Le temps m’étend, me consume. Des moments de grâce, de tristesse, de rien s'improvisent une vie.
Voici le court récit d'une autopsie de la vie.
Vivre, c'est fourvoyer, c'est apprendre à mourir*.
L'écriture est une musique du soi, un chant bigré du monde.
Souvent lorsque j'ai mal de vivre, je me réfugie dans le silence salvateur.
Souvent lorsque les larmes deviennent des lacs et les lacs des mers violettes, je pars en partance, là où s'arrête le monde, où demeure le blanc de la page blanche ou celui d'une vie.
Vivre, c'est écrire et écrire c'est vivre. Sans l'écriture, la mort s'empare du reste.
Le blanc d'une page, d'une vie, m'appelle puis me fait noyer dans l'absurde.
Souvent mon radeau s'élance tel un navire ontologique du soi pour atteindre un rivage remémoré. Souvent les cordes accordées d'un violon transforment mon radeau en chapelle gothique où un dieu perplexe se meurt et une déesse violette bleutée de tristesses voit le jour.
Souvent lorsque j'ai mal d'écrire, je pars en partance, en soi-disant moi, dans l'à-peu-près du moi.
Devenir un mot, un mot mouvant, invisible, indivisible, pluriel, une chose non assignée, un mot muet…
...et questionner l'orgueil d'un jour qui se lève au loin, demeurée autre, dans l'inquiétude...
Le je me voue à l'oubli ; à une célébrité qui m’écœure le cœur.
Je voudrais écrire avec l'invisible souffle du vent, avec la couleur limpide des larmes, avec l'arc-en-ciel, avec les chérubins des cieux antiques et modernes, avec les mèches de tes cheveux, toi liberté chérie qui me nargues souvent, m'apportes la nausée divine tous les matins, toi liberté chérie, muse lointaine, bohémienne, volage, ne t'attaches plus à moi pauvre mortelle ensevelie dans les souillures des signes sans cygnes, ni cieux bleus à atteindre. Mes signes s'entassent en pages tels les cadavres et, les génocides des mots ne suffissent guère à arrêter les misères des humains. L'écriture est une crucification des signes.
Ce poème en prose a été sélectionné pour paraître dans un de nos numéros imprimés de 2018.
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Pour citer ce poème inédit en prose
Dina Sahyouni, « Sarabande ou vision lugubre », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques: Lettre n°13 & N°9 | Fin d'Été 2021 « Femmes, Poésie & Peinture » sous la direction de Maggy de Coster, mis en ligne le 15 janvier 2018. Url : http://www.pandesmuses.fr/2018/1/sarabande
Le poème « Mer-Mère » a été sélectionné pour paraître dans un de nos numéros imprimés.
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Pour citer ce poème
Mokhtar El Amraoui, « Mer-Mère », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques: Lettre n°13, mis en ligne le 13 janvier 2018. Url : http://www.pandesmuses.fr/2018/1/mer-mere
Pages en feu est la nouvelle recette de l'artiste du Djèlénin-nin. Il s'agit de pages, support d'une inspiration étourdie, qui offrent l'expérience rageuse de leur muse olympienne à un monde suffisamment ni en perte de vitesse et qui inspire désarroi et exaspération à tout homme pieux pour l'harmonisation des choses. Pages en feu est le récit d'un songe de nuit. Le poète a voulu le narrer fidèlement, sans artifice exagéré des mots ; la poésie elle-même prenant l'allure d'une forme linguistique, style particulier du compte-rendu qu'ébauche l'esprit humain qui s'introduit dans un monde de rêve.
Poète
Emmanuel Toh Bi est né en 1972 à Dabou, en Côte d'Ivoire. Le cumul de l'art et de la science de la discipline poétique est pour ce jeune ivoirien, universitaire, spécialiste de poésie négro-africaine à l'université Alassane Ouattara, un sacerdoce de vie. Pages en feu est l'occasion pour lui de tenter une nouvelle aventure éditoriale.
Avec Africanités, l'auteur semble confirmer ce virage, caractéristique de l'artiste qui atteint la maturité, de l'initié qui parvient au terme des épreuves et qui reçoit pour cela le « Bissa », le « Nandoi » lui permettant de se frayer son propre chemin, là-bas, au milieu de mille chemins, là où tout discours semble déjà avoir été entendu, où toute mélodie semble déjà avoir été savourée, et où l'on n'espère plus franchement de voix nouvelles. C'est dans cet enchevêtrement de voix et de voies que le poète, parce qu'il a vraiment reçu l'Appel, entendu la Voix Première, se dessine un sentier qui, demain, deviendra sûrement un boulevard emprunté de tous.
