N°9 |
L’art au féminin à ST’ART 2017
Photographies par
© Crédit photo : Claude Menninger, image n°1.
Le salon d’art contemporain vient de s’achever en cette fin de novembre à Strasbourg et l’on peut dès lors constater que seulement un tiers des galeristes étaient des femmes et qu’un quart des artistes présenté(e)s étaient des femmes !
Ces chiffres ne peuvent que nous interroger sur cette fameuse parité qui n’en porte que le nom ! Et de songer à l’Américaine Linda Nochlin, la pionnière de l’art pensé au féminin, décédée en octobre dernier, qui a bousculé l’histoire de l’art avec son ouvrage « Why Have There Been No Great Women Artists ? » (Pourquoi n’y a-t-il pas de grandes artistes femmes ?). Pendant un demi-siècle, Linda Nochlin s’est penchée sur cette problématique après avoir rédigé une thèse sous la direction de Robert Goldwater qui n’était autre que l’époux de la plasticienne Louise Bourgeois !
C’est dans cet esprit que j’ai laissé mon imaginaire vagabonder tout au long des allées de ce salon et que j’ai noté de manière subjective quelques uns de mes coups de cœur.
© Crédit photo : Claude Menninger, image n°2.
« Quand viendront les jours indomptables », une œuvre de Florence Dussuyer exposée à la galerie « Au-delà des apparences », plongeait le spectateur dans ce que l’artiste nomme « un flottement indécis » où le corps transcendé devient pure poésie.
Marta Lafuente chez Anquin’s Gallery nous offrait l’élégance et la grâce aérienne de ses danseuses tandis que Monica Castanys nous donnait à voir sur ses toiles des femmes peintes dans leur quotidien, l’une lisant sur son sofa, une autre attablée à la terrasse d’un café, une peinture subtile qui fait songer à celle des impressionnistes français.
À la galerie Forni, Jeanne-Isabelle Cornière exposait sa série de résines « Au fil de l’eau », notamment un buste de nageuse coiffée d’un bonnet de bain serti de lunettes de natation renvoyant ainsi l’image d’une femme belle, altière, sportive, bien dans sa peau ! Franco-italienne, la sculptrice également peintre, photographe, aquarelliste a eu une enfance bercée par la musique d’un père compositeur. Elle vit et travaille actuellement à Florence où elle explore les thèmes de l’enfance, du temps qui passe, des souvenirs…
© Crédit photo : Claude Menninger, image n°3.
La galerie Bertrand Gillig présentait quelques œuvres de Stéphanie-Lucie Mathern tirées de la série « Une femme sous influence » où l’on découvrait sa peinture dont l’artiste dit elle-même « Mon style c’est l’opinel » et d’écrire « Il faut aller à l’essentiel [...], le geste est de l’ordre de l’évidence... ». Qu’ajouter à ces déclarations sinon que la peinture de l’artiste nous interpelle par la puissance singulière qu’elle génère.
À la galerie Mathieu, la photographe Jacqueline Salmon suspendait le temps avec ses merveilleuses images de miroirs vénitiens sans tain qui ne reflètent plus que les bribes de palais d’un passé révolu mais dont les réminiscences affleurent toujours à l’instar d’un poème sur les bords de notre conscience collective.
Luisa Abert offrait l’écrin d’ambiances sereines et lumineuses, un fauteuil éclairé par la lumière douce d’une lampe nous attendait dans la toile d’un entre-deux apaisé, une belle manière de nous inviter à passer d’un intérieur à notre vie intérieure...
© Crédit photo : Claude Menninger, image n°4.
À la galerie Calderone, Françoise de Felize nous incitait à appréhender avec son archange ou le soleil du soir son univers éminemment féminin d’une splendeur onirique à couper le souffle.
La jeune artiste Camille Fischer se voyait remettre le prix Théophile Schuler pour ses créations originales où elle mêle différentes techniques. Des photographies anciennes, des collages, entre autres de papiers colorés ou de papier aluminium, des fleurs artificielles composent ses tableaux sortis tout droit des contes de fées. Le regard est immergé dans une œuvre foisonnante où l’inconscient de tout un chacun renoue avec l’esprit d’un passé lointain mais pourtant familier. Les années 20, le monde de la danse, celui de la mode où Camille Fischer a travaillé des matières comme le galuchat, génèrent tout à la fois un esprit de fête, de nostalgie mais toujours celui d’une poésie tangible, belle, intemporelle.
© Crédit photo : Claude Menninger, image n°5.
On retiendra encore les œuvres extraordinaires d’Alicia Paz à la galerie Dukan, une artiste multiculturelle née au Mexique, vivant et travaillant à Londres. Elle a vécu toute son enfance entourée de femmes et c’est peut-être là la source d’inspiration de ses œuvres dans lesquelles l’image féminine est omniprésente.
Entre peinture et sculpture, l’artiste proposait des toiles immenses qui ressemblaient à des bas-reliefs. Le corps dansant d’une femme composé d’un assemblage de mosaïques dont les carrés n’étaient pas sans rappeler le bleu des faïences de Delft faisait référence à l’histoire des femmes, à leurs passions, leurs souffrances, leur quotidien au fil du temps... Une magnifique ode à la féminité qui offre une visibilité lumineuse à toutes celles qui sont encore dans l’ombre !
Lettre n°13 | Bémols artistiques
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Pour citer ce texte
Françoise Urban-Menninger, « L’art au féminin à ST’ART 2017 », photographies par Claude Menninger, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 9 | 2ème Fin d'Été volet sur les « Femmes, Poésie & Peinture » sous la direction de Maggy de Coster & Lettre n°13, mis en ligne le 18 février 2018. Url : http://www.pandesmuses.fr/2018/2/art-au-feminin
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Dernière mise à jour : 20 février 2018 à 11 h 56 m