19 février 2023 7 19 /02 /février /2023 11:17

N°13 | (Auto)Portraits poétiques & artistiques des créatrices | Revue Matrimoine | Revue culturelle d'Europe

 

 

 

 

 

 

​​​​​​​​​​​​

​​​​​​​​​​​​

​​​​​​Les femmes de l'ombre à la lumière

 

 

 

 

​​​

 

 

Article de

 

Françoise Urban-Menninger

 

Blog officiel : L'heure du poème

 

 

Photographie du tableau de

Hélène de Beauvoir prise en photo par

 

 

Claude Menninger

 

 

 

 

 

 

© Crédit photo : Hélène de Beauvoir, "Femmes au Maroc" (femmes au Maroc) par prise en photo par Claude Menninger lors de l'exposition au musée Würth à Erstein. Image fournie par l'autrice.

 

 

 

L'Histoire témoigne de ce que derrière chaque homme célèbre se cache l'intelligence méconnue d'une femme, épouse, fille, collaboratrice... Jules Renard n'affirmait pas autre chose quand il écrivait « Dans l'ombre d'un homme glorieux, il y a toujours une femme qui souffre ».


 

L'anthropologue Wiktor Stoczkowski, chercheur au Collège de France, révèle que l'historien Léopold Delisle, administrateur de la Bibliothèque nationale de 1874 à 1905, doit en grande partie sa réussite à son épouse Laure Delisle qui fut son assistante et sa collaboratrice. Il cite de nombreux couples qui ont « fonctionné » selon ce schéma comme les Lavoisier ou encore les Durkheim.

Il est en effet établi de nos jours que Louise, l'épouse du sociologue Emile Durkheim, relisait et corrigeait ses manuscrits.

 

Il en fut de même avec Emma, l'épouse de Charles Darwin qui a corrigé « L'origine des espèces ». Quant à leur fille Henrietta, elle a également contribué à faire connaître les travaux de son père. N'oublions pas Jenny von Westphalen, aristocrate, sociologue qui fut l'épouse de Karl Marx et qui, pour le suivre, a accepté le déclassement, la misère, les expulsions successives et même les humiliations ! Pourtant Victor Fay dans un numéro spécial de « L'Homme et la société » dédié au 150 e anniversaire de la mort de Marx, expliquait que Jenny Marx fut la secrétaire, la copiste le bras droit de son époux ! Il rapporte une phrase prononcée par Engels : « Sans Jenny, le travail de Marx n'aurait jamais pu être ce qu'il était ». On ne peut être plus clair !

 

Et bien évidemment, si certains hommes ont officiellement témoigné leur reconnaissance à une figure féminine, d'autres les ont laissées à dessein dans l'ombre tandis qu'ils brillaient sous les feux de la rampe.

Janet Browne dit de ces femmes oubliées qu'elles sont « des fantômes patients derrière la quête infinie de la perfection ».







 

Mais aujourd'hui bon nombre de femmes voient leurs talents enfin mis en lumière !

 

 

 

© Crédit photo : Alma Mahler en 1899, portrait photographique capturé de Wikipédia par l'autrice.

 

 

 

On songe d'emblée à Alma Mahler née Schindler qui fut tour à tour l'épouse de Gustave Mahler, de Walter Gropius puis de Franz Werfel après avoir été la compagne d'Oskar Kokoschta. Appelée « la Veuve des quatre arts » car elle avait connu l'amour avec un musicien (Mahler), un architecte (Gropius), un peintre (Kokoschta) qui avait réalisé plus de 400 portraits de celle qui fut sa muse, un écrivain (Werfel), cette femme magnifique cumulait tous les talents.

En épousant Gustav Mahler qui avait 19 ans de plus qu'elle, Alma avait renoncé à la musique alors qu'elle avait commencé très jeune à composer des Lieder. À ce jour, on en connaît 14 ou 16, or une centaine sont encore inédits !


 

D'autres femmes ont pu accéder à la littérature en s'affranchissant de la tutelle masculine. Ce fut le cas de Colette qui servit de « porte-plume », selon l'expression de d'Eliane Viennot, jusqu'en 1923 à son mari surnommé «  Willy ». Et que penser de Catherine Pozzi trahie par son amant Paul Valéry qui puisa une part de son inspiration dans un écrit de sa maîtresse  qui porte le titre éminemment poétique de « Peau d'âme » ?

 

Aujourd'hui les femmes tentent de mettre ou de remettre en lumière, celles qui sont restées trop longtemps dans l'ombre et, qui pourtant, ont contribué à la mise en avant d'un homme entré dans l'Histoire.

 

 

 

 

 

© Crédit photo : Suzanne Césaire, portrait photographique capturé de Wikipédia par l'autrice.

 

 

 

Suzanne Césaire en est un exemple, l'épouse et muse du grand poète Aimé Césaire, fut une autrice à part entière que l'on fête aujourd'hui dans les Antilles où elle est devenue l'initiatrice d'une importante lignée d'autrices féminines.

 

Belle de corps et d'esprit, Suzanne Césaire a animé avec son époux la fameuse revue « Tropiques » de 1941 à 1945. Dans « Le grand camouflage », édité par Daniel Maximin et qui donna lieu au spectacle « Fontaine solaire », on redécouvre la pensée de Suzanne Césaire en lien avec les théories du philosophe Leo Froebius qui affirmait que « l'homme est l'instrument de la civilisation », elle y renoue avec le beau mythe de « L'Homme-plante » et nous donne à lire des textes d'une étonnante modernité témoignant d'un esprit libre et d'avant-garde.

Que penser également du destin de Louise Colet dont on redécouvre les poèmes exceptionnels jugés naïfs par Flaubert et les flaubertistes ?

 

GeorgeSand.PNG

 

 

 

© Crédit photo : Auguste Charpentier, "George Sand", 1838, peinture capturée de Wikipédia par l'autrice.

 

 

L'on comprend dès lors qu'il n'était pas aisé pour une femme de signer ses écrits en tant que telle. L'on songe à Amantine, Aurore, lucile Dupin qui rédigea son premier livre avec Jules Sandeau intitulé « Rose et Blanche » qu'ils signèrent du nom de Jules Sand. Le succès étant au rendez-vous, Aurore Dupin choisit un nom de plume masculin à l'instar de la tenue vestimentaire qu'elle avait adoptée pour être plus à l'aise lorsqu'elle allait à la chasse. George Sand était née !

Sa démarche novatrice fut suivie par d'autres femmes qui se l'approprièrent comme Marie d'Agoult qui prit le pseudonyme de Daniel Stern ou encore Delphine de Girardin qui écrivit sous le nom de Charles Launay.

