Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien ;
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.
Mars 1870
Chères Amies, chers Amis,
Nous avons encore des ennuis techniques pour récupérer vos courriels pour y répondre, mais nous espérons les résoudre rapidement. Soyez, s'il vous plaît, patientes/patients.
Avec nos amitiés poétiques,
LPPDM
Le Pan Poétique Des Muses,
Semainier Des Muses,
Iris & Mêtis Messagères
Bleues Des Muses
& l'association
SIÉFÉGP* vous
souhaitent de
joyeuses
fêtes de fin
d'année
2019 !
* Est le sigle de la Société Internationale d'Études des Femmes & d'Études de Genre en Poésie.
Le recueil de poèmes de Catherine Gil Alcala est composé de trente-neuf poèmes et dix-huit dessins en noir et blanc qui illustrent assez bien le propos. Présenté humblement sans table des matières ni autre annexe par les éditions La maison Brûlée, l'ouvrage reste très intéressant et se lit d'une traite. J'avoue que la lecture de ce recueil était à la fois un moment de grâce et de peine.
Par ailleurs, on ne sort pas indemne d'une telle lecture... Quelque chose nous change au fil des pages et des rêveries oniriques teintées d'une nouvelle caractéristique du lyrisme qui n'est que ce que j'appelle Le mouvement dansant du geste créatif: il s'agit du retournement psychédélique du moi envers le soi universel du vivant. Ce mouvement dansant du geste créatif naît ici de l'usage purement délibéré de la fatrasie surréaliste des rêves1 et du bleu comme procédés lyriques. Ce bleu fluide, limpide de l'inconscient est celui de la matrice Eau, de l'imaginaire des poètes. Le recueil se révèle être un hommage à la matrice, au matriarcat, à l'eau vivifiante, créatrice... Même la bestiaire de l'autrice/auteure, qui mérite d'ailleurs une étude sérieuse, semble décrire le premier cri cosmique de l'homo sapiens sapiens sur cette terre. Cette bestiaire retrace également les fantasmes et les fétiches de la femme-poète en schémas scéniques où évolue au gré des pages une vie allégorique des symboles de l'écriture et de la poésie par le biais des protagonistes égrenés ici et là sur le chemin des vagabondages oniriques.
L'inconscient est la matrice dont parle la poète dans une danse onirique des mots, lignes et dessins. Tout transpire le symbolique, les références à la psychanalyse et aux découvertes freudiennes. Toutefois, la poète s'en détache en quittant sa peau théâtrale de Poétesse par l'écart qu'elle place entre l'Esse (être) et la poésie comme matrice pure du mouvement et des expressions variées de la matière. Au-delà donc du genre social, il s'agit dans ce recueil d'expérimenter à travers une fatrasie onirique le territoire du geste créatif qui devient un lyrisme des bleus de l'Inconscient collectif des femmes où les violences se colorent du sang et de la folie supposée des sorcières, aliénées, hystériques, psychosées et de toutes les femmes qui osent écrire...
La poète se territorialise dans la géographie du geste créatif, dans l'écriture poétique ; cette encre bleue-noire est bleutée de la condition des femmes artistes (ex. Les bas-bleus). L'écriture est liquide et mouvement chez Catherine Gil Alacal, l'écriture est aussi une lutte et un érotisme de l'être. Ce bleu des Rêves est donc celui de la poésie matricielle du vivant et de la femme créatrice.
Entiché de références mythologiques et freudiennes sous la forme d'une fatrasie lyrique salvatrice, le recueil se dresse ainsi en porte allégorique entrouverte sur l'inconscient de la créatrice, sur un imaginaire qui défie le bleu cadavérique de la mort sous tous ses aspects.
L'écriture poétique est un chemin parsemé du sang et du vagabondage dans les bleus des mots. Elle est aussi le lieu d'un écart salutaire entre le réel et l'imaginaire. Comme Antonin Artaud, Catherine Gil Alcala se glisse dans l'abîme béant de la dualité folle du corps et de l'âme renvoyant à celle du féminin-masculin qui sape la poésie de l'humain pour en ressortir entièrement créatrice. Je recommande vivement la lecture de ce recueil.
