N° I | HIVER-PRINTEMPS 2025 | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES | 1er Volet | Appels à contributions | Agenda poétique
Invitation à contribuer au
festival Megalesia (édition 2025)
Crédit photo : Berthe (Marie Pauline) Morisot (1841-1895), « Julie-daydreaming », peinture tombée dans le domaine public, capture d'écran d'ine image libre de droits ou d'usage du Web.
L'association Société Internationale d’Études des Femmes et d’Études de Genre en Poésie (SIEFEGP) et La revue féministe Le Pan poétique des Muses ont l'honneur et la joie de vous convier à leur festival international et multilingue Megalesia (édition 2025) autour des thèmes suivants proposés en « Carte blanche » :
I — Rêveuses
II — Poésie volcanique d'elles
N'hésitez pas d’adresser par courriel vos documents et productions artistiques, poétiques, littéraires, féministes, audiovisuelles... pour contribuer à ce festival printanier jusqu'au 30 avril prochain sur l’une ou les deux thématiques suggérées ci-haut ou encore pour les rubriques habituelles de la revue Le Pan poétique Des Muses.
Bonne continuation !
***
Pour citer cet avis inédit
SIEFEGP, « Invitation à contribuer au festival Megalesia (édition 2025) », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : HIVER-PRINTEMPS 2025 | NO I « Inspiratrices réelles & fictives », 1er Volet, mis en ligne le 11 février 2025. URL :
Alice Guy disait : « Le cinématographe était mon prince charmant ». Ses contemporains l’aimaient bien. Elle a dirigé « le premier film de fiction » l’histoire du cinéma, « le premier péplum », et pouvait faire dessiner plus de vingt décors pour un seul film.
Nicole Lise-Bernheim, dans sa « Préface », à Alice Guy-Blaché Alice, Autobiographie d’une pionnière du cinéma (1873-1968), paru en 1976, annonce cinq cents films réalisés par Alice Guy, dont Un hanneton dans le pantalon (pp. 7-8). L’écrivaine souligne l’inaptitude de notre société à concevoir le génie féminin. Dans l’histoire future de la pensée féminine à travers les âges qui sera un jour écrite, au chapitre du XXè siècle, il y aura en lettres de feu le nom d’Alice Guy.
participe à la réhabilitation de cette femme exceptionnelle, décédée en 1969 alors qu’elle est totalement oubliée et décorée de la Légion d’honneur. Comme beaucoup de films du cinéma muet, la plupart de ses films ont disparus et elle ne les a jamais revus.
Les réalisatrices du cinéma muet sont des anti stars oubliées derrière leurs caméras. Elles ont vraiment existé ! Elles devraient faire honneur au cinéma mondial. Ce n’est que depuis la prise de conscience en 2014 des violences faites aux femmes (voir La Malcontente) que les ouvrages sur Alice Guy sont inscrits dans les programmes scolaires. J’ai affronté cette « ignorance » pédagogique en 1993 en publiant Lire les femmes de lettres, longtemps absentes des manuels d’apprentissage littéraire.
Les noms de Dorothy Arzner, Germaine Dulac, Alice Guy nous reviennent parfois en mémoire, tels ceux des poétesses de la Belle Époque, effacés par Jean Cocteau et les Surréalistes. Mais sous les formules conventionnelles, l’influence, la puissance de l’art des pionnières du cinéma n’ont plus de puissance évocatrice. À l’inverse, les comédiennes telles Marie Pickford (aussi productrice), Gloria Swanson, Greta Garbo, Theda Bara, dite « la première vamp à l’écran », emblématisent la présence des femmes durant les trente ans du cinéma muet. Les stars féminines, dépersonnalisées, sont des marionnettes mises en vedette par des hommes : David W. Griffith, Mack Sennett (producteur célèbre), Léon Gaumont (« inventeur »), le Viennois Georg Wilhem Pabst, avec sa célèbre Loulou (le créateur et sa muse…) sont honorés, et ne le seraient pas s’ils étaient des femmes. Les visages maquillés, déifiés des actrices rappellent toujours la légende des origines, mais ce sont les hommes qui incarnent le cinéma muet, ce ne sont que des hommes auteurs de chefs d’œuvre.
