13 mai 2025 2 13 /05 /mai /2025 16:24

Événements poétiques | NO II Hors-Série | Festival International Megalesia 2025 « Rêveuses » & « Poésie volcanique d'elles » | II — « Poésie volcanique d'elles » | Florilège | Travestissements poétiques | Astres & animaux / Nature en poésie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Femme-volcan

 

 

 

 

 

 

Romance ou récit poétique par

 

Paul Tojean

 

Poète & journaliste

 

 

Crédit photo : « Volcan de Fuego in Guatemala, Eruption at night », capture d'écran d’une photographie libre de droits trouvée sur le Commons.

 

 

 

L'eau comme le froissement des feuilles de papiers produit sur l'individu un apaisement redoutable, une accalmie dans le bouillonnement de ses pensées, une secousse de bien être, un endormissement des sens... J’aime me trouver dans cet état léthargique, où parfois je me laisse glisser dans cette soumission de l’esprit. Jamais je ne me suis senti autant apaisé qu’à ce moment-là. J’aimerais que cela dure éternellement. Mais qu’est-ce que l’éternité ? Et dans ce même prolongement, qu’est-ce que la mort ? L’âme et l’esprit, voici maintenant que la raison intervient : dans ce fonctionnement devenu inerte, c’est l’existence qui semble en péril. Pourtant, cette plénitude est bénéfique à l’homme et à la femme. La pensée qui était jusqu’alors en sommeil se renfloue, s’élève et une pureté s’installe dans le cerveau, faisant fi de toutes les scories nauséabondes qui pullulent dans le mental de chaque individu. Comme le Phénix, je renais de mes cendres. Petit à petit, une autre réalité prend place, se développe, grossit, se fait envahissante, aiguise le raisonnement, enflamme le jugement, développe les sens, pour nourrir peut-être de futurs propos, au travers de ces dissertations mentales. Je suis tout autre. Le moi inconnu fait subitement son apparition. Alors, comme investi soudain d’une mission, je quitte spontanément ces lieux ombragés près d’un ruisseau où germent les graminées d’une pensée en gestation. 

J’emprunte un nouvel itinéraire, gravis les coteaux, dévale une pente avant d'atteindre à l’autre extrémité un sentier à l’orée d’un bois… Mon esprit est envahi de pensées totalement désordonnées que j’essaie de rassembler tant bien que mal au cours de cette excursion où je n’ai de cesse de culpabiliser, de me remettre en question. Pourquoi être parti en fin de compte ? Pourquoi s'obstiner ? Suivre cette direction n’a aucun intérêt et n’offre aucune promesse, aucune perspective. Il est encore temps de rebrousser chemin, de revenir sur ses pas. Que ferais-je de plus dans « cet ailleurs » ? Plus le doute m’assaille, plus forte est ma détermination. Décidément, la terre ferme n’est pas un lieu aussi propice à la réflexion qu’un ruisseau ou un lac. Un océan d’idées ne peut surgir que si le calme revenu, le soleil et l’ombre, indissociables, sont de la partie. Pour autant, des idées neuves gambergent dans ma tête et je poursuis tant bien que mal mon exploration… Alors que je crapahute sur un chemin tortueux, escarpé, parfois embroussaillé, je me bats soudain contre des lianes, les écarte de mes mains, pour découvrir tout à coup l'intérieur d'une grotte suffisamment éclairée. Je m'y introduis précautionneusement. L'antre est profond, humide mais dégage une chaleur permanente, ce qui m'incite à poursuivre ma quête sans danger apparent. Cependant, cette lente progression, bien que mouvante invite à la paresse. Il en résulte une espèce de protection naturelle, un doux cocon dans lequel on élit volontiers domicile. 

 

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Cet endroit procure un incontestable bien-être. On se laisse envahir par un sentiment de sérénité et dans lequel on a toujours l'impression de s'élever humainement dans ce lieu au climat tempéré et relativement aphrodisiaque. N'importe quel homme emblématique  peut parfaitement s'intégrer au cœur de cette Cythère luxuriante, située au milieu de nulle part. L'eau d'une source intarissable douce et relativement épaisse comme celle d'un bouleau, mais sans âpreté s'écoule dans une tiédeur fort agréable au fond de ma gorge assoiffée. Je me délecte indéniablement de ce nectar. 

