22 mars 2022 2 22 /03 /mars /2022 11:47

REVUE ORIENTALES (O) | N° 2-1 | Dossier & Événements poétiques | Festival International Megalesia 2022 | Entretiens artistiques, poétiques & féministes

 

 

 

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Rencontre avec l’artiste &

 

 

l’intellectuelle Hanen Allouch

 

 

 

 

 

 

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Propos recueillis par

 

Hanen Marouani

 

Peintures & Poème de

 

Hanen Allouch

 

 

 

 

Biographie de Hanen ALLOUCH

 

Est docteure en littérature comparée de l’Université de Montréal (2019), avec une thèse sur les problèmes du biopouvoir dans les représentations littéraires et filmiques du milieu éducatif. Elle est également docteure en littérature française du XXe siècle de l’Université de la Manouba (Tunisie) et l’auteure d’une thèse sur l’écriture de l’empêchement dans l’œuvre de Louis-René des Forêts (2016). Elle s’intéresse aux théories biopolitiques, aux travaux sur la décolonisation, à la philosophie de l’éducation, au cinéma arabe, à la francophonie comparée et à la création littéraire et artistique italienne.

 

Elle a participé à diverses manifestations scientifiques internationales et elle a publié de nombreux articles au Canada, en Tunisie, en France, aux États-Unis et en Espagne. Elle a remporté de nombreux prix dont le prix Bobi Bazlen en études culturelles italiennes comparées.

 

Par ailleurs, elle est aussi ingénieure culturelle de l’Université Bordeaux-Montaigne (2014) et elle est la créatrice d’une œuvre picturale qui traduit la passion des couleurs et des formes. Peinture à l’huile, acrylique, aquarelle et collage tracent les contours d’un parcours artistique radical et atypique.

 

Liens utiles : 

 

https://www.linkedin.com/in/hanen-allouch-19803779/

https://umontreal.academia.edu/HanenAllouch?from_navbar=true

https://www.artcollector-saint-mitre13.fr/447904453

Entretien

 

 

1. Hanen MarouaniBonjour Hanen Allouch, ravie de vous avoir parmi nous dans ma série d'entretiens pour les revues féministes Le Pan Poétique des Muses et Orientales qui a pour objectif principal de présenter des parcours « atypiques » et inspirants de jeunes femmes tunisiennes aux talents multiples autour du monde et je suis fière de vous dire que vous en êtes une. Qu’est-ce qu’on peut dire encore sur vous pour mieux vous présenter au lectorat ?

 

 

Hanen ALLOUCH – Merci pour votre invitation et pour cet espace virtuel que vous consacrez aux jeunes femmes tunisiennes. Je trouve que c’est extrêmement important de valoriser la recherche et la création au féminin dans un contexte tunisien en continuelle mutation.

Je ne sais pas si je dois me présenter à travers mes écrits ou bien si je dois plutôt dire d’où je viens, où je vis. C’est drôle de devoir se présenter aux lecteurs à travers des dates et des localisations géographiques. On va dire que je viens de Sfax, que je vis à Montréal et que je suis née en 1983. Je le dis en passant mais au fond je sais que cela ne dit rien de moi. Qu’est-ce que la chronologie ou l’espace disent-ils de moi ? Je n’ai pas choisi de venir de Sfax mais cela a façonné ma personnalité et c’est une appartenance dont je suis fière, non pas par chauvinisme mais par espoir. J’ai choisi de m’établir à Montréal ou c’est plutôt un concours de circonstances qui a fait que Montréal se présente comme un choix d’avenir. Pour mieux me présenter au lectorat, je pourrais parler de mes écrits, mais c’est toujours mieux de l'inviter à les lire. Je peux aussi énumérer mes diplômes et réciter quelques pages de mon CV sans que cela me présente réellement. (Rire) Dans quelle mesure je suis ce que je réussis à faire ? Ne suis-je pas mes échecs aussi ? Je pourrais aussi me présenter à travers mon œuvre picturale mais un tableau créé à un moment donné peut-il réellement être représentatif de ce que je suis capable de créer et de mon rapport à la création artistique en général ? Peut-être qu’au cours de cet entretien nous aurons l’occasion de nous connaître mieux et qu’aborder certains points susciterait chez le public une certaine curiosité qui les amènerait à s’intéresser à mes écrits et à mes tableaux.

 

© Crédit photo : L’artiste Hanen Allouch entourée de ses œuvres (Atelier de l’artiste Wissem Abdelmoula, décembre 2020, Sfax). 


 

 

 

2. H.M.À ma connaissance aussi, vous êtes la première ou la seule tunisienne doublement docteure en études littéraires. En quoi cela est-il important pour inspirer d’autres jeunes femmes de votre communauté ou des prochaines générations ?


 

H.A. – La double diplômation est une longue histoire. J’ai deux mastères et deux doctorats et le tout a été fait en un temps record. Cela m’a pris le temps d’un seul parcours alors que j’en ai fait deux. C’était un défi que je me suis lancée pour avoir une vie après la vie. Je voulais m’essayer sous d’autres cieux afin de mieux apprendre sur moi-même et sur ce que je désire vivre réellement. J’avoue que le fait d’étudier durant toutes ces années à un rythme très soutenu m’a empêchée de jouir d’un temps libre que j’aurais pu consacrer à la création littéraire ou artistique. Étudier, est, selon moi, une seconde chance. Quand on vient d’une société conservatrice, quand on n’est pas encouragée en tant que femme à apprendre et à faire carrière, quand on nous répète sans cesse à quel point nos corps posent problème, l’éducation devient l’unique issue possible. Habib Bourguiba, le premier président de la République tunisienne, l’avait bien compris et une grande partie de la société tunisienne aussi. Heureusement ! Nous savons que la discrimination à l’égard des femmes est une réalité mondiale, ceci n’est pas le propre des pays arabes. Une femme, partout dans le monde, est sous-payée, a moins de chances d’occuper des postes de responsabilité, et si elle y arrive, elle doit continuellement prouver qu’elle en vaut la peine et qu’elle mérite d’être écoutée.

