Je t’écris parce que tes mains aux doigts de pianiste sont restées accrochées à l’espagnolette de ma chambre.
Ta toison ombre encore les draps froissés, les désirs sont sous la douche et les soupirs ondulent dans les effluves d’eau de toilette.
Pour t’écrire j’ai retiré mes mules afin ne pas faire de faux pas en faisant les cent pas.
La tasse de café est brûlante, remets un sucre
Éparpillement des campanules dans le duvet de tes ombres, chuchotements sans limite, nuages dans les lignes, limite du petit matin, ferme les volets il fait jour.
Gourmande.
Absente.
Sur ta lèvre inférieure les mots de la nudité nocturne, ils moussonnent, moissonnent l’aplomb des morsures sur les écorce de peau, arbre écartelé.
S’il te plaît, encore un instant avant le cri de la scie et sa poussière de larmes.
Audace sans carapace.
Je t’écris parce que ma langue brûle à l’enclume de ton fer, Vulcain à la forge sans étiage.
Interstice dans le silence.
Il fait grand jour, la nuit s’est enroulée dans nos songes.
Les étoiles ont mangé la margelle du puits, où s’appuyer ?
***
Pour citer ce poème
Nicole Hardouin,« Audace», Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 8 Supplément sur « la maladie et la vieillesse en poésie » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, mis en ligne le 10 février 2018. Url :http://www.pandesmuses.fr/2018/2/audace
Jean-Charles Paillet, « Qu’on le veuille ou non », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques: Événement poétique 2017 : « Les voix de la paix et de la tolérance », mis en ligne le 10 février 2018. Url : http://www.pandesmuses.fr/2018/2/paillet
Il s'agit d'un poème sur la délicate frontière de l'acceptable, du consentement... dans une relation.
Depuis l'arène de menton en point d'orgue
Hémisphère adroitement gainé au Nord en quête
Émis ce frêle sudorique Léman en poreuse sphère
Membrane irriguée à tort, défraie l'oraison
La cité sous les tempes, temple d'idées profuses
Cavité confuse s'expose à l'excuse de l'irritation
L'autre versant vint sans dire
Élire domicile en lenteur habile
Explosions débandade au même bain d'encre brune
Révélation nocturnes, les desseins contingents
L'hic du décalage serti d'alliance errante
Ahuris au point d'indicible hasard de l'étrange
Les tapis se déroulent côte à côte ondulant
Dos d'âne et croisillons en pied de poule
Sergé sergent, seyant l'un compatible
À la perpendiculaire
L'angle droit rugueux et sobre, brisant l'à priori
Tâtons à libre arbitre le risque du désastreux
La tête ébouriffée esbroufée abrutie fébrile
Repose usée sénile désillusionne l’ébullition
Sur l'ondulation biaise de l'épaule pimpante
Défibrillation
L'elle fatiguée de moinelle qui dînerait du sommeil
Marchand de sable en cristaux, ivre allé se mouiller
L'il déserte son désir pour veiller l'enveloppe douce à mer
Elle dort sur lui, qui observe et disserte, flavour cieux internes
L'instant de répit puis pause, sur son corps devenu couche
Ne l'at-touche interdit qu'à parcimonieuses pincées
Chatouilleuse réveillée caresse les cheveux en-sablés endormis
Aussi à présent ravivée, sirupeux picrate le parfait décalage
L'adage à l'insomnie, pacte rompu à deux, véhiculant l'un-l'hôte
Le plumage à la sieste adéquate, du reste énergies co-fondues en blizzard
Brefs sursauts de la nuit où des flashs doucereux, en découvre l'écorce
Délicate enveloppe épi, derme maïs susurré bâti en lait chair du désir
Poésie engagée
***
Pour citer ce poème
Natacha Guiller, « Dièse équilibre », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques: Lettre n°13 & « Le calendrier 2018 des poèmes pour lutter contre les violences faites aux femmes, enfants & minorités », mis en ligne le 9 février 2018. Url : http://www.pandesmuses.fr/calendrier2018/equilibre
Calendrier poétique | Agenda poétique | Appel à contribution | Événements poétiques Le calendrier 2018 des poèmes pour lutter contre les violences faites aux femmes, enfants & minorités Cr...
