23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 14:38

 

 

 

 

 

 

 

 

Commençons par le commencement, et cette fois-ci nous préférons oublier la formule magique Il était une fois pour prononcer celle d'une aïeule bien connue :
 

 

On ne naît pas femme, on le devient

 

(Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe) 


 

 

Le Pan poétique des muses revendique ainsi sa parenté intellectuelle féministe sans pour autant nier ses autres racines...

Les difficultés rencontrées s'effacent quand on pense au bonheur de transmettre une idée noble et nécessaire au bien commun de toute l'humanité. 

Le récit de la naissance douloureuse/heureuse du pan poétique des muses s'écrit déjà et nous dépasse... 

Cependant, nous voudrions commencer le numéro par le mot Merci qui exprime bien notre sentiment à l'égard de celles et de ceux qui ont contribué au lancement de la revue et qui ont soutenu notre projet.

 

 

 


Toute l’équipe de la revue vous souhaite une bonne lecture et une agréable promenade poétique en notre compagnie. N’hésitez pas à nous faire part de vos suggestions, avis et/ou de nous faire parvenir vos poèmes, articles et autres propositions.

 

  Qui nous soutient ?

 

 

 

Le pan poétique des Muses - dans n°0|Automne 2011
23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 14:38

 

 

[invitée de la revue] 

 

 

La femme est-elle l’avenir de la poésie ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Marine Deffrennes


Article reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteure et de l'excellent site terrafemina.com


 

 

 

 

   

 

Muse, confidente, être aimé et idéal, la femme a fait chanter les poètes à travers les siècles. Le Printemps des poètes 2010 propose de regarder par l’autre bout de la lorgnette, dans le cercle des poètes, la parité n’a pas attendu les lois et les quotas…  



 

Les nouvelles voix de la poésie

 



Le mot célèbre d’Aragon –« La femme est l’avenir de l’homme », 1963- a eu beau faire chanter les hommes, il a fallu attendre l’émancipation des femmes pour qu’on veuille bien s’intéresser à leur poésie. Récusant toutes l’appellation « poétesse », parce que le mot est connoté de mièvrerie et de fadeur, elles ne veulent pas de la distinction de genre. « Le poète n’a pas de sexe» nous dit Claudine Helft, poète et romancière, présidente du Prix Louise Labé. Les femmes poètes contemporaines admettent néanmoins que l’édition et les cercles littéraires n’ont pas toujours accueilli la gent féminine avec le même enthousiasme.

Depuis sa création en 1999 par Jack Lang, le Printemps des poètes n’avait pas encore mis les femmes sur le devant de la scène. Président de cette quinzaine poétique nationale, Jean-Pierre Siméon se montre satisfait de la petite polémique née du choix du thème 2010 : « Couleur Femme ». Les uns auraient préféré la formule au pluriel, les autres craignent qu’on crée une catégorie là où il n’y en a pas. J.-P. Siméon veut surtout attirer l’attention sur l’absence des femmes dans les anthologies d’histoire littéraire : « La poésie, comme les autres arts,  a été tributaire du machisme dominant. La plupart des femmes poètes ont été redécouvertes au XXe siècle. »

« Des voix majeures et prometteuses »
Renversement spontané ou revanche du deuxième sexe, la poésie contemporaine affiche une parité exemplaire. « Depuis une vingtaine d’années, c’est évident, on constate une émergence forte des femmes en poésie, et pas au second plan, ce sont des voix majeures et prometteuses, comme Gabrielle Althen, Vénus Khoury-Gata ou Marie-Claire Bancquart. »
Selon cette dernière, écrivain et professeur émérite à la Sorbonne, il a fallu attendre que les femmes acquièrent un rôle social, -travail, droit de vote-, pour qu’on accepte qu’elles tiennent la plume : « il n’y a qu’à se souvenir des difficultés de Colette, au début du siècle dernier, pour se faire accepter en tant qu’écrivain. On trouvait scandaleux qu’une femme puisse se livrer à une telle introspection. »

 

 

 

Le spectre de Laure

 



 Au-delà de quelques exceptions retenues par les manuels scolaires, comme Marie de France, Louise Labé, Marceline Desbordes-Valmore ou Anna de Noailles -des femmes rebelles ou des aristocrates très cultivées-, il n’était pas dans les prérogatives des femmes d’écrire, « elles étaient peu préparées à une indépendance de sensation et n’avaient pas pour la plupart une maîtrise de la langue suffisante pour composer des poèmes », explique M.-C. Bancquart, poète et professeur en littérature. C’est dans le rôle de muse, d’objet idéal et de fantasme que les femmes ont brillé dans la poésie.

« Il a fallu du temps pour désamorcer les clichés »
A l’origine, il y a la Laure de Pétrarque. Adulé et imité sans relâche par les poètes français de la Pléiade, le Canzoniere du célèbre italien – XIVe siècle- érigeait la femme aimée au rang de déesse, créature immatérielle, dénuée de voix. De Laure naissent les icônes de la poésie française, l’Olive de Du Bellay, l’Hélène de Ronsard, jusqu’à Elsa Triolet, célèbre compagne et muse d’Aragon. « Les poètes ont créé ce mythe de la femme idéale, à aimer et à admirer, et il a fallu du temps pour désamorcer ces clichés », analyse J.-P. Siméon, poète et dramaturge président du Printemps de poètes. Pour M.-C. Bancquart, « les femmes elles-mêmes ont mis du temps à comprendre que la poésie n’était pas une confession ou des sentiments mis en vers, mais un travail sur la langue rigoureux. »

Ce sont pourtant des égéries d’artistes du début du XXe siècle qui ont favorisé le réveil des mentalités, nous dit J.-P. Siméon : « Dans leur rébellion anticonformiste et antibourgeoise, les Dadaïstes et les Surréalistes ont favorisé l’émergence de femmes intellectuelles, comme Gala, muse de Salvador Dali, ou Elsa Triolet qui était elle-même écrivain, Joyce Mansour, ou encore Gertrude Stein aux Etats-Unis. André Breton revendiquait l’union libre et la reconnaissance de la sexualité féminine ». Des idées qui prennent de l’ampleur dans les années 60 où quelques femmes s’emparent de la rime et du vers pour s’affirmer et s’émanciper. 