 

Mais le domaine des arts et de la littérature n'a pas le monopole des figures féminines enfouies dans les oubliettes de l'Histoire.

Une importante exposition itinérante initiée par le Mémorial de la Ville de Nantes, dédié aux traites négrière, à l'esclavage et à son abolition,  a remis dernièrement à l'honneur des femmes oubliées, méconnues, voire inconnues qui ont contribué à faire abolir l'esclavage. 

On y redécouvre la figure de Sanité Belair d'origine haïtienne qui combattit avec courage sous l'uniforme aux côtés de l'officier Toussaint Louverture lors de la Révolution haïtienne, elle fut arrêtée avec ce dernier mais ne pouvait être passée par les armes en tant que femme... 

Cependant, le bourreau ne réussissant pas à la décapiter, elle fut fusillée tout comme Toussaint Louverture et accéda ainsi, bien malgré elle, à ce que l'on appelle la parité !

Une autre icône de la cause noire, Héva, une esclave maronne a inspiré par son courage de nombreuses oeuvres littéraires. Claire en Guyane française, suppliciée puis pendue devant ses enfants, Dandara au Brésil qui se jeta dans le vide pour échapper à sa condition, la mulâtresse Solitude, torturée et mise à mort le lendemain de son accouchement, sont autant de femmes exceptionnelles.

 

Cudjoe Queen Nanny est vénérée en Jamaïque pour avoir aidé les esclaves à se libérer avec la technique des guérilleros. La dévotion est telle à son égard que son portrait figure sur un billet de banque !

 

L'abolitionniste américaine Sojourner Truth gagna le premier procès intenté par une femme noire pour récupérer son fils ! Elle montait dans les tramways interdits aux noirs bien avant Rosa Parks et prononça un discours emblématique  en 1851 intitulé « Ne suis-je pas une femme ? » à la National Women's Right's Convention.

 

 

Anne Zinga, la superbe reine au caractère bien trempé du Ndogo et du Matamba de 1582 à 1664, l'actuel Angola, disposait d'un pouvoir absolu. Elle tint tête aux Portugais et agit en fine stratège, elle refusa de leur livrer les 13000 esclaves qu'ils réclamaient et évita ainsi la colonisation de son pays.

 

 

On connaît également le rôle d'avant-gardiste d'Olympe de Gouges, membre de la société des Amis des Noirs, dans son combat pour l'abolition de l'esclavage. Auteure de la Déclaration des Droits des Femmes, elle dénonça l'esclavage dans une pièce intitulée « Zamore et Mirza » qui lui valut l'opprobre de certains politiques, voire des menaces de mort…

 

N'oublions pas le destin exceptionnel d'Harriet Tubman que le président Barack Obama souhaitait honorer en créant un billet de banque à son effigie. Mais arrivé au pouvoir, Donald Trump en décida autrement, considérant cette proposition « politiquement non correcte » ! Or, celle que l'on appelle encore aujourd'hui « La Moïse Noire », aida plus de 70 esclaves à s'évader. Elle-même avait réussi à s'échapper lors de la guerre de Sécession pour se retrouver en Pennsylvanie où elle fut soutenue en 1840 dans son action par un réseau de sympathisants de la cause Noire « L'Underground Railroad ».

 

Cette exposition itinérante en France a apporté sans nul doute un éclairage essentiel sur l'esclavage et mis en avant des femmes discriminées parce qu'elles étaient femmes, esclaves et noires et qui ont payé un lourd tribut pour défendre leur liberté et leurs idées.

 

L'une des figures britanniques emblématiques fut sans conteste Emeline Pankhurst qui fut indéniablement la pionnière pour la lutte des droits des femmes en créant le Woman's Social Political Union (WSPU). Son combat acharné avec les suffragettes permit aux femmes d'acquérir le droit de vote en 1948.



 

Mais si de nombreuses femmes manquent encore d'éclairage et restent dans l'ombre d'un homme célèbre, il en existe quelques unes qui ont vécu ou souffert dans l'ombre d'une autre femme !

 

S'il faut en fournir un exemple, l'on peut citer derechef la compagne de Marguerite Yourcenar, Grâce Frick qui fut à la fois chercheuse, traductrice et compagne de la première femme à entrer à l'Académie française.

Dans le livre de Bruno Blancheman « Grâce une seconde » on découvre la traductrice des « Mémoires d'Hadrien » avec laquelle Marguerite Yourcenar  partit vivre aux Etats-Unis en 1934. Cette relation fusionnelle est explorée aussi bien sur le plan littéraire que relationnel et permet de comprendre le rôle essentiel de Grâce Frick dans l'oeuvre de Marguerite Yourcenar.

 

Bien d'autres femmes ont pris toute la lumière aux dépens d'une compagne, d'une sœur...Il en est peut-être ainsi de Simone de Beauvoir dont il est inutile de répéter ici, en quoi elle a changé le destin des femmes de par le monde.

Son injonction, « On ne naît pas femme, on le devient », résonne dans tous les esprits, revient dans tous les combats.

 

Mais qui s'intéresse à l'oeuvre d'Hélène de Beauvoir, sa soeur peintre, qui lorsque je l'ai rencontrée à la fin des années 90 à Goxwiller en Alsace, se disait oubliée des siens, de Paris, de l'art officiel ?

Hélène de Beauvoir souffrait visiblement du manque de reconnaissance de sa propre sœur qui jugeait « mauvaise sa peinture » et ne supportait plus d'être la sœur de...Fort heureusement, ses œuvres ont été présentées dans une grande exposition rétrospective au musée Würth situé à Erstein en Alsace.

Hélène de Beauvoir a enfin retrouvé sa place de combattante et de militante pour les droits des femmes car c'est elle, m'a-t-elle confié, qui a influencé Simone de Beauvoir en ce qui concerne les problématiques de la condition féminine.

Malheureusement lors de son vivant, Hélène est restée l'éternelle « Poupette » croisée dans les « Mémoires d'une jeune fille rangée » rédigées par sa soeur et n'a pas acquis la notoriété de cette dernière… Mais l'Histoire change parfois de cours et apporte au fil du temps un nouvel éclairage et une autre lecture !


 

Autant dire que les femmes de l'ombre ont un bel avenir devant elles car un grand mouvement pour leur reconnaissance est actuellement en marche. Des publications, des expositions, des revues, des colloques ou des sites comme celui du Pan Poétique des Muses, ont pour vocation de leur redonner la parole et de leur offrir cette lumière qui relève de notre devoir de mémoire.

