10 juillet 2017 1 10 /07 /juillet /2017 15:01

 

 

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES (LPpdm)


 

REVUE FÉMINISTE, INTERNATIONALE & MULTILINGUE DE POÉSIE ENTRE

 

THÉORIES & PRATIQUES

 

 

N°6 | PRINTEMPS 2017


 

Penser la maladie &

 

la vieillesse en poésie


 

Sous la direction de Françoise URBAN-MENNINGER

 

© Crédit photo : Claude Menninger, "Image n°3 de l'exposition de

Valérie Schott", mai 2017.

 

 

 

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Lettre d'information/Newsletter du 30 mai au 30 juin

 

ISSN numérique : 2116-1046

 

Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques

 

 diffusée en version électronique (apériodique) et en version imprimée (4 numéros par an) 

 

Le Pan poétique des muses ISSN Imprimé : 2492-0487

 

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© www.pandesmuses.fr

 

Rappel utile : comme vous le savez bien cher lectorat la revue LPpdm (dans ses versions électronique et imprimée) décline toute responsabilité juridique concernant le contenu publié par elle parce qu'elle considère que chaque auteure/auteur est libre dans le respect de sa charte déontologique, par conséquent, est l'unique responsable du contenu de son texte, de son image, etc.

 

 

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le Ministère des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes

 

 

Lettre n° 9 (Avant-première de nos dernières publications de 2016)

 

Le Pan poétique des muses - dans Numéro 6
10 juillet 2017 1 10 /07 /juillet /2017 15:01

 

 

 

N° 6| Sommaire 

 

 

 

N°6 | PRINTEMPS 2017


 

 

Penser la maladie & la vieillesse en poésie

 

 

Sous la direction de Françoise URBAN-MENNINGER

 

Mise en ligne progressive avant

la parution du numéro en version imprimée

 

Le Pan poétique des muses publie aussi un Supplément au sixième numéro

afin de répondre à vos nombreuses demandes de publication

Merci bien de votre intérêt pour cette thématique !

 

N°6 | Sommaire

© Crédit photo : Fanny, par l'artiste photographe Claude Menninger.

 

Équipe de la version en ligne : Françoise Urban-Menninger (dir.). Couverture illustrée par l'artiste : Valérie Schott. Illustrations par Camille Claus, Henri de Lescoët, Martine Séchoy-Wolff, Claude Menninger, Joan OTT, Anick Roschi, Gil Pottier, et d'autres auteur(e)s.

Réalisation technique : Dina Sahyouni. Nous écrire : contact.revue@pandesmuses.fr. ISSN numérique 2116-1046 : Le Pan poétique des muses|Revue internationale de poésie entre théories & pratiques. Revue féministe de poésie, électronique, internationale, multilingue et apériodique.

 

 

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Appel à contribution du n°6 :

 

"Penser la maladie et la vieillesse en poésie"

 

Sommaire

Dina Sahyouni,  « Éditorial »

Publication dans le Supplément au sixième numéro

 

Françoise Urban-Menninger, « Introduction | Penser la maladie et la vieillesse en poésie »

LPpdm a rencontré 

Dossier majeur

Françoise Urban-Menninger, « Rencontre avec Valérie Schott à Widensolen dans le café-épicerie de son arrière-grand-mère »

Entretien

Françoise Urban-Menninger, « Interview avec l'artiste peintre Martine Séchoy-Wolff »

 

Articles

 

Dossier majeur

 

Penser la maladie et la vieillesse en poésie

 

Jihane Tbini, « Michel Tournier, redéfinir la vieillesse »

Alexandre Massipe, « Le deuil éluardien »

Mathieu Perrot, « L’"insoulevable écorce" ou "le masque durcissant de la vieillesse" dans la poésie d’Henri Michaux »

Giovanna Bellati, « ''Ô temps contre lequel il n’est repaire''. La poésie de la vieillesse de Giovanna Bemporad »

 

 

Dossier mineur 

Muses & Poètes

 

Poésie, Femmes & Genre

 

Alexandre Massipe, « Le deuil éluardien »

 

Textes poétiques des dossiers

 

