N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Bémols artistiques | Revue culturelle des continents
Garden-Party, des fleurs plein les yeux & le cœur au Musée Würth à Erstein
Texte de
Photographies par
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© Crédit photo : Claude Menninger, cet ensemble rassemble diverses toiles de fleurs dont les fleurs d'artichaut de Bernard Buffet dans l’exposition « Garden-Party au Musée Würth à Erstein », juillet 2025.
« Laissons parler les fleurs », nous conseille Christoph Becker et c’est bien cette parole muette et universelle qui nous porte et nous emporte au-delà des mots dans la découverte des œuvres de la collection Reinhold et Carmen Würth qui est mise en lumière du 20e siècle à nos jours dans cette nouvelle exposition.
Dans le musée devenu jardin pour quelques mois, l’œuvre de l’artiste hollandais Herman De Vries, déjà montrée à la Biennale de Venise en 2015, se présente sous la forme d’un immense « herbier » avec ses 123 feuilles A4 où végétaux, coquillages, plumes, épines invitent à se reconnecter à la nature tout en offrant un nouveau regard sur le principe de l’accumulation qui fait songer aux trésors collectés par les enfants. Mais cette œuvre monumentale évoque également la lagune de Venise, son histoire y transparaît dans les fragments de filets ou de débris de verre poli de Murano, des hameçons ou cuillères utilisés pour la pêche...La lagune est mise en scène dans une « archéologie poétique », commente Estelle Zech, commissaire et scénographe de l’exposition et d’ajouter que « les problématiques climatiques et écologiques sont également de mise. »
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© Crédit photo : Claude Menninger, des œuvres de Marc Quinn, sculptures & la femme-fleur, ainsi que les nymphéas d'Alex Katz dans l’exposition « Garden-Party au Musée Würth à Erstein », juillet 2025.
Les sculptures florales de Marc Quinn en bronze chromé mêlent le corps humain au végétal dans un continuum où un crâne sert de terreau à la plante qui s’en nourrit. Des fruits, des insectes animent ces vanités qui renvoient l’humain à son échéance inéluctable. Les peintures de Marc Quinn nous donnent à voir des fleurs qui béent tels des sexes offerts, des fraises symbolisent ce désir irrépressible qui traverse et donne sa couleur à la vie. Les lithographies de Paul Wunderlich nous délivrent une poésie vénéneuse qui s’instille dans ses orchidées. Mais le plus fascinant reste cette œuvre de Marc Quinn où, couchée sur de la viande crue, une femme-fleur tisse le lien entre la vie et la mort, autrement dit, illustre le cycle de la vie.
Alex Katz, dans son hommage à Monet, nous octroie un instant figé en peignant la surface immobile d’un étang dans une esthétique japonisante qui confine à l’abstraction, ses boutons d’or nous immergent dans un bain de lumière pure... Salomé, dans le même esprit, ouvre les 365 petites fenêtres, comme pour un calendrier, sur l’inflorescence chatoyante de dizaines de nénuphars.
Plusieurs vidéos proposent des films d’animation sur la thématique des jardins, l’une d’elle met en images la très délicate branche de cerisier. Azumo Makoto, qui fut fleuriste sur un marché au Japon, radiographie les fleurs en jouant avec la lumière qui les éclaire de l’intérieur, ses compositions florales resplendissent et nous invitent parfois à méditer sur le système racinaire des plantes.
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© Crédit photo : Claude Menninger, « L’herbier d’Herman De Vries » dans l’exposition « Garden-Party au Musée Würth à Erstein », juillet 2025.
À l’étage, le jardin peint par Max Liebermann, dans son propre jardin à Wannsee, tient du conte de fées avec ses touches impressionnistes. Ce lieu idyllique est devenu le sujet de plus de 200 tableaux et fait ainsi partie intégrante de son œuvre. Gabriele Münter peint des toiles sur carton, on se plaît à observer un canard en bois devant un vase de fleurs exubérantes, Johannes Itten déroule l’illusion optique des quatre saisons dont on retrouve les tonalités chromatiques hivernales, automnales, printanières et celles, flamboyantes, de l’été.
