Michel Orban, « Une histoire de cœur», poème inédit, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 9| Fin d'Été 2021 « Femmes, Poésie & Peinture », 2ème Volet sous la direction de Maggy de Coster, mis en ligne le 14 août 2021. Url :
Le tuner distille des refrains de tango La palette côtoie l’imparable gris-gris Le Sacré-Cœur au loin se couvre d’indigo Le tableau s’ébauche sous l’œil vif du chat gris
L’odalisque enlève ses ravissants atours La pâte ocre et jaune transfigure la chair La pointe du pinceau peaufine les contours Le mistigri bougonne au fond du rocking-chair
Le peintre et son ouvrage engagent le débat Le tracé se cabre la couleur se mutine L’échange bien souvent se transforme en combat Le matou revêche lacère les courtines
Une rouge lueur déchire la pénombre Deux points blancs clarifient le regard longanime Le mystère investit le modèle et son ombre La silhouette nue de volupté s’anime
L’Aphrodite aux anges savoure une pavie L’artiste en finesse pose l’ultime touche L'œuvre à peine signée mène sa propre vie Le félidé boudeur rengaine ses cartouches
L’hôtesse au champagne baptise la diva Le sponsor sans talent se flatte d’excellence Les convives giguent sur un air de java Le maître s’emmure dans un profond silence
Mustapha Saha (poème & photographie inédits), « Le dernier maître de Montmartre », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 9| Fin d'Été 2021 « Femmes, Poésie & Peinture », 2ème Volet sous la direction de Maggy De Coster, mis en ligne le 12 août 2021.Url :
Derecho de admisión, Yeison F. García López, La imprenta, Collection Hojas de yerba, Madrid, 2021.
Les poèmes de ce recueil revêtent un ton grave. Ils sont l’expression d’une grande souffrance d’un enfant arraché à son pays d’origine et devant faire face au racisme du pays d’accueil.
Yeison F. García López, se définit comme Afro-colombien et Afro-espagnol. Il a étudié les Sciences politiques et est détenteur d’un Master en Méthodologie de l’investigation en Sciences Sociales :Innovations et applications, à l’Université Complutense de Madrid. Depuis 2016 il est très actif dans le milieu littéraire et culturel espagnol et milite contre le racisme. En 2016 il a publié « Voces del impulso », ed. Centro de Estudios Panafricanos, (traduction : Voix de l’impulsion, Centre d’études, Panafricaines ) Il a participé à plusieurs publications collectives : anthologies et revues espagnoles. Sa poésie a su trouver une résonance dans les médias littéraires comme Radio Africa Magazine, Wiriko y Africanidad.
Derecho de admisión
Hay una cola larga en la acera,
esperamos nuestra suerte,
ya puedo escucharles:
– ¿“DNI?, pasen”.
Espero que no suceda una vez más,
no quiero quedarme fuera,
la última vez fue mi culpa,
eso me hicieron crecer.
Voy bien vestido,
ni pendientes, ni gorra ni zapatillas,
el pelo recién cortado,
no les daré ningún pretexto,
la gente del barrio ha ido, quiero entrar.
¿Tienes 16 años? ¿Documentación?
– Pasa
Con algo más de edad,
hemos bebido en una plaza,
vamos porque nos han dicho que es gratis,
Los que entran antes de nosotros no pagan,
Esperemos que no ocurra.
– Son 20 euros.
– ¿ Por qué?
Nos miramos,
vemos con claridad el itinerario
que segrega nuestros cuerpos,
¿Donde denunciamos?
No servirá de nada,
aprovechamos un descuidado para arrojarles piedras.
La última vez fue en un bar de Malasaña,
ya estaba en la universidad, llamé a los que dicen protegernos,
me dijeron: “derecho de admisión”,
te preguntas a ti mismo por qué les has llamado?,
tus amigos y amigas se sienten a través de tu dolor,
efímero instante, estampa con caducidad,
mi piel no es un disfraz, mi piel no es un momento.
Una vez más mi noche termina en esquizofrenia,
yo que me considero fuerte,
siento claudicar una parte de mí,
Aunque no quiero
No es ausencia de rabia es ausencia de todo,
es un Madrid que me cercena desde la infancia,
una parte de esta ciudad nos quiere fuera.