Mohammed Khaïr-Eddine, foudroyé par la camarde en pleine force de l'âge, traverse la littérature comme une étoile filante, emportant, dans son auto-consumation flamboyante, ses révoltes épidermiques, ses transgressions pathologiques, ses arborescences stylistiques. L'éternel adolescent atrabilaire taille très tôt, à coups de néologismes ravageurs, sa statue d'enfant terrible, cuirassé dans la carapace d'arthropode, cerné d'indomptables antipodes, halluciné de tragiques apodes. De métamorphose en métempsychose, l'ombre de Kafka veille sur son écritoire. La nausée s'éclabousse en échappatoire. Entre verve accusatoire et sentence abrogatoire, la stance, infusée d'oralité prosaïque, multiplie semonces et réquisitoires. Les rafales de mots, dissociés de leur structure sémique, médusent la critique. Le sens s'engloutit dans la bétoire anaphorique. La plume injecte sa glaire polychrome dans l'incandescente blessure butinée par des abeilles sauvages. La cruauté se constelle dans l'entrechoc des syntagmes. Les paradoxes s'étouffent dans le diaphragme. L'indéfinissable souffrance se dénaturalise dans la vocalise. Les sinuosités significatives s'entremêlent jusqu'à l'électrocution libératrice. Une écriture parodique, taraudée par l'oubli, allergique aux prérogatives établies, destructrice des paradigmes prosodiques. L'insubordination systématique s'idéalise. Les correspondances chambardées, les concordances démantelées, les métaphores fracassées se succèdent dans une avalanche d'images insaisissables. Les strophes se replient sue elles-mêmes comme des talismans indéchiffrables. L'effet cyclone produit instantanément son vertige. Entre verve accusatoire et sentence abrogatoire, la stance, infusée d'oralité prosaïque, multiplie semonces et réquisitoires. Le potache inaccompli prend un malin plaisir à cultiver l'incompréhensible. L'intelligible est jeté aux hyènes. Une technique éprouvée de la diversion. Un coup de pioche dans la fourmilière et que saillisse pépite inespérée dans la dispersion ! Le dithyrambe explosible traque l'invisible dans ses replis intraduisibles. Le choc poétique s'étincelle dans l'imprévisible. Qu'importe la cible, le verbe irascible, la fureur incoercible, seul compte l'indicible.
Le poète maudit pratique sciemment, méthodiquement, l'art de la guérilla linguistique, la circonlocution pour échapper aux chemins battus, la réitération pour débusquer les fausses vertus, l'amplification pour dévoiler les mobiles secrets, la digression pour démonter les machiavéliques décrets, l'élucubration pour révéler les perfides non-dits, la divagation pour braver les absurdes interdits, la provocation pour secouer les âmes endormies.
Mohammed Khaïr-Eddine s'inscrit, en vérité, dans la vieille tradition des poètes libertaires, des fous éclairés, des mystiques illuminés, des troubadours irrécupérables, analystes intraitables des tares sociétales, brocardeurs indomptables des prépotences gouvernementales, hurleurs insupportables d'évidences vitales, sans cesse vivifiés par la mémoire populaire. Abderrahmane Al Majdoub, réactualisé par une célèbre pièce de Tayeb Saddiki, en est l'exemple spectaculaire. Ses quatrains sont gravés dans la mémoire collective en maximes et proverbes.
Le récit fragmenté difflue dans des laves flambantes, des cendrées retombantes, des vapeurs aveuglantes. L'inextricable contexture volatilise les visions obsessionnelles dans la fugacité, les entités conventionnelles dans l'opacité, les détonations passionnelles dans l'herméticité. La discontinuité discursive sape à la racine la logique narrative. L'auteur assume sa névrose mal corrigée, sa rêverie mal dirigée, son architecture mal érigée. L'idée s'abrège au seuil de la formulation. N'en demeurent qu'ondulations coruscantes. L'incendiaire proclamé sème des flammèches.
