les camps de toiles de Rafah, les pluies battantes, les frayeurs tourmentantes, les pensées déroutantes. Je lis d'une traite Un historien à Gaza de Jean-ierre Filiu, éditions Les Arènes, Mai 2025. Je n'en retiens qu'une plongée cauchemardesque dans l'horreur infernale. Entre deux ordres d'évacuation, "Les survivants s'écartent par réflexe. Ils détournent le regard. Ils portent avec honte leur peine. Ils étouffent de leurs deuils. Ils se relient sur leurs proches. Ils réduisent leur horizon à leur seule tente".
La Grande Mosquée Al-Omari
La Grande Mosquée Al-Omari, tour à tour temple romain, abritant une statue de Zeux, synagogue, église des croisés dédiée à Sainte Eudoxie, avec ses colonnes, ses arcades circulaires, ses coupoles, son minaret agrémenté de décorations mamloukes, coeur de la cité de Gaza, dans le quartier al-Balad, exemple unique de recylage architectural de marbres antiques et de calcaires crétois par les trois religions monothéistes, mémoire cumulative de nomvreux siècles, est pulvérisée en décembre 2023. A elle seule, cette mosquée était l'emblème de la diversité culturelle et spirituelle, sentinelle immuable des fraternités électives. Elle a survécu aux mutilations des séismes, des conquêtes, des guerres. Il n'en reste plus rien. Sous les cendres d'aujourd'hui, nichaient les lumières du savoir. Rayonnait dans ce sanctiaire la bibliothèque Al-Zahir, fondée par Al-Zahir Baibars en 1277, avec ses ving mille ouvrages, embrassant tous les domaines des sciences et des lettres. Brillaient de mille feux des centaines de manuscrits comme Sharh Al-Ghawamid fi 'Ilm a-Fara'id, Explicitation des hermétismes en psychologie, de Badreddine al-Mardini. Les campagnes napoléoniennes de 1801 ont éparpillé les précieux grimoires. Le pillage coloniale a partout dépouillé les cultures ancestrales de leurs tésors.
Athénadon.
Anthédon au nord de Gaza, aujourd'hui Blakhiya, cité grecque de l'époque mycénienne, occupée entre 250 avant l'ère chrétienne et 70 après Jésus-Christ. Les murailles et les structures portuaires ont fait l'objet de fouilles par une équipe franco-palestinienne entre 1995 et 2005 sous la direction du Père Jean-Baptiste Humbert, membre de l'Ecole biblique et archéologique de Jérusalem. Des maisons héllenestiques aux murs peints, un rempart et la osrte de la ville ont été dégagés. D'autres maisons romaines de l'époque nabatéenne ont également été mis à jour. Athédon n'est plus qu'une dune ébréchée par des carrières, ravagé par les vagues, un camp de réfugiés. Sous les sables, les vestiges d'une ville autrefois prospère, entourée de jardins et de vergers. Anthédon, sans jetée ni ponton, était appelée ar les romains le port des aziotes. Des barques prenaient le fret au large. Les transactions se faisaient sur la plage. Les bateaux phénicens, grecs échangeaient les caravanes arabiques les richesses de la corne d'Afrique, pierres fines, bois rares, textiles, épices, encens, parfums, onguents. Emerge un quartier héllénistique aristocratique avec murs peints dans le style poméien, remarqueblement conservé. Il est clôturé d'une enceinte en brique crue. De l'époque romaine, des maisons contiennent des poteries nabatéenne et des amhores lybiennes, une villa maritima, une fontaine, un bassin gardé par une thiase, cortège de créatures au service de dionysos. Les sables ont vaincu Anthédon vers l'an 300 sous l'emereur Dioclétie. Cf. Jean-Baptiste Humbert, Gaza Méditerranéenne, histoire et archéologie en Palestine, éditions Errance, Paris, 2000. En octobre 2023, Blakhiya et le site archéologique sont broyés par les roquettes et missiles sionistes. Selon des reuves hotographiques fournies par l'archéologue Fadel Al-Attal, le site a été directement ciblé. Le sionisme viole délibérement la Convention de la Haye de 1954 qui protège les biens culturels endant les conflits armés.
