Premier colloque 2017-2018 | I – Parcours poétiques à découvrir
Autres poèmes de
Jacquelyne Lepaul
(suite)
Textes transcrits et commentés par
Illustration de
Poèmes reproduits avec l’aimable autorisation
de Jacquelyne Lepaul & ses éditeurs
© Crédit photo : 1ère de couverture du recueil Visages, image fournie par Jacquelyne LePaul
La première parution de Jacquelyne Lepaul avait pour titre « Visages » et était illustrée par l’auteure. C’est son grand-père maternel, Jean-Auguste Jacquot, graveur à Remiremont, qui avait assuré le tirage des textes et des illustrations de ce très beau livre d’artiste. Certains poèmes de « Visages » ont également été publiés en 1950 dans le N°24 du Courrier des Marches.
Sens
Mieux qu’une main d’amant, caresse mon visage,
neige neuve et sincère, issue à l’Orient ;
Mieux qu’un baryton noir étendu sur la plage,
improvise ma plainte, ô prière du vent.
Meilleure qu’hydromel préparé par la sage,
ancestrale science au profond du couvent,
rafraîchis ma poitrine encore brûlant d’orage,
onde qu’un séraphin baptisa de diamant.
Mieux que la goutte d’or dans l’amphore de marbre,
puissant parfum pressé par le sommeil de l’arbre,
ne faillis point d’aider la marche de mes pas.
Plus noble que le chœur de mille coryphées,
danse, large ballet d’étoiles agrafées
sur l’infini péplum d’un Dieu qui tend ses bras.
***
Manoir
À chaque tour d’émail noir
qui flanque ma forteresse
je sonne un rassemblement
de vierges et de pétales
l’océan n’a pas de vague
plus puissante que ce flux
le soleil pas de rayon
plus chaud que ces sortilèges
qu’à chaque tour d’émail noir
qui flanque ma forteresse
je fais lever et danser
quand siffle un oiseau céleste.
***
Puisque
(Poème paru en 1950 dans le N°22 du Courrier des Marches)
Puisqu’aucune poitrine havre de repos
ne recueille les caresses que rêvent mes rêves
à quoi me sert mon amour d’aimer ?
Je marche avec lenteur je marche avec lourdeur
comme enceinte immensément
mais personne aux quatre coins de mon désert
ne m’attend
Les villes dépassées m’ont enrichie avec douleur
villes qui demeurent et meurent dans leurs brumes
et je marche sans regrets d’elles
avec toujours plus de promesses
avec toujours plus de désirs
avec toujours moins d’horizons
ce lest est si pesant de peines et de larmes
d’attentes et d’angoisses
ce lest est si lourd de voluptés vaines
de seuils abandonnés d’hivers sans Noël
Ce lest est si bien accroché à mon cœur
accroché à mes pieds à mes mains à mes yeux
que, puisqu’aucune poitrine havre de repos
ne recueille les caresses que rêvent mes rêves
j’abandonne mon désir d’amour.
***
Voir aussi
Françoise Urban-Menninger, « Jacquelyne Lepaul, son œuvre extraordinairement moderne à redécouvrir ! »,
Pour citer ces poèmes
Françoise Urban-Menninger, « Autres poèmes de Jacquelyne Lepaul (suite) », Le Pan poétique des muses|Revue féministe, internationale & multilingue de poésie entre théories & pratiques : Premier colloque international & multilingue de la SIÉFÉGP sur « Ce que les femmes pensent de la poésie : les poéticiennes » & Lettre n°13, mis en ligne le 2 février 2018. Url : http://www.pandesmuses.fr/2018/2/jacquelyne-lepaul
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