 

 

© Françoise Urban-Menninger

 

 

***


 

Pour citer ces texte & image inédits ​​​​​​

 

Françoise Urban-Menninger, « Les femmes de l'ombre à la lumière » avec une photographie du tableau de l'artiste Hélène de Beauvoir prise par Claude MenningerLe Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°13 | PRINTEMPS 2023 « (Auto)Portraits poétiques & artistiques des créatrices », mis en ligne le 19 février 2023. URL :

http://www.pandesmuses.fr/no13/fum-femmesdelombre

 

 

 

Mise en page par Aude

 

 

 

 

© Tous droits réservés

 

Retour au sommaire du N°13

18 février 2023 6 18 /02 /février /2023 18:56

 

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES (LPpdm)


 

REVUE FÉMINISTE, INTERNATIONALE & MULTILINGUE DE POÉSIE

 

ENTRE THÉORIES & PRATIQUES

 

 

 

N°12 | HIVER 2022-23


 

 


UNE POÉMUSIQUE

 

 

 DES FEMMES & GENRE*

 

 

 

 

 

 

© Crédit photo : Delphin Enjolras (1865-1945), ce tableau représente des  musiciennes sur la terrasse, domaine public. Image capturée par LPpdm.

 

 

 

 

 

 


SOMMAIRE

 


SOUMISSIONS OUVERTES

 

DATE BUTOIR POUR Y PARTICIPER :

 

25 DÉCEMBRE 2022

 

31 JANVIER 2023​​​​​​

 

MISE EN LIGNE JUSQU'AU 25 FÉVRIER 2023

 

 

Belle année 2023 !

 

 

 

 

* À venir... ** Titre proposé par Dina Sahyouni 

Rappel utile : comme vous le savez bien cher lectorat la revue LPpdm (dans ses versions électronique et imprimée) décline toute responsabilité juridique concernant le contenu publié par elle parce qu'elle considère que chaque auteur/auteure est libre dans le respect de sa charte déontologique, par conséquent, l'auteure/auteur est l'unique responsable du contenu de son texte, de son image, sa vidéo, etc.

 

 

 

Le Pan Poétique des Muses (LPpdm)

 

Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre

théories & pratiques

 

 diffusée en version électronique (apériodique) & en version imprimée suspendue suite à un cas de force majeure de 2018 à 2020, reprise de l'édition imprimée dès 2021.

 

 

ISSN numérique : 2116-1046

 

(4 numéros par an dont un Hors-série & un Numéro spécial)

La reprise de la parution imprimée se fera en 2021 

 

ISSN imprimé : 2492-0487

 

ISSN imprimé Hors-série : 2554-8174

© www.pandesmuses.fr

 

Revue consultable depuis votre mobile

 

...nous suivre sur Face-book | ...nous suivre sur Twitter

 

...suivre la SIEFEGP sur Face-book

 

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES EST SUR INSTAGRAM

 

 

Initiative labellisée par le Ministère des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes

 

Lettre n° 9 (Avant-première de nos dernières publications de 2016)

 

© Tous droits réservés

 

Présentation créée le 16 septembre 2022

par Aude & David

 

Édition en cours

 

Dernière mise à jour : le 18 février 2023

18 février 2023 6 18 /02 /février /2023 18:54

 

 

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES (LPpdm)


 

REVUE FÉMINISTE, INTERNATIONALE & MULTILINGUE DE POÉSIE

 

ENTRE THÉORIES & PRATIQUES

 

 

N°12 | HIVER 2022-23

 

 

POÉMUSIQUE DES FEMMES & GENRE*


 

N°12 | SOMMAIRE


 

 

 

Crédit photo : Anne Vallayer-Coster, "Instruments de musique". Image libres de droits et à été capturée par LPpdm.

 

 

 

MISE EN LIGNE JUSQU'AU 25 FÉVRIER 2023 INCLUS

 

PAGE EN COURS D'ÉDITION

 

MERCI BIEN DE VOTRE PATIENCE !

 

 

 

 

Équipe de la version en ligne :

Rédaction de la revue 

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES

Illustrations par 

Des artistes citéEs dans les pages du numéro.

Réalisation technique :

Aude & David Simon 

Nous écrire :

contactlppdm@pandesmuses.fr, contact@pandesmuses.fr. 

 

 

ISSN numérique : 2116-1046

 

Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques

 

 diffusée en version électronique

& en version imprimée

 

Logodupan

© www.pandesmuses.fr

 

 

* Titre proposé par Dina Sahyouni 

Rappel utile : comme vous le savez bien cher lectorat la revue LPpdm (dans ses versions électronique et imprimée) décline toute responsabilité juridique concernant le contenu publié par elle parce qu'elle considère que chaque auteur/auteure est libre dans le respect de sa charte déontologique, par conséquent, l'auteure/auteur est l'unique responsable du contenu de son texte, de son image, sa vidéo, etc.

 

 

 

SOMMAIRE

 

 

AVANT-PROPOS

Dina Sahyouni, « ...... »

 

ÉDITORIAL

Dina Sahyouni, « ....... »

 

BÉMOLS ARTISTIQUES

 

Lidia Chiarelli​, « Lumières pour la ville »

 

Françoise Urban-Menninger, « Les robes d'Ewa Bathelier » (peintures inédites par l'artiste peintre Ewa Bathelier) « Frida Kahlo au-delà des apparences. Exposition au Palais Galliera à Paris » (avec des photographies inédites par Claude Menninger)

Françoise Urban-Menninger avec des photographies inédites des œuvres des artistes, « Elisabeth Fréring présente ses « Contes d'automne » à la galerie Bertrand Gillig à Strasbourg », « Juliette Jouannais, sculptrice de la couleur », « Exposition de Marie Salomé au Musée d'Histoire Naturelle et d'Ethnographie de Colmar » 

​​​​

 

ENTRETIENS POÉTIQUES, ARTISTIQUES & FÉMINISTES

 

​Hanen Marouani, « Mona AZZAM : De l’Orient à l’Occident, force ou errance ? »

Maggy De Coster, entretiens illustrés par des œuvres artistiques de l'artiste Laurent Konqui & Arnaud Martin, « De la finance à l'art », ​​​​« Rencontre avec Arnaud Martin : peintre, dessinateur & poète »​​​

 


FICTIONS FÉMINISTES

[NOUVELLE RUBRIQUE]

 Françoise Urban-Menninger, « De l'autre côté du tableau » 

 

 

 

DOSSIER MAJEUR 

 

UNE POÉMUSIQUE  DES FEMMES & GENRE

 

 

ARTICLES & TÉMOIGNAGES

 

Maggy De Coster, « Radu Bata (éd.), Le Blues Roumain, Anthologie implausible de poésies, Éditions Unicité, 2022, vol. 3, 208 pages, 15€ », « De la finance à l'art », entretien illustré par des œuvres artistiques de l'artiste Laurent Konqui 

