14 mai 2017 7 14 /05 /mai /2017 10:32

 

N°6 | S'indigner, soutenir, hommages, lettres ouvertes

 

 

 

 

Chna n Nabila (Djehnine)

 

 

le chant de Nabila

 

 

(Hommage à Nabila)

 

 

Mhamed Hassani

 

 

Ce poème extrait est reproduit avec l'aimable autorisation

de l'auteur et des éditions SEFRABER

 

 

 

© Crédit photo : Nabila Djehnine, image fournie par Mhamed Hassani

 

 

Ce poème, écrit en hommage à Nabila Djehnine militante féministe assassinée par les terroristes intégristes en Kabylie Algérie en 1995, est extrait de Divagations (prosèmes) de Mhamed Hassani, édité chez les éditions SEFRABER en 2014.

 

 

Chna n Nabila (Djehnine)

 


 

 

A sefru ur sujedegh

Amek ara a-t e arugh

Mi d sawlen I mdukal

Ad ddugh ad iligh

Gar-asen ad inigh

T’iyita ye qazen lbal

Cna n Nabila chfigh

Ye rza_yi ur shigh

A menugh-is d a kemal


 

Nabila g TOBER36

Chfan-as I berdan

Ete tt sughu af TILLELI

Ur et’ugad I maafan

S u debuz d cnawi

I-d tt alin I zerfan !

 

le chant de Nabila  (Hommage à Nabila)


 

 

Poème improvisé

Comment le transcrire

À l’appel des camarades ?

Parmi eux je serais

Faut y aller et dire

Ces coups qui réveillent les consciences !

Du chant de Nabila je me souviens

C’est mon chant je ne peux l’oublier

Son combat est continu


 

Nabila en Octobre

Les rues s’en Souviennent

Elle manifestait pour nos droits

Sans crainte des char-ognards !

À coups de poings et de chants

S’arrachent les droits !


 


 

Nabila g IBRIL

Cfann-as I berdan

Ete tt sughu af I zerfan

Ur et’ugad I maafan

S u debuz d cnawi

Ay ghellin I fergan !


 

Nabila n ussan a

D kunwi i-d y’usan

Te tt suqhum af tilleli

Te tt suqhum af I zerfan

Ur t’ugadem I maafan

S u debuz d cnawi

Ay fettin I zerfan


 

Nabila g t’udert is

D ta jedjigt ye sfeth’en

Ee nqhan-tt I maafan

T’ugra-d ta rgit is

A-tt cenun I lemzîyen :


 

S u debuz d cnawi

I-d tt alin I zerfan

S u debuz d cnawi

I ee ghellin I fergan

S u debuz d cnawi

I fettin I zerfan !


 

Nabila en avril

Les rues s’en souviennent

Elle manifestait pour les droits

Sans crainte des char-ognards !

À coup de poings et de chants

Se rompent les barrières !


 

Nabila d’aujourd’hui

C’est vous qui êtes venus

Manifester pour vos libertés

Manifester pour vos droits

Sans crainte des char-ognards !

À coup de poings et de chants

Se conjuguent nos droits


 

Nabila en vie

Fleur épanouie

Les charognards l’ont tuée

Il ne reste que son rêve

Que nos jeunes chanteront


 

À coups de poings et de chants

S’arrachent les droits

À coups de poings et de chants

Se rompent les barrières

À coups de poings et de chants

Se conjuguent nos droits

 

***

 

Pour citer ce poème

 


Mhamed Hassani (poème et photographie), « Chna n Nabila (Djehnine), le chant de Nabila  (Hommage à Nabila) », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°6|Printemps 2017 « Penser la maladie et la vieillesse en poésie » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, mis en ligne le 14 mai 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2017/djehnine.html

 

 

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Le Pan poétique des muses - dans Numéro 6
12 mai 2017 5 12 /05 /mai /2017 15:13

 

Critique & réception

 

 

Christophe Schaeffer

 

 

aImer à quatre temps

 

 

préface de Werner Lambersy, Éditions Librécrit,

 

coll. « Hors collection », 2017, 82 p.

