31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 09:58

 

Critique & réception

 

 

Louis-Philippe Dalembert,

 

En marche sur la terre,

 

Éditions Bruno Doucey, 2017, 131 p., 15€

 

 


Maggy de Coster

Site personnel : www.maggydecoster.fr/

Site du Manoir des Poètes : www.lemanoirdespoetes.fr/

 

 

 

Écrire de la poésie est un acte de générosité et cela ne se commande pas. Louis-Philippe Dalembert a bien la poésie chevillée à l’âme, elle l’interpelle en tout temps et en tout lieu, se saisit de lui et envahit tout son être. Aussi nous concède-t-il « ma poésie saigne / et se rebelle. Vivant loin de sa terre natale Haïti chérie, ce pays où la vie est tirée au sort, il se fait le chantre de l’indétrônable pauvreté qui la gangrène et pose en même temps un regard attendri sur tous ses frères humains, ces mal-aimés que les puissants de ce monde ont rejetés, ces victimes de guerre de Sarajevo, du Liban.

 

En marche sur la terre, débute par un poème liminaire, un exorde poétique intitulé « là d’où je viens » qui est comme un marqueur identitaire révélateur de l’origine du poète.

Dans ce recueil de poèmes l’auteur se veut informel en dérogeant aux conventions typographiques et orthographiques relatives à l’usage des majuscules en début de phrase et pour les noms propres, il préfère les minuscules. Le recueil s’articule autour de trois parties bien distinctes suivie dune postface :

 

  • « de toutes parts et point d’ici », là il se révèle l’homme universel qui erre de contrée en contrée en y laissant ses empreintes, en creusant ça et là ses sillons.

  • « de guerre et d’amour », c’est la description de l’horreur qui décape la vie.

  •  « lettres d’ailleurs », ici le poète s’adresse à des gens qu’il affectionne particulièrement comme sa grand-mère par exemple.

  • Une postface intitulée « besoin de poésie » termine l’ouvrage.

 

 

Ce recueil est comme un mémento où sont rangés les souvenirs d’un vagabond, comme Louis-Philippe Dalembert se définit lui-même, qui a roulé sa bosse aux quatre coins du monde. Un témoignage poignant des malheurs qui accablent les plus faibles, livrés à leur triste sort. C’est l’aveu d’impuissance d’un être au cœur sensible face aux calamités qui s’abattent sur ses semblables de par le monde.

C’est la complainte de l’homme aux semelles de vents, pour emprunter à Verlaine la métaphore par laquelle il caractérisait Rimbaud. Faute d’avoir raté le pari de « changer la vie » comme l’a préconisé le poète de Charleville-Mézières, il songe à retourner au bercail retrouver les odeurs de l’enfance et se ressourcer :

 

« Maintenant que j’ai voyagé

que je voyage la vie

j’ai envie par moments

de m’arrêter

comme lorsque enfant nos semelles vagabondes

nous ramenaient à la maison

 

Mais il est vite rattrapé par la désillusion jusqu’à laisser entendre :

 

« mais j’ai perdu

le chemin du retour

quelque rapace amblyope et gourmand

aura gobé les cailloux

que j’avais oublié de semer »

 

C’est la joie et le bonheur de vivre dans le partage sur cette terre où il se considère comme un étranger itinérant.*

 

 

Voir aussi la présentation de ce recueil chez léditeur : http://www.editions-brunodoucey.com/en-marche-sur-la-terre/

 

***

Pour citer ce texte

 

Maggy de Coster, « Louis-Philippe Dalembert, En marche sur la terre, Éditions Bruno Doucey, 2017, 131 p., 15€ », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°10, mis en ligne le 31 mars 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/marchesurlaterre.html

 

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Le Pan poétique des muses - dans La Lettre de la revue LPpdm
31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 08:43

Poème en prose inédit sur l'amour & l'amitié

 

 

Ces yeux-là

 

 

Françoise Urban-Menninger

 

Blog officiel : L'heure du poème

 


 

 

Ces yeux-là n'appartiennent qu'aux hommes de la mer. Ils en prennent tout le bleu et conservent dans leurs stries, la mouvance des vagues, des vents et des marées.

Ces yeux-là vous emportent l'âme sur un navire en dérade et vous partez, île flottante, sur d'exquises banquises, où un peu ivre d'être marquise, vous découvrez qu'à l'infini, l'horizon sans cesse se renouvelle.

Ces yeux-là sont eux-mêmes l'horizon. Ils le limitent et le cernent dans l'essence même d'un bleu plus bleu que l'azur, plus profond que l'océan sans fond.

Ces yeux-là transcendent l'espace et le temps dans l'éternité d'un regard unique, jeté au-delà de lui-même, telle l'ancre d'un navire.

Ces yeux-là sont poésie et poèmes.

Ils témoignent de la lumière portée au-delà des astres et des planètes sur d'autres galaxies.