 

[Articles réédités]

 


Annpôl KASSIS, « Les poèmes de Marceline Desbordes-Valmore chantés, parlés, accompagnés »

 

Dina Sahyouni, « La musique à travers l'écriture poétique ou La musique inconnue »

 

 

DOSSIER MINEUR 

 

 

MUSES & POÈTES

 

POÉSIE, FEMMES & GENRE

 

 

 

ARTICLES & TÉMOIGNAGES

 

Arwa Ben Dhia, « Il a fallu gérer la peur avec « Andrà tutto bene… » de Hanen Marouani »

Françoise Urban-Menninger, « La poésie, l’arme des féministes russes ! », « Petit éclairage de l’œuvre de Maximine » 

Claire Tastet, « Brève présentation de Conceição Evaristo » 

@JVaudere, « Découvrir Jane de La Vaudère » 

Dina Sahyouni, « Quelques lignes sur les notions de « Matripoétique » & « Patripoétique » de mon dictionnaire en construction »

Sonia Elvireanu, « Claude Luezior, Sur les franges de l’essentiel suivi de Écritures, éditions Traversées, Belgique, 128 p., 2022, ISBN: 9782931077047 »

 

FLORILÈGE DU DOSSIER MAJEUR

 

​Hanen Marouani, « Plusieurs vies : une fille et un piano », peinture par l'artiste​ Hanen Allouch

​Mokhtar El Amraoui (poème & dessin), « ​Le chant de mon oud »

رنا علم / Rana Alam, « الطفلة »

Mona Azzam, « Quatuor » & « Afrique » 

Sarah Mostrel (poèmes & peintures), « Brésil de mes amours », « Une musique folle » & « Jazz en fait » 

Barbara Polla, « Pourquoi la poésie »

Irina Moga, « Chaconne »

Françoise Urban-Menninger, « j’ai une voix en moi », « lumière hivernale » (poème illustré par le photographe Claude Menninger) & « les femmes font tourner la terre » (poème illustré par l'artiste peintre & sculptrice Maria-Grazia Surace)​​​​​​​

Pierre Zehnacker, « L'espoir » & « Cette nuit d'hiver »

Chantal Robillard (poèmes & image), « Fontaine auvergnate » & « Fontaines musicales », extraits de Dentelles du ru des troubadours (2023) 

Anne-Lise Blanchard, « Trois poèmes »

Floriane Martin, « La violoncelliste »​​​

​​​​​Dina Sahyouni, « Une musique du mal »

Mona Gamal El-Dine, « La voix d'un enfant inconnu » [Poème réédité]

 

 

FLORILÈGE DU DOSSIER MINEUR

 

Lea Nagy, Yann Caspar (traducteur), « Le chaos en spectacle en extraits »

Pierre Zehnacker (poèmes & peintures) « L'espoir » & « Cette nuit d'hiver » & « La voix de l'ombre »

Barbara Polla, « Pourquoi la poésie »

Françoise Urban-Menninger, « Déchirons le voile de l’obscurantisme », avec une photographie de Claude Menninger 

​​​​

/ Aïeules 

 

Adèle Souchier, « La chanteuse » & « La jeune aveugle pianiste du concert de la loterie des artistes lyonnais en faveur des inondés du Midi »

 


MUSES AU MASCULIN

  

Mokhtar El Amraoui (poème & dessin), « ​Que musique le monde ! »

Maggy De Coster, « Rencontre avec Arnaud Martin : peintre, dessinateur & poète »

Sonia Elvireanu, « Claude Luezior, Sur les franges de l’essentiel suivi de Écritures, éditions Traversées, Belgique, 128 p., 2022, ISBN: 9782931077047 »

Camille Aubaude, « Chronique Godard »

 

LA POÉSIE DANS TOUS SES ÉTATS OU VARIA

 

......


 

INSTANT POÉTIQUE EN COMPAGNIE DE...  

 

Lea Nagy, Yann Caspar (traducteur), « Le chaos en spectacle en extraits »

رنا علم / Rana Alam, « الطفلة »​​

​​​​​​

 

POÈTES ÂGÉS DE MOINS DE 26 ANS

 

.......... 

 

POÉSIE DES ANCÊTRES (AÏEULES /AÏEUX) *

Se trouve dans plusieurs rubriques. 

 

POÉSIE ÉROTIQUE  

 

​Mokhtar El Amraoui (poème & dessin), « ​Le chant de mon oud »

 

CUISINER EN POÉTISANT

 

Judith Gautier,​ « Ode au champagne »

 

 

PRESSE, MÉDIA, FEMMES, GENRE & POÉSIE 

 

............... 

 

POÉSIE AUDIOVISUELLE / [UNIQUEMENT EN LIGNE]

 

.....

 

POÉSIE VISUELLE &/OU OLFACTIVE

 

Lidia Chiarelli​, « Lumières pour la ville »

 

.......

/ POÉSIE, MUSIQUE & ARTS AUDIOVISUELS & 

.......

 

TRAVESTISSEMENTS POÉTIQUES

 

.......


CRITIQUE & RÉCEPTION

 

Maggy De Coster, « Anne-Lise Blanchard, Qui entend le jargon de l’oie, Éclats d’encres, 2006, 47 pages, 12€ »​​​​, « Lea Nagy, Le chaos en spectacle, préface de Patrice Kanozsai, traduction du hongrois par Yann Caspar, Éditions du Cygne, 2022, format A5, 67 pages, 10€ », ​​​​« Nathalie Maranelli, L’enfant de Rio, Roman, Éditions Lazare et Capucine, 2021, 21€ », « Pierre Boening-Scherel, « De l’attente et Après », (traduit de l’anglais par Maïa Brami), Éditions Unicité, 2021, 239 pages, 16€ »« Anne-Emmanuelle Fournier, « L’Offrande Aux Fantômes » suivi de « Il y a longtemps que je t’aime…», Éditions Unicité, 2022, 68 pages, Format : 15 x 21, 13€ »« Radu Bata (éd.), Le Blues Roumain, Anthologie implausible de poésies, Éditions Unicité, 2022, vol. 3, 208 pages, 15€ »

Françoise Urban-Menninger, « La Favorite de Barbara Polla. Roman publié par BSN Press à Lausanne »

 


CHRONIQUES DE CAMILLAE/

 

Camille Aubaude, « Lettre à Nol 2 »

 

/POÉSIE & CINÉMA/CHRONIQUES CINÉMATOGRAPHIQUES

Camille Aubaude, « Chronique Godard » « Le film : Tàr »

 

RÉFLEXIONS FÉMINISTES SUR L'ACTUALITÉ

 

Dina Sahyouni, « Des femmes phénix sont nées »

Mariem Garaali Hadoussa, « Un élan de solidarité aux femmes iraniennes »

Françoise Urban-Menninger, « Les voix des femmes afghanes à Strasbourg » avec un reportage photographique par Claude Menninger

 

 

LITTÉRATURE POUR LA JEUNESSE

...

