23 mai 2012 3 23 /05 /mai /2012 05:30

 

 

 

 

Ode

 


qui a concouru pour le Prix de Poésie décerné par l'Institut National de

 

France, le 6 nivôse an XII

 

 

Fortunée Briquet

  Transcription & remaniement du poème l'aïeule par Nelly Taza

 

 

Ode

 

qui a concouru pour le Prix de Poésie décerné par l'Institut National de France, le 6 nivôse

 

an 12 :

Par Mme Fortunée B. Briquet, de la Société des Belles-Lettres, et de l'athénée des Arts, de

Paris.



Un Peuple brise en vain les chaînes qu'il abhorre :

S'il n'est point épuré par ses propres revers,

S'il n'est point vertueux, il n'est point libre encore ;

Et ses vices bientôt le rendraient à ses fers.

Lebrun.



Niort,

de l'imprimerie d' É. Dépierris Ainé.

Germinal an 12- Avril 1804

A CH. Pougens,

De l'Institut National de France, de l'Académie Impériale des Sciences de Saint-

Pétersbourg, etc.



Monsieur,


L'ode que je vous offre, est le tribut de ma reconnaissance. Vous m'avez encouragée dès

les premiers pas que j'ai faits dans la carrière des Lettres, et les Lettres ont embelli mon

bonheur. Puisse l'hommage de ma gratitude vous être aussi agréable qu'il est sincère !



Salut et respect.

Fortunée B. Briquet.

Sujet

Du prix de Poésie donné par l'Institut National de France :



La Vertu est la base des Républiques.

Montesquieu, liv.2, chap. 2 et 3.



Ode


qui a concouru pour le Prix de Poésie décerné par l'Institut National de

 

France, le 6 nivôse an douze.

 

 

Astre éclatant des cieux, Père de la nature,

Elle te doit la vie et la fécondité ;

Ta suite fait son deuil, ton retour, sa parure ;

C'est de foi qu'elle attend les biens et la beauté.

Le feu compose ta couronne,

Et, comme un vêtement, l'abîme t'environne

dans le vague immense des airs.

Que ta splendeur inaltérable

Trompe à jamais l'espoir de la faulx implacable

Qui doit moissonner l'univers !



Pour le Monde naissant quel jour, et quelle fête !

Lorsqu'à peine sorti de la nuit du chaos,

Son regard étonné vit briller sur sa tête

Cet Astre qui versait la lumière à grands flots.

À ses feux tout naît, tout s'anime,

Et ce globe enflammé, dans un ordre sublime,

Attire les célestes corps.

Bientôt l'homme à l'homme s'allie ;

Et, pour jouir en paix de la terre embellie,

Il en partage les trésors.





Qu'êtes-vous devenus, Peuples des premiers âges,

Orgueilleuses Cités qui fûtes leur berceau ?

Vos noms mêmes du temps ont subi les ravages :

Pourrai-je du passé soulever le rideau?

Soleil, ô toi qui les vis naître,

Redis-moi leurs destins ; je brûle de connaître

S'ils ont fait régner la Vertu...

Ils vivraient, s'ils l'avaient aimée ;

Leur gloire charmerait encor la Renommée ;

Mais rien ne leur a survécu.





Eh ! quel affreux spectacle offriraient des empires

Où le crime lui seul unit les nations ?

Leurs moeurs sont des forfaits, leurs lois sont des délires,

Et leurs sociétés, des conjurations.

Tous les maux inondent la terre ;

Rien n'est sacré : la paix, moins que la guerre,

Produit de nouvelles horreurs.

Ainsi le ciel inexorable

Vit périr des humains la race déplorable,

En proie à ses propres fureurs.







Un petit nombre échappe à ce sanglant déluge :

De l'humanité sainte il écoute la voix ;

Il t'implore, ô Vertu, daigne être son refuge ;

Il a brisé ses fers pour vivre sous tes lois.

Lois augustes, lois fortunées,

La liberté, les moeurs, suivent vos destinées

Et brillent de votre splendeur.

Hélas ! Aux passions altières,

Quand vos n'opposez plus que de vaines barrières,

Le peuple a perdu sa grandeur.



 



Ivres d'un fol orgueil, à la Grèce rivale,

Darius et Xercès avaient juré des fers :

Marathon, Salamine et Platée et Micale

Ont immortalisé leur honte et leurs revers.

Ils avaient compté sur le nombre :

Insensés ! leur armées a passé comme l'ombre

Des voiles fuyant sur les flots.

Trompés dans leur superbe attente,

À leurs vastes États ils portent l'épouvante

Dont les frappèrent des Héros.





Ô funeste présent de cette infâme horde !

Les trésors qu'à Platée elle laisse entassés,

Appauvrissent les grecs, leur soufflent la discorde :

Les vainqueurs à leur tour vont être terrassés.

