16 février 2018 5 16 /02 /février /2018 17:39

 

N°9 | Dossier mineur | Florilège de textes poétiques

 

 

 

 

 

Nuits d’hiver

 

 

 

 

Mariem Garaali Hadoussa

 

Artiste peintre & poète

Présidente de lassociation "Voix de femme nabeul"

 

 

 

 

Belles nuits, mes rêves vous habitent

vos silences me fascinent

Vos clairs de lune m'illuminent.

Mes pensées vagabondent

Mes amours s'épandent dans vos champs d'ombre.

Belles nuits d'hiver !

Longues et sombres,

Mon âme se libère,

mes doigts se délient

Mes couleurs, mes pinceaux dansent

Contents de me retrouver.

Le blanc des toiles,

Se couvre d'ombres et de lumières

Mon âme se libère, belles nuits d'hiver !

 

© MGH

 

 

***

 

Pour citer ce poème
 

 

Mariem Garaali Hadoussa, « Nuits d’hiver », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°9 | 2ème volet Fin d'été « Femmes, Poésie & Peinture » sous la direction de Maggy de Coster, mis en ligne le 16 février 2018. Url : http://www.pandesmuses.fr/2018/2/nuits

 

                

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Rédaction de la revue LPpdm - dans Numéro 9
10 février 2018 6 10 /02 /février /2018 18:37

 

N°9 | Poésie érotique

 

 

 

 

Intime mythologie

 

 

 

Nicole Hardouin

 

 

 

Viens me rejoindre dans une flaque de lune,

je m’y baigne enveloppée d’une mantille de ténèbres

arc de chair tendue

nuit tachée de lèvres

boire l’encre de l’aube

couleur de tes jardins cachés

torrent de mes insomnies

croquer l’écorce du jour quand tes paupières vibrionnent à l’alphabet de mes failles

cherche-moi dans les échancrures des heures

pour toi je repousserai les murs de l’espace

la tenture des nuages

envol rouge

images de nos miroirs

secrets de nos feux

le reflet d’un île traverse l’ombre d’une vie

et l’on finit par entendre bien au-delà de la calligraphie

sur la mosaïque de la mémoire brûlent les scories d’une intime mythologie

apparaissent désert et oasis, monastère et sultanat

les pensées se perdent dans les estuaires nocturnes

les ombres sanguinaires descendent l’escalier des impatiences

c’est l’heure où Venise incendie ses rêves et libère ses soupirs.

 

***

 

Pour citer ce poème

 

Nicole Hardouin, « Intime mythologie », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiquesN°9 | 2ème volet Fin d'Été 2021 « Femmes, Poésie & Peinture » sous la direction de Maggy de Coster, mis en ligne le 10 février 2018. Url : http://www.pandesmuses.fr/2018/2/mythologie

 

 

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Le Pan poétique des muses - dans Numéro 9
8 février 2018 4 08 /02 /février /2018 12:59

 

Lettre n°13 | N°9 | Entretiens poétiques & féministes

 

 

 

 

Autoportrait de Julienne Morisseau,

 

 

Présidente du ZONTA

 

 

Paris Port Royal Concorde

 

 

Propos recueillis par

Maggy de Coster

Site personnel : www.maggydecoster.fr/

Site du Manoir des Poètes : www.lemanoirdespoetes.fr/

 

© Crédit photo : Julienne Morisseau, Présidente du ZONTA Paris Port Royal Concorde.

 

 

 

Autoportrait de Julienne Morisseau

 

 

Je suis née il y a 33 ans en Guyane française, de parents immigrés haïtiens dans un environnement économique pauvre en Haïti, j’ai toujours eu le désir d’étudier afin de ne pas connaître la misère sociale qu’avaient connu mes parents dans leur pays d’origine.

L’aînée d’une famille de 5 enfants dont je suis la seule fille, la pression sociale a toujours été omnipotente d’autant plus que mon père était pasteur. L’obtention du BAC Économique et Social avec mention, constituait pour moi une porte d’entrée vers la phase d’émancipation et réalisation de ce que je me destinais à être. Après 5 années d’études à l’université Panthéon Sorbonne à Paris, le Master de Travail Administration Gestion de l’emploi en poche, j’ai complété ma formation par deux années supplémentaires en école de commerce dans le domaine de l’ingénierie et négociation d’affaires complexes Business to Business (B to B). Les petits jobs d’étudiants réalisés le soir et les week-ends complétaient les maigres revenus, aides de mes parents, ma mère étant femme de ménage et mon père ouvrier agricole. Nos efforts et privations ont permis de financer mes sept années d’études supérieures.

