La journée des femmes du 8 mars a été ternie dès le lendemain par la vidéo répugnante d’un pizzaïolo à Strasbourg qui, loin de se contenter de créer une « pizza vulve » dégoulinante de sauce tomate, expliquait avec force gestes obscènes et propos grivois, voire insultants pour les toutes jeunes filles, comment les « déflorer ».
L’association féministe « Dis bonjour sale pute » s’est très justement empressée de dénoncer « une ode à la pédocriminalité, aux violences obstétriques et une sacralisation de la virginité » !
Le pizzaïolo a refusé de présenter ses excuses aux internautes et à la gent féminine, bien au contraire, il s’en est pris aux animaux en déclarant qu’il avait évoqué « des sexes d’éléphantes et non de femmes »... On ne sait pas pour l’heure ce qu’en pensent les sociétés protectrices des animaux ni les éléphantes qui ne doivent éprouver que mépris et indifférence pour ce pauvre hère dépourvu d’imagination qui se dit en mal de reconnaissance, ses plaisanteries graveleuses n’ayant pas rencontré le succès escompté...
Cette vidéo témoigne de la montée des virilisme et masculinisme et qui ne sont qu’une misogynie déguisée en humour dans la vidéo en question et, qui touche les femmes, les filles et même les femelles des mammifères. En 2024, les féministes continuent de lutter activement pour l'élimination des sexisme, misogynie, masculinisme, virilisme et maltraitance animale dans nos sociétés.
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Pour citer ce billet écoféministe
Françoise Urban-Menninger, « La vidéo salasse d’un pizzaïolo strasbourgeois », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques :N° I | HIVER 2024 | « Seules, seulettes : des poésies de nos solitudes », 1er Volet, mis en ligne le 13 mars 2024. URL :
Après deux recueils de poèmes, Paloma Hermina Hidalgo poursuit son travail au sens étymologique du terme, car il s’agit bien là d’une œuvre où la femme, comme dans l’accouchement, est « au travail » dans un écartèlement de son corps qui renvoie au tripalium, l’instrument de torture. Sauf que dans ce livre, ce n’est pas la mère qui enfante mais l’enfant qui remet sa mère au monde en l’exorcisant dans une œuvre où elle en est le matériau extirpé des chairs mêmes de l’autrice avec les forceps d’une écriture qui ne cesse de se transcender.
Maman, la mère de l’autrice, est bien le matériau de ce texte à nul autre pareil que son amie imaginaire Svet, qui n’est autre que sa voix intérieure, lui a suggéré de faire parler sur le papier. Maman devient le corps du texte dans ce livre où l’autrice en la couchant, ou l’accouchant sur la page blanche, la fait renaître de son propre corps. Car l’amour fusionnel dans toutes ses dimensions qu’elles soient affectives ou intellectuelles, l’est également sur le plan charnel.
Lorsque sa mère meurt après avoir été renversée par une voiture, Paloma Hermina Hidalgo bascule dans la folie car sa mère continue à lui parler et à lui lancer des injonctions. L’autrice finit par se mutiler sous le prétexte d’enlever une épine dans sa main que sa mère lui ordonne d’extirper. Cette bascule de l’autre côté des mots, en territoire de folie, conduit l’autrice dans un hôpital psychiatrique où elle est internée à la demande de sa sœur Cara.
L’on perçoit en sourdine, une musique de tango, une danse envoûtante et lancinante avec les mots, car la mère née en Argentine, pays qu’elle avait fui lors de la dictature, aimait ce corps à corps jusqu’à sombrer dans la perte de soi. Ernesto Sabato disait du tango qu’« il est une pensée triste qui se danse ».
