Lettre à Alain Finkielkraut, à la suite de son émission, Répliques, sur France Culture, le 17 septembre 2022.
Septembre 2022, le président de la République Emmanuel Macron a lu un discours sur la rafle du Vél d’Hiv que vous avez admirablement commenté en parlant de références non historiques. Je n’y reviens pas, puisque l’émission est en ligne. Les débats que vous présidez donnent du grain à moudre et des moissons chaleureuses qui servent d’antidote au poison de l’uniformité… Quand les apprentis-sorciers sont devenus banquiers…
Créatrice du mythe littéraire d’Isis, j’aime observer les dérives symboliques du « tout-monde » dont les turpitudes s’opposent à la « gelassenheit », la qualité de la vie qui vit, du laisser vivre. Je parle de « dérives » — voir le jeu de mots facile des poètes avec « des rêves » — pour les discours culturels du Président Macron qui reviennent périodiquement. Jean-Luc Godard lui conseillerait d’apprendre le latin et le grec, comme il l’a fait auprès de mes étudiants de cinéma à la FÉMIS, à la fin des années 1990.
Pour plaisanter, si on peut encore le faire, et laisser agir une pensée en étoile, je reprends l’expression d’un homme "retiré des affaires" sur le discours de repentance de M. Macron sur l’Algérie (février 2022) : « il baisse son froc ». Le grand théorème imposé, ressassé par le chef de la France fait de l’ennemi (et émir) Abd el Kader un Victor Hugo à la barbe fleurie, et ne tient pas compte du fait réel suivant : quand on tape Victor Hugo/Abd el Kader sur Google, on tombe sur un horrible massacre décrit dans un poème.
L’Algérie en février, Laval en septembre. Et après ?
Qui peut faire face à la déshérence ? La Maison des Pages d’Amboise, « creusée dans la poésie » recèle des objets magiques d’Alep mais côtoie des versets du Coran, payés fort cher par « la France » pour un pompeux « Jardin d’Orient » au château d’Amboise.
Fuyant les lâches harcèlements, je tente de survivre avec des poètes dans une église massacrée, parce qu’elle était rare, fine, subtile et belle. Louis-Ferdinand Céline y a soigné des blessés de la Grande Guerre, étant lui-même mutilé. Je n’ai cessé de penser à l’acte 3 de sa pièce L’Église une maison qui accueille tout, en vous écoutant. Hélas, la pertinence de vos interprétations s’est effondrée quand vous avez repris l’accusation d’antisémitisme adressé à Jean-Luc Godard. Tout en reconnaissant son importance dans le cinéma, fait que nul ne peut nier, vous laissez entendre qu’il faudrait mettre au rebut l’auteur de Pierrot le Fou.
En dialoguant avec les étudiants de la FÉMIS, Jean-Luc Godard annonçait sirupeusement, comme il savait le faire pour se gausser du conformisme suisse, que le métier de monteuse est féminisé parce qu’il y a des trous dans les pellicules des films... J’aurais pu monter au créneau, mais il était tellement plus intéressant de s’amuser avec un artiste délicat, allusif et sans dévotion. Si j’avais ressassé éternellement ce constat misogyne, ravalant les femmes à être monteuses et non créatrices, c’était pire que la provocation. Bien pire, car enchâssant une parole fugace pour la donner en modèle aux générations futures.
Quoi de pire que la fixité dans l’intelligence humaine ? Mieux vaut encore l’enfermement, le prix à payer dans une société où tout se marchande, jusque, sous Vichy, les Juifs français et les Juifs étrangers. « Le pire n’est pas toujours sûr » (titre d’un roman de Françoise d’Eaubonne). Clin d’œil au cri d’Edgar dans Le Roi Lear (je cite de mémoire) : « le pire est là quand on dit c’est le pire » !
The Franco-Swiss filmmaker and provocateur radically rethought motion pictures and left a lasting influence on the medium. Send any friend a story As a subscriber, you have 10 gift articles to give
Camille Aubaude,« Chronique Godard », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°12 | HIVER 2022-23 « Poémusique des Femmes & Genre », mis en ligne le 17 décembre 2022. Url :
Jeanne Scrive naît à Paris le 15 avril 1857. Fille cadette d’un chirurgien militaire lillois, Gaspard-Léonard Scrive, qui fut médecin en chef de l’armée française durant la guerre de Crimée, et petite-fille d’un notaire strasbourgeois de confession protestante, elle est tôt orpheline ; placée sous la tutelle de Sophie Scrive-Debonte, sa grand-mère tendrement aimée, et de son oncle Louis Loew (magistrat dont l’histoire retient qu’il fut le président de la chambre criminelle de la Cour de cassation lors de l’instruction, en 1899, de la requête en révision du procès Dreyfus), elle est élevée au couvent de Notre-Dame de Sion, à Paris. À l’âge de dix-huit ans, elle épouse Gaston Crapez, héritier d’une famille de notables du Mans ; elle en aura un fils, Fernand. Jeanne et son mari s'installent au château de la Vaudère, à Parigné-l’Évêque dans la Sarthe. C’est un élégant manoir construit sous la Restauration, entouré d’étangs, de bois profonds, et de grandes prairies plantées d’arbres fruitiers.
