Lettre n°14|Être féministe
Être féministe est-il une question à se poser ?
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© Sarah Mostrel, Dame rose.
Selon la définition, le féminisme, « c’est un ensemble de mouvements et d’idées philosophiques qui ont pour but de définir, promouvoir et atteindre l’égalité politique, économique, culturelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes. » Qui peut être contre l’égalité ? Être égaux en droit fait partie de la déclaration des droits fondamentaux de tous, la question n’appelle donc qu’une réponse. « Le féminisme a pour objectif d’abolir, dans ces différents domaines, les inégalités homme-femme dont les femmes sont les principales victimes, et ainsi de promouvoir les droits des femmes dans la société civile et dans la vie privée. » Qui pourrait également s’insurger contre cette évidence ?
La question est souvent galvaudée. Féministe ne signifie pas à mes yeux (je suis une femme) être semblable à l’homme. Nous n’avons pas les mêmes caractéristiques, nous ne sommes pas bâtis de la même façon, nous avons souvent une sensibilité différente, une approche autre. Certains de ces traits viennent de l’éducation, d’autres sont constitutifs de notre être ou personnalité. Cette différence me rend joyeuse. Beauté de la diversité !
La caricature du féminisme, c’est le militantisme de certaines qui s’habillent à la garçonne, veulent tout faire comme les hommes. Pourquoi pas si c’est leur vœu ? Mais ça n’a pas de rapport avec le féminisme. Cette image est utilisée par les antiféministes pour affirmer que les femmes n’ont plus de féminité. Si elles se mettent à ressembler à l’homme, disent-ils, la séduction n’existe plus. Mais il n’est pas question de ces clichés, qui servent de paravent dans de nombreux cas à la peur d’affronter un semblable du genre opposé, peur de perdre des acquis, une suprématie, une autorité, une virilité.
Or, ce n’est pas l’objet. Si une femme est attirée par une autre femme, ou souhaite s’habiller comme un homme, grand bien lui fasse. Par contre, certains utilisent cette image pour être antiféministes. « Voyez, elles nous imitent, voyez, elles nient l’évidence, voyez, il n’y a plus rien de féminin chez elles. » Je maintiens au contraire que les féministes sont pleines de féminité. Elles l’assument magnifiquement, revendiquant ce qui leur revient, c’est-à-dire le respect de leur image, loin de celle de la femme objet, femme soumise, femme abusée, femme inférieure, mais femme digne, sachant ce qu’elle veut et surtout ce qu’elle ne veut pas, assumant son identité, ce qu’elle est. Pour moi, ces femmes sont belles et assument pleinement leur genre.
La séduction est dans cette prestance, cette non-compromission avec celui qui chercherait à la dominer, la façonner, parce qu’elle serait moins apte à ceci ou à cela. Mais à elle de décider ! Et non aux autres !
À elle, selon ses désirs, ses capacités, ses qualités intrinsèques, d’orienter sa vie comme bon lui semble. Pour cela, il faut abolir les barrages et les frontières qui cloisonnent le rôle de chacun. En ajustant le rôle de la femme, celui de l’homme s’ajuste également, et cela pour un monde meilleur, qui convient aux deux, qui reconnaît les deux sexes, la volonté de chacun, avec des différences mais pas forcément celles préalablement définies...
Dans un monde idéal, ces femmes épanouies rencontrent des hommes heureux de les connaître, d’aimer et de se faire aimer, non par assujettissement, mais avec la juste appréciation de chacun, sans inégalité (salariale, d’égard).
Accepter un déséquilibre entre les genres dans la société, c’est participer à la ségrégation, à la discrimination. Accompagner les féministes (hommes et femmes), c’est œuvrer pour une société meilleure, saine et heureuse. Que les deux partis soient comblés ou en voie de l’être sans que ce soit au détriment de quiconque, n’est-ce pas ce qu’il y a de primordial ?
© SM, Douceur.
Ainsi, lorsque le respect sera légion :
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Il n’y aura plus de frustration d’un genre par rapport à un autre
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Chacun sera pleinement ce qu’il est (ou veut être)
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L’égalité salariale sera réelle (plus de blabla donc)
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L’égalité prendra en compte les données constitutives de chacun, notamment leurs attributs intrinsèques comme, chez la femme, les règles, la grossesse, le congé de maternité qui, s’il est très peu relégué par le congé de paternité, doit bénéficier de plus de soutien. Cette donnée de l’enfantement ne doit en aucun cas pénaliser la carrière d’une femme qui en donnant naissance à un enfant, sert son désir mais aussi celui de son époux ou conjoint. Ce n’est donc pas « son » problème, mais une particularité qui doit appartenir au collectif. Trop souvent, la maternité, la ménopause, ces étapes de la vie d’une femme la pénalisent plus qu’elles la valorisent alors que si la nature a bien fait les choses, la société doit respecter ces données.
Il faudra aussi continuer de défendre la veuve et l’orphelin et la mère qui élève seule ses enfants, celle qui a du mal à joindre les deux bouts parce qu’elle se soucie de ceux qui n’ont pas demandé à naître. Comme un père a le droit de voir ses enfants et l’obligation de subvenir à ses besoins, la mère, si le conjoint est déficient, ne peut être que plus choyée et non pénalisée, parce qu’il lui est plus difficile de revenir à l’emploi, de faire garder ses enfants, de rester tard au boulot quand il n’y a pas de relais… Être féministe, c’est évident, non ?
©SM
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Sarah Mostrel (texte & dessins), « Être féministe est-il une question à se poser ? », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°14|Être féministe, mis en ligne le 9 janvier 2020, Url : http://www.pandesmuses.fr/lettreno14/smfeministe
Page publiée par le rédacteur David Simon
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