Cette pensée triste irrigue la peau vive des mots de ce roman de lave et de feu à la beauté incandescente qui brûle et foudroie le lecteur irradié. Le parfum des roses, leur couleur écarlate telles les lèvres sanguines de la mère, reviennent en leitmotiv dans ce jardin d’écriture, elles sont à la fois bonheur et douleur, amour, poison et symbole mortifère... L’on songe au cercueil « tout en roses rouges » de la mère et l’on lit : « Terre fraîche sur les roses-l’image m’éblouit. Je suis un œil sans paupière » et plus loin « Et cette rose, la dernière de sa fosse ». Le rouge sang des roses met en exergue la blancheur de Paloma que sa mère appelait Nieve (Neige) en référence à Blanche-Neige qui renvoie au conte des frères Grimm. Dans l’une des versions de cette histoire, la reine fait faire un tour de carrosse à Blanche-Neige et lui demande de descendre cueillir des roses…
Que nous dit ce roman sur la perte de la mère, chair de la chair de l’enfant qui lui survit, sinon qu’elle continue à vivre dans la chair du texte. L’autrice nous rappelle « les épisodes du coucher » de Proust « où se joue l’impossible séparation de la mère ». Quant à Albert Cohen, il écrivait « Pleurer sa mère, c’est pleurer son enfance ».
Dans « Matériau Maman », Paloma Hermina Hidalgo conclut « Amputée de toi, j’ai vécu dans l’envers de ton amour ». Nul doute que l’autrice, avec ce roman enfanté dans les ténèbres et la douleur, vient de renaître dans une roseraie auréolée de lumière où son âme blessée a retrouvé dans l’écriture la part belle du sourire de sa mère à laquelle elle dédie le cœur de son amour qu’elle éternise dans la grâce et la splendeur de sa poésie.
Françoise Urban-Menninger, « Matériau Maman, roman de Paloma Hermina Hidalgo, paru aux Éditions de Corlevour avec en couverture une photo de Lou Sarda », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques :N° I | HIVER 2024 | « Seules, seulettes : des poésies de nos solitudes », 1er Volet, mis en ligne le 26 février 2024. URL :
Pour sa 27ème édition, ST-ART accueillait 57 galeries dont 30% venues de l’étranger. Le hall d’accueil nous offrait toute la magnificence d’une lune opaline qui nous invitait à rêver aux nouvelles aventures de l’Industrie magnifique tandis que l’immense toile de Jean-Pierre Raynaud nous ramenait sur terre dans une confrontation avec celle de Picasso, Guernica, nous interpellant quant à la guerre en Ukraine.
La sélection des galeries par le tandem Rémy Bucciali et Georges-Michel Kahn mettait en avant un choix rigoureux ainsi que l’émergence de jeunes talents.
Pour sa première participation à Strasbourg, la galerie 40N2 venue des Pays-Bas, a donné à voir au public des œuvres travaillées sur bois signées par Olivier Julia ou encore de très fines et délicates impressions sur porcelaine de Kate Bretton ainsi que des créations en verre colorées de Freddie-Michael Soethout jouant avec la lumière à l’instar de kaléidoscopes.
L’ATM galerie de Berlin de Marc Scherer présentait des portraits d’Erness sérigraphiés sur des billets de banque, des toiles rayonnantes de clarté et de sensualité d’Anja Nürnberg. Toujours de Berlin, la galerie Z22 retenait le regard avec de superbes photographies grand format et en couleur, où une femme, sur l’une d’elles, semblait suspendre le temps en dégustant langoureusement un petit café... La galerie à l’intitulé fleuri « Quand les fleurs vous sauvent » invitait tout un chacun à l’émerveillement avec la transposition onirique des rêves de Maia Flore, les images mystérieuses de Brooke Didonato ou encore les peintures de Kanaria où pointaient les notes drolatiques d’un érotisme champêtre. On retiendra également, le tableau aux sept grenouilles cachées dans la luxuriance de la toile de Tarik Chebli !
Très poétiques, les photographies de Stéphane Aït-Ouarab, à la galerie Murmure de Colmar, exploraient des reflets dans des flaques d’eau alors que le peintre Frédéric Klein était en quête du nombre d’or. N’oublions pas les roses minuscules de Rose-Marie Crespin qui se nichaient dans de petits cadres aussi précieux que lumineux.