Toujours au nord de Gaza, les restes de l'église byzantine de Jabalaya, édifiée au cinquième siècle, dévoile en 2022 des mosaïques animalières et florales impressionnantes, découvertes vinq-cinq plus tôt, avec des palmiers dattiers, des arbres fruitiers, des grappes de raisins, des scènes champêtres, des lions, des gazelles, des lains, des oiseaux, des paons, des poissons, des chèvres, des vaches, des chevaux, des ciens. Des médaillons ovales et rectangulaires, en grec ancien, portent des prières et des noms d'évêques, de prêtres, de bienfaiteurs, datés de 496 à 732, attestant de l'existence d'une communauté chrétienne gazaoui au début de l'ère musulmane. Dans le baptistère attenant l'église, une piscine en forme de croix pavée de mosaïques géométriques et figuratives. Quatre animaux exotiques sont représentés aux coins du bassin btismal, un éléphant, une girafe, un lépoard, un zèbre, des arbres fruitiers et les uatre fleuves du paradis, Gihon, Physon, Euphrate, Tigre. Au nord de Jabaliya, Beit Lahia, village de l'historien chrétien de langue grecque du cinquième siècle Sozomène, auteur d'Histoire ecclésiastique, localité réputée pour son eau douce et ses citronniers. Il y reste des ruines de deux mosquées ottomanes et d'une autre de la période de Saladin. Jabalaya est, ville de quatre-vingt-deux mille habitants, est totalement détruites, en partie assassinée ou exulsée après avoir subi les pires atrocités criminelles d'après les mots de Volker Türk, Haut commissaire des droits de l'homme de l'Onu.
Le Monastère de Saint Hilarion.
Le Monastère de Saint Hilarion, situé sur dunes côtière dans le site archéologique Tell Umm el'Amr, est dédié au fondateur du monachsime chrétien palestinien. Il a été contruit au quatrième siècle et détruit en 614. Le monachisme chrétien oriental incarne un idéal ascétique, dans le désert, espace imperméable à l'agitation du monde, propice à la purification, à la catharsis. Le mot moine provient du grec monachos qui signifie sollitaire. L'anachorète se tient à l'écart. Le terme ermite d'érêmos, désert. Saint Charition (vers 270-vers 350), dit Chariton le confesseur, institue le monachisme du désert vers l'an 320. Il s'installe dans une grotte de Wadi Qelt. Il établit des règles strictes, jeûne permanent, silence continuel, abstinence perpétuelle, un seul reas par jour fait de pain, d'eau et de sel, prière jour et nuit. Les anachorètes sont considérés comme des thaumaturges. La foule se précipite autour d'eux. Les plus courus finissent par créer des monastères. Saint Sabas, disciple d'Euthyme, après s'être retiré dans un grotte du Cédron, érige la Grande Laure, pieurie, avec soiante-dix cellules, puis six autres ermitages à proximité. Il est nommé archimandrite de tous les anachorètes. Il meurt centenaire.
Saint Hilarion, considéré comme le plus vieux monastère de Terre Sainte, . En juillet 2024, le site est inscrit au patrimoine mondial en péril. Les hivers pluvieux ravinent les sols. Les fondations s'affaissent, séventrent sous l'humidité. Les herbes dévorent les pavements des mosaïques. Les murs s'écroulent. Dans une note d'information de 2004 à l'Académie des inscriptions et Belles Lettres, les archéologues français René Elter et palestinien Ayaman Hassoune expliquent l'importance de ce patrimoine, découvert en 1997 par le Service des Antiquités de Gaza à l'occasion d'un projet immobilier dans le lieu dit Oum al-Amr. Cinq caagnes de fouilles sont engagées entre 1997 et 2001. Le site, à dix kilomètres de Gaza, s'étend sur un cordon de dunes littorales à trois mètres de la mer. Il domine des palmiers et des vignes. Il est à l'abri des des vents maritimes et des bourrasques sableuses une grande partie de l'année. Ce sont les vestiges d'un monastère byzantin complet, église, chapelles, crypte, atrium, cellules, annexes, établissement de bain. La pierre utilisée est du grès marin, appelé localement kourkar. La nef de l'église sont pavés mosaïques à décor géométrique. L'autel est axé sur la tombe d'Hilarion et l'inscrition le citant. Le tapis du centre comporte deux médaillons. L'un représente un oiseau. L'autre honore un donateur :"Souviens-toi, Seigneur, de ton serviteur Nestorios le juriste et de toute sa maison". Les différentes restructurations, remaniements, agrandissements des édifices indiquent une augmentation de prestige, une sacralisation progressive et une vénération de plus en plus populaires des lieux. Le monastère et l'adoration des reliques étaient vraisemblablement une étape du pèlerinage du Sinaï. La logique du remodelage transparaît dans le déplacement des baptistères, dans les transformations de la crypte, dans le dallage de marbre gris la nef, dans le recours aux puissantes colonnes de marbre, avant la destruction finale par un tremblement de terre.
Tell es-Sakan est une colline artificielle de huit hectares, dominant la plaine litorale d'une dizaine de mètes, située à cinq kilomètres au sud de Gaza, constituée de ruines accumulés d'une agglomération occupée entre 3200 et 2000 avant Jésus-Christ par des populations égyptiennes et cananéennes. La religion cananéenne désigne des croyances sémites remontant à l'âge de bronze, pratiquées jusqu'aux premiers siècles de l'ère chrétienne, tantôt polythéistes, tantôt monolatristes. Le site est découvert en 1998 à l'occasion de la construction d'un complexe d'habitations. Il est aussitôt fouillé par une équipe archéologique franco-palestinienne. Le creusement de fondations avec des engins mécaniques mettent jour des constructions en brique crue et un abondant mobilier antédilluvien. C'est une clé capitale pour comprendre les relations entre la Palestine et l'Egypte de l'époque prédinatique de l'Ancien Empire, aux quartième et troisième millinéraires avant Jésus-Christ. De nouveaux chantiers immobiliers l'endommagent en 2017.
