23 janvier 2020 4 23 /01 /janvier /2020 16:49

 

Lettre n°14|Être féministe|Écopoésie|Muses au masculin

 

 

 

Le Vallon et Le Lac de Lamartine :

une écriture écopoétique de réinitialisation de la nature 

 

 

 

Ouattara Gouhé

 

Université Alassane Ouattara

Bouaké, Côte d’Ivoire

Résumé 

 

D’un point de vue conceptuel, la nature est considérée comme étant l’« oikos », c’est-à-dire l’habitat paisible, harmonieux, la demeure sans laquelle la vie est impossible. L’actualité révèle, cependant, des tendances discursives socio-culturelles, politiques et scientifiques au sujet de l’impossibilité de la vie consécutive aux problèmes environnementaux. De plus, on doit affirmer, sans risque de se tromper, que très peu de scientifiques et de littérateurs se préoccupent véritablement d’« écouter » la nature dont l’humanité se considère comme la dépositaire attitrée. Or, pour accéder à la compréhension des lois qui interagissent fondamentalement dans l’écheveau compact de la nature, il convient de s’approprier l’essentiel du langage de celle-ci.  Cette dimension, somme toute métalinguistique, se perçoit dans la poésie de Lamartine qui semble présenter quelque fondement d’un « écolangage » poétique. L’écopoétique trouve ainsi sa réelle définition dans l’établissement de rapports connexes entre les phénomènes de la nature et ceux de la poésie.

 

Mots clés : écocritique, écolangage, écologie, écriture écopoétique, nature.

 

 

Abstract

 

From a conceptual point of view, nature is considered to be the “oikos”, that is, the peaceful, harmonious habitat, the dwelling without which life is impossible. Current events reveal, however, socio-cultural, political and scientific discursive tendencies about the impossibility of living as a result of environmental problems. In addition, it is safe to say that very few scientists and writers are genuinely concerned to “listen” to the nature of which humanity considers itself to be the repository. However, to gain an understanding of the laws that fundamentally interact in nature’s compact web, it is necessary to appropriate the essential language of nature. This dimension, in sum, all metalinguistics, can be seen in Lamartine’s poetry, which seems to have some basis for a poetic “eco-language”. Ecopoetics thus finds its real definition in the establishment of related relationships between the phenomena of nature and those of poetry.

 

Keywords  : eco-critical, eco-language, ecology, eco-poetic writing, nature.

 

 

 

 

Introduction

        

Le sujet d’analyse, tel que présenté, suggère des relations conceptuelles entre les lexèmes écopoétique et écocritique. Le souci de clarification conduit donc à cette préoccupation initiale, consistant à tenter quelques définitions, en ayant en conscience la confusion sémantique faite le plus souvent entre ces deux morphèmes lexicaux. Le terme écocritique semble être, en effet, le point de départ depuis 1978, lorsque William Rueckert produit son essai intitulé Litterature and Ecology : An Experiment in Ecocriticism. L’intention a consisté à établir une sorte d’analyse des liens unissant la littérature à l’environnement. De cette disposition fondamentale qu’il faut orienter vers la considération de l’influence mutuelle entre l’environnement et la littérature, il s’avère impérieux d’opter pour une notion plus explicite, suggérant l’idée de « labeur » au regard de la pratique poétique : l’écopoétique.

L’écopétique, dans sa saisie substantive, peut se définir, dès lors, en rapport à l’étymon grec oikos (éco) qui désigne l’habitat, la maison, générant ainsi l’idée de la nature comme domaine d’existence, de coexistence et d’interactivités. Du point de vue qualificatif, l’écriture écopoétique se conçoit dans ses liens avec l'origine verbale poiein comprenant l’intention de travail élaboré par/dans la poésie, avec exaltation et habileté artistique. Le domaine de l’écopoétique est donc la littérature, davantage la poésie, dans son rapport à la recréation d’une esthétique où la nature se repositionne comme étant ce lieu de l’émerveillement existentiel.

De toute évidence, on peut affirmer que la création poétique prolonge le monde et le transforme, en ceci qu’elle peut le représenter, y tracer des lignes de fuites, le réinventer, mais aussi se laisser réinventer par le monde lui-même. C’est bien ce phénomène d’influence mutuelle qui donne à la poésie une double fonction de dé-territorialisation et de re-territorialisation1. On pourra en déduire le fait que certains poètes romantiques, au XIXe siècle, ont véritablement tenté d’établir une sorte d’inter-échange entre la nature et la poésie. Le but étant, dans ce sens, de permettre à la nature de livrer quelques riches secrets qu’elle seule est à mesure d’octroyer ; car elle s’offre, dans tous les genres, comme un domaine inépuisable d’expression, d’interrogation, bref de surimpression infinie.

En cela, Hugo2 et Vigny3 abordent la question de la nature dans leurs œuvres respectives d’où découle l’idée que celle-ci est source de langage supérieur et symbolique, réconciliateur de l’homme avec son environnement. D’un tel postulat linguistique, on dira que la poésie de la nature chez Lamartine ébauche, certes, un univers plus confidentiel, mais au-delà, elle tente d’établir des liens métaphysiques, en quelque sorte, avec les entités naturelles. Ainsi, la poésie devient le lieu ou, comme l’écrit Lamartine, « l’écho profond… des plus mystérieuses impressions de l’âme ». Autant ajouter que la nature est l’écho des plus mystérieuses impressions de l’univers ; car elle « parle » au poète dont le devoir est de dire au monde l’indicible qu’est le langage sacré issu du temple naturel. C’est à cette considération de la nature comme espace consacré à un échange extra-langue qu’ilfaut s’intéresser à travers Le Vallonet Le Lac4 de Lamartine.

Il s’agit, en substance, de voir comment le langage de la nature visite le texte poétique et à quelle fin le poète l’emploie. En d’autres termes, comment le langage poétique lamartinien se présente-t-il à travers le prisme du symbolisme de la nature ? Quelle attitude le poète devrait-il adopter une fois qu’il accède à cette substance idiomatique offerte par la nature ? En substance, il est davantage question de faire prévaloir le langage de l’oikos symbolisé par la nature elle-même. Le choix des deux supports textuels susmentionnés vient confirmer ce postulat. Notre regard sur l’écriture écopoétique lamartinienne, avec comme outils d’analyse la psychocritique et la phénoménologie, fonctionne autour de trois axes essentiels : Lamartine en quête du langage de l’oikos ; Le Lac et Le Vallon, voix poétiques de la nature ; l’écopoésie, une forme d’authentification du monde.

 

Lamartine à l’affut du langage de l’oikos

  1.  

À l’entame de cette série d’analyses sur le langage de la nature, il faut considérer l’écriture du Lac et du Vallon comme étant la mise en mouvement d’un code ineffable de communication découvert par Lamartine. Il s’agit ici de parcourir d’abord quelques bases théoriques évoquées par le poète au sujet de l’encodage d’un certain nombre d’impressions liées à la traçabilité d’éléments langagiers de la nature.