 

 

 

Y a-t-il une écriture féminine ?

 

Les poètes françaises ne veulent pas de ce débat, voire s’en offusquent. Pourtant Jean-Pierre Siméon, poète et agrégé de lettres modernes, remarque que la question se pose encore chez ses consoeurs américaines ou anglaises : « Il y a un partage clair entre celles qui refusent cette catégorisation et celles, dans le monde anglo-saxon, qui revendiquent un apport spécifique des femmes à la poésie. Des chercheuses nord-américaines féministes. » Evelyn Accad, Professeur émérite de littérature à l’Université de l’Illinois (USA), confirme : « Je pense que le langage de la femme diffère de celui de l'homme, c’est un sujet qui a été développé par tout le mouvement de l'écriture féministe des années 70/80. »


« Une poésie féministe exacerbée, politisée »

C’est en effet à cette époque que se développe la critique littéraire féministe, qui intègre la notion de genre dans l'analyse des textes. Patricia Godi-Tkatchouk*, enseignant chercheur à l’Université Blaise Pascal à Clermont-Ferrand, en a fait sa spécialité de recherche : « Théoriciennes et poètes américaines, comme par exemple Adrienne Rich, ont écrit de la poésie féministe, exacerbée,  parfois séparatiste, homosexuelle, tandis que les Françaises n’ont pas cherché à écrire des poèmes militants. »


C’est pourtant une Française qui invente la notion d’écriture féminine en 1976. Dans Le rire de la Méduse, Hélène Cixous propose une lecture des textes littéraires sous l’angle féminin : la « gynocritique » -de la racine grecque gyn, femme-, débarquait en France. «  A cette époque des femmes se sont démarquées en écrivant de la poésie osée, érotique ou même lesbienne, c’était leur engagement », explique Claudine Helft, qui évoque Pierrette Micheloud, poète et créatrice du prix Louise Labé avec la journaliste Edith Mora en 1964, Gabrielle Marquet, ou  encore Andrée Chedid « dont certains poèmes transpirent une féminité revisitée ».


« Je peux écrire au masculin »

Comme pour marquer le dépassement du courant agressif et différentialiste du féminisme, les « contemporaines » -Albane Gellé, Sapho, Marie-Claire Bancquart, Marielle Anselmo, Camille Aubaude, Claude Ber, ou encore Béatrice Bonhomme-, se côtoient dans les anthologies féminines, tout en niant que leurs textes soient marqués par leur sexe. Dans la plupart des cas, on ne saurait deviner si le poème, présenté de façon anonyme, est l’œuvre  d’un homme ou d’une femme.
Dans la patrie de Verlaine, d’Eluard et de George Sand, la lyre ne serait pas une affaire de sexe, mais de mystère, explique Claudine Helft : « Qu’importe le poète, je peux écrire au masculin si je veux. Mais si on enlève à la poésie le mystère et le sacré, ce voile transparent qui la rend si attirante, elle n’est plus rien. »



*
Voi(es)x  de l’autre, poètes femmes du XIXe-XXIe siècles, études réunies et présentées par Patricia Godi-Tkatchouk, Actes du colloque de Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal, publications du CELIS, collection "Littératures", 2010. 

 

ALLER PLUS LOIN :

Rencontre avec Sapho, poète mi-rockeuse, mi-diva

Lire le poème de Marie-Claire Bancquart, Autour de moi, solitudes éteintes.

Lire le poème de Sapho, La femme.

Qui a peur du féminisme ?

 

 

 

 

 

 

 

Pour citer cet article

 

 

 

 

 

Marine Deffrennes, « La femme est-elle l’avenir de la poésie ? » (article reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteure et de l'excellent site terrafemina.com), in Le Pan poétique des muses|Revue de poésie entre théories & pratiques : « Poésie & Crise » [En ligne], n°0|Automne 2011, mis en ligne en octobre 2011. URL. http://0z.fr/zowRV                 ou

URL. http://www.pandesmuses.fr/article-la-femme-est-elle-l-avenir-de-la-poesie-85215756.html

 

 

 

Pour visiter le site de l'auteur(e)

 

 

 

La femme est-elle l'avenir de la poésie - Terrafemina  ou 

http://www.terrafemina.com/culture/livres/articles/609-la-femme-est-elle-lavenir-de-la-poesie--.html

 


 

 

 

Auteur(e)

 

 


 

Marine Deffrennes

 

 

 

 


Marine Deffrennes - dans n°0|Automne 2011
23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 14:37

 

Éditorial du n° 0 de la revue


 

 

Les Muses sont-elles en bourse au marché aux idées ?

 

Esquisse à propos du conflit d'intérêts des valeurs du

 

capitalisme cognitif et des valeurs de la poésie

 

 

 

 

 

 


La poésie est un genre que l'on s'évertue à voir là où il n'est pas ― dans un coucher de soleil, dans le slam, dans les convulsions scéniques d'un artiste ― et à ne pas voir là où il se trouve : dans un tête-à-tête du poète avec la langue. Son insignifiance économique la condamne à l'obscurité ; pourtant, les recueils, les revues, les sites qui lui sont dédiés continuent de fleurir. Et réservent de belles découvertes à ceux qui prennent la peine d'y accoutumer leur œil et leur oreille. […] Ce que je viens d'écrire est pour défendre le point de vue suivant : que la poésie a lieu dans une langue, se fait avec des mots ; sans mots pas de poésie ; qu'un poème doit être un objet artistique de langue à quatre dimensions, c'est-à-dire être composé à la fois pour une page, pour une voix, pour une oreille, et pour une vision intérieure. La poésie doit se lire et dire. (Jacques Roubaud)

