Lettre n°16 | À nos ivresses & aux Bacchantes | Poétextes thématiques
Extraits de
Un toro en la garganta del jilguero /
Un taureau dans la gorge
du chardonneret
Poèmes choisis & traduits en français par
© Crédit photo : Première de couverture illustrée de l'œuvre.
La bienaventuranza está dentro de todos nosotros
Se encuentra sobre el largo andamio
Paty Smith
Digo que la niebla
es el aliento de la gente que trabaja
en los días desmbembrados
que la boca de la madrugada tiene dientes
y cala con un punzón
que se nos clava en la garganta
en el pecho
en el vientre
pero no logra tallar los pies
que caminan entre ramas entreveradas
de palabra necias
hasta la olla
que entibia el estómago
la piel lastimada de estos días.
**
Le bonheur est à l’intérieur de nous tous
Il se trouve sur le long échafaudage
Paty Smith
Je dis que le brouillard
c'est le souffle des gens qui travaillent
dans les jours démembrés
que la bouche du petit matin a des dents
et perce avec un poinçon
qui nous plante dans la gorge
dans la poitrine
dans le ventre
mais il ne parvient pas tailler les pieds
qui marchent entre les branches enchevêtrées
des mots insensés
jusqu’à la marmite
qui réchauffe l'estomac
la peau endommagée de ces jours-ci.
LA MUJER DE CABELLO PLATEADO
(cumbia surrealista) (composición musical Claudio Turica)
La mujer de cabello plateado me riega
con una regadora nueva
yo me acurruco y la luna me valsea
Y el hombre del cuarto piso carajea
Con su cara de alga, de medusa sucia, de raya al medio y sin barba
no soporta que riega.
Y en el balcón del segundo se suicida una manguera
porque está cansada, porque ya no sirve para nada, para nada.
Y la canción que canta la regadera
habla de una tal Estela que toma vino en bota y un poco de vodka,
y recita Platero, y yo ya no quiero
escucharla más.
La mujer de cabello plateado mira la luna y copula
y yo ya no aguanto su obscenidad.
La mujer del primero se acuesta con el sodero
y a mi no me importa, yo quiero bailar.
La mujer de cabello plateado me besa los ojos
y me da permiso para danzar. Yo bailo.
Y es este brillo en mis pupilas, y este aire en mis dedos
y este salto hacia atrás.
Atrás está el puente, este teclear indecente,
este teclear indecente y más.
**
LA FEMME À LA CHEVELURE ARGENTÉE
(cumbia surréaliste) (composition musicale Claudio Turica)
La femme à la chevelure argentée m'arrose
avec un nouvel arrosoir
Je reste tapie et la lune me fait valser
Et l'homme du quatrième étage lance des jurons
Avec son visage d'algue, de sale méduse, avec la raie au milieu et imberbe
ne supporte pas que j’arrose.
Et au balcon du second un tuyau d’arrosage se suicide
parce qu'il est fatigué, parce qu'il ne sert plus à rien, à rien.
Et la chanson que chante l'arrosoir
parle d'une certaine Estelle qui boit du vin comme un trou et un peu de vodka,
et récite Platero, et moi je ne veux plus l'écouter .
La femme à la chevelure argentée regarde la lune et s'accouple
Et moi je ne supporte plus son obscénité
La femme du premier couche avec el sodero
et je m'en fiche, je veux danser.
La femme à la chevelure argentée m'embrasse les yeux
et me donne la permission de danser. Je danse.
Et c'est cet éclat dans mes pupilles, et cet air dans mes doigts
Et ce volte-face.
Derrière c'est le pont, ce pianotage indécent,
ce pianotage indécent et plus.
TE VEO ASÍ
(composición musical Claudio Turica)
Te veo así
como un aroma
que brota en mí
y me desborda
Como la luz
que se avergüenza
de ser tan luz
y se despoja
Cierro los ojos
y puedo ver
tu lunar en mi dedo
y soplar para jugar
con tu ausencia al infinito
Es tan real
lo que yo siento
que oculta mi sombra
Como la luz
que se avergüenza
de ser tan luz
y se despoja
Cierro los ojos
y puedo ver
tu lunar en mi dedo
y soplar para jugar
con tu ausencia al infinito.