Perdonad si estos versos os incomodan,
os lanzan una realidad que no queréis mirar,
permitidme deciros que vuestra fragilidad
en este espacio no importa,
que soy yo el que habla ahora del derecho de admisión
a vuestros comentarios.
**
Droits d'entrée
Il y a une longue file d'attente sur le trottoir
nous attendons notre chance,
Je vous entends déjà :
« DNI ? Entrez. »
J'espère que ça n'arrivera plus
je ne veux pas rester dehors
la fois dernière c'était ma faute,
ça m'a fait grandir.
Je suis bien habillé
pas de boucles d'oreilles, pas de casquette ni d pantoufles,
cheveux fraîchement coupés,
je ne vous donnerai aucune prétexte,
les gens du quartier sont partis, je veux entrer.
– Tu as 16 ans ? Document ?
– Passe.
Dans un endroit hors du temps,
nous avons bu sur place,
nous y allons parce qu’on nous a dit que c’est gratuit,
ceux qui entrent avant nous ne paient pas,
Espérons que cela n'arrive pas.
– C'est 20 euros.
– Parce que ?
Nous nous regardons,
Nous voyons clairement l'itinéraire
qui nous sépare,
À qui aurons nous recours ?
ça ne servira à rien
nous nous sommes servis d’un imprudent pour leur jeter des pierres.
La dernière fois, c'était dans un bar de Malasaña,
j'étais déjà à l’université, j'appelais ceux qui prétendent nous protéger,
ils m'ont dit : « droit d'admission »,
tu te demandes pourquoi tu les as appelés ?
les amis des deux sexes ressentent ta douleur,
instant fugace, frappé de caducité,
ma peau n'est pas un déguisement, ma peau n'est pas un instant.
Encore une fois ma nuit se termine dans la schizophrénie
je me considère fort
Je sens une partie de moi céder,
Bien malgré moi
ce n'est pas l'absence de rage, c'est l'absence de tout,
c'est un Madrid qui me coupe depuis l'enfance,
une partie de cette ville veut que nous partions.
Pardonnez-moi si ces vers vous dérangent,
ils vous jettent une réalité que vous ne voulez pas regarder,
laissez-moi vous dire que votre fragilité
dans cet espace n’a pas d’importance,
que je suis celui qui parle maintenant du droit d’admission.
à vos commentaires
**
Somos subversión
Son las voces tempranas
las que narran como mar de fuego,
Crecemos sin que nos vean,
al igual que no ven a nuestros padres y madres,
para ellas y ellos simple fuerza de trabajo.
Recordamos a Jeanneth Beltrán1,
Luis Víctor Gualotuña2 y a tantos otros, otres, y otras,
Ahora y aquí,
nuestras ancestralidades son la fuente,
el ritual,
la idea,
ahora, ahora y aquí,
somos subversión.
1. Jeanneth Beltrán fue una joven nicaragüense en situación administrativa irregular que murió en el 2014 en Toledo como consecuencia del Real Decreto 1/2012, legislación que negaba el derecho a la atención sanitaria normalizada y publica a cientos de miles de personas en el Estado español.
2. Luis Víctor Gualotuña, tenia 55 anos y era un trabajador ecuatoriano que trabajan sin contrato. Murió tras de caer de un andamio en Alborada (Valencia). El empresario decidió no llamar al 11 y lo dejo moribundo en el hospital.
**
Nous sommes subversion
Ils sont les premières voix
qui racontent comme une mer de feu,
Nous grandissions sans être vus
tout comme ils ne voient pas nos pères et nos mères,
eux simple force de travail.
On se souvient de Jeanneth Beltrán1,
Luis Víctor Gualotuña2 et bien d'autres, d'autres et d'autres.
Maintenant et ici
nos ancêtres en sont la source,
le rituel,
l'idée,
maintenant, maintenant et ici,
nous sommes subversion.
Notes
1. Jeanneth Beltrán était une jeune nicaraguayenne en situation irrégulière décédée en 2014 à Tolède à la suite du décret royal 1/2012, une législation qui niait le droit à des soins de santé standardisés et qui publie des centaines de milliers de personnes dans l'État espagnol.
