N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Critique & réception | Dossier | Articles & témoignages
Féerie, ma perte, recueil de poèmes de
Paloma Hermina Hidalgo,
paru aux Éditions de Corlevour
Chronique & photographie de
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© Crédit photo : Première de couverture illustrée par Quentin Caffier de « Féerie, ma perte », recueil de poèmes de Paloma Hermina Hidalgo, paru aux Éditions de Corlevour.
Dans ce recueil de poésie écrit à fleur d’âme et de peau, Paloma Hermina Hidalgo ouvre le bal qui fait danser la chair des mots dans le corps irradiant du texte qui n’est autre que celui de la narratrice. La photo, somptueuse, digne d’un opéra baroque, signée par Quentin Caffier, donne le ton à cet ouvrage dont la plume semble avoir été trempée dans le vitriol.
On ne sort pas indemne des jupes d’une mère incestueuse et démiurge qui fait voler tous les tabous en sacrifiant l’innocence de son enfant sur l’autel de la perversité. « La dureté de ton cœur, Maman, infecte ma chair. », écrit l’autrice qui vénère toujours et encore sa mère qu’elle interpelle avec un M majuscule et qu’elle invoque ainsi « Dès le berceau, Maman, notre amour hors de mesure n’a-t-il pas présidé à ma folie ? »
Paloma Hermina Hidalgo parle du plus loin et du plus haut de sa mémoire, sur le trône de feu orgiaque et orgasmique qu’elle transcende par une écriture où elle triture les mots à l’instar de sa chair tourmentée par sa génitrice. « Je te chéris, Maman. Et ta vulve de conte . De sorte qu’attachée à ta vanille et au culte de ta gousse, je garde malgré tout mon honneur. » La poésie est cette langue bifide qui dit tout à la fois l’inouïe et cette beauté vénéneuse qui infuse dans le texte tel un poison qui renvoie au mal absolu.
Poésie de la déchirure et de la démesure, on retrouve comme dans Matériau Maman,
le pire dans cette féerie où la perte, comme dans tous les contes de fées, atteint des paroxysmes qui ébranlent l’entendement.
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Crédit photo : Portrait de l’autrice Paloma Hermina Hidalgo, capture d’écran de l'image libre de droits du site Wikipédia.
Sculptrice de poupées entre ses doigts maléfiques, la mère est cet ange déchu à la fois craint et adoré qui commet ce que la psychanalyste Alice Miller qualifie d’« abus narcissique ». Et pourtant, ce sont des ténèbres que naît la lumière dans cet ouvrage horrifique, c’est la magnificence d’un envoûtement sans philtre qui emporte le lecteur dans les abords de cet ailleurs qui n’est autre que celui de la perte…
Nul doute que Paloma Hermina Hidalgo aura transmutée sa chair violentée dans un poème où, dans le même fourreau, la douleur exquise côtoie l’indicible déréliction d’une identité profanée où l’on appréhende ce que Joyce Mc Dougall nomme « Un sexe pour deux ». « L’Une avec l’Une/ Et l’Une de l’Une / Et l’Une dans l’Une », résume la narratrice.
Seule l’écriture permet d’exorciser et de dénouer cette dyade mère-fille dont la trame bâtie sur la « navrance du désir » a partie liée avec la perte de soi dans l’autre, voire la perte dans cette petite mort qui précède la disparition dans le non-être. Mais telle une Orphée au féminin, Paloma Hermina Hidalgo nous est revenue des enfers pour renaître au monde avec cette faculté d’émerveillement que l’on entrevoit entre les lignes de son livre car c’est un diamant noir qu’elle nous octroie dans un écrin de lumière.
© Françoise Urban-Menninger, juillet 2025.
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Pour citer ce texte illustré & inédit
Françoise Urban-Menninger (texte & photographie), « Féerie, ma perte, recueil de poèmes de Paloma Hermina Hidalgo, paru aux Éditions de Corlevour », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2025 | NO III NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES », 1er Volet, mis en ligne le 16 juillet 2025. URL :
https://www.pandesmuses.fr/2025noiii/fum-phh-feerie
Mise en page par David
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