Mon parcours a été semé d’embûches, d’entraves, de galères étudiantes en tout genre. L’éloignement de sa famille pesant sur mon moral et faisant même naître en moi un début de découragement. Cependant la pugnacité et la ténacité, traits de caractère qui imprègnent les femmes haïtiennes issues de milieux modestes comme le mien, m’ont permis de remporter de nombreuses batailles. L’entraide et la solidarité ont été dès le plus jeune âge, des termes qui ont fait échos dans mon parcours. Après ma période estudiantine magistrale, j’ai commencé à travailler en B to B pour un éditeur de logiciel basé en Israël, spécialisé dans la dématérialisation de documents, qui souhaitait développer son activité commerciale en France.
 

 

 

Interview

 

 

Maggy De Coster  ZONTA est un mot qui nous a l’air bien mystérieux ! Quels en sont les tenants et les aboutissants ?

 

 

© Crédit photo : Yann Leblond Tafomat, Les membres du Club ZONTA Paris Port Royal

Concorde autour de la Présidente Julienne Morisseau et de Sigrun Chritiansen,

area director à Appartement Mayshad, photographie du 23 janvier 2018

 

 

 

Julienne Morisseau Depuis 8 ans, je travaille pour un groupe français spécialisé dans les services et solutions autour des processus de métiers et de traitements de la communication des grandes organisations publiques et privées, en tant que Directrice Business Unit pour la partie Conseil et Intégration.

J’ai fait la rencontre d’une jeune femme extraordinaire, que je considérais comme une sœur, Gaia Molinari, mon étoile italienne, grâce à qui j’ai fondé en 2014 une ONG nommée OSEDH « O Secours des Enfants démunis Haïtiens » qui scolarise gratuitement 227 enfants pauvres dans les zones rurales en Haïti.

Cette ONG reconnue d’intérêt général assure le paiement de 10 salaires mensuels de professeurs, de chargés de mission, du directeur et du personnel de service.

La solidarité n’a pas de frontières, et l’organisation d’une course sportive en mémoire de Gaia chaque année à Piacenza par l’association sportive des chemineaux DLF de Mr Clemente Bernard, en est la preuve.

Les fonds récoltés lors de cette manifestation sportive permettent de financer les activités éducatives de l’école que nous soutenons en Haïti.

En mémoire de Gaia Molinari, notre équipe composée de mes frères et d’Amandine Ranson, avec l’aide de la mère de Gaia ,Valentina Carraro et de son frère Matteo Fioretto, nous continuons nos actions éducatives afin que la lumière véhiculée par l’éducation surplombe l’obscurantisme.

Nous nous attelons à cette citation « L’éducation est l’arme la plus puissante qui puisse exister pour changer le monde.»

J’ai pris parti de transformer deux injustices cruelles subies dans ma vie (la perte d’une amie chère, et des violences conjugales dont j’ai été victime), en force positive et motivation pour mettre en œuvre des actions dans le but de servir l’intérêt général.

Aujourd’hui, j’œuvre tant en faveur de enfants pauvres en Haïti via OSEDH, qu’en faveur des écoliers issus de milieux défavorisés en Île de France, en tentant de leur montrer l’exemple d’ascension sociale possible sous la bannière de notre douce République française. Cet engagement s’étend à l’international au travers du Club Zonta Paris Port Royal Concorde, rattaché au Zonta International, qui œuvre pour la promotion du statut de la Femme à travers le monde.

En effet, depuis cette année, j’ai l’honneur d’occuper la présidence du Club Zonta Paris Port Royal Concorde.

 

MDC Quelles sont les activités de l’association et avec quelle fréquence en organise-t-elle ?

 

JM Durant ces trois dernières décennies, le Club Zonta Paris Port Royal Concorde a mené de nombreuses actions à travers le monde, contributrices de la promotion des femmes dans divers domaines : économique, culturel, éducatif, par exemple, en apportant une aide aux enfants de la Guinée Bissau et de la Côte d'Ivoire.