2. Luis Víctor Gualotuña, avait 55 ans et était un ouvrier équatorien qui travaillait sans contrat. Il est décédé des suites d'une chute d'un échafaudage à Alborada (Valence). L'homme d'affaires a décidé de ne pas appeler le 11 et l'a laissé mourir à l'hôpital.
**
Crecer sin tierra
A las que migramos en la niñez
nos toca gravitar en el aire,
ser puente entre varios universos,
reclamar nuestra libertad de pertenencia
a las cosas de las que nos hablaban en casa,
y a otras que han rodeado la mirada.
Hemos crecido en mil mundos,
hablamos diferentes lenguas
para poder comunicarnos desde el limbo.
Tejemos y destensamos la vida
para que nos aguante.
Nuestra identidad está abiertamente
en contra del olvido.
Las cabinas y locutorios fueron nuestra conexión
con aquello que sentíamos cerca,
eran nuestra patria.
En mi casa se escucho “faltan 5 pa las doce” siempre.
Cada ano alguien nos recuerda que no nacimos aquí,
que nuestra piel no corresponde a su idea.
En algún momento hemos escarbado un agujero
para escondernos y solo escuchar el latido,
de nuestros corazones de barro.
Olemos a raíces,
Nos arraigamos a la justicia,
cultivamos amor
para poder recibir algo de cariño.
En el desplazamiento dulce de nuestros cuerpos,
de aquí de allí,
de allí de acá,
aprendimos a no crecer
en la neutralidad.
Me hablo a mí,
a una generación,
a las infancias
con procesos migratorios,
que crecieron sin tierra.
Grandir sans terre
Quand on émigrer pendant l'enfance
il nous incombe de graviter dans l'air,
d’être un pont entre plusieurs univers,
de revendiquer notre liberté d'appartenance
aux choses qui font partie de notre oralité
et à d'autres qui s’offrent au regard.
Nous avons grandi dans mille mondes
nous parlons des langues différentes
pour pouvoir communiquer depuis les limbes.
Nous tissons et nous révélons la vie
pour qu’elle nous supporte.
Notre identité est ouvertement
contre l'oubli.
Les cabines et les parloirs étaient notre lien
avec ce dont nous nous sentions proches,
ils étaient notre patrie.
À la maison, on écoute toujours "il est minuit moins cinq ".1
Chaque année quelqu'un nous rappelle que nous ne sommes pas nés ici,
que notre peau ne correspond pas à son idée.
À un moment donné, nous avons creusé un trou
pour nous cacher et juste écouter les battements du cœur,
de nos cœurs d'argile.
Nous sentons pousser les racines
nous nous encrons dans la justice,
nous cultivons l'amour
pouvoir recevoir de l'affection en retour,
dans le doux déplacement de nos corps,
d'ici à là-bas,
de là-bas à ici,
nous avons appris à ne pas grandir
dans la neutralité.
Je parle de moi-même
d’une génération,
celle de l'enfance
confrontée au processus migratoire,
qui grandira sans terre.
1. Chanson populaire colombienne en prélude au nouvel an.
**
Las vidas de las nuestras importan
Me educaron para ser un buen negro migrante
eran sus
era el rumor,
eran sus trampas,
las que giraban las piezas.
Retorcí mi acento tanto
que a destierro olía mi boca.
Cada mañana desorientado sonreía al silencio,
sentado en un rincón aun me recuerdo atrapando gestos,
subterfugios para ser integrado,
igual que el papel de macho desprovisto de sensibilidad
dispuesto a romperlo todo o participar en la provocación,
abracé tantas cosas al mismo tiempo
para ser un negro de verdad,
que muchas de ellas se hicieron epidermis,
entraron en mi sangre, fueron camino.
No me arrepiento de nada,
en la breve juventud viví lo imposible,
cogí las opciones que se me daban,
fuimos dueños de unos cuantos barrios.
Pude ser yo pero no fui,
traicioné a las canciones de rap americano,
traicioné las esperanzas del profesorado del insti,
traicioné a esa imagen pulida durante anos,
traicioné a tantas y tantos
que el sistema aún no me lo perdona.