Baudelaire dit que la poésie est un placement à long terme ; c'est une phrase cynique où s'exprime la lenteur de la lecture du poème. La lenteur de ses relectures. (Philippe Beck )

L'opinion selon laquelle il y aurait une «crise» de la poésie en France aujourd'hui est un lieu commun. À vrai dire cette opinion concerne non seulement la poésie, mais la littérature en général dont les derniers documents statistiques montrent qu'elle occupe une place très restreinte, voire de plus en plus restreinte, dans ce que les sociologues appellent les « pratiques culturelles des Français ». Mais si c'est de la crise de la poésie que l'on parle plus volontiers, c'est parce que celle-ci est patente (elle n'est pas masquée par le «succès» d'une poésie commerciale comme c'est le cas pour le roman) et, peut-être, irréversible. Il est de ce point de vue significatif que, lorsqu'il arrive aux journaux ou aux revues de consacrer un article un peu synthétique à « la poésie », ils le font toujours en des termes qui impliquent la prise en compte d'une situation de crise, pour la confirmer ou bien, au contraire, mais cela revient en fait au même, pour la mettre en doute et la contester. (Jean-Marie Gleize) 

 

 


La poésie est tantôt adulée, tantôt critiquée, tantôt savourée, tantôt meurtrie… Fragile comme le féminin, subtile et fine... Qu'elle soit affranchie ou assujettie aux contraintes, elle demeure l'art de dérobades, de finesse, d'éloquence, de Mnémosyne et de tout ce qui renferme l'humain et le libère à la fois.

La poésie n'a jamais été aussi libre, fleurie et diffusée que de nos jours, et pourtant elle est l'art d'écriture le plus difficile à manier et le plus (mal) aimé ; cet art majeur est rendu  mineur par l'effet du capitalisme (cognitif) et de sa quête effrénée des valeurs marchandes.

Que fait-on des Muses qui n'ont plus la cote ?! Mais si, elles en ont seulement quand elles font des slogans : leur poésie commerciale est la seule qui se porte merveilleusement bien : c'est un marché bien juteux et lucratif.

 


 

Le syndrome de Malade imaginaire ou l'histoire de crise en crise

 


 

Depuis des siècles, on court à son chevet, on assiste la malade de ce je ne sais pas quoi qui l'empoisonne et/ou la dénature. Est-elle vraiment malade ?! On (se) pose des questions, on la pleure, on congédie ses détracteurs, on hurle Au secours ! Sauvons-là, on prie, on se mire…

Des articles, des études et des statistiques, le fait est là, toutefois depuis des siècles, on tombe toujours sur le même diagnostic (même si les symptômes sont différents) : il y a bien une Crise de poésie quelque part, si ce n'est plus des crises littéraire, esthétique, de versification, de poète, de poéticité, d'édition, c'est une crise économique. Mais de quelle économie parle-t-on ?! Il ne s'agit pas d'économie des affects  (même si elle régit, totalement ou partiellement, les marchés des arts, imprimé, slogan, etc. et pousse à la consommation) mais du marché cognitif, des spéculateurs et de spéculations sur les vie, décadence, vitalité, importance, place, mort, etc. de la poésie. On n'imagine pas, tout le monde l'affirme ici et là-bas qu'elle souffre simultanément la passion et le délaissement, l'adulation et le désenchantement, la suprématie absolue de l'Art et le fait d'être son enfant terrible.

Parle-t-on encore des maux du plus beau de tous les arts, celui qui nous attire et répugne à la fois, qui tend la main pour nous emporter dans ses sphères intuitives et prophétiques, celui qui nous renvoie à notre condition humaine de simples mortel(le)s dépourvu(e)s de tout pouvoir face à la beauté, à la laideur et à l'absurdité du monde. La poésie qui s'imprime dans nos gestes et laisse ses empreintes dans nos âmes, l'art qui tatoue les corps et les sublime est aussi l'art traversé par toutes les crises identitaires, sociologiques, idéologiques, économiques, littéraires, langagières, artistiques et éditoriales.



 

Mais de quel mal souffre-t-elle réellement ?

 


 

Toujours sublime, emphatique, prophétique et engagée, la poésie est partout et en même temps nulle part car elle ne trouve plus sa place dans les cœurs des gens.

Rendue superficielle, publicitaire et objet désuet de rimes et d'études formatées, elle cherche encore des moyens pour se renouveler et rebondir ; on constate ainsi qu'éditer n'est plus un problème, les maisons d'édition sont nombreuses, les revues numériques, les forums, etc. Pourtant quelque chose empêche le même lectorat qui lit gratuitement les poètes (jeunes ou confirmé(e)s) de prendre la peine d'acquérir leurs livres (numériques ou papiers). Payer pour avoir des textes poétiques n'est pas à la mode. Le marché de la poésie stagne, piétine, la demande est presque invisible par rapport à l'offre…

Évoquons-nous le même constat que les autres. Certes, inutile de nous leurrer ou d'omettre le plus grave de ses maux : sa crise éditoriale qui n'est que le pâle reflet d'une gangrène plus ancienne qui est celle de sa valeur (cognitive) marchande. Publier (ou être édité(e)) par les maisons d'éditions classiques (car dites à compte éditeur) est un problème en soi, vendre son livre de poésie c'en est un autre. Le constat est unanime, la poésie n'a jamais aussi « proliférée » que de nos jours et cela grâce au net mais, elle n'a jamais été aussi mal aimée des lectorats-consommateurs. On dirait même que sa gratuité la dévalorise…

 


 

Que fait-on de nos Muses, précis historique…



 