En vain Thémistocle, Aristide,

S'opposent quelque temps à ce torrent rapide :

Les lois, les moeurs, ne règnent plus.

Trasybule en vain se dévoue,

De ses hardis succès la fortune se joue :

Athènes languit sans vertus.





Et toi, de l'univers et l'orgueil et l'exemple,

Quand de la liberté tu suis les étendards ;

Ô Rome, avec horreur l'univers te contemple,

Lorsque la tyrannie a souillé tes remparts.

Sont-ils sortis de ta mémoire

Les jours heureux, les jours consacrés par la gloire

Des Émile, des Scipion ?

Eh ! Quelle puissance ennemie

Te force à partager l'éternelle infamie

Des Tibère et des Néron ?







Aspire, aspire encore à ta grandeur première ;

De l'austère Vertu rallume le flambeau,

Ose être heureuse enfin, et marche à sa lumière :

Le dernier des romains serait-il au tombeau ?

À tes brillantes destinées,

Le ciel n'a point marqué le terme des années,

Si tu respectes la Vertu...

Ah ! C'en est fait, Rome succombe :

Le Monde est sa conquête, et son empire tombe



Sous son propre poids abattu.

Malheur ! Trois fois malheur à toute république

Qui peut de la vertu fouler aux pieds les droits :

L'opprobre est son partage, et son pouvoir inique

La condamne à passer sous le sceptre des rois.

Venise, ô perfidie atroce !

À nos soldats blessés tend une main féroce ;

Leur sein de poignards est percé 1!

Venise expira ces offenses ;

L'humanité l'ordonne, et du rang des puissances

Son nom coupable est effacé.







Serait-ce donc en vain, ô France, ô ma Patrie,

Qu'Athènes et que Rome offriraient à tes yeux

Les tableaux de la gloire et de l'ignominie ?

Non, non, ton choix est fait ; il a pour lui les dieux.

J'en jure tes nombreux trophées,

Tes saintes lois, tes moeurs, les chants de tes Orphée,

Et de tes héros le premier2.

À la vertu toujours fidèle,

Des empires heureux tu seras le modèle,

L'honneur, l'avenir du monde entier.







1 Massacre des Français dans les hôpitaux des États de Venise, peu de jours après la

signature du traité de Léoben.

2 Bonaparte premier consul de la république française.

 

Ode qui a concouru pour le prix de poésie décerné par l'Institut national de France, le 6 nivôse an XII,

par Briquet, Marguerite-Ursule-Fortunée Bernier (dame), Niort, E. Dépierris aîné, 1804,

In-12, 12 p.

Texte trouvé et disponible sur Gallica (url. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58363331.r=fortun%C3%A9e+briquet.langFR.swf )

 

Pour citer ce poème

   


 

Fortunée Briquet, «  Ode qui a concouru pour le Prix de Poésie décerné par l'Institut National de France, le 6 nivôse an XII »,   in Le Pan poétique des muses|Revue internationale de poésie entre théories & pratiques : « Poésie, Danse & Genre » [En ligne], n°1|Printemps 2012, mis en ligne en Mai 2012.

URL. http://www.pandesmuses.fr/article-n-1-ode-105256534.html ou URL. http://0z.fr/6U9K7

 

 

 

 

Pour visiter les pages/sites de l'auteur(e) ou qui en parlent

 

 

 

Calepin des personnes d'exception

   

http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb301623003


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58363331


http://www.siefar.org/dictionnaire/fr/Cat%C3%A9gorie:Dictionnaire_Fortun%C3%A9e_Briquet

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fortun%C3%A9e_Briquet

 

 

Auteur(e)

 

 

Fortunée Briquet

 

 


 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Le Pan poétique des muses - dans n°1|Printemps 2012

Bienvenue !

 

RÉCEMMENT, LE SITE « PANDESMUSES.FR » A BASCULÉ EN HTTPS ET LA DEUXIÈME PHASE DE SA MAINTENANCE PRENDRA DES MOIS VOIRE UN AN. NOTRE SITE A GARDÉ SON ANCIEN THÈME GRAPHIQUE MAIS BEAUCOUP DE PAGES DOIVENT RETROUVER LEUR PRÉSENTATION INITIALE. EN OUTRE, UN CLASSEMENT GÉNÉRAL PAR PÉRIODE SE MET PETIT À PETIT EN PLACE AVEC QUELQUES NOUVEAUTÉS POUR FACILITER VOS RECHERCHES SUR NOTRE SITE. TOUT CELA PERTURBE ET RALENTIT LA MISE EN LIGNE DE NOUVEAUX DOCUMENTS, MERCI BIEN DE VOTRE COMPRÉHENSION ! 