Certains vont penser que je me contredis mais je vais quand-même préciser que les diplômes ne sont pas tout dans la vie et qu’il faut aussi avoir les compétences et le savoir-faire qui les accompagnent et qui les valorisent. Il faut être une femme de terrain et savoir s’intégrer dans le monde du travail. Aux jeunes femmes de ma communauté, je dis : « Ne baissez jamais les bras, vous êtes capables de réussir, malgré ceux qui veulent vous prouver le contraire. Suivez vos rêves. Ne regrettez pas de naviguer à contre-courant. Soyez vous-mêmes et battez-vous pour réussir. »

 

3. H.M. – Quand on laisse tout tomber et on décide de recommencer à zéro, on prend un bon ou un mauvais chemin d’après votre expérience d’immigration ? Comment vous l’avez vécue ?

 

H.A. – Recommencer à zéro a vraiment été mon cas. J’ai laissé derrière moi un poste où j’étais enseignante titulaire, la sécurité de l’emploi et le petit confort financier auxquels rêvaient beaucoup de jeunes. J’ai réussi le concours de recrutement de l’enseignement secondaire à l’âge de 23 ans et cette année-là nous étions 10 nouveaux enseignants pour toute la Tunisie. En tant qu’expérience, l’immigration n’est jamais un mauvais chemin, elle nous apprend énormément sur nous-mêmes, sur les sociétés que nous quittons et sur notre nouvel environnement. C’est une fenêtre qui s’ouvre sur un nouveau champ. Des fois, on mesure la réussite d’une immigration aux diplômes accumulés ou aux gains financiers. Il y a toujours à la fois cette image attendrissante et ridicule du retour de l’enfant prodige. La valise remplie de cadeaux, le titre universitaire qu’il vient d’obtenir, le compte en banque, la voiture importée, etc. Sortir de la pauvreté, prouver que le départ en valait la peine, que les sacrifices aient rapporté leurs fruits. C’est une vision limitée, un cadre sans profondeur.

Immigrer c’est redevenir soi-même sous d’autres cieux, c’est grandir, des fois vieillir, apprendre. Au début, j’ai très mal vécu le départ. Je ne voulais pas rester en Tunisie à cause d’un quotidien qui était devenu étouffant et en même temps je ne savais pas où j’allais et je n’étais pas totalement prête à « recommencer à zéro ». Le problème c’est aussi qu’on ne recommence jamais à zéro, on recommence toujours à partir de quelque chose qui est en même temps une perte et un espoir, un deuil et une renaissance. J’étais en maîtrise totale de mon environnement tunisien. Sortie très tôt au marché du travail et assumant de nombreuses responsabilités dès mon jeune âge, j’avais une expérience considérable de la vie en Tunisie. Le fait d’être une fille unique, de grandir dans des conditions familiales assez particulières qui m’obligeaient à assumer de nombreuses responsabilités, tout cela a forgé très tôt ma personnalité. Et quand je me suis retrouvée à l’étranger, sans repères, sans sécurités, sans tout ce que j’avais construit en Tunisie, je l’ai vécu très mal. Je me suis réfugiée dans les études. L’immigration est aussi un révélateur, un miroir tendu qui nous fait paraître sous une nouvelle lumière, à travers de nouveaux prismes. Je me souviens d’une amie d’enfance qui disait à nos amis communs, « Hanen même en Amérique, elle serait capable de secouer des convictions ». Je suis en Amérique du Nord et des fois l’on me dit que mes idées choquent. Que faire ? Je ne peux qu’être fidèle à moi-même. Ma vie au Canada m’offre l’opportunité d’intégrer une société où la diversité est une richesse et en même temps un combat vers l’intégration. Je dis bien intégration et non pas assimilation, car il faudrait réconcilier l’identité et l’appartenance. Comment faire partie de son nouveau monde sans jamais avoir renoncé à l’ancien ? Comment ne pas être assise entre deux chaises ? En fait, l’expérience de l’immigration nous apprend à poser de nombreuses questions auxquelles seul le vécu d’une personne migrante peut répondre.


 

 

 

© Crédit photo : Un panorama de quelques œuvres picturales de l’artiste Hanen Allouch. 

 


 

4. H.M. – Voyager entre la recherche scientifique, les arts, la poésie et l’engagement dans la société civile, à quel point tout cela fait bel et bien votre différence surtout quand toute l’appartenance culturelle indique et même oblige l’orientation vers le sens unique ?

 