 

ENCART DES LANGUES ÉTRANGÈRES

Voir les textes publiés dans nos rubriques.

 

REVUE DES MÉTIERS DU LIVRE 

 

ESSAI OU MANIFESTE 

......

 

LEÇONS, MÉTHODES & MÉTHODOLOGIES EN POÉSIE

 

 

S'INDIGNER, SOUTENIR, LETTRES OUVERTES & HOMMAGES 

 

Françoise Urban-Menninger, « pour toi Lola »

Evelyne Charasse​, « J'ai voulu »

Mariem Garaali Hadoussa, « Un élan de solidarité aux femmes iraniennes » 

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES, « Soyons la voix des sœurs afghanes à Strasbourg »

Dina Sahyouni, « Berceuse pour Lola », « Des femmes phénix sont nées » & « Hommage à Fatma Ben Fdhila » 

 

QUERELLES DES LITTÉRATRICES 

 

Françoise Urban-Menninger, « Mathilde Panot n'aurait-elle pas dû tenir sa langue ? »

   

© POÉBIOPOLITIQUE

 

Dina Sahyouni, « Des femmes phénix sont nées »

 

REVUE POÉPOLITIQUE   

 

Françoise Urban-Menninger, « Déchirons le voile de l’obscurantisme », avec une photographie de Claude Menninger 

Françoise Urban-Menninger, « Mathilde Panot n'aurait-elle pas dû tenir sa langue ? »

Dina Sahyouni, « Une musique du mal »

 

SOURIRES & RIRES FÉMINISTES

 

Élisa Fleury,​ « Le réveil-Matin » & « Appartements à louer »

 

FAITS DIVERS & CATASTROPHES

 

 

ASTRES & ANIMAUX

 

Maggy De Coster, « Anne-Lise Blanchard, Qui entend le jargon de l’oie, Éclats d’encres, 2006, 47 pages, 12€ »​​​​, 

Françoise Urban-Menninger, « Exposition de Marie Salomé au Musée d'Histoire Naturelle et d'Ethnographie de Colmar » avec deux photographies des peintures exposées de Marie Salomé

Françoise Urban-Menninger, « lumière hivernale », poème illustré par le photographe Claude Menninger

Chantal Robillard (poèmes & image), « Fontaine auvergnate » & «Fontaines musicales », extraits de Dentelles du ru des troubadours (2023)

Anne-Lise Blanchard, « Trois poèmes »

Dina Sahyouni, « Une musique du mal »

​Mokhtar El Amraoui (poème & dessin), « J'ai vu la larme »

 

VOIX-VOIES DE LA SORORITÉ

 

 

HANDICAPS & DIVERSITÉ INCLUSIVE

Adèle Souchier, « La jeune aveugle pianiste du concert de la loterie des artistes lyonnais en faveur des inondés du Midi »

 

PHILOSOPHIES & SAGESSES EN POÉSIE
 

 

REVUE MATRIMOINE

 

Claire Tastet, « Brève présentation de Conceição Evaristo » 

@JVaudere, « Découvrir Jane de La Vaudère » 

Françoise Urban-Menninger, « La poésie, l’arme des féministes russes ! », « Petit éclairage de l’œuvre de Maximine » & « Bertha von Suttner, une femme remarquable qui a consacré sa vie à la paix »

​Françoise Urban-Menninger (texte & photographies), « Marie Anne de Gérando, une aïeule oubliée »

Mariem Garaali Hadoussa, « Moi et mes zones d'ombre »

Dina Sahyouni, « Hommage à Fatma Ben Fdhila » 

 

 

SPIRITUALITÉS / CROYANCES, RELIGIONS & MYSTICISMES EN POÉSIE

 


REVUE CULTURELLE D'EUROPE

 

Maggy De Coster, « Pierre Boening-Scherel, « De l’attente et Après », (traduit de l’anglais par Maïa Brami), Éditions Unicité, 2021, 239 pages, 16€ »

Françoise Urban-Menninger avec des photographies inédites des œuvres des artistes, « Elisabeth Fréring présente ses « Contes d'automne » à la galerie Bertrand Gillig à Strasbourg », « Juliette Jouannais, sculptrice de la couleur », « Exposition de Marie Salomé au Musée d'Histoire Naturelle et d'Ethnographie de Colmar » 

Françoise Urban-Menninger, (texte & photographies), « Marie Anne de Gérando, une aïeule oubliée » & « Bertha von Suttner, une femme remarquable qui a consacré sa vie à la paix »

Camille Aubaude, « Le film : Tàr »

 


REVUE CULTURELLE DES AMÉRIQUES

Maggy De Coster, « Nathalie Maranelli, L’enfant de Rio, Roman, Éditions Lazare et Capucine, 2021, 21€ »

Françoise Urban-Menninger, « Frida Kahlo au-delà des apparences. Exposition au Palais Galliera à Paris » avec des photographies inédites par Claude Menninger

 

REVUE CULTURELLE D'ORIENT & D'AFRIQUE

 

 


ANNONCES DIVERSES

 

ACTIONS EN FAVEUR DES FEMMES & LGBTQ+

 

 

AGENDA ARTISTIQUE

 

AGENDA POÉTIQUE 

​​​​​​LPpdm, « Belle année 2023 ! », « Appel pour le calendrier du matrimoine poétique du 1er au 31 décembre 2022 », « Concours de poésies féministes 2022 -23 », 

SIÉFÉGP, « Lancement du "Projet d'une bibliothèque poétique, mondiale et plurilingue des voix des autrices"  »

 

 

***


Pour citer ce sommaire inédit

 

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES, « N°12 | HIVER 2022-23 | SOMMAIRE », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°12 | HIVER 2022-23 « Poémusique des Femmes & Genre », mis en ligne le 31 janvier 2023. URL :

http://www.pandesmuses.fr/no12/sommaire

 

 

 

 

Le Pan Poétique des Muses (LPpdm)

 

Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre

théories & pratiques

 

 diffusée en version électronique (apériodique) & en version imprimée suspendue suite à un cas de force majeure de 2018 à 2020, reprise de l'édition imprimée dès 2021.