Toute sa vie durant, Jeanne aimera cette demeure et son domaine, continuant d'y séjourner même après son divorce, survenu en 1898. Elle lui emprunte le nom par lequel elle choisit de se faire connaître en littérature, et y joint la forme anglicisée de son prénom : Jane de La Vaudère, façonnant de la sorte un signifiant personnel qui lui permettra de se nommer et de s’accomplir, librement, comme femme de lettres. Elle devient aussi une personnalité parisienne de la Belle Époque, sollicitée par la presse, réputée pour son habitude de porter d’excentriques kimonos, recevant dans le faubourg Saint-Honoré parmi un décor fin-de-siècle soigneusement agencé où s’irisent, sous la douce lumière des vitraux, de hauts bouddhas d’or. Elle meurt à Paris, le 26 juillet 1908, vraisemblablement d’une pleurésie.
C’est par la publication d’un recueil poétique, Les Heures perdues, que Jane de La Vaudère entre sur la scène littéraire, en 1889. Elle laisse à sa mort, au bout d’une vingtaine d’années d’intense labeur, une production très abondante où dominent les romans, mais qui comprend aussi, outre la poésie, des œuvres dramatiques (« saynètes mondaines », pièces de circonstance ou plus ambitieuses, adaptations de certains de ses romans et d’une nouvelle de Zola : Pour une nuitd’amour). Il faut mentionner également sa collaboration avec de nombreux journaux, en particulier La Presse, auquel elle donne régulièrement, de 1897 à 1901, des articles et des contes mordants qui lui permettent de prendre position sur des sujets d’actualité, spécialement la condition féminine — dont la plupart des aspects suscitent sa vive réprobation.
On a insisté, non sans raison, sur le caractère éclectique de son œuvre, où se réfléchissent la plupart des obsessions, des thèmes et des pratiques littéraires de son temps. Ses romans et nouvelles témoignent en effet d’un usage virtuose, et parfois sans vergogne, de l’intertextualité, et apparaissent comme une sorte de palimpseste sans fin dont serait infinie aussi la liste des œuvres et des auteurs qu’il soumet à réécriture, prolongement, reprise, détournement, réélaboration. Mais une série d’oppositions sous-jacentes structure cet univers romanesque, dont il arrive d’ailleurs que les deux termes finissent par se contaminer l’un l’autre : occultisme et positivisme de la science ; brutalité du désir masculin et insatisfaction féminine ; humanité et animalité ; nature et artifice ; médecine et fatalité des hérédités morbides ; débordements passionnels et ascèse religieuse ; norme et déviances… De même, à la cruauté spectaculaire, sanguinaire, des civilisations anciennes, répond la cruauté légale, intériorisée, de la société moderne. Le recours à l’exotisme, dans le temps et dans l’espace, est fréquent : l’intrigue de nombreux romans est située en Turquie, à Java, au Japon, dans l'Égypte pharaonique, l’Inde des Grands Moghols, la Perse, le Siam, ou encore Babylone. S'il offre une prime de plaisir au lecteur (à la lectrice ?), ce décentrement par rapport à l’ici et maintenant sert principalement le projet concerté d’une écriture de l’excès qui procède de l’esthétique décadente — débauches, despotisme oriental, magie noire, abaissement de la femme au rang de « bétail d’amour », supplices, effusions de sang… Plus généralement, Jane de La Vaudère cultive une écriture où les identités vacillent et s’étiolent, s'hybrident et se brouillent dans un régime de confusions, d’inversions, mettant au jour le chaos au cœur de l’être et sa puissance malsaine de tératogenèse : plantes carnivores, fleurs impudiques, panthères amoureuses, gemmes précieuses d’origine humaine, hommes androgynes, femmes mutilées de leur pouvoir d’enfantement, harem masculin, passions nécrophiliques... On s’est d’ailleurs interrogé sur les motivations psychologiques qui conduisirent une frêle jeune femme de la bonne société, pieusement élevée par des religieuses, à s’emparer de tels sujets – une question qui ne manque pas d’intérêt, mais qu’il faut écarter pour le moment. Au demeurant, c’est un air bien différent que l'on respire dans ses poèmes.