 

Maggy de Coster

Site personnel : www.maggydecoster.fr/

Site du Manoir des Poètes : www.lemanoirdespoetes.fr/

Christophe Schaeffer, aImer à quatre temps, préface de Werner Lambersy, Éditions Librécrit, coll. « Hors collection », 2017, 82 p.

© Crédit photo : couverture illustrée du recueil,

image fournie par Maggy de Coster    


 

 

Un long poème illustré par des figures très significatives de Julie Delarme. Une complainte amoureuse qui se décline en quatre temps comme les quatre saisons d’une épreuve annoncée. Sublime bonheur évaporé dans les larmes, la séparation, le remords et le couperet !

Le poète cherche à « relever sa peine » et à la troquer contre un « mélo dit d’amour / pour aller mieux » car malade d’amour il est ce patient qui, assis au bord du vide, voit s’estomper le bonheur de vivre à deux :

 

S’écoulent le long du fleuve triste

Nos étreintes félines

 

Cela n’est pas sans rappeler Lamartine qui, dans son « Isolement », à la suite de la perte de « sa » Julie, déclare : « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ». Quand l’amour vous échappe il vous laisse un goût bien amer dans la bouche. Mais comment conjurer l’amer persistant d’un amour défunt ?

« aImer » évoque la persistance du désir de désirer l’autre face à « la dureté d’être » et s’apparente à un drame qui se joue à huis clos quand affleurent les maux et que pleuvent à torrents des regrets. Et le poète de pousser un cri de désespoir qui résonne en ces termes :

 

Comment sortir

Du cercle des défunts amants

À ne pas nous sentir vaincus

Anéantis par le temps

 

« Combien de soupirs je rendis ! » s’exclama Alphonse Allais, dans sa « Complainte amoureuse » ! Combien d’épreuves traversai-je ! Combien de déluges essuyai-je ! s’écrierait Christophe Schaeffer ! Aussi laisse-t-il soupirer son cœur endolori :

 

Je sais que ce chemin jusqu’à la lune

Est l’épreuve de soi

Et bien que sans vaisseau ni fortune

Un dos de buffle me contentera

 

Étant celui qui aime « d’un amour sidéral », il lui est sans doute difficile d’apprendre à être quand l’être aimé se dérobe de son champ existentiel. Et le vide de s’emparer de son être comme un corps inanimé enseveli dans la brume des jours :

 

Je suis ce trépas silencieux

À la poursuite de ta nuit


 

C’est un cœur qui souffre en silence et qui se perd dans un « délire d’amour » « Sous la mitraille des jours » quand :

 

L’aube

S’étire doucement

À l’endroit du monde

Où naissent tous les amants


 

« aImer, en quatre temps », un recueil de poèmes à aimer et à lire jusqu’au bout. En qualité de philosophe Christophe Schaeffer nous entraîne sur la voie de « l’humaine condition » explorée par Socrate, Montaigne et Kant pour ne citer qu’eux. Aussi nourrit-il l’espoir d’« escalader l’humaine montagne ».

 


 

Présentation de l'auteur

 

 

 

 

Christophe Schaeffer est musicien, plasticien, docteur en philosophie (Thèse autour de l’œuvre de Lévinas) et est l’auteur une d’une douzaine d’ouvrages. Premier recueil de poésie publié en 1990 : Fecha (éd. Saint-Germain-des Prés). L’avant dernier (2015) : Traces D’hématome (éd. Librécrit, préfacé par Bernard Noël).

 

 

Extrait du recueil choisi par la chroniqueuse Maggy de Coster

 

 

Tourner l’astre

Indéfiniment


 

Inviter l’être

Et le non-être


 

À la porte des chemins

Du jour et de la nuit


 

Relever la peine


 

Au centre des flammes

En contre-plongée du cœur

Le ciel s’élevant

Au-dessus des voix


 

Nous sommes le souffle Uni-

Vers

L’empreinte humaine

de

Soi

 

***

 

Pour citer ce texte

 


Maggy de Coster, « Christophe Schaeffer,, aImer à quatre temps, préface de Werner Lambersy, Éditions Librécrit, coll. « Hors collection », 2017, 82 p. », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°10, mis en ligne le 12 mai 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2017/schaeffer.html

 

 

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Le Pan poétique des muses - dans La Lettre de la revue LPpdm
12 mai 2017 5 12 /05 /mai /2017 10:15

 

N°6 | Sourires & rires féministes

 

Nouvelle rubrique dédiée aux

 

poésies caricaturale, humoristique et satirique

 

 

 

Toi en moi

 

 

 

Laure Delaunay

 

Site officiel : https://lauredelaunay.com/

 

 

Illustration de

 

Gordan Ćosić

 

Toi en moi

 

© Crédit photo : Gordan Ćosić, Rosa.