Aujourd’hui, le bureau est reconstitué de forces vives, jeunes, mixtes, pluridisciplinaires qui tentent de ré-impulser le dynamisme d’antan avec une dimension nouvelle.

Nous organisons des manifestations culturelles, des conférences, des dîners, des cocktails avec des moments d’échanges, de réflexions de fond sur des sujets précis à l’adresse des membres et non membres.

Ces rencontres mensuelles sont l’occasion de sensibiliser le public sur les problématiques sociétales auxquelles sont confrontées les femmes et les jeunes filles quotidiennement.

Nous avons organisé un dîner-conférence avec l’ONU Femmes et une ancienne responsable de la commission femmes d’Amnesty International en décembre 2017 dans le cadre de l’Orange Day, campagne de sensibilisation de la violence faite aux femmes. En janvier 2018, nous avons organisé une conférence-cocktail sur la condition des femmes au Moyen-Orient et les violences conjugales en France.

Nous tentons au niveau du Zonta Paris Port Royal Concorde d’être au plus près des femmes en difficulté, en termes de services locaux. Et pour cause nous avons participé aux actions du Noël Solidaire en décembre dernier, en apportant concrètement sur le terrain des aides aux femmes SDF.

Ces actions seront réitérées durant toute l’année 2018.

 

MDC Quels sont les objectifs et les projets du Zonta ?

 

JM  Notre objectif est l’autonomisation des femmes dans les pays en voie de développement grâce au service international.

Notre but est la promotion du statut légal, économique, politique de la femme par le biais du service et du plaidoyer. Nous souhaitons promouvoir la justice, le respect des libertés fondamentales et les droits de la femme.

Depuis plus de 90 ans que son premier projet de service international a été financé, le Zonta International a apporté plus de 15,5 millions de $ à des projets au profit des femmes dans 35 pays.

Le Zonta International a financé la formation, l’éducation, la santé, l’amélioration sanitaire, l’agriculture et l’accès au micro-crédit des femmes, principalement par des projets mis en œuvre par les agences des Nations Unies et d’autres organisations non gouvernementales reconnues. Il a également pour objectif, en termes de programmes internationaux sur deux ans, de financer les actions visant :

L’élimination de la fistule obstétricale au Liberia.

  • La création, pour les filles vulnérables et exclues, de moyens de réalisation de leurs droits à l’enseignement, dans un environnement sûr et protecteur, en partenariat avec le Ministère de l’Éducation Nationale à Madagascar.
  • La réduction du nombre de mariages et de maternités précoces dans toutes les régions du Niger.
  • La lutte contre la discrimination fondée sur l’inégalité des genres, le renforcement des compétences des femmes afin qu’elles deviennent des acteurs économiques indépendants.
  • La lutte contre le trafic des êtres humains au Népal, au travers d’une plus grande synergie entre les victimes potentielles et les autorités policières.

 

Notre Club Zonta Paris Port Royal s’est donné comme objectif entre 2018-2019 d’apporter des services pour :

  • L’aide concrète de proximité aux femmes SDF (7500 femmes sdf en IDF), et femmes en grande précarité
  • L’aide aux femmes au Sénégal (Casamance)
  • L’aide aux femmes âgées au Cambodge (Phnom Pen)
  • L’aide aux structures recueillant des orphelins (es) en Haïti

 

MDC Quelles sont vos sources de financement ?

 

JM Les cotisations et les dons des membres, les dons des sympathisants et mécènes essentiellement.

 

MDC Quelles sont les difficultés auxquelles vous faites face ?

 

JM Les difficultés sont liées aux déficiences de moyens humains, matériels essentiellement.

Et aussi au fait que les journées ne font que 24h et non 30h (rires). Comme toute activité qui requiert un statut de bénévole, la frustration peut naître du retard dans l’échéance de projets. Raison pour laquelle notre porte reste grandement ouverte à toute proposition de bénévolat, et d’adhésion à notre club.

 

 

© Crédit photo : Une lauréate du Club ZONTA

 

 

MDC Quel regard portez-vous sur la condition des femmes relativement à la domination masculine ?