Dans cette cavité rosée, dont les multiples boudins des parois et du sol sont constamment mouvants, une musique provenant des bas-fonds m'envoûte. Très vite, je sombre dans une somnolence qui précède un repos ténu. Se laisser aller ainsi dans cette situation où se mêlent extase et volupté est un bienfait pour l'humain qui n'aspire désormais qu'à une certaine tranquillité. L'aisance est à ce prix. Tout comme se laisser dorloter au fil des heures est un agrément supplémentaire. Mais de cela, il en sera question plus tard. Pour l'instant la pensée, seule, suit sa trajectoire constante, qui tout en étant évolutive persiste dans un raisonnement pur. Une dialectique naissante de la raison semble en pleine évolution. Quoi qu'il en soit, l'espace cotonneux de cette ellipse est propice pour celui qui l'habite. Certainement, un environnement idéal pour l'homme du futur. Il sait déjà s'adapter à ce mode sociétal, fait de simplicité et de tranquillité. Il sait aussi de ce que son lendemain sera fait : le bonheur en priorité, sans aucune contrainte ni compromission. Rien qui ne soit fondamentalement plus contraire au concept même de l'existence humaine, soit l'amour et la liberté ! 

 

 

 

En poursuivant ma promenade, je découvre, au sommet de la source, une longue canne toute rose, à peine camouflée par des fougères prenant racine de part et d'autre de la rivière cotonneuse. Je trouve étrange la forme de cette radicelle qui ne ressemble en rien à une souche de vigne. En réalité, cette forme phallique est surmontée de deux pieds de longueurs identiques, eux-mêmes séparés d'une distance équivalente à chaque bord, en sorte que leurs deux socles sont bien ancrés au faîte du cratère. Cet objet insolite d'apparence solide comme un roc dessine un toit au-dessus de la grotte. 

Parvenu enfin au sommet, et me rapprochant le plus près possible, je saisis la longue tige qui au lieu d'être verticale demeure inclinée sur la droite. Emerveillé par cet aspect multiforme, je m'approche pour tester de sa rigidité mais constate au contraire quelle est souple. Face à elle, je m’amuse à la faire glisser entre mes doigts. Au fur et à mesure que je la caresse elle durcit rapidement et semble même prendre de l'altitude.  

Lorsque je m'amuse à toucher son extrémité où à exercer quelques pressions sur sa longueur, je m'aperçois de sa flexibilité, tandis que de légers tremblements se produisent et se répercutent dans la grotte. Je m'étonne de cette étrangeté. Curieux par nature, ne connaissant point la raison de cet état, ni les conséquences qui pourraient en découler, après un temps d'hésitation, je me résous toutefois à poursuivre mes recherches de naturaliste fraîchement accrédité. Alors que mes doigts accentuent leurs mouvements répétés, il se produit un tel tremblement que tout bascule à droite comme à gauche, suivi d'un grondement de plus en plus sourd, émanant des profondeurs de l'antre. 

Je profite d'une accalmie pour descendre d'un étage et rejoindre mon habitat. Instinctivement, je porte mes lèvres pour boire à la source, lorsque je constate que celleci est devenue plus abondante et fluide que les fois précédentes. 

Je déguste à satiété cette savoureuse liqueur qui, grâce à la stimulation de ce simple appareil à trois pattes favorise un afflux pluvieux de cet élixir. Décidément, ce griffon a la fonction d'un robinet que l'on ouvre pour faire jaillir l'eau. 

J'en prends note et gravis une nouvelle fois le sommet. 

 

🙚🙚🙚🙚 

 

Avec une détermination insoupçonnée, comme si une voix intérieure me dictait ma démarche, je commence à masser l'ossature très lentement sur toute sa longueur. À la suite de ces mouvements sans cesse répétés, de puissants gémissements résonnent dans la grotte. Plus je m'active plus ces voix plaintives et haletantes sont ponctuées par des soubresauts. Aussitôt, je change de position, et tout en m'approchant de la Chose, ma langue happe la tête de la tige qui paraît en ébullition. Celle-ci bien chaude se laisse introduire dans l'orifice gustatif qui la savoure avec délice et volupté. On aurait cru qu'elle s'y laissa volontiers glisser. Mais cette petite chose grossit à vue d'œil au fur et à mesure que je m'emploie à téter avec gourmandise cet organe insolite dont jusqu'à ce jour, je ne soupçonnais même pas son existence ! Que Diable, je devrais mentionner cette date à l'encre rouge dans mon journal ! 

