Irina Moga,« Chaconne », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°12 | HIVER 2022-23 « Poémusique des Femmes & Genre », mis en ligne le 30 janvier 2023. URL :
Née le jour de Noël en 1955 à Argenteuil, l'artiste est diplômée de l'école Arts Aplicadas y Officios Artisticos de Valence en Espagne.
Les œuvres d'Elisabeth Fréring, dessins et peintures, ont toutes en commun une impression d'inachevé et de fragilité qui, paradoxalement, nous atteint au plus profond de notre inconscient. Le poète Yves Bonnefoy ne disait pas autre chose quand il écrivait que « le trait est l'indice de ce qui ne se voit pas ». Et d'ajouter que l'artiste perçoit « une temporalité qui plonge dans un fond sans fond ».
Cet inconscient collectif dans lequel l'artiste puise son inspiration a partie liée avec les contes de fées. On y retrouve les figures symboliques récurrentes du loup ou d'un animal qui s'y apparente et du petit chaperon rouge qui hantent les labyrinthes de notre mémoire depuis l'enfance. Dans sa « Psychanalyse des contes de fées », Bruno Bettelheim expliquait que les contes plongent dans les parties les plus primitives de notre psyché.
Sur un fond blanc virginal, apparaît un loup, la petite fille tout en rose l'observe, entre les deux une fleur sanguine se délite, est-elle le symbole d'une défloration annoncée ?
Du fantasme au fantomatique, Elisabeth Fréring joue et se joue des apparences, ses toiles deviennent des lieux d'errance, voire de déshérence.
Yves Bonnefoy disait de la poésie qu'elle était « de l'ordre de l'inachevé ». Voilà comment l'on pourrait éclairer la quête d'Elisabeth Fréring qui taille des brèches dans le réel en réenchantant la pensée magique de notre enfance qui ne cesse de travailler dans les abysses de notre inconscient en le questionnant.
Son univers onirique nous donne à voir des silhouettes et des formes à peine suggérées qui nous font signe dans un entre-deux où le non-dit, l'irrationnel, l'obscur et la mort jettent le trouble en le mettant parfois crûment en scène. Le regard s'abandonne dans des paysages rêvés, des robes de baptême nous renvoient encore et toujours dans ce bal de l'enfance où dansent derrière le miroir des apparences, les ombres et les terreurs de nos nuits.
Dans les sous-bois de sa mémoire et de la nôtre, Elisabeth Fréring lève les lièvres, débusque les pièges cachés de nos peurs pour nous en livrer les traces et les empreintes dans une écriture picturale qui distille une petite mélodie qui s'inscrit subrepticement dans notre imaginaire.
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Françoise Urban-Menninger,« Elisabeth Fréring présente ses « Contes d'automne » à la galerie Bertrand Gillig à Strasbourg » avec des photographies inédites des peintures de l'artiste,Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°12 | AUTOMNE-HIVER 2022 « Poémusique des Femmes & Genre », mis en ligne le 5 décembre 2022. Url :
Arnaud MARTIN est peintre, dessinateur et poète, il nous parle à cœur ouvert de son itinéraire, de ses techniques, ses maîtres à penser, sa vision d’artiste, bref, tout ce qui nourrit son art pictural et sa poésie.
MDC –Parlez-moi de votre rencontre avec l’art ? Faites-vous place au réel dans votre art ?
AM – Comme beaucoup de personnes, ma rencontre avec l’art a eu lieu à l’adolescence. Période durant laquelle j’ai très investi certaines disciplines artistiques (le cinéma, la musique et la littérature notamment).
Certains créateurs dans ces domaines ont déclenché en moi une réelle passion qui ne s’est pas démentie, trente-cinq ans plus tard. La musique de John Coltrane, le cinéma de Jean Eustache et la poésie de Lautréamont ont été des jalons essentiels à ma ferveur artistique. Ma découverte et ma pratique de la peinture quant à elles, ne sont venues que plus tard, vers mes vingt-cinq ans, de façon fortuite, lors d’une activité en famille de création de cartes de Noël…
Au début de ma pratique graphique (c’est-à-dire, il y a vingt-cinq ans de cela), je ne faisais que des tableaux abstraits, très colorés où malgré tout, des visages, des corps pouvaient émerger « par magie » de ces compositions.
Quelques années plus tard et bien qu’autodidacte, sans technique, je me suis lancé dans des peintures expressionnistes (proche de Francis Bacon et de Velickovic), car je sentais en moi, le besoin d’exprimer, la nécessité de dire l’indicible, le souvenir sans mémoire, mais bien présent.