 

JM Le Zonta International préconise de promouvoir les droits fondamentaux des femmes aux niveaux international, national et local. Le plaidoyer du Zonta vise à influencer l’élaboration et l’application des lois, ainsi que les attitudes et les comportements généraux. Il cherche à obtenir l’égalité réelle, et pas seulement l’égalité formelle.

Le Zonta cherche à prendre des mesures fondées sur des faits, à mettre en évidence les causes profondes des problèmes et à présenter des solutions avec des résultats à l’appui.

Il est important de mentionner comme mesures concrètes que le Zonta International accorde plusieurs bourses prestigieuses aux talentueuses étudiantes telle que la bourse de 10 000 dollars Amelia Earhart accordée cette année à une étudiante malgache vivant en France.

Le Zonta accorde également des prix littéraires ainsi que des bourses musicales.

Au niveau mondial, nous pourrons dépasser les clivages, les inégalités subies, en généralisant l’accès à l’éducation des jeunes filles, en travaillant à augmenter leur niveau d’enseignement et en éduquant les jeunes garçons sur les fondements de l’égalité des sexes.

À mon sens, il ne devrait pas avoir de suprématie de genre, domination masculine ou domination féminine, car nous sommes égalitaires, complémentaires.

 

MDC Quelles sont vos relations avec les autres associations de femmes tant sur le plan national qu’international ?

 

JM Le Zonta International soutient la ratification de la Convention des Nations-Unies pour l’élimination de toutes les formes de discriminations envers les femmes (CEDAW). En effet, cette ONG s’est engagée sur le principe que les droits des femmes font partie intégrante des droits de l’être humain. Entre 1998 et 2002, elle a collaboré avec l’UNICEF dans le cadre de la lutte contre les mutilations génitales au Burkina Faso. Grâce à cette action, le Burkina Faso a enregistré une baisse de 40% du nombre de jeunes filles ayant subi ce type de discrimination.

À l’horizon 2019, le Zonta International aura engagé 2 millions de dollars pour mettre fin à la violence faite aux femmes au Népal et au Niger. 

Au Niger, le Zonta International lutte contre les mariages précoces considérés comme une forme de violence, en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP). Grâce à un programme d’éducation sanitaire, d’éducation formelle et d’alphabétisation. L’ONG aide 11 000 adolescents.

Nous participons au financement de certains programmes de l’UNICEF et ONU Femmes. Le Zonta Paris Port Royal Concorde apporte ses services à des associations féminines qui respectent l’esprit zontien et les valeurs zontiennes, en Île d France.

Nous tissons de nombreux partenariats avec d’autres réseaux féminins, car c’est ensemble que nous pourrons travailler efficacement pour la cause des femmes.

 

MDC Que prévoyez-vous pour la journée internationale des Femmes ?

 

JM le 7 mars, nous intervenons au sein de la soirée organisée par le Journal Opinion International Sois belle et ouvres la dans l’aérogare des Invalides avec une dizaine de personnalités pour exposer notre vision des moyens à mettre en œuvre pour lever le plafond de verre.

Vous êtes les bienvenues à cette soirée, si vous le souhaitez.

Le 8 mars, nous prévoyons une action sur le terrain avec des distributions de kits de toilettes aux femmes SDF de Paris, afin de leur assurer un minimum de dignité. Le 4 avril de manière décalée nous organisons une conférence cocktail au Sénat sur le thème « Osez la solidarité au féminin » en partenariat avec Chais’Elles qui sera l’occasion d’exposer le maillage efficace des réseaux féminins en matière de solidarité. L’occasion également de mettre en lumière les difficultés de millions de femmes en situation précaire ou d’exclusion sociale. Cette soirée sera close par la dégustation de vins et de champagnes produits par des femmes vigneronnes.

 

MDC  Ah ! Que de beaux projets empreints de solidarité !