La stylistique fractale d'Agadir télescope les vociférations segmentales dans une étourdissante descente au purgatoire. Khaïr-Eddine s'incorpore toutes les malédictions sociétales, se scarifie de griffures létales, quête âprement la phrase totale. La ville, désintégrée par la secousse fatale, dégorge ses déliquescences congénitales. La terre, tripes dehors, exhibe sa tragédie sans décors. L'auteur-narrateur, sombre enquêteur, ne retrouve de la condition humaine que mutilations sous les décombres. Le cataclysme matérialise le malheur dans son paroxysme. La fin du monde se concentre sur un point focal. Le chaos abolit la mémoire. L'histoire passe à l'écumoire. Le sens de l'existence s'atomise dans la poussière. Ne subsiste dans les gravas qu'amnésie générale, le déracinement comme mutation spectrale, l'exode comme désespérance latérale. Le râle des survivants désagrège la raison. Le témoignage se fait séisme mental. Le récit s'enduit d'invraisemblance pour occulter l'insoutenable. Les thématiques sépulcrales ne drainent que pétrifications cadavériques, locutions colériques, liquéfactions métaphoriques. La catastrophe meurtrière exaspère l'arrachement à la mère nourricière. L'expérience traumatique se porte comme hallucination douloureuse qu'écriture, antidote initiatique, transfigure en exaltation fiévreuse. L'angoisse chronique laisse libre cours aux mirages compensateurs. La cité cauchemardesque reconstruite à la hâte n'est qu'un agglomérat de cages à lapins, dégarnie de ses sapins, peuplée de perroquets sous férule du grand vautour, gardée par des mille-pattes venimeux. L'allégorie se projette à l'échelle du pays. Le peuple dans sa totalité grouille dans ses chromosomes. L'imago affronte inépuisablement ses rhizomes. L'autistique ubiquité n'a d'autre échappatoire que la feuille blanche, avec l'obsédante perception baudelairienne de l'esthétique, l'art de représenter la charogne et d'exprimer le beau, la recherche macabre du sublime dans le tranchant de la lime, l'extase solaire dans l'horreur caniculaire, la transcendance stellaire dans la putréfaction cellulaire. L'œuvre entière, perception kaléidoscopique d'un monde inabouti, se compose d'éclats cimentés de soudures miraculeuses. Le raconteur se démultiplie dans les personnages anonymes. Les zombies persécuteurs essaiment sous acronymes.
Le poète, sous pression volcanique, ne recule devant aucun blasphème, aucun sortilège, pour démystifier les sortilèges, vouer les privilèges aux géhennes. Il s'excommunie d'une société honnie avant d'en être banni. Il s'exile dans la langue française et les mythologies sarrasines, se réfugie dans les bras de mélusine, endosse la cotte d'ouvrier d'usine, noie son désarroi dans la résine. L'hérétique errance se fantasme en atavique transhumance. La conscience meurtrie se ranime dans la fougue contestataire.