H.A. – Je ne fais pas partie des gens qui croient à l’existence d’une seule voie. Dès mon adolescence, j’ai ressenti le besoin de créer pour extérioriser mes émotions et pour repenser la société. J’étais une adolescente rebelle et je ne comprenais pas toutes les difficultés qui se rapportaient à mon identité et à ma condition de femme en devenir. Je cherchais une forme de liberté. Très jeune, j’ai écrit de la poésie en arabe puis j’ai très vite commencé à écrire en français. Après un baccalauréat en économie et gestion qui m’a valu un prix d’excellence, j’ai choisi d’entamer des études en langue, littérature et civilisation françaises. J’ai suivi mon cœur qui m’a dit de choisir ce que j’aime. On fait toujours un bon choix quand on choisit ce qui nous passionne. La peinture est venue beaucoup plus tard comme mode de création « alternatif ». Pendant la pandémie, j’avais cessé d’écrire. J’ai vécu la pandémie dans des circonstances assez particulières. Vivant au Canada depuis 2014, en février 2020, je décide de partir en vacances en Tunisie, et au lieu d’y passer un mois comme prévu, j’y passe toute l’année. Après la fermeture des frontières, j’ai pu continuer à enseigner à distance dans mon établissement canadien et, à cause du décalage horaire, j’enseignais à des horaires pas possibles, de 23h30 à 2h30 du matin. Quand j’avais besoin d’une respiration, je me mettais face à une toile. Dessiner et peindre m’ont permis de m’exprimer autrement et de créer un espace où il fait bon vivre. Je ne trouvais plus les mots pour dire la pandémie et le silence dans lequel j’étais enfermée pendant le confinement et la fermeture des frontières. Cela a commencé spontanément. Un jour, je me suis arrêtée et j’ai acheté des toiles et des pinceaux. Mon appartement à Sfax est situé à la Cité Jardins, c’est-à-dire dans le quartier de l’École des Beaux-Arts et mon oncle maternel, feu Khalil Aloulou, artiste et universitaire, est l’un des fondateurs de cette école prestigieuse. D’ailleurs, la galerie municipale de Sfax porte son nom, en hommage à ce qu’il a apporté à la scène artistique locale. Sans doute, mon expérience picturale a été motivée par cet héritage familial mais aussi par un besoin de m’exprimer autrement qu’en passant par les mots.


 

5. H.M.- Qu’est-ce qui a changé en vous en renouant avec les mots, les pinceaux et les couleurs ? La création artistique et poétique a-t-elle la possibilité de créer une relation plus libre avec soi ou avec les autres ? Permet-elle vraiment de trouver la paix ? Des mots et des tableaux pour raconter quoi au juste : la peur, l’horreur ou l’attente du bonheur ?

 

H.A.- Il s’agit moins d’un changement que d’une extériorisation de ce qui n’a pas été exprimé jusque-là. Le non-dit, le tabou et le trauma trouvent bien leur place dans le monde de la création. D’ailleurs, heureusement que cet univers est possible. Des fois, c’est seulement cela qui rend le monde vivable. Il ne faut pas croire que je crée dans la souffrance, au contraire, c’est une grande joie, une euphorie de voir naître des mondes possibles et insoupçonnés.

L’émerveillement est toujours le même, une infinité de premières fois. C’est assez extraordinaire mais il y a une correspondance étonnante entre mes poèmes et mes tableaux sans que cela ne soit voulu, on pourrait parler de synesthésie et d’une expérience poly-sensorielle et émotionnelle qui revient sous plusieurs formes d’où le projet d’un recueil de poèmes et de peintures sur lequel je suis en train de travailler.

 

6. H.M. – Merci de partager avec nous cette belle nouvelle ! On aura donc l’occasion de célébrer la sortie de votre premier recueil de poésie très prochainement. Peut-on vous qualifier par une rescapée en quête de vérité ou d’identité ?

 

H.A. – Nous sommes tous les rescapés de quelques événements individuels ou collectifs, nous sommes aussi de perpétuels rescapés de la menace de mort dans un sens psychanalytique, je crois que la création se constitue entre les deux pulsions contradictoires de vie et de mort. Quant à la vérité et à l’identité ce sont des quêtes personnelles qu’on choisit ou qui nous choisissent quand on a une histoire personnelle assez particulière marquée par les métissages et les voyages intérieurs et géographiques. Je pense que chacun puise dans son patrimoine à sa façon, afin de se constituer des filiations et de transmettre ce qu’il a appris sur lui-même et sur les autres et c’est peut-être cela qui justifie la création, plus que les nombrilismes identitaires qui hiérarchisent les diversités. Mon métier d’enseignante que j’exerce depuis 2007 et qui m’a permis de travailler avec des élèves et des étudiants de tous les âges et sur trois continents, de l’école maternelle jusqu’à l’université, ce beau métier que j’ai choisi et qui était aussi le métier de mon père, m’a beaucoup appris sur la valeur de la transmission, il n’y a que cela de vrai, l’avenir, une destination qui permet à de futures générations de mieux se construire une fois bien outillées. Je crois que notre rôle en tant qu’artistes et intellectuels n’est pas de nous exposer comme des sources intarissables du savoir et de la création, c’est surtout partager et transmettre le peu que nous pensons maîtriser.


 

7. H.M. – La femme et la liberté de l’émotion dominent vos tableaux ! Oui ou non ?

 

H.A. – Tout à fait ! Sans le vouloir et sans le préméditer, la femme constitue un lieu commun de ma création picturale. La liberté de l’émotion ou la liberté tout court me préoccupent en tant qu’artiste. J’ai grandi dans une famille matriarcale où les femmes assument beaucoup de responsabilités : dès mon jeune âge, j’ai vu ma mère et mes tantes se battent sur différents fronts pour défendre leurs droits en tant que femmes. La Tunisie est sans doute l’un des pays arabes où les femmes sont les plus émancipées, peut-être même LE pays arabe où elles ont le plus de libertés, mais ce n’est pas suffisant. Même dans les pays où les lois et les pratiques semblent protéger les femmes des moindres abus, il reste toujours du travail à faire sur terrain. Disons que la femme est héritière d’un combat et qu’elle n’est nullement privilégiée par une humanité dont l’Histoire fait se succéder des exploits masculins en occultant l’Histoire des idées et des combats politiques des figures féminines. Ce n’est qu’au cours des dernières décennies qu’il a été envisagé de revisiter cette Histoire exclusivement masculine afin de la réécrire et de remédier aux omissions volontaires. Dans mes tableaux, je défends l’idée de la pluralité et de la diversité des féminités. J’aimerais beaucoup que le grand public puisse se réconcilier avec la multitude des perspectives selon lesquelles une femme aimerait être vue, loin des stéréotypes relatifs à l’unicité du beau.