Encouragée dans ses débuts par Victor Hugo, Jane de La Vaudère publie, la trentaine passée, quatre recueils poétiques : en plus de celui déjà cité, L’Éternelle Chanson (1890), Minuit (1892), Évocation (1893). Sa poésie est écrite en vers réguliers, octosyllabes ou alexandrins, et recourt aux formes fixes sans toutefois s’y contraindre. Il s’agit d’une production inégale ; La Vaudère, douée d’une grande facilité, laisse parfois sa plume tomber dans des grâces attiédies. C’est pourquoi, souvent, l’étroitesse du vers court lui réussit mieux, l’incitant à créer des images concises et à formuler des chutes ingénieuses. Considérée dans son ensemble, l’expression lyrique de La Vaudère tend à esquisser, sur un mode latent, son portrait moral, et à offrir au lecteur — en privilégiant une manière de gravité légère — un aperçu de ses options philosophiques, mais cernées d’interrogations vouées à rester privées de réponse, et toujours teintées de mélancolie.
Elle sait composer aussi des vers servant à l’évocation piquante de faits d’actualité, ou à la célébration des symboles de la modernité. Par exemple, une grève des cochers devient prétexte à la satire de l’aventure du général Boulanger, tandis que la tour Eiffel est comparée à une toile d’araignée géante où se promène, tel un insecte d’or, le soleil, et que l’Exposition de 1889 permet de chanter l’élégance flexueuse des danseuses javanaises, quoique exilées malheureuses. À l’occasion, le poème est même utilisé comme arme polémique : ainsi « La Vénus de Syracuse », sonnet placé en épigraphe du roman Les Demi-Sexes, pour répondre à la description tendancieuse que Maupassant, dans le récit de son voyage en Sicile, donne de cette statue. Au romancier imbu de la doctrine de Schopenhauer, qui juge que ce corps de femme, privé de tête, n’en symbolise que mieux la fonction et le piège — assurer la reproduction de l’espèce —, la poétesse fait savoir que les femmes, quand elles auront cessé d’être décapitées, pourraient ne plus se contenter de jouer les seuls rôles de comparses, amantes et mères, et vouloir se donner d’autres ambitions.
Un leitmotiv ne cesse de se faire entendre dans les poèmes de Jane de La Vaudère. Le bonheur, s’il existe, est toujours perdu. Il relève du passé ; de sorte que seule la mémoire peut nous le restituer, non sans révéler sa fragilité. Significativement, l’un des poèmes de L’Éternelle Chanson s’intitule : « Vers le passé ». Il est d’ailleurs des décors privilégiés qui semblent voués à de telles révélations : c’est le cas de Venise, la ville dont tout le présent gît dans le passé.
Si le bonheur est fugace et évanescent, rien ne peut cependant lui être opposé, et il convient de le cueillir, ne serait-ce que dans l’inconscience des premiers âges, avant que le souvenir permette d’en goûter la saveur authentique. Mais il ne faut pas en être la dupe. Quelle qu’en soit la forme, émerveillement enfantin, enchantement printanier ou vertige amoureux, il relève de ce spectacle chatoyant du monde que La Vaudère, peut-être sous l’influence du bouddhisme, considère comme une vaste illusion, un songe, voire un mensonge. Il ne s’agit pas d’y renoncer, seulement de le priser pour son caractère unique et la promesse de sa remémoration. L’amour en fait certes partie, surtout sur son versant de tendresse, mais il agit souvent à la façon d’un opiacé. S’il est source d’exaltation, c’est dans le cœur du sujet aimant, bien plus que dans l'objet aimé, qu’il puise son ardeur et son élan. Sa valeur, c’est d’être l’illusion suprême dans un monde illusoire, et de fournir le prétexte à des rituels et des enchantements que la mémoire métamorphosera en souvenirs gracieux.
Mais le voile de l’illusion est aussi tissé des fils du mal, omniprésent et omniforme. La Vaudère s’inquiète de la rédemption de la laideur et de la souffrance, dont le Dieu de la tradition chrétienne, s’il existait, ne serait que l’inquiétant démiurge. Elle lui oppose le devoir de compassion et de bienveillance, du moins à ses moments de vaillance, car il arrive que la lassitude ne lui inspire plus qu’une ironie navrée, qui fait par exemple tourner le spectacle d’une vieille femme et d’un bambin à l’allégorie du néant guidant l’espérance. Sa sollicitude est constante envers les animaux et les plus humbles des formes vivantes ; toute cruauté lui répugne, et elle trouve les images et le ton juste pour rendre haïssable la liturgie sanglante de la corrida.
