N°9 | Artistes en Poésie | Entretiens
Rencontre avec
Zhifang Tang
une femme Calligraphe
Propos recueillis par
© Crédits photos : Maggy de Coster, "Zhifang Tang ".
D’origine chinoise, Zhifang Tang a fait L’École des Beaux Arts et excelle dans la calligraphie, la peinture et l’origami. Nous l’avons rencontrée dans son atelier à l’Espace le Six B à l’adresse suivante : 6-10 quai de Seine 93200 SAINT-DENIS ; un lieu de création et de diffusion à Seine Saint-Denis près de Paris, autour d’un thé servi dans un rituel typiquement chinois. Elle nous a parlé de son art et de sa méthode de travail.
Maggy De Coster : Comment êtes-vous arrivée à la Calligraphie ? Comment procédez-vous ? Les matières ? Vos rapports avec les outils ? Les sensations que vous éprouvez en calligraphiant ?
Zhifang Tang : J’avais un besoin de me rapprocher de ma propre culture, la culture chinoise. Et le contact avec des matières traditionnelles m’aide à chasser le stress de la vie actuelle et à trouver un rythme salutaire à mon corps, cela me permet aussi de me retrouver et de me former.
Les outils traditionnels chinois, encre de chine, papier Xuan, pinceau chinois ont une ultra-sensibilité que je ne trouve pas ailleurs. Il y a déjà énormément de choix mais j’'expérimente aussi d’autres outils traditionnels ou modernes comme le calame, la lumière. Cela m'oblige à changer mes habitudes et à me donner de nouvelles sensations et à avoir des nouveaux regards. Quand je calligraphie, je sens l'énergie et le mouvement, cela ne vient pas seulement de moi sur le moment mais aussi des autres, de l’environnement et du passé.
MDC : Que représentent vos calligraphies et qu’est-ce qui vous inspire en tant que calligraphe ?
ZT : Mes calligraphies représentent les mouvements, la continuité, et l'instant vécu. La calligraphie c’est la gestuelle dans une certaine rythmique. De ce point de vue, elle est plus proche de la danse que de l’art pictural.
Ce sont des gestes qui m’inspirent. J’aime toujours regarder les mouvements autour de moi, ceux des animaux des gens, de la lumière, de la flamme etc. Mon projet en cours s'appelle Journal des gestes. J’observe des personnes de mon environnement, artistes ou non artistes, je capture leurs gestes en fonction de mes sensations du moment. Puis je les concrétise avec de l’encre et du papier. C’est la base de mon projet. Cette « collection des gestes » devient ma propre ressource pour créer ma calligraphie.
© Crédit photo : Maggy de Coster, toile de Zhifang Tang.
MDC : Quels sont les calligraphes des deux sexes qui vous auraient marquée ? Pourquoi ?
ZT : C’est vrai qu’il y a moins de femmes calligraphes reconnues. Mais le sexe de l’auteur ne change pas mon regard sur son œuvre.
Il y a une grande artiste française très remarquable, Fabienne Verdier qui est une des premiers artistes européens qui a étudié la calligraphie en Chien. C’est une pionnière qui a crée un mi-chemin entre la peinture et la calligraphie.
MDC : Auriez-vous un modèle de calligraphe ?
ZT : La méthode d’apprendre la calligraphie chinoise est de recopier les œuvres des anciens grands maîtres. Elles est bien différente des autres calligraphies, nous recopions plus les gestes que de formes.
J’ai étudié la calligraphie de Yan Zhenqing, de Wang Xizhi, de Zhao Ji et de bien d’autres. Comme je suis influencée par deux cultures, la chinoise et la française, je cherche toujours mon propre langage. C’est difficile de choisir un seul modèle de calligraphe.
MDC : Avec quelle fréquence exposez-vous ?
ZT : Comme beaucoup d'artistes d'aujourd'hui, je verse dans la diversification : la peinture, la calligraphie, la photographie, la performance et l’origami. Je montre mon travail environ une fois par mois.
MDC : Quelle est la place de la femme dans le monde de la calligraphie par rapport à son homologue masculin ?
ZT : Historiquement et dans certaines régions, les femmes n’ont pas accès à la calligraphie. Aujourd’hui, il n’y a plus ou très peu de frontière entre les deux sexes. Et il y a de plus en plus de femmes qui pratiquent la calligraphie.
MDC : Vous arrive-t-il d’associer vos calligraphies à des ouvrages ?
ZT : Oui, j’en ai associé au livre intitulé « Le Feng shui » de la spécialiste en la matière, en l’occurrence Caroline Gleizes Chevallier.
Site de l'artiste :
Peinture & Calligraphie, http://tangzhifang.com
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Pour citer cet entretien
Maggy de Coster, « Rencontre avec Zhifang Tang, une femme Calligraphe », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°9| Fin d'été 2021 « Femmes, Poésie & Peinture », sous la direction de Maggy de Coster, mis en ligne le 7 mars 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/no9/zhifangtang
Page publiée par le rédacteur David Simon
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