L’étude d’Anne Bléger, Le Cinéma muet, une industrie qui fabrique des inégalités hommes-femmes, un art capable de renverser les hiérarchies de genres (https://hal.science/hal-03450292/document) stipule que « le cinéma, industrie patriarcale par excellence » (p. 52) laisse aux femmes des fonctions subalternes, comme pour les autres métiers de prestige. La présence de l’actrice Marie Pickford est l’exception qui confirme la règle, comme le sera plus tard celle d’Ida Lupino. En effet, Marie Pickford a fondé en 1919 les United Artists aux côtés de D. Fairbanks, Charlie Chaplin et D. W. Griffith. Le cinéma parlant d’abord, l’industrie de Hollywood ensuite ont évincé les œuvres des réalisatrices du cinéma muet car cette industrie naissante n’était pas prometteuse de gains fabuleux. C’est un cas archétypal de la discrimination dans la création artistique. Les femmes marquèrent de leur empreinte le domaine de la réalisation cinématographique, pour disparaître presqu’entièrement à l’arrivée du cinéma parlant. De leur carrière passionnante, de leur responsabilité dans l’industrie du film muet, il ne reste de ces « pionnières » que de rares témoignages, tous élogieux. Hormis les articles laudatifs de l’époque, et quelques interviews, un ouvrage leur a été consacré : Early Women Directors. Their role in the development of the Silent Cinema, par Anthony Slide (1977). Il rassemble et analyse les fabuleuses expériences de femmes exceptionnelles tombées sous de puissants couperets. Quelle est l’importance des images de la femme exacerbée par le star système face à l’intégrité et à la persévérance des réalisatrices du muet ? Le patriarcat de l’époque assignait les femmes avant tout au rôle obscur de ménagères, de mère procréatrices, de cuisinière à la chaîne, et en faisait de façon plus exceptionnelle des figures éclatantes, sortes de « déesses » alimentant les fantasmes des spectateurs masculins. L’irréparable duel de la maman et la putain, dont La rue dans joie de Pabst avec Greta Garbo est le soleil noir. Des femmes furent d’abord employées comme scénaristes : on en dénombre quarante-quatre en 1918. Puis elles s’octroient très rapidement des places importantes dans la presse : Adela Roger Saint Johns, Ruth Waterbury, Gladys Hall. La production et la vente des films sont aussi des secteurs qui ne sont pas verrouillés pour les femmes, où il fallait faire avec elles. Ainsi, Margaret Booth dirigea longtemps le département d’édition de la MGM.
En 1920, un ouvrage sur les « carrières féminines » alors possibles consacrait un chapitre au métier de réalisatrice ! Les débuts du cinéma ont ouvert un champ d’expression pour les femmes en dehors de l’industrie, un peu à la façon dont l’activité de « poétesse » fut un vrai métier de femme (voir mon article de 2011, souvent cité). L’industrie cinématographique américaine comptait alors plus d’une trentaine de femmes. Le cadre de cette chronique ne permet pas de présenter Lois Weber (1879-1939), « la réalisatrice sacrifiée par Hollywood », la scénariste Marion Fairfax (1875-1970) et tant d’autres. En plus, il y a wikipédia, la vitrine d’aujourd’hui, à la censure typiquement insidieuse. D’Alice Guy, l’incontestable pionnière, à Dorothy Arzner, elles réussirent à divulguer leurs idées sinon à les imposer, à remplir leurs tâche professionnelle et à faire respecter leur savoir-faire.
Agitons quelques noms ! Germaine Dulac (née à Amiens en 1882) est l’aînée. C’est une projection confidentielle dans une petite salle de la bibliothèque de cinéma du Forum des Halles (voir affiches) qui m’a fait reprendre ce dossier de jeunesse sur les « muettes » à l’image. Il ne reste que dix films sur les trente qu’elle a réalisés. Revoir un demi-siècle après La Souriante Madame Beudet (1923, 54 min.) et La Coquille et le Clergyman (1928, 44min.) qui m’avait éblouie quand j’étais étudiante de cinéma à Paris III, revient à en approfondir la connaissance.
Germaine Dulac n’a pas du tout la personnalité d’Alice Guy. Leurs œuvres sont complémentaires, et rendues possibles par la situation artisanale du début du cinéma. Germaine Dulac a écrit sur sa conception du cinéma, et a voulu faire un cinéma pur, en travaillant sur les moyens techniques.
Après avoir écrit des pièces de théâtre (voir wikipédia), Dulac exprime une création visuelle et des émotions au moment où la France est détruite par la Première Guerre Mondiale. Son style est expressionniste et ses thèmes sont très humains (cf. Âmes de fous, 1918). Ses films ont une musique visuelle, tel un leitmotiv qui porte les spectateurs. La Coquille et le Clergyman dont le scénario serait « d’après Antonin Artaud », n’est pas du tout dans la logique habituelle des récits du muet. Les Sœurs ennemies (1915) est un film aux thèmes féministes à la façon du « Message de Françoise Rosay aux femmes allemandes » (en majuscules), radiodiffusé le 29 novembre 1939 :
« Oui, ce soir, ma voix interdite ira jusqu’à vous, légère, immatérielle ; elle passera par-dessus la ligne Maginot, la ligne Siegfried, pour vous apporter un peu de vérité. Un peu de cette vérité qu’il vous est interdit d’entendre et que vous souhaitez tant apprendre ».