Le déterreur, déracineur méthodique des tubercules folkloriques, apostropheur frénétique du patriarche inamovible, personnification de toutes les autorités oppressives, dénonciateur enragé des servilités endémiques, rêvasseur impétueux d'animisme régénérateur, ne reconnaît de sa berbérité que ses traces archéologiques, ses rémanences didactiques, ses survivances artistiques. Roman parabolique de la dérobade où la nécrophagie, hallucination éthylique, dissimule la hantise de la dégénérescence précoce. Le désir de la table rase, qui liquide l'héritage perverti du passé et purifie le présent se dogmatise. L'incurable écorché vif, déçu par le modeste impact de ses livres, se réfugie dans la nimbe diffuse de l'incorruptible lumière, l'expectation prophétique de fulgurances lyriques. Le grognard impénitent, claustré dans sa thaumaturgique montgolfière, défie les montagnes de son ire convulsive, diffracte les nuées de ses illuminations subversives, brandit ses carences d'inspiration comme étendards de sa transgression séculière. Chaque ouvrage est un psychodrame orchestré par une crise existentielle. Le délirant céleste transperce les murailles, nargue les mitrailles, enguirlande les entrailles, organise ses propres funérailles dionysiaques. Le saltimbanque, tapir farouche et crépusculaire, scénarise inlassablement son carnaval. Le chamelier écervelé s'invente intarissablement son festival, ses cortèges de démons et de sorcières, ses rondes de fantoches et d'ectoplasmes, ressuscite le bestiaire de Lautréamont enrichi d'une faune exotique. La forteresse solitaire de l'écrivain est protégée par des myriades d'insectes et de reptiles convertis en signes alphabétiques. La déroutante vipère incarne Les vacillations libidinales. La lubricité s'infiltre entre morsure et fissure, griffure et biffure, spasme et sarcasme. L'infernal niche dans le germinal. Dans ligature incomprise, le céraste guette la prise. Le problématique s'éclipse dans l'elliptique. L'excentrique phagocyte l'empirique. Le fantasmagorique révoque le romantique. L'animal s'humanise, l'humain se bestialise dans l'errance égotique. L'extravagance amalgame les non-sens. Les temporalités se confondent. La syntaxe se dévergonde. La sémantique vagabonde. Le fragmentaire absorbe les interprétations impossibles. N'est-ce pas son génie d'alchimiste, cette transmutation des répulsions frustratives en fulminations créatives.
Mohammed Khaïr-Eddine, démarche indolente d'échassier dégrisé des causes perdues, définitivement revenu de ses guérillas discursives, ressemble, en fin de parcours, à l'ibis chauve tapi dans sa paroi rocheuse. Logographe tombé de la lune, révolutionnaire sans tribune, multitude surgie du même corps négatif pelliculé d'aigreur, il n'aura écrit, dans le dédoublement narcissique, que des autobiographie jurassiques. S'estompent pernicieuses vilenies. Se dissipent sentencieuses verbomanies. S'épure son écriture des fruits défendus, des présages mévendus, des vains malentendus. L'ultime regard sur la vallée natale, l'empathique description d'un vieux couple heureux, ressuscitent l'enfance rurale, l'excellence des pratiques ancestrales, la succulence des traditions culinaires, la truculence de la langue millénaire, la poétique des fluidité ordinaires, la mystique des limpidités visionnaires. Le long poème épique à la gloire d'un saint méconnu se sacre et se consacre en berbère dans la calligraphie rituelle. L'épure conceptuelle s'accomplit dans l'extase factuelle. S'achève sur rivages désertiques l'interminable cavale. Agadir renaît de ses cendres maléfiques, se pare d'atours béatifiques, s'offre, comme une prostituée délavée de ses péchés, aux lascivités estivales. Gîtent en sodalité les grues et les flamands, les cigognes et les cormorans, les balbuzards et les goélands. Gambadent en liberté les gazelles magnifiques. Fleurissent en beauté les arganiers bénéfiques. Sur stèle intemporelle se profile le sphinx antique. S'efface sur tablettes les macabres diagrammes. Le mythe se forge dans l'énigmatique épigramme.
Mustapha SAHA. Depuis son enfance, Mustapha Saha explore les plausibilités miraculeuses de la culture, furète les subtilités nébuleuses de l’écriture, piste les fulgurances imprévisibles de la peinture. Il investit sa rationalité dans la recherche pluridisciplinaire, tout en ouvrant grandes les vannes de l’imaginaire aux fugacités visionnaires. Son travail sociologique, philosophique, poétique, artistique, reflète les paradoxalités complétives de son appétence créative. Il est cofondateur du Mouvement du 22 Mars à la Faculté de Nanterre et figure historique de mai 68 (voir Bruno Barbey, 68, éditions Creaphis, Bruno Barbey, Passages, éditions de La Martinière). Il réalise, sous la direction d’Henri Lefebvre, ses thèses de sociologieurbaine (Psychopathologie sociale en milieu urbain désintégré) et de psychopathologie sociale (Psychopathologie sociale des populations déracinées), fonde la discipline Psychopathologie urbaine, et accomplit des études parallèles en beaux-arts. Il produit, en appliquant la méthodologie recherche-action, les premières études sur les grands ensembles. Il est l’ami, dans les années soixante-dix et quatre-vingt, de grands intellectuels et artistes, français et italiens. Il accompagne Jean-Paul Sartre dans ses retraites romaines et collabore avec Jean Lacouture aux éditions du Seuil. Il explore l’histoire du « cinéma africain à l’époque coloniale » auprès de Jean-Rouch au Musée de l’Homme et publie, par ailleurs, sur les conseils de Jacques Berque, Structures tribales et formation de l’État à l’époque médiévale, aux éditions Anthropos.