Daniel Aranjo, sans titre

Chantal Robillard, « Vieilles dames vénitiennes »

Sylvie Troxler, « Qu’est ce qu’elle a à me regarder comme çà, la bourge ? »

Joan Ott, « Le Parfum du métropolitain (extrait) » , « Extrait de Naevus Bleuet, chapitres 43 à 45, Éditions Cockritures, 2015 », « Extrait de SI jamais tu partais, version pour le théâtre d’après le roman de Joan OTT », « Feuille à feuille » « La belle épave » « Taon Bis », « Vive la Retraite ! », « Bernardine. Monologue pour une comédienne », « La Longueur du temps. Extraits en version pour le théâtre d’après le roman de Joan OTT », « La Première (extrait) »

Claude Luezior, « Lettre à Maison de retraite », (« Lettre à Assureur » publication dans le Supplément au n°6)

Sophie Weill, « Pensées poétiques sur la maladie & la vieillesse » & « Présent & autres poèmes »

Dana Shishmanian, « Poissons d’avril »

Françoise Urban-Menninger, « Musique blanche »,  « Entre les lignes », « Épine de douleur », « La tête dans mon poème »,  « Le chemin du poème », « Sous la musique de la pluie »

Christophe Schaeffer, « Deux extraits d'Aimer à quatre temps »

Camille Aubaude, « L’œuf — entre les mains des deux déesses de Denderah »

Dina Sahyouni, « Malade d'amour »

Maggy de Coster, « À regarder passer le temps » & « Partance »

Anick Roschi, « Marguerite d’automne »

Jean-Charles Paillet, « Pour une main tendue »

 

Instant poétique en compagnie de...

 

Nicole Hardouin, « Femmes »

 

Poésie de la jeunesse

Julien Servent, « Incendie », « Noctambule » & « Vieilleries mercantiles »

 

Poèmes des ancêtres (aïeules/aïeux)

Amélie Gex, « À la dérive » & « Elles s'en vont les joyeuses pensées »

Renée Vivien, « La vieille »

 

Poésie érotique

Sophie Weill, « Âme » & « L’accord (L’a-corps) »

 

Sourires & rires féministes (nouvelle rubrique)

Françoise Urban-Menninger, « Cher ami »

Laure Delaunay, « Toi en moi »

 

Poésie & musique [uniquement en ligne]

 

Joan Ott, « Dix chansons théâtrales »

Françoise Urban-Menninger (parolière), Gunter Scholler (musique de), Chorale SATB (interprète), « Les voix de mon poème/The voices of my poem »

 

Muses au masculin

 

Mustapha Saha, « La Supplique à l’enfant »

 

Encart des langues étrangères

Publication dans le Supplément au sixième numéro

 

Critique & réception

 

Maggy de Coster, « Jeanne Guizard, Des étoiles, TheBookEdition, 2014, coll. Pictures, 113 p. »

Dina Sahyouni, La puissance d'être soi ou Femmes hors normes de Barbara Polla, éd. Odile Jacob, 2017

 

Publication dans le Supplément au sixième numéro

 

S'indigner, soutenir, hommages, lettres ouvertes

 

Mhamed Hassani, « Chna n Nabila (Djehnine), le chant de Nabila (Hommage à Nabila) »


Françoise Urban-Menninger, « Charlie Hebdo »

Le Pan poétique des muses - dans Numéro 6
10 juillet 2017 1 10 /07 /juillet /2017 14:58

 

N°6 | Critique & réception | Invitation à lire

 

 

La téméraire

 

 

de Marine Westphal, paru chez Stock

 

 

Françoise Urban-Menninger

 

Blog officiel : L'heure du poème

 

 

© Crédit photo : 1ère de couverture illustrée de La téméraire chez Stock,

photo fournie par Françoise Urban-Menninger

 

 

C’est le premier livre de Marine Westphal, 27 ans, infirmière à Colmar. C’est le coup de cœur de la commission littéraire de l’Académie rhénane dont je vais vous entretenir. Dès les premières pages, le lecteur est saisi par le style incisif, des phrases courtes qui le plonge d’emblée dans le drame de Sali dont le mari a été victime d’un Accident vasculaire cérébral (AVC).

