8 mai 2020 5 08 /05 /mai /2020 16:32

Megalesia 2020 | Littérature & poésie de jeunesse 

 

Épître à ma fille

au moment de sa

naissance (1770)

​​​ 

 

 

Suzanne Verdier-Allut

 

Poème choisi, transcrit et remanié par Astartê

 

 ​​​​​​​​​​Crédit photo :  Image de livres anciens dans une bibliothèque, domaine public, Wikimedia.

​​​​​​​​​​

 

 

Ce poème est reproduit du recueil Un pan de poèmes pour Toutes à l'école (coll. Flora, PAN DES MUSES-Éditions de la SIÉFÉGP, Grenoble, 2015) avec l'aimable autorisation de la maison d'édition et de l'écrivaine Astartê (nom de plume de Dina Sahyouni).


 

 

Oui, le destin a couronné mes vœux ;

Oui, je l'obtiens ce tendre nom de mère,

Ce nom sacré, ce nom que je préfère

À tout l'éclat des titres fastueux.

Ô cher objet, dont la naissance aurore

N'offre à mes yeux qu'une faible lueur,

Ma voix t'appelle, et tu ne peux encore

Ouïr mes sons, ni répondre à mon cœur.

Enveloppé d'un ténébreux nuage,

Le tien se tait ; le tien ne connaît pas

Du sentiment la force et le langage ;

Mais je te vois, je te presse en mes bras,

De mes baisers je couvre ton visage.

Eh ! Quel sujet plus digne de mes vers

Que ces transports dont j'éprouve l'ivresse ?

Tout s'embellit au feu de ma tendresse ; 

Je ne vois rien dans ce vaste univers 

Qui ne me flatte ou qui ne m'intéresse.

J'aime ces bois, j'aime ces prés riants :

Ils t'offriront leur ombre et leur verdure ;

J'aime à compter les trésors du printemps :

Ils serviront un jour à ta parure ;

Cet air, ce ciel a plus d'attraits pour moi,

Et ce soleil qui luit sur la nature,

Dieux ! Qu'il me plaît ! Il brille aussi pour toi.

Ah ! Si l'instant qui commence ta course

De tant de biens m'ouvre déjà la source,

Que l'avenir me promet d'heureux ans !

Que mon destin sera digne d'envie,

Quand, de tes bras faibles et caressants

Flattant le sein où tu reçus la vie,

Tu souriras à mes embrassements !

Quand tu feras par tes jeux innocents

L'amusement de ta mère attendrie !

À ces plaisirs un plus parfait bonheur

Succédera : le temps les fera naître

Ces jours si beaux, mais si lents à paraître,

Où la raison éclairera ton cœur, Où, moins frivole et digne de son être, Ton âme enfin connaîtra sa grandeur.

Jours précieux, empressez-vous d'éclore...

Mais, qu'ai-je dit ? Où tendent mes souhaits ?

Ma fille, hélas ! Par ces vœux indiscrets,

C'est ton malheur peut-être que j'implore !

Dans ce berceau que n'habita jamais

Le noir soupçon, la sombre défiance,

Tu dors sans crainte ; une heureuse ignorance

Te fait jouir des charmes de la paix.

Tu dors ; le ciel protège ton asile ;

Là, ton repos aussi doux que facile

Des soins amers fut toujours respecté,

Et quand tes yeux s'ouvrent à la clarté,

Comme ton cœur ton regard est tranquille.

Tu ne vois pas le funeste concours

Des maux cruels qui déjà t'environnent ;

Tu ne sais point quels dangers empoisonnent,

À chaque pas, nos déplorables jours ;

Des passions la triste connaissance

N'a point encor troublé ton innocence :

Tu ne verras que trop tôt leurs effets ;

Trop tôt, hélas ! En butte à leur puissance,

Tu donneras d'inutiles regrets

Au calme heureux dont jouit ton enfance.

Et si jamais d'un charme impérieux

Le faux prestige égarait ta faiblesse !

Si, quelque jour, tu condamnais mes yeux

À d'autres pleurs que ceux de la tendresse !...