Mars 2018
Note
1. Il s'agit en fait d'une adaptation de la vision surréaliste de la "Fatrasie" faite par la poète qui use de plusieurs figures de style (comme les adynation, allégorie, amplification, métaphore, exagération, répétition, personnification, catachrèse, antonomase, épizeuxe, etc.) et d'autres procédés stylistiques pour y parvenir. Voir également l'article de Michael Randall, "Des « fatrasies » surréalistes ?" dans "Littérature", n°108, 1997, pp. 35-50 : https://www.persee.fr/doc/litt_0047-4800_1997_num_108_4_2449 ou
https://doi.org/10.3406/litt.1997.2449
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Pour citer ce texte
Dina Sahyouni,« Le bleu des Rêves », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°14|Être féministe, mis en ligne le 16 décembre 2019. Url : http://www.pandesmuses.fr/lettreno14/reves
Megalesia est le Festival International & Multilingue des Femmes et Genre en Sciences Humaines et Sociales. Ce festival est soutenu par l'association SIÉFÉGP. Votre participation est vivement souhaitée sur "le handicap" & "les violences faites aux femmes" et/ou pour le Printemps des Poètes au féminin sur "le rire" (thème suggéré et non imposé). Vous avez carte blanche pour exprimer votre point de vue sur un ou plusieurs des thèmes proposés pour l'édition 2018 du 13 février au 30 avril.
Nous fêtons particulièrement les femmes poètes et le féminin en poésie et Sciences humaines et sociales les 8 mars & 8 avril prochains avec les Prix de Poésie et d'Essai de l'Académie Claudine de Tencin. Le Conseil Administratif de l'association SIÉFÉGP et de l'Académie Claudine de Tencin ont récemment sélectionné la femme de lettres Camille Aubaude pour lui attribuer Le Prix International de Poésie 2018 pour l'ensemble de son œuvre (recueils, essais, critiques, dialogues poétiques, La Maison des Pages, etc.) avec le titre honorifique de "Princesse des Poètes". Cette distinction sera officiellement adressée à Camille Aubaude le jeudi 8 mars à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes.
Publication successive de vos textes sélectionnés jusqu'au 30 avril 2018
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11 mars 2018, en soutien total avec le youtubeur @MGigantoraptor (alias Aurélien Enthoven) qui "fait l'objet d'attaques antisémites" virulentes "pour avoir réalisé" un documentaire contre le racisme, on diffuse ici son film le Racisme – IRL : https://youtu.be/N22SEa43Md8 via @YouTube, #nerienlaisserpasser
Réalisateurs@Penseursauvage et @MGigantoraptor (alias Aurélien Enthoven)
Rien de plus terrible que la présence dans l’inexistence. La regard panoramique du patriarche, colère rentrée, fulmine avec flagrance. Ses publications s’enterrent dans un angle mort. Des bricoleurs de fausses mélusines, d’indigestes recettes de cuisine, encombrent l’espace vital. Ses collègues avisés ménagent son autorité morale. La précarité de la situation commune commande, au-delà des crispations concurrentielles, une solidarité tacite. Rachid Chraïbi se retranche derrière sa stoïcité légendaire.
La qualité des éditions Marsam n’a point besoin d’argumentaire. L’autorité de tutelle brille par son absence. L’indémontable mécanique makhzénienne impose toujours ses entraves pernicieuses. Le ministère de la culture, prétextant sa coutumière insuffisance budgétaire, s’est contenté de louer une superficie ridicule dans la plate-bande réservée par les organisateurs aux anciennes possessions coloniales. La réédition des littératures protectorales par les éditions Dar Al Man rappelle la folklorisation infantilisante des civilisations maghrébines. Les exposants s’investissent et se déplacent à perte.
L’éditrice Amina Alaoui Hachimi résume : « Nous sommes ici pour perdre notre argent dans l’invisibilité totale ». Après avoir gâché l’opportunité de l’année précédente où il était invité d’honneur, le Maroc entache son image culturelle sous l’enseigne insignifiante « Éditeurs marocains », déclinée hors sémiotique nationale, dans un lettrage endeuillé de noir sur marron lavallière automnal.