L’exposition que la Mairie du 9è arrondissement de Paris vient de consacrer à Françoise Rosay crée une relation forte entre les réalisatrices et muet et l’extraordinaire courage de « Die Rosay » d’annoncer aux « Femmes allemandes » :
« vous n’avez vécu que pour Hitler, vous souffrez par Hitler, le sort de vos enfants est entre les mains de Hitler, et
HITLER EST UN FOU ! » (voir encart)
Quelques vingt ans après Âmes de fous, écrit, produit et réalisé par une femme, Germaine Dulac, avec Ève Francis (1886-1980), la grande interprète du théâtre de Paul Claudel. Ce titre elliptique est totalement d’actualité pour une humanité menée par des fous, et aliénée par les écrans.
Aux États-Unis d’Amérique, Anita Loos (née en Californie, en 1895), est scénariste pour l’illustre Griffith dès l’âge de quinze ans. Elle est aussi romancière. Elle écrivit aussi des scénarios pour Douglas Fairbank, dont Son portrait dans les journaux, titre qui nous paraît doucement ironique, sur son mari John Emerson. Ses nombreux scénarios mériteraient une présentation analytique singulière. Elle compose aussi des comédies satiriques, telles Oh, you Women, Red Hot Romance, et écrit le célèbre roman traduit sous le titre Les Hommes préfèrent les blondes. Ses pièces et ses romans connurent de nombreuses adaptations cinématographiques. Certes, les États-Unis d’Amérique ne sont pas la France des Patriarches, où l’on verrait Anita Loos comme un Billy Wilder féminin. Elle peut se contenter du titre de « première scénariste des studios d’Hollywood qui a révolutionné le cinéma» (Elle, 13 avril 2024). Les formules conventionnelles expriment rarement la pensée d’une créatrice.
Dorothy Arzner (née à San Francisco, en 1897) a débuté comme simple sténographe chez Cecil B. de Mille, puis est devenue monteuse, scénariste et réalisatrice à partir de 1928. Elle est présentée aussi comme « productrice et pédagogue américaine », et « la première femme réalisatrice américaine ». Le titre « une pionnière à Hollywood » atteste de la récupération exagérée de ces créatrices qui sont toujours des cas particuliers, avec pour point commun le refus d’être assignée aux rôles de mères ou bien de vamps. Les films de Dorothy Arzner sont aussi très nombreux et contestent l’idéologie masculine dominante. Elle est passée au parlant, participant en tant que réalisatrice au célèbre Paramount en parade (1930), réunissant les vedettes de la maison Paramount, tel l’inoxydable et fabuleux Ernst Lubitsch, par un scénario de Joseph L. Mankiewicz. Il n’est pas aisé de traduire les titres de ses films en français. Ainsi, Fashions for Women est devenu La Chanson du bonheur (1927, avec la sublime Esther Ralston). Wild Party (1929) ne se traduit pas.
Alice Guy, née en 1873 à Saint-Mandé, près de Paris, fut tout d’abord la secrétaire de Léon Gaumont. Le cinéma débutait. Elle débuta avec lui. En 1896, l’intérêt de produire des films de Une amie d’Alice Guy, alors âgée de vingt-et-un ans, l’aida à écrire une nouvelle intitulée La Fée au chou (The Cabbage Fairy) qui plut à Léon Gaumont alors occupé à faire breveter ses inventions techniques.
Ce film projeté en 1896 est resté complètement absent des histoires du cinéma, qui célèbrent Louis Lumière et Méliès. En février 1904, La Fée au chou est cité comme ayant été réalisé par Henri Gallet, ancien directeur de cinéma chez Dufayd. Dans sa Filmographie universelle éditée en 35 volumes par l’IDHEC (Institut des Hautes Études Cinématographiques) à partir de 1963, le célèbre historien Jean Mitry impose un curieux titre : « Alice Guy et l’École Gaumont : Henri Gallet (en majuscules…). Il ne peut s’agir d’une imprécision pour un ouvrage aussi longuement composé. Relevez dans son Tome XVII – États-Unis 1920-1945 l’intitulé LES MAÎTRES (Ford, Wyler, Cukor, Hitchcock, Capra…). Hitchcock récemment confondu en tant que violeur, criminel sexuel. L’imposante bible de Mitry pâtit de l’absence de quotas, qui ont encore du mal à être appliqués en 2025. Dans des bibliothèques, le fichier « femmes » pour la création cinématographique renvoie à « veuve ». Pourtant, la différence de considération entre les femmes et les hommes ne devrait pas exister.