L’histoire de l’humanité paraît condamnée : si la science triomphe, c’est aussi dans le perfectionnement des armes et des moyens de destruction, et la sagesse humaine ne connaît aucun progrès. A rebours de toute providence, c’est le hasard qui préside aux vies humaines comme au déploiement de l’univers. Et quand le spectacle de la nature suscite le rêve d’un âge d’or, c’est le procès moral des hommes qui est instruit en creux, et celui de l’ordre social, corrompu par l’argent, le culte des artifices, la soif de domination.
L’idée de la mort ne quitte pas la poésie de Jane de La Vaudère. Au dernier acte, nous savons tous que nous trépasserons. Mais la mort est ambivalente et cette menace peut devenir consolation. Il arrive d’ailleurs, dans une rêverie au bord d’une eau stagnante, que se formule à demi-mot le caractère désirable de la mort volontaire. La mort est gage de paix future, son bienfait s’apparente à celui du sommeil, encore que son mystère demeure et que soit inviolable l’ultime initiation qu’elle nous réserve. Chose remarquable chez une adepte des sciences occultes, la perspective d’une vie post mortem ne suscite parfois que dégoût et lassitude, et seule est souhaitée alors la mort comme extinction définitive. Qu’importe donc ce qu’aura été notre vie, si du moins la folie lui servit, ne fût-ce qu’une fois, de sagesse, et que de cette folie passée le parfum continue d’embaumer le présent, comme le suggère le sonnet « Volupté du souvenir », dans L’Éternelle Chanson :
Souviens-toi du moment où ton âme ravie
A secoué les fers qu’elle traîne ici-bas :
Si c’était une erreur, ne la regrette pas,
Car cette erreur, enfant, a fait toute ta vie !
L’ineffable tendresse ardemment poursuivie,
Tu la connus, un jour, au moment des lilas :
Tu t’endormis joyeux, adorablement las,
Mais plus rien, depuis lors, n’éveillas ton envie.
Oui, les félicités qui viennent en chemin
Sont des fleurs que le vent enlève à notre main ;
Mais c’est déjà beaucoup de les avoir tenues !
Le présent s’amoindrit et semble se ternir,
L’avenir a l’attrait des choses inconnues ;
Mais le seul vrai bonheur nous vient du souvenir !
On pourra également se reporter à la notice bibliographique de la Bibliothèque nationale de France :
Pour citer ce texte inédit & illustré du matrimoine poétique
@JVaudere,« Découvrir Jane de La Vaudère », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événements poéféministes 2022 | « Calendrier du matrimoine poétique 2022 » & N°12 | HIVER 2022-23 « Poémusique des Femmes & Genre », mis en ligne le 16 décembre 2022. Url :
J'ai lu cette étude consacrée à Maximine (une merveilleuse poète !) à l'Université de Clermont-Ferrand en 2011 dans le cadre du colloque Poésie au féminin organisé par Patricia Godi.
La revue Résonances parue tardivement et qui regroupe de très nombreuses interventions réparties sur plusieurs années contient seulement mes poèmes, cet éclairage de l'œuvre d'une très grande dame de la poésie est inédit. Il comporte des extraits de ses recueils et des couvertures de ses ouvrages ainsi qu'une photo prise par le photographe Claude Menninger où nous apparaissons toutes les deux lors de l'une de ses lectures à Strasbourg.
Le titre de mon intervention : Maximine, une poésie jubilatoire qui fait chanter l’âme et le corps au féminin dans une parfaite symbiose avec la nature et les quatre éléments résume à lui tout seul une poésie inclassable qui a été saluée par Georges Mounin, puis plus tard par Henri Thomas.
Mais avant d’aller plus loin, intéressons-nous à l’auteure
Maximine est née le 25 septembre 1952 à Saint-Claude dans le Jura. Maximine, son nom de plume, est aussi son prénom comme il fut celui de sa mère et de sa grand-mère.
Après son baccalauréat en 1970, elle poursuit des études de lettres et obtient son agrégation en 1975, sa vie professionnelle sera par la suite consacrée à l’enseignement, puis aux bibliothèques, principalement à l’Institut National de Recherches Pédagogiques et actuellement à la bibliothèque municipale de Moret-sur-Loire où elle s'enthousiasme, d'après ses propres termes, pour les contes destinés aux enfants.
Mariée au philosophe André Comte-Sponville de 1978 à 1996, elle aura quatre enfants et accueillera une petite fille chinoise. Elle effectuera plusieurs séjours en Chine où ses poèmes sont édités en deux magnifiques livres d’art. Dans les années 90, Maximine donne une nouvelle traduction des grands recueils de Rilke : Les Élégies de Duino, les Sonnets à Orphée et Le livre de la Pauvreté et de la Mort.
