Crédit photo : Daniel Israel, "An-Odalisque in a Harem", domaine public.
Maître, si tu voulais à l'ombre des platanes,
Sous le dôme assombri de leur feuillage épais,
Si tu voulais rêver loin des yeux des sultanes,
Avec ma lyre d'Or, maître, je te suivrais !
Sur la mousse et les fleurs couché près des cascades,
Tu pourrais m'écouter sous les vertes arcades
Les brises t'enverraient leurs baisers les plus doux !
Laissant errer mes doigts sur les cordes plaintives,
Et sous mes blonds cheveux dérobant mon bras nu,
J'enverrais ma pensée, aux ailes fugitives,
Au septième soleil te chercher l'inconnu !
Ou bien, encouragée et subissant la flamme
De ton profond regard, plus ardent que le jour,
Je pourrais oublier le secret de mon âme
Et te le livrer, maître, en exaltant l'amour !
Je pourrais prononcer le nom qui seul m'inspire
Et trace sur mon front l'éclat du feu sacré ;
Je pourrais, sous l'ardeur d'un immense délire,
Effrayer la Diane en son bois consacré !
Hélas ! Peut-être, hélas ! Tu me punirais, maître,
D'avoir osé sur toi lever mes tristes yeux !...
Mais, si tu sourirais,... si tu faisais paraître
Sur ta bouche adorée un éclair radieux !...
Alors, maître, pour toi rayonnerait l'étoile
D'un amour infini créé pour ton bonheur !
J'oublirais l'univers et,détachant mon voile,
Je briserais ma lyre et mourrais sur ton cœur !
Si tu voulais, ô maître ! à l'ombre des platanes
Rêver en paix,
Bravant pour ton amour le courroux des sultanes,
Je te suivrais !
Le poème ci-dessus composé par Maria DELCAMBRE provient de son ouvrage DELCAMBRE, Maria (1826?-1887), Les Craintives, poésies diverses suivies du Roman d'une fleur, par Mme Maria Delcambre, Paris, au bureau de l'imprimerie 15, rue Bréda et chez tous les libraires, 1854, pp. 41-43.Le livre appartient au domaine public et se trouve sur le site de Gallica.
Pour citer ce poème
Maria Delcambre, « L'esclave (Imité de l'Oriental) », poème de DELCAMBRE, Maria (1826 ?-1887), Les Craintives, poésies diverses suivies du Roman d'une fleur, par Mme(1854), a été choisi, & transcrit par Dina Sahyouni, Revue Orientales, « Les figures des orientales en arts et poésie », n°1, mis en ligne le 4 juin 2021. Url :
Crédit photo : "Sappho", Blue Tile Victoria and Albert Muséum, domaine public, Wikimedia.
La biographie présente ci-dessous a été rédigée par VIVIEN, Renée et se trouve dans son édition deSAPPHO (612?-557? av. J.-C.), Sappho. Traduction nouvelle avec le texte grec [par] Renée VIVIEN, Paris, Alphonse LEMERRE, Éditeur, 23-31, passage Choiseul, MDCCCCIII/1903, pp. VII-XII. Cet ouvrage appartient au domaine public et se trouve sur le site de Gallica de la Bibliothèque nationale de France.
De la femme qui atteignit jusqu'aux purs sommets de la gloire nous ne savons presque rien, les siècles ayant trop impénétrablement embrumé la splendeur de son lointain visage. Les ardents d'Alcée attestent qu'elle fut belle et qu'elle fut aimée :
« Tisseuse de violettes, chaste Psappha au sourire de miel, des paroles me montent aux lèvres mais une pudeur me retient. »
Cet hommage lyrique fut, d'ailleurs, peu favorablement reçu de celle à qui il fut adressé. Psappha répondit :
« Si tu avais eu le désir des choses nobles et belles, et si ta langue n'avait proféré une phrase vile, la honte n'aurait point fait baisser tes yeux, mais tu aurais parlé selon la justice. »
… L'Aède de Lesbôs dut naître vers 610 avant Jésus-Christ. Hérodote nous apprend que son père se nommait Skamandronymos et sa mère Kléis.
Elle eut deux frères, Larichos et Charaxos. Larichos étant l'échanson en titre des cérémonies publiques de Mytilène, et ce privilège étant réservé aux éphèbes de noble naissance, on en conclut que Psappha devait appartenir à l'opulente aristocratie de la ville. Charaxos, étant allé vendre en Égypte le vin célèbre de Lesbôs, s'éprit d'une esclave de Naucratis, Doricha, surnommée par ses amants Rhodopis. Il la libéra au prix d'un trésor et dissipa avec elle ses richesses. Elle devint ainsi l'illustre courtisane aux joues roses. Psappha, dans une de ses odes, la raille amèrement. « Une faveur publique, » dit-elle, en parlant de l'hétaïre égyptienne.