Ces yeux-là plus céruléens que nos ciels de terre ont vu et se sont écarquillés sur d'autres cieux. Ils en ont pris la couleur, en ont capté les teintes, la magie et tout le magnétisme.
Ces yeux-là, s'ils ne nous entraînent pas dans la danse infime d'une myriade d'étoiles, à peine perceptible par un œil humain, ces yeux-là, vous noient, à n'en pas douter dans l'encre des mots, où vous couchez, un soir d'ennui, votre rêve de papier.

***

Pour citer ce poème

 

Françoise Urban-Menninger, « Ces yeux-là », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°10, mis en ligne le 31 mars 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/cesyeux.html

 

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Le Pan poétique des muses - dans La Lettre de la revue LPpdm
3 mars 2017 5 03 /03 /mars /2017 15:03

 

Poème sur l'amour & l'amitié

 

 

H. Arendt « et, dans ce parler, nous

 

apprenons à être humains »

 

 

 

Sophie Brassart

 

Poème & illustration

 

Blog officiel : http://graindeble.blogspot.fr/

Site officiel : www.toilesonore.com

H. Arendt « et, dans ce parler, nous apprenons à être humains »

© Crédit photo : Pensée rouge par Sophie Brassart

 

 

 

 

De

Ton regard à mon regard

Il est midi


 

Au bord de la rivière


 

Bleuté l'espace est clos

la douleur – de plus en plus vive

et la lumière – de plus en plus vive

d'antiques corbeaux – toutes mes pensées


 

elles tiennent dans une seule cage


 

Ma voix est plus éphémère que le souffle


 

& dans le sillage de l'étoile


 

ton reflet vibrant longtemps après

Le poème


 


 

Mais à l'instant de nos visages


 

Mon amour ensemble il est midi

 

 

***

Pour citer ce poème

 

Sophie Brassart (poème et illustration), « H. Arendt "et, dans ce parler, nous apprenons à être humains" », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°10, mis en ligne le 3 mars 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/arendt-humains.html

 

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Le Pan poétique des muses - dans La Lettre de la revue LPpdm
3 mars 2017 5 03 /03 /mars /2017 14:08

 

Poème sur l'amour & l'amitié

 


 

Réponse à Breton

 

 

 

Barbara Polla

 

Blog officiel : https://barbarapolla.wordpress.com/

 

Illustration par Gordan Ćosić

 

 

 

© Crédit photo : "Japan 2" par Gordan ĆOSIĆ

 

 

Un homme aux cheveux d'airain

Et boucles de pain

À la pensée de cavalier

Un homme aux dents de tigre

À la bouche de volcan de fumée et de feu

Aux dents d'empreintes dans la chair des hyènes

A la langue odorante d'écorce montagnarde

Homme à la langue d'oubli d'appétit

À la langue de parole qui dit et qui se tait

À la langue de marée encore une fois salée

À la langue de saveurs

Homme aux cils comme des herbes folles

Dans les prés oubliés de la fin de l'été

Homme aux tempes d'ardoise ou l'esprit s'inscrit

Et de verre dépoli

Homme aux épaules de cheval de trait

Qui laboure nuitamment les terres du milieu

Déracine des rochers qui ressemblent à des corps

Homme aux poignets qui conduisent les chars

Aux mains de sculpteur de terre et d'argile

Aux doigts de plume au doigté d'arme blanche

Homme aux aisselles marines après la pèche

De nuits d'hiver où l'eau sent sous la glace

De graines de fougères de chemins ensablés

Aux bras de branches des arbres arrachés

Et de mélange de cimes et d'engrais

Un homme aux jambes de forêt

Aux mouvements du temps et d'ailleurs

Aux mollets de fougères près des sources

Un homme aux pieds signature

Aux pieds de talon d'Achille aux pieds des prés humides

Un homme au cou d'avoine odorante

À la gorge de torrent jurassique

De rendez-vous dans le lit même du torrent

Au torse de nuit

Un homme au torse de constellation lactée

Au torse de la force de l'or Paracelse

Un homme au ventre du creusement de soi

Au ventre de plaie béante

Un homme au dos d'hippocampe

Au dos d'étoile de mer dos de lumière

À la nuque de sel marin de marée descendante

Et de perte à jamais du contrôle de soi

Un homme aux flancs de vaisseaux

Aux flancs de Rackham le Rouge

De pirates au plus noir de pirates d'eau bleue

Un homme aux fesses de rocher

De marbre de Carrare

Aux fesses de collines en hiver

Aux fesses de neige

Au sexe de printemps

Homme aux yeux d'effroi

Aux yeux de corps aux yeux d'adieu

Aux yeux qui savent aux yeux qui jouent

Qui se ferment et revoient

Aux yeux d'eau qui se perd

Aux yeux de niveau d'eau de niveau d'air et de terre

Aux yeux de niveau d'eau sans jamais une larme

 

 

***

Pour citer ce poème

 

Barbara Polla, « Réponse à Breton », illustration "Japan 2" par Gordan Ćosić, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°10, mis en ligne le 3 mars 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/breton.html

 

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