 

8. H.M. – Hanen Allouch, derrière vos écrits et derrière votre engagement féministe et artistique, est-ce qu’on peut lire votre « regard » ou votre propre histoire ?

 

H.A. –  En réalité, mes écrits et mes tableaux dépassent les limites de l’autobiographie et de l’autoportrait. Mon regard est certainement présent autant qu’une vision de mon vécu mais ce n’est pas limité à cela. Je vois l’expérience de création comme une libération des contraintes du moi et comme une quête d’altérité et de diversité. Pour moi, créer implique surtout la générosité du partage. On pourrait aller vers le débat barthésien de la mort de l’auteur en tant que figure dominante, mais pour dire les choses brièvement, en ce qui me concerne, je ne suis pas le sujet principal de mes propres créations. Je suis une personne extrêmement curieuse qui aime lire et découvrir tout ce qui l’entoure et je pense que cela se retrouve dans ma création littéraire et artistique. Je m’intéresse aussi aux échos de ce que je crée, c’est-à-dire à la réception de l’œuvre en tant que rencontre entre des diversités.

 


 

 

© Crédit photo : Rêve canado-italien, Hanen Allouch, technique mixte, 50 X 40.

 

 


 

9. H.M. – Quels sont vos nouveaux horizons en Tunisie, au Canada ou ailleurs ? Et avant de vous laisser en paix, pouvez-vous, s’il vous plaît, nous toucher quelques mots sur vos futurs projets ou rendez-vous pour les partager avec nos lecteurs ? Et merci infiniment pour la richesse et pour la qualité de nos échanges. Vous êtes une très belle découverte et on vous laisse la liberté de nous proposer un délicieux dessert poétique de votre choix pour notre mot de la fin !


 

H.A.- C’est moi qui vous remercie pour l’invitation et pour votre intérêt à l’égard de mon modeste parcours. J’attends de futures parutions qui sont un recueil de poèmes, une fiction et une traduction de l’arabe vers le français. J’espère que j’aurai le plaisir de vous en parler davantage quand les trois livres seront sur le marché.

Pour finir en beauté, j’aimerais vous partager mon poème « Voyage, mon ami ! » primé en France dans le cadre du concours international de poésie Louis Brauquier.



 

Voyage, mon ami !


 

Voyage, mon ami, avec la poésie

Écris mille mots aguerris

Tel un soldat des rimes

En éternelle bataille

Sur le front de la mémoire et de l’oubli

Voyage avec le vent

Tombe comme une feuille d’automne

Vole du creux de la main

Comme une graine qui germe

Décolle des paysages

Et atterris sur le visage du voyageur ébloui

Voyage tel un citoyen du monde

Sûr de lui-même et respecté

Sourire aux lèvres

Passeport tamponné

Et valise à récupérer

Après un bel accueil frontalier

Voyage tel un migrant clandestin

Sur une barque vouée à se noyer

Sans commandant ni capitaine

Rescapé, la peur au ventre

Et la prison à l’arrivée

Voyage sans oublier

Là où tu vas et là où tu aimerais aller

Sans t’attarder sur les accidents

Tel un chevalier surmonte les jalons

Et cours de l’avant, cours vers ta quiétude retrouvée

Voyage ici et ailleurs

Dans les traditions ancestrales et vers l’horizon inconnu

Sois attentif à la nature

Écoute la prière de l’univers, les montagnes et les volcans

Ils te souffleront des réponses tant attendues

Voyage à tes risques et sans t’arrêter

Et ne meurs pas avant d’avoir pensé

À ton tombeau et à là où tu aimerais être enterré

À ta mère, à ta nourrice

Et surtout à ton frère l’étranger

Voyage sans bouger

Aime la vie, ses parfums et ses images

Le goût de ton café, la fleur d’oranger

Ton rêve, tes amours, tes écrits

Tes doutes, tes certitudes

Et tes danses déchaînées

Voyage avec ton amant

Embrasse l’océan

Traverse la méditerranée

Et le désert oublié

Mais n’arrive jamais à destination.

Je te laisse ce testament :

« Voyage mais reste enfant ! »


 

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Pour citer ces illustrations, entrevue & poème inédits 

 

Hanen Marouani, « Rencontre avec l’artiste et l’intellectuelle Hanen Allouch » illustrations par Hanen Allouch, Revue Orientales, « Les voyageuses & leurs voyages réels & fictifs », n°2, volume 1 & Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événements poétiques | Festival International Megalesia 2022 « Les merveilleux féeriques féministe & au féminin », mis en ligne le 22 mars 2022. Url :

http://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientales/no2/hm-entretienavechanenallouch

 

 

 

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REVUE ORIENTALES ET LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Megalesia REVUE ORIENTALES O-no2 Amour en poésie Voyages
2 mars 2022 3 02 /03 /mars /2022 14:50

REVUE ORIENTALES (O) | N° 2-1 | Créations poétiques 

 

 

 

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Les bijoux d'Amanishakéto

 

Flaubert et Nerval : 

 

le cœur à l’égyptienne

 

 

 

 

 

 

Maggy de Coster

​​​​Site personnel

Le Manoir Des Poètes

 

 

 

 

​​​​​​​​​​​Crédit photo : Maler der Grabkammer des Nefferronpet, comnons, domaine public. 

