31 août 2023 4 31 /08 /août /2023 14:04

N°14 | Les conteuses en poésie | Dossiers majeur & mineur | Florilège

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Le génie du château du Bosc

 

 

 

Un petit navire appelé Athéna

 

 

 

 

 

 

Contes & dessin par

 

Maggy De Coster

Site personnel

Le Manoir Des Poètes

 

 

 

© Crédit photo : Un dessin d'animal par Maggy De Coster.

 

 

Le génie du château du Bosc

 

 

 

Au Château du Bosc vivait un jeune homme tellement beau qu’on l’appelait « Le Prince de beauté ». Il vivait entouré d’une horde de petits enfants de sa famille, qu’il affectionnait et couvrait de cadeaux.

À sa naissance une fée s’était penchée sur son berceau tout en or pour lui transmettre le don de peindre. Cependant une sorcière, jalouse de sa naissance avait fait tout pour s'opposer à sa destinée en maudissant ce joli poupon que tous les habitants du village admiraient sur leur passage à l’heure de sa promenade.

« Le prince de beauté » grandit dans l’amour de ses parents qui avaient tout à lui donner sauf une excellente santé. Génie précoce, il commença à dessiner alors qu’il ne fréquentait pas encore l’école. Il dessinait avec précision tant au charbon de bois qu’au feutre ou au fusain. Comme la sorcière avait tout fait pour le contrarier, un jour il tomba de cheval et se cassa une jambe. Il resta longtemps au lit sans bouger. Comme il se remettait à marcher dans le jardin du château, il fit de nouveau une chute et se brisa l’autre jambe. Depuis, il se déplaçait en fauteuil roulant. Mais le génie qu’il avait en lui n’était pas atteint. Il était resté intact.  Ainsi, il continuait à dessiner jusqu’à l’âge adulte mais il resta tout petit. Son œuvre eut un succès fou. Et son génie se développa avec sa folie. Qui l’emporta ? Son génie ou sa folie ? Malheureusement c’est sa folie qui l’emporta dans la tombe.

 

 

 

 

Un petit navire appelé Athéna

 

 

Il était une fois, un petit navire qui s’appelait Athéna en souvenir de la déesse grecque Athéna à qui les matelots avaient fait la promesse de naviguer toujours vers Athènes et d’être toujours cinq à bord. Un jour, oubliant leur promesse, ils prirent un sixième passager. Qu’arriva-t-il alors ? Une violente tempête se déchaîna, les vagues montèrent très, très haut et le navire commença à couler.

Soudain, il vint à l’idée d’un des navigateurs de jeter à la mer le sixième passager qui, fort heureusement portait déjà un gilet de sauvetage et avait eu le temps de prendre une bouée de sauvetage. 

En un clin d’œil, le vent cessa de souffler et la mer s’apaisa. Finalement, le navire repartit à bon port après avoir été vidé des eaux de mer.


 

© Maggy DE COSTER, Contes tirés « Histoires à écouter assis ou allongé », Éditions Unicité, 2023 et reproduits avec l'aimable l'autorisation de l'auteure et de la maison d'édition citées précédemment.

 

 

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Pour citer ces contes poétiques

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Maggy De Coster (contes & dessin), « Le génie du château du Bosc » & « Un petit navire appelé Athéna », contes reproduits avec l'aimable l'autorisation de l'auteure & des Éditions UnicitéLe Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 14 | ÉTÉ  2023 « Les conteuses en poésie », volume 1, mis en ligne le 31 août 2023. URL :  

http://www.pandesmuses.fr/no14/mdc-contes1

 

 

 

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30 août 2023 3 30 /08 /août /2023 16:46

N°14 | Les conteuses en poésie | Critique & réception / Poésie, musique & art audiovisuel | Muses au masculin 

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Willy & Émily Marceau,

 

« Tribute To Johnny », un livre de fans,

 

par des fans, pour des fans !

 

Un point c’est tout, 2023, 247 pages, 29,90€ 

 

 

 

 

 

 

 

 

Maggy de Coster

Site personnel

Le Manoir Des Poètes

 

 

 

 

© Crédit photo : Première de couverture de Willy & Émily Marceau, « Tribute To Johnny », un livre de fans, par des fans, pour des fans, Un point c’est tout, 2023.