Dans l’un de nos travaux, il a été fait mention de l’idée que Le Lac recèle de questionnements, donnant lieu à la présence d’un imaginaire métaphysique et philosophique5. De plus, l’objectif de  cette émission d’interrogations se situe doublement dans la recherche de la vérité et d’une vocation nouvelle faisant de la poésie le réceptacle des conditions d’un langage à venir. En d’autres termes, ce nouveau langage peut se traduire par la présence subtile de cryptogrammes bien plus universels réservés par la nature à l’art poétique. De ce point de vue, Lamartine nous oriente, dans son commentaire sur le Lac, vers la considération de la nature comme étant « le grand poète »6 :

 

C’est une de mes poésies [Le Lac] qui a eu le plus de retentissement dans l’âme de mes lecteurs, comme elle en avait eu le plus dans la mienne. La réalité est toujours plus poétique que la fiction ; car le grand poète, c’est la nature.

 

 

Mais l’acceptation d’une telle vision métonymique et universaliste de la nature/poésie nécessite une certaine prédisposition psychologique chez l’auteur, si l’on se réfère à quelques passages précis de la préface proposée par Lamartine :

 

 

J’étais né impressionnable et sensible. Ces deux qualités sont les deux premiers éléments de toute poésie. Les choses extérieures à peine aperçues laissaient une vive et profonde empreinte en moi ; et, quand elles avaient disparu de mes yeux, elles se répercutaient et se conservaient présentes dans ce qu’on nomme l’imagination, c’est-à-dire la mémoire, qui revoit et qui repeint en nous. Mais, de plus, ces images ainsi revues et repeintes se transformaient promptement en sentiment7.

 

 

L’âme du poète était ainsi imbibée, dès la prime enfance, de l’imagination qui est « la reine du vrai » selon Baudelaire impressionné par cette faculté. Ce dernier exprime, d’ailleurs, sa conception dans des termes suffisamment fascinants, afin d’indiquer clairement le pouvoir créateur de l’imagination :

 

 

Par imagination, je ne veux pas seulement exprimer l'idée commune impliquée dans ce mot dont on fait si grand abus, laquelle est simplement fantaisie, mais bien l'imagination créatrice,qui est une fonction beaucoup plus élevée, et qui, en tant que l'homme est fait à la ressemblance de Dieu, garde un rapport éloigné avec cette puissance sublime par laquelle le Créateur conçoit, crée et entretient son univers8.

 

 

Baudelaire ne compte pas s’arrêter à la seule considération fantaisiste de l’imagination, il lui donne une fonction à la fois métaphysique et universelle. Pour lui, lerôle universaliste de l’imagination requiert la nécessité d’une sorte de réquisition de toutes les autres facultés qu’il faut mettre en branle, afin de contribuer de manière efficiente à l’acte sublime de créer :

 

 

Tout l'univers visible n'est qu'un magasin d'images et de signes auxquels l'imagination donnera une place et une valeur relative; c'est une espèce de pâture que l'imagination doit digérer et transformer. Toutes les facultés de l'âme humaine doivent être subordonnées à l'imagination, qui les met en réquisition toutes à la fois9.

 

 

Vu la primauté réservée à « l’imagination universelle », on peut s’accorder à l’opinion du poète théoricien pour dire que celle-ci « renferme l'intelligence de tous les moyens et le désir de les acquérir ». « Tous les moyens » supposent aussi bien le langage comme un système communicatif d’expression des ressources de la nature et la volonté d’universaliser celles-ci.

 

De toute évidence, il faut accéder, finalement, à l’idée première qui suggère que le Lacet, Le Vallon de Lamartine constituent une vive expression langagière d’images impressives, en ce que celles-ci ont laissé des empreintes presqu’indélébiles dans la mémoire du poète. De ce fait, il en est arrivé à cette révélation teintée d’émotion : « Mon âme animait ces images, mon cœur se mêlait à ces impressions. J’aimais et j’incorporais en moi ce qui m’avait frappé ». Les images de Lamartine constituent ainsi cette sorte de langage de réverbération de « l’œuvre de Dieu », comme il l’explique lui-même : « J’étais une glace vivante qu’aucune poussière de ce monde n’avait encore ternie, et qui réverbérait l’œuvre de Dieu ! ». Or, d’un point de vue ontologique, on dira que l’œuvre de Dieu est celle de la création dont émane la nature, c’est-à-dire « l’oikos » intériorisé par le poète. Mais, ce paysage mental intérieur mérite d’être authentiqué par la voix poétique empruntée au langage de la nature elle-même. C’est pourquoi le poète ne peut rendre que la parole à lui concédée par le cri de la vie naturelle : « Chanter des vers au bord de mon nid, comme l’oiseau10 ».  

        

Dès lors, il faut penser avec Lamartine que la nature possède, de façon intrinsèque, une sorte d’autonomie artistique et créatrice, à telle enseigne que le poète a tout lieu de sonder son essence, afin d’accéder à l’expérimentation et à l’expression des vibrants symboles charriés par sa secrète « mélodie »11.

 

Pour résumer succinctement ce volet, on dira que le projet poétique de Lamartine se fonde sur la recherche d’une langue dont les paroles sont dictées par la nature pour sa propre réinitialisation. Les caractéristiques majeures d’un tel langage sont découvertes à travers la marque poétique de son père dont les signes semblent aussi proches de la nature que de Dieu :

« Ces belles images qui font voir ce qu’on entend […] Sa parole […] qui me rappelait l’accent religieux des psalmodies du prêtre le dimanche dans l’église de Milly.12 »        Cette « langue », relevant de l’ « ordre divin » semble être, de façon analogique, celle que l’entité nature-poésie transmet subtilement au poète dans le but de la transmutation esthétique.

 

Le  Vallon et Le Lac, voix poétiques de la nature

 

 

La considération de ces deux textes comme voix de la nature suppose la prise en compte, véritablement, d’une « langue » comme l’a indiqué Lamartine. Il s’agit de considérer les aspects par lesquels se révèle une telle expansion langagière et d’en distinguer les caractéristiques diffuses dans les compartiments textuels du corpus choisi. Trois pistes possibles s’offrent à notre investigation et s’expliquent par la présence, la non-présence et l’infinitude de la voix de la nature.

 

1-2. Présence de la voix de la mobilité

 

 

La voix de la mobilité est bien celle qui procède des turbulences et des agitations offertes par l’environnement naturel et qui ont eu quelques impacts impressifs sur la psyché du poète. Celle-ci se perçoit d’abord par l’audition (« […] écouter l’inépuisable balbutiement des vagues »13) avant de se perpétuer dans la conscience psychique du poète.

Dès lors, il lui est loisible d’entendre la voix de la nature, celle qu’il nomme « balbutiement », « gémissements » ou parfois « bourdonnement » ; ces codes langagiers lui réservent, en effet, « des mondes de poésie qui [roulent] dans [son] cœur et dans [ses] yeux »14. Cet aspect des choses se note dans le Lac, visiblement au premier vers de la troisième strophe : « Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes ». Également, à la troisième strophe, Le Vallon annonce sa mystérieuse voix ondoyante : « […] deux ruisseaux cachés […] / mêlent un moment leur onde et leur murmure » (vv. 9-11). Dans les deux cas de figure textuelle, l’eau constitue le motif apparent du mouvement de la nature qui se fait audible et suggère l’action poétique. Le vent s’associe à l’eaude façon tacite et complice, afin de lui adjoindre un accord amplificateur de la musique que procure l’environnement naturel.

