N°15 | Poétiques automnales | Critique & réception | Dossier mineur | Articles & témoignages
Valentina Casadei,
« Habiter la blessure », Éditions du Cygne,
2023, 85 p., 12€
© Crédit photo : Première de couverture illustrée du recueil de poésies de Valentina Casadei, « Habiter la blessure », Éditions du Cygne, 2023. Image fournie par la critique Maggy de Coster.
« Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille ! » Charles Baudelaire
Habiter la blessure, un titre implicite qui ne dit pas de quelle blessure il s’agit. Une invite à découvrir le recueil de poèmes puisque c’est en le lisant qu’on arrive à comprendre la nature de la blessure.
En vérité il s’agit d’une blessure amoureuse. Une telle blessure est la résultante d’une rupture, d’un abandon :
« J’ai été
Jetée blessée repoussée abandonnée vidée oubliée
Froissée comme les pages du journal d’hier »
Pas toujours facile de faire le deuil d’un amour défunt. C’est par la poésie que Valentina Casadei a choisi de s’épancher car cette dernière n’en a pas moins un effet cathartique.
C’est tout son environnement qui est chamboulé. Elle patauge dans un vide abyssal :
« Les mains se joignent
et l’abîme au milieu
se conforme à ma blessure
je m’amenuise comme la peau qui entoure la cicatrice
j’ai fait un pas de trop
et l’adieu glisse entre mes doigts
le jour s’oublie »
Ce vers de Lamartine peut bien s’appliquer à l’état d’esprit de la poète :
« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé »
Et pour cause elle avance :
« je m’absente
et j’erre
dans les méandres
de ma demeure
comme profonde déchirure »
La béance de l’absence traverse un corps en mal de survie, un corps habité par la blessure mais il faut trouver des mots pour mettre sur ses maux pour ne se laisser mourir à petit feu.
« La nuit n’est jamais assez noire
et seule l’absence répond de l’autre côté du fil
je retourne dans le quartier de l’absence
et je m’y perds
l’impossibilité ses retrouvailles sur nos visages »
Parvenue au stade de la résilience, elle devient cette femme « qui avance comme un doigt dans un gant » et se rassure en ces termes :
« je ne suis pas la seule à avoir perdu un amour, un ami »
Aussi a-t-elle réussi à sortir des parages du vide en devenant ce phénix qui renaît des cendres d’un amour défunt.
© Maggy DE COSTER
Extrait choisi :
© Crédit photo : Quatrième de couverture illustrée du recueil de poésies de Valentina Casadei, « Habiter la blessure », Éditions du Cygne, 2023. Image fournie par la critique Maggy de Coster. L'illustration est un portrait de Valentina Casadei.
Tu es l’objet lié à l’abandon
le mythe où gît ma forteresse
gravée dans la pierre par un frémissement
comme la lumière
tu fais trembler les choses
dans un va-et-vient de regrets
dans le temps perdu
dans tous les mauvais choix
et dans ces tristes jours que tu retiens
inconsistant est un mot après un geste
la saga de mes rêves troublés
est l’âme la plus puissante
pour assassiner l’immatérialité de mes douleurs
© Valentina CASADEI
***
Pour citer ce texte inédit
Maggy De Coster, « Valentina Casadei, « Habiter la blessure », Éditions du Cygne, 2023, 85 p., 12€ », Le Pan poétique des muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N° 15 | AUTOMNE 2023 « Poétiques automnales », mis en ligne le 13 novembre 2023. URL :
http://www.pandesmuses.fr/no15/mdc-vc-habiterlablessure
Mise en page par David
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