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Willy et Émily Marceau, « Tribute To Johnny », un livre de fans, par des fans, pour des fans ! Un point c’est tout, 2023, 247 pages, 29,90€

Une préface de l’auteur-compositeur Pierre Billon rehausse ce livre.


 

 

Quelle bonne idée que celle de Willy et Émily Marceau fondateurs de l’association baptisée «  Johnny, ça  ne finira jamais » de donner la parole aux fans de Johnny Hallyday, issus  d’horizons et de classes divers et variés, des anonymes aux personnalités connues, ceux-là  qui l’ont côtoyé ou l’ont vu de près ou de loin, tous ceux qui vibraient au rythme de ses chansons pendant sa longue carrière qui n’avait jamais pris une seule ride. 

 

 

© Crédit photo : Willy & Emily Marceau à Montmartre en juin 2023.

 

Notre amie Linda Bastide, poète et écrivaine, Prix Jean Cocteau, Lauréate de l’Académie française assistant à un concert de Johnny le 4 septembre 1993 à Lille témoigne :

« La foule regarde et écoute un Johnny si beau, et tendre, et déchaîné, immatériel et si présent, des fois on dirait qu’il va s’envoler, nous emmenant avec lui, jusqu’au bout de la nuit. »

Fans d’entre les fans, Willy et Émily Marceau ont eu l’idée de consigner dans ce manuel l’itinéraire de Johnny, de son premier concert en 1961 à sa mort le 5 décembre 20 17 à Marne- la-Coquette. Un véritable kaléidoscope où défile tous les meilleurs moments de la vie de l’indémodable rocker. Sa longévité artistique est légendaire et le rend unique et éternel. Il a traversé les générations et a su marquer les esprits. Aussi fait-il l’unanimité par sa popularité. 

Ce livre relate tous les hommages qui rendus ça- et- là en France au regretté chanteur et la ferveur de ses admirateurs lors de ses funérailles le 9 décembre 2019 à la Madeleine.

 

 

© Crédit photo : Willy & Emily Marceau, leur fils Yohann avec Pierre Billon & leur ouvrage qu'il a préfacé.

 

 

Une bonne partie de sa carrière est consignée dans ce livre-hommage, un véritable dévouement post-mortem bien mérité. C’est un travail de mémoire qui restera pour la postérité.

Peintres tous les deux, Willy et Émily Marceau ont consacré au taulier plusieurs portraits qui ont fait partie de leurs deux expositions ainsi que des produits à son effigie.

Leur association « Johnny, ça ne finira jamais » a également posé une plaque commémorative au 13 rue du Mont Cenis dans le XVIIIe arrondissement de Paris, dans l’ancien cabaret de Patachou, en présence des personnalités comme Marielle-Frédérique Turpaud, maire de la Commune libre de Montmartre entre autres.

 

Willy et Emily Marceau sont, accompagnés de leur jeune fils Yohann, sur tous les fronts pour faire perpétuer la mémoire de Johnny Hallyday.

 

URL. https://www.fnac.com/a18231839/Willy-Marceau-Tribute-to-Johnny

 

© Maggy DE COSTER

 

 

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Pour citer ce texte inédit

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Maggy De Coster, « Willy et Émily Marceau, « Tribute To Johnny », un livre de fans, par des fans, pour des fans !, Un point c’est tout, 2023, 247 pages, 29,90€ », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 14 | ÉTÉ  2023 « Les conteuses en poésie », volume 1, mis en ligne le 30 août 2023. URL :  

http://www.pandesmuses.fr/no14/mdc-livre-tributetojohnny

 

 

 

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LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Numéro 14 Muses au masculin Musique Maggy De Coster
29 août 2023 2 29 /08 /août /2023 12:36

N°14 | Les conteuses en poésie | Poésie, musique & art audiovisuel

 

 

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Cauchemar

 

 

 

 

 

 

Cristina Rap

 

 

 

 

Lien hypertexte vers le court-métrage : 

 

 

https://vimeo.com/854951154?share=copy

 

 

© Réalisation de C. Rap et P. Pivetti Nouvelle version (2023) © Rap-Pivetti 2008-2023.