C’était une peinture organique, en noir et blanc, où des corps-fantômes s’animaient dans des espaces vides, car j’ai toujours aimé aller à l’essentiel, ne pas m’encombrer de décors, de fioritures.
Même encore aujourd’hui, la place du corps est centrale dans mon travail. Bien que malmené, en ombre ou en mutation animale, il est présent dans chacune de mes créations.
Alors, mon propos est l’expression d’un inconscient, d’une poétique du geste archaïque, où des hommes, des animaux, des plantes nous mènent en énigme vers une mythologie païenne, une mythologie du commencement qui attend (dans les plis du temps) d’être décodée.
MDC– Quels sont les matériaux et les techniques que vous utilisez dans la composition de vos œuvres picturales?
AM– J’ai utilisé beaucoup de techniques (huile, acrylique, encre, pigment…), mais actuellement je vais au plus simple et au moins onéreux, un peu dans une démarche d’art « pauvre ». C’est pourquoi mes dernière séries sont exécutées sur des grands formats « Canson » et peintes à l’acrylique de base. Ce qui revient moins cher que des toiles en châssis avec des peintures à l’huile, et c’est plus facile pour le stockage.
Pour mes dessins, j’aime les feutres noirs sur feuille Canson, cela permet également d’avoir un rendu très fin, très ciselé.
À une époque, je faisais des collages et je peignais par-dessus ou j’encollais du papier kraft sur des toiles tendues, bref, comme beaucoup d’artistes, j’ai beaucoup exploré et j’explore encore.
MDC –Peut-on considérer que la peinture est une source d’énergie positive ?
AM – C’est une question difficile tellement les énergies en œuvre lors d’une création sont multiples.
Il y a l’excitation de la toile blanche avec son champ des possibles, parfois la déception du résultat, le plaisir du geste pur…
Quoi qu’il en soit, à chaque fois c’est un combat pour arriver à exprimer ce que l’on ressent au moment de l’exécution, et les déchets sont nombreux.
C’est pourquoi, je me débarrasse beaucoup de toiles dont je ne suis pas ou plus satisfait ; j’avance en permanence vers un idéal, un absolu.
Ce qui est positif, c’est de pouvoir montrer son travail, faire des expositions et échanger avec des personnes qui comprennent ma démarche, qui ressentent mon art. C’est la rencontre qui m’anime.
MDC –Quelles sont vos sources d’inspiration ? Auriez-vous un ou des modèles en matière d’art ?
AM – Comme je le disais précédemment, j’ai été très influencé par Francis Bacon et Vladimir Velickovic, mais aussi par beaucoup d’autres artistes comme Fred Deux, Ronan Barrot, Jérôme Bosch, Pieter Bruegel, Claude Monet, Bernard Réquichot, Eugène Leroy…
J’aime également les artistes singuliers, les « outsiders » qui créent pour exprimer une souffrance et/ou pour y remédier et qui ont une pureté dans le geste.
Bref, tous ceux qui, à la frontière de l’onirisme, du fantastique, arrivent à exprimer une personnalité, un rapport au monde sensible et « en marge ».
MDC –Vous êtes aussi poète, que représente pour vous la poésie ? Comment conciliez-vous le poétique et le pictural. Y a-t-il interrelation entre les deux domaines ?
AM – Pour moi la poésie est un acte magique, incarné. Quand je lis René Char, Paul Celan, Joë Bousquet, Yves Bonnefoy, Jacques Dupin ou Thierry Metz, je me dis comment ont-ils fait pour nous emmener si loin avec leurs mots, dans des contrées émotionnelles si étranges, si particulières où le sentiment humain questionne le monde, la nature, le rapport à l’autre.
J’aime cette poésie du sentiment sombre et mélancolique qui nous plonge dans un abysse de sensations déroutantes et parfois indéchiffrables.
Comme un tourbillon, une extase du dire.
Mes deux pratiques artistiques (voire trois avec le dessin) sont bien évidemment complémentaires. D’ailleurs mes toiles sont en résonance avec mes textes et vice versa. J’aime cette idée de créer un corpus de mots et de formes qui se répondent, comme une matière poétique pluridimensionnelle que l’on peut appréhender par différentes entrées : par les mots pour les plus littéraires ou par le graphisme pour les amateurs de peinture, mais pour moi c’est la même chose.
MDC – Auriez-vous un souhait à vous faire pour l’an 2023 ?