En progressant dans l’exposition, savamment agencée, on s’aperçoit que la vraie nature s’incarne dans des jardins fantasmés par les artistes. Nicole Blanchet, musicienne, peintre et chanteuse, lacère ses toiles où herbes hautes et roseaux composent une symphonie étrange bleue et verte. Derrière l’apparente douceur, la violence témoigne peut-être d’une nature tourmentée et blessée…
Une gigantesque toile retient le regard par son incommensurable et irradiante beauté, on songe bien évidemment à Klimt dans cet hommage que lui rend Gunter Damisch. Sur fond jaune, on admire des myriades de fleurs, en s’approchant, ce sont des agrégats de microcosmes que l’on reconnaît, ils évoquent des cellules aux origines de la vie terrestre.
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© Crédit photo : Claude Menninger, ensemble avec au premier plan une sculpture de Donald Baechler, des tableaux de Nicole Blanchet & la toile de Gunter Damisch (en hommage à Klimt) dans l’exposition « Garden-Party au Musée Würth à Erstein », juillet 2025.
Signalons encore les magnifiques fleurs violines stylisées d’artichaut de Bernard Buffet, les somptueux bouquets d’Emil Nolde, les éblouissantes fleurs obtenues par grattage de Jean Fautrier, les fleurs luminescentes d’argousier de Gunter Grass ou encore les splendides natures mortes aux hyacinthes et anémones de Victor Bauer, sans oublier ses pois de senteur et chèvrefeuille dont on pressent les divines exhalaisons. Rêvons devant les œuvres de Saeko Tagaki qui nous plongent littéralement dans une flore où nagent des poissons exotiques. Quant aux illustrations botaniques de Jan Peter Tripp, elles exercent sur nous un charme envoûtant, ineffable et intemporel.
Les deux étages parcourus dans les allées de cette exposition, on a envie de retourner sur nos pas,
tant l’appel des fleurs est prégnant car ces dernières touchent en nous notre âme végétale enfouie dans notre inconscient collectif et qui ne demande qu’à s’épanouir…
Pour ce faire, rien de tel que de poursuivre notre cheminement dans les allées du parc de cinq hectares en quête de notre jardin intérieur car rappelons-nous l’étymologie du vocable « fleur », soit flos, floris qui nous invite à appréhender « la partie la plus fine des choses », celle de notre être intime mais aussi à renouer avec nos racines végétales.
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© Crédit photo : Peinture de nature morte par Nicole Blanchet dans l’exposition « Garden-Party au Musée Würth à Erstein », juillet 2025.
Un catalogue richement illustré offre un supplément d’âme à cette exposition à voir et revoir pour s’octroyer des parenthèses enchantées et retenir, comme dans un herbier, les bouquets de lumière de cette merveilleuse exposition.
© Françoise Urban-Menninger
Cette exposition splendide et exceptionnelle abrite des merveilles artistiques à découvrir !
Exposition à voir jusqu’au 4 janvier 2026
ZI. Ouest rue Georges Besse à Erstein
Entrée libre tous les jours pour tous
Du mardi au samedi de 10H à 17H
Dimanche de 10H à 18H
Visites guidées tous les dimanches à 14H30
www.musee-wurth.fr
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Musée Würth à Erstein (Alsace) - Art moderne et contemporain
Le Musée Würth est un musée d'art moderne et contemporain ouvert par l'industriel Reinhold Würth. Il se situe à Erstein, en Alsace.
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Pour citer ce bémol artistique inédit & illustré
Françoise Urban-Menninger, « Garden-Party, des fleurs plein les yeux et le cœur au Musée Würth à Erstein » avec des photographies par Claude Menninger Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2025 | NO III NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES », 1er Volet, mis en ligne le 29 juillet 2025. URL :
https://www.pandesmuses.fr/2025noiii/fum-gardenparty
Mise en page par David
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