Une inscription sur un marbre de Parôs nous apprend que, pendant le règne d'Aristoclès à Athènes, Psappha s'enfuit de Mytilène et se réfugia en Sicile. Nous ignorons la cause de son exil. Ce ne fut assurément point la poursuite de Phaon, comme l'assurent certains auteurs, qui détermina la Tisseuse de violettes à quitter les musiques et les sourires de Mytilène. Car Phaon n'est qu'un mythe créé par quelques écrivains d'après la tradition populaire.
Phaon, suivant la légende, était un passeur de bac fort honoré par les habitants de l'île pour son intégrité. « La Déesse, » (comme disaient les Lesbiens en parlant de l'Aphrodita), ayant revêtu l'aspect d'une vieille mendiante, pria Phaon de la transporter sans payer l'obole. Il acquiesça immédiatement à sa demande, et l'Immortelle le récompensa par une jeunesse et une grâce renouvelées.
Ce Phaon, ajoute Phalacphatos, fut chanté par l'amoureuse Psappha. » Cette erreur grossière a été mise en crédit par plusieurs autres historiens, peu soucieux de vérifier l'exactitude de leurs affirmations. Pline écrit : « Phaon fut aimé de Psappha, parce qu'il avait su trouver la racine mâle de la plante éryngo, qui avait le pouvoir magique d'inspirer la passion. »
On voit quelles incertitudes fabuleuses entourent la tradition, aussi erronée qu'universelle, de l'amour de Psappha pour Phaon.
En face de l'insondable nuit qui enveloppe cette mystérieuse beauté, nous ne pouvons que l'entrevoir, la deviner à travers les strophes et les vers qui nous restent d'elle. Et nous n'y trouvons point le moindre frisson tendre de son être vers un homme.
Ses parfums, elle les a versés aux pieds délicats de ses Amantes, ses frémissements et ses pleurs, les vierges de Lesbôs furent seules à les recevoir.
N'a-t-elle point prononcé cette parole si profondément imprégnée de ferveur et de souvenir :
« Envers vous, belles, ma pensée n'est point changeante. »
Elle traduit son mépris pour le mariage par ce vers : « Insensée, ne te glorifie point d'un anneau, » et repousse avec dédain l'offrande poétique d'Alcée.
Elle a le calme des êtres immortels, à qui la contemplation de l'éternité est familière : « … j'ai l'âme sereine. »
Crédit photo : Victoria and Albert Muséum, Tripota, Sappho, portrait, domaine public, Wikimedia.
La terre d'où jaillit une fleur sans pareille est, en vérité, la partie de la volupté et du désir, la patrie de la volupté et du désir, une Île amoureuse que berce une mer sans reflux, au fond de laquelle s'empourprent les algues.
Les Lesbiens avaient l'attrait bizarre et un peu pervers des races mêlées. La chevelure de Psappha où l'ombre avait effeuillé ses violettes, était imprégnée du parfum tenace de l'Orient, tandis que ses yeux, bleus comme les flots, reflétaient le sourire limpide de l'Hellas.
Ses poèmes sont asiatiques par la violence de la passion, et grecs par la ciselure rare et le charme sobre de la strophe.
Des vierges et des femmes, délaissant leur pays et oubliant leurs tendresses, venaient des contrées lointaines apprendre d'Elle l'art des rythmes et des pauses. Elles entendirent dans toute leur plénitude et tout leur orgueil les poèmes dont nous ne possédons que de rares fragments, pareils à des lambeaux de pourpre royale...
La vie harmonieuse, ardente et sincère de Psappha, se résume en ces vers : « J'aime la délicatesse, et pour moi la splendeur et la beauté du soleil, c'est l'amour. » Nous ne savons comment ni quand elle mourut : le saut de Leucade n'est qu'une fable : mais peut-on douter de la beauté de sa mort lorsqu'on se souvient de cette parole magnifique et solennelle : « Car il n'est pas juste que la lamentation soit dans maison des serviteurs des Muses, cela est indigne de nous. »
***
Pour citer cet article
Renée Vivien, « Biographie de Psappha », texte dans SAPPHO (612?-557? av. J.-C.), Sappho. Traduction nouvelle avec le texte grec [par] Renée VIVIEN, (1903), a été choisi & transcrit par Dina Sahyouni, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événement poétique|Megalesia 2021 & Revue Orientales, « Les figures des orientales en arts et poésie », n°1, mis en ligne le 30 mai 2021. Url :
Nicole Coppey,« Au jardin de l'amour », calligramme & poème audiovisuel ou court-métrage poétique printanier & coloré, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événement poétique|Megalesia 2021/I « Poésies Printanières & Colorées »& Revue Orientales, « Les figures des orientales en arts et poésie », n°1, mis en ligne le 24 mai 2021. Url :
Le poème ci-dessous composé par TASTU, Amable (1798-1885) provient de son ouvrage TASTU, Amable (1798-1885), Poésies complètes, Premières poésies, Poésies nouvelles, Chroniques de France de Mme Amable TASTU, nouvelle édition, Paris, Didier et Cie, Libraires-Éditeurs, 35, quai des augustins, MDCCCLVIII 1858, p. 53.Le livre appartient au domaine public et se trouve sur le site de Gallica.