 

 

ISSN numérique : 2116-1046

 

(4 numéros par an dont un Hors-série & un Numéro spécial)

La reprise de la parution imprimée a déjà démarré

 

ISSN imprimé : 2492-0487

 

ISSN imprimé Hors-série : 2554-8174

© www.pandesmuses.fr

 

Revue consultable depuis votre mobile

 

...nous suivre sur Face-book | ...nous suivre sur Twitter

 

...suivre la SIEFEGP sur Face-book

Initiative labellisée par le Ministère des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes

 

Lettre n° 9 (Avant-première de nos dernières publications de 2016)

 

© Tous droits réservés

 

Présentation créée le 31 janvier 2023 par Aude & David

 

Édition en cours

 

Dernière mise à jour : le 18 février 2023

 

18 février 2023 6 18 /02 /février /2023 18:42

N°12 | Poémusique des Femmes & Genre | Critique & Réception | 

​​​​​

 

 

 

 

 

 

Radu Bata (éd.)

 

 

Le Blues Roumain

 

 

Anthologie implausible de poésies

 

Éditions Unicité, 2022, vol. 3, 208 pages, 15€

 

 

 

 

 

Maggy de Coster

Site personnel

Le Manoir Des Poètes

 

 

 

​​​​​

© Crédit photo : Première de couverture illustrée, de l'anthologie Le Blues Roumain, Éditions Unicité, 2022, vol. 3, image fournie par la critique.

 ​​​​​​​


 

« Les poètes ne sont pas utiles mais indispensables. » Emil Cioran

 

 

Bien évidemment ils sont indispensables dans la mesure où ils sont les témoins de leur temps et ont recours à la poésie qui est le genre le mieux adapté à l’expression des sentiments humains les plus vifs et les plus profonds.

C’est sans doute ce que le poète franco-roumain Radu Bata a compris en réunissant dans une anthologie les poèmes de 77 poètes roumains des deux sexes.

 

« Sachez-le, – c’est le cœur qui parle et qui soupire– Lorsque la main écrit. » Alfred de Musset 


 

 À chaque peuple son blues.

C’est la trame de la vie des Roumains qui, au fil des jours, se lit à travers leurs poèmes. La vie dans sa complexité et ses tragédies : 

 

« Je me demande souvent

quelle fatigue tue les suicidaires

pendant que les animaux luttent

pour chaque particule d’air »

 

Le blues c’est la chanson de celle qui chante, les yeux embués de tristesse par empathie pour celui qui meurt de froid, esseulé et reclus dans sa maison :

 

« Ce matin, on dit qu’un homme âgé

est mort de froid dans sa maison.

Encore un.

Même diagnostic : hypothermie.

Et combien de degrés y a-t-il dans une maison

quand dehors il fait – 20 ? 

Et combien de degrés on ressent

quand on vit seul et sans ressources ? »

 

C’est aussi la convocation d’éros :

 

« J’aimerais habiter au moins une fois

au milieu de l’éros universel »

 

Les phantasmes ne manquent pas comme par exemple : 

 

« S’écraser les seins dans les bras des SDF »

 

 Le blues roumain : 

 

« C’est l’amour entre les plis des jours

Qui ne tournent pas rond »

 

Le blues roumain semble ne pas se départir de l’ontologie en versant dans le questionnement sur la raison d’être de l’humain y compris l’ordre naturel des choses :

 

« La naissance est le produit

d’une erreur mathématique »

 

Comment rester impassible aux blessures invisibles, celles de l’âme ? : 

 

« mais que fait-on des tout petits et des catastrophe personnelles

des guerres de cuisine quand on baisse la voix

pour que l’enfant n’entende pas ?

que fait-on des héros secondaires qui ne montrent jamais

leurs blessures secondaires

héros secondaires tués par des blessures secondaires »

 

C’était l’époque de la dictature où « tous les sages se faisaient passer pour des fous »

Impossible de comprendre ceux qui ont oublié de regarder dans le rétroviseur et s’aventurent à glorifier les bourreaux de l’Histoire :

 

« Ils ont même léché les mains des bourreaux

comme si de rien n’était

les mêmes bourreaux qui ont condamné leur corps

à la nuit

emprisonné leurs jours dans une cage

transpercé leurs enfants »

 

Triste constat que ce qui suit :

 

« nous avons tous du sang sur les mains et les joues

des blessures, cicatrices et douleurs

dont il vaut mieux ne pas en parler »

 

C’est une anthologie avec des poètes pleins de générosité, gage d’une humanité à demeure.

 

© Maggy DE COSTER

 

 

***

 

Pour citer ce texte inédit​​​​​​

 

Maggy De Coster, « Radu Bata (éd.), Le Blues Roumain, Anthologie implausible de poésies, Éditions Unicité, 2022, vol. 3, 208 pages, 15€ »Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°12 | HIVER 2022-23 « Poémusique des Femmes & Genre » mis en ligne le 18 février 2023. URL :

http://www.pandesmuses.fr/no12/mdc-lebluesroumain

 

 

 

 

Mise en page par David

 

 

© Tous droits réservés

 

Retour au sommaire du N°12

17 février 2023 5 17 /02 /février /2023 16:52

N°13 | (Auto)Portraits poétiques & artistiques des créatrices | Critique & réception | Dossier mineur | Articles & témoignages | Astres & animaux 

 

​​​​​

 

 

 

 

 

 

L’herbier retrouvé de Sabine Sicaud

 

 

 

 

 


 

Claire Tastet

Professeure agrégée de Lettres Modernes

 

 

 

 

© Crédit photo : Première de couverture illustrée du recueil de poèmes L’herbier de Sabine Sicaud, éditions des Véliplanchistes, 2021.

 

 

Grâce aux éditions des Véliplanchistes, on peut enfin lire la poésie de Sabine Sicaud, jeune poète adolescente célébrée de son temps et oubliée (ou effacée) depuis lors. C’est une des ambitions de cette micro-maison d’édition, au modèle éco-responsable, que de valoriser le matrimoine, et on ne peut que se féliciter de voir Sabine Sicaud rejoindre au catalogue Renée Dunan (déjà éditée) et Judith Gautier (en cours d’édition). 

 


Qui est-elle ?


Sabine Sicaud est une adolescente dont le premier recueil Poèmes d’enfant est publié en 1926 alors qu’elle a seulement 13 ans. Elle meurt prématurément à l’âge de 15 ans. Anna de Noailles écrit la préface du recueil et devient en quelque sorte la marraine littéraire de la jeune fille dont elle célèbre à juste titre « les rythmes brisés, rattachés, qui nous dispensent avec un heureux mouvement, le monde varié des images ». Preuve en est cette strophe de « L’allée des bambous » où les enjambements, rejets et contre-rejets dynamisent le dialogue qui se tisse avec la nature, tension entre la description bucolique et l’inquiétude qui sourd du monde extérieur.