Revenons quelques années en arrière pour saisir l'ampleur de l'actualité éditoriale de la poésie et de son marché (qui fait partie du marché de l'imprimé touché par plusieurs crises depuis des années). On se rappelle, entre autres, l'étude importante de Sylvain Menant sur La chute d'Icare, la crise de la poésie dans la première moitié du XVIIIe siècle, dans laquelle, le brillant universitaire dresse une cartographie des lieux et des idéologies qui ont miné de l'intérieur le plus mythique des arts littéraires (l'art poétique) et l'ont affaibli mais  non pas pour longtemps puisque les nombreuses querelles succinctes des Anciens et des Modernes l'ont transformé et libéré de ses anciennes contraintes. Au moment le plus critique, au siècle le plus géométrique, sceptique et rationnel (où la critique règne et les morbidité,  préromantisme et autocritique existent aussi…), on pensait que la poésie est en train de mourir face aux succès des genres littéraires « secondaires » de l'époque (comme le roman). Or, on découvre un art qui s'infiltre dans toutes les catégories de la société et se métamorphose plus que jamais dans des pratiques sous-jacentes et fugitives, usant de tous les circuits et contre-circuits secondaires de diffusion et des genres (in)connus, exp(l)osant ainsi les conventions économiques, politiques et idéologiques de tout ce que l'on connaît depuis la nuit des temps sur l'art poétique. Adulée et en même temps critiquée, la poésie immigre vers les lieux les plus discrets et s'épanouit dans les territoires les plus improbables. On retrouve ses traces dans la presse, dans les mémoires, dans les correspondances, etc. Une poésie mondaine, de circonstance, poissarde, fugitive et engagée qui parle de tout et de rien liant le public de toutes les classes sociales et construisant des sociabilités fondées sur des connivences et des traditions socio-culturelles communes. Au moment où l'Imprimé prolifère, se vend et les premiers hommes et les premières femmes de lettres commencent à épouser les métiers du livre et d'en vivre (le cas par exemple des sœurs Wouters ou de Sophie de Renneville), à connaître ses succès et ses échecs, la poésie circule dans des réseaux de gratuité, sous le manteau, se lit dans les cafés comme dans les salons, pour entre autres, amuser, critiquer, former, formater et propager les savoirs. Elle est partout et remémore tous les genres qui lui permettent de « résister » (selon le dire de certains), toutefois, elle ne fait qu'évoluer et être l'avant-gardiste de la modernité, rien que l'image et le fait condensés du vivant.

La poésie de nos jours emprunte les mêmes chemins que celle du XVIIIsiècle. C'est vrai que les temps, les faits, les motifs sont bien distincts et ne peuvent pas être interprétés de la même manière, néanmoins, l'introspection de l'histoire de l'art poétique et de ses nombreuses avant-crises, crises et après-crises nous aide à mieux comprendre le mal qui le frappe actuellement.



 

Poésie = faire vers des ambivalences poétiques 

 


 

On sait que la poésie qui se vend aujourd'hui est celle qui sert de leitmotiv et de base aux slogans publicitaires, politiques, sanitaires, économiques, etc. Cette poésie marchande rapporte beaucoup et on ne parle que rarement de l'argent généré par elle et des conséquences de l'image dégradante de la poésie qu'elle imprime dans les esprits. Or, elle est celle qui engendre les histoires et leurs performatifs qui génèrent les profits des enseignes en transformant la culture de consommation en nécessité sociale qui répond aux besoins naturels de notre espèce. Cette poésie-là pérennise leurs représentations qui envahissent nos sociétés, nous poussent à la consommation et formatent nos esprits par leurs fonctions répétitives. La plus-value de cette poésie capitaliste est bien différente des valeurs idéologiques de l'art poétique : les valeurs mercantiles du Marché capitaliste qui prostitue les Muses sont à l'encontre de l'éthique poétique et personne ne l'ignore. En effet, les fonctions de la poésie sont récupérées non seulement par le marché depuis l'aube de l'humanité et transformées en production commerciale, mais de nos jours, elles sont aussi assujetties au capitalisme cognitif qui va jusqu'à l'utilisation de l'éthique de la poésie elle-même pour arriver à ses fins. Contrairement à ce que l'on pense, le problème de la poésie n'est pas vraiment celui de sa diffusion mais plutôt de sa place et de sa considération. Son problème culmine dans le fait d'être l'art qui condense les savoirs pour les transmettre sous une forme facile à mémoriser. Elle est aussi l'art de don et de partage de connaissances (le concept « mimèsis » de la poésie d'Aristote est dans le fondement de l'art d'apprendre et de transmettre par imitation). La gratuite de la poésie est ainsi sa condition même d'être car elle est Altruisme (rappelons-nous l'éthique de réciprocité).

Si l'étymologie du terme « poésie » nous renvoie au « faire » et à la notion de puissance d'agir, ce faire-là ne s'inscrit pas seulement dans une logique d'économie symbolique mais dans une structure et une éthique du « care » puisque prendre soin de l'autre est son fait et cela en lui inculquant du savoir condensé et condensateur du temps réel et/ou irréel. Est-ce que c'est la gratuité qui tue le marché de la poésie. Bien sûr que Non, la poésie a toujours été l'art qui incarne le mieux la générosité que représente le don.

Ce n'est donc ni la diffusion qui nuit à la poésie (mais plutôt sa qualité), ni le peu d'intérêt que les éditeurs/éditrices lui accordent dans leurs catalogues (effet d'une cause plus profonde) et ni sa gratuité (comme on l'a vu), mais l'utilisation capitaliste de ses pouvoirs (idéologiques et esthétiques) et de son éthique. Débarrassée de ce qui lui fait du mal, la poésie pourra retrouver les faveurs du lectorat-consommateur.

Que faire, comment dans ses océans de poésies diverses et ambivalentes trouver les poètes qui méritent que leurs voix dépassent les autres (ou pas), comment vendre l'art qui s'est toujours rendu conjointement incessible et un don que l'on offre par altruisme ?

Comment vendre l'art qui est tout un savoir compacté dans un tissu sonore, symbolique, futile et airain, tout un univers rendu palpable, pensable, racontable, vivable et avouable en peu de lignes ou vers ? Que faire d'un art indomptable qui suit le plus humain en nous, qui s'imprime en mélodies du vivant, que faire d'un art qui se refuse à toute économie marchande et ne s'autorise que celles du symbolique et d'affects irrationnels ?