Les goncourtisés d’outre-rive évitent de se montrer dans la boutique dépréciative, moussent ailleurs, sous projecteurs, leur gloriole acquise. Les polygraphes médiatisés n’existent que par les maisons adoptives et les médias qui les exhibent. Je contemple en contre-champ la patiente abnégation et la bougonnerie drolatique de Salim Jay expectant les introuvables quêteurs d’autographes. Le personnage, tisseur pointilleux de toiles mémorielles, ressemble aux chroniqueurs méticuleux des temps révolus. Son Dictionnaire des écrivains algériens aux éditions La Croisée des Chemins complète fructueusement son Dictionnaire des écrivains marocains (Éditions Paris Méditerranée – Eddif, 2005). Une scène cocasse égaye un instant l’atmosphère. Fouad Laroui, star des éditions Julliard, affiché plus loin sur panneau publicitaire, faute de caméra dans les parages, s’interviewe lui-même sur son smartphone à toute fin utile. Dans le bazar internétique, toutes les traces vidéographiques se valent.
Le jeune directeur des éditions Bouregreg, Hicham Alami Ouali, se réfugie dans un sourire impénétrable. La résignation est sœur consolatrice quand s’éloigne mère conseillère. Il désigne du doigt les pyramides écrasantes de la puissance invitante. Le cynisme libéral n’honore que les forces de frappe financières. Je lui dédie un quatrain :
Les éditions Bouregreg peuvent se prévaloir de titres d’intérêt durable : Les Voix de Khair-Eddine d’Abdellah Baïda, l’essai de Fatima Senhaji sur l’écriture romanesque d’Ahmed Sefrioui et Driss Chraïbi, l’actualisation du maître soufi du douzième siècle Ahmed Ibn Idriss par Zakia Zouanat, un grand mystique inspirateur, avec Ibn Arabi, de l’Emir Abdelkader…
Le patron de Virgule Éditions, Ahmed Abbou, tourne en rond comme un fauve assagi dans sa cage. Il m’offre plusieurs nouveautés marquantes. Éros maudit ou le sexe des arabes d’Abdelhak Serhane dénonce, avec une irréfutable compétence universitaire, l’insidieuse tyrannie de l’orthodoxie musulmane, et des pratiques quotidiennes qu’elle légitime, sur la sexualité et le corps irrévocablement condamné comme un couvoir de péché. Corps des femmes enfermé dans la geôle vestimentaire. Corps des hommes rejeté dans la frustration solitaire. Corps schizophrénique des nantis, vertueux en apparence, libidineux en cachette. La morale liberticide pressure en toute impunité la dignité humaine.
L’obscurantisme religieux aliène l’esprit et pétrifie l’existence pour soumettre la société entière à son contrôle. La libération citoyenne commence par la réappropriation de la vie charnelle et l’épanouissement des sens. Chez le même éditeur, Mostafa Nissabouri, réunit en un seul volume, sous le titre À peine un souffle, l’œuvre poétique complète d’Abdelaziz Mansouri, seize ans après sa mort. Un trésor insoupçonnable surgi des tréfonds de l’oubli que mémoire littéraire portera sans nul doute au pinacle des illuminations incomparables. S’évoque au détour Tayeb Saddiki à propos du portrait polymorphe qu’en dresse Ahmed Massaia. Le bon dieu ne crée ce genre de dramaturge qu’en exemplaire unique pour marquer une contrée du sceau de son géantisme.
L’arrivée d’Abdellah Baïda sort l’ambiance léthargique de son nocuité déprimante. Son nouveau roman Testament d’un livre aux éditions Marsam rapporte le témoignage transhistorique d’un grimoire condamné à l’autodafé. Le livre, conscience de la conscience en voie d’extinction, se personnalise quand l’humain se robotise. Le même auteur a dirigé un ouvrage collectif consacré à Mohamed Leftah, styliste exceptionnel, longtemps censuré par la bienpensance institutionnelle, toujours ignoré par la mercatique culturelle, et pourtant destiné à une reconnaissance perdurable (Mohamed Leftah ou le bonheur des mots, éditions Tarik, 2009). S’estomperont dans l’ombre éternelle les médiocrités triomphantes vouant les figures immortelles aux géhennes pendant leur superbe temporaire.
