2 novembre 2017 4 02 /11 /novembre /2017 11:06

 

N °7 | Critique & réception

 

 

 

Maïa Brami

 

 

 

Paula Becker la peinture faite femme

 

 

 

Éditions de L’Amandier, 2015, 141 p. 20€

 


 

Maggy de Coster

Site personnel : www.maggydecoster.fr/

Site du Manoir des Poètes : www.lemanoirdespoetes.fr/

 

 

© Crédit photo : 1ère de couverture  illustrée de l'ouvrage aux éditions de L'Amandier

 

 

 

Paula Becker est cette femme allemande née le 8 février 1876 à Dresde et morte à Woorpswede le 21 novembre 1907 dans sa 32 année, qui avait la peinture chevillée à son être, que nous donne à découvrir Maïa Brami dans un savoureux roman biographie. Histoire de la faire demeurer à jamais vivante dans nos esprits.

 

Dans un style romanesque épuré, l’auteure nous fait cheminer dans la vie de cette peintre expressionniste hors norme sans nous épargner des détails les plus significatifs comme si elle avait elle-même été liée à son univers. Elle évoque la passion artistique de la peintre, une de ses raisons de vivre à une époque où la peinture résistait à la percée des femmes. Maïa Brami nous dépeint une femme qui voulait concilier vie privée et vie artistique à la fois. Elle la présente comme la peintre, l’épouse et la mère de famille. Tout cela est compatible, nous fait-elle comprendre :

 

 

La femme est un terreau duquel peut naître de merveilleux jardins à l’image de La Nature, que Paula identifie à Dieu. La femme est au même titre sacrée. Au mur de son atelier, des mères à l’enfant, à genoux, allongés, donnant le sein. Le sujet la fascine depuis toujours. À son tour, elle aimerait transcender sa condition, devenir une héroïne, car c’est ainsi qu’elle considère les mères, qui seules se donnent, acceptent la transformation de leur chair, le sacrifice de leur chair pour faire naître la vie, l’espoir. Rien de contradictoire à vouloir être artiste et mère, au contraire, cela participe du même élan, de la même sève.

 

 

Son père qui la voulait institutrice ou gouvernante n’avait guère pressenti qu’elle allait devenir une peintre d’envergure. À Worpswede elle rencontra Clara Westthoff en qui elle trouva une âme sœur. Avec elle, devenue l’épouse de Rainer Maria Rilke, elle découvrit en 1900 les différents galeries et musées quand elle séjourna à Paris, particulièrement au quartier de Montparnasse.

C’est en découvrant l’autoportrait de Cézanne chez le marchand d’art Ambroise Vollard que lui serait venue sa vocation de peintre sans doute pour exorciser la mort de sa cousine Cora ensevelie sous les dunes alors qu’elles jouèrent ensemble. Cependant ses toiles seront marquées par des influences multiples qui feront d’elle une peintre originale qui n’hésitera pas à prendre ses distances avec les peintres de l’école de Worpswede, jugés trop académiques. Aussi fut-elle, la première femme à développer son propre style pictural, après s’être inspirée des avant-gardistes français, alliant ainsi l’expressionnisme, le fauvisme, le cubisme et bien d’autres formes plus anciennes.

Rainer Maria Rilke, malgré sa grande considération pour elle, mit beaucoup de temps à voir en elle une artiste notable car il la voyait d’abord comme l’épouse du grand peintre Otto Modersohn qui, pour sa part, témoigna de l’incompréhension vis-à-vis de l’œuvre de sa femme, très éloignée des codes classiques de la peinture. Malgré son soutien artistique et financière à sa digne épouse, on peut lire sous sa lire :

 

Ce qu’elle fait avec son art ne me plaît plus autant qu’avant. Elle n’accepte aucun conseil – c’est idiot et dommage. Un grand gaspillage de ses pouvoirs ! […] Elle veut unifier couleur et forme – hors de question avec la manière dont elle s’y prend. Elle n’aime pas restreindre la forme – une énorme erreur – elle ne réfléchit pas assez à son art – travaille avec les mêmes points de vue et ne progresse pas.

 

Cependant c’est le sculpteur Bernhard Hoetger, rencontré dans son atelier parisien qui va porter un regard valorisant sur le travail artistique de Paula Becker. Se voulant autonome, elle demanda le divorce à son mari qui le lui refusa.

Otto Modershon parvint à reconquérir sa femme en venant passer quelques jours avec elle à Paris avant de repartir avec elle à Worpswede. Paula tomba enceinte mais le malheur sera au bout de ce grand bonheur qui se termina par son décès survenu le 8 février 1876, des suites d’une embolie pulmonaire peu de jours après avoir donné le jour à une petite fille prénommée Matilde.

Après l’érection successive de deux bustes à son effigie par son amie Clara Westhoff, en 1899 et 1908, Heinrich Vogeler fut celui qui vulgarisa les toiles de l’artiste après avoir longtemps vu cette dernière à travers le prisme de son mari.

En 1978 c’est sa fille qui créa la Fondation Paula Modersohn-Becker à Brême. Notons que très peu de toiles ont été vendues du vivant de l’artiste et c’est plutôt son entourage qui en fit l’acquisition.

Retenons enfin que Paula Becker se refusa à servir de matière à nourrir la toile d’un peintre. De ce fait, elle révolutionna la peinture de par la particularité de son style.

 

***

 

Pour citer ce texte

 

Maggy de Coster, « Maïa Brami, Paula Becker la peinture faite femme, Éditions de L’Amandier, 2015, 141 p. 20€ », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : N°7 | Automne 2017 « Femmes, poésie & peinture » sous la direction de Maggy de Coster, mis en ligne le 2 novembre 2017. Url : http://www.pandesmuses.fr/2017/11/peinturefaitefemme.html

 

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