La galerie belge Guy Pieters revenait à Strasbourg avec des photographies d’emballages emblématiques de Christo, des sculptures de Niki de Saint Phalle et d’Arman ainsi que des dessins de Bernar Venet dont on connaît la sculpture Place de Bordeaux à Strasbourg.
À la galerie Ritsch-Fisch, on ne pouvait qu’être subjugué par l’installation « Ras Bord » de Laure André qui sera bientôt présentée lors de la nouvelle Biennale à Venise. Sur un lit, l’artiste a imaginé les strates qui renvoient au cycle de l’eau, des coussins de glace, entourés de flammes rougeoyantes en céramique, symbolisent la fonte des glaciers, l’eau s’écoule goutte à goutte nous renvoyant à l’urgence climatique qui ne cesse de nous impacter. Dans le même esprit, Apollonia présentait l’oeuvre de l’artiste italien Marco Baratti dont l’installation sur mousse « Moss » respirait et témoignait, grâce à 390 capteurs répartis sur la planète, de la pollution galopante qui nous asphyxie un peu plus chaque jour.
La galerie Kraemer de Strasbourg se distinguait par la présentation de trois artistes africains dont Saint-Étienne Yeanzi qui a participé à la Biennale de Venise, chez Chantal Bamberger, on retrouvait quelques gravures et dessins du plasticien et poète Titus-Carmel tandis que chez Sandra Blum, on pénétrait dans l’univers d’un bestiaire de sculptures étonnantes où les pieuvres tentaculaires de Solène Dums voisinaient avec les oiseaux fantastiques d’Antoine Halbwachs qui, pour leur part, faisaient écho aux photographies de Tina Merandon tandis que les peintures sur papier bambou de Thomas Henriot, réalisées à même le sol, apportaient leur touche d’exotisme.
À la galerie Aeden, les photographies de Francesca Gariti prises sur les pierres tombales d’un cimetière juif nous parlaient de l’empreinte du temps et des signes infimes, tels la pousse de lichens, qui témoignent de la reprise de la vie.
Pour clore cette pérégrination au gré des allées du hall d’exposition, un dernier coup de cœur donnait à apprécier la parfaite symbiose entre les paysages imaginaires de Sophie Bassot et les céramiques évoquant les vases Médicis de Philippe Sutter à la galerie strasbourgeoise M 5. Dans un élégant décor, savamment élaboré, les nuances de bleu se répondaient telles les notes de musique d’une partition à la fois poétique et silencieuse.
Les artistes émergents avaient été mis à l’honneur par la SAAMS, la société des amis des arts et des musées qui, comme chaque année, décernait le prix Théophile Schuler, remis cette année à Sarah Ménard pour ses silhouettes noires en papier découpé qui semblaient traverser le temps. Par ailleurs, une vingtaine de récipiendaires de ce prix avaient revisité pour le bonheur des visiteurs la toile iconique de Nicolas Largillierre, La Belle strasbourgeoise, chère au cœur des Alsaciens.
*Ce texte est une rétrospective d'une grande foire d'art contemporain qui a eu lieu fin 2023 à Strasbourg, l'article est agrémenté de quatre photos prises par Claude Menninger.
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Pour citer ce texte illustré & inédit
Françoise Urban-Menninger, « ST-Art 2023, la foire aux coups de cœur ! », illustré par le photographe Claude Menninger, Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques :N° I | HIVER 2024 | « Seules, seulettes : des poésies de nos solitudes », 1er Volet, mis en ligne le 9 février 2024. URL :
Catherine Arnaud, docteure en sciences de l’art de l’université Paris Sorbonne, a placé ses activités artistiques dans la recherche concernant les analogies et les interférences plastico-musicales.
À l’instar de Kandinsky, elle poursuit inlassablement sa quête sur les dialogues entre la musique et la peinture et les a magnifiquement incarnés dans un travail picturo-musical où elle peint des rouleaux de papiers à musique perforés qui se transmutent en notes musicales générées par une soufflerie lorsqu’ils sont introduits dans un piano mécanique.
