N° III | ÉTÉ 2025 / NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES » | 1er Volet | Dossier | Articles & Témoignages | Revue Matrimoine
Marie-Guillemine Benoist
(1768-1826)
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Crédit photo : Marie-Guillemine Benoist (1768-1826), autoportrait de la peintresse dans son atelier en train de créer, 1786, peinture tombée dans la domaine public, capture d'écran par LPpdm d’une photographie libre de droits trouvée sur le web.
Marie-Guillemine Benoist, née Marie-Guillemine de Laville-Leroux par son père René, fonctionnaire royal (il fut ministre des Contributions en 1792) a une mère originaire de Toulouse Marguerite-Marie Lombard et une sœur d’un an plus jeune Marie-Élisabeth (qui sera peintre comme elle). Les deux filles ont sensiblement le même parcours. Marie-Guillemine étudie avec Élisabeth Vigée-Lebrun, grande portraitiste, dès ses 13 ans et très vite expose au Salon de la jeunesse un portrait de son père. Deux ans plus tard, elle et sa sœur deviennent élèves du peintre Jacques-Louis David (alias David, nommé « Premier peintre » par Napoléon Ier). Tandis que la cadette expose Une dame en satin blanc, garnie de marte, en 1788, Artémise serre sur son cœur l’urne contenant les cendres de Mausole, en 1789, Une Vestale infidèle et Artémise, au Salon de l’Académie, en 1791, Marie-Guillemine s’affirme avec L’Innocence entre la Vertu et le Vice, peint en 1790 où pour la première fois, le vice n’est pas incarné par une femme, mais par un homme. En 1791, elle présente Psyché faisant ses adieux à sa famille puis se marie, en 1792, avec Pierre-Vincent Benoist alias Benoist d’Angers, banquier, diplomate et ministre d’État dont elle aura trois enfants : Prosper Désiré, en 1794, Denys Aimé René Emmanuel, en 1796 et Augustine, en 1801. Dès lors, continuer de peindre et d’exposer n’est pas chose facile, et son mari royaliste étant suspecté de conspiration, elle survit sous la Terreur en vendant de petits portraits au pastel et des scènes de genre moralisantes. L’artiste a déjà acquis une réputation avec ses portraits, notamment du député Bellay, et décide de se remettre aux pinceaux avant d’exposer au Salon de 1800 le Portrait d’une négresse, six ans après l’abolition de l’esclavage (1794). Le tableau marque les esprits. La femme noire représentée a une posture de femme blanche, et non de domestique ou d’esclave. La démarche est audacieuse. Marie-Guillemine ose ici figurer une femme indépendamment de sa race et de la classe sociale à laquelle elle appartient. Un manifeste féministe déjà, quand le sujet est inspiré probablement de l’épouse guadeloupéenne de son beau-frère, officier de marine.
L’artiste, qui se fait appeler Émilie devient célèbre, et se produit au Musée spécial de l’École française à Versailles, avant de recevoir de la ville de Gand sa première commande : un portrait de Napoléon. L’empereur, ravi de la réalisation, la récompense d’une médaille d’or pour ses œuvres et n’aura dès lors de cesse de lui passer de nouvelles commandes. Portrait en pied de la duchesse Napoleone Elisa (successivement princesse de Piombino et de Lucques, puis grande-duchesse de Toscane), portrait de la poétesse grecque Sapho, les enfants aussi apparaissent dans ses réalisations. En 1804, elle remporte une pension du gouvernement. Elle expose ainsi en 1806 Deux jeunes Enfants, avec un nid d’oiseau, et Le Sommeil de l’Enfance, et celui de la Vieillesse. Inédites représentations ! Lorsque la période la Restauration (1814) arrive, Guillemine est cependant obligée de se mettre en retrait pour protéger son époux : « La pensée que je serais un obstacle à votre avancement dans votre carrière serait pour moi un coup bien acéré », lance-t-elle. Au sommet de sa carrière, elle doit donc s’éclipser pour ne pas nuire à son mari, royaliste convaincu.
Tandis que sa sœur s’est mariée en 1793 avec le chirurgien Dominique Larrey, nom sous lequel Marie-Élisabeth va désormais signer ses toiles, Marie-Guillemine ne reprendra presque pas ses pinceaux après 1812. Après sa Lecture de la Bible, elle se distinguera encore avec sa Vierge à l’Enfant pour la cathédrale d’Angers en 1821. Elle s’éteindra à Paris le 8 octobre 1826.
© Sarah Mostrel, extrait de « Femmes inspirantes » (éd. Non Nobis) reproduit avec l’aimable autorisation de l’artiste-autrice et sa maison d’édition.
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Pour citer cet extrait inédit
Sarah Mostrel, « Marie-Guillemine Benoist (1768-1826) », Le Pan Poétique des Muses | Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : ÉTÉ 2025 | NO III NUMÉRO SPÉCIAL « CRÉATRICES », 1er Volet, mis en ligne le 3 juin 2025. URL :
https://www.pandesmuses.fr/2025noiii/sm-marieguilleminebenoist
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