Non loin de Tell el-Sakan, Tell el-Ajjul, 2100 avant Jésus-Christ, découvert en 1930-1934 par l'archéologue britannique Flinders Petrie (1853-1942), père des fouilles scientifiques en Egypte et Palestine, inventeur de la stratigraphie, qui consiste à prélever les objets couche par couche et les dater avec précision. C'est Flinders Petrie qui explore le cimetière d'Hauwarâ el-Maqta dans le Fayoum et déniche les fameux portraits des défunts momifiés. C'est toujours Flinders Petrie qui prospecte Armana, capitale d'Akhenaton, dixième pharaon de la dix-huitième dynastie au deuxième millénaire avant Jésus-Christ. C'est encore Flinders Petrie qui étudie la pyramide à faces lisses de Maïdoum attribuée à Snéfrou, premier roi de la quatrième dynastie. C'est toujours Flinders Petrie qui découvre la statue colossale de Ramsès II dans le temple de Tanis. En 1999-2000 les fouilles de Tell el-Ajjul sont relancées par l'australo-suédois Peter Fischer et le palestinien Moain Sadeq.
Qasr al-Bacha
Qasr al-Bacha, construit par les Mamlouks au treizième siècle, est bombardé et détruit en 2024. Le premier étage présentait l'emblème du sultan Baybars, une sculpture de deux lions se faisant face. Au dix-septième siècle, l'édifice est une forteresse, dotée de passage sousterrains et de meurtrières, de la dynastie Radwan, puis des pachas ottomans. Elle comportait une mosquée, ne caserne, une armurie. Elle était défendue par des canons. Napoléon y passa trois nuits. Qasr al-Bacha est devenu un musée en 2010. Il est parti en fumée. Des bonnes volontés, comme Projet Intiqal, transmission, initié par Première Urgence Internationale, se mobilisent pour sauver ce qui peut l'être, des artefacts, des éclats, des débrits de mémoire. Cf. Gaza, Comment transmettre le patrioine, le programme Intiqal, sous la direction de René Elter, éditions Riveneuve, Paris, 2025.
Gaza ne dispose pas d'une loi préventive en matière d'archéologie. Même si cette loi existait, elle ne servirait à rien. L'anéantissement ne ménage ni profane ni sacré. Jawdat Khoudary, entrepreneur avait construit une musée privé, Al-Mat'haf, où il exposait les artefacts déterrés dans ses chantiers. Le bâtiment est échaffaudé avec des vieilles pierres, des traverses de chemin de fer, des colonnes de marches débusqués par des pêcheurs. L'équipement est conçu comme une halle de réception de l'hôtel. Se découvrent des colonnes, des chapiteaux, des sculptures, des poteries, des amphores, des sceaux, des bulles, des inscritions grecques et arabes, des ancres, des verreries, des bijoux, des monnaies. La collection bénéficie du soutien scientifique et technique de la Direction des Musées de Genève. En temps normal, certaines pièces sont censurées par les islamistes, des divinités anciennes, une aphrodite dont la robe est jugée trop suggestive. Cf. Alain Chambon, Une collection archéologique privée à Gaza, in ouvrage collectif, La Pioche et la plume, 2ditions Presses Universitaires Paris Sorbonne, 2022. Alain Chambon, Le Musée archéologique de Gaza al-Mathaf et la collection al-Khoudary, in René Elter , Patrimoine en Palestine, enjeux et obstacles à sa mise en valeur, éditions Riveneuve, Paris, 2014. En fvrier 2024, le musé est bombardé. Puis, tout le quartier, à proximité de l'antique cité grecque de Blakhiya-Athédon est passé au buldozer. Jawdat al-Khodary avait sauvegardé une partie de la collection dans son domicile. Sa maison a subi un sac total avant d'être à son tour cannonée. Les antiquités pillées finiront plausiblement dans les salles de vente israéliennes. Il n'y a plus de conservation, sauf pour les objets explitrés en Suisse. Il ne reste qu'un devoir d'inventaire des pertes. L'archologue Jean-Baptiste Humbert rapporte un exemple. Une partie de nacelle d'un char en bronze masopotamien, avec une inscrition cunéiforme, une pièce excetionnelle, cadeau d'un roi sumérien à un monarque égytien, introuvable. L'archéologue la retrouve dans le bureau Jawdat al-Khoudary. Deux mois plus tard, il reçoit une photographie avec la rareté complétement carbonise. Les sionistes l'ont définitivement atomisée. Le grand effacement n'épargne rien.
