N°15 | Poétiques automnales | Critique & réception | Dossier mineur | Articles & témoignages
Francine CARON, « Mère à jamais »,
ABéditions 2014, format A3,
illustrations d'André Liberati,
sans indication de prix
Un journal allant du 20 août au 21 octobre 1989, où tout est noté avec précision sur 18 pages non numérotées. De la prose entrecoupée de vers. L’auteure y consigne ses impressions et ses sentiments au sujet de la maladie de sa mère. Rupture de toute espérance. Peur de la venue de la Faucheuse.
Voir sa mère décliner sous ses yeux comme un soleil en hiver quoi de plus poignant pour une fille ! C’est le cas de Francine Caron qui, dans ce livre, un hommage très touchant à sa mère Odette qu’elle garde à jamais dans son cœur. C’est évident que les êtres chers continuent d’exister à travers les leurs après leur mort.
De mère à fille : « Je serai toujours avec toi. Près de toi, à travers le Voile ».
C’est avec des mots très puissants qu’elle raconte comment elle a accompagné sa mère dans sa maladie jusqu’à son dernier souffle. « Puisses-tu guérir. M’être une preuve de miracle »
Seule avec sa mère, elle essaie d’agrémenter sa vie par des moments remplis d’affection et de tendresse. Vient le moment de se remémorer tous les bons souvenirs qu’elle a partagés avec sa mère :
« Tu m’es racine de courage- Pendant l’enfance, tu fus mon Arbre ».
Ainsi se doit-elle d’être aux petits soins avec elle. Dévouement filial oblige.
La musique adoucit les mœurs et permet de s’évader en dépassant sa souffrance, elle a un effet anesthésiant. Bach, Sibelius, Fauré, Beethoven, Grieg, Vivaldi s’exécutent pour elle.
Entretenir le dialogue avec elle, questionner le passé car le temps passe inexorablement. Elle ne veut perdre une seule miette de la fin de vie de sa mère :
« À tes éveils, s’entretenir sans fin avant qu’en toi tout ne s’efface. »
Elle guette tous les signes, essaie de décoder les messages de l’invisible grâce à sa clairvoyance.
À quatre-vingt-six ans, le corps se délite progressivement, la mémoire défaille, le moment fatidique n’est pas très loin. Pour la fille, il s’agit de « Quarante ans rassemblés en [ces] quelques jours et [ces] quelques heures à peine où [elle a su] témoigner de sa filiale gratitude. »
Mais était-il écrit que la mère rendra l’âme à l’heure même où elle donna naissance à sa fille ?
« Et j’ai vu ton regard. Distendu. Happé.
J’ai dit : ‘ce n’est pas vrai’ à dix-huit heures, l’heure de ma naissance et de ta mort. »
Ainsi demeurera-t-elle « Mère à jamais ».
© Maggy DE COSTER
Voir également, URL :
http://donner-a-voir.net/auteurs/auteur_caron.html
Certains sont allés voir "de l'autre côté du miroir" : Serge BRINDEAU, Brigitte RICHTER, MOREAU DU MANS, Joël SADELER, DAGADÈS. Certains se sont arrêtés de l'autre côté de la rue... Certai...
***
Pour citer ce texte inédit
Maggy De Coster, « Francine CARON, « Mère à jamais », ABéditions 2014, format A3, illustrations d'André Liberati, sans indication de prix », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 15 | AUTOMNE 2023 « Poétiques automnales », mis en ligne le 1er novembre 2023. URL :
http://www.pandesmuses.fr/no15/mdc-caron-mereajamais
Mise en page par David
© Tous droits réservés
Retour au sommaire du N°15▼
Lien à venir