 

 

Les bijoux d'Amanishakéto

 

 

La riche, puissante et célèbre Candace Amanishakéto 

Reine de Koush bravant la garnison romaine d’Auguste

Dans sa pyramide dormait du sommeil éternel à Méroé

L’antique cité nubienne

Avec ses précieux bijoux 

 

 

 

Et un beau jour survinrent des pillards

Emportant de la souveraine l’immense trésor

Qui allait de Nubie en Bavière voyager

Pour enfin tomber dans l’escarcelle de Louis Ier de Bavière

Ainsi vont les joyaux de royaume en royaume.

 

 

 

 

Flaubert et Nerval : le cœur à l’égyptienne

 

 

 

 

Flaubert marchait dans les pas des célèbres reines candaces

Et assouvissait ses « besoins d’orgies poétiques »

En découvrant les temples nubiens 

Érigés pour certains par des souveraines guerrières

 

Je le vois les yeux ébahis 

Devant les chameaux pénitents agenouillés au marché

Adressant une prière de délivrance au dieu Râ

Tandis que des cargaisons vivrières tanguaient sur le Nil bleu

 

Je le vois déposer une offrande

Devant l’hypostyle du temple d’Horus

Et devisant avec des femmes en tenue d’époque

 

Admiratif de la culture nubienne 

Il ne se refuserait guère à déguster un savoureux thé au lait

Dans lequel baigneraient généreusement quelques pignons 

À l’invitation des hôtesse des belles demeures typiques

À motifs géométriques

 

Nerval « le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,

  Le Prince d’Aquitaine à la Tour aboli »

Par son Voyage en Orient1

Aurait-il retrouvé la joie de vivre en prenant place 

Dans la barque d’Horus pour les routes du ciel ?


 

 

© M. DE COSTER

 

Note

 

1. Voyage en orient, Gérard de Nerval, 1851.

 

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Pour citer ces deux poèmes inédits 

 

Maggy De Coster, « Les bijoux d'Amanishakéto » & « Flaubert et Nerval : le cœur à l’égyptienne », Revue Orientales, « Les voyageuses & leurs voyages réels & fictifs », n°2, volume 1, mis en ligne le 2 mars 2022. Url :

http://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientales/no2/mdg-bijoux

 

 

 

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28 janvier 2022 5 28 /01 /janvier /2022 12:13

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REVUE ORIENTALES (O) | N°1 | Dossier & N° 10 | Célébrations| Revue Matrimoine | Revue culturelle d'Orient & d'Afrique 

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 ليلى بن سيديرا : صورة

 

 

أول شادية* مسلمة في الأوبرا الكوميدية في باريس

 

 

 

 

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L'Égyptienne

 

Document retitré, photographié & traduit en arabe par

 

Dina Sahyouni

 

Poéticienne, éditrice,

 

lyreuse & fondatrice de la SIÉFÉGP

 

 

 

 

© مصدر الصورة :لمغنية ليلى بن سيديرا ، الصورة مأخوذة من DS. من الدورية النسوية المصرية.

 

شادية مسلمة شابة

 

الآنسة ليلى بن سيدرا



 

يسعدنا أن ننشر في هذا العدد صورة أول فتاة مسلمة دخلت في الأوبرا الكوميدية في باريس. الآنسة بن سدرة، حفيدة الباحث الجزائري الكبير القاسم بن سيديرا، ظهرت لأول مرة هذا العام باهرة في "حكايات هوفمان". لقد لعبت هناك بقدر كبير من اليقين والموهبة الدور الدمية الصعب للغاية. صوتها المنعش والعزف، الذي تعدله بقدر كبير من الفن، لديه بلا شك العديد من النجاحات الأخرى في المتجر. ستلعب هذا الشتاء في "لاكمي". لا يسعنا إلا أن نوجه أحر التهاني وأطيب التمنيات الأخوية لهذة الشريكة الدينية الساحرة. بفضلها، يتخذ تحرير المرأة المسلمة خطوة جديدة التي تفتح الآن أمامهن

**. مجالًا جديدًا من النشاط في مجال الفن

 


 



مغنية أو مطربة *

انظر **

L'ÉGYPTIENNE*** مراجعة شهرية : النسوية (أو النسائية)، علم الاجتماع، الفنون ["ثم" السياسة ، النسوية ، علم الاجتماع ، الفن]. تشرين الأول 1929 ، السنة الخامسة، العدد 50 ، "نصوص خيول" ، ص. 1. المجلة المذكورة متاحة للجمهور. هذه المجلة النسوية الدورية تأسست عام 1925 على يد هدى الشراوي، رئيسة تحريرها كانت سيزا نبراوي 

 

***المصرية

À lire aussi le texte original en français :

 

***

 

 

Pour citer ces texte & image

 

​L'Égyptienne, Dina Sahyouni (retitrage & traduction en arabe) « ليلى بن سيديرا : صورة أول شادية مسلمة في الأوبرا الكوميدية في باريس​ », texte illustré réédité de Voir L'Égyptienne : revue mensuelle : féminisme, sociologie, arts ["ensuite" politique, féminisme, sociologie, art], (1929, N° 50), document choisi, photographié, retitré et traduit en arabe pour ces revues par Dina Sahyouni, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 10 | Automne-Hiver 2021-22 « Célébrations » & Revue Orientales, « Les figures des orientales en arts et poésie », n°1mis en ligne le 28 janvier 2022. Url : 

http://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientales/no1/no10/egyptienne-cantatrice1

 

 

 

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REVUE ORIENTALES ET LE PAN POÉTIQUE DES MUSES - dans Numéro 10 REVUE ORIENTALES Féminismes
27 janvier 2022 4 27 /01 /janvier /2022 17:40

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REVUE ORIENTALES (O) | N°1 | Dossier & N° 10 | Célébrations| Revue Matrimoine | Revue culturelle d'Orient & d'Afrique 

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Leïla Ben Sidera :

 

 

portrait de la première cantatrice

 

 

musulmane à l'Opéra Comique à Paris

 

 

 

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L'Égyptienne

 

Document choisi, photographié, transcrit & retitré pour ces revues par Dina Sahyouni

 

 

 

© ​​​Crédit photo : Portrait photographique de la cantatrice Leila Ben Sidera, image prise par DS. du périodique féministe L'Égyptienne.