C’est ainsi que son œuvre peinte et déclinée en motifs géométriques aux abstractions lyriques d’une grande beauté se mue en une musique colorée qui redonne vie à un instrument qui semble disparaître en France alors qu’il est encore très présent aux USA, en Allemagne, au Japon ou en Suisse. Des compositeurs de toutes nationalités tels Jean-Yves Bosseur, Joe Krencker ou Thomas Bloch, font revivre, grâce à Catherine Arnaud, le piano mécanique qui génère une musique intemporelle empreinte d’une poésie aux tonalités universelles. Ses œuvres sont désormais référencées dans le luxueux catalogue Loft & Décoration destiné aux collectionneurs d’art contemporain.
Catherine Arnaud n’est pas seulement une artiste qui a présenté ses créations et installations en France à et l’étranger, notamment à Buenos Aires, elle est conférencière, anime des ateliers pour les enfants, a été honorée par un prix prestigieux de l’Académie des Beaux-Arts à Paris, elle est également la fondatrice et la directrice d’une galerie d’art à Strasbourg qu’elle a ouverte en 2015. Elle y organise des expositions individuelles ou collectives sur différentes thématiques très souvent en lien avec la nature, les animaux, les insectes, les jardins, la végétation, les océans sans oublier les grandes problématiques sociétales tel ce regard porté tous les ans le 8 mars sur les femmes et leurs combats pour leurs droits de par le monde.
Sa petite galerie à la baie largement ouverte sur la rue avec ses tableaux lumineux, qui sont autant de fenêtres qui s’ouvrent sur l’ailleurs d’un voyage immobile, attire le chaland et apporte un supplément d’âme au quartier populaire où elle est implantée.
Catherine Arnaud n’a d’autre objectif que de promouvoir l’art contemporain en Alsace et la dernière exposition en date sur le thème du surréalisme donne, comme son nom l’indique, un véritable envol à la création qui libère sur la toile l’inconscient du créateur mais aussi le nôtre qui a partie liée avec les grands mythes, peurs, joies, mystères et questionnements de cette humanité qui nous fait et nous défait. On y admire, entre autres, la délicieuse sirène délicatement peinte, au rendu minutieux semblable à celui d’un vitrail, de Vanessa Simon et le tableau de l’artiste écossaise Marie-Thérèse Docherty, empreint d’onirisme où l’on perçoit le buste d’un personnage qui flotte parmi des figures féminines angéliques, la tête immergée dans un rêve intérieur mais Calderon l’avait écrit La vie est un songe….
Françoise Urban-Menninger, « Catherine Arnaud, artiste et directrice de la galerie strasbourgeoise Artcreenvol », reportage illustré par le photographe Claude Menninger, Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques :N° I | HIVER 2024 | « Seules, seulettes : des poésies de nos solitudes », 1er Volet, mis en ligne le 30 Janvier 2024. URL :
http://www.pandesmuses.fr/noi/fum-catherinearnaud
Mise en page par David
Dernière modification : le 31 janvier 2024 (édition complète du reportage)
RÉCEMMENT, LE SITE « PANDESMUSES.FR » A BASCULÉ EN HTTPS ET LA DEUXIÈME PHASE DE SA MAINTENANCE PRENDRA DES MOIS VOIRE UN AN. NOTRE SITE A GARDÉ SON ANCIEN THÈME GRAPHIQUE MAIS BEAUCOUP DE PAGES DOIVENT RETROUVER LEUR PRÉSENTATION INITIALE. EN OUTRE, UN CLASSEMENT GÉNÉRAL PAR PÉRIODE SE MET PETIT À PETIT EN PLACE AVEC QUELQUES NOUVEAUTÉS POUR FACILITER VOS RECHERCHES SUR NOTRE SITE. TOUT CELA PERTURBE ET RALENTIT LA MISE EN LIGNE DE NOUVEAUX DOCUMENTS, MERCI BIEN DE VOTRE COMPRÉHENSION !
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