Alice Guy, dans son autobiographie, reprend les clichés communs à la profession. Voici comment elle dresse le constat de son rôle « inférieur » de secrétaire d’un grand homme :
« Fille d’un éditeur, j’avais beaucoup lu, pas mal retenu [...]. M’armant de courage, je proposais timidement à Gaumont d’écrire une ou deux saynètes et de les faire jouer par des amis.
Si on avait prévu le développement que prendrait l’affaire, je n’aurais jamais obtenu ce consentement. Ma jeunesse, mon inexpérience, mon sexe, tout conspirait contre moi.
Je l’obtins cependant, à la condition expresse que cela n’empièterait pas sur mes fonctions de secrétaire ».
« Les pantomimes lumineuses », les « phonoscènes » font florès quand Alice Guy est la première metteuse en scène du Comptoir de photographie Léon Gaumont. Ses muettes saynètes sont projetées au Cinéma Lumière sur les Grands Boulevards, à la Porte Saint Denis, probablement le plus ancien cinéma au monde. De 1895 à 97, Lumière, Pathé, Gaumont ont fait enregistrer par des subalternes d’innombrables petites scènes « de plein air » — qui évoquent l’infinie quantité de films youtube. En 1899, la clientèle de Gaumont réclama des « sketches comiques », et chargea de ce travail sa secrétaire Alice Guy, qui tourna « en amateur » dans les jardins de la propriété de Gaumont rue de la Villette. En octobre 1906, avec son mari Herbert Blaché, elle dirigea la succursale Gaumont. Germaine Dulac elle-même finit directrice adjointe des Actualités de la Gaumont, qui disposait jusqu’en 1914 d’un grand plateau (45m X 30m) à la Villette, considéré comme « le premier grand studio français muni d’un appareillage électronique » et « le plus grand studio européen » d’avant-guerre.
« Secrétaire, Agressée, Pute » sont les fonctions féminines que les femmes sont amenées à expérimenter (voir les travaux de l’artiste Alberto Sorbelli, notamment dans Tant de Philomèles en ce monde, LPpdm hors-série n° 4, sous ma direction). Tout est déployé, jusqu’au crime, pour éteindre la divine étincelle de l’expérience spirituelle féminine.
Qui n’a jamais su au XXè siècle que la première mise en scène au cinéma est l’œuvre d’Alice Guy ? Elle même l’ignorait, convaincue que le regard des créatrices fait tâche d’ombre. Une conquête féminine, aussi brillante soit-elle, dans les domaines de l’art et de l’esprit n’est jamais acquise une fois pour toutes. Alice Guy parle de « repos bien mérité ». Elle est taxée de « suractivité », voire de « dispersion » alors qu’elle a fait, dans ses films, d’un véritable génie féminin. Émigrée aux États-Unis où elle réussit à faire construire un admirable studio de cinéma, s’est éteint dans l’État du New Jersey en 1968. Elle qui n’avait pas de devancier n’a pas plus que Germaine Dulac les indispensables successeurs pour porter ses idées et l’origine d’une pensée véritablement féminine.
Le système ne laisse jamais place au doute. Il efface et marginalise des expériences rendues possibles par l’indépendance financière. Ainsi niée, régulièrement cassée, la connaissance féminine doit se consacrer à une recherche continuelle (cf. la quête d’Isis, déesse myrionyme).
Joseph Kessel était payé pour ses articles, alors que je suis obligée de quémander des places gratuites dans les cinémas en montrant les miens, ou ma carte d’handicapé, unique compensation d’un crime sexuel pratiqué par les policiers de Paris. Après mon bac, alors que j’allais chaque jour à la cinémathèque de Chaillot, j’ai constaté que je ne pouvais pas participer aux débats entre critiques parce que j’étais une femme. Je n’ai pu réaliser qu’un court métrage interactif, Rêve nu. La discrimination intellectuelle n’est pas près de changer, tandis que la censure misogyne se fait de plus en plus sournoise (« soft ») autant dans les malencontreux cénacles universitaires que dans les constellations des nouvelles technologies.
