Dossier majeur | Textes poétiques
Poèmes d'une aïeule
À la dérive
&
Elles s'en vont les joyeuses pensées
À la dérive
[P. 182/P. 186 PDF, « En fermant le livre »]
J'ai vu s'enfuir ma riante jeunesse
Comme un parfum s'envole d'une fleur !...
Rien envers moi n'a tenu sa promesse !
J'ai tant de fois savouré ma tristesse,
Que je n'ai plus un autre amour au cœur !...
J'ai vu tomber ma couronne de fête ;
J'ai vu mon ciel pour toujours s'assombrir ;
Sous l'ouragan, j'ai tant courbé la tête,
J'ai tant lutté contre l'âpre tempête,
Que je voudrais ne plus me souvenir !
Comme un débris qu'un vent d'orage emporte,
Vers l'inconnu, je vais sans me lasser ;
Joie ou douleur, désormais, que m'importe !...
J'ai tant pleuré mon espérance morte,
Que je n'ai plus une larme à verser !...
Elles s'en vont les joyeuses pensées
Rondeau. [P. 181/P. 185 PDF, « En fermant le livre » ]
Elles s'en vont les joyeuses pensées
Lorsque les ans sur nos âmes lassées
Viennent peser de leur poids rigoureux !
Des songes d'or le réveil douloureux
Las ! tristement, les a toutes chassées.
Heures d'amour, doucement caressées,
Fleurs de printemps, par nos lèvres froissées,
Quoi, c'est donc vrai ! dans l'oubli ténébreux
Elles s'en vont ?…
Eh bien, partez, ô colombes blessés !
Sur d'autres fronts posez-vous empressées,
Illusions au vol aventureux…
Plus tard, ceux-là que vous rendez heureux
Diront aussi de leurs heures passées,
« Elles s'en vont ! ... »
Référence bibliographique : ces poèmes sont des extraits transcrits par LPpdm de GEX, Amélie (1835-1883), Poésies : le poème de l'année, cris dans l'ombre, échos épars, nouvelles paroles sur de vieux airs, en fermant le livre, Chambéry, Imprimerie de Ménard, 1 vol., 1879/80, 188 p. ; in-12, pp. 181-182, domaine public, Bibliothèque nationale de France, http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30502940f, voir aussi les liens ou (permaliens) des pages transcrites :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6539649b/f183.image,
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6539649b/f184.image.
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Amélie Gex, « À la dérive » & « Elles s'en vont les joyeuses pensées », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°6|Printemps 2017 « Penser la maladie et la vieillesse en poésie » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, mis en ligne le 8 juin 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2017/ag-derive.html
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