 

Une jeune cantatrice musulmane

 

 

 

 

 

Mademoiselle Leïla Ben Sidera

   

 Nous sommes heureuses de publier dans ce numéro la photographie de la première jeune fille musulmane admise à l'Opéra Comique de Paris. Mlle  Ben Sidera qui est la petite-fille d'un grand savant algérien El Kassem ben Sidera, a brillamment débuté cette année dans les « Contes d'Hoffman ». Elle y a joué avec beaucoup de sureté et de talent le rôle si difficile de la Poupée. Sa voix fraîche et mélodieuse qu'elle module avec beaucoup d'art, lui réserve sans doute beaucoup d'autres succès. Elle jouera cet hiver dans « Lakmé ».

    Nous ne pouvons qu'adresser nos plus chaleureuses félicitations et nos vœux les plus fraternels à cette charmante coreligionnaire.

    Grâce à elle, l'émancipation de la femme musulmane vient de franchir une nouvelle étape qui lui ouvre désormais un nouveau champ d'activité dans le domaine de l'Art.*

 

© ​​​Crédit photo : La page Hors-texte de la cantatrice Leïla Ben Sidera, image prise par DS. du périodique féministe L'Égyptienne. 

 

 

 

* Voir L'Égyptienne : revue mensuelle : féminisme, sociologie, arts ["ensuite" politique, féminisme, sociologie, art]. Octobre 1929, 5ème Année, N° 50, « Hors-Texte », p. 1. Le périodique en question appartient au domaine public. ​ÉGYPTIENNE (L'), revue mensuelle : féminisme, sociologie, arts ["ensuite" politique, Ce périodique féministe a été fondé en 1925 par Hoda CHARAOUI, sa rédactrice en chef était Ceza NABRAOUI. 

 

À lire aussi la version traduite en arabe littéraire de ce texte :

 

 

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Pour citer ces texte et images

 

​L'Égyptienne, « Leïla Ben Sidera : portrait de la première cantatrice musulmane à l'Opéra Comique à Paris​ », texte illustré réédité de L'Égyptienne : revue mensuelle : féminisme, sociologie, arts ["ensuite" politique, féminisme, sociologie, art], (1929, N° 50), document choisi, photographié, transcrit & retitré pour ces revues par Dina Sahyouni, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 10 | Automne-Hiver 2021-22 « Célébrations » & Revue Orientales, « Les figures des orientales en arts et poésie », n°1mis en ligne le 27 janvier 2022. Url : 

http://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientales/no1/no10/egyptienne-cantatrice

 

 

 

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LE PAN POÉTIQUE DES MUSES ET REVUE ORIENTALES - dans Numéro 10 REVUE ORIENTALES Féminismes
11 janvier 2022 2 11 /01 /janvier /2022 15:46

 

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Interview avec Dorra Azzouz

 

 

 

 

 

 

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Propos recueillis par

 

Hanen Marouani

 

 

Entrevue avec

 

Dorra Azzouz

 

 

© Crédit photo :  Dorra Azzouz, première peinture.

 

 

 

HM – Dorra Azzouz, vous cherchez-vous plus une voie dans le monde de la poésie ou de l’art ? Et lequel de ces deux, s’invite le premier chez vous ?

 

D.A – Pour moi, la poésie et la peinture sont un couple uni, soudé et inséparable. Chacune de ces disciplines n’existe pas sans l’autre dans ma vie personnelle ou professionnelle. Donc, il n’est pas seulement une question d’écrire poétiquement mais aussi et surtout de peindre poétiquement. Et encore, j’écris ma poésie, je la peins, je la sens, je la pense et je la vis pleinement en chaque instant.

Les sentiments qui m’accompagnent s’expriment de la manière la plus spontanée et parfois raisonnée et qui ont cette motivation de vouloir s’extérioriser sur un papier comme sur une toile ; les deux à la fois, en même temps et en parallèle. Ils vont spontanément, naturellement et involontairement ensemble et cela me permet d’être plus créative de plus en plus. Des sentiments qui se manifestent à travers ces deux vaisseaux et qui me sont très productifs et très généreux à mon égard pour alimenter continuellement et fréquemment ma poésie et ma peinture.

 


 

H.M – Comment vous êtes-vous retrouvée dans ce monde poétique et artistique ?

 

D.A – Depuis mes 13 ans, je me cherchais alors je m’enfermais des heures et des heures dans ma chambre afin de trouver cette quiétude et cette paix pour lire et surtout pour rêver. À partir de ces moments d’intimité ou de solitude agréable, j’ai découvert en moi ce talent ou cette envie d’écrire des vers, des lignes, des poèmes, des haïkus ; sans savoir même les nommer ou les intituler comme aujourd’hui, d’ailleurs. Je ne sais pas donner des titres à mes toiles ou à mes textes que rarement ou après un conseil. Tout était fait dans l’immédiateté, dans l’urgence et dans la spontanéité. J’étais trop jeune et je ne comprenais pas vraiment la différence entre rédiger un texte ou un poème mais j’étais complètement prise par l’emprise de la sonorité, du rythme, de la musicalité et de ce soin posé et imposé accordé nécessairement à la similarité vocalique à la fin de chaque vers.