 

« Sous le chapeau de tuiles se cache une réalité qui bouscule les théories et marche sur les pieds bien chaussés de l’acquis. »

 

Une seule phrase bien affûtée pose le décor « Avant c’était la pièce à vivre », et de poursuivre :

« Un lit au centre du salon, un matelas aux bourrelets tendus d’air, un homme en pyjama au mois d’août, allongé. Est-ce qu’il dort, je l’ignore, Sali veille. ».

 

En quelques lignes, sans larmoiement, sans prendre partie, Marine Westphal nous fait entrer de plain-pied et non pas sur la pointe des pieds dans une réalité qui renvoie également à la nôtre . Car qui aujourd’hui n’est pas touché dans sa famille, parmi ses connaissances par ces drames liés aux AVC ou à d’autres maux comme la maladie d’Alzheimer qui fait basculer du jour au lendemain le quotidien dans l’indicible.

 

Cet indicible pourtant Marine Westphal trouve les mots pour l’écrire. L’amour indéfectible entre Sali et Bartoloméo qui dure depuis 30 ans, on le pressent, on le ressent entre les lignes et l’on se remémore la phrase d’Albert Camus que l’auteure a choisi de placer en exergue de son livre : « C’est cela l’amour, tout donner, tout sacrifier sans espoir de retour ».

 

Sali est devenue cette « sentinelle » qui veille et qui espère que tout n’est pas perdu... C’est la figure lumineuse de cette femme qui rayonne et qui donne chair à ce récit si vivant en dépit de la mort qui affleure à chaque page. Jamais Sali n’abandonne et c’est en cela qu’elle est téméraire. Elle tente de faire en sorte qu’il n’y ait pas d’avant et pas d’après. La vie, malgré la maladie, doit être un continuum... Ainsi quand elle lave son mari avec de l’eau fraîche, c’est parce que ce dernier aimait à nager dans un lac où l’eau n’excédait pas 12°.

 

C’est dans cet esprit que tout le récit se déroule et trouve son point d’orgue dans le choix de Sali qui décide dans une ultime preuve d’amour d’offrir une mort digne à son époux, non pas en l’euthanasiant comme d’aucuns pourrait l’imaginer mais en élaborant un incroyable stratagème que je vous laisse découvrir en vous invitant à lire ce merveilleux livre. Sali va réussir à réenchanter les derniers jours de son époux en lui offrant de les passer dans le paysage qu’il a toujours affectionné, au bord du lac où il aimait nager et je cite  « où le souffle le bordait comme une enfant ».

 

© Crédit photo : Marine Westphal, photo fournie par Françoise Urban-Menninger

 

Dans ce récit bouleversant, Marine Westphal, je le redis, ne prend pas partie, n’enjolive pas les sentiments, c’est un récit humain où le beau et le vrai se conjuguent jusque dans cette échéance inéluctable où même la mort nous offre une dernière leçon de vie. En ce qui me concerne, la téméraire, n’est pas seulement Sali, l’héroïne qui a bravé ce qu’elle appelle la morale collective mais aussi, et sans soute, je me répète, Marine Westphal qui a choisi d’aborder un sujet qui touche chacun d’entre nous, elle le fait sans détour pour nous offrir un livre taillé dans la pleine lumière de l’âme et dont on sort non pas meurtri mais véritablement apaisé à l’instar de Bartoloméo qui dans ses derniers instants « sourit à tout ce qui l’entoure avant de passer la ligne ».

 

La poésie permet à l’auteure d’appréhender avec témérité cette transcendance. On y retrouve cette grâce qui renvoie à la formation de danseuse de Marine Westphal quand elle décrit Sali qui « garde les bras en position de valse ».

C’est cette dernière image que je retiendrai pour saluer l’écriture somptueuse de Marine Westphal qui n’a pas fini, je l’espère, de faire danser les lignes sur les pages blanches de ses cahiers pour continuer à nous enchanter.

