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Mari en Syrie, la renaissance d’une cité au
3e millénaire. Une exposition remarquable
à la Bibliothèque Universitaire de Strasbourg
Texte de
Reportage photographique par
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© Crédit photo : Claude Menninger, « Reportage photographique de l'exposition dédiée à la période la plus brillante de l’histoire appelée « Sakkanakkus » entre 2250 et 1810 av J.-C. du royaume de Mari (en Syrie) à la Bibliothèque Universitaire de Strasbourg », image no 1.
Strasbourg va vivre pendant quelques semaines encore à l’heure d’un événement exceptionnel réalisé en partenariat avec le Domaine&Musée Royal de Mariemont en Belgique et le musée du Louvre qui a prêté plus de 140 objets exposés habituellement dans ses propres salles.
L’occasion unique est offerte au public de découvrir l’un des royaumes les plus puissants du Proche-Orient ancien, celui de Mari et cela dans sa période la plus brillante de son histoire appelée « Sakkanakkus » entre 2250 et 1810 av J.-C.
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© Crédit photo : Claude Menninger, « Reportage photographique de l'exposition dédiée à la période la plus brillante de l’histoire appelée « Sakkanakkus » entre 2250 et 1810 av J.-C. du royaume de Mari (en Syrie) à la Bibliothèque Universitaire de Strasbourg », image no 2.
Bâtie sur les bords de l’Euphrate vers 2900 av J.-C, la cité de Mari a connu des temps de faste et d’opulence durant ses douze siècles d’existence car elle possédait l’art de maîtriser les échanges économiques entre l’Anatolie (la Turquie d’aujourd’hui), le nord de la Syrie d’une part et la Mésopotamie (sud de l’Irak) et le Golfe Persique, d’autre part. Ville située au carrefour des routes par voies de fleuve ou voies de terre avec les caravanes, Mari ne va cesser de s’ embellir et de s’épanouir et va connaître un véritable Âge d’Or que cette exposition nous invite à admirer.
Car ce site fabuleux ne fut redécouvert qu’en 1933 et compte à ce jour de nombreuses missions archéologiques qui ont permis de rassembler d’importantes archives qui nous permettent d’appréhender les merveilles qui appartiennent au patrimoine de l’Humanité et qui sont menacées depuis une dizaine d’années.
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© Crédit photo : Claude Menninger, « Reportage photographique de l'exposition dédiée à la période la plus brillante de l’histoire appelée « Sakkanakkus » entre 2250 et 1810 av J.-C. du royaume de Mari (en Syrie) à la Bibliothèque Universitaire de Strasbourg », image no 3.
Lors de sa conférence à la BNU, Pascal Butterlin, professeur à la Sorbonne, évoqua les trois phases de recherches effectuées lors des 49 campagnes de fouilles à Mari. Une statue découverte sur le site par le lieutenant Cabanne marqua le début de cette vaste aventure. En 1937, les deux lions en cuivre, que mit au jour André Parrot, suspendirent le temps...L’un des lions, choisi pour illustrer l’affiche de cette exposition, observe de ses yeux étonnamment vivants le visiteur du haut de ce 3e millénaire depuis le temple du Seigneur-du-Pays lorsque Mari était à son apogée. Il semble interpeller le chaland de par-delà les siècles…
Les tablettes proto-cunéiformes n’ont pas fini de nous interroger depuis l’invention du pictogramme à celui de l’écriture abstraite, notamment l’écriture iranienne proto-élamite (3300 à 3000 av J.-C) découverte à Suse en 1899, c’est l’un des plus anciens systèmes d’écriture au monde qui n’a pas encore pu être déchiffré.
Le public reste très impressionné également par « les foies divinatoires » qui offraient une lecture de l’avenir dans les entrailles humaines, lecture consignée sur des supports en terre cuite ou des tablettes en argile retrouvées et exposées dans des vitrines.
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© Crédit photo : Claude Menninger, « Reportage photographique de l'exposition dédiée à la période la plus brillante de l’histoire appelée « Sakkanakkus » entre 2250 et 1810 av J.-C. du royaume de Mari (en Syrie) à la Bibliothèque Universitaire de Strasbourg », image no 4.
Chacun de nous ne peut que s’extasier à la vue de statuettes de pierre, de cuivre ou d’argile, de peintures murales en provenance du Grand Palais Royal, d’éléments d’architecture, de colliers de perles de verre ou de terre cuite, d’objets du quotidien, tous porteurs d’âme, qui ont traversé le temps pour nous parler de notre passé. 15000 tablettes d’argile couvertes d’écriture cunéiforme ont permis de connaître et de reconstituer la vie du palais mais aussi de comprendre l’idéologie royale mésopotamienne.
Malheureusement, et Pascal Butterlin, s’est longuement exprimé sur ce sujet que l’on appelle « les antiquités de sang » renvoyant aux pillages qui ont débuté en 2011 avec la guerre civile en Syrie, puis se sont poursuivis avec l’armée libre de Syrie et ont continué avec encore davantage d’intensité en 2014 avec Daech qui délivre des permis de fouilles à l’usage de commanditaires afin de récupérer de l’argent pour financer le terrorisme.
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© Crédit photo : Claude Menninger, « Reportage photographique de l'exposition dédiée à la période la plus brillante de l’histoire appelée « Sakkanakkus » entre 2250 et 1810 av J.-C. du royaume de Mari (en Syrie) à la Bibliothèque Universitaire de Strasbourg », image no 5.
Outre les pillages, l’enclos sacré a été frappé par deux missiles, des photos satellites prises par les Américains permettent aux archéologues de repérer les trous de pillages, environ 3700 ont été dénombrés à ce jour ! Bien évidemment, les chercheurs ne peuvent plus se rendre sur le terrain et des citoyens désarmés, tentent de sauver, au péril de leur vie, ce qui peut encore l’être, on les a baptisés « les hommes-remparts ». Voilà une raison supplémentaire pour visiter cette exposition qui nous donne rendez-vous avec l’Histoire car les derniers vestiges de Mari sont en train de disparaître dans cette nuit des temps d’où on les a extirpés. Or, ne l’oublions pas, la disparition de cette culture est aussi celle de la nôtre car Mari n’est autre que le berceau de l’Humanité et de notre civilisation !
Dans « La prière aux Dieux de la nuit », magnifique texte traduit par l’épigraphiste et assyriologue George Dossin en 1935, on peut lire ces deux vers prémonitoires « ...les dieux et déesses/ sont entrés dans l’enclos des cieux »…
De très nombreuses conférences, visites commentées, ateliers thématiques, animations sont proposés par la BNU, la liste est à retrouver sur le site bnu.fr
© Françoise Urban-Menninger, Avril 2024.
Exposition à voir jusqu’au 26 mai 2024 à la BNU (6 Place de la République à Strasbourg).
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Pour citer ce texte illustré & inédit
Françoise Urban-Menninger, « Mari en Syrie, la renaissance d’une cité au 3e millénaire. Une exposition remarquable à la Bibliothèque Universitaire de Strasbourg », illustré par un reportage photographique du photographe Claude Menninger, Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événements poétiques | Festival International Megalesia 2024 « Amies », « Elles » & Revue Orientales, « Conteuses orientales & orientalistes », n°3, volume 1, mis en ligne le 15 avril 2024. URL : http://www.pandesmuses.fr/megalesia24/fum-expo-mariensyrie
Mise en page par Aude
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