 

***

 

Pour citer cet entretien féministe


Maggy de Coster, « Autoportrait de Julienne Morisseau, Présidente du ZONTA Paris Port Royal Concorde », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°13 & N° 9 | 2ème volet sur les « Femmes, Poésie & Peinture » sous la direction de Maggy de Coster, mis en ligne le 8 février 2018. Url : http://www.pandesmuses.fr/2018/2/julienne-morisseau

 

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Dernière mise à jour : le 12 février 2018

15 janvier 2018 1 15 /01 /janvier /2018 16:47

 

 

Lettre n°13 & N°9 | Dossier mineur | Textes poétiques

 

 

 

 

 Sarabande ou vision lugubre

 

 

 

 

Dina Sahyouni

 

 

 

Crédit photo : Luca Giordano, fresque (1684-1686) sur Nyx, Florence,

domaine public, image trouvée sur Commons.

 

 

 

 

Le temps m’étend, me consume. Des moments de grâce, de tristesse, de rien s'improvisent une vie.

Voici le court récit d'une autopsie de la vie.

Vivre, c'est fourvoyer, c'est apprendre à mourir*.

L'écriture est une musique du soi, un chant bigré du monde.

Souvent lorsque j'ai mal de vivre, je me réfugie dans le silence salvateur.

Souvent lorsque les larmes deviennent des lacs et les lacs des mers violettes, je pars en partance, là où s'arrête le monde, où demeure le blanc de la page blanche ou celui d'une vie.

Vivre, c'est écrire et écrire c'est vivre. Sans l'écriture, la mort s'empare du reste.

Le blanc d'une page, d'une vie, m'appelle puis me fait noyer dans l'absurde.

Souvent mon radeau s'élance tel un navire ontologique du soi pour atteindre un rivage remémoré. Souvent les cordes accordées d'un violon transforment mon radeau en chapelle gothique où un dieu perplexe se meurt et une déesse violette bleutée de tristesses voit le jour.

Souvent lorsque j'ai mal d'écrire, je pars en partance, en soi-disant moi, dans l'à-peu-près du moi.

Devenir un mot, un mot mouvant, invisible, indivisible, pluriel, une chose non assignée, un mot muet…

...et questionner l'orgueil d'un jour qui se lève au loin, demeurée autre, dans l'inquiétude...

Le je me voue à l'oubli ; à une célébrité qui m’écœure le cœur.

Je voudrais écrire avec l'invisible souffle du vent, avec la couleur limpide des larmes, avec l'arc-en-ciel, avec les chérubins des cieux antiques et modernes, avec les mèches de tes cheveux, toi liberté chérie qui me nargues souvent, m'apportes la nausée divine tous les matins, toi liberté chérie, muse lointaine, bohémienne, volage, ne t'attaches plus à moi pauvre mortelle ensevelie dans les souillures des signes sans cygnes, ni cieux bleus à atteindre. Mes signes s'entassent en pages tels les cadavres et, les génocides des mots ne suffissent guère à arrêter les misères des humains. L'écriture est une crucification des signes.

...écrit le 8 janvier 2018

 

 

* Voir, Montaigne : "Philosopher, c'est apprendre à mourir".

 

Ce poème en prose a été sélectionné pour paraître dans un de nos numéros imprimés de 2018.

 

***

Pour citer ce poème inédit en prose

Dina Sahyouni, « Sarabande ou vision lugubre », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°13 & N°9 | Fin d'Été 2021 « Femmes, Poésie & Peinture » sous la direction de Maggy de Coster, mis en ligne le 15 janvier 2018. Url : http://www.pandesmuses.fr/2018/1/sarabande

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Le Pan poétique des muses - dans La Lettre de la revue LPpdm Numéros Numéro 9
10 janvier 2018 3 10 /01 /janvier /2018 11:06

 

Lettre n° 13 | Revue culturelle d'Orient & d'Afrique & N°9

 

 

 

 

Yasmina Chellali :

 

 

 étoile du sud de la haute couture

 

 

 

 

Mustapha Saha

 

Sociologue, poète, artiste peintre

 

 

© Crédit photo : Robe Justice de la styliste Yasmina Chellali,

photographe et mannequin non communiqués, image 1 fournie par Élisabeth et Mustapha Saha

 

 

Il est des astres de l’art comme l’étoile du berger, luminosités imperturbables dans les nuées évanescentes, qui traversent les remous de l’histoire sans jamais quitter leur orbite. Ainsi en-est-il de Yasmina Chellali. Le regard de velours de la doyenne du stylisme cache un caractère de fer, rescapé de tous les enfers. L’élégante silhouette dissimule, sous savantes modicité, les magnificences du passé et les secrètes meurtrissures. Qu’importent les souvenances inaltérables, les célébrations mémorables, les blessures incurables, son âme et son esprit n’ont d’autre confidente que la muse inséparable. L’art est son indissociable berceau, l’œuvre en gestation son thaumaturgique sceau.