Reprise d’une étude plus développée et référencée commandée par la revue Filmographe, en 1977. Le recueil Cinévita atteste d’une connaissance sérieuse du cinéma des femmes :
Pour citer ce texte illustré & inédit sur des créatrices du cinéma devenues nos inspiratrices
Camillæ ou Camille Aubaude, « Silence ! elles filment », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : HIVER-PRINTEMPS 2025 | NO I « Inspiratrices réelles & fictives », 1er Volet & Revue Orientales, « Déesses de l'Orient », n°4, volume 1, mis en ligne le 19 mars 2025. URL :
Sur le plateau des Châteliers, entre deux remparts gallo-romains (en marron sur le plan) se trouvent les fondations d’un grand temple, et d’un second plus petit.
Le premier rempart est dans le parc de la Maison des Pages.
La maison adossée à la falaise prolonge et clôt le rempart.
Des fouilles successives ont mis à jour ces temples païens.
Ils furent actifs probablement depuis la guerre des Gaules menée par Jules César et jusqu’à la christianisation des Gaules menée par Sainte Geneviève.
La destruction d’un temple païen à Amboise est attestée au IVè siècle dans les Dialogues (III, 8) de Sulpice Sévère1.
C’est un lieu immémorial relié à la Maison des Pages. Durant des siècles, des cérémonies de nature politique ou religieuse se sont déroulées dans cet enclos sacré.
Juste une cité gallo-romaine : Die, commune de la Drôme où le poète plasticien Yves Bergeret (langue.espace@gmail.com) affin de la Maison des Pages, installe ses œuvres.
À Die, les preuves du culte de la Grande Déesse Cybèle sont établies (an 250).
Cette religion n’aurait pas dépassé le nord de la ville de Lyon.
Le ressourcement qu’apporte la Maison des Pages se fait en silence.
Peu enclin au bavardage, le mythe d’Isis se nourrit comme l’Hydre géante
par la somme d’innombrables versions.
Le chapitre II va en recueillir quelques-unes.
Note
1. Le passage de Sulpice Sévère relatant les événements survenus à Amboise au IVè siècle (Dialogues, III, 8) :
"In VICO autem AMBATIENSI, id est CASTELLO ILLO VETERI, quod nunc frequens habitatur a fratribus, idolum noveratis grandi opere constructum. Politissimis saxis moles turrita surrexerat, quae in conum sublime procedens, superstitionem loci operis dignitate servabat. Hujus destructionem Marcello, ibidem consistenti Prebystero, vir beatus saepe mandaverat. Post aliquantum tempus regressus, increpat Prebysterium, cur adhuc idoli structura constiteret. Ille causatus, vix militari manu et vi publicae multitudinis, tantam mol lem posse subverti, nedum id facile putaret per imbecilles clericos. aut infirmos monachos quivisse curari. Tum Martinus recurrens ad nostra subsidia, nocte totam in orationibus pervigilat. Mane orta tempestas, aedem idoli usque ad fundamentum provolvit. Verum haec Marcello teste dicta sint."
« Dans le bourg d’Amboise (c’est-à-dire dans le vieux château, maintenant habité par un grand nombre de moines), on voyait un temple d’idoles élevé à grands frais. C’était une tour bâtie en pierres de taille, qui s’élevait en forme de cône, et dont la beauté entretenait l’idolâtrie dans le pays. Le saint homme avait souvent recommandé à Marcel, prêtre de cet endroit, de la détruire. Étant revenu quelque temps après, il le réprimanda de ce que le temple subsistait encore. Celui-ci prétexta qu’une troupe de soldats et une grande foule de peuple viendraient difficilement à bout de renverser une pareille masse de pierres, et que c’était une chose impossible pour de faibles clercs et des moines exténués. Alors Martin, recourant à ses armes ordinaires, passa toute la nuit à prier. Dès le matin s’éleva une tempête qui renversa le temple de l’idole jusque dans ses fondements. Je tiens ce fait de Marcel, qui en fut témoin. »
(Transmis par Jean-Marie Laruaz, archéologue)
___________
Pour citer ce premier épisode illustré & inédit de ce chronique-feuilleton des inspiratrices
Chères amies / Chers amis de la poésie et des arts de la scène,
Nous sommes ravies de vous annoncer la sortie tant attendue de la nouvelle œuvre de la poète et performeuse tunisienne Selima Atallah, intitulée « Au Pieu », qui est déjà disponible en librairie depuis le 14 février 2025.
Selima Atallah, reconnue pour sa voix unique et son approche audacieuse de la poésie, nous invite à plonger dans un univers riche en émotions et en réflexions. Avec « Au Pieu », elle explore des thèmes universels tels que l'amour, la mémoire et l'identité.