 

 

 

Ton pied dans ma chaussette.

Ton bras dans mon pull.

Ta jambe dans mon pantalon.

Ta boucle dans le trou de mes oreilles.

Ton fil dans la perle de mon collier.

Ton couteau dans mon fromage.

Ton jambon dans mon sandwich.

Ton clocher dans mon ciel.

Tes oreilles dans mon bonnet.

Ton cou dans mon écharpe.

Ton parfum dans mon flacon.

Ton eau dans ma bouteille.

Ton vin dans mon verre.

Ta main dans le fourreau de ma marionnette.

Ton stylo sur mon papier.

Ta lettre rêvée dans ma boite aux lettres.

Ton livre sur ma table.

Ton bébé dans mes bras.

Ton histoire dans mes images.

Ta vie dans ma tête, dans les moindres détails.

Tes pensées dans mes pensées.

Ton tympan dans ma cloche.

Tes fleurs dans ma jardinière.

Ton bus dans ma rue.

Ton métro dans mon tunnel évidemment…

Ton avion dans mon aéroport.

Ton moteur dans ma voiture.

Ton appareil électrique dans ma prise et ton ampoule dans ma lampe.

 

Tes cheveux entre mes doigts.

Tes yeux dans les miens.

Ta langue dans ma bouche.

Ton corps dans mon corps.

 

Ton doigt dans mon anneau.

Ton serment dans mon cœur.

Ton théâtre dans mon théâtre.

Ton pays dans mon pays.

Tes lectures dans mes rêveries.

Ta musique dans mon ordinateur.

 

 

 

Ta chapelle dans mon livre d’art, mais pas n’importe laquelle. Une chapelle très précisément italienne.

 

Un papier de toi accroché à mon mur (affiche, carte postale, quelque œuvre délicate, avec ou sans couleurs joyeuses, j’aime aussi le violet, le sombre, le vert bouteille, le gris, le bleu nuit, le bleu roi – n’oublie pas les étoiles – l’argenté, le velours – un papier, ça se touche avec délice, même si c’est un peu intouchable).

 

Ta bible dans mon étagère. Mais pas n’importe laquelle. Un truc simplifié, pour enfants. Bayard Presse.

 

Ton Coran dans mon étagère. Mais là, un truc très complexe et très poétique, qui parle des roses, du désert, de la nuit, du rythme du cœur et de rien d’autre.

 

Tes pensées dans mes images. Pas toutes, mais les plus importantes. Celles qui sont cardinales. Après, on se débrouille.

 

Mes pensées… légères ! Autonomes. Pas toutes. Celles qui sont cardinales (exemple, l’amour des enfants, la nécessité de préserver le plaisir à tous prix et la frugalité en matière de dépenses). Après, on se débrouille.

 

On tisse, on tisse ensemble.

 

Une bataille, un dialogue pour le choix des prénoms.

C’est important le prénom. On le garde toute la vie. C’est important. Qu’on le garde ou que l’on ne le garde pas, en fait, on le garde. C’est important.

 

Ton prénom dans mon poème.

Mon prénom au bas de la lettre que je t’ai écrite. Initiale L.

 

Tu sais « les cheveux de Laure étaient à l’aura sparsi »…

 

Les vers de ton poète dans ma mémoire. Pas tous, non, quelques-uns. On ne les retient pas tous. Ça ne sert pas à grand-chose de les retenir tous. Ce qui compte, c’est vibrer. Après, il y a la mémoire de l’écrit. Ça existe ça. Ça s’enracine dans le corps. Au fond.