Ma bouche gobe maintenant la tête de l'objet et tout en la mordillant, la titillant, je forme avec ma langue des rotations circulaires, dans une application effrénée et sans retenue. Cela dure encore quelques minutes, alternant avec mes doigts de pianiste, fins et allongés.  

 

 

  

Les jours suivants, je ne manquais pas d'accéder sur les hauteurs pour m'emparer de cette machine étrange. Une fois installé confortablement, et après quelques caresses, faibles pressions des doigts et autres touchés, je mets en bouche son extrémité. Je le gobe, l'aspire, le suce, le lèche aussi délicatement que je le peux, en sorte à pouvoir garder le même rythme, puis je le titille du bout de ma langue, l'enfourne une nouvelle fois, le faisant  tourner à droite et à gauche dans ma margoulette pleine. A cet effet, de légères convulsions se font ressentir. Je n'insiste pas et rejoins la grotte. Comme je m'y attendais une abondante sève se met à jaillir de la source. J'avale avec délice ce liquide translucide et tiède. Mais à ce moment-là, il se produit dans l'alcôve, un tremblement sismique où tout s’ébranle. Cela s’apparente aujourd'hui, à un volcan en éveil, annonciateur d'une éminente éruption, amplifié par des gémissements d’une rare tonalité et d’une durée  plus importante que les fois précédentes. Brusquement, un cri puissant résonne, accompagné d'un tremblement continu, qui évolue en un tumulte de gémissements et de plaisirs extatiques. À ce moment-là, une pluie légère se métamorphose en un flot torrentiel, inondant la grotte dans son ensemble avant de s'échapper à l'extérieur du cratère. Je me laisse emporter à mon tour dans ce déluge d’extase et d’abandon sans être, fort heureusement, expulsé de l’antre. Peu après tout se calme et retrouve son état habituel, sans qu'aucun dommage ne soit à déplorer. 

 

 

Cela n'est pas pour me déplaire, car il semblerait que l'homme que je suis, maîtrise de mieux en mieux sa mise en pratique des leçons journalières. Ces dernières acquises instinctivement et de manière plus ou moins conscientes se développent au quotidien avec beaucoup de ferveur et de détermination, faisant preuve d'un acte volontaire et assidu de ma part. Enfin, l'intensité de cette éruption volcanique diminue progressivement et le calme revenu laisse place à une plénitude retrouvée.  

Ma fierté naît de la reconnaissance dont je me sens affublé après chaque leçon. Ainsi, mes devoirs une fois accomplis sont récompensés par une chaleur envoûtante qui envahit la grotte, suivi d'un chant mélodieux accompagné par une musique dont les notes finissent par me griser et m'invitent, après une courte somnolence, à un repos bienfaiteur. 

L'attention dont je bénéficie dans ce cocon voluptueux est caractérisée par diverses musicalités d'un même tempo. Les sirènes de l'amour alors se manifestent, m'accompagnent et me conduisent vers les graduations mercurielles. Les ardeurs dont je fais preuve sont axées exclusivement sur l'écoute et la respectabilité envers ces personnages d'ordinaires invisibles qui me guident, et à leur tour me prodiguent des plaisirs intenses et passionnés. Au fil des jours, ce scénario se reproduit inlassablement, ne montrant pour autant aucun signe de faiblesse ni de fatigue. 

La femme-volcan quant à elle, modula ses préférences, amplifia ses doléances et me guida dans ses multiples aventures érotiques. Comme une véritable reine, elle accepta mes requêtes exauça mes souhaits et autres sollicitations, offrant ainsi une part équitable à nos demandes respectives, tempérant ma fougue impétueuse qui, quelquefois se transformait en brutalité. 

Nous formons depuis un couple royal épris d'amour et de liberté sans concession, livrant notre savoir dans toute la contrée, savourant au passage les exploits accomplis et définissant ceux à venir. C'est ainsi que s'achève ce récit, à l'endroit même où précisément ce conte devrait débuter. Que l'on veuille bien me pardonner cet excès de zèle ! Telle est l'histoire singulière de La femme-volcan qui retrace un événement ayant eu lieu le 25 décembre dernier. Ce jour de Noël, précisément, fut pour son protagoniste une véritable renaissance, un saut dans l'inconnu qui se manifesta de façon inattendue. 