Mes recherches sur l'archéologie gazaouis se terminent en inventaire des destructions. Inutile de s'emprêtrer dans les recensements macabres. Avec son culturicide racinaire, son ethnocide sanguinaire, le sionisme s'acharne sur la matérialité des choses. Il vise la résignation par la perte. Il faut bien entendu documenter les crimes culturels. Des scientifiques s'y emploient utilement. Des livres pérennisent l'ineffaçable. L'exposition Trésors sauvés de Gaza de l'Institut du Monde Arabe s'affirme comme un acte de résistance. Cf. Sébastien Haule, Carte des lieux. Gaza, inventaire d’un patrimoine bombardé, Le Carnet Hypothèses, Gaza Histoire.
Canaan
Retour sur une histoire multimillénaire. Canaan est un carrefour de plusieurs cultures mésopotamiennes, hourrites, égyptiennes, mycéniennes, crétoises. L'essentiel des connaissances sur la religion cananéenne provient d'une série de tablettes trouvées à Ras Shamra. Le dieu princial était El époux d'Asherah. Mais, la divinité la plus adulée est Baal, maître des pluies et de la fertitilité. Astarté, équivalente de la déesse babylonnienne Ishtar, accompagne et portège les souverain à clai sur un cheval. Adad est le dieu de la tempête, de l'orage, des manifestations climatiques. Son animal-symbole est le taureau. Reshep est le seigneur des mondes souterrains, des enfers, des guerres, des épidémies. La langue des cananéens, intiatrice de l'alphabet, est une forme archaïque de l'hébreu. Les strates du site archéologique de Lakesh, âge de bronze récent, montrent une écriture considérée comme l'ancêtre du phénicien et une cureux alphabet cunéiforme utilisé à Ougarit. Le cunéiforme syllabique traditionne de Masopotamie est régulièment employé.
La civilisation des hourrites remonte à l'âge de bronze. Elle se développe entre le quatrième millénaire et le premier millénaire avant Jésus-Christ. Leur empire Mitanni fusionne avec leurs voisins Hitites. La culture et la langue hourrites restent sibyllines. Les archéologues espèrent obtenir des clarifications des fouilles dans des cités antiques comme Urkesh dans le nord-est de la Syrie. L'historien William James Hamblin (1954-2019) précise : "La conquête de la Mésopotamie par la Hourrites est un phénomène complexe comprenant des implantations pacifiques, des infiltrations de mercenaires à la solde des cités états locales, de invasions de chefs de guerre, et finalement de migrations hourrites à grande échelle de tribus des montagnesvers la vallées fluviales fertiles".
Les grandes découvertes archéologiques sont souvent providentielles. Des agriculteurs labourant leurs champs, des ouvriers creusant des soubassements, des mineurs forant des puits, des défricheurs ouvrant des routes, excavent, par miracle, des merveilles endormies depuis la nuit des tems. La grotte de Lascaux, cathédrale peinte et gravée du paléolithique supérieure, sanctuaire inoui du paganisme, est par hasard, en 1940, par quatre écoliers intrigués par un trou d'arbre déraciné. Les manuscrits de la Mer morte sont par un bédouin en 1947 par un bédouin à la recherche d'un animal. La Mer morte décidément, amenuisée du tiers de sa surface depuis 1970, sous menace d'assèchement à l'instar de la mer d'Aral.
Le corps en Bretagne. L'esprit à Gaza
Je reviens de Bretagne où j'ai tenu une deuxième conférence sur Louis Massignon et préparé un livre sur sujet. Les passerelles se tissent naturellement. J'établis intuitivement des correspondances affinitaires entre palestiniens et bretons. Je pense à la route de l'étain, partant du port de Binic, traversant toute la Méditerranée jusqu'au port gazaoui d'Anthédon. L'étain, métal indispensable pour la confection du bronze, avec le cuivre. Les navires phéniciens frachissent les Colonnes d'hercule jusqu'en Bretagne, en Cornouailles, jusqu'aux mythiques îles Cassitérides, prodigues en mines d'étain.
La légende
Chaque fois que je me retouve sur la côte nord du Finistère, je revisite le cairn de Darnenez, dit Kerdi Bras en Breton, sur un promotoire dominant la baie de Morlais, monument étourdissant du Néolithique de soixante-quinze mètres, témoin des débuts du mégalithisme, cinq-mille ans avant l'ère chrétienne. En 1954, un entrepreneur de travaux publics, sans scrupules, ouvre une carrière, éventre quatre chambres. L'écrivain, linguiste, spécialiste des littératures celtiques, journaliste à Ouest France, Francis Gourvil (1889-1984) alerte le préhistorien Pierre-Roland Giot (1919-2002), considéré comme le créateur de l'archéologie armoricaine, qui, à son tour, fait arrêter le scandaleux chantier par les autorités. S'entament des fouilles de sauvegarde jusqu'en 1968. Le cairn de Douarnanez, classé en urgence monument historique en 1956, surnommé par André Malraux le parthénon mégalithique, me fascine toujours plus à chaque retrouvaille. Se décèlent des restes de peintures polychromes touges noires. Des gravures dans les couloirs représentent d'après les interprétations des archéologues des haches, des arcs. Des signes en U représenteraient des cornes de bovidés. Les croix représentations représenteraient des coprs humains. Les lignes ondulées seraient des vagues. Un rectangle surmonté de gerbe de courbes serait une déesse mère.