Escúchame,
no es un problema tuyo,
no te pierdas en su maraña,
Entiende este orden para crear tu propio caos.
Descansa cuando lo necesites.
Ni siquiera nos pertenecen
las palabras con las cuales nos nombran,
lo único nuestro es la posibilidad de crecer
en que las vidas de las nuestras importan.
Que no nos digan que esperemos,
nadie puede aplacar nuestra sed de justicia,
no nos pueden culpar por visibilizar una tensión oculta
no nos pueden señalar por no ser complacientes,
nuestro amor por la existencia se ha manifestado.
Nos vies comptent
On m’a élevé pour être un bon migrant noir
c’était viscéral,
c’était le mot d’ordre,
c’était leurs pièges,
ceux qui ont joué le jeu.
J'ai tellement tordu mon accent
que ma bouche sentait l'exil.
Chaque matin désorienté, je souriais au silence,
je me souviens encore assis dans un coin, mimant les gestes,
les subterfuges à intégrer,
comme le rôle du mâle dénué de sensibilité
prêt à tout casser ou à participer à la provocation,
j’ai embrassé tant de choses en même temps
pour être un vrai nègre
que beaucoup d'entre elles sont devenues épidermiques,
elles sont pénétré mon sang, elles ont fait du chemin.
Je ne regrette rien,
dans ma brève jeunesse j'ai vécu l'impossible,
j'ai pris les options qui m'ont été données,
nous possédions quelques quartiers.
Je pourrais être moi-même mais je ne l'étais pas,
j'ai trahi les chansons du rap américain
j'ai trahi les espoirs du professorat de l’institut,
j'ai trahi cette image polie pendant des années
j'ai tant trahi
que le système ne me le pardonne toujours pas.
Écoute-moi,
ce n'est pas ton problème,
ne te perds pas dans leur enchevêtrement,
comprends cet ordre pour créer ton propre chaos.
Repose-toi au besoin.
Les mots avec lesquels on nous nomme,
ne sont pas les nôtres
il nous importe seulement de grandir
là où notre vie compte.
Qu’on ne nous dise pas d’attendre
personne ne peut apaiser notre soif de justice,
on ne peut pas nous reprocher de rendre visible une tension cachée
on ne peut pas nous en vouloir de ne pas être complaisants
notre amour de la vie est manifeste.
***
Pour citer ces poèmes engagés
Maggy de Coster (poèmes traduits & présentés par), « Derecho de admisión, Yeison F. García López, La imprenta, Collection Hojas de yerba, Madrid, 2021», extraits traduits avec l'aimable autorisation de l'auteur & sa maison d'édition,Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 9| Fin d'Été 2021 « Femmes, Poésie & Peinture », 2ème Volet sous la direction de Maggy De Coster, mis en ligne le 30 juin 2021. Url :
À la fin du XVIIIe siècle quelques femmes, telle Madame Vigée-Lebrun, (fille du peintre Vigée et femme de Lebrun, marchand de tableaux), s'occupèrent d'art, mais ce n'est qu'au XIXe siècle qu'elles en firent la carrière à laquelle elles demandèrent leur gagne-pain.
Nous trouvons alors une femme sculpteur, laquelle expose au Salon sous un nom d'homme vers le milieu du siècle. Pourquoi ? Sans doute il n'était pas admis que les femmes devinssent artistes... Cette femme exposa donc sous le nom de Léon Berteaux (c'était la femme de Léon Berteaux). Elle eut à lutter, fut souvent remplie de découragement car le jury ne lui décerna pas une première médaille. Elle ne devint H. C. qu'à la suite de la décision de 1872 ou 1873 et fut la seule femme qui étant H. C. put siéger au jury (années 1897 et suivantes).