Ô dons des cieux ! Ô vertus ! Ô talents !

Loin de ma fille écartez ces tyrans !

Protégez-la ; préservez sa jeunesse

Et des écueils et des pièges trompeurs !

Puisse cette âme innocente et timide,

Libre par vous des communes erreurs,

Croître à l'abri de votre heureuse égide !

Et toi, l'objet de mes soins les plus chers,

Tandis qu'au ciel dont tu vois la lumière

En ta faveur mes vœux seront offerts,

Commence en paix ta naissante carrière ;

Et que le temps, dont la rapide faux

Moissonnera ces tranquilles journées,

En t'apportant de nouvelles années

N'offre à ton cœur que des plaisirs nouveaux.

Je l'avouerai : ce vieillard implacable

À trop souvent excité ma frayeur ;

J'ai redouté son aile infatigable

Qui, chaque jour, enlève quelque fleur

À mon printemps : mais si son inconstance

Fane mes jours pour embellir les tiens,

Si son pouvoir, aidant ma vigilance,

En t'éclairant sur les maux et les biens

Forme aux vertus ta fragile existence,

Si, pour tout prix de ce travail si doux,

Je puis enfin jouir de mon ouvrage,

De ses rigueurs loin de craindre l'outrage,

Il peut frapper : je bénirai ses coups.


 

Référence bibliographique :

VERDIER-ALLUT, Suzanne, Les Géorgiques du midi poème en quatre chants suivi de diverses pièces de poésie, avec une notice sur Mme VERDIER-ALLUT par Madame FORNIER de CLAUSONNE (sa fille), ouvrage édité par FORNIER de CLAUSONNE Gustave (président à la cour impériale de Nîmes et Petit-fils de l'auteur), Paris, Librairies-éditeurs Michel Lévy frères, 1862.

 

Référence bibliographique numérique :

─ VERDIER-ALLUT, Suzanne, Les Géorgiques du Midi : poème en poésie, avec une notice sur Mme VERDIER-ALLUT, édité par FORNIER de CLAUSONNE, Gustave (1797-1873), Paris, Michel Lévy frères, Librairie nouvelle, 1 vol., 252 p., 1862, in-18, url : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k 6472578d. Poème « Épître à ma fille au moment de sa naissance (1770) », p. 175-181 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6472578d/f191.image, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6472578d/f192.image, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6472578d/f193.image, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6472578d/f194.image, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6472578d/f195.image, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6472578d/f196.image, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6472578d/f197.image.

 

***

 

Pour citer ce poème

 

Suzanne Verdier-Allut, « Épître à ma fille au moment de sa naissance (1770) », poème reproduit du recueil Un pan de poèmes pour Toutes à l'école, transcrit et remanié par Astartê, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiquesMegalesia 2020mis en ligne le 8 mai 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/megalesia20/epitre-naissance

 

 

Mise en page par David Simon

 

© Tous droits réservés 

Retour à la table de Megalesia

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Megalesia
7 mai 2020 4 07 /05 /mai /2020 10:00

Megalesia 2020 | Essais ou manifestes 

 

Collectif féministe invité de Megalesia

 

 

 

Manifeste

 

 

 

Mille et Une Queer

Mille et Une Queer 

@MisliNour

​​​​​​​

 

 

 

​​​​​​​​​​

© ​​​​​​​​​​Crédit photo : Le visuel actuel pour le Collectif Mille et Une Queer, image utilisée pour les réseaux sociaux.

​​​​​​​

 

Janvier 2020

 

 

 

C'est avec une immense fierté et une grande joie que nous lançons le collectif "Mille et une Queer"1

 

 

QUI SOMMES-NOUS ?

 

"Mille et une Queer" est un collectif féministe qui réunit des personnes LGBTQI+ issues de l'immigration "arabe" ou perçues comme telles2

 

 

Nous défendons un féminisme intersectionnel et pro-choix.

 

Intersectionnel car lorsqu’on est une fxmme3 arabe, noire, asiatique ou rom, qu’on est aussi lesbienne ou bisexuelle, qu’on vit dans un quartier populaire… les dominations subies peuvent s'accumuler et peser sur notre bien-être, notre santé et notre liberté.

