N° I | HIVER-PRINTEMPS 2025 | INSPIRATRICES RÉELLES & FICTIVES | 1er Volet | Critique & Réception | Dossier majeur | Articles & témoignages | Handicaps & diversité inclusive
Le miroir retourné, une exposition
des œuvres de Gwendoline Desnoyers
à Strasbourg
Réception de
Photographies par
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© Crédit photo : Claude Menninger, première de couverture illustrée de l’ouvrage posthume « Une vie de regrets » de l’artiste Gwendoline Desnoyers aux éditions Arbitraire dans la rétrospective actuelle à La Chaufferie à Strasbourg en hommage à l’artiste, image no 1.
Dans le cadre des Rencontres de l’illustration, la Haute école des arts du Rhin présente un ensemble d’œuvres diverses et singulières de Gwendoline Desnoyers, ancienne élève des Arts décoratifs de Strasbourg. L’artiste qui s’est donné la mort le 31 juillet 2020 nous laisse Une vie de regrets, un ouvrage posthume publié par les éditions Arbitraire trois ans après son décès que ses éditeurs Lucas Ferrero et Renaud Thomas, le directeur de la HEAR Frédéric Sauzedde et les commissaires d’exposition de l’atelier illustration, Noah Nereutà, Violette Mesnier et Marius Guandalini, nous donnent à découvrir avec beaucoup de délicatesse et d’émotion.
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© Crédit photo : Claude Menninger, Des œuvres exposées de l’artiste Gwendoline Desnoyers dans la rétrospective actuelle à La Chaufferie à Strasbourg en hommage à l’artiste, image no 2.
Cette jeune artiste, disparue à l’âge de 29 ans, nous lègue des œuvres troublantes à la mélancolie douce-amère, sous forme de dessins, de gravures, de tableaux, de bijoux, de mobiles... Telles les artistes Camille Claudel ou Unica Zürn, elle alternait des séjours en milieu hospitalier et son travail artistique.. André Breton disait de « L’art des fous » qu’il est « la clé des champs » et indéniablement Gwendoline Desnoyers ouvre des portes à l’intérieur d’elle-même, elle retourne le miroir pour explorer les labyrinthes enténébrés qui l’habitent et la hantent, elle nous invite par le biais de ses créations à transcender la réalité à l’instar de la psychose qui la tient sous son emprise. On songe à la fameuse phrase de Pascal « Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie de n’être pas fou. » Et c’est bien avec notre part de folie ordinaire que nous appréhendons son œuvre comme nous pouvons le faire avec celle de Séraphine de Senlis.
Son tableau « une main pour une tête » cache le visage d’une femme pour en effacer l’identité, des séries de masques affichent les figures tristes, coléreuses, voire ricanantes de cette condition humaine en mal de repères qui nous caractérise et l’artiste de préciser de son écriture virevoltante « les têtes pensent le monde, les mains le façonnent ». Dans le sermon à un ami Gwendoline Desnoyers évoque « des ruines de solitude », elle écrit « le miroir se fait réalité / quel est votre secret ? / chacun porte la vérité »... Et quand la vérité a partie liée avec l’inspiration visionnaire, les dessins de l’artiste traduisent l’angoisse qui la tient prisonnière de ses hallucinations, tel ce serpent à tête humaine qui s’enroule autour du corps d’un homme.
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© Crédit photo : Claude Menninger, Des Le tableau « une main pour une tête » de l’artiste Gwendoline Desnoyers dans la rétrospective actuelle à La Chaufferie à Strasbourg en hommage à l’artiste, image no 3.
Nul ne peut rester indifférent à cette exposition car c’est Gwendoline Desnoyers qui nous interpelle en nous posant cette question en forme de réponse « Comment dissocier l’artiste de son art, alors que celui-ci est son essence ? » Les créatures oniriques, les personnages ailés mi-hommes mi-anges, les paysages nocturnes empreints parfois de références mystiques sont l’incarnation même de cette artiste qui a publié de son vivant dans de nombreux fanzines et édité de petits ouvrages monographiques. Des rétrospectives comme celle du Festival Gribouillis à Bordeaux ou celle qui se tient actuellement à La Chaufferie à Strasbourg nous convient à traverser le miroir des apparences pour aller à la rencontre de cette femme artiste et poète à laquelle Strasbourg Capitale mondiale du livre UNESCO 2024 et la HEAR rendent aujourd’hui un vibrant hommage.
© Françoise Urban-Menninger, avril 2025.
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Pour citer ces images & texte inédits
Françoise Urban-Menninger, « Le miroir retourné, une exposition des œuvres de Gwendoline Desnoyers à Strasbourg » avec des photographies de l'expositionpar Claude Menninger, Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : HIVER-PRINTEMPS 2025 | NO I « Inspiratrices réelles & fictives », 1er Volet, mis en ligne le 8 avril 2025. URL :
https://www.pandesmuses.fr/noi2025/fum-lemiroirretourne
Mise en page par David
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