 

Par voie de  conséquence, on dira que  c’est par l’écoute des « aspects criant »que le poète accède à la réalité de la voix naturelle qu’il s’engage à perpétuer à la mesure de l’immensité ou de la beauté de celle-ci. Un peu comme le poète Wordsworth qui, portant un coquillage à son oreille, entend « une prophétie dite dans une langue qu’il ne connaissait pas mais qu’il comprit ».15 L’expérience prophétique est ainsi mise en avant par Lamartine qui use de ce privilège pour livrer le mystérieux langage de la nature qu’il conçoit comme « des millions de petites voix »16. On pourrait ajouter : « qui lui parlent et lui transmettent une parole à l’horizon de laquelle transparait la vérité ».

 

2-2. La voix de la non-présence

 

 

La non-présence de la voix n’est nullement synonyme ici d’absence absolue de la marque vocale de la nature ; elle est plutôt le signe d’une présence perceptible dans le concret du silence. Le Vallon évoque en effet, « Une voix » [qui] « parle » dans son univers mutique : « son silence » (v. 63)

La voix à laquelle fait allusion Lamartine s’inscrit dans le calme matriciel de la nature ; et pour y accéder, il convient, pour le poète, d’opérer la descente « aux enfers », jusqu’aux entrailles de celle-ci : « Mais la nature est là qui t’invite et qui t’aime ; / Plonge-toi dans son sein qu’elle t’ouvre toujours » (v. 49-50). De ce fait, on peut estimer que le langage est bien présent non pas seulement dans le mouvement, mais aussi dans les éléments statiques qu’offre la nature elle-même, vaste champ mutique. Le Lac présente, avec insistance, un paysage de liens connexes entre les végétaux (« noirs sapins » et les non-vivants (« rocs sauvages »), à tel point que les épithètes attribués entrainent l’interlocuteur-poète vers la révélation d’un message inédit : Tout dise : « Ils ont aimé ! » (V. 64).

Un tableau analogue est évoqué par la textualité du Vallon avec la présence de l’axe astral, « le soleil », générateur silencieux de « Lumière et d’ombrage » (v. 53) et qui véhicule l’amour vrai comme proféré au vers 54 : « Détache ton amour des faux biens que tu perds ».

Ainsi, en poète suffisamment conscient d’un si précieux breuvage verbal, Lamartine inonde son poème d’un langage qui n’est autre que celui issu de la nature. Dès lors, on peut affirmer que le prétexte de la fuite du temps, offert par la textualité du Lac, est le tremplin exutoire lui permettant de faire miroiter ce que la nature possède de pure langue communicative : une langue dont la vocation première est de « dire » l’amour universel, comme au dernier vers du Lac (« Que […] / Tout dise : « Ils ont aimé ! »).

 

2-3. La voix de l’éternité

 

 

La voix de l’éternité se conçoit comme celle qui procède de la Nature saisie dans son essence cosmique, voire spirituelle. De ce fait, les références linguistiques mentionnées dans les deux textes de Lamartine font penser à l’évidence de considérations à la fois microcosmiques et macrocosmiques.

Si l’on s’intéresse à la dernière partie du Lac, c’est-à-dire depuis le vers 53 jusqu’à la clausule, on s’aperçoit de la présence subtile d’un « micro-monde », d’une part, et d’un « macro-monde », d’autre part. Le petit monde, en effet, est celui du poète-homme en proie aux contingences immédiates de la matière, et qui emprunte la parole d’abord au silence du lac : « Qu’il soit dans ton repos […] » (V. 53) ; puis à ses turbulences et aux bruyantes agitations des environs : « qu’il soit dans tes orages », « dans l’aspect de tes riants coteaux »,« Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés »(V.54-55). Mais dans ce processus de transfert par la parole poétique, Lamartine semble privilégier l’action du vent, en complicité avec la végétation et le relief comme on le constate à l’intérieur de ces vers :

 

Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages          

Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire (V. 56-58)

 

 

Ces vers laissent ainsi du champ à la voix de la nature de s’exprimer à travers les verbes « frémit », « gémit », « soupire ». Des verbes de sensation, certes, vu l’impression de douceur, de fraicheur et de bien-être qu’ils insinuent ou qu’ils provoquent, mais il n’en demeure pas moins que la nature parle au poète dans une langue qui est bien la sienne. Par ailleurs, dans le souci d’amplifier surement cette parole pure qui imprègne son âme, le poète l’intègre à une sorte de symphonie en i, renforcé par des notes rythmiques. Le rythme est ainsi marqué à l’envi et de façon régulière par : « Qu’il soit », « dans », « et dans », « qui », « que ». Il s’en suit, consécutivement, le fait que les dernières strophes prennent l’allure d’une ligne musicale avec, entre autre, des sonorités dentales (/d/ et /t/), des occlusives sourdes (/k/) en alternance avec les fricatives sourdes (/s/, / ∫/) et sonores (/Ӡ/). Par ailleurs, il convient de noter que ces récurrences phoniques se répandent sur l’ensemble du poème, afin de marquer la ferme volonté du poète de chercher la parole ineffable et de la célébrer.

D’un point de vue macrocosmique, l’univers est évoqué, toujours à travers Le Lac, par la présence astrale qui se combine avec les éléments aériens :

 

        Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface          

De ses molles clartés !

Que les parfums légers de ton air embaumé,

Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,          

Tout dise : « Ils ont aimé ! »

 

 

On a l’impression ici que la voix d’amour livrée au poète par la nature ne prend davantage forme que lorsqu’elle est en harmonie avec les éléments de l’univers tout entier. Dès lors, on ne peut être nullement surpris d’une sorte d’ambiance mystique et spirituelle que consacre Lamartine en combinant les manifestations de la terre (« rochers, grottes, forêts »), de l’air (« ton air embaumé »), de l’eau (« le lac ») et du feu (« l’astre »).

Les cas de figure présentés dans Le Vallon suivent la même progression organisationnelle, du cosmique vers le spirituel. Le poète, en voyageur méditatif, « Plonge  dans [le] sein » (V. 50) de la nature, à la rencontre des principes universels qui conduisent à la découverte de la voix primordiale, celle proférée par « Dieu » :

 

                De lumière et d’ombrage elle [la nature] t’entoure encore :

                […]

                Adore ici l’écho qu’adorait Pythagore ;

                Prête avec lui l’oreille aux célestes concerts

 

                Suis le jour dans le ciel, suis l’ombre sur la terre ;

                Dans les plaines de l’air vole avec l’aquilon ;

                Avec le doux rayon de l’astre du mystère

                Glisse à travers les bois dans l’ombre du vallon. (v. 53-60)

 

 

On s’aperçoit, à travers ces deux strophes, de la prédominance de l’élément aérien (« célestes », « le ciel », « l’air »), preuve de l’invitation du poète à l’élévation spirituelle, dans le but de contempler l’harmonie universelle que célèbre la nature. La terre apparait en tant que support latent des formes pures générées par la nature (« l’ombre sur la terre », « l’ombre du vallon » ; l’eau, évoquée plus haut, semble géométriser symboliquement l’univers dans ses manifestations esthétiques : « Là, deux ruisseaux cachés sous des ponts de verdure / Tracent en serpentant les contours du vallon » (v 9-10). Mais encore plus prégnante est la présence du principe igné, c’est-à-dire le soleil, « l’astre » qui procure l’essence mystérieuse indispensable au poète dont l’obsession est de recueillir puis de proférer la « voix » de l’amour divin :

 

                Dieu, pour le concevoir, a fait l’intelligence :

                Sous la nature enfin découvre son auteur !