 

Pro-choix, car nos corps nous appartiennent. Sexualité, avortement, contraception, foulard, mini-jupe, style butch, refus de l'épilation… Nous revendiquons le droit imprescriptible de chaque femme à disposer seule et librement de son corps.

 

D’où, et de qui que viennent les injonctions, « Marie-toi avec un homme », « mets ou retire le voile », « sois une bonne beurette », « défrise-toi les cheveux »… Il s’agit toujours, de contrôler notre identité, notre corps, notre sexualité, comme s’ils ne nous appartenaient pas.

 

 

NOS OBJECTIFS ? 

 

Sortir de l’invisibilité, donner de la fierté à nos identités multiples !

 

En l’absence totale de visibilité et de modèle positif pour les fxmmes Queer de l’immigration, souvent issues des quartiers populaires, construire son identité est un combat au quotidien.

 

Nous voulons rendre visibles nos parcours, nos histoires de vie, nos récits et redonner de la fierté à nos identités multiples qui sont une richesse.

 

Nous souhaitons que notre collectif soit un espace d'accueil en sécurité et de confiance pour toute.s celles.eux qui s'y reconnaîtront.

 

Nous appelons à l'empowerment des fxmmes Queer issues de l'immigration.

 

Pour un combat véritablement intersectionnel ! 

 

Nous lançons un appel pour que la défense des personnes LGBTQI+ soit pleinement intégrée aux luttes féministes, contre le racisme, l'islamophobie et les inégalités dans les quartiers populaires. La convergence des luttes est nécessaire pour un combat véritablement intersectionnel.

 

 

NOS LUTTES

 

Dans nos fiertés, pas de racisme, ni d'islamophobie !

 

Nous combattons l’homonationalisme4 parce que les LGBTQI+ phobies ne sont l'apanage ni des habitant·e·s des quartiers populaires, ni des personnes issues de l'immigration, ni des musulman.e.s. En témoignent —entre autres — les cortèges de la manif pour tous, quasi exclusivement blancs et issus de milieux privilégiés. Par ailleurs, les lois qui pénalisent l'homosexualité, notamment au Maghreb, sont souvent l'héritage de la colonisation occidentale.

 

Nous combattons avec la même vigueur et sans les hiérarchiser toutes les LGBT phobies, d'où qu'elles viennent.


 

Nous dénonçons le fémonationalisme5. Le patriarcat est universel.

 

On voudrait faire croire que l’Islam et les civilisations « arabes » ont inventé le patriarcat. On voudrait faire croire que les violences faites aux femmes sont l’apanage des « autres ». Les sciences sociales ont démontré que la domination masculine est un fait constant dans l'histoire de l'humanité. Le sexisme, la misogynie et la violence sévissent dans la plupart des civilisations humaines et tuent des fxmmes partout dans le monde.

 

Que ces violences émanent de nos familles, nos quartiers, de milieux blancs et bourgeois, du cinéma ou du monde politique, nous les dénoncerons toujours et avec la même vigueur.

 

 

Islamophobie : le nouveau visage du racisme anti-arabe

 

L'islamophobie n'est qu'un visage plus "acceptable" d'un racisme profond et très ancien envers la communauté maghrébine et moyen-orientale.

 

Il est en effet plus facile d'essentialiser la religion musulmane comme étant intrinsèquement violente, misogyne, sexiste que de déconstruire le patriarcat qui intoxique nos sociétés.

 

L'écrasante majorité des religions (Judaïsme, Christianisme, Islam, Bouddhisme....) est empreinte du patriarcat, du sexisme et de la violence des sociétés dans lesquelles elles se sont développées, ayant été de surcroît largement interprétées par… des hommes.

 

Dans la plupart de ces traditions, un travail d’interprétation est en cours, souvent réalisé par les croyant.e.s afin de débarrasser ces spiritualités de ces maux et mettre en valeur ce qui permet de bâtir une société plus juste, inclusive et porteuse de paix entre les peuples.