AM – Plusieurs beaux projets se profilent déjà pour l’année 2023 : la sortie de mon recueil de peintures et poèmes aux Éditions de l’Ire de l’Ours au mois de mai, des expositions parisiennes en perspective et mon travail de dessins présent sur un beau site de vente en ligne en automne.
Ce que l’on peut me souhaiter c’est de pouvoir poursuivre ma création quels que soient les supports, et de faire de belles rencontres artistiques pour réaliser des projets partagés (exposition collective, œuvre hybride, performances…), car ce que j’aime avant toute chose, c’est la dynamique de l’échange, de la collaboration.
Pour citer ces entrevue, photographies & tableaux inédits
Maggy De Coster,« Rencontre avec Arnaud Martin : peintre, dessinateur & poète » avec des peintures de l'artiste,Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°12 | AUTOMNE-Hiver 2022 « Poémusique des Femmes & Genre », mis en ligne le 30 novembre 2022. Url :
Commencer comme on entrerait dans l'esprit d'une femme qui souffre, qui ne sait pas comment échapper à sa souffrance, et ne voit plus devant elle que de grands arbres se mouvant dans le noir, habités par les bourgeons de sa fièvre... Sentiment qu'une grande fleur pâle, aux reflets éteints, serait en train de l'étouffer, et que son âme prise dans les affres de son combat contre l'étrange maladie ne puisse plus exister que sous la forme d'une pénitence imposée par le prêtre chauve qui la confessa.
Votre beauté, Madame, si effrayante à mes yeux, m'empêche de vous absoudre... Et c'était comme les paroles qu'un serpent répandrait, lancinant, dans la solitude de son âme. Elle ne se vante pas d'avoir connu l'amour, il ne lui en reste que des cendres, l'incertitude d'une mélancolie sans mémoire qui la dégoûtait d'elle-même. Il est des jours pourtant où semblait lui sourire la possibilité d'une renaissance. L'espoir la traversait du vol blanc de ses ailes, un frisson d'amour juvénile irisait les fleurs qu'elle contemplait, et alors un brusque sursaut d'amour-propre l'éloignait de son confesseur et du pli faussement onctueux de ses lèvres froides.
Comme si sa douleur prenait les traits d'un enfant de lumière qui s'avance dans le calme du soir, tout en elle s'apaisait. Parfois, lorsqu'elle songeait aux trahisons qui l'avaient blessée, elle se sentait plus forte que le regret et la nuit. Il y avait à présent cette douceur un peu énigmatique qui ravivait la grâce de son visage comme si elle portait en elle la vérité d'un autre monde.
Cette nuit d'hiver
Ces maniérismes délicats de la pensée la plus perfide et du remords, comment s'en délivrer ?... Où trouver un peu de clarté, un soupçon d'estime de soi ?... À travers les méandres de quelle ville obscure, avons-nous dû traîner le fardeau de notre tristesse ?... Ce qui nous est proche, c'est le souvenir de la montagne, cette lumière sur la mer, et surtout ces grands oiseaux très blancs qui volaient dans les lointains de l'azur, pareils à des rêves de neige et de pureté sans mélange.
Et de notre liberté nous nous faisions une idée très précieuse, loin des falaises et de leur vertige... Et maintenant cette nuit d'hiver, notre histoire d'amour résumée en deux ou trois photos. Sur l'une d'elles, de la façon la plus étrange, tu ressembles à une madone aveugle, et sur une autre, on dirait que tu es une petite sœur amère, esseulée, perdue dans l'horizon d'une plage immense, de l'infortunée Charlotte Corday... Tu voulais écrire des oraisons funèbres au sujet de morts que tu ne connaissais pas. Tu évoques des cimetières, décris des pierres tombales, restitues des épitaphes, convoques des images. Comment ne pas aimer ta tête penchée, tes yeux mi-clos, la douceur infinie de tes lèvres ?... Étroite est la frontière entre l'amour et la mort, disais-tu, et je me sentais très seul, de nouveau, comme un homme abandonné dans la forêt des souvenirs... Je me souviens d'un wagon immobile dans la brume, un train pour Auschwitz, disais-tu, un train que ne prennent plus que les fantômes. Tu enseignais l'histoire à des élèves distraits, tu étais mécontente..
***
Pour citer ces tableau & poèmes en prose inédits
Pierre Zehnacker,« L'espoir » & « Cette nuit d'hiver »,Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°12 | AUTOMNE 2022 « Poémusique des Femmes & Genre », mis en ligne le 10 novembre 2022. Url :
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