Ne manquez pas cette occasion de découvrir une œuvre qui promet d'être à la fois touchante et provocante. Préparez-vous à être transportés par les mots de Selim-a, qui, à travers sa plume, nous rappelle la puissance de la poésie pour transcender les frontières et toucher nos âmes.
Date de sortie : 14 février 2025
Titre : Au Pieu
Artiste : Selim-a Atallah
Éditions : La Contre Allée
Voir également la présentation officielle de l'ouvrage pour par la maison d'édition en PDF ci-joint :
Dossier pour la presse de la présentation de l'ouvrage « Au Pieu »»
Entrevue
Voici l’entretien réalisé avec l’artiste lors de la sortie de son recueil et des supports visuels :
H.M — Qu'est-ce qui vous a inspirée à écrire ce nouveau recueil ? Y a-t-il des expériences personnelles qui ont influencé votre écriture ?
S.AC — Je ne pense pas qu'il y ait eu vraiment d'inspiration, plutôt une forme de nécessité d'écriture, sans que j'aie au début de direction. Je sortais d'une période assez compliquée où j'avais eu des problèmes de papiers à la fin de mon séjour d'études aux Etats-Unis pour cause de visas refusés et avais été bloqué.e à New York à cause du covid à l'époque des QR codes et des passeports santé. Cela m'avait beaucoup impacté.e et à mon retour à Paris, j'avais passé un long moment à ne pas faire grand-chose d'autre que regarder des séries, manger, jouer à des jeux vidéos, sans arriver à dépasser cette expérience. Ce texte, écrit juste après, revient sur ces moments où j'étais aux prises avec l'appel du vide - que je connais bien - tout en ressentant une forme de saturation de la pensée qui m'engluait dans l'immobilité.
H.M —Comment décririez-vous l'évolution de votre style poétique depuis vos précédents écrits jusqu'à ce recueil ?
S.AC — Ce texte est un poème-fleuve, comme mon précédent livre. Mais là où le premier, paru chez 10 pages au carré, faisait dix pages, celui-ci à la Contre Allée en fait un peu plus de cent. Même si c'est un flux continu, il y a plusieurs mouvements, et je me suis autorisé.e dans ce texte à introduire des onomatopées, quelques expressions en anglais, et à faire des expérimentations spatiales : à certaines pages il n'y a qu'un ou deux vers et d'autres sont très saturées ou adoptent des formes. Je pense qu'il y a dans ce livre, une liberté plus grande dans la langue, et certains passages qui sont principalement guidés par le rythme, ce qui est sans doute le reflet de l'affirmation de ma pratique de la performance accompagnée de musique électronique.
H.M —Pouvez-vous nous parler encore plus du processus de création de ce recueil ? Avez-vous suivi une méthode particulière ?
S.AC — Ce texte a été écrit de manière très fluide et naturelle. À l'origine, il s'agissait de prises de notes sur mon téléphone pendant mes trajets en métro à Paris, sans que j'aie d'intention véritable, ou le désir de chercher quelque chose de précis en écrivant. C'est ensuite quand, voulant soumettre un texte à un prix littéraire, j'ai voulu reprendre ces notes, que je me suis rendu.e compte qu'elles faisaient déjà plus d'une trentaine de pages. Après les avoir retravaillées, j'ai fait comme d'habitude, lu à voix haute jusqu'à ce que le rythme soit fluide, laissé reposer quelques jours/semaines, et repris cette lecture à voix haute pour voir si le texte tenait toujours. Je modifie le manuscrit en suivant cette méthodologie, jusqu'à ce que plusieurs lectures faites à distance les unes des autres continuent à me donner cette impression de fluidité, de facilité de lecture. Je considère alors que je suis allé.e aussi loin que je peux seul.e et soumets le textes à des personnes en qui j'ai confiance et le modifie à nouveau selon leurs retours, en appliquant à chaque fois cette méthode de la lecture à voix haute jusqu'à atteindre une forme stable. Je pense que la confiance dans un groupe de pairs me vient de mon Master de création littéraire ou j'avais suivi de nombreux ateliers d'écriture et appris à soumettre mon écriture à un regard critique avant de chercher à la faire éditer ou à la montrer au public.
H.M —Quelle place la musique occupe-t-elle dans votre travail ? Comment a-t-elle influencé tes lectures sur scène ?