LUNDI LE 3 MARS 2025

LE PAN POÉTIQUE DES MUSES

Rechercher

Publications

Dernière nouveautés en date :

VOUS POUVEZ DÉSORMAIS SUIVRE LE PAN POÉTIQUE DES MUSES  SUR INSTAGRAM

Info du 29 mars 2022.

Cette section n'a pas été mise à jour depuis longtemps, elle est en travaux. Veuillez patienter et merci de consulter la page Accueil de ce périodique.

Numéros réguliers | Numéros spéciaux| Lettre du Ppdm | Hors-Séries | Événements poétiques | Dictionnaires | Périodiques | Encyclopédie | ​​Notre sélection féministe de sites, blogues... à visiter 

 

Logodupanpandesmuses.fr ©Tous droits réservés

 CopyrightFrance.com

  ISSN = 2116-1046. Mentions légales

À La Une

  • La mort ante mortem
    N° IV | AUTOMNE 2025 | LE MAL DE VIVRE... » | Dossiers majeur & mineur | Articles & témoignages La mort ante mortem Article & photographies par Colette Mauri Docteure en psychologie clinique & pathologique, psychologue clinicienne, danse-thérapeute, chorégraphe...
  • Stig DAGERMAN
    N° IV | AUTOMNE 2025 | LE MAL DE VIVRE... » | Dossiers majeur & mineur | Articles & témoignages | Muses au masculin Stig DAGERMAN Article & photographie par Marc Chaudeur Écrivain, poète et philosophe © Crédit photo : Marc Chaudeur, « Stig Dagerman »...
  • ces immondes jouets
    N° IV | AUTOMNE 2025 | LE MAL DE VIVRE... » | Florilège | Réflexions féministes sur l'Actualité | S’indigner, soutenir, lettres ouvertes & hommages & REVUE ORIENTALES (O) | N° 5-1 | Varia & Actualité ces immondes jouets Poème engagé & photographie (fournie)...
  • Biographie de Colette MAURI
    Biographie & publication disponibles numériquement Colette MAURI Autrice, docteure en psychologie clinique & pathologique, psychologue clinicienne, danse-thérapeute & chorégraphe Est autrice, docteure en psychologie clinique et pathologique, psychologue...
  • AUTOMNE 2025 | NO IV
    LE PAN POÉTIQUE DES MUSES (LPpdm) REVUE FÉMINISTE, INTERNATIONALE ET MULTILINGUE DE POÉSIE ENTRE THÉORIES ET PRATIQUES AUTOMNE 2025 | NO IV LE MAL DE VIVRE DANS LA MORT VOLONTAIRE DES ARTISTES DE SAPHO À NOS JOURS SOUS LA DIRECTION DE FRANÇOISE URBAN-MENNINGER...
  • Interview avec Nora BALILE à l’occasion de la parution de son nouveau recueil de poésie « Rouge Alchimie »
    N° IV | AUTOMNE 2025 | LE MAL DE VIVRE... » | Entretiens poétiques, artistiques & féministes | Dossier mineur | Articles & témoignages & REVUE ORIENTALES (O) | N° 5-1 | Dossier | Entretiens Interview avec Nora BALILE à l’occasion de la parution de son...
  • Fille aux perles d’Ô
    Événements poétiques | Forêt de Poèmes pour Toutes à l'École & La Journée Internationale des Droits des Filles & REVUE ORIENTALES (O) | N° 5-1 | Créations poétiques Fille aux perles d’Ô Poème engagé par Dina Sahyouni Auteure, poétologue, fondatrice de...
  • Maggy De Coster, À fleur de mots, Éditions du Cygne, Paris, 2021, 13 x 20 cm,10€
    N° IV | AUTOMNE 2025 | LE MAL DE VIVRE... » | Critique & réception | Dossier mineur | Articles & témoignages | Philosophie & poésie Maggy De Coster, À fleur de mots, Éditions du Cygne, Paris, 2021, 13 x 20 cm,10€ Photographie & critique par Eliane Biedermann...
  • Génération Z 212. Conversation avec un psychanalyste marocain. Extrait 2
    REVUE ORIENTALES (O) | N° 5-1 | Varia & Actualité Génération Z 212. Conversation avec un psychanalyste marocain. Extrait 2 Texte & image remastérisée par Mustapha Saha Sociologue, poète, artiste peintre & photographe © Crédit photo : » Portrait photographique...
  • le voyage de l’éternel retour
    N° IV | AUTOMNE 2025 | LE MAL DE VIVRE... » | Dossiers majeur & mineur | Florilèges | Fictions féministes le voyage de l’éternel retour Poème & photographie (fournie) Françoise Urban-Menninger Crédit photo : Franz Marc (1880-1916), « Frau im Wind am Meer...