 

L. comme Love aussi qui est tout ce dont on a besoin.

 

À Laure.

Alors.

 

Alors tu es sûr ?

Un peu de sexe aussi, juste pour se faire plaisir.

Des draps propres.

Des petites loupiotes.

Un peu de vin.

Un peu de poésie et peut-être même beaucoup. Mais pas trop. Juste ce qu’il faut. Pour se faire du bien.

Quelques pensées bien construites. Mais pas trop. Ni pas assez. Juste ce qu’il faut.

De la musique, oui. De la musique. La musique du jour, beaucoup. La musique de la nuit, un peu.

Du temps, mais pas trop.

 

Toute la douceur et toutes les hésitations de ta voix. Ton dos courbé et concentré.

Et surtout, surtout, surtout, de la gentillesse et de la douceur. De la confiance.

 

Une poésie claire.

 

Aucune vulgarité.

 

Tes bras. Le toucher comme électrique de tes mains dans mon dos. Un baiser dans le cou, tes mains autour de mon visage et ton regard qui sait se faire intense et qui sait se faire doux dans le mien qui a toujours toujours peur.

 

Un baiser de moi dans ton cou, sentir ta peau, explorer ton corps avant toute chose.

 

Ou est-ce que ta peau respire ou est-ce qu’elle parle, ou est-ce qu’elle se tait. La faire parler alors à cet endroit là où elle n’a pas encore tout dit.

 

Et puis c’est à toi de faire parler la mienne, on a tout le temps.

 

Un baiser sur les seins, un autre au creux secret des cuisses, là où c’est tout doux. De chaque côté puis au centre.

 

Mais assez prononcés les mots… en vrai maintenant.

 

Là, jeudi.

 

Je suis assise à la place que tu auras précautionneusement choisie. À côté de toi, c’est romantique. Tu me demandes comment je vais. Je te dis « bien ». Tu as entendu. On fait semblant de lire le programme. Mais on le lit quand même tout en faisant semblant. Un contact de ton pied ou de ta jambe. Et puis des étudiants autour, c’est peut-être gênant pour toi. Je ne sais pas ça. Moi je leur fais confiance. Il y a un peu urgence tu sais. Ta jambe là tout contre la mienne. Pas trop. Et puis tu passes ta main autour de mes épaules. J’ai le cœur qui bat.

 

Un peu moins d’intensité. Un peu plus de moins, un peu moins de plus. Quatre multiplications. Une soustraction. Oh, et puis non, les soustractions c’est trop compliqué. Une division. Une addition. Une à quoi tion. Heu…. Et gaule ? MC deux.

Racine au carré. Corneille au trou. Molière au balcon. Pas cotisons. Enfin, si, un peu. Il fît un lancement participatif. Et je hululis, et je pulula, et je pilulu. C’est le petit peau de la re traite de Perette.

Un nombre. Il. Premier. Soit douze fois. Multiplié par boite. Tiens. Dansons la karma yole. Vive le son. Un Kway.

Bon, bon.

***

 

Pour citer ce poème

 


Laure Delaunay, « Toi en moi », illustration de Gordan Ćosić, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°6|Printemps 2017 « Penser la maladie et la vieillesse en poésie » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, mis en ligne le 12 mai 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2017/toienmoi.html

 

 

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Le Pan poétique des muses - dans Numéro 6
12 mai 2017 5 12 /05 /mai /2017 08:48

 

Littérature de jeunesse

 

 

Raymond rêve d'Anne Crausac

 

 

ou du principe fondamental

 

 

de la littérature de jeunesse expliqué aux parents

 

 

 

Laure Delaunay 

 

Site officiel : https://lauredelaunay.com/

 

 

 

Nous sommes peut-être un peu loin de la poésie mais en plein cœur de ce qui la fait naître aussi.

***

 

Raymond rêve d'Anne Crausac ou du principe fondamental de la littérature de jeunesse expliqué aux parents


 

S'identifier à un personnage. Vivre un beau rêve qui marie les mots et les images. Développer une narration. Cultiver des sensations au contact de la personne qui lit. Découvrir un objet mystérieux et peut-être inquiétant. Ingrédients d'un livre de littérature de jeunesse. Ingrédients d'un livre tout court que la littérature de jeunesse condense pour s'adapter aux apprentis lecteurs. Car se faire lire un livre c'est déjà lire, l'autonomie en moins.