Femme de cœur elle chercha le moyen d'aider les jeunes à se faire connaître de leurs juges et fonda dès 1881 l'union des Femmes peintres et sculpteurs. Puis jugeant que si les femmes entraient à l'École des Beaux-Arts et pouvaient concourir pour le prix de Rome, elles trouveraient un appui certain dans l'État, et une culture artistique non critiquable, elle formula en 1889, au congrès officiel, le vœu acclamé à l'unanimité et transmis au Ministère « que les femmes artistes fussent admises à « l'école des Beaux-Arts et aux concours pour les prix de « Rome ». Renouvelant ses revendications, elle obtient enfin en 1891 la déclaration du Conseil supérieur des Beaux-Arts « que l'État ne peut refuser aux femmes l'instruction artistique qu'il accorde aux hommes ». Entre temps elle conseilla aux jeunes de se faire inscrire pour les concours de Rome ; – mais, à l'école il fut répondu que les règlements n'interdisant pas les inscriptions de femmes, elles pouvaient être sur la liste ; – mais que les règlements n'indiquant pas de droit pour elles, à être convoquées, elles ne le seraient pas. Les cours oraux seuls leurs furent accessibles.
Toutes ces démarches faisaient du bruit, animaient l'opinion, mais n'aboutissaient pas ; aucun crédit n'avait été voté pour affirmer la décision, une simple promesse avait été faite à M. Bardoux, sénateur.
Lorsque, le 6 juin 1896, Mlle Jamin, élève de MM. Herst. Édouard Sain et Carolus-Duran, exposante au Salon des Artistes Français (section de peinture) élève des cours oraux de l'École Nationale des Beaux-Arts, adressa à M. Paul Dubois, directeur de l'École, une lettre le priant de bien vouloir l'inscrire au nombre des candidats appelés à se présenter au concours d'admission de « l'École proprement dite » (section de peinture), M. Paul Dubois répondit en ces termes :
Mademoiselle,
En réponse à votre lettre en date du 6 juin dernier, j'ai l'honneur de porter à votre connaissance que les cours oraux sont ouverts aux dames depuis le mois d'octobre dernier. Mais elles ne sont pas admises dans les ateliers de peinture de l'école.
Veuillez agréer...
Signé : Le Directeur de l'École Nationale des B.-A.,
Membre de l'Institut,
Paul DUBOIS.
En possession de cette réponse écrite qui constituait une pièce administrative accusant une fin de non recevoir, Mlle Jamin pouvait agir.
La lettre de M. Paul Dubois fut remise par elle à M. Léonce de Sal, sénateur qui la remit à son tour à M. Rambaud, Ministre des Beaux-Arts, en présence de M. Bardoux, sénateur.
Ce fut le point de départ d'une campagne parlementaire qui dura pendant six mois et à laquelle cette jeune fille prit une part active, multipliant autant qu'il fut nécessaire, les visites aux députés et sénateurs influents, parmi lesquels : MM. Maurice, Faure, Bardoux, Rambaud, Georges Berger, Raymond Poincaré, Léon Bourgeois, Dujardin-Beaumetz, etc.
Cette campagne aboutit, le 28 novembre 1896, au vote par le Parlement de l'amendement de M. Maurice Faure établissant un crédit de 13.500 fr. nécessaire à l'admission des femmes à l'École des Beaux-Arts.
Entre temps une campagne de presse dont le premier article fut rédigé à l'instigation de Mlle Jamin par M. Georges Montorgueil, rédacteur au journal « L'Éclair », avait saisi l'opinion publique de la question, qui avait été soutenue en général par la grande majorité des journaux français aussi bien à Paris qu'en province.
Parmi les personnes qui contribuèrent au succès de cette œuvre de justice et qui aidèrent Mlle Jamin de leurs conseils, il convient de citer, à leur honneur, les noms de M. Louis de Fourcaud, membre du Conseil supérieur des Beaux-Arts professeur d'Esthétique et d'Histoire de l'Art à l'École Nationale des Beaux-Arts (aujourd'hui décédé), et de M. Henry Jouin (également décédé, secrétaire de l'École Nationale des Beaux-Arts, et critique d'art éminent, qui malgré la situation qu'il occupait à l'école et qui l'obligeait à une délicate réserve, fut pour l'initiative du mouvement un dévoué et précieux collaborateur.
Les Femmes à l'ÉCOLE proprement dite.
La loi du 28 novembre 1896 ouvrait l'École des Beaux-Arts aux femmes ; le 8 juin 1897 eut lieu en conséquence, le premier concours d'admission des femmes à l'école de la rue Bonaparte.