                Une voix à l’esprit parle dans son silence :

                Qui n’a pas entendu cette voix dans son cœur ?

 

 

En définitive, la voix de la nature ou de l’univers est bien celle de la nature divine concédée au poète qui se trouve dans l’obligation d’authentiquer le monde, afin qu’il soit le lieu du pur chant d’amour.

 

  1. l’écopoésie, une forme d’authentification du monde

 

 

Il s’agit d’admettre, à la lecture du Lacet du Vallon de Lamartine, que la poésie de la nature, en dépit de quelque considération passionnelle, est un processus linguistique de donation d’amour pour la nature elle-même, dans sa saisie universelle comme représentation du monde. C’est donc un devoir assigné au poète de toujours rendre la terre habitable en lui redonnant sens ; la terre doit être habitable certes, mais à la condition que la nature, composante essentielle, soit tout aussi bien viable que vivable. Telle semble être aussi la vision du romantique allemand Hölderlin, lorsque, dans un poème, il prescrit le fait pour l’homme d’ « Habiter poétiquement le monde » : « Riche en mérites, mais poétiquement toujours, / Sur terre habite l’homme17 ».

On peut se représenter cette tirade, au regard de la poésie de Lamartine, en ayant à l’idée qu’elle constitue une interpellation lancée au poète. D’un coté, en effet, allusion est faite ici à l’homme et à son existence rattachée au monde, à son environnement, par référence à la « terre ».De l’autre coté, il y a la considération que l’ « oikos »/nature est encore habitable, à la condition que l’homme soit poète, c’est-à-dire qu’il s’érige d’abord en un contemplateur rigoureux de la beauté de l’environnement très composite. Muni alors des mystères sacrés octroyés par celui-ci, il a le mérite ensuite d’être le canal à travers lequel tout redevient poésie, c’est-à-dire harmonie sacrée.

L’idée du sacré de la nature est reprise environ un siècle plus tard par Heidegger dans une conférence qu’il intitule Le Poème18. Au sujet d’Hölderlin, il conçoit, en effet, que celui-ci est un poète étrange, sinon même « mystérieux » (geheimnisvoller), qui poétise (dichtet) à partir de ce qui donne voix à son poème {aus der Bestimmung). Il en est ainsi de Lamartine dont la poésie, en l’occurrence, Le Lac et Le Vallon,  fait entendre, avec détermination, la voix du mystérieux langage d’amour de la nature. À son insu peut-être, le poète adoptant cette attitude du « recevant-voyant »se transforme en ce « donnant-vu » pour l’homme, surtout le poète qui réceptionne et intègre la sublime idée que la terre est à authentiquer.

 

De ce qui précède, il convient de retenir que la question de l’écologie n’est pas que discours politique, encore moins socio-économique, elle est davantage poétique, en ce qu’elle relève d’un ordre phénoménologique. Il faut donc accéder à la juste opinion que l’écopoétique (terme emprunté à Bate), à laquelle nous préférons le concept d’« écopoésie », eu égard au caractère parfaitement opérationnel du langage poétique, est bien la voie du « Salut19 » dans le contexte mallarméen. Point n’est question de recréer la nature par la poésie, mais d’utiliser le legs langagier pour épargner à l’oikos un écocide perpétuel.

 

Recréer la nature, c’est un peu cette volonté de l’écrivain à rendre à celle-ci sa propre image représentée, c’est-à-dire, comme le souligne Buell, à rédiger un « script vert ». En revanche, l’écopoésie prend en compte par l’écriture, à la fois, la représentation de la nature et le désir du poète de lui redonner sa fonction initiale d’habitat ou « jardin » génésiaque. L’écopoésie, ainsi que nous le voyons à l’œuvre à travers les deux textes de Lamartine, se conçoit d’abord dans un effort de communion du poète avec la parfaite harmonie naturelle. Par la suite, et consécutivement à cette attitude somme toute mystique, l’écriture prend le relais, afin de perpétuer l’ineffable que profère la nature elle-même pour sa propre sauvegarde. De ce fait, on dira que la nature est sauvée parla volonté sotériologique du poète et sa poésie. Comme on peut le voir, la question de l’équilibre de l’écosystème ou de l’écologie, pour être au diapason terminologique de l’actualité, nécessite bien des dispositions de l’ordre de l’utopie. La poésie est fort bien la reine dans ce domaine par son intention d’insuffler à l’homme et à son âme l’essence de l’amour, afin de rendre la terre encore plus habitable. L’écriture écopoétique aide, de ce fait, le lecteur à façonner une sorte d’imaginaire environnemental, « le confrontant ainsi, comme le souligne Thomas Pughe, à sa propre aliénation par rapport au monde naturel et lui suggérant l’utopie d’une réconciliation entre nature et civilisation humaine »20.

 

En résumé, il faut se rendre à l’évidence que l’utopie du Romantisme traditionnel décelée, par nos soins, chez Lamartine au sujet de la nature /oikos, se combine bien, dans la continuité, à l’utopie du Romantisme contemporain : redonner à la nature sa vie d’origine et aider l’homme (nature humaine) à retrouver l’harmonie de son habitat initial.

        

Conclusion

 

De l’écocritique ou de l’écopoétique il faut y voir, de prime abord, une question de terminologie ayant pour but d’épiloguer sur l’essence des choses, ou de signifier la même et unique réalité : la nature dans ses corrélations et ses interactions avec tous les domaines de l’existence. Ces domaines concernent tout aussi bien le cosmique, le politique, l’économique que le social, le culturel et le littéraire. L’option, ici, qui est à la fois une prise de position, est la considération de l’écopoétique, par rapport à l’écocritique, dans une approche typiquement littéraire et centrée sur la pratique poétique. « La nature réinitialisée » se conçoit, en conséquence, comme une injonction faite au poète : la nature doit retrouver, voire réintégrer sa condition première de « jardin d’éden » ; dès lors, celle-ci accorde à l’art poétique le soin de lui emprunter son langage intime. Ainsi, la poésie de Lamartine n’ambitionne nullement de louer la nature mais de tenter d’écouter sa voix, afin de redécouvrir et de réinstaller la demeure harmonieuse qu’elle fut.

 

 

Bibliographie

 

Charles Baudelaire, « Le gouvernement de l’Imagination », dans Curiosités esthétiques. L’art romantique et autres œuvres critiques, Clonard, Paris, 1923.

Friedrich Hölderlin, « En bleu adorable », Traduction d’André du Bouchet in Œuvres, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1977.        

Hugues Marchal, « L’histoire d’une histoire : reprise, diffusion et abandon d’une découverte botanique et poétique », dans Épistémocritique, Études réunies  par Anne-Gaëlle Weber, édition Belles lettres, sciences et littérature, collection « Ouvrages en ligne », 2015.

Maurice Merleau-Ponty, La Phénoménologie de la perception, Paris, Gallimard, Collection Tel, 14/05/1976.

Ouattara Gouhé, « Le symbole du temps dans les méditations poétiques modernes : un héritage de la Renaissance », dans Revue Le Didiga, n°9 du 2e  semestre 2013.