Sociologue, artiste-peintre et poète, Mustapha Sahamène actuellement une recherche sur les mutations civilisationnelles induites par la Révolution numérique (Manifeste culturel des temps numériques), sur la société transversale et sur la démocratie interactive. Il travaille à l’élaboration d’une nouvelle pensée et de nouveaux concepts en phase avec la complexification et la diversification du monde en devenir.
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Pour citer ce texte
Mustapha Saha (texte & dessin), « Mohammed Khaïr-Eddine, le poète médusé», Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°13 & N° 4 Hors-série 2018, mis en ligne le 9 février 2018. Url : http://www.pandesmuses.fr/2018/2/khair-eddine
Je suis née il y a 33 ans en Guyane française, de parents immigrés haïtiens dans un environnement économique pauvre en Haïti, j’ai toujours eu le désir d’étudier afin de ne pas connaître la misère sociale qu’avaient connu mes parents dans leur pays d’origine.
L’aînée d’une famille de 5 enfants dont je suis la seule fille, la pression sociale a toujours été omnipotente d’autant plus que mon père était pasteur. L’obtention du BAC Économique et Social avec mention, constituait pour moi une porte d’entrée vers la phase d’émancipation et réalisation de ce que je me destinais à être. Après 5 années d’études à l’université Panthéon Sorbonne à Paris, le Master de Travail Administration Gestion de l’emploi en poche, j’ai complété ma formation par deux années supplémentaires en école de commerce dans le domaine de l’ingénierie et négociation d’affaires complexes Business to Business (B to B). Les petits jobs d’étudiants réalisés le soir et les week-ends complétaient les maigres revenus, aides de mes parents, ma mère étant femme de ménage et mon père ouvrier agricole. Nos efforts et privations ont permis de financer mes sept années d’études supérieures.
Mon parcours a été semé d’embûches, d’entraves, de galères étudiantes en tout genre. L’éloignement de sa famille pesant sur mon moral et faisant même naître en moi un début de découragement. Cependant la pugnacité et la ténacité, traits de caractère qui imprègnent les femmes haïtiennes issues de milieux modestes comme le mien, m’ont permis de remporter de nombreuses batailles. L’entraide et la solidarité ont été dès le plus jeune âge, des termes qui ont fait échos dans mon parcours. Après ma période estudiantine magistrale, j’ai commencé à travailler en B to B pour un éditeur de logiciel basé en Israël, spécialisé dans la dématérialisation de documents, qui souhaitait développer son activité commerciale en France.
Interview
Maggy De Coster– ZONTA est un mot qui nous a l’air bien mystérieux ! Quels en sont les tenants et les aboutissants ?
Concorde autour de la Présidente Julienne Morisseau et de Sigrun Chritiansen,
area director à Appartement Mayshad, photographie du 23 janvier 2018
Julienne Morisseau – Depuis 8 ans, je travaille pour un groupe français spécialisé dans les services et solutions autour des processus de métiers et de traitements de la communication des grandes organisations publiques et privées, en tant que Directrice Business Unit pour la partie Conseil et Intégration.
J’ai fait la rencontre d’une jeune femme extraordinaire, que je considérais comme une sœur, Gaia Molinari, mon étoile italienne, grâce à qui j’ai fondé en 2014 une ONG nommée OSEDH « O Secours des Enfants démunis Haïtiens » qui scolarise gratuitement 227 enfants pauvres dans les zones rurales en Haïti.
Cette ONG reconnue d’intérêt général assure le paiement de 10 salaires mensuels de professeurs, de chargés de mission, du directeur et du personnel de service.