 

H.M – Vous avez évolué dans un univers de mode et de design comme votre biographie le mentionne clairement. Dans ce monde où le côté esthétique est central et primordial, votre orientation vers la peinture est-elle due spécifiquement à ce point-là ?

 

 

D.A – Oui, malgré mes études menées dans le domaine des beaux-arts, je ne vous cache pas que mon amour pour la peinture s’est révélé plus tard et surtout après avoir voyagé et travaillé dans le monde de la mode et du design qui ont profondément influencé mes choix et mes décisions pour me lancer dans cette belle aventure.


 

 

H.M – Quelle est votre astuce ou stratégie pour améliorer votre prestation ou rendement dans l’écriture et dans la peinture ou autrement dit comment pouvez-vous prendre soin de ces deux talents à la fois puisque vous insistez sur leur indissociabilité ?

 

D.A – Mes deux astuces et conseils sont la persévérance et la confiance en soi malgré tous les défis et les contraintes qu’on peut rencontrer dans la vie au quotidien et dans le domaine culturel et artistique qui n’est pas, entre autres, un domaine facile du tout.

Personnellement, j’écris et je peins presque tous les jours. J’adopte mes deux passions comme une discipline régulière car sans le travail constant, on ne saura pas évoluer et on ne saura pas aller trop loin. Je les adapte à mes préoccupations de tous les jours pour ne pas les écarter de mon vécu une seule seconde ou pour ne pas me retrouver étouffée sans moyen d’expression artistique et poétique. Mon amour pour la poésie et pour la peinture me représente en tant que personne et en tant que femme ambitieuse, sensible, immigrée et surtout en tant que citoyenne du monde.

Ce que je suis en tant qu’être se trouve dans mes vers et dans mes toiles et c’est la raison pour laquelle j’ai été créée. Voilà, je le pense de cette manière.

 

 

 

© Crédit photo :  Dorra Azzouz, deuxième peinture. 

 

 

 

H.M – Un rituel de chaque jour pour apprécier et préserver au plus mieux votre créativité et activité artistique et poétique dans un monde qui menace, chaque jour, notre sensibilité et humanité ?

 

D.A – J’écris chaque jour et j’utilise plusieurs langues pour m’exprimer dans ma poésie. J’ai appris à écouter bien et même trop tout au long de ma journée.

J’écoute pour ne pas oublier. J’écoute pour apprendre plus de mots, plus de leçons, plus de sensibilité et pour m’enrichir surtout sur tous les plans. J’écoute beaucoup les autres artistes, les écrivains, les acteurs, les psychiatres et même les histoires racontées par des personnes dans la rue parce que je crois en cette notion d’échange et de partage surtout. J’aime aussi écouter de la musique.

Il m’arrive aussi de me réveiller à trois heures du matin pour écrire des mots qui sauront former au réveil un texte ou un poème puis je prends mon temps pour contempler et méditer cette composition, cette évolution dans le silence absolu. Je prends également mon temps pour regarder attentivement les objets qui m’entourent, les gens qui passent à côté de moi, qui me transmettent une énergie particulière ou différente.  Et mon bonheur suprême et extrême est dans la nature qui m’aide à me ressourcer et à me renouveler.

Pour la peinture, c’est de la mode et de l’architecture d’intérieur que je m’inspire beaucoup surtout pour la combinaison des couleurs qui ne cesse pas de s’enrichir et de se manifester différemment et chromatiquement sur ma toile à chaque fois que je change de lieu, je voyage ou je change de paysage. Aussi, en écoutant de la musique classique, ma main et mon corps accompagnent ces rythmes bien étudiés et bien structurés et cela inspire et nourrit aussi ma touche du pinceau.

 

 

H.M – Vous qui n’avez pas hésité à évoquer dans l’une de vos déclarations que vous n’avez pas fini vos études et que vous êtes fièrement autodidacte dans le domaine artistique ainsi que dans la vie, quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui nous lisent et qui peuvent être dans le besoin d’avoir un conseil bien ciblé ?

 

DA – Comme je l’ai déjà affirmé précédemment, il faut avoir une grande confiance en soi. La sensibilité artistique et poétique est un don divin. Un cadeau du ciel qui est né en nous et pour nous et non pas contre nous.

Ce n’est pas parce qu’on n’a pas eu de diplôme qu’il ne faut pas continuer à apprendre autrement, à s’éduquer et à s’informer sans retenue. Peut-être, plus librement, plus richement et plus humainement.  Le plus important est de garder cette flamme de curiosité et ne jamais baisser les bras peu importe la délicatesse des situations.  Il faut y croire : « Tout vient à temps à qui sait attendre ». La patience, le courage et la persévérance sont aussi un art. Tenez donc bien, tenez bon et croyez en vous sans cesse et infiniment !

 

 

 

© Crédit photo :  Dorra Azzouz, troisième peinture. 

 

 

 

H.M – L’immigration et la résilience par l’art ? Comment les gérer et les digérer pour faire une force ou pour se remettre debout à nouveau ?

 

D.A – C’est à travers l’art que j’ai pu m’intégrer et que j’ai pu faire face à toute cette ignorance ou indifférence envers la migrante ou l’émigrée que je suis en faisant preuve chaque jour ou à chaque fois que l’occasion se présente à moi, que je ne suis pas une « profiteuse » mais une « travailleuse » des lumières et donneuse de richesse artistique. Cela, je l’affronte avec beaucoup de courage et d’endurance.

Enfin, je reste toujours abasourdie devant cette majorité qui ne croit pas à la force que peut offrir la différence et la diversité par la mise et la remise en valeur de la richesse et la variété des idées humaines quand elles s’unissent et quand elles se présentent ensemble sous une forme d’une belle mosaïque pour le bien de l’humanité.