Mouna Hachim apporte opportunément son rayon de soleil, son intelligente beauté et sa merveilleuse humilité. Dans le désert éditorial, elle plante obstinément sa tente éclairée. Nulle trace dans les rayonnages de sa dernière somme, Chroniques insolites de notre histoire, éditée à compte d’auteur. Une traversée savante des héritages antiques, des synergies ethniques, des périodes amphigouriques, des crises dynastiques, des principautés énigmatiques, des insurrections maraboutiques, des violences dogmatiques, des préfabrications mythiques.
Une lecture anticonformiste et vivifiante d’une culture organiquement diversitaire, sans cesse enrichie par ses complexités contradictoires. Puisse son livre trouver une édition et une diffusion à sa hauteur.
En fin de journée, dans le stand boudé par les visiteurs, je plonge, assis par terre, dans la lecture du livre posthume de Paul Pascon, Un été dans le Haouz de Marrakech, architecturé avec beau savoir-faire par Abdelmajid Arrif et Mohamed Tozy (éditions La Croisée des Chemins). Une source vivante et une ressource captivante, révélant le laboratoire du chercheur actif, par-delà le dilemme engagement–distanciation, articulant notes de travail et matériau d’enquête, observations instantanées et pérennisations photographiques, notations scientifiques et courbes synthétiques.
Derrière la rigueur méthodologique se profile la part tâtonnante, créative, inventive de solutions inédites. Paul Pascon était à la fois sociologue, anthropologue, historien, agronome, biologiste… et artiste, une polyvalence croisant les réfractions multiples, les éclairages de toutes parts, unifiant les paradoxalités tonifiantes, pénétrant les quintessences énergisantes des moissonneurs et des laboureurs sans états d’âme, armés d’outils rudimentaires, travailleurs au corps à corps de la terre nourricière, recrutés comme intérimaires sur une place de grève de Bab Doukala, des sans-terre inébranlables dans leurs convictions profondes, impénétrables aux influences extérieures.
L’oralité rebelle dissimule des expressions artistiques, des univers poétiques, des transmissions initiatiques, des transgressions clandestines de l’ordre bureaucratique. « Il s’agit toujours de transmettre (naqala), de réinterpréter un fait appartenant à un univers, dans un autre univers. Et nous, en le recevant, nous le réinterprétons encore. Qui prétendra que ce n’est pas aussi – volontairement ou à notre insu – pour nos propres batailles d’idées » (Paul Pascon, Le Haouz de Marrakech, 1977). Se reconstruit dans cette œuvre une sublimation du rapport à la nature et une dignité paysanne. L’écriture restitutive se double d’une mémoire visuelle ouverte aux explorations imaginatives. Remontée vive de souvenances d’enfance…
Notes
1 Mustapha Saha : L’Arpenteur d’infini. Livre de poèmes présenté par Edgar Morin.
Mustapha Saha, « Misère expositionnelle du Maroc au Salon du Livre de Paris », reportage photographique Élisabeth & Mustapha Saha, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Le Festival Megalesia 2018 & Le Printemps des Poètes au féminin, mis en ligne le 23 mars 2018. Url : http://www.pandesmuses.fr/2018/3/maroc-livres
RÉCEMMENT, LE SITE « PANDESMUSES.FR » A BASCULÉ EN HTTPS ET LA DEUXIÈME PHASE DE SA MAINTENANCE PRENDRA DES MOIS VOIRE UN AN. NOTRE SITE A GARDÉ SON ANCIEN THÈME GRAPHIQUE MAIS BEAUCOUP DE PAGES DOIVENT RETROUVER LEUR PRÉSENTATION INITIALE. EN OUTRE, UN CLASSEMENT GÉNÉRAL PAR PÉRIODE SE MET PETIT À PETIT EN PLACE AVEC QUELQUES NOUVEAUTÉS POUR FACILITER VOS RECHERCHES SUR NOTRE SITE. TOUT CELA PERTURBE ET RALENTIT LA MISE EN LIGNE DE NOUVEAUX DOCUMENTS, MERCI BIEN DE VOTRE COMPRÉHENSION !
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LE PAN POÉTIQUE DES MUSES (LPpdm) REVUE FÉMINISTE, INTERNATIONALE ET MULTILINGUE DE POÉSIE ENTRE THÉORIES ET PRATIQUES HIVER-PRINTEMPS 2025 | NO I | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES 1er VOLET Crédit photo : Alphonsine de Challié, « beauty with pink veil...
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