 

Par ailleurs, les violences à l’égard des fxmmes n’ont pas disparu avec la sécularisation des sociétés.

 

 

Non à l'instrumentalisation de la laïcité pour stigmatiser les musulmans

 

La libre expression des opinions religieuses, lorsqu’elle ne porte pas atteinte à l’ordre public, est fondée sur un droit fondamental reconnu par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 et garantie par les textes internationaux, comme la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales (1950). Nous nous opposons à toute forme d’instrumentalisation de la laïcité pour stigmatiser la communauté musulmane.

 

 

Ni Shérazade, ni soumise, ni "beurette" des pornos !

 

Être une fxmme queer arabe ou perçue comme arabe, c’est aussi se heurter à un double fantasme sexuel. Si dans Google, depuis un an, le terme « lesbienne » ne renvoie plus automatiquement à du contenu sexuel, le mot-clé « beurette » reste le plus recherché en France sur les sites porno, héritage d'une mentalité coloniale. Il y a là l'érotisation d'une domination double : "la femme" et "la femme colonisée". Nous voulons mettre à jour et déconstruire ces représentations avilissantes.

 

Nous souhaitons par ailleurs mettre à nu l'imaginaire et les représentations issues de l'orientalisme et de la colonisation sur « la femme arabe ».

 

Nos corps et nos sexualités nous appartiennent et nous travaillerons ensemble à les décoloniser.

 

Par nos voies/voix longtemps minorées et silencieuses, nous voulons contribuer aux côtés des acteurs et actrices engagé.e.s à construire une société pluraliste, juste et inclusive pour chacun.e d’entre nous.

 

 

Groupes de parole, ateliers de lecture, rencontres avec des auteur.e.s et personnalités engagées, événements festifs…nous vous tiendrons informé.e.s des prochaines activités :)

 

Rejoignez-nous :

1001Queer@gmail.com

 

Notes explicatives

 

1. Le collectif s'est permis cette petite entorse à la grammaire dans sa présentation et dans le texte car il souhaite que le mot Queer reste tel quel pour être directement "identifiable" et aisément trouvable sur les réseaux. Le mot Queer est utilisé donc comme un nom propre.

 

2. Par "perçue comme arabe", nous entendons inclure toute personne originaire de pays ou de communautés considérées à tort comme "arabes" et subissant donc les mêmes discriminations : Berbères, Turquie, Iran, Afghanistan, etc.

3. Nous avons fait le choix d'utiliser dans notre texte le mot "fxmme.s" dans une volonté d'inclure toute personne ne s'identifiant pas sous le mot "femme".

4 et 5. L’homonationalisme et le fémonationalisme désignent respectivement l'instrumentalisation raciste des revendications LGBTQI+ et des luttes féministes afin de stigmatiser des groupes jugés intrinsèquement homophobes ou misogynes, en particulier les habitant.e.s des quartiers populaires et les communautés perçues comme arabes ou musulmanes.

 

 

 

Voir aussi "Être lesbienne, arabe et musulmane : interview de Nour du collectif Mille et Une Queer", paru en mai dans TÊTU.COM :

https://tetu.com/2020/05/05/nour-35-ans-jadore-dire-que-je-suis-lesbienne-musulmane-et-arabe/

 

***

 

Pour citer ce texte

 

Mille et Une Queer, « Manifeste », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiquesMegalesia 2020mis en ligne le 7 mai 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/megalesia20/mille-et-une-queer

 

 

Mise en page par David Simon

 

© Tous droits réservés 

Retour à la table de Megalesia

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Megalesia Essais ou manifestes
5 mai 2020 2 05 /05 /mai /2020 10:48

Megalesia 2020 | Revue des éditrices & éditeurs/Les métiers du livre

 

 

De l’engagement

à la base de la

traduction 

 

 

 

Maggy de Coster

Site personnel

Le Manoir Des Poètes

 

 

 ​​​​​​​​​​Crédit photo :  Image de livres anciens dans une bibliothèque, domaine public, Wikimedia.