Son état d'esprit en fut prodigieusement bouleversé. 

À compter de cette date annonciatrice et purement divine, il devint cet autre. 

 

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L'homme d'aujourd'hui est de plus en plus convaincu qu'il œuvre pour la bonne cause. Que cette cause est dès lors perpétuelle. Ainsi, au sein de ce ventre fécond, il sera le garant de la vertu amoureuse. Il se définira – non comme le maître envoûteur et absolu - mais le serviteur idéal pour ces divinités et autres dryades éprises d'amour et de libertés. Ces libertés qui fécondent l'esprit et nourrissent le raisonnement seront une ligne de conduite inconditionnelle, favorisant une situation fortuite pour progresser dans le domaine existentiel. L'émancipation humaine demeure le fil conducteur de cette association d'une existence nouvelle assurant un avenir prometteur pour l'homme et la femme. 

 

 

© Paul Tojean, avril 2025.

 

***

Pour citer ce récit érotique inédit, engagé & féministe

 

Paul Tojean, « La Femme-volcan »Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événements poétiques | NO II Hors-Série | Festival International Megalesia 2025 « Rêveuses » & « Poésie volcanique d'elles », mis en ligne le 13 mai 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/megalesia25/noii/paultojean-femmevolcan

 

 

 

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13 mai 2025 2 13 /05 /mai /2025 16:23

Événements poétiques | NO II Hors-Série | Festival International Megalesia 2025 « Rêveuses » & « Poésie volcanique d'elles » | I — « Rêveuses » | Florilège | Travestissements poétiques | Astres & animaux / Nature en poésie

 

 

 

 

 

 

 

 

Poème de « La rivière cotonneuse »

 

 

 

 

 

 

Écopoème par

 

Paul Tojean

 

Poète & journaliste

 

 

Crédit photo : Nature morte, paysage printanier et fleuri au bord de l'eau, capture d'écran d’une photographie libre de droits trouvée sur le Web.

 

 

Je quitte les lieux ombragés près d’un ruisseau

Où germent les graminées d’une pensée en gestation

J’emprunte un nouvel itinéraire, gravis les coteaux, dévale une pente

Avant d’atteindre à l’autre extrémité un sentier à l’orée d’un bois…

Mon esprit est envahi de pensées totalement désordonnées.

Je parcours un trajet tortueux, parfois embroussaillé

Je me bats contre ces lianes, les écarte de mes mains

Je perçois enfin l'intérieur d'une grotte suffisamment éclairée. 

Je m'y introduis précautionneusement.

L'antre est profond, humide mais dégage une chaleur constante

Ce qui m'incite à poursuivre cette exploration sans danger apparent

Cependant, cette lente progression, bien que mouvante

Invite à la paresse.

Il en résulte une espèce de protection naturelle, un doux cocon dans lequel on élit domicile volontiers. 

Mais pourquoi s'obstiner ?

Il est encore temps de rebrousser chemin, de revenir sur ses pas.

Que ferais-je de plus dans « cet ailleurs » ?

Plus le doute m’assaille, plus forte est ma détermination 

Le soleil et l’ombre sont indissociables

Des idées neuves gambergent dans ma tête : je poursuis mon exploration...

 

© Paul Tojean, avril 2025.

 

 

***

Pour citer cet écopoème inédit

 

Paul Tojean, « Poème de “La rivière cotonneuse” »Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événements poétiques | NO II Hors-Série | Festival International Megalesia 2025 « Rêveuses » & « Poésie volcanique d'elles », mis en ligne le 13 mai 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/megalesia25/noii/paultojean-rivierecotonneuse

 

 

 

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12 mai 2025 1 12 /05 /mai /2025 15:25

N° I | HIVER-PRINTEMPS 2025 | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES | 1er Volet | Dossier mineur | Florilège | S'indigner, soutenir, lettres ouvertes & hommages

 

 

 

 

 

 

 

Le cœur étincelant d’un joyaux

 

 

 

 

 

 

Poème élégiaque par

 

Françoise Urban-Menninger

 

Blog officiel : L'heure du poème

 

Photographie par

 

Claude Menninger

 

 

© Crédit photo : Claude Menninger, à gauche le poète Jean-Paul Klée, Françoise Urban-Menninger au milieu & Albert Strickler lors de l’hommage en 2022 au poète Marc Syren †.