 

Elles disent au vent : « Tu vois ;

Nos petites lames tranchantes ?

Ce sont des couteaux verts, des sabres que tes doigts

Ne détacheront pas de leur tige.  Tu vois,

Nous sommes là depuis les vieilles guerres

Et nous serons 

De la prochaine guerre… Vois nos lames claires ! 

(p.73)


Rosemonde Gérard, elle aussi, rendra hommage à Sabine Sicaud dans les Muses Françaises en 1949.  Quant à Roland Barthes, s’il la cite dans les Mythologies, c’est pour la rapprocher de Minou Drouet et pour ne rien en dire ; l’a-t-il lue ? On peut en douter mais son nom semble circuler encore en 1957. 

 


La solitude 


Sabine Sicaud, c’est un peu un anti- Rimbaud s’il fallait la comparer à un autre (et quel autre !) adolescent poète. Au fougueux et fugueur adolescent, « Petit Poucet rêveur » qui écrit sa légende « dans sa course » c’est-à-dire en s’enfuyant de la maison familiale, répond la jeune fille de la bourgeoisie provinciale, enfermée (comme toutes) dans la demeure familiale de Villeneuve-sur-Lot, nommée "la Solitude". C’est cette demeure, son jardin surtout, qui est le lieu de l’écriture, mais ce lieu n’est pas un lieu prison, il n’est pas le carcan bourgeois qu’aurait détesté Arthur, il devient le lieu de toute création. Sabine Sicaud a ceci de touchant qu’elle métamorphose en force ce qui pourrait être vu comme limitatif. C’est d’ailleurs le poème « La solitude », publié à titre posthume en 1958, qui ouvre l’anthologie proposée par les éditions des Véliplanchistes.


Solitude… Pour vous cela veut dire seul.

Pour moi - qui saura me comprendre ?

Cela veut dire : vert, vert dru, vivace tendre,

Vert platane, vert calycanthe, vert tilleul

[…]

Un mot vert… Qui dira la fraîcheur infinie

D’un mot couleur de sève et de source et de l’air

Qui baigne une maison depuis toujours la vôtre,

Un mot désert peut-être et desséché pour d’autres,

Mais pour soi, familier, si proche, tendre, vert

Comme un îlot, un cher îlot dans l’univers ?

(pp. 35-38)


Finalement, Arthur Rimbaud, celui des premières poésies, n’est peut-être pas si loin. Entre 1926 et 1928, qu’est-ce qu’une jeune fille de la bourgeoisie provinciale pouvait faire d’autre que de transformer l’enfermement domestique en acte de création libérateur, en « îlot » ? 

 


L’herbier 


L’anthologie proposée fait le choix de créer un herbier, joliment illustré par Gaëlle Privat et savamment préfacé par Wendy Prin-Conti. La démarche a de quoi surprendre car elle bouleverse la chronologie de l’œuvre de Sabine Sicaud et puise dans les deux recueils (celui publié du vivant de l’autrice et le recueil posthume paru en 1958).  Le choix a été fait de présenter aux lecteurs les poèmes consacrés à la nature, thème majeur de la poésie de Sabine Sicaud. On pourrait regretter que les poèmes plus sombres, ceux écrits dans la maladie et la souffrance, soient laissés de côté. Toutefois, la démarche de l’herbier impose sa lecture en prescrivant une méthode efficace. Comme dans un herbier, le lecteur se plaît à s’attacher à la fois au réalisme des descriptions poétiques minutieuses et au dépassement de celui-ci. Le jardin de Sabine Sicaud est à la fois arpenté au fil des chemins (tel est le titre de plusieurs poèmes) et des saisons et métamorphosé par l’écriture poétique qui invite à l’ailleurs.

 Ainsi, on se plaît à contempler l’éclosion du « camélia rouge » suivie minutieusement par l’œil de la poétesse :

 

Au milieu des plantes fragiles

qu’une vitre épaisse défend

plusieurs boutons pointent, fragiles,

un premier cocon vert se fend.

(p. 59)

 

La couleur rouge est d’ailleurs travaillée à plusieurs reprises par l’autrice, à la manière du peintre, et c’est cette fois à une métamorphose qu’elle nous convie dans « Vigne vierge d’automne » :

 

Et pourtant que vos mains sont tremblantes !

Leurs veines

Se rompent une à une… Tant de sang…

Et cette odeur si fade, étrange.

Ces mains qui tombent d’un air las,

Ô vigne vierge, d’un air las et comme absent,

Ces mains abandonnées…

 

(Lady Macbeth n’eut-elle pas ce geste

Après avoir frotté la tache si longtemps ?)

(p. 88)

 

Si la nature est contemplée, elle est donc aussi largement objet de méditation et de transfiguration poétique. Ainsi, Sabine Sicaud entretient un dialogue permanent avec la nature comme l’écrit Wendy Prin-Conti : « Chaque élément vit sous sa plume, prend de l’ampleur et s’impose au lecteur.  Chaque arbre, plante, fleur sont dignes d’être admirés, observés de près, compris. » (préface, p. 24).  On sent, bien sûr, le modèle hugolien des Contemplations qui souffle ici, notamment dans l’adresse à la nature, dans l’échange avec les éléments dont l’apostrophe est le signe : 

 

Ô bruyère, bruyère

Je croyais te connaître et je ne savais rien

(« La bruyère », p.77)

 

Mais contrairement à Hugo, Sabine Sicaud reste une modeste jeune fille qui connait sa place et s’il y a médiation, il n’y a rien là du poète prophète qui voudrait transmettre une vérité aux hommes. On est bien plus, effectivement, dans la démarche de l’herbier, création à la fois intimiste et de transmission. 


 

Jardin d’écrit

 

D’ailleurs, le jardin de la Solitude est bien souvent un lieu d’évasion, ouvertement vu et vécu comme propice à l’éclosion de l’imaginaire. Le microcosme est métamorphosé par l’acte d’écriture, il devient un ailleurs tour à tour exotique, féérique, anachronique, où entre le monde macrocosmique transfiguré par l’imaginaire de la poétesse comme dans « Le Cytise » :

 

Survient le vent

Et c’est une cascade lumineuse de topazes,

Un long feu d’artifice, un jet d’eau qui s’embrase,

Un quatorze juillet de mai ! Vois dans le vent,

La joie ardente du printemps !

 

Pas de canons, d’ailleurs, ni de Bastilles prises.

C’est la fête rustique du Cytise.