Les constructions mégalithiques déclinent des techniques éprouvées, sophistiquées, incroyablement. Chaque oeuvre est unique. La sédentérisation génère une grande architecture en matériau durable, des monuments démesurés, prestigieux, surchargés de symboles, des communications indécryptibles avec le cosmos et les esprits, un art des signes toujours indécodé, des cultures qui gardent leurs secrets. Les cairns, des dolmens, des cromlehs, des menhirs racontent les origines des cultures humaines et leurs veines nourricières perdues.
Que dire du Grand menhir d'Er Grah, dans le Morbihan , vingt-et-un mètres de long, brisé en quatre, de 330 tonnes de poids, érigé au cinquième siècle avant Jésus-Christ ? Dans Notes d'un voyage dans l'Ouest de la Bretagne, 1836, Prosper Mérimée, inspecteur-général des monuments historiques de la France, décrit Locmariaquer : "Après Carnac, la presqu'île de Locmariaker est le canton où se trouve le plus grand nombre de monuments celtiques. Depuis le village de Crac'h, jusqu'à la mer, il n'y a pas de hauteur d'où l'on ne décovre des tumulus, des dolmens, des menhirs, ou des débris de ces monuments. En sortant de Locmariaker, on rencontre un grand menhir renversé. Il a une vingtaine de pieds de long, cinq de diamètre et se termine en pointe. Plus loin se présente un dolmen à moitié détruit. Il semble que son toit était formé de plusieurs pierres horizontales. On n'en plus aujourd'hui qu'une seule en place, remarquable par sa masse, soutenue par des piliers. Elle a une quinzaine de peids de long. En comparaison, les piliers de trois ou quatre pieds au-sessus du sol, irrégulièrement disposés, avec des espaces vides par lesquels on peut passer, sont médiocres. Il m'a semblé que ce dolmen était assis sur un amas de terre artificiellement élevé. On arrive devant plusiuers blocs énormes renversés au bord d'un chemin. On reconnaît, en les examnant, qu'ils ont fait partie de la même pierre. C'était un immense menhir dont les quatre fragments réunis donnent une longuer de soixante-six pieds six pouces. La base, la partie la plus considérable, est encore inclinée sur le bord du trou dans lequel elle était implantée à une profondeur de trois à quatre pieds seulement. Son doamètre dépasse treize pieds. La chute de cette pyramide est inexplicable pour moi. En tombant, la base s'est tournée presque du côté opposé des trois autres fragments, gisants à terre sur une même ligne. Les cassures sont aussi nettes que possible. Dans le choc qui a brisé le menhir, il semble qu'aucun petit éclat ne s'en soit détaché. On dit que c'est la foudre qui l'a renversé. La puissance de la foudre est incalculable. Il n' y a pas de prodige qu'on ne lui puisse attribuer. On estime à plus de cinq cent mille livres le poids du menhir. Le procédé qu'on a utilisé pour le dresser est un sujet de méditation perpétuelle".
Les constructions mégalithiques déclinent des techniques éprouvées, sophistiquées, à la fois lumineuses et nébuleuses. Chaque oeuvre recèle des complexités insaississables. Les druides en étaient probablement les derniers dépositaires. Les cairns, les dolmens, les cromlehs racontent les racines inconnaissables, les sources intarissables, les vitalités indécomposables, les attentes inguérissables. Quant je pense au mehnir monumental d'Er Grah, traduisible par vieille sorcière, je le visualise debout, intact, dans on intégralité originelle. Une âme ineffable l'anime. Je ressens son inaltérable présence, vibratoire, ondulatoire, son intemporalité sacrale. Je ne manque pas une occasion, quand je retourne dans la région, de lui rendre visite. Interlocution muette, secrète, extatique. Là se gîte la pensée rhizomique. Là se niche la conscience indicible.
Dans le même site des mégalithes de Locmariaquer, La table des Marchands, appellation officialisée par Prosper Mérimée après des spéculations nominatives interminables. C'est un dolmen à couloir mesurant dix mètres, composé de dix-huit orthostates supports et trois dalles de couvertures. La dalle centrale mesure 5,72 mètres. La hauteur atteint 2,50 mètres. La dalle de chevet est gravée sur sa face interne d'un motif qui représenterait une déesse à la chevelure rayonnante selon Charles-Tanguy Le Roux ou un symbole phallique selon Serge Cassen, qui traduit un double arc radié sur un rectangle et un croissant comme un habitat monde, la terre, et un bateau, la mer. La poétisation vaut le détour. Une grande hache emmanchée, arme de dissuasion, et trois animaux à cornes, sont de facture réaliste. Cf. Serge Cassen, Le Mané Lud en mouvement. Déroulé de signes dans un ouvrage néolithique de pierres dressées à Locmariaquer, Morbihan, revue Préhistoires Méditerranéennes, N° 2, 2011. L'entrée dans le cairn procure, à chaque fois, une intense émotion, comme un basculement dans d'autres dimensions. Ces ancêtres avaient-ils une connaissance de la physique quantique ?