 

 

 

ce matin dans la chambre

des morceaux de soleil

découpaient des clartés d’or

sur le plancher en bois de chêne


 

dans mon jardin printanier

des gouttelettes de rosée

s’emperlaient sur les brins d’herbe

pour offrir un collier au cou du jour


 

j’ai songé au poète Albert Strickler

qui nous a subitement quittés

en novembre dernier

car son âme dansait dans la lumière

 

je lui ai lu dans la fraîcheur matinale

un passage d’« Un été en montagne »

d’Elisabeth von Arnim que Gérard Pfister

venait de m’envoyer

 

« Durant ces brûlantes journées d’août,

 je vis dans une si grande gloire de lumière

et de couleur que j’ai l’impression d’exister

 au cœur étincelant d’un joyaux »


 

j’ai su que le poète m’avait écoutée

et avait apprécié cette lecture

car un rayon de soleil s’est posé très exactement

sur la page 20 du livre grand ouvert

 

 

 

© Françoise Urban-Menninger, mai 2025. Ce poème rend hommage au poète Albert Strickler disparu en novembre 2023, une photographie l’accompagne, elle a été prise par Claude Menninger lors d'un hommage, un an plus tôt en 2022, au poète Marc Syren, lui aussi trop tôt disparu...

 

 

À lire aussi le texte élégiaque en hommage au poète Albert Strickler :

Françoise Urban-Menninger, « Albert Strickler, poète de la grâce et de la lumière », illustration photographique par Claude Menninger, URL. https://www.pandesmuses.fr/noi2025/fum-graceetlumiere

***

Pour citer ces images & poème élégiaque inédits en hommage au poète Albert Strickler

 

Françoise Urban-Menninger, « Le cœur étincelant d’un joyaux », illustration photographique par Claude Menninger, Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : HIVER-PRINTEMPS 2025 | NO I « Inspiratrices réelles & fictives », 1er Volet, mis en ligne le 12 mai 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/noi2025/fum-coeuretincelant

 

 

 

 

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12 mai 2025 1 12 /05 /mai /2025 15:24

N° I | HIVER-PRINTEMPS 2025 | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES | 1er Volet | Dossier mineur | Articles & témoignages | S'indigner, soutenir, lettres ouvertes & hommages

 

 

 

 

 

 

 

Albert Strickler, poète

 

de la grâce & de la lumière

 

 

 

 

 

 

Hommage / texte élégiaque par

 

Françoise Urban-Menninger

 

Blog officiel : L'heure du poème

 

Photographie par

 

Claude Menninger

 

 

© Crédit photo : Claude Menninger, à gauche Etienne Troestler, directeur du FEC (Foyer des étudiants catholiques) où se déroulait la soirée & Albert Strickler lors de l’hommage en 2022 au poète Marc Syren †.

 

 

Dans chacun des ses recueils de poèmes ou journaux, on pourrait mettre en exergue ce vers d’Albert Strickler « Je traverse le temps dans l’écume de la lumière », cette lumière le poète la puise dans sa proximité avec les auteurs et autrices qu’il évoque telles « ces deux folles de Marina et d’Emily », il nomme ainsi affectueusement Emily Dickinson et Marina Tsvetaeva ou encore Nicolas Dieterlé, Reiner Kunze, René Char et bien d’autres qui reprennent vie entre les lignes de ses ouvrages.

 

Mais c’est dans l’écrin du Tourneciel sur les hauteurs de Sélestat que l’auteur tutoie le ciel en écoutant, comme il nous le confie, des sonates de Bach ou en feuilletant les carnets d’Haldas dans une fête toujours renouvelée. On gardera comme un trésor cette magnifique métaphore filée qui renvoie à la feuille blanche « la neige des cygnes qui fond au fil de l’eau » tirée de son journal « Au-dessus du brouillard ».

 

L’esprit d’Albert Strickler m’accompagne quand je découvre un poète dont je suis sûre que ses écrits lui auraient plus, c’est ainsi qu’en lisant la traduction inédite d’un livre d’Elisabeth von Arnim, j’ai écrit un poème qui les réunit dans la lumière.