Sur 42 concurrentes admises à concourir on en reçut 9 dans l'ordre suivant
Mlles :
1re Jamin ; 2e Fiérard ; 3e Hamon ; 4e Sévrin ; 5e Maire ; 6e Barbusse ; 7e Mme Ypermann ; 8e Forster ; 9e Evrard.
D'après les règlements de l'École, les élèves admis ne sont élèves de l'école « proprement dite » que jusqu'à la session d'examen suivante. À cette époque, ils doivent, s'ils veulent continuer à faire partie de l'école, subir de nouveau, avec succès, les épreuves d'admission.
Toutefois, dit le règlement ; …............... sont dispensés de recommencer les épreuves d'admission …... les élèves qui ont obtenu le titre de 1erdans l'un des précédents concours, ou encore, ceux dont le rang d'admission est compris dans une limite fixée par le conseil supérieur de l'École à chaque session.
En 1897 il se présenta 42 femmes et 396 jeunes gens. Sur les 42 femmes :
Parmi les jeunes gens, 87 furent admis : Le 1er obtint 465 points ; le 2e 419 ; le 3e 414 ;
le 4e 411 ; le 5e 410 ; le 6e 403 ; le 7e 393.
Les 7 premiers jeunes gens furent reçus à titre définitif par décision du conseil ; mais aucune femme, même la première, ne fut admise à titre définitif. Mlles Jamin et Fiérard eurent donc la surprise de recevoir de l'Administration des cartes d'élèves temporaires.
Il fallut que M. Maurice Faure fit à ce sujet une réclamation au Ministre des Beaux-Arts pour que, dans sa séance du 12 octobre 1897, le conseil supérieur de l'École prit la décision de recevoir Mlles Jamin et Fiérard élèves de l'école à titre définitif.
Les Ateliers.
L'école proprement dite était ouverte aux femmes, mais les ateliers de peinture, sculpture, architecture, qui, du reste, en principe, ne font pas partie de l'École, leur étaient fermés.
Sur l'initiative de Mlle Jamin, les élèves reçues au premier concours firent une pétition pour demander l'ouverture de ces ateliers. Grâce, en outre, à l'intervention parlementaire de M. Viviani, que Mlle Jamin sollicita, cette lacune fut comblée et l'égalité fut définitivement établie entre les élèves femmes et les élèves hommes de l'École des Beaux-Arts.
La porte était ouverte. Madame Berteaux vit, en 1897, les femmes entrer officiellement, enfin, dans cette école, qui pouvait et devait consacrer leur talent.
Quelle réception leur fut faite... Elles ont l'esprit trop large pour se souvenir qu'elles ont été conspuées... La meilleure réponse était le travail ; elles travaillèrent ; et, en 1911, c'est-à-dire 14 ans plus tard (les conquêtes qui sont un pas dans le progrès sont toujours lentes à se réaliser) l'une d'elles, une femme sculpteur, Mlle Lucienne Heuvelmans obtint le prix au concours de Rome.
Madame Berteaux ne vit pas ce succès, elle était morte en 1909... sans que son réel talent fut consacré par ses pairs, puisqu'elle n'obtint pas une première médaille et ne reçut jamais, même pour avoir fondé l'Union des Femmes Peintres et Sculpteurs, la récompense que nous lui souhaitons toutes dans le ruban de la Légion d'Honneur... Les pionniers ne trouvent jamais grâce devant leurs contemporains. Celles qui bénéficieront seront les prix de Rome et les boursières de voyage actuelles. Elles commencent à former une phalange imposante et comme elles entreront dans la Société des boursières. Elles seront défendues plus que nos contemporaines. Qu'elles portent haut et le flambeau et se souviennent que les ronces nous ont déchirées et les pierres, meurtries, mais que nous avons frayé la route quand même...
Si nous jetons un coup d'œil sur les résultats obtenus, nous voyons jusqu'ici : 3 prix de Rome,
une vingtaine environ de bourses de voyage.
Les prix de Rome : Mlle L. Heuvelmans, sculpture.
Mlle Lilly Boulanger, musique.
Mlle Canal, en 1920.