Stéphane Mallarmé, Poésies, Paris, Gallimard, 2001.

 

Thomas Pughe, « Réinventer la nature : vers une éco-poétique », dans Etudes anglaises, 2005, (Tome 58). 

Victor Hugo, Les Contemplations,  Paris, Flammarion, 2008. 

Méditations poétiques, Paris, Ebooks libres et gratuits http://fr.groups.yahoo.com/group/ebooksgratuits,  décembre 2006, téléchargé le 29/11/2018.

William Wordsworth, par Jorge Luis Borges, dans Conférences, traduit de l’Espagnol par Rosset, Paris, Gallimard, 1985.

Notes

 

 

 

​​

1 Selon l’idée de Deleuze et Guatari, la poésie procède par la dé-territorialisation du monde en observant rigoureusement ses menues parcelles, puis elle se prête au jeu de re-territorialisation de celui-ci, voire de sa réhabilitation.

2 Victor Hugo, Les Contemplations, Paris, Flammarion,  2008.

3 Alfred de Vigny, La maison du berger, Paris, Hachette, Livre BNF, 1 août 2016.

4 Victor Hugo, Méditations poétiques, Paris, Ebooks libres et gratuits http://fr.groups.yahoo.com/group/ebooksgratuits, téléchargé lé 29/11/2018, pp. 86 et 115.

5 Cf.  « Le symbole du temps dans les méditations poétiques modernes : un héritage de la Renaissance », dans Revue Le Didiga , n°9 du 2e  semestre 2013, p. 95.

6 Commentaire du Lac par Lamartine, Consulté le 12/12/2018 dans l’édition du groupe « Ebooks libres et gratuits », http://fr.groups.yahoo.com/group/ebooksgratuits, p. 117. Nous nous offrons l’opportunité de « piller » de larges extraits de ce commentaire et de la préface des Méditations poétiques, dans le but d’une aide précieuse à la compréhension du fait langagier de l’esthétique lamartinienne.

7 Victor Hugo, Les Méditations poétiques, « Préface », 2 juillet 1847, édition du groupe « Ebooks libres et gratuits », http://fr.groups.yahoo.com/group/ebooksgratuits, p. 5, consulté le 12/12/2018.

8 Charles Baudelaire, « Le gouvernement de l’Imagination », dans Curiosités esthétiques. L’art romantique et autres œuvres critiques, Paris, Clonard, 1923, pp. 278-285.

9 Ibidem.

10 Préface des Méditations poétiques, p. 6.

11 Idem, p. 10.

12 Idem, p. 12.

13 Préface des Méditations poétiques, p. 15.

 

14 Ibidem

 

15 William Wordsworth, cité par Jorge Luis Borges, dans Conférences, traduit de l’Espagnol par Rosset, Paris, Gallimard, 1985, p. 52.

16 Préface des Méditations poétiques, p. 16.

17 Friedrich Hölderlin, « En bleu adorable », Traduction d’André du Bouchet in Œuvres, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1977, p. 940.

18 Le texte revu de cette conférence, prononcée pour le 70e anniversaire de F.G. Jùnger, le 25 août 1968 à Amriswil, se trouve dans M. HEIDEGGER, Erlauterungen zu Holderlins Dichtung, Francfort, Kiostermann, 1981, p. 182-197. Traduction de F. Fédier (Approche de Hôlderlin), Paris, Gallimard. 1973, p. 241-254.

19 Stéphane Mallarmé, Poésies, Paris, Gallimard, 2001, p. 3.

20 Thomas Pughe, « Réinventer la nature : vers une éco-poétique », dans Études anglaises, 2005/1 (Tome 58), p. 68-81.

***

 

Pour citer cet article
 

Ouattara Gouhé, « Le Vallon et Le Lac de Lamartine : une écriture écopoétique de réinitialisation de la nature », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°14|Être féministe, mis en ligne le 23 janvier 2020. Url :

http://www.pandesmuses.fr/lettreno14/lamartine

 

Page publiée par le rédacteur David Simon

© Tous droits réservés                                 Retour au sommaire ​​​

​​

15 mars 2018 4 15 /03 /mars /2018 15:15

 

Megalesia 2018 | Florilège de poèmes sur les violences faites aux femmes & Le Printemps des Poètes

 

 

 

 

 

Une paille dans le vent

 

 

 

 

Demie D. Simon

 

 

 

 

 

Quelques chose étrangle le regard puis la voix, me noue la gorge, me brise les os… ma voie se rétrécit, elle me ramène en chemin arpenté vers toi. Je rampe… là-bas.

Le temps passe, traverse les pages de ma vie puis s'arrête là où naît ton regard en moi.

Patrie aimée, patrie flétrie, patrie des cris...

Je suis l'être miroir du temps, l'être du rien, pleurant les travers du monde, pleurant ses beautés et ses laideurs, emportant dans les plis de son cœur, le peu d'humanité qui lui reste ; son unique trésor et sa raison d'être…

Quelque chose étrangle le réel, étrangle l'écriture, les mots se disloquent, s'abîment, se meurent tandis que l'odeur de la haine envahit des parcelles du monde… c'est immonde…

Là-bas, dans le paradis coloré des rêves, vivaient encore des files et des garçons dans l'innocence des temps divins.

Là-bas, dans le pays des sans cœurs, les cadavres jonchent la terre.

Là-bas, l'on abat...

Là-bas, quelque chose étrangle la vie, les voix et les voies… quelque chose demeure, blesse le regard, tue les mots, enfante le chaos.

Là-bas est ici parfois, oui, ici.. ici.. souvent parsemé dans les médias en terres brûlées et en clichées d’orphelins.. là-bas.

Là-bas… ne reste pas là-bas…

Là-bas, l'on s'abat...

Que faire quand la haine inventée par l'humain casse les mots, invente de nouveaux maux, frappe le cœur ici et là-bas ?

Que faire de tous ces cœurs en pierres ?

Que faire du temps qui joue au cache-cache dans les ruelles des guerres et quand la haine se déchaîne ?

Demeurée ici, demeurée là-bas, en deux lieux, dans l'entre-deux, dans le néant des cris, des corps flétris…

Que faire ? demeurée dans le vent une paille asséchée, virevoltante jusqu'à la nuit des temps…

 

mars 2018

« Parce que l'amour est mon unique demeure, je virevolte au vent »

 

© DDS

Poésie engagée

***

 

 

 

Pour citer ce poème


Demie D. Simon, « Une paille dans le vent », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Le Festival Megalesia 2018, Le Printemps des Poètes au féminin, mis en ligne le 15 mars 2018. Url : http://www.pandesmuses.fr/2018/3/paille-vent

 

© Tous droits réservés                            Retour au sommaire

3 janvier 2018 3 03 /01 /janvier /2018 11:50

 

Newsletter | Lettre n°13 | Éditorial 

 

 

La belle consolatrice

 

 

 

Chères lectrices, amies, collègues et autres,

Chers lecteurs, amis, collègues et autres,

 

En cette année qui démarre, au moment où nous nous échangeons chaleureusement nos vœux et bonnes résolutions, je vous prie de recevoir également mes meilleurs vœux pour 2018 : que cette année vous soit une source de joies.

