Numéro Spécial | Printemps 2022 | Dossier majeur | Florilège / Poésie érotique (pour le premier poème)
Blanche colombe
&
Le permis de CONNERIE 3764
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Crédit photo : Delmira Agustini, "Frangipanier blanc - Îlets Pigeon", domaine public, Wikimedia.
Blanche colombe
Je décidai un jour de goûter enfin au plaisir inédit.
Logée dans les tréfonds du satin de l’alcôve,
abandonnant mon âme au désir d’un grand fauve,
je me laissai aller au délice interdit…
Le bellâtre m’enseigna d’emblée sur un ton érudit
comment me prosterner devant son crâne chauve…
Son sexe n’était plus en fait qu’une chagrine guimauve.
Ô, enfer, damnation ! On me l’avait pourtant prédit.
J’avais tant rêvé de lui, en vain j’espérais son amour,
or, il n’était qu’un dandy fort et petit,
de surcroît sans humour,
sur le carrefour encombré du grand âge.
Il était bien plus âgé que moi,
‒ jeune et blanche colombe ‒
blonde ingénue,
désespérément nue,
sage,
blottie dans son émoi
dans l’alcôve prisonnière
d’un cortège insensé de pédantes chimères.
Il insista pourtant, m’agrippant par la main,
me promit un miracle, un divin lendemain
avant de s’en aller pour toujours
me dit-il suppliant,
dans la tombe…
!
Crédit photo : "Pigeon paon blanc", domaine public, Wikimedia.
Le permis de CONNERIE 3764
Pas besoin de permis pour devenir CON,
on ne naît pas CON, on le devient.
Question 1 : le devient-on par mimétisme ?
Sans doute. Ce virus étant très contagieux,
il conviendrait d’éviter
de fréquenter de trop près la bêtise !
Tout compte fait, le mot « bêtise »
est trop puéril à mon gré,
je n’emploierai dorénavant d’autre substantif
que celui de « CON » ou sa déclinaison « CONNERIE »
(en majuscule de surcroît, et bien évidemment).
Question 2 : Un CON peut-il être gratifié d’amateurisme ?
À cela je répondrai catégoriquement : « Non. » :
quand on est CON on l’est tout à fait,
à des degrés différents, il est vrai
− encore que – lorsque le mal est fait
les limites sont très incertaines
et tendent vers l’infini de l’incommensurable…
L’idéal serait de repérer ces individus très rapidement
afin de ne pas tomber dans leurs griffes assassines,
ce qui est en l’occurrence
une tâche d’envergure promettant
bien des échecs.
La vie est ainsi faite,
certains sont des êtres bons
et bien d’autres infects,
à nous de faire au mieux
dans cette grande jungle suspecte
des humains…
Quand on est CON, on le reste,
c’est certain… !
Question 3 : Est-il de bon ton d’être CON ?
Voilà une question,
plutôt CON, je l’avoue
m’autorisant à me demander
si la CONNERIE serait ‒ elle aussi ‒
un virus très CONtagieux…
Il semblerait qu’en cette période difficile,
il vaudrait mieux être CON que covidé !
Depuis toujours, le monde a ses travers.
Aujourd’hui, les hommes
ont leurs défenses à l’envers,
c’est l’enfer dans la tête du poète,
même un troisième rappel de vaccin
ne dispense pas du Covid,
et on n’a même pas encore inventé
un vaccin nous préservant de la CONNERIE !
Pas besoin de permis pour être CON,
pas besoin d’autorisation pour être covidé,
quand on est CON, on le reste,
quand on est rattrapé par le Covid
on fait ce qu’on peut pour s’en débarrasser
sans séquelles…
Les CONS sont fiers de l’être et le restent,
les covidés espèrent rester vivants.
La CONNERIE quant à elle est immuable
et transmissible,
les CONS sont malsains et incurables,
que dire de plus sinon : « Évitons-les ! »
(dans la mesure du possible).
La CONNERIE n’est que trop contagieuse,
au royaume souverain des CONS
les rivalités sont redoutables.
Imaginez un concours
permettant aux CONs de rivaliser,
où celui qui remporterait la meilleure note
se verrait décerner le droit
de décimer tous ses CONcurrents !
Ne rêvons pas,
nous sommes tellement habitués
à évoluer dans un monde peuplé
de ces preux énergumènes
que ‒ pour un peu ‒ s’ils n’existaient plus
nous serions CONjointement
COMplètement désorientés !
Cette seconde décennie du XXe siècle
a bien mal commencé.
Nous sommes désormais CONfrontés
à deux uniques injonctions de CONtagion
assassine :
- devenir CON
- ou être covidé…
Face à ce choix insensé et sans appel,
la poète ‒ à défaut d’autres maux ‒
n’ayant plus de tête ni de mots,
espère quant à elle
et ‒ sans grande CONviction ‒
être en mesure de pouvoir encore
se retirer à temps de la chagrine
COMpétition… !
***
Pour citer ces poèmes humoristiques inédits
Monique-Marie Ihry, « Blanche colombe » & « Le permis de CONNERIE 3764 », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Numéro Spécial | Printemps 2022 « L'humour au féminin » sous la direction de Françoise Urban-Menninger, mis en ligne le 13 février 2022. Url :
http://www.pandesmuses.fr/ns2022/mmi-blanchecolombe
Mise en page par David Simon
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