​​​​​​​​​​

 

 

La littérature traduite représentant 18% de la production éditoriale et 22% de parts de marché en France, on ne saurait nier le rôle considérable que joue le traducteur dans la propagation du savoir, ce qui prouve l’engouement des lecteurs pour les livres traduits ou la culture de l’autre. Donc la traduction donne une visibilité sur la littérature mondiale.

Le traducteur est un auteur à part entière. En matière éditoriale sa traduction suit le même parcours que l’œuvre publiée dans la langue d’origine car traduire c’est réécrire.  Après la signature du contrat, il perçoit un à-valoir qui est fonction du volume (le nombre réel de feuillets ou de tranche informatique), de la difficulté du texte à traduire, de l’expérience et de la notoriété du traducteur. Il a un délai à respecter, c’est-à-dire le temps imparti pour terminer la traduction et qui est mentionné dans le contrat.  

L’acceptation de la traduction entraîne le versement du solde de l’à-valoir.

S’il est amené à faire des choix particuliers il doit le signaler à l’éditeur. Le livre une fois publié, ce dernier l’honore du nombre d’exemplaires fixé dans le contrat. Son nom doit être mentionné en première ou en quatrième de couverture ainsi qu’à la page intérieure où figure le titre de l’ouvrage.

L’éditeur rend compte au traducteur de l’exploitation de l’ouvrage en lui adressant un relevé de comptes annuels.

Les revenus du traducteur : 18€ le feuillet papier de 25 lignes par 60 signes. La SOFIA, Société Française des Intérêts des Auteurs de l’écrit, créée en 1999 sous l’impulsion de la Société des Gens de Lettres à laquelle s’est ralliée le Syndicat national (SNE) compte 6000 auteurs et 200 éditeurs qui constituent 80% du chiffre d’affaires de l’édition française. 

La SOFIA perçoit d’une part des libraires 6% du prix hors taxe des livres achetés par les bibliothèques et d’autre part de l’Etat 1,50€ par inscrit en bibliothèque publique et 1€ en bibliothèque universitaire par personne inscrite. À cela s’ajoute la perception des droits de la SOFIA sur les copies privées numériques qu’elle redistribue aux auteurs et éditeurs.

Le traducteur peut bénéficier du Centre National du Livre d’une aide plafonnée à 7000€ pour un traducteur français et 2000€ pour un traducteur dont la durée de séjour va de un à trois mois et exceptionnellement jusqu’à six mois. Chaque année le CNL dispose d’un budget annuel de 3, 5 millions d’aide à la traduction d’ouvrages français en langue étrangère et l’inverse.

Le statut social du traducteur est géré par l’AGESSA (l’Association pour la gestion de la Sécurité sociale des auteurs), créée le 1er janvier 1978, elle s’occupe de la protection sociale du traducteur soumis au régime social des auteurs. Un prélèvement appelé « précompte », représentant moins de 10% des droits d’auteur est effectué par le diffuseur/éditeur sur ces derniers par l’éditeur.

 

L’affiliation à l’AGESSA n’est pas automatique même si l’on est soumis au « précompte », il faut que les droits d’auteurs soient supérieurs à 900 fois le taux horaire du salaire de base (le SMIC).

Les traducteurs littéraires à l’instar des écrivains sont tenus de cotiser. Deux versements sont possibles entre mai et octobre. Le régime de retraite complémentaire ou l’IRCEC comprend cinq classes de cotisation au choix.

Le traducteur est soumis également au code de déontologie édicté par l’ATLF (Association des Traducteurs de langue française).

 

Pour s’engager dans la traduction il est impératif de maîtriser sa langue maternelle et de bien connaître les subtilités de la langue à traduire et par extension connaître les us et coutumes du peuple possesseur de la langue en question afin de pouvoir mieux connaître la corrélation et la différenciation existant entre les deux modes de pensée et d’expression en présence. 

La traduction d’un texte poétique requiert au traducteur d’être poète car le ressenti par rapport à un texte poétique n’est pas équivalent chez un non-poète et un poète donc être poète constitue une garantie pour la réussite de la traduction d’un texte poétique.