L'écriture de Maximine
Ce qui frappe le lecteur d'emblée dans les recueils de Maximine et qui le ravit tout à la fois, c'est l'usage de la même forme régulière qui parcourt toute l'œuvre et l'irrigue d'un même souffle mais toujours renouvelé. Ainsi dans L'ombre la neige , Quotidienne à sonamour , Au front des sapins, Un cahier de Pivoines ou Somme d'amour, l'auteur décline sa rime en douzains et le plus souvent en quatrains d'octosyllabes. Naît ainsi un refrain presque familier qui nous renvoie à la poésie des troubadours et qui nous revient aujourd'hui comme une musique intemporelle tissée de joie et de douleur mêlées qui traverse l'œuvre de Maximine. Georges Mounin nous le disait dans l'un de ses ouvrages Avez-vous lu Char ?, « La pénétration du poème se fait au hasard des émotions, loin de la logique des ouvrages ».
Dans L'ombre la neige, Maximine évoque la mort de sa petite fille et Christian Bobin dans une lettre postface lui écrit : « Votre écriture est un jardin... », et plus loin, « Il y a aussi dans votre livre cette présence simultanée du beau et du terrible, de la voix et du râle. C'est ce qui donne à vos poèmes une joie profonde, une joie réelle, une joie qui n'oublie rien de la douleur comme un fleuve lumineux, toujours inquiet de sa source, toujours s'en souvenant ».
Cette joie dans la douleur est proche de celle de l'enfantement et renvoie bien évidemment au travail de l'écriture où vie et mort n'ont de cesse de se côtoyer dans un poème dansé, irrigué par les battements de cœur de l'auteur qui lui donne vie en parfaite symbiose avec les éléments cosmiques.
Ces quatre éléments nous parlent des quatre saisons de la vie: naissance, adolescence, maturité, vieillesse et font écho bien entendu au printemps, à l'été, à l'automne et à l'hiver et nous parlent de l'eau, du feu, de la terre et de l'air. Car dans les poèmes de Maximine, les quatre éléments cosmiques sont toujours présents, ils fusionnent dans le fond et dans la forme pour se transmuter et libérer une énergie que je qualifierai « d'ivresse jubilatoire qui fait chanter l'âme et le corps au féminin ». Chaque quatrain composé de rimes embrassées est un tout qui contient les quatre âges, les quatre éléments, les quatre saisons. Le philosophe Nicolas Berdiaeff suggérait déjà cette osmose entre la femme et les éléments : « La femme est plus que l'homme liée à l'âme du monde, aux premières forces élémentaires... Les femmes sont prédestinées à être, comme dans Les Évangiles, les porteuses d'aromates ».
Voici un extrait de L'ombre la neige :
« Si radieuse elle venait
Route bleue nuée d'aubépine
Un bel amour on le devine
Au ciel dedans les yeux qu'il met »
Ce « elle », c'est bien évidemment Maximine mais ce « elle » renvoie également à toutes les femmes dont l'auteur semble brandir l'étendard. Ce « elle » qui sonne comme un défi, c'est aussi la femme et l'écriture qui ne finissent par ne faire plus qu'une comme on le verra plus loin. Mais revenons à ce petit quatrain où l'adjectif « radieuse » donne à entendre ou à voir la jubilation à laquelle je faisais allusion, à cette « joie réelle » dont parlait Bobin. L'aubépine dans ces quatre vers nous dit le printemps au sens propre mais symbolise aussi les prémices de la vie. Terre et ciel s'entremêlent dans cette route bleue où
« Bien plus qu' heureuse elle marchait
Comme doivent marcher les anges
Et si de tels mots vous dérangent
En voici d'autres: elle rêvait »
Nous sommes ici dans le poème qui n'est autre qu'un rêve éveillé mais la réalité est cette douleur qui transperce le cœur du poète qui finit par briser et les vers et le rêve :
« Je rêve et si je le pouvais
Je parlerai si beau du monde
qu'une merveilleuse seconde
La douleur de honte en mourrait »
Pas d'amour sans douleur, pas de vie sans la mort. Le poème est son tout et son contraire, c'est à dire ce rien qui abolit le temps ou le suspend dans une grâce tout éphémère. Le poème est tout car il exprime notre nature cosmique, Bachelard auteur de La poétique de la rêverie aurait apprécié sans conteste les poèmes de Maximine et surtout ce vers « Notre sang charrie les étoiles » qui laisse entendre que nous portons en nous l'inconscient du monde minéral, végétal, animal, humain...Nous sommes faits de cette poussière d'étoiles dont nous parle le physicien Hubert Reeves qui nous a appris que notre matière est identique à celle des étoiles mortes. Mais nous sommes également faits de la chair des hommes et des femmes qui nous ont précédés. Tout cela Maximine l'appréhende et nous le chante :
« Savoir savoir de quoi l'on parle
Ou de qui parlant de nos morts
Quelle voix nous diffuse encore
L'écho bleui d'astres moins pâles ? »
L'interrogation sur notre origine a partie liée avec celle de notre fin. Ainsi chaque vers est une danse où vie et mort se frôlent sans se heurter comme dans le flamenco que Maximine a beaucoup pratiqué et dont on retrouve les accents déchirants dans Un cahier de pivoines .