Trois prix de Rome furent obtenus en neuf ans, il avait fallu 15 ans pour obtenir l'admission des femmes à l'École , et 11 ans pour que l'une obtient le prix de Rome.
Les années parcourues peuvent se marquer de pierres blanches de plus en plus rapprochées ; mais les premiers pionniers du féminisme en Arts ne trouveront pas plus de courtoise équité devant leurs pairs, je le crains, que la vénérée Madame Léon Berteaux, leur grande Première ; toutefois ne désespérons pas, car dans certaine société à l'esprit libéral, la Nationale, 22 femmes ; dont 12 Françaises, ayant le titre équivalent au H. C., ont vu deux des leurs, Mme Serruys et Mademoiselle Poupelet, siéger parmi les membres du jury de 1920.
L'avenir est donc, selon moi, aux boursières de voyage... qu'elles travaillent ferme et soient droites... l'âme des aînées les guidera.
Documents concernant la question.
– 1er article signé Geogres Montorgueil, « Lart et la femme ».
– Journal officiel, séance du 28 novembre 1896. (suite de la discussion du budget des Beaux-Arts).
– « Manifestation antiféministe à l'École des Beaux-Arts ». Journal l'Éclair, 16 mai 1897.
– Création des ateliers pour les femmes à l'école des Beaux-Arts. Journal Officiel, séances du 1er mars 1899 et 19 janvier 1900.
L'article ci-dessus rédigé par Blanche MORIA de provient de l'ouvrage de VIVIANI René, ROBERT Henri, MEURGÉ Albert, LHERMITTE G., TIXERANT, MMES VÉRONE Maria, PILLIET Edwards, MORIA Blanche, DU GAST Camille, NATHAN Henry, FALLOT-MATIEP, POMMAY Yvonne, Cinquante ans de féminisme 1870-1920, Édition de la Ligue Française pour le Droit des Femmes, 11, Rue Milton, Paris IX, 1921, pp. 95-99. Le livre appartient au domaine public et se trouve sur le site de Gallica.
***
Pour citer ce texte féministe
Blanche Moria, « Les femmes artistes à l'École des Beaux-Arts – Les prix de Rome », texte féministe de MORIA Blanche dans VIVIANI René, ROBERT Henri, MEURGÉ Albert, LHERMITTE G., TIXERANT, MMES VÉRONE Maria, PILLIET Edwards, MORIA Blanche, DU GAST Camille, NATHAN Henry, FALLOT-MATIEP, POMMAY Yvonne, Cinquante ans de féminisme : 1870-1920, (1921), a été choisi, & transcrit par Dina Sahyouni, Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événement poétique|Megalesia 2021 & N° 9| Fin d'Été 2021 « Femmes, Poésie & Peinture sous la direction de Maggy De Coster », mis en ligne le 20 mai 2021, Url :
Mariem Garali Hadoussa, « Nuits d’été », poème inédit sur l'été,Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Événement poétique|Megalesia 2021 & N° 9| FIN D'ÉTÉ 2021 « Femmes, Poésie & Peinture sous la direction de Maggy De Coster », mis en ligne le 21 avril 2021. Url :
RÉCEMMENT, LE SITE « PANDESMUSES.FR » A BASCULÉ EN HTTPS ET LA DEUXIÈME PHASE DE SA MAINTENANCE PRENDRA DES MOIS VOIRE UN AN. NOTRE SITE A GARDÉ SON ANCIEN THÈME GRAPHIQUE MAIS BEAUCOUP DE PAGES DOIVENT RETROUVER LEUR PRÉSENTATION INITIALE. EN OUTRE, UN CLASSEMENT GÉNÉRAL PAR PÉRIODE SE MET PETIT À PETIT EN PLACE AVEC QUELQUES NOUVEAUTÉS POUR FACILITER VOS RECHERCHES SUR NOTRE SITE. TOUT CELA PERTURBE ET RALENTIT LA MISE EN LIGNE DE NOUVEAUX DOCUMENTS, MERCI BIEN DE VOTRE COMPRÉHENSION !
Cette section n'a pas été mise à jour depuis longtemps, elle est en travaux. Veuillez patienter et merci de consulter la page Accueil de ce périodique.
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