 

Description :

 

Cauchemar est un court-métrage d’animation en 3D. Libre adaptation du Chapitre IX du roman de Renée Vivien, Une Femme m’apparut… (Paris, Alphonse Lemerre, 1904). Réalisation de C. Rap et P. Pivetti

Nouvelle version (2023) 

5’37’’

© Rap-Pivetti 2008-2023.

 

 

 

Court-métrage d’animation en 3D, Cauchemar est librement inspiré du chapitre IX d’Une Femme m’apparut… de Renée Vivien : le récit de rêve de la narratrice, dont l’articulation en brèves séquences graduellement cauchemardesques laisse apparaître un certain dynamisme, brusquement arrêté sur la non-existence de l’énonciatrice et la réduction de sa « personnalité » au « Néant ».

Si la mise en récit du scénario onirique comporte quelques-uns des procédés littéraires de l’époque, propres à recréer l'atmosphère d'un rêve authentique (brusques changements de décor et d’événements, irréalité ou incongruité des scènes, personnages et lieux à forte charge symbolique), le rôle moteur de l’“imagination élémentale”, associé à un symbolisme chromatique disséminé par ailleurs tout au long du roman, libère une dynamique de plus en plus angoissante : dès premières scènes dominées par un décor infernal, marqué par le rouge et « la lave ardente », au paysage mortifère des eaux stagnantes et de l’imagerie de la noyade, jusqu’à l’apparition du caveau funèbre qui annonce « la fermentation de la pourriture » et introduit à la scène finale de la néantisation du je onirique.

 Inséré presque au centre du roman, en plein cœur donc du macro-récit enchâssant, ce micro-récit second, comme le fait observer Patrizia Lo Verde, condense et reflète des éléments dominants de la macrostructure romanesque : «[o]rchestrato sui quattro elementi cosmogonici, il sogno […] ripete en abyme frammenti della storia principale [et] traccia in un vero e proprio microracconto un itinerario iniziatico di espiazione e purificazione, tra caduta e impossibile ascesa, dove le stesse figure primigenie della natura rivestono funzioni attanziali […] ». 

Tout en reproduisant des motifs obsédants, des éléments de l’univers diégétique, ces scènes oniriques fonctionnent à peu près comme une mise en abyme particulière, car sous l’effet de la rétroaction ou élaboration secondaire elles viennent confirmer l’«autarchica specularità del romanzo, che ridonda da un capo all’altro di risonanze ed echi» (Lo Verde, Une Femme m’apparut…, 2004). 


 

Or, si l’adaptation filmique fait un usage somme toute discret des effets réflexifs, de miroir, du micro-récit viviennien, l’emploi diffus des surimpressions et de la technique du fondu enchaîné imprime à l’animation sa propre rythmique visuelle. La reconfiguration du scenario investit l’ordre des séquences et comporte des modifications importantes non seulement au niveau de leur ordonnance mais également au niveau de leur signification globale. L’euphémisation de la scène du caveau funèbre, en surimpression et lents fondus d’inserts citationnels en noir et blanc, et plus encore la substitution de la séquence finale avec l’apparition de la rose subvertissent et transforment profondément l’extrait onirique.


 

Réinterprétée à l’aune du thème viviennien de la chambre (lieu de l’intime, intermédiaire entre clôture et ouverture, microcosme et macrocosme), la scène de la rose, ici géminée sur l’espace clôt de la chambre lentement transformée en lieu ouvert, est un renvoi transparent au moment ultime du roman : la révélation épiphanique des deux figures de Béatrice métamorphosées en deux Archanges.

Lien Vimeo :

https://vimeo.com/854951154?share=copy

 

 

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Pour citer ce court-métrage inédit

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Cristina Rap, « Cauchemar », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 14 | ÉTÉ  2023 « Les conteuses en poésie », volume 1, mis en ligne le 28 août 2023. URL :  

http://www.pandesmuses.fr/no14/cristinarap-cauchemar

 

 

 

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28 août 2023 1 28 /08 /août /2023 16:05

N°14 | Les conteuses en poésie | Dossier mineur | Florilège

 

 

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la robe de bain

 

 

 

 

 

 

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Poème lyrique par

 

Françoise Urban-Menninger

 

Blog officiel : L'heure du poème

 

 

Crédit photo : Vincent Van Gogh, Zeegezicht bij, Les Saintes Maries de la Mer, Google Art Project, peinture tombée dans le domaine pvia Wikipédia.