 

© Crédit photo : Yasmina Chellali (styliste) & Mustapha Saha,

image fournie par Élisabeth et Mustapha Saha

 

Les conversations avec Yasmina, curiosité vive à l’affût de l’actualité brûlante, se focalisent invariablement sur les thématiques artistiques. L’art pour toujours est sa raison totale et sa respiration vitale. Cette sensibilité toujours en éveil éclaire, comme une torche immuable, son vécu d’une étonnante cohérence. Elle vit la créativité comme une énergie intérieure, indéfinissable, imparable, indomptable, une grâce donnée à la naissance comme un impératif d’existence. Sa maîtrise technique s’improvise des inventivités imprévisibles quand phébus indique des chemins insoupçonnables, quand l’imaginaire en branle déborde les territoires. L’artiste, explorateur émotif de l’invisible, guetteur intuitif de l’impondérable, sans d’autre sémaphore que ses illuminations pulsatives, n’est-il pas un véhicule de visions qui le dépassent ?

© Crédit photo : Robe Justice de la styliste Yasmina Chellali,

photographe et mannequin non communiqués, image 2 fournie par Élisabeth et Mustapha Saha

 

 

Yasmina témoigne sans détours de cette pratique injonctive. Quand l’idée d’une œuvre germine, elle accapare l’être dans son entier. Le corps et l’esprit, la conscience et tous les sens sont en alerte permanente pour saisir au vol l’inconcevable, les configurations magiques qui s’imaginent, les plastiques mystérieuses qui s’illuminent, les formes inattendues qui se dessinent. Des virtualités de beauté qui, par enchantement, s’incarnent dans des matières chinées jusqu’au bout du monde. Chaque robe suscite son esthétique, sa symbolique, son univers allégorique, comme une réminiscence enracinée dans une mémoire lointaine. Chaque création ressuscite des codes vestimentaires millénaires. Quand le vent du désert imprègne l’âme de messages indéchiffrables, la disponibilité mentale s’installe dans la plénitude. La réception de l’ineffable exige une perception mystique. La réalisation de l’œuvre, dans ses différentes étapes, relève de la préparation alchimique. L’émotion de la styliste atteint le paroxysme quand le costume s’insuffle de vie dans la nymphe promise.

Dans l’acte de création, le doute accompagne l’exploration tâtonnante, la recherche fructifiante, l’expérimentation vivifiante. L’œuvre entraperçue dans l’exultation onirique est une étoile filante. Elle se dérobe aux esquisses chancelantes. Elle s’envoile d’équivoques stimulantes. Elle s’accroche aux cimes inaccessibles. Elle oriente vers des traverses impossibles. Elle réclame, pour son incarnation, des solutions innovantes. Le costume, au-delà des interrogations pudiquement tues, se sublime de son énigme absolue. Tous les artistes savent que la conception d’une œuvre, sa visualisation, sa projection, sont des sauts dans l’inconnu. L’ouvrage dévoile son architecture au rythme d’une étrange aventure où l’œil et le geste guettent fiévreusement les improbables ouvertures. L’œuvre achevée est toujours une révélation pour son propre initiateur.

© Crédit photo : Robe Justice de la styliste Yasmina Chellali,

photographe et mannequin non communiqués, image 3 fournie par Élisabeth et Mustapha Saha

 

 

La conjugaison des couleurs est une écriture plastique, un langage métaphorique, une lutte incessante avec les convulsions intimes. Chaque texture est porteuse de messages. Chaque plissure dissimule l’indicible. Entre fêtes et tempêtes, la création est une bouée de sauvetage. Yasmina conçoit les voiles, dans leur transparence couvrante, comme des ailes flottantes, des libertés caressantes, des rubans célestes taquinant les nuées irisantes. Elle métamorphose les coiffes traditionnelles en couronnes valorisantes. Elle voit toutes les femmes comme des princesses affranchies des cours oppressantes. Elle incarne en représentations palpables ses rêveries d’enfance. Le stylisme est un art majeur. Un costume n’est pas qu’un costume. Le costume est une œuvre vivante. Une œuvre mouvante. Une œuvre émouvante. Le costume est un miroir des paysages fantastiques traversées dans les folles escapades, des visages mythiques entrevus dans les voyages, des félicités en perpétuelles dérobade.