 

***

 

Pour citer ce texte

 

Françoise Urban-Menninger, « La téméraire de Marine Westphal, paru chez Stock », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Supplément au n°6 sur « Penser la maladie et la vieillesse en poésie » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, mis en ligne le 10 juillet 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2017/no6/temeraire.html

 

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Le Pan poétique des muses - dans Numéro 6
22 juin 2017 4 22 /06 /juin /2017 13:41

 

Dossier majeur | Textes poétiques

 

 

 

Pour une main tendue

 

 

 

Jean-Charles Paillet

 

 

 

 

Pour une main tendue

Un sourire, une voix

      Au bord de la vie

Pour un autre regard, une attention

D’une brindille d’espoir

Allumez un feu de joie

 

Pour l’enfant qui joue

Insouciant du lendemain

Pour la porte ouverte

La joie d’un repas en famille

                            Entre amis

Pour toute cette chaleur

Entretenez le feu de joie

 

Pour que jamais ne s’éteigne l’amour

Et que les heures vous tiennent en éveil

                               Jusqu’à la vieillesse

Chantez et dansez

Dansez la vie et sautez

Par dessus tous ces feux de joie

 

 

***

 

Pour citer ce poème

 


Jean-Charles Paillet, « Pour une main tendue », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°6|Printemps 2017 « Penser la maladie et la vieillesse en poésie » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, mis en ligne le 22 juin 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2017/main-tendue.html

 

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Le Pan poétique des muses - dans Numéro 6
10 juin 2017 6 10 /06 /juin /2017 11:36

 

 

N°6 | Muses au masculin (/genre en poésie)

 

Article

 

 

Adonis en fraternité poétique

 

 

 

 

Cette rubrique est dédiée aux hommes & au masculin

 

qui inspirent les hommes poètes & artistes

 

 

Mustapha Saha

Sociologue, poète, artiste peintre

 

Adonis en fraternité poétique

© Crédit photo : "Adonis et Mustapha Saha",

photographie  de © Elisabeth et Mustapha Saha.

 

 

 

L’esprit Victor Hugo

 

 

Nous sommes dans l’enclave historique du Marais, aux abords du Musée Picasso, chez notre amie Rabiaâ Menouar, propriétaire de la galerie d’art du même nom. Adonis, après les fraternelles accolades, s’emmitonne dans sa chaleureuse nonchalance. Les projets communs s’élaborent sans formalités pesantes. Élisabeth immortalise les fugacités parlantes. La sphère intimiste s’imprègne de l’urbaine atmosphère. S’évanouissent dans la brume les vautours des beaux jours. L’esprit de Victor Hugo hante les alentours. Quand ciel s’obscurcit, son pas lourd résonne dans les ruelles désertes, déplie détour sur détour, aiguille la quête hésitante. Des portiques impénétrables s’ouvrent par enchantement sur cours miraculeuses. Ne voit-on pas, à travers la vitre, les silhouettes empressées d’Alphonse de Lamartine, Prosper Mérimée, Théophile Gautier… Se rendre aux communions rituelles du salon rouge ? La maison muséale, Place des Vosges, couve jalousement ses portraits lymphatiques et leurs moirures mouvantes, ses gravures énigmatiques et leurs nébulosités captivantes, ses ubiquités fantomatiques et leurs lueurs poursuivantes. Les tableaux et les bustes ponctuent, en balises voyantes, la présence théurgique de l’icône du romantisme.

Secrètement, je recense les correspondances entre les deux enfants d’Apollon, les convergences entre mystiques révolutionnaires, les concordances entre extatiques visionnaires. Picasso s’expose en symbiose avec Giacometti dans son antre mitoyenne. Par quelle magie l’âme poétique réunit les êtres dans lesquels elle se réincarne ? N’est-ce pas ce que magnifie Victor Hugo dans ses tables tournantes, ses télépathies intrigantes, ses stichomythies hallucinantes ? Gare aux simplifications cartésiennes qui n’y voient qu’artifice divinatoire. Les poètes, convulsés d’énergies indomptables, sont translateurs de l’informulable, convertisseurs de l’indiscernable, intercesseurs de l’insoupçonnable. Leurs œuvres germent, bourgeonnent, fleurissent dans une niche cérébrale insoupçonnable.