 



 

parmi les vieux chiffons

destinés au dépoussiérage

un carré en éponge bleu ciel

garni d'un liseré blanc

me rappela soudain

la robe de bain

que revêtait ma mère

au sortir de la plage

 


 

le temps suspendit son vol

quand son image flotta

au-dessus des vagues

sa robe soulevée par le vent

dansait dans une gerbe d'écume

en dessinant dans l'azur

le fin liseré blanc

de son passage


 

 

© Françoise Urban-Menninger, été 2023. Ce poème a été écrit à partir d'une réminiscence liée à un morceau de chiffon... Une variante très féminine de la madeleine de Proust !

 

 

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Pour citer ce poème inédit

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Françoise Urban-Menninger, « la robe de bain », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 14 | ÉTÉ  2023 « Les conteuses en poésie », volume 1, mis en ligne le 28 août 2023. URL :  

http://www.pandesmuses.fr/no14/fum-larobedebain

 

 

 

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28 août 2023 1 28 /08 /août /2023 10:00

N°14 | Les conteuses en poésie | Critique & réception / Astres & animaux | Revue culturelle d'Orient & d'Afrique & REVUE ORIENTALES (O​​) | N° 3 | Dossier | Critiques poétiques & artistiques

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Un vent mémoriel conté

 

 

 

 

 

 

 

Claire Tastet

 

Professeure agrégée de Lettres Modernes

 

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Crédit photo : Rajasekharan, Running horse, peinture à l'huile, capture d'écran d'image de Commons par LPpdm.

 

 

 

Des chevaux et du vent est un beau roman paru aux éditions Picquier en 2023. Écrit en 2015 par Akiko Kawasaki, il a été traduit en français par Patrick Honnoré et Yukari Maeda. L'autrice y raconte le lien qui unit une famille (sur six générations) aux chevaux de l'île d'Hokkaidô, le Hokkaido washu.

 

À travers l'histoire de cette famille, qui s’étend de l’ère Meiji à nos jours, c'est l'histoire de l'élevage puis du réensauvagement des ces chevaux qui nous est ici contée.  De l'aïeul mystérieusement né du sang d'un cheval, de ses enfants devenus éleveurs aux générations suivantes s'étant détournées du métier, pour enfin aboutir à une jeune étudiante à la recherche du dernier cheval endémique de l'île d'Hanajima : tout semble former un cycle qui amène les lecteur·rices à penser le lien qui nous unit au vivant.  


 

Que devons-nous aux animaux ?  Tout ou presque. Comment rembourser cette dette à l’origine même de la famille dont il est question ?  Tel est le refrain que l'aïeul éleveur  apprend à sa petite fille : « Nous devons notre vie aux chevaux.  Il faut bien la rembourser, cette dette… Il faut bien la rembourser… »

 

C’était comme une incantation, que Kazuko prit pour elle tout en enfilant une double paire de gants de laine et en doublant également ses chaussettes. Puis, elle se précipita hors de la maison, passa à l’écurie prendre une lampe et une corde, et s’engagea dans le chemin qui menait au pâturage. » (p. 116)

 

Cette transmission du grand-père à l’enfant est à prendre au pied de la lettre : sa mère ensevelie sous la neige avec son cheval lors d’une tempête dut la vie à Ao qui la réchauffa de son corps et la nourrit grâce à sa chair, tailladée dans le vif, après que celle-ci ait donné ses propres cheveux à brouter au cheval : « Miné sentit un air froid sur sa nuque. Il n’y avait aucun vent à l’intérieur de la congère, mais la perte de ses cheveux longs et abondants lui faisait ressentir l’air froid avec plus d’acuité. 

Elle se serra contre le cheval, au creux de son épaule et de son ventre. […] Ils se nourrissaient l’un de l’autre, maintenant, l’humaine et le cheval, et ils iraient ainsi vers la mort sans que personne n’en sache rien. » (p.63)

 Et si le réensauvagement accidentel des chevaux bloqués sur l'île d'Hanajima, vécue comme une catastrophe économique pour la famille, qui se trouve démunie, était justement le moyen de rembourser la dette ? Fusion, coopération dans la domination, séparation, coexistence : telle semble être l'évolution qui nous est racontée.  

