Trois extraits de
« Fiançailles et promesses »
Pour demander pardon
Il est des amertumes que l’on aurait voulu ne pas connaître.
Mais elles sont là, comme perdues dans le vide de nos pauvres existences. Petits fantômes. Pauvres pantins. Tristes dérisions. Fausses profondeurs.
Nous les regardons avec une sorte de désespérant étonnement et nous ne savons pas quoi en faire.
Ainsi parfois le vin sans fond nous fait faire ce que certains appellent avec beaucoup de complaisance des écarts et ce que d’autres nomment peut-être un peu trop durement un adultère.
L’important, dans ce désastre presque sinistre, est de rester très fidèle à une radicale justesse du sentiment. Seule compte en effet la difficile sincérité. C’est elle qui fait naître les plus profondes douceurs et les amours les plus solides.
Le temps forge les poètes. Mais aussi les épreuves.
L’amour est une chose puissante que la faute effleure et fait vaciller mais l’amour aussi se nourrit de certaines douloureuses chutes qu’il guérit et transpose.
Se déposer quelque part
Sans jamais citer le nom de cet endroit unique, cherchons, cherchons à nous déposer quelque part.
Le paradis n’existe pas et nous l’avons péniblement découvert.
Mais un lieu tout simple et bien réel, un lieu où l’on puisse enfin échapper à la malédiction de l’errance, un lieu d’adoption, cela oui, nous l’espérons et nous l’appelons de toutes nos forces.
Un lieu nourricier et où la vérité n’est jamais cruelle.
Un lieu ou un être. Un point d’appui. Un endroit où écrire et où nos fausses souffrances pourrait enfin trouver l’air qui leur manque.
Un lieu subtil mais un lieu simplement où il serait doux de marcher.
Naissance du rire
Il n’est pas de chose plus mystérieuse que la commissure des lèvres et le filet musculaire savamment architecturé autour qui la fait se mouvoir.
Les médecins disent avec une confiance en eux sans doute un peu excessive que tout vient et tout retourne à une réalité bien scientifique qu’ils nomment d’un mot comiquement barbare : le zygomatique.
Et l’on pourrait s’en tenir là. Finalement, effectivement, c’est ce petit brin là tout rose qui se tendant fait naître la divine ouverture et il n’y a là, alors, n’en déplaise aux amoureux des vérités mouvantes, rien de magique.
Le poète pourtant ne saurait se satisfaire d’une si laconique explication. Un peu idiot peut-être ou mieux délicieusement naïf, le poète veut croire que cette illumination bouleversante du visage naît d’un mouvement global du corps où il a bien longtemps mûri.
https://lauredelaunay.com/textes-poetiques-2/fiancailles-et-promesses/
Trois extraits de "Fiançailles et promesses"Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Lettre n°12, mis en ligne le 8 octobre 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2017/10/extraits-fiancailles.html
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