Adonis irradie tranquillement son mysticisme chamanique, sa débonnaire éthique, sa douce colère envoilée de sérénité bouddhique. Et cette sagesse dubitative préservée des convictions excessives. Et cette disponibilité réceptive sans réserve spéculative. Et cette fraîcheur imaginative, teintée de malice, qui désarçonne les vaines rhétoriques. Et cette vision panoramique, qui décèle instantanément l’essentiel dans la sophistique. Et cette lucidité sans amertume, qui déploie sa liberté réflexive dans l’intensité créative.

 


 

Le poète est rebelle ou n’est pas

 


 

Que dire des mystères de l’intuition créative quand l’écriture et la peinture s’envoûtent d’indicible, quand l’invisible se manifeste dans des métaphores immarcescibles ? Les philosophes Blaise Pascal et Henri Bergson, et combien d’autres penseurs contemplatifs, se sont approchés de cette porte impensable sans la franchir. N’en filtrent qu’éclats d’immortalités incompréhensibles. Comment résoudre l’énigme de l’énigme ? L’éruption poétique et artistique, comme l’intuition scientifique et l’illumination philosophique, échappent à l’intelligible. La littérature peut décrire leur surgissement sans percer leur part intangible. L’introspection elle-même s’avère impuissante face aux vagues énergétiques qui la submergent. La muse fécondatrice s’initialise d’ondes indéfinissables. Une liberté fabuleuse s’épanouit dans ce territoire indéterminable. La fécondation de l’œuvre s’impose à l’auteur comme une visitation cosmique. Les ressorts de l’inspiration relèvent d’une mécanique indescriptible. Le don est une clairvoyance innée. L’imperceptibilité de la vie devient aussitôt manifeste dans la création singulière qui l’a captée. Le poète, l’artiste n’a d’autre raison d’être que sa vocation médiumnique. L’œuvre germe dans les entrailles telle une graine céleste. Quand elle remonte à la conscience, elle requiert son incarnation. Elle plonge son accoucheur dans un état de possession. Elle s’accapare de toutes ses facultés imaginatives comme une idée fixe, obsessionnelle. Elle enfièvre sa veine irrationnelle, exaspère sa fibre émotionnelle, attise sa braise passionnelle. Nulle force ne peut dompter l’élan poétique, la flamme artistique. Comment peut-on plier le poète, qui n’a d’autre ressource expressive que l’embrasement volcanique qui le dévore de l’intérieur, aux canons dogmatiques ? Le poète est rebelle ou n’est pas.

Les ectoplasmes d'Ibn Hazm, de Nazhoun Al Qal'iyya, d'Ibn Zaïdoun, de Wallâda Bint al-Moustakfi, de Hafsa Al-Rakouniyya, d'Ahmad al-Tifachi, et leurs strophes impérissables, agitent à l’horizon leurs torches bigarrées, consolent de leurs odes orgastiques les sagesses désemparées, secouent dans leur chevauchée hors-temps les générations égarées. « Le Collier de la colombe » d’Ibn Hazm m’apparaît sur peinture abstraite. Défile dans ma tête, en rapide rétrospective, l’incroyable destinée de ce poète fidèle à ses convictions, malgré le doute et la désillusion, la malveillance et l’exclusion, l’exil et la réclusion. Et l’apologie de Cupidon en salutaire abandon. Et le « Kitab al-Zahra » d’Ibn Daoud, le mythe de Sphairos d’Enpédocle/Empédocle et Le Banquet de Platon en hermétique référence. Une poésie intemporelle de l’amour et de ses turpitudes. Une tentative désespérée de sacraliser la fusion charnelle. Et l’inconsolable nostalgie de la sphère originelle. Et le remord de l’unisson frappée de finitude. Et la greffe impossible des organes de la plénitude. Et l’envolée brisée dans la béatitude. Et la passion de l’alter ego nécessaire, marquée d’incertitude. Et l’amoureuse épopée de Nazhoun Al Qal’iyya et d’Ibn Zaïdoun. En ces temps d’indigence prosodique, ces éternels jardiniers de la langue ne sont-ils pas les vrais interlocuteurs d’Adonis ?