La solidarité n’a pas de frontières, et l’organisation d’une course sportive en mémoire de Gaia chaque année à Piacenza par l’association sportive des chemineaux DLF de Mr Clemente Bernard, en est la preuve.
Les fonds récoltés lors de cette manifestation sportive permettent de financer les activités éducatives de l’école que nous soutenons en Haïti.
En mémoire de Gaia Molinari, notre équipe composée de mes frères et d’Amandine Ranson, avec l’aide de la mère de Gaia ,Valentina Carraro et de son frère Matteo Fioretto, nous continuons nos actions éducatives afin que la lumière véhiculée par l’éducation surplombe l’obscurantisme.
Nous nous attelons à cette citation « L’éducation est l’arme la plus puissante qui puisse exister pour changer le monde.»
J’ai pris parti de transformer deux injustices cruelles subies dans ma vie (la perte d’une amie chère, et des violences conjugales dont j’ai été victime), en force positive et motivation pour mettre en œuvre des actions dans le but de servir l’intérêt général.
Aujourd’hui, j’œuvre tant en faveur de enfants pauvres en Haïti via OSEDH, qu’en faveur des écoliers issus de milieux défavorisés en Île de France, en tentant de leur montrer l’exemple d’ascension sociale possible sous la bannière de notre douce République française. Cet engagement s’étend à l’international au travers du Club Zonta Paris Port Royal Concorde, rattaché au Zonta International, qui œuvre pour la promotion du statut de la Femme à travers le monde.
En effet, depuis cette année, j’ai l’honneur d’occuper la présidence du Club Zonta Paris Port Royal Concorde.
MDC – Quelles sont les activités de l’association et avec quelle fréquence en organise-t-elle ?
JM– Durant ces trois dernières décennies, le Club Zonta Paris Port Royal Concorde a mené de nombreuses actions à travers le monde, contributrices de la promotion des femmes dans divers domaines : économique, culturel, éducatif, par exemple, en apportant une aide aux enfants de la Guinée Bissau et de la Côte d'Ivoire.
Aujourd’hui, le bureau est reconstitué de forces vives, jeunes, mixtes, pluridisciplinaires qui tentent de ré-impulser le dynamisme d’antan avec une dimension nouvelle.
Nous organisons des manifestations culturelles, des conférences, des dîners, des cocktails avec des moments d’échanges, de réflexions de fond sur des sujets précis à l’adresse des membres et non membres.
Ces rencontres mensuelles sont l’occasion de sensibiliser le public sur les problématiques sociétales auxquelles sont confrontées les femmes et les jeunes filles quotidiennement.
Nous avons organisé un dîner-conférence avec l’ONU Femmes et une ancienne responsable de la commission femmes d’Amnesty International en décembre 2017 dans le cadre de l’Orange Day, campagne de sensibilisation de la violence faite aux femmes. En janvier 2018, nous avons organisé une conférence-cocktail sur la condition des femmes au Moyen-Orient et les violences conjugales en France.
Nous tentons au niveau du Zonta Paris Port Royal Concorde d’être au plus près des femmes en difficulté, en termes de services locaux. Et pour cause nous avons participé aux actions du Noël Solidaire en décembre dernier, en apportant concrètement sur le terrain des aides aux femmes SDF.
Ces actions seront réitérées durant toute l’année 2018.
MDC – Quels sont les objectifs et les projets du Zonta ?
JM – Notre objectif est l’autonomisation des femmes dans les pays en voie de développement grâce au service international.
Notre but est la promotion du statut légal, économique, politique de la femme par le biais du service et du plaidoyer. Nous souhaitons promouvoir la justice, le respect des libertés fondamentales et les droits de la femme.
Depuis plus de 90 ans que son premier projet de service international a été financé, le Zonta International a apporté plus de 15,5 millions de $ à des projets au profit des femmes dans 35 pays.
Le Zonta International a financé la formation, l’éducation, la santé, l’amélioration sanitaire, l’agriculture et l’accès au micro-crédit des femmes, principalement par des projets mis en œuvre par les agences des Nations Unies et d’autres organisations non gouvernementales reconnues. Il a également pour objectif, en termes de programmes internationaux sur deux ans, de financer les actions visant :
L’élimination de la fistule obstétricale au Liberia.