Traduire c’est l’art de transposer la pensée intellectuelle d’un individu dans un nouveau circuit intellectuel et culturel afin de la rendre compréhensible dans une autre langue sans pour autant verser dans la littéralité, le mot à mot ou la traduction brute comme le ferait un interprète.

 

Du point de vue qualitatif, la traduction étant une œuvre de re-création, le traducteur peut même s’accorder une certaine liberté afin de ne pas verser dans la platitude et l’insipidité. Cette liberté du traducteur constitue-t-elle une entorse à la fidélité du texte d’origine ? Pas forcément puisque les particularités linguistiques des deux langues peuvent contraindre le traducteur à faire des écarts d’autant qu’il n’est pas toujours aisé de restituer exactement l’idée qui se dégage d’une expression idiomatique ou régionale ou qui relève d’une licence intellectuelle de l’auteur. 

 

Et l’on ne peut pas se targuer de respecter à cent pour cent le génie de la langue. De ce fait, la traduction est un métier exigeant et contraignant qui sollicite de la part du traducteur de la perspicacité, du bon sens, en ce qui concerne la justesse des mots en matière de contextualité.

 

Traduire est aussi une question de goût et d’affinité, cela dit, on est mieux porté à traduire un texte avec lequel on se sent en harmonie pour ne pas dire en osmose et c’est encore plus facile de traduire un auteur avec lequel on est en relation même s’il ne connaît pas votre langue maternelle. En clair, il peut exister une confrontation intellectuelle entre les deux protagonistes sur certains aspects du texte qui mériteraient d’êtres élucidés, donc la relation de proximité ou de confiance facilite davantage la traduction qui devient le fruit d’un accord parfait. 

Mais qui n’a jamais commis d’infidélité ? La traduction est avant tout un travail intellectuel dont le degré de perfection n’est pas algorithmique. Cela dit, il est bien plus facile pour le traducteur de traduire dans une langue qui a le même tronc, la même racine que sa langue maternelle. 

 

***

 

Pour citer ce texte

 

Maggy de Coster, « De l’engagement à la base de la traduction », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiquesMegalesia 2020mis en ligne le 5 mai 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/megalesia20/engagement-traduction

 

 

Mise en page par David Simon

 

© Tous droits réservés 

Retour à la table de Megalesia

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Megalesia Métiers du livre Maggy De Coster
5 mai 2020 2 05 /05 /mai /2020 09:40

Megalesia 2020 | Critique & réception

 

 

 

 

Énorme

​une nouvelle de

Marie Sellier

Éditions Maison

Malo Quirvane

2019, 48 p. 8,50€

 

 

 

Maggy de Coster

Site personnel

Le Manoir Des Poètes

 

 

© Crédit photo : "Marie Sellier", image fournie par Maggy de Coster. 

 

 

 

 

 

 

C’est l’arbre qui cache la forêt. Cet arbre énorme est celui qui occulte le chagrin aussi gros qu’une forêt. Un chagrin que même le temps ne saurait amoindrir ou rapetisser. Écrire non seulement pour se guérir mais pour témoigner contre l’oubli, c’est ce que semble faire Marie Sellier.

 

En entamant la lecture du livre on se demande perplexe de quoi il est question mais au fur et à mesure qu’on avance dans la lecture on commence à comprendre. Aussi découvre-t-on à la page 16 quelque chose de douloureux. Le maître mot est lâché : « Que reste-t-il de lui/ mon enfant de pain brûlé ». C’est un enfant qui dort à jamais dessous la terre à l’ombre de cet arbre qualifié d’Énorme comme l’indique le titre du livre.   C’est le cœur d’une mère qui se brise à l’idée de ne pas voir grandir ce petit être de rien du tout que son corps a fabriqué et dont les restes sont  « à peine une dépouille d’oiseau » !

 

À la page 17 la narration est encore plus révélatrice en ce sens qu’elle donne à voir le poignant d’une situation à laquelle des parents sont aux prises : une naissance qui vire au tragique plongeant la génitrice qu’est Marie Sellier dans l’impuissance. De son impuissance naîtra la culpabilité qu’elle traînera comme un boulet. 