Le choix de l’hétéronyme « Adonis », personnification des cycles de renaissance et des saisons régénératrices, dessine, dès la jeunesse, la trajectoire programmée, l’aspiration réclamée, l’intention proclamée. La rose et le myrte, attributs d’Adonis, humain d’origine phénicienne parmi les dieux grecs, amant d’Aphrodite et de Perséphone, ne sont-ils pas également les symboles de la muse Érato, patronne de la poésie érotique et lyrique. Aphrodite, découvrant Adonis mortellement blessé par un sanglier, verse une larme une goutte de son sang, qui engendre l’anémone, rouge offrande de la perte irréparable. Avec cet emprunt, Ali Ahmed Saïd Esber, poète des transmutations, se métamorphose en citoyen du monde qui, comme il le formule, « affranchit les mots de l’esclavage des mots ». L’être fraie librement son chemin quand il se renomme.

 


 

L’ère des idéologies mortifères

 

 

Adonise écoute et commente avec bienveillance. Quand la subtilité philosophique s’impose comme sémaphore, le dialogue fait l’économie des gloses subalternes. La société arabe se retrouve, depuis la fin des colonialismes, dans un rapport schizophrénique au monde. Elle est dedans et dehors. Elle accumule, en ses parties cousues d’or, les architectures postmodernes et les intimidantes casernes, les équipements technologiques et les gadgets électroniques. Imagination captive de son rétroviseur, elle se fossilise dans des postures régressives. La planète avance dans le chaos, elle rétrograde et dégénère dans le prophétisme apocalyptique et l'excitation psychotique, le carnage absolutoire et le sacrifice expiatoire. Les légions sévissent sous protection clandestine. L’ignorantisme sanguinaire diabolise ses contradicteurs pour sacraliser une guerre génocidaire dont nul ne connaît clairement les commanditaires. La terreur sans visage, experte en manipulation psychologique et en intoxication médiatique, vise indistinctement les élites réfractaires et les masses populaires. Les frayeurs collectives confortent les desseins maléfiques et les manœuvres machiavéliques des gouvernances arbitraires. L’idéologie sécuritaire creuse son lit dans l’angoisse commune. Les crimes incessants contre l’humanité se glorifient de leur impunité et de l’inaction de leurs dénonciateurs. La presse indépendante et l’intelligentsia critique sont les cibles prioritaires de la vindicte purgative. La culture s’assassine à chaque coin de rue.

Le poème, matrice de l’écriture, imprévisible saillie d’anamnésie somatique, réminiscence occulte de charnelle aventure, est une œuvre qui se scénographie et se visualise, se calligraphie et se théâtralise, se scande et se vocalise. Jusqu’à l’avènement de l’imprimerie, il était inconcevable de lire quelque stance en silence, fusse dans la solitude. Dans son Diwân de la poésie arabe classique, Adonis s’attache essentiellement à l’esthétique, cette combinaison magique qui sublime la voix singulière, cette efflorescence métaphorique qui réverbère l’émotion particulière, cette résonance alchimique qui perpétue la parole perlière. L’esthétique, en cette occurrence, prime l’historique parce que la poésie, comme l’art, s’étincelle d’impondérabilités sapientielles, s’illumine de brumailles existentielles, s’étoile d’assonances providentielles.

 

 

 

Ressusciter Ibn Rochd (Averroès)

 

 