Dans ce recueil flamboyant, les pivoines éclatantes de couleur sont filles du désir « Et de la merveille d'être vivant ». Ces pivoines crient l'amour fou, hurlent à la mort, elles sont filles et sœurs de la jouissance et du désespoir.
« Chacune chantre d'un amour
Chacune chantier d'une extase
Elles jubilent puis s'écrasent
Le printemps sera de retour »
On l'aura à nouveau compris, la jubilation porte en elle l'épine de la désespérance. On songe à Georges Brassens et au poème d' Aragon: Il n' y a pas d'amour heureux .
Mais quand l'amour vibre, alors le poète est au diapason du monde et sa force vive transparaît dans chaque vers. On entend, on voit Maximine danser le flamenco et avec elle le choeur des femmes qui l'ont précédée dans l'écriture. On pense au bel hommage que lui fit l'écrivain Paul de Roux qui écrivit : « De nos jours dans la filiation conjuguée de Louise Labé et d'Edith Piaf, se fait entendre une voix tour à tour passionnée ou plaintive, dont l'un des mérites est de se ficher éperdument des modes littéraires ». Dans Un cahier de pivoines, Maximine écrit comme elle danse jusqu'à l'ivresse, jusqu'au vertige. Une majuscule en plein vers et on l'entend frapper le sol de son talon comme on le fait pour marquer le rythme dans le flamenco car elle nous le dit, elle nous le confie, il faut faire vite, l'amour n'a qu'un temps....
« Pivoines affolées d'extase
Il faut faire vite Le temps
N'a qu'une lampée de printemps
À consacrer à leur grivoi-
series de filles éperdues
Rosies rougies de leur audace
Audace de la pivoine ou de la femme désirante mais également audace de l'auteur qui coupe un mot en deux à la fin d'un quatrain pour en lancer un autre avec le reste du mot, Maximine saute d'un quatrain à l'autre, d'un pied sur l'autre au sens propre et au sens figuré et rougit de son audace comme une pivoine...
Le corps de la femme poète qui danse et l'écriture s'interpénètrent dans un ballet nuptial où les pivoines n'en sont que le prétexte au sens littéral du terme et Maximine d'avouer dans un vers où les mots dans le fond et la forme fusionnent dans une belle allitération : « – C'est mon amour qu'elles me nomment ». Ainsi les mots se mettent à danser sur le papier, la calligraphie, la ponctuation, les majuscules au milieu d'un vers participent au rythme qui est tout à la fois visuel et auditif. Le vers est scandé tel un corps en mouvement perpétuel car, et Maximine, nous donne la réponse dans un quatrain de Somme d'amour, sa poésie et elle ne font qu'un :
« Vous vous demandez qui elle est
Cette femme criant Je t'aime
Mais elle est la poésie même
son désespoir et ses secrets »
Dans Somme d'amour, toujours,son dernier recueil, Maximine écrit, et dans le même temps, chante le temps d'écrire car encore une fois l'amour et l'écriture participent d'un même élan et disent ce même bonheur d'être au monde en phase avec le cosmos.
« Elle est à soi-même son bouquet
Couronnée d'un été qui chante
Elle va tout désir allante
Et le poème ainsi se fait
Les mains pleines de ton attente
Elle n'a rien à t'apporter
Cœurs et pas mêmement légers
Que ces mots de femme vivante
Elle n'a rien la bienvenante
Qu'à toi cette joie de venir
D'autres baisers et dire
Ce chant d'un matin d'une amante »
Dans Un cahier de pivoines, Maximine exulte et s'écrie :
« Balafres faites aux jardins
Par une faux rouge démente
– Je suis fière d'être une amante
– Je suis fière de n'être rien »
Le mot est prononcé, Maximine est une éternelle amante et son écriture est celle d'une femme désirante qui danse sur cette lisière où vie et mort se côtoient. Femme incendiaire et incendiée, elle se brûle aux feux des mots et de l'amour, elle renaît sous la cendre en hiver quand elle évoque son Jura natal dans son recueil Au front des sapins et qu'elle s'écrie que la neige est son écritoire, elle ira même jusqu'à employer le mot de « parenté » quand elle parle des sapins.