Raymond rêve est une sorte d'épure de tout cela. Un précis de littérature.

L'histoire est très simple : c'est le printemps, deux escargots se rencontrent, tombent amoureux et ont de nombreux petits escargots. L'un d'eux, Raymond, est inquiet face à la vie. Alors il se met à rêver, à se rêver, en de multiples facettes, en girafe, en cerise, en pomme d'amour, en éléphant, en loup, en fraise. La rêverie est à la fois logique et illogique, comme dans les vrais rêves. Et puis, il réalise. Après tout, ce n'est pas si mal d'être un escargot. On peut voyager. Et surtout, du jour où on est soi-même, on peut s'ouvrir à la rencontre de Juliette. L'album se clôt sur des arbres gros de fruits. C'est l'été.

Parcours. Condensé de vie affective. Un tracé.

Un programme presque. Qui dit qu'aimer c'est guérir, ou que pour aimer, il faut être guéri.

Un contrefort pour éviter de s'oublier en route. Pour que l'adolescence soit sereine ou du moins pour en sortir un jour. Il faut se raconter des histoires pour se construire une identité propre. Il faut ne plus s'en raconter pour partir en voyage. Et s'offrir une chance de rencontrer l'âme sœur. Leçon simplissime de vie.

Poésie, au sens grec d'une production de l'esprit, des adultes vers les enfants. Récit d'expérience.

Éducation. Conduire hors de. Hors du monde des rêves.

Est poétique ce qui nous ramène vers nous même. À pas de loup... à bave d'escargot...

Bien sûr, l'escargot est la métaphore par excellence de la sexualité. Il est sans doute un peu tôt pour en parler. Mais affirmer qu'il lui faut de la douceur et un rien d'imagination est très certainement conforme à ce que le bébé a peut-être expérimenté déjà et à ce qu'il sera amené à refouler un peu plus tard.

Ce livre accompagne à merveille me semble-t-il le deuxième âge de la vie correspondant à la maternelle car il rassure sur ce qui a été traversé avec les parents et médiatise les premiers temps de la socialisation tout en accompagnant les progrès cognitifs qui prendront corps en primaire, au moment des apprentissages fondamentaux. Cette parcelle d'enfance, à l'adolescence servira de repère. Et quoi de plus beau, une fois adulte, que de redécouvrir tout cela dans un livre à l'occasion d'une parentalité. Quoi de plus troublant. Mais quoi de plus lumineux.

Le fond blanc des dessins graphiquement soignés raconte parfaitement l'émotion de cette découverte.


 

J'ose trois conseils. Quatre ans, vers quatre ans, c'est l'âge auquel est refoulée la vie corporelle du bébé, en même temps que sont parfaitement assimilés les apprentissages basiques (la marche, la parole, la propreté). S'ouvre alors la socialisation et des questionnements sur papa et maman. Si un deuxième enfant naît dans ce moment, il convient d'être attentif au premier qui pourrait être perturbé d'avoir sous les yeux le témoin d'un âge qu'il cherche à dépasser. De même, autant que faire se peut, éviter de déménager entre la maternelle et la primaire, à l'âge précis du CP. L'enfant a alors besoin de stabilité affective. Il ne s'agit pas bien sûr de ne pas déménager s'il le faut. Mais d'accompagner ce changement qui pour l'enfant est source d'angoisse. Un livre, alors, auquel il pourra se raccrocher et surtout, beaucoup de verbalisation avec les parents. Ce n'est pas parce qu'un enfant donne tous les signes extérieurs d'une bonne adaptation qu'il ne vit pas intensément les choses. Intensément et peut-être mal, surtout si on ne verbalise pas. Et puis à l'adolescence ? Pas trop de curiosité mais une grande vigilance. Respecter l'intimité tout en étant très attentif et très cadrant. Veiller à ce que l'image que l'adolescent a de son corps soit positive. Cela passe par de toutes petites choses. Un certain confort. De l'intimité et aucune allusion directe à ce qui se passe en lui. Avoir ses règles ou une éjaculation pour la première fois n'a pas à être un événement familial. Cela se parle, dans les familles nombreuses, disons, dans celles où il y a une fratrie, dans le rapport aux parents (peu importe, absolument peu importe le sexe du parent à qui l'on en parle, c'est à l'enfant de choisir) ou aux personnes qui ont en charge son éducation. Pas devant les amis, pas devant les frères et sœurs, pas devant les copains de l'enfant.