 

Cette quête de la lumière culmine dans son recueil « Et toucher doigt nu la pulpe de la lumière », la feuille de gingko biloba qui illustre la couverture de ce livre et que l’on doit à Olivier Klenklen, est particulièrement éclairante dans ce cheminement où le poète évoque les figures d’Odile, la patronne de l’Alsace ou Sainte Lucie….
Il nous écrit « Mais tu quitteras la terre / comme tu es venu au monde/ affamé de lumière » et c’est bien cette lumière qui nous réunit, elle fusionne avec la grâce dans « Le diamant et le duvet » où le poète nous invite à appréhender dans un flocon de neige « le sceau de la merveille », voire « la rivière de diamants de la neige ».

Et quand il fond son âme dans un flocon, il s’écrie « j’habite une verrerie d’art », cette symbiose avec les éléments naturels Gaston Bachelard l’a célébrée dans son livre « L’intuition de l’instant » où le poète au bord du monde appréhende «  l’harmonie préétablie dans les choses quand la force du temps se condense dans l’instant ».

 

C’est cette faculté d’émerveillement qui donne toute sa puissance à cette poésie intemporelle. Dans ses journaux, nous percevons cette  même musique qui nous invite à accompagner le poète dans un voyage intérieur  qu’il renouvelle tous les jours.

Mais cette tâche, dont il dit lui-même qu’il ne saurait s’en défaire, le fait parfois douter, dans le même temps, « Pourquoi écrire ? », se demande-t-il.

 

On songe à Sylvia Plath et à bien d’autres poètes authentiques dont le doute fait partie intégrante du travail d’écriture, de la quête et de la transcendance de soi. Sylvia Plath écrivait qu’elle voyait l’infini dans un grain de sable, on a envie de rapprocher cette définition de la poésie de celle d’Albert Strickler qui nous offre dans l’écrin de ses recueils  ses «riens somptueux » qui orchestrent la beauté et la musique du monde.

 

 

© Françoise Urban-Menninger, mai 2025. Ce texte rend hommage au poète Albert Strickler disparu en novembre 2023, une photographie l’accompagne, elle a été prise par Claude Menninger lors d'un hommage, un an plus tôt en 2022, au poète Marc Syren, lui aussi trop tôt disparu...

 

 

À lire aussi le poème élégiaque en hommage au poète Albert Strickler :

 

Françoise Urban-Menninger, « Le cœur étincelant d’un joyaux », illustration photographique par Claude Menninger, URL. https://www.pandesmuses.fr/noi2025/fum-coeuretincelant

 

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Pour citer ces images & texte élégiaque inédits en hommage au poète Albert Strickler

 

Françoise Urban-Menninger, « Albert Strickler, poète de la grâce et de la lumière », illustration photographique par Claude Menninger, Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : HIVER-PRINTEMPS 2025 | NO I « Inspiratrices réelles & fictives », 1er Volet, mis en ligne le 12 mai 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/noi2025/fum-graceetlumiere

 

 

 

 

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10 mai 2025 6 10 /05 /mai /2025 17:58

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Il ne faudra plus raconter des histoires,

récit de Sandrine Weil sous-titré Le livre de Jean, 1942-1945, un enfant dans les camps paru chez L’Harmattan dans la collection Graveurs de Mémoire

 

 

 

 

 

 

Critique par

 

Françoise Urban-Menninger

 

Blog officiel : L'heure du poème

 

 

 

© Crédit photo : Première de couverture illustrée de l’œuvre de Sandrine Weil « Il ne faudra plus raconter des histoires. Le livre de Jean, 1942-1945, un enfant dans les camps », Éditions L’Harmattan dans la collection Graveurs de Mémoire, avril 2025.

 

 

 

S’il ne faut « plus raconter des histoires » et surtout « faire des histoires », écrit Sandrine Weil, elle ajoute qu’« elle ne se taira plus maintenant » car sa grand-mère Odette, fière d’avoir une petite-fille qui intègre une première littéraire, lui avait « commandé » le récit de leur histoire familiale qu’elle reprend par l’écriture « à son compte / conte » en redonnant une voix aux disparus.

 

Née à Paris en 1972, Sandrine Weil est professeure de lettres modernes et de cinéma à la Flèche et au Mans. Elle écrit depuis l’adolescence, réalise des courts métrages, anime des émissions pour Radio Prévert et témoigne dans ce premier ouvrage de « L’histoire de Jean Weil », son père déporté à Bergen-Belsen à l’âge de 4 ans avec sa mère Odette et sa sœur Josette, âgée d’à peine sept mois.