 

La romancière mélange avec brio les registres dans cette grande saga familiale. En effet, on suit l’évolution de la société japonaise aux prises avec les conditions climatiques, économiques et environnementales dans une démarche réaliste qui se nourrit d’un fort substrat historique.  On apprend ainsi comment dans certaines îles, le maintien des races équines fut un acte politique, un acte de résistance à la planification, l’État ayant décidé de croiser les races à des fins productivistes : « Certaines exceptions se sont également produites à Hokkaidô.  Les chevaux vivaient en semi-liberté dans la nature et n’étaient utilisés que de façon saisonnière.  Aussi ne suffisait-il pas que l’ordre soit promulgué de rassembler et de castrer tous les étalons pour que les citoyens obéissent bien sagement. » (p.134). De même, c’est avec un grand réalisme que le travail ancestral de ces petits chevaux destinés à tirer les filets à algues laminaires est décrit. Et c’est encore avec le même souci du vrai que la romancière, dans la dernière partie du roman, s’attache à montrer l’énergie de la jeune scientifique Hikari qui tente de convaincre son université de la laisser aller étudier le dernier cheval de l’île de Hanajima. 

 

Toutefois, ce réalisme ne chasse pas le conte, bien au contraire.  Il s’unit à lui, fusionne dans une temporalité qui échappe à la linéarité. L'écriture souvent subtile est très belle dans les descriptions de la forêt, par exemple lorsqu’une enfant part chercher un cheval égaré, en pleine nuit de tempête, véritable trajet initiatique dans lequel souffle l'écho des contes mais d’où le réalisme n’est pas chassé. Les registres se mêlent car ils ne s’excluent pas, le récit est pluriel. Ainsi en est-il de la rencontre de la petite fille, Kazuko, et d’un grand-duc qui l’effraie tout d’abord dans cette forêt plongée dans la nuit : «Perché sur une branche, les ailes repliées, il faisait probablement plus de la moitié de la taille de Kazuko.  Et s’il déployait ses ailes, son envergure était plus grande que ses deux bras ouverts en croix. A la lumière de la lampe, ses plumes claires et foncées formaient d’étranges motifs.  Il fixait Kazuko de ses yeux dorés, nullement impressionné.  Il ne montrait aucune curiosité ni aucune agressivité.

 

Le grand-duc de Blakiston habite les forêts de cette région depuis plus longtemps que les humains.  Leur nombre est très faible par rapport à la superficie qu’ils contrôlent.  Ils nichent sans rien demander à personne, et comme ils sont essentiellement piscivores, ils ne sont pas vraiment en concurrence avec les humains. […]

Néanmoins, il semblait que le grand-duc avait approché Kazuko avec une intention précise.  Et soudain, elle comprit ce que le grand-duc lui voulait. Elle le comprit spontanément.  Car ses yeux, qui ne montraient aucune animosité mais aucune bienveillance non plus, semblaient dire quelque chose sans parler.

Pars. Pars d’ici. Cet endroit n’est pas fait pour les êtres vivants tels que toi.  C’était à la fois un avertissement et une démonstration. » (p.122-123)

 

Narration de la conteuse et narration de l’ornithologue se mêlent dans un étrange continuum qui passe de la temporalité du conte onirique au réalisme informatif pour dire la relation et les interactions des êtres vivants.

De même, la vie sur l’île est rythmée par le vent, véritable motif récurrent qui unit toutes les époques entre elles, tisse les époques, les registres et unit les personnages, en particulier les femmes de la famille.  La tempête de neige initiale inscrit dans la légende la naissance de l’aïeul et le vent final qui souffle dans les cheveux et dans la crinière des "dernières" de la saga vient clore le cycle : « mais le vent continuerait de souffler dans la mémoire de Hikari » (p.255). 

 

 Ce vent mémoriel inscrit l’histoire des animaux humains et non humains dans un tout cyclique, un continuum indivisible. 

 

 

© Claire Tastet, août 2023.

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Pour citer ce texte inédit

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Claire Tastet, « Un vent mémoriel conté », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 14 | ÉTÉ  2023 « Les conteuses en poésie » Revue Orientales, « Conteuses orientales & orientalistes », n°3, volume 1, mis en ligne le 28 août 2023. URL :  

http://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientalesno3/no14/tastet-vent

 

 

 

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