© Crédit photo : Robe Justice de la styliste Yasmina Chellali,

photographe et mannequin non communiqués, image 4 fournie par Élisabeth et Mustapha Saha

 

 

 

La saisie photographique des modèles requiert l’attention pointilleuse de cinéaste. Le cadre et la lumière, le nimbe et l’atmosphère, le regard du mannequin et sa posture, narrent une histoire sortie des limbes. Le feu sacré jaillit de fugace cratère. L’indémodable sublimité demeure l’unique critère. Ses fantômes et ses cyclones, ses beaux songes et ses cauchemars, ses prières et ses suppliques, fusionnent dans l’image. De la brumaille perlée des étoiles surgit l’espérance. Un nouveau chemin se profile. L’horizon s’éclaire. Yasmina raconte une séance marquante. Après une longue et minutieuse mise en place, le mannequin, aguerri par une longue expérience, se retrouve subitement tétanisé devant le photographe, lui-même médusé par l’inexplicable inadvertance. Un ange passe. Le modèle s’absente comme une sainte. Sa tête s’auréole d’un halo d’extase. Peut-on imaginer cette fille libre, maîtresse de sa prestance, frémir comme une contemplative sans résistance ? La fille reprend ses esprits au bout d’un long silence, susurre d’une voix tremblante : « Yasmina, cette tenue me bouleverse au point de me donner des larmes aux yeux ». Son émotion communicative irradie l’atmosphère. La magie de l’instant s’éternise en souvenance.

 

© Crédit photo : Robe Justice de la styliste Yasmina Chellali,

photographe et mannequin non communiqués, image 5 fournie par Élisabeth et Mustapha Saha

 

 

 

Yasmina puise dans les bijoux l’impérissable anamnèse. L’orfèvrerie traditionnelle plonge ses racines dans la nuit des temps. Les diadèmes, les colliers, les fibules, les anneaux, les bracelets d’or et d’argent, ciselés de signes talismaniques, chargés d’ondes magnétiques, transmettent les fluides telluriques et les phosphorescences cosmiques. Ces bijoux fascinateurs racontent le cours des rivières et la majesté des montagnes, la fertilité des plaines et le rythme des saisons, la pénombre bienfaisante des maisons et l’aura séduisante des femmes. Ces parures enchanteresses couvent les connaissances précieuses et les affinités malicieuses, les délicatesses charnelles et les amours maternelles, les roses épinières et les secrètes manières. L’emblème des emblèmes de la culture ancestrale n’est-il pas la croix du sud, représentant la concorde originelle dans la quiétude matriarcale ?

 

© Crédit photo : Robe Justice de la styliste Yasmina Chellali,

photographe et mannequin non communiqués, image 6 fournie par Élisabeth et Mustapha Saha

 

 

Le patrimoine vestimentaire, qui n’a jamais cessé de se renouveler dans ses caractéristiques particulières, a été trop longtemps folklorisé, archaïsé, dévalué par l’exotisme orientaliste et le détestable esprit colonial. Avec la révolution numérique, l’information se mondialise, les singularités se planétarisent, les cultures s’égalisent, les curiosités intellectuelles s’aiguisent. La féerie figée des Mille et une nuits cède la place à la découverte des civilisations ignorées, qui irriguent désormais la modernité de leurs affluents diversitaires. Les temps du paradigme dominateur de l’occident sont définitivement révolus. Les cultures périphérisées enrichissent le monde autant qu’elles s’en enrichissent.*

© MS

 

*Ce texte est sélectionné pour paraître dans un de nos numéros imprimés de 2018 .
 

***

Pour citer ce texte

 


Mustapha Saha, « Yasmina Chellali : étoile du sud de la haute couture », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°13, mis en ligne le 10 janvier 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2018/1/yasminachellali

 

 

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Le Pan poétique des muses - dans La Lettre de la revue LPpdm Numéros Numéro 9

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