C'est peut-être l'heure de la conversion du fils prodigue en fils prodige qui part gaspiller, ou mieux, répandre le précieux héritage du Père à travers les terres encore inexploitées de l'Art poétique et moissonner, cette fois, avec la bénédiction du consommateur, des « nouvelles poétiques ».
Poète
L'enseignant-chercheur et poète ivoirien Emmanuel Toh Bi, né en Dabou en 1972, invite l'opinion à explorer de nouvelles pistes de l'écriture poétique négro-africaine, pour le renouvellement culturel du continent qui devrait se fonder sur l'humus local et la mise en branle des facettes positives des existants pour une Afrique qui, si elle tient à émerger, se doit d'être ramenée à sa propre lucidité quotidienne et intime, en étant ouverte au reste au monde. Au plan de la création poétique, cela donne « la nouvelle poétique ».
Le Pan Poétique des Muses (LPpdm),« Emmanuel Toh Bi, Pages en feu & Africanités aux éditions Les impliqués », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°13, mis en ligne le 11 janvier 2018. Url : http://www.pandesmuses.fr/2018/1/pages-en-feu
photographe et mannequin non communiqués, image 1 fournie par Élisabeth et Mustapha Saha
Il est des astres de l’art comme l’étoile du berger, luminosités imperturbables dans les nuées évanescentes, qui traversent les remous de l’histoire sans jamais quitter leur orbite. Ainsi en-est-il de Yasmina Chellali. Le regard de velours de la doyenne du stylisme cache un caractère de fer, rescapé de tous les enfers. L’élégante silhouette dissimule, sous savantes modicité, les magnificences du passé et les secrètes meurtrissures. Qu’importent les souvenances inaltérables, les célébrations mémorables, les blessures incurables, son âme et son esprit n’ont d’autre confidente que la muse inséparable. L’art est son indissociable berceau, l’œuvre en gestation son thaumaturgique sceau.
Les conversations avec Yasmina, curiosité vive à l’affût de l’actualité brûlante, se focalisent invariablement sur les thématiques artistiques. L’art pour toujours est sa raison totale et sa respiration vitale. Cette sensibilité toujours en éveil éclaire, comme une torche immuable, son vécu d’une étonnante cohérence. Elle vit la créativité comme une énergie intérieure, indéfinissable, imparable, indomptable, une grâce donnée à la naissance comme un impératif d’existence. Sa maîtrise technique s’improvise des inventivités imprévisibles quand phébus indique des chemins insoupçonnables, quand l’imaginaire en branle déborde les territoires. L’artiste, explorateur émotif de l’invisible, guetteur intuitif de l’impondérable, sans d’autre sémaphore que ses illuminations pulsatives, n’est-il pas un véhicule de visions qui le dépassent ?
photographe et mannequin non communiqués, image 2 fournie par Élisabeth et Mustapha Saha
Yasmina témoigne sans détours de cette pratique injonctive. Quand l’idée d’une œuvre germine, elle accapare l’être dans son entier. Le corps et l’esprit, la conscience et tous les sens sont en alerte permanente pour saisir au vol l’inconcevable, les configurations magiques qui s’imaginent, les plastiques mystérieuses qui s’illuminent, les formes inattendues qui se dessinent. Des virtualités de beauté qui, par enchantement, s’incarnent dans des matières chinées jusqu’au bout du monde. Chaque robe suscite son esthétique, sa symbolique, son univers allégorique, comme une réminiscence enracinée dans une mémoire lointaine. Chaque création ressuscite des codes vestimentaires millénaires. Quand le vent du désert imprègne l’âme de messages indéchiffrables, la disponibilité mentale s’installe dans la plénitude. La réception de l’ineffable exige une perception mystique. La réalisation de l’œuvre, dans ses différentes étapes, relève de la préparation alchimique. L’émotion de la styliste atteint le paroxysme quand le costume s’insuffle de vie dans la nymphe promise.
Dans l’acte de création, le doute accompagne l’exploration tâtonnante, la recherche fructifiante, l’expérimentation vivifiante. L’œuvre entraperçue dans l’exultation onirique est une étoile filante. Elle se dérobe aux esquisses chancelantes. Elle s’envoile d’équivoques stimulantes. Elle s’accroche aux cimes inaccessibles. Elle oriente vers des traverses impossibles. Elle réclame, pour son incarnation, des solutions innovantes. Le costume, au-delà des interrogations pudiquement tues, se sublime de son énigme absolue. Tous les artistes savent que la conception d’une œuvre, sa visualisation, sa projection, sont des sauts dans l’inconnu. L’ouvrage dévoile son architecture au rythme d’une étrange aventure où l’œil et le geste guettent fiévreusement les improbables ouvertures. L’œuvre achevée est toujours une révélation pour son propre initiateur.