La création, pour les filles vulnérables et exclues, de moyens de réalisation de leurs droits à l’enseignement, dans un environnement sûr et protecteur, en partenariat avec le Ministère de l’Éducation Nationale à Madagascar.
La réduction du nombre de mariages et de maternités précoces dans toutes les régions du Niger.
La lutte contre la discrimination fondée sur l’inégalité des genres, le renforcement des compétences des femmes afin qu’elles deviennent des acteurs économiques indépendants.
La lutte contre le trafic des êtres humains au Népal, au travers d’une plus grande synergie entre les victimes potentielles et les autorités policières.
Notre Club Zonta Paris Port Royal s’est donné comme objectif entre 2018-2019 d’apporter des services pour :
L’aide concrète de proximité aux femmes SDF (7500 femmes sdf en IDF), et femmes en grande précarité
L’aide aux femmes au Sénégal (Casamance)
L’aide aux femmes âgées au Cambodge (Phnom Pen)
L’aide aux structures recueillant des orphelins (es) en Haïti
MDC – Quelles sont vos sources de financement ?
JM – Les cotisations et les dons des membres, les dons des sympathisants et mécènes essentiellement.
MDC – Quelles sont les difficultés auxquelles vous faites face ?
JM– Les difficultés sont liées aux déficiences de moyens humains, matériels essentiellement.
Et aussi au fait que les journées ne font que 24h et non 30h (rires). Comme toute activité qui requiert un statut de bénévole, la frustration peut naître du retard dans l’échéance de projets. Raison pour laquelle notre porte reste grandement ouverte à toute proposition de bénévolat, et d’adhésion à notre club.
MDC – Quel regard portez-vous sur la condition des femmes relativement à la domination masculine ?
JM– Le Zonta International préconise de promouvoir les droits fondamentaux des femmes aux niveaux international, national et local. Le plaidoyer du Zonta vise à influencer l’élaboration et l’application des lois, ainsi que les attitudes et les comportements généraux. Il cherche à obtenir l’égalité réelle, et pas seulement l’égalité formelle.
Le Zonta cherche à prendre des mesures fondées sur des faits, à mettre en évidence les causes profondes des problèmes et à présenter des solutions avec des résultats à l’appui.
Il est important de mentionner comme mesures concrètes que le Zonta International accorde plusieurs bourses prestigieuses aux talentueuses étudiantes telle que la bourse de 10 000 dollars Amelia Earhart accordée cette année à une étudiante malgache vivant en France.
Le Zonta accorde également des prix littéraires ainsi que des bourses musicales.
Au niveau mondial, nous pourrons dépasser les clivages, les inégalités subies, en généralisant l’accès à l’éducation des jeunes filles, en travaillant à augmenter leur niveau d’enseignement et en éduquant les jeunes garçons sur les fondements de l’égalité des sexes.
À mon sens, il ne devrait pas avoir de suprématie de genre, domination masculine ou domination féminine, car nous sommes égalitaires, complémentaires.
MDC – Quelles sont vos relations avec les autres associations de femmes tant sur le plan national qu’international ?
JM – Le Zonta International soutient la ratification de la Convention des Nations-Unies pour l’élimination de toutes les formes de discriminations envers les femmes (CEDAW). En effet, cette ONG s’est engagée sur le principe que les droits des femmes font partie intégrante des droits de l’être humain. Entre 1998 et 2002, elle a collaboré avec l’UNICEF dans le cadre de la lutte contre les mutilations génitales au Burkina Faso. Grâce à cette action, le Burkina Faso a enregistré une baisse de 40% du nombre de jeunes filles ayant subi ce type de discrimination.
À l’horizon 2019, le Zonta International aura engagé 2 millions de dollars pour mettre fin à la violence faite aux femmes au Népal et au Niger.
Au Niger, le Zonta International lutte contre les mariages précoces considérés comme une forme de violence, en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP). Grâce à un programme d’éducation sanitaire, d’éducation formelle et d’alphabétisation. L’ONG aide 11 000 adolescents.