**
AINSI JE TE VOIS
(composition musicale Claudio Turica)
Ainsi je te vois
comme un parfum
qui jaillit en moi
et ça me déborde
Comme la lumière
qui a tant honte
d’être lumière
et se dépouille
Je ferme les yeux
et je peux voir
ton grain de beauté sur mon doigt
et souffler pour jouer
avec ton absence à l'infini,
C'est tellement vrai
ce que je ressens
qui cache mon ombre
Comme la lumière
qui a tant honte
d’être lumière
Je ferme les yeux
et je peux voir
ton grain de beauté sur mon doigt
et souffler pour jouer
à l'infini avec ton absence.
**
CANTO PEQUEÑO
(composición musical de Claudio Turica)
Tiemblo porque escucha respirar
el campo, la greda y el mar
es fuerte la oscuridad
sube de la tierra
Será que somos ecos
de atávicos silencios.
Aire de la luna en la piel
Aire de la luna en la piel
quiero partir una noche así
batiendo las alas
sobre los espinos
tan lejos de la tierra
sonríen las estrellas.
Como una flor se arrojó
mi corazón una mañana
fue un presagio
como un grito
un ardor
Recitado:
¿Cómo podemos cantar a nuestros caídos?
que alguien al menos aúlle en silencio
el sol retoza entre los árboles
Y la hierba mala
también alza su flor
Hay palabras que arden en la voz
cuando el miedo ordena reprimir
repite la historia
en su propio oído
ciega y anudada
rebota en la nada.
En la calma de esta soledad
la niñéz despierta volverá
aunque no hay caminos
suave entre las sombras
en un canto pequeño
que ganará al olvido.
Mundos
Ciegos
Ritmos
Juegos
Calma
Canta
(Estribillo)
**
PETITE CHANSON
(composition musicale de Claudio Turica)
Je tremble parce que vous entendez respirer
La campagne, la glaise et la mer
Une forte obscurité
Émerge de la terre
Nous serons les échos
d’ataviques silences
L'air de la lune dans la peau
L'air de la lune dans la peau
Je veux partir par une telle nuit
battant des ailes
sur les épines
les étoiles si loin
de la terre sourient.
Comme une fleur qu’on jeta
mon coeur un matin
fut un présage
comme un cri
une brûlure
Récitatif:
Comment pouvons-nous chanter nos disparus ?
laissons au moins quelqu'un hurler en silence
le soleil se tortiller entre les arbres
Et la mauvaise herbe
hausser aussi sa fleur
Il y a des mots qui brûlent dans la voix
quand la peur ordonne de réprimer
répète l'histoire
dans l’oreille
aveugle et noue
rebondit dans le vide.
Dans le calme de cette solitude
l'enfance éveillée reviendra
douce dans l'ombre
malgré l’absence de voies
dans une petite chanson
qui gagnera l'oubli.
Mondes
Aveugle
Rythmes
Jeux
Calme
Chante
(Refrain)*
*Extraits de « Un toro en la garganta del jilguero »/ Un taureau dans la gorge du chardonneret » traduits de l’espagnol par Maggy De Coster.
***
Pour citer ces poèmes traduits
Ciela Asad, « Extraits de "Un toro en la garganta del jilguero / Un taureau dans la gorge du chardonneret" », poèmes bilingues inédits choisis & traduits en français par Maggy De Coster, textes originaux reproduits et traduits avec l'aimable autorisation des auteures et la maison d'édition, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°16 « À nos ivresses & aux Bacchantes », mis en ligne le 11 juin 2021. Url :
http://www.pandesmuses.fr/lettreno16/ca-untoro
Mise en page par David Simon
© Tous droits réservés
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