 

Impossible de ne pas inscrire cette vie si courte qu’elle soit dans le patrimoine familial. Et pour cause, le reste de la fratrie se doit d’être renseigné sur la venue et le départ de ce petit être au destin tragique. Donc ce livre tient à la fois de catharsis pour une mère à qui la mort a ravi son nouveau-né que de traces biographiques post mortem d’un petit ange.

 

 

 

NDLR : Écrivaine, journaliste et Scénariste, Marie Sellier était  Présidente de la Société des Gens de Lettres (SGDL) de 2014 à 2019, voir :

 

https://www.sgdl-auteurs.org/marie-sellier/index.php/pages/Biographie

 

***

 

Pour citer ce texte

 

Maggy de Coster, « Énorme, une nouvelle de Marie Sellier, Éditions Maison Malo Quirvane, 2019, 48 p. 8,50€ », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiquesMegalesia 2020mis en ligne le 5 mai 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/megalesia20/enorme-marie-sellier

 

 

Mise en page par David Simon

 

© Tous droits réservés 

Retour à la table de Megalesia

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Megalesia
4 mai 2020 1 04 /05 /mai /2020 15:42

Megalesia 2020 | Chroniques de la pandémie de COVID-19 | Florilège de textes poétiques 

 

 

 

Temps

 

immobile

 

 

 

 

 

Yannick Resch

 

 

 

​​​​​​Crédit photo :  Image de Méduse ou d'une Gorgone, domaine public, image de Wikimedia.

​​​​​​

 

 


 

Des jours

Des semaines

Des mois

On ne sait plus

 

Attente

Interminable

D’un signe

Qui rassure

 

Le temps s’enlise

Les repères s’estompent

L’espace se resserre

 

Derrière la vitre

Vibre un désir

 

On pousse la porte

On avance les yeux

Pour voir

 

Il n’y a rien

Sauf la lumière

elle dévore

le paysage

allonge les couleurs

le vert déborde 

le  jaune

éparpille le blanc

filtre le bleu

qui fuit 

et plonge

à l’horizon

 

sous le soleil

le regard vacille

 

c’est une rivière 

d’herbes folles

un couloir

de blé vert

 

c’est un massif 

de coronilles

un virevoltant

roulé par le vent

 

c’est une sente 

de pierres

qui surplombe la mer

une voile

qui faseye

au loin

 

soudain

la lumière

a disparu

elle s’est retirée

derrière les yeux

 

ne pas chercher 

à expliquer

 

juste s’émerveiller

qu’un éclat 

de mémoire

 

enflamme

ce temps immobile.

 

YR

 

***

 

Pour citer ce poème

​​​​Yannick Resch, « Temps immobile », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Megalesia 2020|V- Chroniques de la pandémie de COVID-19, mis en ligne le 4 mai 2020. Url : http://www.pandesmuses.fr/megalesia20/tempsimmobile 

 

 

Mise en page par David Simon

 

 

© Tous droits réservés                                 Retour à la Table de Megalesia à venir​​

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Megalesia

Bienvenue !

 

RÉCEMMENT, LE SITE « PANDESMUSES.FR » A BASCULÉ EN HTTPS ET LA DEUXIÈME PHASE DE SA MAINTENANCE PRENDRA DES MOIS VOIRE UN AN. NOTRE SITE A GARDÉ SON ANCIEN THÈME GRAPHIQUE MAIS BEAUCOUP DE PAGES DOIVENT RETROUVER LEUR PRÉSENTATION INITIALE. EN OUTRE, UN CLASSEMENT GÉNÉRAL PAR PÉRIODE SE MET PETIT À PETIT EN PLACE AVEC QUELQUES NOUVEAUTÉS POUR FACILITER VOS RECHERCHES SUR NOTRE SITE. TOUT CELA PERTURBE ET RALENTIT LA MISE EN LIGNE DE NOUVEAUX DOCUMENTS, MERCI BIEN DE VOTRE COMPRÉHENSION ! 