De la Bretagne à Gaza.
Gaza souffre depuis toujours d'un étrange éternel retour. En 97 avant Jésus-Christ, elle est envahie, détruite et abandonnée par la dynastie juive des Hasmonéens, issues des Maccabées, qui a régné sur la Judée pendant un siècle. Les juifs fêtent toujours las Hanoucca, célébrée pendant huit jours, commémorant la révolte des Maccabées, du nom de Judas, dit le Maccabée, fils aîné de Mathatias l'hasmonéen, bien que es quatre livres décrivant cette épopée ne figurent dans le canon hébraïque."La fête célébrée par Judas et ses concitoyens, en l'honneur du rétablissement des sacrifices dans le Temple durent huit jours, est applée fête des lumières" (Flavius Josèphe, Antiquités juives, livre XII, édité en 93/94 sous le règne de Domitien). Toute la légende, rapportée dans le septième chapitre du deuxième livre des Maccabées, repose sur l'histoire d'une mère et de ses sept fils refusant de manger du porc, interdite par la Torah, mis çà mort par le roi sélucide Anthioxhos IV Epiphas, dit l'illustre, di l'évellé, né vers 215, mort en 164 avant Jésus-Christ. La cryte de l'abbaye de Bobbio, fondée au septième siècle en Emilie Roamagne, Italie, abrite une mosaïque narrant cette allégorie. L'insistance dans le deuxième livre des Macchabées sur le martyr et la résurrection des morts exlique probablement le sens dérivé signifiant cadavre.
L'École de Gaza.
En anéantissant les sites archéologiques gazaouis, c'est ma mémoire de l'humanité que le sionisme ravage. Aux cinquième et et sixième siècles, la cité de Gaza abrite une vie intellectuelle raffinée, ouverte à la diversité. Une littérature vivante, irriguée par la connaissance historique, la recheche épistémologique, la rhétorique, la poésie, voit le jour, plaçant Gaza au centre de la créativité culturelle. Procope de Gaza (vers 370 - vers 530) est un rhéteur officiel, un conférencier public, un tribun renommé. Il cultive l'art oratoire dans le style grenc attique le plus pur. Il écrit. Il enseigne sans prendre part aux querelles théologiques. Il est aussi connu pour ses commentaires exégétiques des Saintes Écritures. De son oeuvre plétorique, il reste trois dialexeis, quatre éthpées, deux descriptions d'oeuvres d'art, des framents d'un discours de bienvenue, un épithalame, un panéyrique impérial, deux monodies. Cf. Procope de Gaza, Discours et fragments, traduction française éditions des Belles Lettres, 2014).
Choricios de Gaza, en latin Choricius Gasæus, écrivain, orateur grandiloquent, rhéteur officiel après la mort de son maître Procope de Gaza. Choricios de Gaza est un chrétien de l'époque de Justinien. Il pratique les genres traditionnels de la controverse, du panégyrique, de la descrition artistique, ekphraseis, de l'oraison funèbre. Ses déclamations s'acompagnent de commentaires. Le style de l'École de Gaza est formaliste, avec évitement systématique du hiatus. Elle draîne des thématiques rebattus. Elle abuse des figures des ciataions des préceptes, des aphorismes, des citations, des tours poétiques. Choricios de Gaza est connu pour son Apologie du mime, recueil de textes dépeignant les mimes, vers 530, les comédiens, les acteurs au sixième siècle. Les mimes, se produisant dans les théâtres, les cirques, les foires, malgré leur dénégreent par le prédicateurs chrétien, sont un rouage essentiel dans les fêtes et lescélébrations de fin d'année. Choricios de Gaza défend les saltimbanques, les cabotins, le farceurs, les matassins, les bouffons, les historiens. L'esprit dionysiaque résiste au dogmatisme. Cf. Choricios de Gaza, L’Apologie des mimes, traduction française éditions Peter Lang, 2019. Le mime était une profession à art entière dans les premiers sicles de l'empire byzantin.La libérté d'expression préside à son exercice. Le mimodrame se définit dans l'antiquité comme une représentation de la vie quotidienne dans ses différentes manifestations.