Je voudrais cependant partager avec vous mes inquiétudes quant à l’irrationalité patente de la plupart des actes des humains envers eux-mêmes et les autres vivants, animés et inanimés. Certes, la poésie ne peut rendre nos actes et jugements vraiment réfléchis mais elle peut nous aider à nous familiariser avec nos sensations, sentiments, ressentiments, émotions, passions, etc. Elle peut nous aider à nous en décharger voire d'en maîtriser certains. La poésie a en effet le pouvoir de nous guérir de l'indifférence dont souffre notre monde en nous éveillant à ses beautés et travers, en nous réveillant aux affects sains et modérés à l'égard d'autrui par l’intermédiaire de la catharsis (poétique et politique dont parle Aristote).

Ne craignez plus d'être vous-mêmes, de lire de la poésie, d'en acheter, d'en faire, d'en éditer et de côtoyer des poètes. La poésie a parfaitement sa place dans nos villes, campagnes, déserts et univers. Elle est même nécessaire pour expérimenter, surmonter et appréhender les souffrances, colères, joies, amours, peurs et angoisses. Elle sait nous consoler de presque tout. Elle est la belle Muse consolatrice : la mer bleue, colorée, originelle et lyrique ; elle est aussi consolation et victoire dans les œuvres de Jean-Michel Maulpoix (voir entre autres Une histoire de bleu), Marceline Desbordes-Valmore, Françoise Urban-Menninger, Aurélie-Ondine Menninger (voir surtout Lettres à Bleue, Era la noche/C'était la nuit et le n°5 du Pan Poétique des Muses), Baudelaire, Camille Aubaude et chez bien d'autres poètes :

 

 

La Poésie est une mer

 

Aux récits de corail : elle bruit

[...]

Le rire d'Orphée ne peut mourir

Il glisse dans l'abîme : l'éclat

De sa gorge aux branches de corail

Est pur éclat d'amour. Et je vogue

Divague en ses ondes d'épaisse

Encre d'enfer et jouis dans l'éther.

Dans les ressacs du Chœur, l'arc-en-ciel

Renaît, gonfle l'air où il se déploie,

Feu follet, rivière d'or et de nuit.

[...]

Un grand corps noyé dans les coraux

Jamais ne guérira : mais il change

D'astre, de scintillement, de tête,

D’œil, hors de l'abysse du temps.

(Camille Aubaude, La Sphynge,

L'Ours Blanc, 2009, « Orphée », pp. 15-16).

 

 

Elle a ainsi de nouveaux rôles à jouer dans nos sociétés où les affects, la solidarité et l'autre constituent encore un problème et non pas une ouverture vers une éthique d'altérité et de responsabilité.

Cette année est donc placée sous le signe de la poésie comme une consolation des blessures de l'humanité et du monde animé et inanimé. Elle est vouée à ce que j'appelle « Rendre égard » et à la solidarité avec les créatives-créatrices, animaux, personnes handicapées, personnes exclues, malades ou en fin de vie, etc. Puis-je oser me réclamer de « Ce n'est jamais assez d'aimer » (ibid., p. 27).

Vive la différence !

 

Dina Sahyouni

 

En poésie avec vous ! Belle année 2018 !

 

***

Pour citer ce texte

 

Dina Sahyouni, « La belle consolatrice », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Newsletter & Lettre n°13, mis en ligne le 3 janvier 2018. Url : http://www.pandesmuses.fr/1/2018/consolatrice

 

© Tous droits réservés                        Retour au sommaire

© Tous droits réservés                        Retour à l'Accueil

15 octobre 2017 7 15 /10 /octobre /2017 16:47

 

1er concours international de poésie

 

Poème inédit pour "Les voix de la paix et de la tolérance" 

 

 

 

Poème sélectionné sur le thème "la joie"

 

 

 

 

La voix d'un enfant inconnu

 

 

 

Mona Gamal El-Dine

 

 

 

En souvenir des enfants coptes massacrés sur le chemin de monastère de Saint Samuel à Minieh

 

 

Musique

 

Je contemple l’arbre anéanti et la terre brûlée...

J’ai poussé un cri d’amour et de désespoir...

Je n’entends pas le chant des oiseaux, ni leurs petits gazouiller comme autrefois...

Je pleurais et le ciel pleuvait...

Je vis le présent mais le passé m’habite... j’ai effacé les souvenirs !

 

Il était une fois, des champs de blé, surface dorée, étaient l’espoir de nourrir les habitants de la vallée...

Comme ma mémoire est perturbée, je me souviens que je jouais avec les filles et les garçons : Léa, Mina, Amal, Khalid, Youssef,...

 

À l’époque, les cloches de l’église annonçaient un événement, nous rentrons avec l’espoir de partager le pain sacré...

 

Avant le coucher du soleil, c’était le retour des paysans avec leurs troupeaux, nous sautions de joie devant cette image...

Nous rentrons pour le dîner...

C’était la joie de vivre...

 

Sur le chemin, l’odeur du pain engouffré dans le four nourrit notre cœur avec un immense bonheur...

Sur la route des souvenirs, j’ai perdu mes mots, les cris des enfants et le chant des oiseaux...

 

Je ne me souviens plus des couleurs de l’arc-en-ciel, au moment du coucher de soleil, sur notre village...

J’ai oublié les couleurs de joie des costumes traditionnels des femmes,...

 

Je suis revenue pour marcher sur les cadavres de mon village, corps silencieux, yeux ouverts sans regard qui voudraient raconter l’histoire de notre village anéanti – arrêt sur l'image – sans reconnaissance de mémoires...

 

Anges innocents, ils n’ont pas touché le bonheur de la vie

Un fantôme obscure hante ses victimes

Les âmes révoltées sont en souffrance

On mutile les cadavres, on brûle leurs objets sacrés

Leur corps immobile, continue à méditer...

L’œil de la divinité est indifférent du flot de sang ? !

Combien de poèmes pour me consoler ? !

 

Musique

 

Il était une fois, un village, une montagne, des enfants qui jouaient, des femmes préparaient le pain, des hommes récoltaient le blé, des mariages et des deuils, une vie de village !...

 

Des arbres grandissaient pour faire de l’ombre sur notre village bien aimé…

Des oiseux parlaient, chantaient, ils vivaient en paix !

 

Il était une fois, des larmes de joie, mariages, fêtes, départ, tambours...

Je suis revenue à l’époque où des tambours de guerre et des nouvelles suspendues,...

Je suis abasourdie par les nouvelles diffusées, déformées par la radio qui annonce un seul gagnant, celui qui a réussi à mettre le feu dans toutes les vies...

Celui qui a triomphé en semant la peur, anéantissant des sentiments nobles...

Décadence avec fierté...

 

Musique

 

Mon cœur saignait, mes mains tremblaient, mes yeux en larmes...

Je ne pouvais pas distinguer les cadavres, même pas jeter un dernier regard,...

Mes cousines, mes cousins, mes nièces, mes neveux, les enfants du village.

Où sont-ils ?

 

Musique

 

L’œil observe la fosse commune...

Oui, ils sont tous ensemble...

Oui, nous sommes ensemble dans la douleur, dans le deuil de l’Humanité...

Les enfants du monde déposent des gerbes de fleurs rouges, devant le mémorial de l’enfant inconnu,...

Ces innocents sont massacrés sans idée légitime ?!

Est ce vrai que Dieu est puisant ?... juste ?

 

Le ciel abriterait- il les criminels ?!