L'art poétique est celui qui se met au service de tous les autres arts sans pour autant se proclamer d'aucune parenté monétaire ; sa parenté est seulement le littéraire. Il est né pour répondre à notre besoin naturel de culture : de ce savoir, de le conserver et de le transmettre à travers l'espace-temps. Démultipliant alors les akènes de cet art, semons ses graines dans toutes les sphères dans le temps pour faire toujours pousser le littéraire. Mettons de cet art qui prend soin de nos âmes et mémoires sans se proclamer autre que ce que nous sommes à travers le temps passé, présent et avenir en devenir dans chaque instant de nos vies pour mieux le vivre en harmonie avec les autres. C'est le « care » des arts qui ne peut que se donner sans attendre au retour. Écrire de la poésie, c'est bien élaborer et labourer de l'imaginaire, sa valeur marchande ne serait se faire ainsi.  

Vivre de sa poésie, est-ce pensable ceci ?! On en doute fortement, par contre, pourquoi nous ne donnons pas aux poètes la possibilité d'éditer sans toujours taxer les métiers du livre de valeurs capitalistes.Si tout le monde est ou presque unanime pour parler du problème d'édition de poésie lié à sa diffusion, les solutions et les moyens d'apporter son soutien ne sont pas les mêmes. Chacun(e) dit/fait ce qu'il lui semble une panacée à ce mal qui n'en est pas un (puisqu'il est l'effet et non pas l'origine comme on l'a démontré).

Rendons donc à l'art poétique tous ses titres de noblesse d'antan en renouvelant son image poussiéreuse entichée de la plus-value des formes du capitalisme. En lui rendant ses propres valeurs et sa plus-value littéraire (altruiste) pour réconcilier les désirs et les plaisirs de l'écrire, de le lire et de l'acquérir comme un livre de chevet.



 

Bibliographie sélective



I-Livres


_ (dir.) CHARLE, Christophe, ROCHE Daniel, Capitales culturelles, capitales symboliques : Paris et les expériences européennes : XVIIIe-XXe siècles, actes du colloque international organisé au Collège de France du 21 au 23 octobre 1999, Paris, Publications de la Sorbonne, 2002

DECAUNES Luc, Poésie au grand jour: regards sur la poésie contemporaine, Champ Vallon, 1982

_ FOURNEL Paul, Besoin de vélo, Seuil, coll. « Points », Paris, 2002

_ GARRAU Marie, LE GOFF Alice, Care, justice, dépendance - Introduction aux théories du care, Paris, PUF, 2010

_ GREVEN Hubert A., La langue des slogans publicitaires en anglais contemporain, Paris, Presses Universitaires de France, 1982

_ KRÁL Petr, Fin de l'imaginaire ou Au-delà des avant-gardes, Bruxelles, Ousia, 1993

_ (dir.) MOLINIER Pascale , LAUGIER Sandra , PAPERMAN Patricia, Qu'est-ce que le care ?: Souci des autres, sensibilité, responsabilité, , Payot, 2009

_ NUROCK Vanessa, Carol Gilligan et l'éthique du care,  Paris, PUF, 2010

_ MENANT, Sylvain, La Chute d'Icare. La Crise de la poésie française dans la première moitié du XVIIIe siècle, Genève, Droz, 1981.

_ ROCHE, Daniel, Histoire des choses banales: naissance de la consommation dans les sociétés traditionnelles, XVIIe-XIXe siècle, Paris, Fayard, 1997

_ SALMON Christian, Devenir minoritaire. Pour une politique de la littérature, entretiens avec Joseph Hanimann, Paris, Denoël, 2003,  Storytelling la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits, Paris, La Découverte, 2007, Storytelling saison 1 : Chroniques du monde contemporain, Paris, Les Prairies Ordinaires, 2009 

II   Articles et/ou sites


 

_ARISTOTE ,  Poétique, par Olivier Gaiffe (http://audiolivres.wordpress.com/2009/03/26/aristote-poetique/)

_ BRENDLÉ Chloé, « La poésie en vers et contre tout », in Le Magazine littéraire, n°499, url http://ecrivainsenherbe.forumculture.net/le-monde-de-l-edition-f44/edition-de-la-poesie-t20126.htm 

_ CAVIGLIOLI David, « L'édition, c'est pas de la poésie Robert Laffont gèle les Editions Seghers » http://bibliobs.nouvelobs.com/20091029/15565/robert-laffont-gele-les-editions-seghers 

_ DESPAX Jean-Luc, « Poésie de la Résistance, Résistance de la Poésie », in la revue Le Monde diplomatique (url :

_ « Entretien avec Le chat qui tousse par Sabine Chagnaud », sur le site TERRE à CIEL Poésie d'aujourd'hui L'arbre à parole http://terreaciel.free.fr/arbre/chatkitousse.htm 

_ GLEIZE Jean-Marie, «  La poésie morte ou vive », in  Études françaises, vol. 27, n° 1, 1991, p. 103-117. (http://id.erudit.org/iderudit/035839arhttp://www.erudit.org/revue/ETUDFR/1991/v27/n1/035839ar.pdf 

_ LE COMTE Alain, « Défendre la poésie », 20 janvier 2010, http://www.paperblog.fr/2735399/defendre-la-poesie/ 

_ LÉGER Louis, « Un petit problème de littérature comparée », In Comptes-rendus des séances de l'année.., Académie des inscriptions et belles-lettres, 62e année, n° 2, 1918, pp. 123-126. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1918_num_62_2_73962 

_ MAULPOIX Jean-Michel (le site) http://www.maulpoix.net/

_ PETIT, Amélie, « Une poésie, s'il vous plaît. Le marché de la poésie. Interview de Vincent Gimeno, responsable de CIRCE sur artslivres.com », juillet 2005 http://www.evene.fr/livres/actualite/le-marche-de-la-poesie-139.php 

_ « Philippe Beck / Du risque étendu, un entretien avec Sophie Gosselin », in la revue Phrénésie,  2002.