 

 

H.M – À ma connaissance, vous préparez des publications de poésie dans l’avenir proche. Pouvez-vous nous en dire plus ?

 

 

D.A – Oui, je prépare présentement un blog qui me permettra de publier mes poèmes et mes peintures. Je compte aussi rassembler et publier mes poèmes dans un recueil dès que je vais avoir une réponse favorable de la part de l’une des maisons d’éditions que j’ai pu contacter, dernièrement. J’attends encore et je garde toujours espoir. Sinon, je contacterai d’autres éditeurs jusqu’à ce que mon recueil voie le jour un jour. J’ai la totale et l’entière conviction que j’ai un cadeau à partager avec le monde tôt ou tard. Il sera donc prochainement entre les mains et sous les yeux de qui saura l’apprécier.  Je publie pour être lue et pour promouvoir les bonnes valeurs surtout de l’échange et du partage.

 

 

© Crédit photo :  Dorra Azzouz, quatrième peinture.

 

 

 

H.M – Avez-vous un projet d’exposition artistique de vos tableaux quelque part ?

 

D.A – Pour l’instant, je préfère finir ma nouvelle collection ; une collection monochrome qui sera différente de sa précédente qui était imbibée de couleurs. Et comme toujours, je me rendrai à des galeries habituelles ou nouvelles pour les exhiber.

 

 

H.M – Avant de vous laisser partir et avant de vous dire merci de ce bel échange, quel est votre mot de la fin ou que proposez-vous comme recettes de vie qui peuvent nous servir toutes et tous dans notre vie ?

 

D.A – Si vous aimiez ce que vous faites, vous aimeriez ce que vous êtes. Croyez en vous, vous êtes la seule ou le seul à avoir cette capacité et à savoir la valeur de ce cadeau qui est le talent. Rappelez-vous que même les jumeaux ou les jumelles n’ont pas les mêmes empreintes et là, je ne parle pas seulement de l’acte d’écrire ou de peindre mais aussi de celles ou ceux qui aimaient cuisiner, préparer des gâteaux, faire de la broderie ou coudre (etc.) parce que tout travail manuel fait par la passion est un art. Et malgré le rejet et toutes les misères du monde et malgré la faim et la soif dans le sens vrai ou figé, avec l’amour, tout peut s’affronter et s’affranchir surtout si vous tenez bon et vous ne résignez pas.

Elle viendra, cette personne qui croira en vous, et oui ! Une seule suffit et tout se déclenchera et ne s’arrêtera jamais. Affichez-vous sans honte et sans crainte. Ne restez surtout pas caché-e-s et dépassez vos doutes et peurs.

Rassurez-vous que tous les mensonges du monde ne sachent jamais vous freiner, si vous ne les écoutez pas.

 

 

© H. Marouani

 

 

Biographie de Dorra AZZOUZ

 

 

© Crédit photo : Portrait de la poète Dorra AZZOUZ.

 

 

 

Prénom & nom : Dorra AZZOUZ

Profession : Poète et Peintre

Pages Facebook : DORRA /Poetry

Dora Az/ Art Création

Instagram : dora_artist_

Blog et site internet sont en cours de réalisation. 

 

 

Dorra AZZOUZ, est née à Tunis le 20 décembre 1973. Elle a fait des études dans le domaine des beaux-arts à l’École d’Art et de Design (EAD) en Tunisie. Elle a travaillé aussi en tant qu’hôtesse de l’air dans la compagnie aérienne Kuwait Airways au Koweit pendant quelques années pour réussir à bien s’intégrer dans les plus prestigieuses maisons de haute couture et de mode comme : Chanel, Valentino, Bulgary aux Émirats Arabes Unis en occupant, en leur dedans, le poste d’assistante de vente. Elle a enseigné l’art au consulat Français d’Abou Dhabi et continue à le faire jusqu’à nos jours dans de divers centres culturels finnois. Elle ne se lasse pas de découvrir le monde et de se découvrir par elle-même et pour elle-même afin de donner le meilleur d’elle-même et afin de servir poétiquement et artistiquement le monde dans lequel nous vivons par ses mots réconfortants et ses couleurs éclatantes.

 

Elle a participé à plusieurs expositions et anthologies artistiques et elle a cité à titre d’exemple le travail collectif qui a regroupé des écrivains de plusieurs nationalités dans le cadre d’une collaboration avec l’université de Tampere en Finlande.

 

Il s’agit bel et bien d’un travail collectif qui a été mis déjà en ligne sur le site Amazone et qui s’intitule :  « Opening Boundaries Toward Finnish Heterolinational Litratures », édité par Mehdi Ghasemi. Aussi, elle a participé avec SKS « The Finnish Literature Society » par un récit qui raconte l’histoire d’une réfugiée et ce travail est en cours de publication. Un programme riche d’expositions artistiques à Helsinki est en perspectives dans plusieurs endroits comme à la Galleria Fogga, au centre culturel Caisa, à la Galleria Kookos, à l’Ambassade de la Tunisie, au centre culturel français (...)

 

Extraits poétiques 

 

Certains de ses poèmes publiés sur les réseaux :

© Crédits photos :  Dorra Azzouz, poèmes visuels

poème photographie Dorra Azzouz 2.jpg

 

 

© D. Azzouz

 

 

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Pour citer ce témoignage

 

Hanen Marouani, « Interview avec Dorra Azzouz », texte inédit, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 10 | Automne-Hiver 2021-22 « Célébrations » & Revue Orientales, « Les figures des orientales en arts et poésie », n°1mis en ligne le 11 janvier 2022. Url : 

http://www.pandesmuses.fr/periodiques/orientales/no1/no10/hm-dorraazzouz

 

 

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