 

Ces enfants envoient un message à l’Humanité…

Nous sommes la terre, nous sommes la Paix !

 

Musique

 

Ils conseillent de dire, d’écrire, de chanter l’hymne de la Paix, chaque matin à l’école...

Ils souhaiteraient offrir des fleurs, chaque jour pour fleurir les tombeaux, les protéger contre l’oubli.

 

Ils seraient satisfaits d’envoyer aux victimes des lettres d’amour car ils sont les martyrs de la Paix...

 

Musique

 

Ils voudraient être la mémoire vivante dans le cœur de l’Humanité…

Ils s’adressent à l’Humanité pour nous dire : le temps est venu pour vivre en Paix ensemble !

 

 

En ce moment, sur cette note d’espoir, ainsi s’achève le message d’un enfant inconnu...

 

Mon crayon cesse de bouger et s’arrête sur ces mots en or : Ensemble pour la Paix !

 

 

Musique

 

Ya May, .. waladi... (appel d’un enfant à sa mère)

 

Ya May...Waladi... (réponse de la mère)

 

Ya May...Waladi...

 

 

Accompagnement musical

Thomas LALLEMAND

Guitare

 

26 mai 2017, ce poème a été traduit en espagnol

 

Poésie engagée

 

 

Lettre n°12 | S'indigner, soutenir, lettres ouvertes, hommages

 

***

 

Pour citer ce poème

 

Mona Gamal El-Dine, « La voix d'un enfant inconnu », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n° 12 & Événements poétiques|Les voix de la paix et de la tolérance|Concours international (édition 2017 sur les animaux, le handicap & la joie), mis en ligne le 15 octobre 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/concours-voix-enfant.html

 

© Tous droits réservés                            Retour au sommaire

23 octobre 2013 3 23 /10 /octobre /2013 08:00

 

 

Critique & réception

 

Poésie des souvenirs

 

 

Dina Sahyouni

    

 

 

 

 

 

Couverture Le jour du muguet Françoise Urban-Menninger

© Crédit photo : Couverture illustrée par Nils Gleyen

 

 

 

« Les jardins de notre enfance nous accompagnent jusqu'à la mort dans les allées intérieures de notre mémoire » (cf.« Dernier voyage », p. 31)

 

 

 


 

Lire Le jour du muguet et autres récits de Françoise Urban-Menninger, illustré par l'artiste talentueux Nils Gleyen n'est ni un acte anodin, ni une lecture facile. Cet ouvrage assez bref (64 pages) ne se laisse pas s'apprivoiser comme les autres écrits dits classiques (polluant parfois l'atmosphère littéraire et surtout poétique par leur tiédeur narrative et poétique). Dans ce livre, tout est différent, un rythme narratif soutenu, une éloquence et une poéticité qui lui sont propres. On a affaire à une poésie qui nous renvoie systématiquement à celle de Proust dans sa fameuse heptalogie (œuvre majeure) À la recherche du temps perdu mais elle s'en diffère pour épouser la poésie de femmes ouvrières infatigables de Mnémosyne. Et j'ose même dire que leurs productions littéraires n'occupent toujours pas la place qui leur revient dans l'histoire des idées.

 

    C'est un recueil de nouvelles inspirées de l'enfance de la nouvelliste Françoise Urban-Menninger tissant treize textes poétiques qui mettent l'accent sur des lieux chargés de souvenirs familiaux. Je relis ce livre et finis par me plonger dans les années bonheur de la nouvelliste où chaque détail de sa vie quotidienne, chaque pensée deviennent des déclencheurs narratifs d'histoires. On remarque que ces "déclencheurs narratifs" se personnifient en Muses ou représentent des substituts modernes de leurs pouvoirs chez la nouvelliste, ils sont le lieu d'une expérience esthétique qu'elle partage généreusement avec son lectorat. Critiquer alors ce livre revient à parler d'une certaine poésie : celle que l'on qualifie autrement d'authentique et de pure, celle des souvenirs. Et la poésie des souvenirs est celle de la mémoire, de la fidélité, de l'amour...

 

 

Les souvenirs sont le fil rouge et jouent un double rôle, ils sont la matière narrative première du livre et l'élément qui constitue sa tension narrative. Les personnages familiers tirent leurs forces de ce regard miroir de la nouvelliste qui balaye le temps. Dans « Une voix de velours », les temporalités prolifèrent comme les références culturelles d'une génération toute entière. La mère n'est plus une simple figure féminine de l'entourage intime de la nouvelliste, mais une femme ancrée dans l'histoire culturelle de la France et de celle du XXe siècle, cette mère était aussi une femme chargée de souvenirs, une voi(e)x poétique : « Oui, ma mère en interprétant les paroles de tous les chanteurs de variétés des années trente à soixante, exprimait son mal-être, ses sentiments profonds mais aussi ses joies et ses peines. » (cf. « Une voix de velours », pp.37-38)

 

La poésie de Françoise Urban-Menninger imprègne la lectrice (que je suis) de joies non seulement de ses expériences esthétiques relatées sous la forme de récits scènes de mémoires, de confidences empruntées au langage vivant des conteurs/conteuses où le merveilleux émerge de la souvenance, de la capacité de chacun-e d'entre nous à s'extasier face à la beauté d'un vécu riche de poésie des moments délicieux. Ce livre est aussi un hommage criant et bouleversant adressé à toutes les mères par l’intermédiaire de la figure maternelle de sa propre mère que Françoise Urban-Menninger nous raconte dans ces récits. Et l'on peut déchiffrer quelques notes de l'hymne à l'amour maternel qu'elle note au fil des pages : « Ces airs, mille fois entendus, me reviennent aujourd'hui, il suffit d'un mot ou d'une image pour que la voix de ma mère me traverse. » (cf. « Une voix de velours », p.37). Cette figure maternelle est multiple et émancipatrice malgré son profil nostalgique pour la nouvelliste qui la décrit avec une tendresse inouïe. C'est aussi le même miroir du temps mis à nu dans cette écriture-éloge de la souvenance qui restitue le passé au présent : le regard tendre de la nouvelliste sur les objets et les personnes de son entourage (y compris sur l'enfant qu'elle était) est celui de l'amour.

 

Le jour du muguet et autres récits contient également dans ses plis des personnages et des objets magiques traditionnels de l'univers de l'enfance. Ces références communes presque à nous tous/toutes comme Alice, hobbies, Ali Baba ancrent une fois encore l'ouvrage dans le monde féerique des contes de fées. La nouvelliste se rappelle comment ces histoires lui servaient de modèles pour affronter la vie, apprendre à composer avec les joies et les peines du quotidien comme dans « Pieds de nez » ou tout simplement à rêvasser et à s'émerveiller de tout ce qui l'entoure : « Il est des noms de lieu qui, lorsqu'on les entend pour la première fois, génèrent un charme au pouvoir évocateur. Ils invitent à la rêverie intérieure ou, mieux encore, au rêve éveillé. […] Cette Porte du Miroir avait sur moi l'effet d'un Sésame qui ouvrait grand mon imaginaire ! Je devenais alors, avant même de l'avoir rencontrée dans mes lectures, l'Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll, je courais après le petit lapin blanc d'un rêve tout éveillé. (cf. « La Porte du Miroir », pp. 43-44).