_ ROUBAUD Jacques, « Obstination de la poésie », in Le monde diplomatique, janvier 2010.

_  SALMON Christian, « Une machine à fabriquer des histoires », in Le Monde diplomatique, novembre 2006

 

 

 

 

  Pour citer  ce texte


« Éditorial du numéro 0 de la revue|Les Muses sont-elles en bourse au marché aux idées ? Esquisse à propos du conflit d'intérêts des valeurs du capitalisme cognitif et des valeurs de la poésie »,  in Le Pan poétique des muses|Revue de poésie entre théories & pratiques : « Poésie & Crise » [En ligne], n°0|Automne 2011, mis en ligne en octobre 2011. URL.  http://0z.fr/NWx2w ou  URL.http://www.pandesmuses.fr/article-n-0-les-muses-sont-elles-en-bourse-au-marche-aux-idees-esquisse-a-propos-du-conflit-d-interets-des-87025016.html

 


Pour visiter le site des auteur(e)s


 
 ..............


Auteur(e)s



Nelly Taza

Dina Sahyouni

Le pan poétique des Muses - dans n°0|Automne 2011
23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 14:37

 

 

 

 

 

 

Les contemporainES

 

 

 

 

 

 

Nathalie Handal , née en juillet 1969 [1],  est dramaturge, poète et universitaire.

Elle est franco-américaine d'origine palestinienne[2]. Elle se soucie de la place de la poésie des femmes arabes dans le monde [3]. Son engagement en faveur des femmes et de la diffusion de leur poésie se traduit aussi par des écrits divers[4].

Elle a également publié des ouvrages sur les poètes et la poésie du Moyen-Orient. Sa poésie porte entre autres les empreintes de la nostalgie et de l’amour de la terre des ancêtres.

Ses ouvrages n’ont pas encore été traduits en français et cela ne facilite point notre tâche[5]. Toutefois, on vous propose ci-dessous un extrait de ses poèmes : 

 

 

 

Exiled Sentence

Most exiles do not take enough with them—
some obtain new lands, new identities
others return to the empty corridors of their sleep
in a place they are certain they can always call home;
but most hold on to a sentence as if it were a coat
 

  

Bethlehem

Secrets live in the space between our footsteps.
The words of my grandfather echoed in my dreams,
as the years kept his beads and town.
I saw Bethlehem, all in dust, an empty town
with a torn piece of newspaper lost in its narrow streets.
 

(Nathalie Handal, Made In Palestine - Poetry by Nathalie Handal)

 

 

 

Quelques œuvres

  • The poetry of Arab women : a contemporary anthology, edited by Nathalie Handal
    New York, Interlink books, 2001, 355 p.
     

     
  • The Lives of Rain, edited by Interlink Books, 2005
  • Language for a new century : contemporary poetry from the Middle East, Asia, and beyond, edited by Tina Chang, Nathalie Handal, and Ravi Shankar, New York, W. W. Norton, 2008, 734 p.  
  • Love and Strange Horses, edited by University of Pittsburgh Press, 2010
  • Poet in Andalucía, edited by University of Pittsburgh Press, 2012

Quelques liens nécessaires

Nathalie Handal - Wikipedia, the free encyclopedia

Biography - Nathalie Handal

Nathalie Handal | American Studies Leipzig

 

[1] Voir la Notice d’autorité personne de la BnF n° FRBNF14456576  (URL. http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb14456576h/PUBLIC).

[2] Cf. article « Nathalie Handal », Wikipédia (Nathalie Handal - Wikipedia, the free encyclopedia)    

[3] Cf. son œuvre : The poetry of Arab women : a contemporary anthology, ed. by Nathalie Handal
New York : Interlink books, 2001, 355 p.

[4] On peut citer par exemple son article : « Reflections on Sex, Silence, and Feminism »  (p. 207-224), in Cheryl Toman, On Evelyne Accad: essays in literature, feminism, and cultural studies, eded by Summa Publications, Inc., 420 p. 

[5] Nous comptons bien enrichir cette mince notice au fil du temps.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les aïeuleS

 

 

 

 

 

 

 

Fortunée Briquet ou Fortunée B. Briquet*, (1782-1815), est dictionnairiste, femme de lettres et historienne.

Elle est l'auteure de quelques poèmes et surtout d'un dictionnaire littéraire qui répertorie les femmes de Lettres de son siècle et des siècles passés. Elle figure parmi les premières femmes féministes qui accordaient une grande importance à la place des femmes dans l'Histoire. 

Elle est ainsi une des pionnières des historiennes qui se sont penchées sur l'Histoire des femmes, voire même sur leur propre histoire littéraire. Sa vie et ses œuvres s'inscrivent dans une idéologie que l'on peut résumer ainsi Rendre compte de soi et écrire son histoire  qui fait partie de l'histoire du féminisme de l'Ancien Régime et qui est aussi celle du féminisme de Marguerite Buffet .

 

Quelques références nécessaires

  • Catégorie:Dictionnaire Fortunée Briquet - SiefarWikiFr - SIEFAR  

  • Histoires d'historiennes, textes réunis par Nicole Pellegrin, éd. Université de Saint-Étienne, 2006, 399 p. (voir p. 10, 11, 12, 15, 69-70, 75-76).
  • Les femmes et l'écriture de l'histoire: 1400-1800, textes réunis par Sylvie Steinberg et Jean-Claude Arnould, éd. Publication des Universités de Rouen et du Havre, 2008, 550 p. (voir p. 16, 23, 26, 28, 30, 33, 272, 279, 282, 367-371, 374, 377- 379)

 

 

* Cette notice incomplète sera , comme les autres,  enrichie au fil des jours. (vos contributions sont les bienvenues).