« Sapins comme mon écriture
Songes en lignes rangés fous
D'azur d'azur et d'hivers où
La neige et le silence durent
Fous de droiture et de beauté
De rectitude et de mystère
J'ai vécu sous verte bannière
Fière de notre parenté
Sapins quand je ne serai plus
Qu'une pierre dans la vallée
A mes fils au temps vous direz
Le songe en vous que je vécus...
Ainsi Maximine confirme sa parenté avec les sapins, les pivoines, elle est bien en symbiose avec cette nature qu'elle affectionne et dont elle nous confie qu'elle est faite. L'hiver, le printemps, l'automne, l'été la transportent tout entière dans une fête des mots où naît le poème et dans lequel, elle s'incarne corps et âme.
Je reprends ici le bel hommage de Paul de Roux qui écrivait encore à propos de Maximine que « son écriture est aussi virtuose et élégante que celle de Louise Labé, aussi puissante et émouvante que la voix d'Edith Piaf ». C'est dire encore une fois que la voix de Maximine porte en elle d'autres voix, celles des femmes poètes qui l'ont précédée mais également celles de sa mère et de sa grand-mère qui ont toujours rêvé d'écrire et dont elle porte le prénom saluant ainsi ces femmes du silence qui vivent en elles et à travers elles. Le poème devient ainsi le lieu où la « féminitude » de Maximine peut tout entière s'exprimer sans fard, c'est le lieu intemporel d'une liberté revendiquée dans le texte même où l'écriture se plie à sa joie, sa colère, sa peur jusqu'à devenir une peau vivante qui frémit sous les mots.
Si Maximine conjugue toutes les voix de femmes dans ses vers, elle est elle-même toutes ces femmes qu'elle chante et fête. Elle a été la petite fille aux « sapins hantés » ou « aux sapins de capes et d'épées » qui ont crénelé le ciel de son enfance ou encore l' « écolière d'un horizon/ Découpé dans du coton vert », c'est vers eux qu'elles se tournent pour évoquer sa mort car de son enfance « elle a gardé les cailloux en poche » :
« C'est Noël une fois encore
Combien m'en reste-t-il à vivre? »
(Au front des sapins)
Et quand vient l'adolescence, puis la maturité, l'Amour avec un grand A est décliné sur tous les tons: celui de la provocation, de la revendication, de l'unique raison de vivre. Cette aspiration à l'Amour sous-tend tous les textes. L'amour est à la fois l'aspiration et l'inspiration qui donnent sens, si l'on peut dire, à l'éternelle amante de la vie. Voilà comment on peut entendre la musique de Maximine qui déclare elle-même qu'elle est une chanson :
« Ils diront c'était une femme
Et moi j'étais une chanson
Comptant à mes doigts les saisons
Et mes amours dans les étoiles ».
(Somme d'amour)
Le doute n'est plus permis, Maximine traverse la vie avec une rage de vivre et d'aimer qui implosent dans sa poésie. Le titre de l'un de ses recueils Quotidienne à son amour éclaire cette oeuvre qui fait fusionner l'âme le corps et l'écriture dans une exaltation sensuelle où la couleur rouge de la pivoine renvoie à celle du flamenco, à celle du sang, de la peur, de la colère ou de la folie. Mais la chute n'est jamais loin, l'écho de sa propre mort hante chaque vers de Maximine, le bonheur est un vain mot, il n'y a que le désir éperdu d'amour jamais assouvi que seul le poème peut prolonger dans un cri infini et qu'elle qualifie de « parcelle d'incendie » dans Un cahier de pivoines.
« Voici mars et moi j'attends mai
Pour voir les pivoines fleurir
Je ne veux pas avant mourir
D'en avoir fait d'autres bouquets
Les pousses sont déjà sorties
Bordeaux comme les vins de fêtes
Ah pivoines ce que vous êtes
Est reflet de ce que je suis
Pas grand chose une joie de vivre
Et de s'ébouriffer au vent
Une rouge peur en sachant
Qu'aucun amour ne vous va suivre »
Pour conclure cette modeste approche de l'œuvre de Maximine qui mérite bien plus que ce petit éclairage mais qui, je l'espère, aura su retenir votre intérêt, je terminerai par la lecture d'un poème de Maximine tiré de Somme d'amour qui contient toute l'essence et la fragrance de sa poésie. J'ajouterai avant cette lecture la remarque de George Mounin qui a aimé la poésie de Maximine et qui a écrit « Ce n'est pas parce que tel langage est éternel qu'il y a poésie, c'est parce qu'il y a poésie qu'il devient éternel ». C'est bien l'émotion qu'il faut éterniser et non la matière linguistique et de donner une définition du poème que je reprends ici : « Langue de la grâce comme il est celle de l'amour, et parce qu'il est celle de l'émotion, tout poème n'est peut-être au fond qu'un bonheur décrit dans sa propre langue ».