D'autres penseurs gazaouis. Énée de Gaza (vers 445 - vers 534), philosophe néoplatonicien converti au christianisme, contemporain de Procope de Gaza. Il ne reste de l'auteur que quelques lettres et le Théophraste, dialogue sur l'immortalité de l'âme, la résurrection des cors, l'origine de l'être humain, la providence divine. Il rejette la doctrine de la préexistence de l'âme à son corps arguant de la paresse de l'âme avant son union avec le cors, incapable d'exercer l'une quelconque de ses facultés. Il rejette aussi l'éternité du monde dans la mesure où il est cororel et donc corruptible, quelque soit la perfection de ses mécanismes. Il soutient aussi que le coprs étant constitué de matière et de forme, et même quand la matière érit, la forme contient la puissance de ressusciter cette matière au dernier jour. Les âmes, selon lui, ont été créées de toute éternité par Dieu. Elle sont en nombre limité. D'où la nécessité d'une opération de métempsychose qui passer succéssivement ces âmes de corps en coprs.
Gaza est, à cette époque, un théâtre d'affrontements violents entre païens et chrétiens. Les étudiants chrétiens dénoncent leurs condisciples paëns, adeptes de la magie et lecteurs de livres interdits. La Vie de Porphyre (vers 345 - vers 420), évêque de Gaza, remaniée par Marc le Diacre d'après un texte plus ancien, offre un témoignage unique sur le paganisme et le christianisme à Gaza à la fin du quatrième siècle et au début qu quinzièe siècle. Gaza était si hostile aux chrétiens que leur communauté ne comptait que deux centains de fidèles. Leurs lieux de culte devaient se situer hors d'enceinte de la ville. Gaza, flanquée de son port Maiouma, est entouré d'un cercle monastique dressé contre le concile de Chalcédoine de 451, convoqué par l'empereur byzantin Marcien et son épouse Pulchérie, qui récuse le monphysisme, autrement dit la doctrine affimant que le christ n'a qu'une seule et unique nature, divine, où s'est dissoute la substance humaine. La résistance s'organise autour de grands ascètes comme Pierre l'Ibère et Isaïe, dont Zacharie rédige les biographies. Pierre l'Ibère devient évêque de Gaza en 452, un an arès le concile contesté. Il est contraint de se réfugier en Egypte l'année suivante. Dans son Théophraste, Enée de Gaza relate les miracles de Zénon, le père spirituel de Pierre l'Ibère.
Le grammérien Jean Philopon combat, né vers 490-495 à Alexandrie, mort après 568, auteur du traté Contre Proclus, Sur l'éternité du monde, 529, combat le concile de Chalcédoine sur terrain philodophique. Enée de Gaza, Zacharie, également natif de Gaza, Jean Philopon sont des néolétoniciens, des monophysistes modérés. Dans la rencontre entre le néoplatocisme et le christianisme, c'est l'âme et son entrée en relation avec le coprs qui est l'enjeu.
Ordonné évêque en 395, Porhyre joue un rôle central dans la christianisation de Gaza. Il détruit le temple de Marneion, dédié à Zeus-Marnas et fonde, sur ses débris, une grande église. Cf. Marc le Diacre, Vie de Porphyre, évêque de Gaza, traduction française Les Belles Lettre, 1930. Une édition critique et une traduction française se trouvent dans la thèse de doctorat d'Anna Lampadaridi, La Vie de Porphyre de Gaza par Marc le Diacre, École doctorale Mondes anciens et médiévaux, Paris, 2011.
Le mouvement appelée Troisième Sophistique, débroussailleur de grandes problématiques philosophiques, théologiques, éthiques, permet à Gaza de disputer à Athènes le titre de capitale culturelle de l'empire. L'intérêt des chercheurs est ravivé par la découverte de manuscrits inédits. Plusieurs colloques sont organisés ces deux dernires décennies. En mai 2004, à Poitiers, sous la direction de Catherine Saliou. Les actes sont publiés sous le titre : Gaza dans l'antiquité tradive. Archéologie, Rhétorique, Histoire, Salerno, Hélios, 2005. En mai 2013 au Collège de France, sous la thémtique L'Ecole de Gaza, Espace littéraire et identité culturelle dans l'antiquité tardive, sous la direction d'Eugenio Amato, Lucie Thévenet et Paola d'Alessio. En juin 2014, autre colloque à Nantes, Discours public et déclamation scolastique à Gaza dans l'antiquité tradive.