 

 

 

 

 

 

Mme Lauvergne, on a très peu d’informations sur elle et les différents dictionnaires ne donnent pas les mêmes détails biographiques. On sait toutefois qu’elle a vécu au XVIIe siècle et qu’elle était précieuse. Il nous reste de sa poésie des poèmes éparpillés dans plusieurs ouvrages et un recueil qui fut publié après sa mort où l’on prétend y réunir toute son Œuvre poétique.  L’examen rapide du recueil en question dévoile une poésie qui, en grande partie,  s’inspire des femmes et qui leur est dédiée.  

 

Sa poésie reflète une voix affranchie de l’emprise de la métrique et qui manie aussi la versification et la prose. Son autoportrait littéraire comme son poème "Avis à une Belle" laissent entrevoir un univers poétique sensuel, féminin, franc et sensitif animé par le réalisme, l’érotisme et l’envie de décrire la vérité. Ainsi, une amertume et un réel constat de l’ambiguïté de l’amour entre les femmes et les hommes s’en dégagent.     

 

 

Ouvrage attribué

Recueil de poésies   , Paris, éd. Claude Barbin, 1680, p. 156, in-12

 

On dit d'elle

  • « Recueil de poésies, Par Madame DE LAUVERGNE, Paris, 1680, in-12. ce sont des pièces galantes. On y voit quatre, sonnets qui ne valent pas grand’chose. »   (Louis Veyrières, Monographie du sonnet: sonnettistes anciens et modernes, suivis de Quatre-vingts sonnets, éd. Bachelin-Deflorenne, vol. 1, 1869,  p. 91)

  • Madame de Lauvergne
  • « Bel exemplaire d’un livre rare.  Quelle est cette dame de Lauvergne, sur laquelle se taisent toutes les biographies? L’épître dédicatoire en prose, à Mme la marquise de Neuville, est signée : Votre obéissante servante, Le Roux ; et ce nom est aussi inconnu que l’autre. Il est probable que Mme de Lauvergne était une demoiselle Le Roux, et que, sous ce dernier nom, elle avait été protégée de la mère de la marquise de Neuville, à laquelle, par reconnaissance, Mme de Lauvergne adresse ses poésies. Quoi qu’il en soit, elles sont infiniment supérieures à celles des Desmarets, des Coras, des Le Laboureur et des Dassoucy. La première pièce, entre autres, inti-[p.1220]tulée : Caprice d’un malade, est un modèle de style et de bonne plaisanterie. Ce recueil, je crois fot rare, se compose d’élégies, d’un poème d’Adonis, de madrigaux, de portraits en prose, sorte de composition alors fort à la mode. Il y a dans tout cela du sens, de la correction et du goût. (Viollet Le Duc, Bibliothèque poétique, p.574) [...] »  ( Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, par Société des amis de la Bibliothèque nationale et des grandes bibliothèques de France, éd. Librairie Giraud-Badin., 1859, p. 1219)

 

Quelques références nécessaires

 

 

  • Bibliographiques, biographiques et littéraires sur chacun des ouvrages catalogués. Pour servir à l'histoire de la poésie en France,Vol. 2 de Catalogue des livres composant la bibliothèque poétique de M. Viollet Le Duc, Viollet Le Duc (Emmanuel-Louis-Nicolas, M.), éd. J. Flot, 1843 (voir  p. 574 )
  • Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, éd. Librairie Giraud-Badin., 1859 (voir p. 1219-1222)   
  • Le dictionnaire des précieuses... par Antoine Baudeau de Somaize,Charles-Louis Livet  p. 145, 268
  • Jocelyne Godard, Elles ont signé le temps: anthologie biographique, Éditions L'Harmattan, 1992, 391 p.
  • Elizabeth Russell, Loving against the odds: women's writing in English in a European context, éd. Peter Lang, 2006, 221 p.  (voir p. 23-23) 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le pan poétique des Muses - dans Calepins n°0|Automne 2011
23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 14:37

 

Éditorial du numéro 0 de la revue   

 

 

 

Un pan à faire 

 

 

 

 

 

 

 

Le numéro zéro est consacré au thème Poésie & Crise et cela ne relève point du hasard, mais d’une pensée liée à l’historicité de cet art vieux comme le monde. Qu’est-ce que la poésie, la poésie peut-elle être sauvée par les femmes, y a–t-il vraiment une crise, etc. ?

La poésie semble résister, proliférer, grandir là où certains prêchent sa mort...

De quelle poésie parle-t-on ? De quels maux/mots souffre-t-elle ? À l'aube du XXIe siècle comme à l'aube du XVIIIe siècle la poésie dit-on en crise, se meurt ou bien elle est déjà morte.

Les contributions de nos auteur(e)s s’inscrivent dans cette démarche, viennent en témoigner et lui redonner toute sa pertinence dans un siècle où tout est devenu une affaire de spéculation... 

Nous voudrions encore parler de Poésie pour mieux apprécier le sens de notre existence et pour mieux miroiter encore et encore les champs de possibles quand des voix émergent pour nous dire le contraire... 

 

 

 

 

Zonage de la revue

 

 

La revue pratique le zonage et refuse la catégorisation. Ce choix politique et lié aux notions deleuziennes : « territorialisation » et « déterritorialisation ». De même, il trouve son ancrage dans la notion d’« urbanisation ».  Le numéro zéro est ainsi divisé en cinq zones :

 

  • La première est celle des textes théoriques où vous trouvez des articles sur la poésie en général et sur le thème Poésie & Crise.
  • La deuxième est celle de l’entretien poétique où la revue interroge l’artiste-peintre Filomena Salley sur les femmes et la poésie dans la peinture.
  • La troisième est celle des poèmes des femmes et/ou des poèmes sur les femmes et la poésie. La revue accorde toutefois une exception aux poètes jeunes.
  • La quatrième est celle des invitations où vous pourriez vous laisser influencer par nos choix culturels.
  • La cinquième est celle de l'actualité poétique de la revue. On y trouve des propositions et des calepins variés qui servent essentiellement  son évolution.