S.AC — La musique occupe une place essentielle dans mes performances, qui sont elles-mêmes indissociables de mon rapport à la poésie. Je vois la poésie sur scène comme une opportunité de toucher un public différent, plus large, en essayant de l'approcher par le biais d'autres codes, qui peuvent faire un peu moins peur qu'ouvrir un livre de poésie. En plus de mes performances, j'ai co-fondé un collectif d'écopoésie, fœhn, et nous organisons des soirées où nous invitons des poetes.ses à lire de la poésie engagée sur de la musique, le plus souvent électronique. C'est assez naturel pour moi de mêler poésie et musique car j'ai commencé à lire mes textes sur des scènes ouvertes où il y avait des musicien.nes jazz, des pianistes, des guitaristes ; je compose moi-même des tapis sonores pour mes textes et adore improviser avec des musicien.nes. La lecture à voix haute est aussi le guide qui me permet de retravailler mes textes jusqu'à ce qu'ils sonnent juste.
Ma pratique prend un tournant de plus en plus musical depuis trois ou quatre ans où j'ai commencé à travailler avec de la musique électronique et ai fini par co-fonder le groupe Mooja, entre poésie, musique électronique et vidéopoésie. Après beaucoup de DJs sets poétiques improvisés, Paul Leverrier et Adrien Amiot, producteurs et DJs sous le nom de Housecall ont commencé à composer des morceaux pour mes textes, et Zohra Mrad a créé des vidéos qui accompagnent la performance, pour proposer une expérience la plus immersive possible. L'énergie de ce concert-spectacle est saturée, et oblige le public à lâcher prise sur la compréhension rationnelle des textes, car je pense que la poésie nécessite une écoute sensible, qui dépasse le sens, pour se laisser traverser par les mots, l'énergie, la rencontre dans l'instant, et c'est ce que nous avons essayé de proposer pour le lancement du livre au Centre Pompidou pendant le festival Effractions.
H.M — Y a-t-il un poème ou un passage en particulier que vous aimeriez mettre en avant et expliquer à votre public ?
S.AC — En voici un extrait :
mirlababisurlababo
souvenir du temps d’antan
ça manque le temps d’antan
où l’on croyait devenir grand
quelque chose d’autre
d’ontologiquement différent
catégorisation radicale
le monde des adultes le monde des enfants
découvrir
pendant que le temps file s’effile que le fil s’effiloche
que c’est pareil
qu’il faut tenir
juste tenir
être adulte c’est ça
tenir
ne pas laisser tomber
ne pas se laisser tomber
tous les jours bras levés
vivace comme cyprès
contre les vents traîtres
et si ça tombe
si ça casse
si ça crame
si ça coule
se lever se relever
gonfler le ventre comme on l’a appris en cours de yoga
gonfler les poumons âcres qui se décomposent jour à
jour
et recommencer
Le postulat de ce texte est de réfléchir aux manières avec lesquelles on tient quand la vie devient difficile à vivre, car c'est facile de tenir quand on va bien, que notre vie roule toute seule. Mais ce texte se demande comment on fait pour se relever quand on tombe, continuer quand ça semble impossible, qu'on est attiré par une inertie incoercible tout en ayant le désir d'être "vivace comme le cyprès" de Baudelaire, et je pense que ce passage propose des réponses que tout le livre cherche. Il suffit d'essayer, de mettre un pied devant l'autre chaque seconde-minute-jour, jusqu'à ce qu'on se soit sorti du trou.
H.M — Comment espérez-vous que les lecteurs réagiront à votre recueil ? Y a-t-il des émotions ou des réflexions que vous souhaitez susciter chez eux ?
S.AC — J'espère que mes lecteur.ices trouveront le livre facile à lire, dans le sens de la fluidité de l'écriture car je sais que les thématiques abordées peuvent être difficiles, même s'il y a beaucoup d'autodérision et d'humour. J'espère juste qu'il ne les impressionnera pas par ses verbiages, qu'il n'exclura pas un.e lecteur.ice tombé.e dessus par hasard, car je n'aime pas que la littérature écrase par son érudition. Je veux au contraire que ce texte libère la curiosité, la créativité, les interprétations, qu'il donne même envie d'être modifié, tant qu'il suscite chez l'autre le désir de soi-même faire quelque chose qui traverse, que ce soit écrire ou n'importe quoi d'authentique. C'est ce que me permet la poésie, d'avoir la sensation que je suis traversé.e par les mots, que je suis exactement moi-même quand j'écris ou que je suis sur scène. J'espère aussi que les lecteur.ices auront envie de le lire à voix haute. C'est le retour de plusieurs personnes déjà, et c'est le plus beau compliment qu'on puisse faire à mon écriture, car mes poèmes préférés sont ceux que j'ai eu d'emblée l'envie de clamer à voix haute, dans ma chambre ou devant d'autres, et j'essaie d'écrire d'une manière où le rythme qui se dégage peut être retrouvé, mis en voix par toute personne qui le désire pour qu'elle puisse aussi prendre part à la performance.