Le lexicologue et gramairien Timothé de Gaza a vécu au tournant du quinzième et du sixième siècles sous le règne de l'empreur Anastse. Il ne demeure de son traité zoologique Peri Zôôn que des fragments de compilations médiévales, byzantines et arabes. Des extraits sont inclus au dizième siècle dans l'encyclopédie zoolozique, dite syllogé Constantini, de Constantin VII. Le traité de Timothée de Gaza est utilisé dans plusiueurs ouvrages arabes, l'encyclopédie du pjilosophe d'Abou Hayyân al-Tawhidi, né vers 932, en Irak, sous le califat abbasside, mort en 1023, grand prosateur de l'arabe classique. Le biographe Yacout Ben Abdellah al-Roumi al-Hamawi (1179-1229) l'appelle : "faylasouf al-oudabâ' wa adîb al-falâsifa', philosophe des gens de lettres et homme de lettre des philosophes". Personnalité complexe, soupçonné d'hérésie, d'athéisme à cause de son moutazilisme et son soufisme. Cf. Marc Bergé, Essai sur la personnalité morale et intellectuelle d'Abû Hayyân al-Tawhidi, thèse d'Etat soutenu à la Sorbonne en 1976. Version publiée : Marc Bergé, Pour un humanisme vécu : d'Abû Hayyân al-Tawhidi, Institut français d'études arabes, Damas, 1979. Cf. Marc Bergé, Essai sur la personnalité morale et intellectuelle d'Abû Hayyân al-Tawhîdî, thèse d'État, Paris-Sorbonne, 1976 ; version publiée (sous le titre Pour un humanisme vécu : Abû Hayyân al-Tawhîdî, etc.), Institut français d'études arabes de Damas, Damas, 1979. Le traité de Thimothée est également cité, au douzièème siècle, dans Tabaî' al-hayawan, La Nature des animaux, de l'historien, médecin, zoologiste Sharaf al-Zamân Tâhir al Marwazi (1056-1125).
Le phénomène de l'hybridation chez Timothée de Gaza est à la fois mythologique, fantaisiste et poétique. L'auteur se donne comme terrains d'étude l'Inde, l'Afrique et le Moyen-Orient. Il recense les mammifres, les oiseaux et les reptiles. Il applique le principe d'hybridation d'Artistote. Il considère le guépard comme un superhybide, croisement du lion, de la panthère, de l'hyène, de la gazelle, du chamois, et du lièvre. La giraffe serait la métisse de la panthère et du chameau. Les accouplements se feraient dans des oasis où ces animaux se désaltèrent. Les rencontres aux points d'eau sont probablement inventées par Zakarya Ibn Mohammed al-Kazwînî (vers 1203 - vers 1283), auteur des Merveilles des choses créées et les curiosités des choses existantes, Aja'ib al-makhlouqat wa gharaïb al-majdoudat. Les descriptions d'Al-Qazwînî révèlent les mythes, la coryances au coeur de l'imaginaire médiéval , oriental et occidental, sur le phénomne de la création.
Se mentionnent des animaux fabuleux comme le catoblépas, buffle au long dont la tête, trop lourde, traîne par terre, dont le regard cause instantanéent la mort de celui qui le croise. Il est signalé, pour la première fois, par Pline l'Ancien : "La source Nigris, pont de départ du fleuve Nil, se trouve en Ethiopie occidentale. Vit sur les bords de cette source, une bête appelée Catoblépas, d'une taille médiocre, avec des membres inertes. Tout ce qu'elle peut faire, c'est porter sa tête, très pesante, toujours inclinée vers le sol. Elle est le fléau du genre humain. Celui qui voit ses yeux expire sur le champ" (Pline l'Ancien, Histoire naturelle, VIII, 32). D'après lhistorien romain Claude Elien, Claudius Aelianus (175-235), dans De la nature des animaux, le catoblépas est herbivore. Il est de la taille d'un taureau domestique. Il a une crinière épaisse, des yeux bridés injectés de sang, de lourdes paupières. Son empoisonné intoxique les plantes qu'il mange et peut tranformer un être vivant en pierre. Lénard de Vinci évoque le bête fatale dans ses Carnets. Jorge Luis Borges consacre un chapitre au catoblépas dans son Manuel de zoologie imaginaire, traduction française Christian Bourgois, 1980.
L'empreinte et la trace.
Jeudi, 5 juin 2025. Fait marquant du jour. Une petite tache ocre sur un galet de huit centimètres découvert en 2022 pendant une fouille d'un abri-sous-roche à San Lazaro en Espagne, . Une équipe pluridisciplinaire de géologues, de paléontologues, de biométriciens se mobilise pour résoudre l'énigme. La revue Archaeoligical and Antroological Sciences du 24 mai 2025 publie leurs résultats. La panachure s'avère être l'empreinte d'un doigt de néandertalien sciemment teinte. Message projeté vers des futurs lointains. Se révèlent les facultés d'abstraction, de pensée symbolique, de création artistique du néandertalien il y a quarante-trois mille ans. A première vue, aucune empreinte digitale ne se distingue sur le caillou lisse, non taillé. La microscope électronique à blayage ne décèle acun liant organique dans l'échantillon des orydes de fer et des minéraux argileux. Des précédés pointus s'investissent, imagerie multispectrale de la partie peinte, photoluminescence infrarouge, réflectograhie ultraviolet pour dévoiler les lignes de crête et de creux de la peau. Les enquêteurs en concluent que l'ocre est consciemment ajouté à la surface du galet. La police scientifique confirme qu'il s'agit bel et bien d'une empreinte digitale.
Les sionistes ont tout beau anéantir les matérialités, les visibilités, ils ne pourront jamais dissoudre les empreintes, les traces, les stigmates d'une présence palestinienne immémoriale.
© Mustapha Saha, juin 2025.