 

 

© Crédit photo : Première & quatrième de couverture  de l’œuvre de Sandrine Weil « Il ne faudra plus raconter des histoires. Le livre de Jean, 1942-1945, un enfant dans les camps », Éditions L’Harmattan dans la collection Graveurs de Mémoire, avril 2025.

 

 

Ce drame familial, qu’elle met en lumière, s’inscrit dans la grande Histoire et croise d’autres destins comme celui de Rudolf et Marga qui, par leur incroyable mariage à Auschwitz, « transforment la haine en amour pur. »

 

Cet « amour pur », s’incarne tout au long de ce récit en la figure féminine d’Odette, la grand-mère de Sandrine, mère exemplaire qui, dans les camps, au comble de l’horreur veille sur ses deux enfants, tente de les préserver du mal en veillant sur leurs progrès, en notant leurs bons mots qu’elle transmet à Marcel Weil, son époux, prisonnier de guerre qui, depuis son STALAG réussit à leur faire parvenir des colis qui leur sauveront la vie.

 

Grâce aux traces écrites de Marcel et au récit oral d’Odette, Sandrine revient sur la tragédie impensable vécue par les siens et qui les ont tous marqués dans leur chair et leur âme. Le fil rouge de ce récit n’est autre que la mort de Josette, empoisonnée « après avoir mangé un vrai repas » alors qu’elle venait de regagner la liberté avec son frère et sa mère. Sandrine comprend la détresse de cette dernière « qui avait tué sa fille en croyant bien la nourrir . » Et d’ajouter plus loin « Sa mort restera une honte pour l’humanité tant qu’elle n’aura pas été racontée. »

 

© Crédit photo :  Une image récupérée par la critique où l'on voit Sandrine Weil dans le studio de Radio Prévert.

 

 

Nul doute que Sandrine Weil lui confère avec son livre une tombe nimbée de luminescence où l’image de la petite fille revêtue de la robe en laine rose, confectionnée par sa mère pour son retour, restera ancrée dans la mémoire du lecteur touché en plein coeur.

 

D’autres images transcendent les mots, celle de Jean, heureux de recevoir le dessin d’un autobus en guise du jouet qu’il avait souhaité se voir offrir par son père. Plus tard, il écrira une nouvelle, bien évidemment symbolique, intitulée Le train où il évoque « le retour dans des wagons à bestiaux. »

Tous les fantômes qui hantent le livre de Sandrine Weil viennent à leur tour interpeller le lecteur qui reste fasciné par la dignité d’Odette, une femme remarquable, admirée de tous dans les camps.

 

Sandrine Weil déborde le récit de l’histoire de ses proches pour aborder de nombreuses questions restées à ce jour sans réponses tel « l’aveuglement oedipien du grand rabbin » ou encore celui de Gustave Nordan...Preuve s’il en fallait qu’ « il ne faudra plus raconter des histoires » mais bien affronter cette « réalité qui dépasse la fiction » et qui n’a jamais cessé de tarauder Jean Weil, écrivant dans sa nouvelle, Les verres de Cristal, à propos de sa sœur Josette « ...il la cherchait partout. Où était-elle ? », « Les preuves objectives étaient rares : deux photos jaunies, des habits, mais plus que cela, sa présence dans la mémoire des vivants. »

Et c’est bien cette présence parmi les vivants que Sandrine Weil a réactivé avec magnificence car la véritable mort n’est autre que l’oubli.

 

© Françoise Urban-Menninger, mai 2025

 

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Pour citer ce texte illustré & inédit

 

Françoise Urban-Menninger, « Il ne faudra plus raconter des histoires, récit de Sandrine Weil sous-titré Le livre de Jean, 1942-1945, un enfant dans les camps paru chez L’Harmattan dans la collection Graveurs de Mémoire »Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événements poétiques | NO II Hors-Série | Festival International Megalesia 2025 « Rêveuses » & « Poésie volcanique d'elles » & Distinctions 2025, mis en ligne le 10 mai 2025. URL :

https://www.pandesmuses.fr/megalesia25/noii/fum-sandrineweil-recit

 

 

 

 

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