Critique & réception
Christine Clairmont
Image du pays d’Oc et d’ailleurs
illustrations de Michel Maury, ACALA, 2014*
Lire Christine Clairmont est toujours pour moi un ravissement car on ne peut pas ne pas être touché par ses écrits. Elle nous entraîne avec grâce dans le décor des lieux et dans la vie des personnages avec lesquels elle est en parfaite empathie. En ouvrant son livre, je tombe au hasard à la page 52 dont le titre est « Madame Vernet », je me laisse aller à ma curiosité, et au fil des pages je me sens en immersion dans l’histoire qu’elle décrit : le souvenir de sa rentrée scolaire en 4ème B, où elle fit la connaissance de sa prof d’espagnol.
Cela préfigurait déjà sa vocation pour l’enseignement de la langue espagnole, et pire encore, à l’égal de son enseignante, elle sera marquée à jamais par le sceau de la destinée. À priori, cela pourrait paraître banal mais son approche psychologique du personnage décrit, nous entraîne jusqu’au bout de notre lecture et là, on est on ne peut plus conquis.
Un florilège de souvenirs de tous genres qui persistent dans sa mémoire, chaque histoire recèle un message qu’elle a le souci de partager. Écrire est pour elle à la fois une catharsis et un partage. En fine narratrice, Christine Clairmont, nous parle de son vécu personnel et des faits sociaux qui ont fait couler ses larmes comme la perte de son enfant. Elle s’insurge également contre l’instinct destructeur des humains, en évoquant leurs méfaits contre leurs semblables ou contre les règnes de la nature. On sent bien qu’elle a un profond respect des êtres qui nous entourent, elle rend hommage aux arbres jusqu’à se comparer au bonsaï :
« Moi, je ne suis qu’un bonsaï dont les rameaux contraints, forcés auraient bien pu se rabougrir, ne pas vivre et s’épanouir ».
Comme Vigny, elle a le verbe empreint de stoïcisme « subir les coups de cette peine sans pousser un cri ».
La poésie est cette magicienne qui a changé sa vie et son regard sur le monde en la rendant proche de tous ceux qui souffrent. Ainsi la poésie joue chez elle un rôle transcendantal. On dit que les amoureux de la littérature ne sont pas forcément les plus férus en maths, mais ce ne fut pas le cas de Christine Clairmont. Il eut fallu qu’elle tombât sur une prof de maths qui n’avait pas su faire preuve de pédagogie pour que la matière en question lui devînt à jamais abscons, chose pour le moins marquante qu’elle n’a pas manqué de relater son livre. Cependant aucune amertume ne se dégage de ses écrits. Plutôt de la sagesse en toile de fond. De belles descriptions allégoriques. De très belles réminiscences, comme sa complicité avec sa belle-mère Adeline, chose rare. De la grandeur d’âme. Une belle leçon de vie empreinte d’élévation. Un cheminement vers le stoïcisme.
* Voir aussi : http://academiedesartsetdessciencesdecarcassonne.blogs.midilibre.com/archive/2016/03/29/les-societaires-de-l-academie-des-arts-et-des-sciences-de-ca-850035.html, http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb444425999
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Maggy de Coster, « Christine Clairmont, Image du pays d’Oc et d’ailleurs, illustrations de Michel Maury, ACALA, 2014 », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°10, mis en ligne le 20 février 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/image.html
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