(p. 67)

 

Plus que décrit, la Solitude est donc un jardin d’écrit. Le très beau poème « L’heure du platane » fait d’ailleurs fusionner l’arbre lui-même avec l’objet livre dans une démarche sensorielle est métatextuelle, étonnante sous la plume d’une si jeune autrice. On ne peut en douter, il y a bien là projet d’écriture dont Sabine Sicaud est bien consciente. Pas de texte théorique chez Sabine Sicaud évidemment, mais certaines strophes laissent percer un art poétique qui fait de la transfiguration du réel un principe poétique, pleinement assumé et revendiqué :

 

Dans les pots d’argile, saignait

Leur sève épaisse, goutte à goutte…

Les premiers pins suivaient leur route.

 

Moi seule les accompagnais…

Vers quelle Espagne de miracles ?

Vers quelles sierras, quels châteaux,

Quels tabernacles ?

 

Non ne me dites pas tout haut

L’histoire des pins de la dune,

L’histoire vraie en quatre mots…

 

(« Les Pèlerins de la dune », p.106)

 

 

© Claire Tastet

 

L’herbier de Sabine Sicaud, éditions des Véliplanchistes, 2021. Édition limitée, 18 euros

URL de référence : https://editionsveliplanchistes.fr/produit/herbier-sabine-sicaud/

​​​​

***


 

Pour citer ce texte inédit​​​​​​

 

Claire Tastet, « L’herbier retrouvé de Sabine Sicaud »Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°13 | PRINTEMPS 2023 « (Auto)Portraits poétiques & artistiques des créatrices », mis en ligne le 17 février 2023. URL :

http://www.pandesmuses.fr/no13/clairetastet-lherbierretrouve

 

 

 

Mise en page par Aude

 

 

 

 

© Tous droits réservés

 

Retour au sommaire du N°13

Bienvenue !

 

RÉCEMMENT, LE SITE « PANDESMUSES.FR » A BASCULÉ EN HTTPS ET LA DEUXIÈME PHASE DE SA MAINTENANCE PRENDRA DES MOIS VOIRE UN AN. NOTRE SITE A GARDÉ SON ANCIEN THÈME GRAPHIQUE MAIS BEAUCOUP DE PAGES DOIVENT RETROUVER LEUR PRÉSENTATION INITIALE. EN OUTRE, UN CLASSEMENT GÉNÉRAL PAR PÉRIODE SE MET PETIT À PETIT EN PLACE AVEC QUELQUES NOUVEAUTÉS POUR FACILITER VOS RECHERCHES SUR NOTRE SITE. TOUT CELA PERTURBE ET RALENTIT LA MISE EN LIGNE DE NOUVEAUX DOCUMENTS, MERCI BIEN DE VOTRE COMPRÉHENSION ! 

LUNDI LE 3 MARS 2025

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES

Rechercher

Publications

Dernière nouveautés en date :

VOUS POUVEZ DÉSORMAIS SUIVRE LE PAN POÉTIQUE DES MUSES  SUR INSTAGRAM

Info du 29 mars 2022.

Cette section n'a pas été mise à jour depuis longtemps, elle est en travaux. Veuillez patienter et merci de consulter la page Accueil de ce périodique.

Numéros réguliers | Numéros spéciaux| Lettre du Ppdm | Hors-Séries | Événements poétiques | Dictionnaires | Périodiques | Encyclopédie | ​​Notre sélection féministe de sites, blogues... à visiter 

 

Logodupanpandesmuses.fr ©Tous droits réservés

 CopyrightFrance.com

  ISSN = 2116-1046. Mentions légales

À La Une

  • ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL | NO III
    . CÉLÉBRANT LES AUTRICES EXILÉES, IMMIGRÉES, RÉFUGIÉES... LE 8 MARS DE CHAQUE ANNÉE, LE PRIX LITTÉRAIRE DINA SAHYOUNI (PORTANT LE NOM DE LA FONDATRICE DE LA SIÉFÉGP ET DE CETTE REVUE) REDÉMARRE À PARTIR DU 14 JUILLET 2025 POUR L’ÉDITION DU 8 MARS 2026....
  • Éclats de mémoire archéologique gazaouie
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Revue culturelle des continents* & REVUE ORIENTALES (O) | N° 4-1 | Varia & Actualité Éclats de mémoire archéologique gazaouie Mustapha Saha Sociologue, poète, artiste peintre Sociologue-conseiller...
  • les charniers de l’humanité
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Catastrophes, faits de société & faits divers | S’indigner, soutenir, lettres ouvertes & hommages | Revue Poépolitique les charniers de l’humanité Poème anti-guerre par Françoise Urban-Menninger...
  • Actualités poétiques à ne pas manquer en juin ! (suite...)
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Annonces diverses / Agenda poétique Actualités poétiques à ne pas manquer en juin ! (suite...) La rédaction de ce périodique a sélectionné pour vous les événements artistiques & poétiques...
  • L’âme des choses
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Dossier | Florilège | Fictions féministes | Astres & animaux L’âme des choses Récit par Françoise Urban-Menninger Blog officiel : L'heure du poème Peinture par Mary Cassatt (1844-1926) Crédit...
  • Vertille
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Critique & réception / Chroniques de Camillæ | Dossier Vertille Chronique féministe & photographies par Camillæ/Camille Aubaude https://everybodywiki.com/Camille_Aubaude Blogue officiel :...
  • Mary Cassatt (1844-1926)
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Dossier | Articles & Témoignages | Revue Matrimoine Mary Cassatt (1844-1926) Notice biographique par Sarah Mostrel Site : https://sarahmostrel.wordpress.com Facebook : https://www.facebook.com/sarah.mostrel...
  • Suzanne Valadon (1865-1938)
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Dossier | Articles & Témoignages | Revue Matrimoine Suzanne Valadon (1865-1938) Notice biographique par Sarah Mostrel Site : https://sarahmostrel.wordpress.com Facebook : https://www.facebook.com/sarah.mostrel...
  • Le récit « Souvenirs de Chine » écrit & illustré par Marie-Jeanne Langrognet-Delacroix vient de paraître aux Éditions Astérion
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Critique & Réception | Poésie & littérature pour la jeunesse Le récit « Souvenirs de Chine » écrit & illustré par Marie-Jeanne Langrognet-Delacroix vient de paraître aux Éditions Astérion...
  • Avis de parution du nouveau recueil bilingue français-espagnol d’Aurélie-Ondine Menninger : La sangre de las aves / Le sang des oiseaux
    N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Dossier | Florilège Annonces diverses / Agenda poétique Avis de parution du nouveau recueil bilingue français-espagnol d’Aurélie-Ondine Menninger : La sangre de las aves / Le sang des oiseaux...