Imitation de Thomas Moore
There's a bower of roses by Bendeemer's stream
Aux bords du Bendemir est un berceau de roses
Que jusqu'au dernier jour on me verra chérir ;
Le chant du rossignol, dans ses fleurs demi-closes,
Charme les flots du Bendemir.
J'aimais à me bercer d'un songe fantastique ;
M'enivrant de parfums, de repos, d'avenir,
J'écoutais tour à tour l'oiseau mélancolique
Et les ondes du Bendemir.
Maintenant, loin des lieux où fleurit mon aurore,
Je dis : Voit-on encor la rose s'embellir,
Et le chantre des nuits soupire-t-il encore
Sur les rives du Bendemir ?
Non, le printemps n'est plus, la rose s'est flétrie,
Le triste rossignol de douleur va mourir,
Et je ne verrai plus couler dans ma patrie
Les flots d'azur du Bendemir.
Mais il nous reste au moins, quand la rose est passée.
Un parfum précieux que l'art sait obtenir,
Pareil au souvenir qui rend à ma pensée
Les bords riants du Bendemir.
***
Pour citer ce poème
Amable Tastu, « L'odalisque », poème de TASTU, Poésies complètes, Premières poésies, Poésies nouvelles, Chroniques de France... (1858), a été choisi, & transcrit par Dina Sahyouni, Revue Orientales, « Les figures des orientales en arts et poésie », n°1, mis en ligne le 21 mai 2021. Url :
Crédit photo : Illustration d'une fête orientale dans le livre "Nouvelle géographie universelle de la terre", domaine public, Wikimedia.
Sous le doux soleil du Printemps,
S’ouvre le mois du Ramadan,
Jeûne et prières du Coran,
Par tradition, comme tous les ans,
Rassemblements dans les mosquées,
Fixer la fin du mois sacré,
Par la lunaire observation,
La nuit du doute, célébration,
La magie des calendriers,
Cette année, fait coïncider,
L’Aïd-el-Fitr et l’Ascension,
Clin d’œil à deux des religions,
Rupture du jeûne musulman,
À la maison, sans restaurant,
Partagent familles, pratiquants,
Délices et saveurs de l’Orient,
Pâtisseries et falafels,
Chebakia, cornes de gazelle,
Zlabia, couscous et tajines,
Au cœur de la fête, en cuisine.
Pour citer ce poème
Corinne Delarmor, « L’Aïd-el-Fitr », poème inédit, Revue Orientales, « Les figures des orientales en arts et poésie », n°1, mis en ligne le 18 mai 2021. Url :
RÉCEMMENT, LE SITE « PANDESMUSES.FR » A BASCULÉ EN HTTPS ET LA DEUXIÈME PHASE DE SA MAINTENANCE PRENDRA DES MOIS VOIRE UN AN. NOTRE SITE A GARDÉ SON ANCIEN THÈME GRAPHIQUE MAIS BEAUCOUP DE PAGES DOIVENT RETROUVER LEUR PRÉSENTATION INITIALE. EN OUTRE, UN CLASSEMENT GÉNÉRAL PAR PÉRIODE SE MET PETIT À PETIT EN PLACE AVEC QUELQUES NOUVEAUTÉS POUR FACILITER VOS RECHERCHES SUR NOTRE SITE. TOUT CELA PERTURBE ET RALENTIT LA MISE EN LIGNE DE NOUVEAUX DOCUMENTS, MERCI BIEN DE VOTRE COMPRÉHENSION !
Cette section n'a pas été mise à jour depuis longtemps, elle est en travaux. Veuillez patienter et merci de consulter la page Accueil de ce périodique.
. CÉLÉBRANT LES AUTRICES EXILÉES, IMMIGRÉES, RÉFUGIÉES... LE 8 MARS DE CHAQUE ANNÉE, LE PRIX LITTÉRAIRE DINA SAHYOUNI (PORTANT LE NOM DE LA FONDATRICE DE LA SIÉFÉGP ET DE CETTE REVUE) REDÉMARRE À PARTIR DU 14 JUILLET 2025 POUR L’ÉDITION DU 8 MARS 2026....
N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Annonces diverses / Agenda poétique Actualités poétiques à ne pas manquer en juin ! (suite...) La rédaction de ce périodique a sélectionné pour vous les événements artistiques & poétiques...
N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Critique & Réception | Poésie & littérature pour la jeunesse Le récit « Souvenirs de Chine » écrit & illustré par Marie-Jeanne Langrognet-Delacroix vient de paraître aux Éditions Astérion...
N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Dossier | Florilège Annonces diverses / Agenda poétique Avis de parution du nouveau recueil bilingue français-espagnol d’Aurélie-Ondine Menninger : La sangre de las aves / Le sang des oiseaux...