LUNDI LE 3 MARS 2025

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES

Rechercher

Publications

Dernière nouveautés en date :

VOUS POUVEZ DÉSORMAIS SUIVRE LE PAN POÉTIQUE DES MUSES  SUR INSTAGRAM

Info du 29 mars 2022.

Cette section n'a pas été mise à jour depuis longtemps, elle est en travaux. Veuillez patienter et merci de consulter la page Accueil de ce périodique.

Numéros réguliers | Numéros spéciaux| Lettre du Ppdm | Hors-Séries | Événements poétiques | Dictionnaires | Périodiques | Encyclopédie | ​​Notre sélection féministe de sites, blogues... à visiter 

 

Logodupanpandesmuses.fr ©Tous droits réservés

 CopyrightFrance.com

  ISSN = 2116-1046. Mentions légales

À La Une

  • ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL | NO III
    . CÉLÉBRANT LES AUTRICES EXILÉES, IMMIGRÉES, RÉFUGIÉES... LE 8 MARS DE CHAQUE ANNÉE, LE PRIX LITTÉRAIRE DINA SAHYOUNI (PORTANT LE NOM DE LA FONDATRICE DE LA SIÉFÉGP ET DE CETTE REVUE) REDÉMARRE À PARTIR DU 14 JUILLET 2025 POUR L’ÉDITION DU 8 MARS 2026....
  • Éclats de mémoire archéologique gazaouie
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Revue culturelle des continents* & REVUE ORIENTALES (O) | N° 4-1 | Varia & Actualité Éclats de mémoire archéologique gazaouie Mustapha Saha Sociologue, poète, artiste peintre Sociologue-conseiller...
  • les charniers de l’humanité
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Catastrophes, faits de société & faits divers | S’indigner, soutenir, lettres ouvertes & hommages | Revue Poépolitique les charniers de l’humanité Poème anti-guerre par Françoise Urban-Menninger...
  • Actualités poétiques à ne pas manquer en juin ! (suite...)
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Annonces diverses / Agenda poétique Actualités poétiques à ne pas manquer en juin ! (suite...) La rédaction de ce périodique a sélectionné pour vous les événements artistiques & poétiques...
  • L’âme des choses
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Dossier | Florilège | Fictions féministes | Astres & animaux L’âme des choses Récit par Françoise Urban-Menninger Blog officiel : L'heure du poème Peinture par Mary Cassatt (1844-1926) Crédit...
  • Vertille
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Critique & réception / Chroniques de Camillæ | Dossier Vertille Chronique féministe & photographies par Camillæ/Camille Aubaude https://everybodywiki.com/Camille_Aubaude Blogue officiel :...
  • Mary Cassatt (1844-1926)
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Dossier | Articles & Témoignages | Revue Matrimoine Mary Cassatt (1844-1926) Notice biographique par Sarah Mostrel Site : https://sarahmostrel.wordpress.com Facebook : https://www.facebook.com/sarah.mostrel...
  • Suzanne Valadon (1865-1938)
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Dossier | Articles & Témoignages | Revue Matrimoine Suzanne Valadon (1865-1938) Notice biographique par Sarah Mostrel Site : https://sarahmostrel.wordpress.com Facebook : https://www.facebook.com/sarah.mostrel...
  • Le récit « Souvenirs de Chine » écrit & illustré par Marie-Jeanne Langrognet-Delacroix vient de paraître aux Éditions Astérion
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Critique & Réception | Poésie & littérature pour la jeunesse Le récit « Souvenirs de Chine » écrit & illustré par Marie-Jeanne Langrognet-Delacroix vient de paraître aux Éditions Astérion...
  • Avis de parution du nouveau recueil bilingue français-espagnol d’Aurélie-Ondine Menninger : La sangre de las aves / Le sang des oiseaux
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Dossier | Florilège Annonces diverses / Agenda poétique Avis de parution du nouveau recueil bilingue français-espagnol d’Aurélie-Ondine Menninger : La sangre de las aves / Le sang des oiseaux...