 

Chaque récit renferme simultanément une période charnière de l'enfance heureuse de la nouvelliste et de celle de l'histoire de l'Alsace : des visages, des lieux, des modes de consommations, des parcelles de la vie famille alsacienne des années 50-60. Habitée par la même force poétique, la narratrice de ces histoires brèves témoigne de certaines traditions familiales françaises (comme par exemple « Le jour du muguet »,  « La cueillette des champignons » et surtout alsaciennes (cf. «Vacherin glacé »). La famille, les plaisirs simples, les moments d'une convivialité et d'une complicité familiale sont saisis et figés dans le regard de la nouvelliste puis rendus des tableaux colorés de la vie de chacun-e d'entre nous. La singularité de ses souvenirs ne les prive point de leur message universel. À l'instar d'un Rousseau, d'un Proust, d'une Sylvia Plath, Françoise Urban-Menninger déjoue les temps et les espaces, établit d'autres temporalités fictives tissées avec chaque mot, chaque ponctuation, chaque souffle...

 

Le livre se termine avec une nouvelle intitulée « L'émerveillement ». Et oui, cet émerveillement s’immisce à chaque nouvelle et se compose de "Je ne sais quoi" qui est certainement le trait secret qui distingue la poésie de la nouvelliste des autres. Françoise Urban-Menninger nous livre dans Le jour du muguet et autres récits une sorte de symphonie poétique dédiée au « bonheur simple et enfantin d'être au monde » (cf. « Le jour du muguet », p. 42) qui résume merveilleusement sa philosophie de la vie et sa propre œuvre littéraire. Comme le persan Usbek, disons oui aux joies simples de la vie quotidienne « tout m'intéresse, tout m'étonne »***

 

 

 

 

*** Voir Montesquieu, Lettres persanes, texte établi et présenté par Jean Starobinski, éd. Gallimard, 1973, "Lettre XLVIII", p. 130.

 

 

Voir aussi : Françoise Urban-Menninger, Le jour du muguet et autres récits aux éditions Éditinter, 2013

 

 

 

Pour citer ce texte 

Dina Sahyouni, « Poésie des souvenirs », Le Pan poétique des muses|Revue internationale de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°4 [En ligne], mis en ligne le 23 octobre 2013. Url.http://www.pandesmuses.fr/article-poesie-souvenirs-120689810.html/Url.http://0z.fr/irm_9

 

 

Retour au sommaire

 

Bienvenue !

 

RÉCEMMENT, LE SITE « PANDESMUSES.FR » A BASCULÉ EN HTTPS ET LA DEUXIÈME PHASE DE SA MAINTENANCE PRENDRA DES MOIS VOIRE UN AN. NOTRE SITE A GARDÉ SON ANCIEN THÈME GRAPHIQUE MAIS BEAUCOUP DE PAGES DOIVENT RETROUVER LEUR PRÉSENTATION INITIALE. EN OUTRE, UN CLASSEMENT GÉNÉRAL PAR PÉRIODE SE MET PETIT À PETIT EN PLACE AVEC QUELQUES NOUVEAUTÉS POUR FACILITER VOS RECHERCHES SUR NOTRE SITE. TOUT CELA PERTURBE ET RALENTIT LA MISE EN LIGNE DE NOUVEAUX DOCUMENTS, MERCI BIEN DE VOTRE COMPRÉHENSION ! 

LUNDI LE 3 MARS 2025

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES

Rechercher

Publications

Dernière nouveautés en date :

VOUS POUVEZ DÉSORMAIS SUIVRE LE PAN POÉTIQUE DES MUSES  SUR INSTAGRAM

Info du 29 mars 2022.

Cette section n'a pas été mise à jour depuis longtemps, elle est en travaux. Veuillez patienter et merci de consulter la page Accueil de ce périodique.

Numéros réguliers | Numéros spéciaux| Lettre du Ppdm | Hors-Séries | Événements poétiques | Dictionnaires | Périodiques | Encyclopédie | ​​Notre sélection féministe de sites, blogues... à visiter 

 

Logodupanpandesmuses.fr ©Tous droits réservés

 CopyrightFrance.com

  ISSN = 2116-1046. Mentions légales

À La Une

  • ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL | NO III
    CÉLÉBRANT LES AUTRICES EXILÉES, IMMIGRÉES, RÉFUGIÉES... LE 8 MARS DE CHAQUE ANNÉE, LE PRIX LITTÉRAIRE DINA SAHYOUNI (PORTANT LE NOM DE LA FONDATRICE DE LA SIÉFÉGP ET DE CETTE REVUE) REDÉMARRE À PARTIR DU 14 JUILLET 2025 POUR L’ÉDITION DU 8 MARS 2026....
  • « Nos coutures apparentes » : Imèn MOUSSA signe un recueil qui démêle l’âme 
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Critique & réception | Dossier | Articles & témoignages & REVUE ORIENTALES (O) | N° 4-1 | Critiques poétiques & artistiques « Nos coutures apparentes » : Imèn MOUSSA signe un recueil qui...
  • Poésie et musique sur le Dichterwag (sentier des poètes) de Soultzmatt en Alsace
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Critique & réception | Poésie & musique Poésie & musique sur le Dichterwag (sentier des poètes) de Soultzmatt en Alsace Chronique de Françoise Urban-Menninger Blog officiel : L'heure du poème...
  • Des mots pour vaincre et convaincre
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Essais ou manifestes | Leçons, méthodes & méthodologies en poésie | Revue poépolitique Des mots pour vaincre & convaincre Article inédit par Maggy de Coster Site personnel Le Manoir Des Poètes...
  • Au matin des mots
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Muses & Poètes... | Florilège / Muses au masculin | Nature en poésie / Astres & animaux Au matin des mots Extrait poétique par Claude Luezior Site personnel © Crédit photo : Première de couverture...
  • Seize poèmes traduits du kurde sorani
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Muses & Poètes... | Florilège / Poésie érotique Seize poèmes traduits du kurde sorani Poèmes d’amour par Arsalan Chalabi Auteur de treize recueils de poésie et de fiction en kurde et en persan....
  • Journal, récit d’Éric Dubois paru dans la collection La Bleu-Turquin dirigée par Jacques Cauda aux Éditions Douro
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Critique & réception | Biopoépolitique | Handicaps & diversité inclusive Journal, récit d’Éric Dubois paru dans la collection La Bleu-Turquin dirigée par Jacques Cauda aux Éditions Douro...
  • Exil et poésie. Langue et vérité en temps d’exil
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | La poésie dans tous ses états / Leçons, méthodes & méthodologies en poésie & REVUE ORIENTALES (O) | N° 4-1 | Varia & Actualité Exil & poésie. Langue & vérité en temps d’exil Conférence par...
  • François Hollande, l’indéfinissable. Journal d’une campagne présidentielle (Extrait)
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | S'indigner, soutenir, lettres ouvertes & hommages François Hollande, l’indéfinissable. Journal d’une campagne présidentielle (Extrait) Extrait & photographies par Mustapha Saha Sociologue,...
  • Éclats de mémoire archéologique gazaouie
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Revue culturelle des continents* & REVUE ORIENTALES (O) | N° 4-1 | Varia & Actualité Éclats de mémoire archéologique gazaouie Mustapha Saha Sociologue, poète, artiste peintre Sociologue-conseiller...