Nous participons au financement de certains programmes de l’UNICEF et ONU Femmes. Le Zonta Paris Port Royal Concorde apporte ses services à des associations féminines qui respectent l’esprit zontien et les valeurs zontiennes, en Île d France.
Nous tissons de nombreux partenariats avec d’autres réseaux féminins, car c’est ensemble que nous pourrons travailler efficacement pour la cause des femmes.
MDC – Que prévoyez-vous pour la journée internationale des Femmes ?
JM– le 7 mars, nous intervenons au sein de la soirée organisée par le Journal Opinion InternationalSois belle et ouvres la dans l’aérogare des Invalides avec une dizaine de personnalités pour exposer notre vision des moyens à mettre en œuvre pour lever le plafond de verre.
Vous êtes les bienvenues à cette soirée, si vous le souhaitez.
Le 8 mars, nous prévoyons une action sur le terrain avec des distributions de kits de toilettes aux femmes SDF de Paris, afin de leur assurer un minimum de dignité. Le 4 avril de manière décalée nous organisons une conférence cocktail au Sénat sur le thème « Osez la solidarité au féminin » en partenariat avec Chais’Elles qui sera l’occasion d’exposer le maillage efficace des réseaux féminins en matière de solidarité. L’occasion également de mettre en lumière les difficultés de millions de femmes en situation précaire ou d’exclusion sociale. Cette soirée sera close par la dégustation de vins et de champagnes produits par des femmes vigneronnes.
MDC – Ah ! Que de beaux projets empreints de solidarité !
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Pour citer cet entretien féministe
Maggy de Coster, « Autoportrait de Julienne Morisseau, Présidente du ZONTA Paris Port Royal Concorde », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°13 & N° 9 | 2ème volet sur les « Femmes, Poésie & Peinture » sous la direction de Maggy de Coster, mis en ligne le 8 février 2018. Url : http://www.pandesmuses.fr/2018/2/julienne-morisseau
RÉCEMMENT, LE SITE « PANDESMUSES.FR » A BASCULÉ EN HTTPS ET LA DEUXIÈME PHASE DE SA MAINTENANCE PRENDRA DES MOIS VOIRE UN AN. NOTRE SITE A GARDÉ SON ANCIEN THÈME GRAPHIQUE MAIS BEAUCOUP DE PAGES DOIVENT RETROUVER LEUR PRÉSENTATION INITIALE. EN OUTRE, UN CLASSEMENT GÉNÉRAL PAR PÉRIODE SE MET PETIT À PETIT EN PLACE AVEC QUELQUES NOUVEAUTÉS POUR FACILITER VOS RECHERCHES SUR NOTRE SITE. TOUT CELA PERTURBE ET RALENTIT LA MISE EN LIGNE DE NOUVEAUX DOCUMENTS, MERCI BIEN DE VOTRE COMPRÉHENSION !
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. CÉLÉBRANT LES AUTRICES EXILÉES, IMMIGRÉES, RÉFUGIÉES... LE 8 MARS DE CHAQUE ANNÉE, LE PRIX LITTÉRAIRE DINA SAHYOUNI (PORTANT LE NOM DE LA FONDATRICE DE LA SIÉFÉGP ET DE CETTE REVUE) REDÉMARRE À PARTIR DU 14 JUILLET 2025 POUR L’ÉDITION DU 8 MARS 2026....
N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Annonces diverses / Agenda poétique Actualités poétiques à ne pas manquer en juin ! (suite...) La rédaction de ce périodique a sélectionné pour vous les événements artistiques & poétiques...
N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Critique & Réception | Poésie & littérature pour la jeunesse Le récit « Souvenirs de Chine » écrit & illustré par Marie-Jeanne Langrognet-Delacroix vient de paraître aux Éditions Astérion...
N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Dossier | Florilège Annonces diverses / Agenda poétique Avis de parution du nouveau recueil bilingue français-espagnol d’Aurélie-Ondine Menninger : La sangre de las aves / Le sang des oiseaux...