Ibn Rochd s’invite subrepticement dans la conversation. Nous nous promettons spontanément de ressusciter cet éclaireur de la raison, à contre-pied de sa postérité prestigieuse, comme dynamiteur de la torpeur orientale. Le fondamentalisme cloisonne, codifie, rigidifie la culture arabe, une culture qui ne connaît son épanouissement littéraire, artistique, scientifique que dans des oasis historiques bénies d’un vent de liberté. Le combat philosophique le plus épique à cet égard oppose Abou Hamid Al-Ghazali (1058 – 1111), théologien, juriste et mystique dogmatique, et Ibn Rochd (1126 – 1198), médecin et philosophe andalou, maître du rationalisme émancipateur, qui défend, au prix de son bannissement à Marrakech pour hérésie, la théorie péripatéticienne de l’intellection active, défricheuse des ressorts cachés des phénomènes, cependant que l’âme n’est qu’une faculté passive, une substance périssable qui n’accède à l’entendement qu’en captant les éclairs de l’intelligence universelle. N’est-ce pas là l'explication la plus rationnelle de la quête mystique ? L’affrontement se focalise autour de deux traités fondateurs, deux livres incendiaires aux retombées idéologiques incalculables. Les arabes, après avoir été les transmetteurs miraculeux de la philosophie grecque s’en détournent, à l’exception notable d’Ibn Rochd. L’ouvrage ravageur d’Al Ghazali « Tahafout al-falasifa » (le Délire des philosophes, 1095), où le déterminisme théocratique et la réfutation de la causalité ne laissent aucune marge à la raison, exécute en règle la libre pensée. Al Ghazali classe la conscience et l’intelligence dans les outils misérables qui n’ont d’autre utilité que d’appréhender les futilités de la vie matérielle et l’indigence ontologique de la condition humaine. Il dépouille l’être humain de toute volonté propre, ne lui concédant que l’obéissance aveugle aux commandements de l’omniprésent, l’omniscient, l’omnipotent, sans forme et sans substance, comme porte de salut. Il ne voit d’autre alternative à l’être vertueux, pour se rapprocher de la vérité suprême, que la renonciation au monde, la purification du corps et de l’âme de toute imprégnation terrestre. Il recommande le dépouillement renonciataire, la désocialisation volontaire, la claustration solitaire, en un mot, la dépossession de soi. Il instille le sentiment de peur, le réflexe de la soumission, la dévotion moutonnière dans le subconscient des croyants. Il soumet la transgression soufie aux règles compressives de la chariâ. Toute l’œuvre d’Al-Ghazali est un verrouillage méthodique de l'esprit critique. Alors que les thèses d’Ibn Rochd sont rejetées, pendant dix siècles en Orient, dans les géhennes de la prohibition, et qu’elles ne sont redécouvertes qu’à l’occasion de la Nahda avortée du dix-neuvième siècle, le puritanisme ghazalien creuse ses ramifications dans l’enseignement élitaire et le psychisme populaire.

Et pourtant, depuis le Moyen Âge, en passant par la Renaissance, l’averroïsme s’impose en Occident comme une école de pensée fondatrice de la modernité, au point qu' au treizième siècle, les maîtres de la Faculté des Arts l’enseignent comme corpus incontournable. Dans « Le discours décisif » ou « Le Livre du discours décisif sur la connexion entre révélation et philosophie » (1179), Ibn Rochd, Cadi de Courdoue, conclut sur l’exigibilité de la connaissance philosophique dans toutes les disciplines du savoir, y compris la théologie. Il recourt souvent au syllogisme pour contourner l’hégémonisme dogmatique. Il défend cependant, avec une constance remarquable, l’impératif d’une pensée libre, affranchie de l’emprise religieuse, et le statut social du savant désenchaîné du pouvoir théocratique. Il localise l’enjeu de l’autonomisation de l’intellectuel de toute influence profane ou spirituelle. Une pensée d'une actualité brûlante…

 

***

 

Voir aussi le bémol artistique et poétique

***

Pour citer cet article

 


Mustapha Saha, « Adonis en fraternité poétique », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Supplément au n°6 sur « Penser la maladie et la vieillesse en poésie » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, mis en ligne le 10 juin 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2017/adonis-ms.html

 

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    LE PAN POÉTIQUE DES MUSES (LPpdm) REVUE FÉMINISTE, INTERNATIONALE ET MULTILINGUE DE POÉSIE ENTRE THÉORIES ET PRATIQUES ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL | NO III CRÉATRICES 1ER VOLET © Crédit photo : Louise Abbéma (1844-1923), « Portrait de Sarah Bernhardt dans...
  • L’âme des choses
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