 

 

 

Notre point de vue sur nous et sur le monde

 

Devrions-nous dire plutôt notre manière de critiquer, de nous contredire, de nous autocritiquer, de penser l'introspection à l'échelle de l'Imprimé (papier ou électronique) et de pratiquer cela ?

Il s'agit de vous révéler notre sentiment sur ce que nous allons vous présenter et ce que nous sommes. Ce n'est plus de l'ordre de l'Avertissement mais de l'ordre de l'Autocritique : Nous sommes ordinaires (notre traçabilité idéologique est claire et prompte).
 

On vit dans des sociétés de plus en plus floues où la normalité des comportements semble l'emporter sur le reste. Or, que veut dire être normal(e) ou de se comporter normalement dans une société qui fustige ses agent(e)s et les transforment en masse de névrosé(e)s et/ou de psychosé(e)s ?

 

 

Et nous nous demandons : Parler de poésie est-il un acte (a)normal ? 

Que veut dire une norme comportementale ? Et qui la détermine ? 
 

On parlait déjà des normes sexuelles, mais aujourd'hui, on ne parle que des normes comportementales et cela s'applique même aux enfants...

La mode de la normalité comportementale est telle que l'on parle même d'une recherche assidue de ses traces...

Dès l'enfance, une traçabilité comportementale s'installe et devient la base de tout jugement sociopolitique sur la personne.

 

Parlons poésie malgré tout !
 

Nous ne pouvons point vous rassurer sur la normalité comportementale de notre sentiment mais nous insistons toutefois sur la pertinence de notre élan idéologique. 

Sans avoir recours ni au divan, ni au coaching (mode qui supplante actuellement la première), nous serons capables par la multitude de nos voix de vous livrer une revue authentique. 

Parlons poésie même si cela est devenu un acte marginal et marginalisant (au moins médiatiquement parlant...)

 

 

 

Une revue féministe mais aussi une revue de poésie

 

 

 

 

Voici une revue qui se jette au net pour défendre les femmes, pour faire parler de leurs talents et l’intérêt qu'il y ait à se pencher corps et âme sur leurs œuvres afin de les répertorier, les diffuser et les réhabiliter.

 

Ce numéro vient couronner un travail intéressant fourni par les un(e)s et les autres pour mettre à votre disposition une revue féministe vouant, dès ses premiers instants, son existence à la diffusion et à la réhabilitation des femmes dans la poésie (qu’elles soient modèles ou celles qui composent, qu’elles soient rédactrices ou celles qui en proposent…)

Chères lectrices, vous êtes ici dans votre territoire, soyez alors les bienvenues !

Nous voudrions par cette adresse annoncer, entre autres, l’importance qu'accorde cette revue au lectorat féminin sans pour autant ignorer les lecteurs. Il s’agit surtout d’un clin d’œil aux femmes que nous nous engageons à respecter, à défendre, à diffuser et à réhabiliter dans un domaine où le terme « poétesse » continue encore à traîner dans son histoire sémantique, sémiotique et étymologique les stigmates d’un sens péjoratif accolé au féminin.

 

 

En un mot, nous rappelons que la poésie prolifère mais elle ne se vend pas assez. On dit qu'elle n’est pas encore considérée comme une matière de spéculation. Elle est plus que jamais la voie de l’émancipation, celle qui fait entendre l’indicible.

Soyez alors les nôtres, soyez celles et ceux qui s’indignent de voir encore l’art poétique rejeté par certaines sphères au nom de l’omnipotence de la spéculation et de l'Audimat. La poésie est plus que jamais présente là où l’indicible opère. 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour citer cet article



 

Dina Sahyouni, « Éditorial du numéro 0 de la revue| Un pan à faire »,  in Le Pan poétique des muses|Revue de poésie entre théories & pratiques : « Poésie & Crise » [En ligne], n°0|Automne 2011, mis en ligne en octobre 2011. URL.  http://0z.fr/0oyl4    ou  

URL. http://www.pandesmuses.fr/article-n-0-editorial-86694646.html

 

 

 

 

 

 

 

Pour visiter le site de l'auteur(e)


   ..............

 

Auteur(e)

 

 

 

Dina Sahyouni

Dina Sahyouni - dans n°0|Automne 2011

Bienvenue !

 

RÉCEMMENT, LE SITE « PANDESMUSES.FR » A BASCULÉ EN HTTPS ET LA DEUXIÈME PHASE DE SA MAINTENANCE PRENDRA DES MOIS VOIRE UN AN. NOTRE SITE A GARDÉ SON ANCIEN THÈME GRAPHIQUE MAIS BEAUCOUP DE PAGES DOIVENT RETROUVER LEUR PRÉSENTATION INITIALE. EN OUTRE, UN CLASSEMENT GÉNÉRAL PAR PÉRIODE SE MET PETIT À PETIT EN PLACE AVEC QUELQUES NOUVEAUTÉS POUR FACILITER VOS RECHERCHES SUR NOTRE SITE. TOUT CELA PERTURBE ET RALENTIT LA MISE EN LIGNE DE NOUVEAUX DOCUMENTS, MERCI BIEN DE VOTRE COMPRÉHENSION ! 

LUNDI LE 3 MARS 2025

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES

Rechercher

Publications

Dernière nouveautés en date :

VOUS POUVEZ DÉSORMAIS SUIVRE LE PAN POÉTIQUE DES MUSES  SUR INSTAGRAM

Info du 29 mars 2022.

Cette section n'a pas été mise à jour depuis longtemps, elle est en travaux. Veuillez patienter et merci de consulter la page Accueil de ce périodique.

Numéros réguliers | Numéros spéciaux| Lettre du Ppdm | Hors-Séries | Événements poétiques | Dictionnaires | Périodiques | Encyclopédie | ​​Notre sélection féministe de sites, blogues... à visiter 

 

Logodupanpandesmuses.fr ©Tous droits réservés

 CopyrightFrance.com

  ISSN = 2116-1046. Mentions légales

À La Une