H.M — Quels sont vos projets futurs après la sortie de ce recueil ?
S.AC — Le plus important pour moi, c'est de trouver des manières de tenir, de faire corps ensemble en tant qu'artistes, poetes.ses, écrivain.es, citoyen.nes, dans un monde de plus en plus violent et ce sans se laisser décourager. Cela passe pour moi par la programmation d'évènements artistiqus pluridisciplinaire durant lesquels des personnes d'horizons divers se rencontrent, discutent, s'émerveillent tout en ayant conscience de la nécessité de résister et de tenir pour des causes plus grandes que soi. Il nous faut trouver l'équilibre entre la nécessité d'être ému.es par la violence, la souffrance qui nous entoure et ne pas la laisser nous écraser dans la peur qui ne fait que nous fermer aux autres. C'est ce que j'essaie de faire avec mon collectif écopoétique fœhn et avec mon collectif décolonial et féministe bruxellois xeno_ : créer des espaces pour tenir ensemble. Avec mon groupe Mooja nous travaillons aussi à l'enregistrement de notre premier EP car ce projet mûrit depuis plusieurs années et il est temps de le partager avec d'autres, pour, encore une fois, donner un accès à des textes engagés à un public autre que littéraire. Évidemment, dans le cadre de la promotion d'Au Pieu, il y a des performances, des rencontres en festivals et en librairies, j'irai à Bruxelles, Lille, Bordeaux, Barjols etc... Et puis, bien sûr, de temps en temps m'isoler pour avancer sur l'écriture d'un roman sur l'amitié et d'un recueil de poèmes sur l'amour filial auxquels je travaille.
________
Pour citer ces images & entretien inédits
Hanen Marouani, « Avis de parution du recueil « Au Pieu » de Selim-a Atallah Chettaoui suivie de l’entretien réalisé avec l’artiste », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : HIVER-PRINTEMPS 2025 | NO I « Inspiratrices réelles & fictives », 1er Volet & Revue Orientales, « Déesses de l'Orient », n°4, volume 1, mis en ligne le 17 mars 2025. URL :
RÉCEMMENT, LE SITE « PANDESMUSES.FR » A BASCULÉ EN HTTPS ET LA DEUXIÈME PHASE DE SA MAINTENANCE PRENDRA DES MOIS VOIRE UN AN. NOTRE SITE A GARDÉ SON ANCIEN THÈME GRAPHIQUE MAIS BEAUCOUP DE PAGES DOIVENT RETROUVER LEUR PRÉSENTATION INITIALE. EN OUTRE, UN CLASSEMENT GÉNÉRAL PAR PÉRIODE SE MET PETIT À PETIT EN PLACE AVEC QUELQUES NOUVEAUTÉS POUR FACILITER VOS RECHERCHES SUR NOTRE SITE. TOUT CELA PERTURBE ET RALENTIT LA MISE EN LIGNE DE NOUVEAUX DOCUMENTS, MERCI BIEN DE VOTRE COMPRÉHENSION !
Cette section n'a pas été mise à jour depuis longtemps, elle est en travaux. Veuillez patienter et merci de consulter la page Accueil de ce périodique.
N° I | HIVER-PRINTEMPS 2025 | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES | 1er Volet | Dossier majeur | Articles & témoignages / Critique & Réception | Voix-Voies de la sororité La rose de Jéricho, roman de Louise Devise, paru aux éditions Maurice Nadeau Critique...
N° I | HIVER-PRINTEMPS 2025 | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES | 1er Volet | S’indigner, soutenir, Lettres ouvertes & hommages Mise au point sur Toumliline Lettre ouverte par Mustapha Saha Sociologue, artiste peintre & poète Photographies par Élisabeth...
Événements poétiques | NO II Hors-Série | Festival International Megalesia 2025 « Rêveuses » & « Poésie volcanique d'elles » | I — « Rêveuses » | Florilège Vous y croyez, vous, aux miracles ? Texte & peintures de Sarah Mostrel Site : https://sarahmostrel.wordpress.com...
Événements poétiques | NO II Hors-Série | Festival International Megalesia 2025 « Rêveuses » & « Poésie volcanique d'elles » | Distinctions 2025 | Prix Poétiques attribués par la SIÉFÉGP le 8 Mars Attribution du Prix Littéraire Dina Sahyouni
Le Prix International...