photographe et mannequin non communiqués, image 3 fournie par Élisabeth et Mustapha Saha
La conjugaison des couleurs est une écriture plastique, un langage métaphorique, une lutte incessante avec les convulsions intimes. Chaque texture est porteuse de messages. Chaque plissure dissimule l’indicible. Entre fêtes et tempêtes, la création est une bouée de sauvetage. Yasmina conçoit les voiles, dans leur transparence couvrante, comme des ailes flottantes, des libertés caressantes, des rubans célestes taquinant les nuées irisantes. Elle métamorphose les coiffes traditionnelles en couronnes valorisantes. Elle voit toutes les femmes comme des princesses affranchies des cours oppressantes. Elle incarne en représentations palpables ses rêveries d’enfance. Le stylisme est un art majeur. Un costume n’est pas qu’un costume. Le costume est une œuvre vivante. Une œuvre mouvante. Une œuvre émouvante. Le costume est un miroir des paysages fantastiques traversées dans les folles escapades, des visages mythiques entrevus dans les voyages, des félicités en perpétuelles dérobade.
photographe et mannequin non communiqués, image 4 fournie par Élisabeth et Mustapha Saha
La saisie photographique des modèles requiert l’attention pointilleuse de cinéaste. Le cadre et la lumière, le nimbe et l’atmosphère, le regard du mannequin et sa posture, narrent une histoire sortie des limbes. Le feu sacré jaillit de fugace cratère. L’indémodable sublimité demeure l’unique critère. Ses fantômes et ses cyclones, ses beaux songes et ses cauchemars, ses prières et ses suppliques, fusionnent dans l’image. De la brumaille perlée des étoiles surgit l’espérance. Un nouveau chemin se profile. L’horizon s’éclaire. Yasmina raconte une séance marquante. Après une longue et minutieuse mise en place, le mannequin, aguerri par une longue expérience, se retrouve subitement tétanisé devant le photographe, lui-même médusé par l’inexplicable inadvertance. Un ange passe. Le modèle s’absente comme une sainte. Sa tête s’auréole d’un halo d’extase. Peut-on imaginer cette fille libre, maîtresse de sa prestance, frémir comme une contemplative sans résistance ? La fille reprend ses esprits au bout d’un long silence, susurre d’une voix tremblante : « Yasmina, cette tenue me bouleverse au point de me donner des larmes aux yeux ». Son émotion communicative irradie l’atmosphère. La magie de l’instant s’éternise en souvenance.
photographe et mannequin non communiqués, image 5 fournie par Élisabeth et Mustapha Saha
Yasmina puise dans les bijoux l’impérissable anamnèse. L’orfèvrerie traditionnelle plonge ses racines dans la nuit des temps. Les diadèmes, les colliers, les fibules, les anneaux, les bracelets d’or et d’argent, ciselés de signes talismaniques, chargés d’ondes magnétiques, transmettent les fluides telluriques et les phosphorescences cosmiques. Ces bijoux fascinateurs racontent le cours des rivières et la majesté des montagnes, la fertilité des plaines et le rythme des saisons, la pénombre bienfaisante des maisons et l’aura séduisante des femmes. Ces parures enchanteresses couvent les connaissances précieuses et les affinités malicieuses, les délicatesses charnelles et les amours maternelles, les roses épinières et les secrètes manières. L’emblème des emblèmes de la culture ancestrale n’est-il pas la croix du sud, représentant la concorde originelle dans la quiétude matriarcale ?
photographe et mannequin non communiqués, image 6 fournie par Élisabeth et Mustapha Saha
Le patrimoine vestimentaire, qui n’a jamais cessé de se renouveler dans ses caractéristiques particulières, a été trop longtemps folklorisé, archaïsé, dévalué par l’exotisme orientaliste et le détestable esprit colonial. Avec la révolution numérique, l’information se mondialise, les singularités se planétarisent, les cultures s’égalisent, les curiosités intellectuelles s’aiguisent. La féerie figée des Mille et une nuits cède la place à la découverte des civilisations ignorées, qui irriguent désormais la modernité de leurs affluents diversitaires. Les temps du paradigme dominateur de l’occident sont définitivement révolus. Les cultures périphérisées enrichissent le monde autant qu’elles s’en enrichissent.*
*Ce texte est sélectionné pour paraître dans un de nos numéros imprimés de 2018 .
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Pour citer ce texte
Mustapha Saha, « Yasmina Chellali : étoile du sud de la haute couture », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°13, mis en ligne le10 janvier 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2018/1/yasminachellali
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