Les Visiteuses, suivi de Quelques Lilas, Maison de Poésie, 2003
Au front des sapins, Arfuyen, 2005
Somme d'amour, Arfuyen, 2010
Livres d'art
Les yeux précieux, suivi de Litanies du Feu en 1996
Dits de la Folie des Pivoines, 300 exemplaires avec 39 reproductions d'aquarelles différentes
Ces deux ouvrages réalisés dans des coffrets de soie ont des attaches d'os à la façon chinoise et sont illustrés par Chen Jin He et Toulet Miziamuk
Traductions
Les Élégies de Duino, de Rainer Maria Rilke, Actes Sud, 1991
Les Sonnets à Orphée, de Rainer Maria Rilke, à paraître aux Éditions Arfuyen
Revues : Paroles d'Aube, Arpa, Critique, Poème 93, Caravanes, Le Coin de Table, Les Heures, Florilège, Casse, La Revue Alsacienne de Littérature
Sitographie
Site du Printemps des Poètes
Site d'Arfuyen
Site de Poezibao
II. Ouvrages de référence
Gaston BACHELARD, La poétique de la rêverie de, Presses Universitaires de France, 1978
Nicolas BERDIAEFF, La signification de l'acte créateur, 1920
Christian BOBIN (postface de) dans L'ombre la neige de Maximine, Éditions Arfuyen, 1991
Dossiers de presse sur les sites des Éditions Arfuyen et Poezibao avec des références à Georges MOUNIN, Henri THOMAS et des appréciations de Paul de ROUX
Georges MOUNIN, La communication poétique, précédé de Avez-vous lu Char ?, Éditions Gallimard, 1969
***
Pour citer cet article inédit du matrimoine poétique
Françoise Urban-Menninger,« Petit éclairage de l’œuvre de Maximine », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événements poéféministes 2022 | « Calendrier du matrimoine poétique 2022 » & N°12 | AUTOMNE-HIVER 2022-2023 « Poémusique des Femmes & Genre », mis en ligne le 13 décembre 2022. Url :
Présidente de l’association "Voix de femme nabeul"
Crédit photo : Femmes iraniennes, domaine public.
C’est ahurissant et scandaleux ce qui se passe en Iran. J’étais abasourdie et je n’arrivais pas à réagir, figée par ces évènements inadmissibles !
Comme je comprends ce magnifique peuple Iranien, c’est un ras-le-bol global des décennies sous un régime anti-liberté. C’est dramatique !
Oui femmes, criez fort votre colère, ôtez ce fichu foulard de l’oppression de la déchirure, de la servitude, il n’a plus lieu d’exister ! Brûlez-le, piétinez-le en hommage à Mahsa Imani que Dieu illumine son âme ! Que sa mort soit la flamme de la résistance iranienne. Levez vos voiles en étendard, le linceul de cette pauvre jeune fille lynchée.
Quelle horrible injustice vivent encore les femmes dans ce monde déshumanisé. Je suis écœurée, paix à ton âme Mahsa la courageuse, l’innocente victime des ignares bigots.
J’arrête là car les mots me manquent, la colère et la peine me nouent la gorge… paix aux âmes perdues dans cette lutte.
Pour citer ce témoignage engagé, féministe & inédit
Mariem Garaali Hadoussa,« Un élan de solidarité aux femmes iraniennes »,Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Évènements poéféministes | « Bravoure iranienne » & N°12 | HIVER 2022-23 « Poémusique des Femmes & Genre », mis en ligne le 10 décembre 2022. Url :
Mariem Garaali Hadoussa,« Moi et mes zones d'ombre », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événements poéféministes 2022 | « Calendrier du matrimoine poétique 2022 » & N°12 | HIVER 2022-23 « Poémusique des Femmes & Genre », mis en ligne le 8 décembre 2022. Url :
RÉCEMMENT, LE SITE « PANDESMUSES.FR » A BASCULÉ EN HTTPS ET LA DEUXIÈME PHASE DE SA MAINTENANCE PRENDRA DES MOIS VOIRE UN AN. NOTRE SITE A GARDÉ SON ANCIEN THÈME GRAPHIQUE MAIS BEAUCOUP DE PAGES DOIVENT RETROUVER LEUR PRÉSENTATION INITIALE. EN OUTRE, UN CLASSEMENT GÉNÉRAL PAR PÉRIODE SE MET PETIT À PETIT EN PLACE AVEC QUELQUES NOUVEAUTÉS POUR FACILITER VOS RECHERCHES SUR NOTRE SITE. TOUT CELA PERTURBE ET RALENTIT LA MISE EN LIGNE DE NOUVEAUX DOCUMENTS, MERCI BIEN DE VOTRE COMPRÉHENSION !
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