 

Effarée qu'il faille rappeler ces quelques vérités, je renvoie à l’œuvre de Françoise Dolto*, croyante fervente. Catholique. Douce. Et qui disait aussi, parce qu'elle se dévouait corps et âme (on raconte qu'entre deux consultations, elle courrait faire le tour du pâté de maison pour se libérer des émotions qui y était nées) que dans la vie elle n'était qu'une « pauvre femme ». Vérité absolue : les enfants savent mieux que nous ce qui leur fait du bien, il suffit de les écouter. Autre vérité absolue : super maman ou super papa n'existe pas. On est condamné à faire mille erreurs si 'on veut à tous prix être parfait.

Pour s'amuser un instant, consultez aussi le « Guide du mauvais père », une bande dessinée humoristique destinée aux hommes et à leur peur ou le Guide du bébé** et tous les livres qui dédramatise la responsabilité parentale et en font une expérience plus qu'un métier. Un jeu, une aventure.

 

 

 

* Pour revivre l'expérience de sa voix, est sorti un coffret complet de Lorsque l'enfant paraît aux éditions Frémeaux et associés.

** Et plus généralement, toutes œuvre de Goupil (Ma femme attend un enfant... moi aussi, Le livre d'or du mariage, Devenir le mari idéal, c'est possible, etc.)

 

***

 

Pour citer ce texte

 


Laure Delaunay, « Raymond rêve d'Anne Crausac ou du principe fondamental de la littérature de jeunesse expliqué aux parents », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°10, mis en ligne le 12 mai 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/raymond-reve-anne-crausac.html

 

 

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Le Pan poétique des muses - dans La Lettre de la revue LPpdm
12 mai 2017 5 12 /05 /mai /2017 08:22

 

Dossier majeur | Textes poétiques

 

 

Malade d'amour

 

Dina Sahyouni

 

 

© Crédit photo :   Camille Claudel,  La Valse, domaine public, image trouvée sur Commons

 

 

 

 

Parce que tes lèvres suintaient l'amour d'antan

joyeusement, elles appelaient les miennes

pour une rencontre insolite

dans une danse frénétique, macabre

nos lèvres s’embrassaient, virevoltaient

en envolées lyriques, limpides

l'amour ressemble étrangement à la mort,

une mort soudaine, sans regret, ni pleurs

dans tes yeux, mon outre-tombe

 

 

 

parce que tes lèvres solitaires soupiraient en silence

en attendant les miennes

je me retrouve bonnement malade de toi, malade d'amour

et les vautours – tous ces beaux jours manqués –

me guettent quand je suis seule dans ma tour d'ivoire

en Autistan*, j'ai froid parfois,

mon paradis de mille milliards feux d'artifice

se meurt sans ta joie, ni tes mains qui m'entourent mon amour

 

 

 

Parce que tes lèvres perlent d'amour

pour toujours, elles enivrent les miennes

l'amour ressemble étrangement à la résurrection,

une résurrection soudaine, sans fard, ni feinte

dans tes yeux, mon cénotaphe**

 

 

 

 

 

 

 

* Ce terme a été créé par Josef Schovanec

** Inspiré en partie des deux chansons Dreams & When You're Gone du groupe The Cranberries, ce poème défend le droit au bonheur des personnes nées avec autisme.

 

***

 

 

Pour citer ce poème

 


Dina Sahyouni, « Malade d'amour », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°6|Printemps 2017 « Penser la maladie et la vieillesse en poésie » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, mis en ligne le 12 mai 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2017/malade-amour.html

 

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Le Pan poétique des muses - dans Numéro 6

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